Si, modernisé.

[JacquesL]

D'après Rudyard Kipling

Si tu peux détruire le travail de milliers
Puis, sans dire un seul mot attaquer la prochaine entreprise,
Ou jouer sur un seul coup le grain de cent récoltes
Sans un geste et sans un soupir pour les affamés ;

Si tu peux expulser des millions de leurs demeures
Grâce à tes prêts frauduleux

Si tu peux être brutal sans cesser d'être cupide,
Et, te sentant haï, les mépriser à ton tour,
Toujours spéculer et t'enrichir,

Si tu peux supporter d'entendre les économistes
Travestir la science pour enrichir des vaniteux,
Et répandre leurs mensonges bâtis sur des théories fausses
Sans leur opposer toi-même un seul mot ;

Si tu peux rester droit en étant impopulaire,
Si tu sais dénigrer le peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux renvoyer tous ces gueux à leur misère,
Sans qu'aucun d'eux soit rien pour toi ;

Si tu sais manipuler, détruire et mentir,
Sans jamais douter ni te repentir ;
T'enrichir, mais sans laisser les autres le devenir,
Spéculer sans jamais craindre les conséquences ;

Si tu sais être dur, et toujours rester de marbre,
Si tu prends des risques et les fais payer aux petits,
Si tu sais être vorace, et insatiable
Et sans morale et pédant ;

Si tu peux provoquer crise après crise
Et nier la réalité pour les faire oublier,
Si tu peux préserver ta foi dans les marchés
Quand tous les autres la perdront,

Alors les fonds d'investissement, les conseils d'administration, les instituts et les médias économiques, et même les ministères socialistes
T'ouvriront bien grand leurs portes,
Et, ce qui vaut bien mieux que la fortune, le cynisme et l'orgueil,
Tu seras un beau salopard,
Vermine !


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L'ami du peuple.