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Avec bivouacs mais sans duvet ? La méthode.

Démarré par JacquesL, 16 Mars 2011, 01:35:16 PM

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JacquesL

En duvet, ou en succédané de qualité toujours en progrès, le sac de couchage demeure pour presque tous les randonneurs une pièce d'équipement principale, s'ils partent pour plusieurs jours, sans le secours de refuges et chalets équipés.
Le propos du jour est de réfuter cette conviction, avec des expériences sur neige, à skis.

On m'a amplement précédé dans cette démonstration, les survivors se font une joie d'en apporter les preuves plusieurs fois par an chacun. Une photo est particulièrement célèbre, celle de "Lepapat", dormant en manteau militaire, quand dehors il fait - 8°C :

Lien mort, hélas.

Sauf qu'il n'est pas exactement "dehors par -8°C" : il est devant un feu de bois, dont le rayonnement lui est renvoyé derrière par une couverture réflectorisée, et devant par une bâche en coton ignifugé. De plus, ces survivors ont fait d'importants prélèvements dans la forêt, de rames de sapin pour reposer dessus, isolés de la neige. L'extrapolation de ces prélèvements vers l'ensemble des randonneurs est à déconseiller chaudement.

Cet exemple prouve déjà qu'il faut distinguer deux micro-climats que nous avons besoin de nous aménager :
a. Le micro-climat autour de la peau. Génétiquement nous sommes des animaux de climat tropical, et les vêtements permettent de conserver un climat tropical autour de la plus grande partie du corps. Appelons-le le "micro-climat intérieur".
b. Le micro-climat où l'on respire, soit typiquement l'intérieur de la tente, ou de la cabane. Appelons-le le "micro-climat extérieur".

Ici, l'organisation des survivors optimisait le microclimat extérieur, ce qui leur permettait d'expérimenter sur les moyens plus frustes que de coutume pour préserver aussi le micro-climat intérieur.

Que reprocher au merveilleux sac de couchage en duvet ?
C'est une pièce d'équipement hautement spécialisée, qui intègre de plus en plus de raffinements. Toutefois ses exigences sont élevées :
- Il exige une assiette horizontale. Presque tous ont le fond mince et glissant. Exception: voici douze ans, G* Sp*rt en avait un à fond renforcé et antidérapant (Tyin ?). Jamais revu depuis : ce sont des grammes en plus, tant décriés par les coupeurs-de-grammes-en-quatre.
- Il exige une assiette sèche et propre, non abrasive, non coupante. Sinon vous ne ramenez qu'une épave chez vous.
- Le problème du drap de duvet, pour pouvoir espacer les nettoyages, n'a jamais été correctement résolu. Plus c'est léger, par exemple en soie, plus les contorsions seront compliquées pour tout ramener à son poste, notamment autour de la tête, dont le cuir produit le plus de suint. Seuls des systèmes militaires prévoient des amarrages haut et bas entre les divers composants. Dans le civil, rien de ce genre n'a jamais existé.
- Il faut le sanctuariser contre la pluie et la neige, et les flaques, durant l'usage. Le rôle du sursac est fréquemment sous-évalué. La variété des variantes prouve que ça n'est toujours pas une technologie mature.
- Il faut le sanctuariser contre la pluie et la neige, et les bains forcés, durant le transport. Sinon, on n'aura plus qu'un chaton mouillé, poids aussi mort qu'un rouleau de PQ mouillé... Mission souvent impossible sans un sac étanche individuel, que presque personne n'aura su prévoir (et moi non plus, hélas). Confère le cas de ce randonneur de début d'automne en Ecosse, surpris par les crues des rivières sous de grosses pluies. Il s'est fait culbuter par le courant en traversant un premier bras, a pu atteindre l'îlot entre les deux bras de rivière, et menacé de périr par hypothermie avec son équipement trempé, a appelé les secours, qui n'ont pu le secourir que par hélicoptère. Personnellement, je trouve choquant d'en arriver à être à ce point dépendant des secours. Depuis plusieurs millions d'années nous sommes des explorateurs à la curiosité insatiable, et pendant ces millions d'années, il n'y a jamais eu le moindre secours à attendre. Moi aussi en Suède et en Norvège, j'ai souvent éprouvé que les gués sont les passages les plus dangereux.
- Il faut aussi le sanctuariser durant les transitions : quand on y entre, quand on en sort, y compris à chaque sortie-pipi nocturne, et à chaque fois qu'il y a quelque intervention à faire sur le campement.
- Les réparations sont atrocement compliquées.
- Cette protection thermique si élaborée ne sert à rien durant toutes les phases d'établissement du campement, ni d'un cabanage d'urgence par mauvais temps. Elle ne sert que quand nous sommes couchés et abrités pour la phase de repos, après avoir trouvé des vêtements secs à enfiler. Et en les laissant où, les vêtements mouillés ?

Bref, le beau sac de couchage si cher et si performant ne sert guère que dans un environnement fortement artificialisé et humanisé. Les prairies horizontales, moelleuses et non inondées, où l'on aura réussi à faire tenir des piquets de tente, sont rares en altitude. Le chalet, on ne l'atteint pas toujours à temps.
En revanche, les sophistications et le prix du duvet sont très utiles pour affirmer le rang des coqs de village en compétition à qui sera le plus beau.


La combinaison d'un pied d'éléphant et d'une doudoune est une solution partielle.
C'est souvent une solution des alpinistes.
Avantages : on garde l'usage de ses bras et de ses mains. S'il faut sortir, on n'expose que le bas du corps au froid.
Inconvénient : il faut des moufles ou des gants bien thermiques.

La doudoune en duvet aussi pose les mêmes problèmes de protection en usage, et protection au transport.
Seule une très très petite minorité des anoraks-cagoule ont le capuchon assez enveloppant, et le col assez large pour enrober et protéger la doudoune de la neige. Les autres nécessitent une longue intervention chirurgicale au découvite puis en couture. Les exceptions à cagoule large et enveloppante sont rarement civiles, mais militaires (et ne sont même pas majoritaires selon les pays).

Ni la doudoune ni le pied d'éléphant en bon duvet ne sont mieux résilients à la dégradation des conditions.
Les mêmes sursacs imper-respirants qui protègent un sac de couchage protègent aussi le dormeur en doudoune et pied d'éléphant s'ils sont assez larges. Or en pratique seuls ceux qui sont d'origine militaire sont assez larges du haut.


Solution proposée : les multiples pelures d'oignon compatibles entre elles, et toutes fortement résilientes à la dégradation des conditions.

La mauvaise surprise qui m'attendait, est que la fidèle doudoune de montagne se prête mal à l'insertion dans un système de pelures d'oignon, et modifier la largeur du col est hors de portée. Exit la doudoune. Ne reste que le pied d'éléphant. La suite a prouvé que si le pied d'éléphant est efficace et apprécié en camp sec par -5°C environ, il n'est ni nécessaire ni souhaitable de l'exposer, en tranchée d'urgence en conditions de tempête de neige, en température proche de 0°C, tandis que la lutte contre l'eau est la priorité.


La lutte contre l'eau et pour le micro-climat extérieur est la priorité.
Autrement dit, dans les arbitrages, mieux vaut emporter un kilogramme de tente qu'un kilogramme de duvet.
La tente utilisée est le tipi de chez Appy Trails, avec déjà six modifications, en attendant la septième, que le vent a prouvée indispensable. Poids : environ 1440 g avec changements de sardines.
La protection contre l'eau a été excellente, y compris en bivouac en tranchée dans un bouquet d'épicéas : plusieurs poches d'eau au matin, et aucune n'a rien laissé percer.

J'eusse dû prendre le tapis de sol que je lui ai coupé, mais j'ai préféré prendre une tente intérieure en soie, sauvée de la benne par mon esprit récupérateur. Cette tente intérieure n'a été utilisée que la première nuit, sur neige, et ne sera pas reprise ultérieurement (sauf peut-être en amoureux ?) : vraiment très petite.

A l'avenir et pour des conditions engagées, avec danger météo, il sera préférable de prendre le Zdarski modifié que j'ai commencé à couper, plutôt que l'AT qui n'est vraiment pas faite pour les tempêtes. Il y aura gain de poids, gain de solidité, et perte de place.

Alors quoi a tenu lieu de tapis de sol, à la place de celui de la tente intérieure non redéployée ? Le sac-à-vent élaboré depuis une base Vaude. Oui, c'est un sous-emploi...


Le choix du/des surpantalons

Déjà commencer par choisir un pantalon, voire un collant par dessous.
Le défaut principal du pantalon d'alpinisme choisi pour les conditions chaudes et clémentes des trois premiers jours, ce sont les genoux : souples, extensibles, avec intérieur en jersey, ils prennent trop l'eau. Or le skieur avec pulka a souvent à bricoler quelque chose à genoux dans la neige. Une meilleure solution reste bien soit un pantalon de chasse comme D4 en propose de bons, soit un BDU (BD = Battle Dress, U = ?) qui sera siliconé du bas jusqu'au rabat des poches de cuisses, et au fond de culotte.

Maint skieur dans la profonde hivernale a été confronté au dilemme : comment enfiler ou retirer un surpantalon avec des skis ? Si je déchausse, je m'enfonce jusqu'à mi-cuisse, si je ne déchausse pas, je ne peux rien faire...
D4 propose un surpantalon imper, avec zips intégraux sur les cuisses. L'armée française a aussi élaboré un surpantalon increvable en Gore-Tex, ouvrant intégralement, guêtres intégrées comprises (mais il pèse un kilogramme). Pas bien bonne solution néanmoins : l'ouverture intégrale qui s'engrène en commençant par le bas implique de tout traîner par terre, et de mouiller de neige le filet intérieur du D4. De plus le surpantalon D4 n'a pas de braguette. Fausse bonne idée au final.

En revanche, je n'ai que du bien à dire des surpantalons Gore-Tex à bretelles de la BW. Bien respirants, bien protecteurs, avec braguettes et zips d'accès aux poches, ils peuvent servir jour et nuit. Juste prévoir deux tailles correctement étagées, pour la protection thermique nocturne. Au départ par mauvais temps, vous enfilerez préventivement la petite taille. Au bivouac vous rajouterez la grande taille. Pas d'ouverture intégrale, juste la largeur du bas qui est resserrable par zip pour en diminuer l'ampleur. Le confort des bretelles n'est plus à souligner. Oui, il faut gérer les bretelles pour faire la grosse commission...
500 g pièce, entre 8 et 24 € selon l'approvisionnement, neuf ou occasion, avec ou sans réparations à faire.


Choix des bivies imper-respirants.
Hé oui : des sursacs, au pluriel, sinon vous n'aurez pas la thermicité requise, notamment pour les mains.
Pour le sursac externe, simple, seuls les militaires que vous trouverez en surplus ont la largeur indispensable, un mètre, et la robustesse indispensable.
Les britanniques modèle guerre des Malouines, sont les plus simples et les plus légers, 865 g pour un exemplaire déjà réparé, donc alourdi d'un placard. C'est une simple chaussette en trilaminé, et l'on referme l'entrée par un cordon. On referme mal et difficilement.
Les sursacs allemands sont hyper-élaborés, avec fort zip double sens et velcros de rabat en soufflet, mais dépassent le kilogramme. La fermeture est intégrale et ne prévoit pas de trou de visage et respiration, un choix discutable.

Pour le sursac interne qui travaille dans des conditions mécaniques bien moins sévères, un modèle du commerce civil est envisageable.
Vous connaissez la loi de Murphy ? Tout fil coupé à la bonne longueur est trop court. Tout fer à souder qui glisse de l'établi est rattrapé par la panne...
On peut poursuivre : Tout sursac civil conçu trop étroit, et que vous élargissez pour le mettre à la largeur convenable, est encore trop étroit, il lui manque encore 20 cm de circonférence...
Tout matelas de mousse qui a un côté lisse et réflectorisé, aura ce côté lisse de façon à ce que tout glisse dessus dans le sens de la pente, le dormeur inclusivement.
Tout velcro accroche et arrache tous les trophées qui passent à sa portée...


Ici le sursac intérieur était un Hayler, fait en tissu Hipora avec une enduction blanche et molle. Oui c'était au départ un sévère loupé de conception, conçu par Harpagon. Oui, il va falloir une seconde rallarge de l'autre côté. Oui, dans la pente de la tranchée, il a glissé péniblement sur le matelas de mousse aluminisé qui séparait les deux bivies. Oui les velcros de mes mitaines-moufles lui ont arraché plein de fils. Mais il n'a jamais condensé. Mission accomplie, pour l'essentiel.


Préparer la séquence des vêtements superposables du haut.
Les tailles doivent être strictement étagées, les cols et capuchons doivent être tous compatibles entre eux dans le bon ordre, aucune couche ne doit être accueillante aux flocons de neige, toutes les couches sauf deux des trois ultimes doivent être perméables à la vapeur d'eau, ne pas aller au delà de la qualité coupe-vent.

Si au lieu de rechercher la meilleure qualité du marché, on se contente de ce que fournissent les grandes surfaces au grand public, en finissant chaque couche par un blouson de nylon tissé serré minimal, on garde une belle performance fonctionnelle d'un bout à l'autre, sans aucune dépense élitiste.

Je commence par la couche ultime :

Au pire du pire de tout, mais en conservant toute la mobilité, la pélerine à bosse et manches de D4 (Forclaz 1500 Air), corrigée de ses fautes de conception. Elle a servi lors de l'établissement du campement de fortune sous le bouquet d'épicéas, travail de pelle, accrochages de la toile de tente à ce que ça peut, etc. En route, elle abrite le sac à dos. A l'arrêt, elle permet de fouiller le sac tout en le préservant de la pluie ou de la neige. N'est pas portée la nuit dans les bivies.
25 €, 525 g.

En dessous, la parka de pluie en Gore-Tex de la BW, taille 56-58 Extra-Gross (celle qui abriterait la doudoune de montagne, si je l'avais emportée).
19 €, 720 g siliconée.

En dessous, parka polaire D4 Arpenaz 365 gris clair, taille XL. Tissu imper, mais fentes d'aération.
199,95 F (30 €), 1050 g siliconée.

En dessous, parka Gore-Tex BW, taille 52-54. Cette taille fut une erreur, car mal compatible avec la parka Arpenaz 365. Vérifier si la taille 48-50 serait compatible avec les couches inférieures.
14 €, 660 g siliconée.

En dessous, couche composée d'une doudoune Quechua taille L, et d'un coupe-vent Kalenji XXL, tous deux non impers et sans capuchon. C'est ce qu'on enfile vite le soir pour établir le camp dans le vent frais.
Total 15 €, 681 g.

En dessous, couche composée d'une soft-shell vendue par Lidl sous la marque Crivit, avec capuchon mais mal accessoirisée (poches ouvertes à la neige), et du blouson Mossant de 1968, plusieurs fois modifié. Ses poches contenaient les papiers du véhicule et mon porte-feuille. Défaut : ces poches principales sont trop basses, d'où nombre de bleus sur l'intérieur des cuisses. A revoir ou remplacer. C'est la couche qui permet de continuer la route quand le Soleil est caché et que le vent est de la partie. La casquette hivernale trouve place sous ces capuchons (à l'avenir, éviter celle qui a des velcros, aux crocs redoutables).
Coût : 14 € en 2010. En 1968 au BHV ? Pour mémoire...
725 g le tout.

En dessous, couche composée d'une chemise de marin en tissu soft-shell, marque Tribord, qui pourrait être redoublée (mais ne l'a généralement pas été) d'un coupe-vent cycliste hyper-léger d'origine Lidl, 98 g, marque Crivit.
Total : 17 €, 538 g.

En dessous ? Sous-vêtements largement respirants. OK en plein effort sous le Soleil.
Total 8 €.

Merci de m'expliquer où est l'équipement élitiste dans cette séquence de pelures d'oignon.
Hin hin ! "Pas assez cher ! Mon fils !"
Les couches étant chacune un coupe-vent à elle seule, il n'y a pas de zones froides ni de zone chaude la nuit, lors du sommeil, la répartition horizontale est excellente.

Non mentionnées dans la liste : casquette hivernale molletonnée, mitaines-moufles combinées, aux velcros hélas ravageurs.


Améliorations à envisager ?

Aucune innovation dans la gestion des chaussures : on se déchausse. Point.
OK en camp raisonnablement confortable, pas bon en conditions de survie sévère sous précipitation battante.
Un bivanorak se referme ultimement autour des chaussures. Idée à creuser et adapter, mais en tissu respirant, contrairement au bivanorak de Hilleberg.

JacquesL

#1
Ma surprise en menant cette expérimentation tout-pelures-exactement-superposables, est que cela éliminait le smock, si apprécié en sorties photographies : avec ses six poches dont 4 externes, ses manches plutôt durcies, son col durci, voire son capuchon hyper-développé par l'avant, voire durci par un fil de fer, le smock ne rentre pas dans la pelure suivante, s'il en faut une. Et il accroche la neige.

Au dessus du smock, c'est soit la pélerine à manches larges, soit le Jervenbag, thermo ou pas. Dont aucun n'existe en version respirante (1).




(1) Bon, si, D4 m'assure que la pélerine Forclaz 1500 Air est en tissu respirant, mais je garde mes doutes. Même si je trouve que le tissu en question est excellent et de surface bien hydrofugée.

JacquesL

#2
Citation de: JacquesL le 16 Mars 2011, 01:35:16 PM...
En dessous, parka Gore-Tex BW, taille 52-54. Cette taille fut une erreur, car mal compatible avec la parka Arpenaz 365. Vérifier si la taille 48-50 serait compatible avec les couches inférieures.
14 €, 660 g siliconée.

Voilà, ça y est, je l'ai approvisionnée, cette taille 48-50. Neuve avec encore l'étiquette de contrôle, 36 € plus port (environ 4 € sa part de port sur l'ensemble). 629 g avec encore les marques nationales et les velcros pour grade et arme. Oui c'est compatible avec les couches inférieures décrites ci-dessus.



L'image est affichée ici en 450 pixels de large mais vous pouvez l'avoir isolément en 900 pixels pour une lecture détaillée de l'étiquette.

JacquesL

#3
Principes de l'habillement par temps froid :

http://umanitoba.ca/faculties/kinrec/research/media/Cold_Weather_Clothing.pdf

CiterBased on these principles, it is advisable that the outer shell should not be combined with the insulation. Therefore if condensation and freezing does occur on the inside of the
outer layer it can be brushed off.

En un sens, en mars 2011 j'avais suivi indirectement ce principe, en ce sens que le seul vêtement qui combinait imperméabilité et couche pôlaire était le parka Arpenaz 365, qui n'était enfilé qu'au bivouac, ou pour le sommeil.

Tout ce qui était utilisable en journée était multicouches et plutôt fin. Si j'ai eu chaud durant la montée en première après-midi au soleil, j'étais en T-shirt. Il n'y a pas eu d'accumulation d'humidité dans les vêtements.

JacquesL

#4
En 2015-2016, après un bivouac d'urgence par tempête de neige pas mais pas de grand froid, j'ai changé d'avis sur un point crucial : Non, il ne faut pas se déchausser dans les bivouacs d'urgence ! Ne serait-ce que parce de plus en plus de nos montagnes sont infestées de loups, à qui il faut faire comprendre qu'on fait face. Exeunt le pied d'éléphant et les bivies de plan standard. Ou alors prévoir la balayette pour ôter toute la neige des chaussures et semelles, puis emballer les pieds chaussés dans un sac à gravats ou un sac à végétaux, et alors seulement rentrer ça dans le bivy. Pas de solution pour des chaussures boueuses, uniquement pour la neige.
En échange, il faut accorder beaucoup d'attention à la conception et à la confection d'une jupe thermique.

Second point : il faut récupérer nettement davantage l'eau expirée, et sa chaleur latente de condensation, les recycler. Ce principe avait déjà été mise en oeuvre dans le bivy biplace confectionné en 1998, dont j'ai testé l'efficacité depuis, avec ses deux voiles moustiquaires à croiser sur nos visages, un blanc, un marron.



A voir l'énormité de la condensation voire du givre qui recouvre la paroi de nombreuses tentes monoparois, il y a de quoi comprendre qu'il y a de la conception à revoir. Exemple :
http://atla.over-blog.com/2015/12/nuit-blanche-sous-une-tempete-de-neige.html



Dès le début de la nuit : "La condensation est telle que, très vite, mon sac de couchage est trempé".

Les hasards des rhumes hivernaux et de la toux m'ont fait comprendre l'intérêt d'un passe-montagne, ou d'un masque de travaux, ou d'un masque d'hygiène, et/ou d'une moustiquaire de tête, pour recycler une large part de l'eau expirée, et de sa chaleur de condensation : le plus vous en recyclez, le moins va condenser sur l'intérieur de votre tente ou de votre abri d'urgence.

De plus, par curiosité, j'ai pu découvrir une variante des couvertures aluminisées, dites de survie, qui déçoivent tant ceux qui ont tenté de les utiliser : un colaminage mousse-aluminisation. La première testée était aluminisée en simple face, soldée par Highlander, mais j'ai su par la suite que c'est fabriqué en Chine. A vrai dire avant, j'avais teste avec surprise une autre variante : vendu comme tapis de pique-nique, c'est un tissage lâche écossais en polypropylène côté dessus, polyéthylène aluminisé sur le dessous. Test en couverture thermique pour mes nuits, avec l'aluminisation au dessus. Facilement six degrés d'écart entre l'intérieur et l'extérieur. Mais comme c'est moi le sauvage central qui chauffe, la mesure est très dépendante de la distance à mon corps. Cette couverture de pique-nique est trop lourde pour le randonneur qui ne veut qu'un service thermique.
En 200 x 150 cm, la couverture de mousse en simple face pèse 200 g, en double face, achetée en Chine, 280 g. Elle est beaucoup plus raide, ce qui pose des problèmes de mise en oeuvre, et dans le sac à dos elle prend bien 12 litres. Elles n'ont aucun oeillet d'attache ; on ne peut les déployer sans se les faire arracher par le vent qu'à l'intérieur d'un abri complet et fiable.
Les bonnes surprises : avec ces 480 g, cette superposition fait moins bien que le duvet de 630 g de chez AEgismax + passe-montagne, mais mieux que le duvet insuffisamment rempli de chez Wilsa.
Ensuite, grâce à sa raideur, et au fait que je suis nettement moins long que 200 cm, les combinés mousse-alu recouvrent amplement ma tête et sa respiration. Il y a donc là un net recyclage de chaleur et d'humidité.

Mauvaises nouvelles : tout est encore à faire pour rendre possible voire commode la manipulation de ces nappes raides dans un abri d'urgence exigu.
Vu le volume pris dans le sac à dos, donc la taille du sac nécessaire, il va devenir impossible de convaincre le garde du parc que vous n'aviez pas l'intention de bivouaquer discrètement là où tout bivouac est interdit.

Quand aux couvertures Grabner qui ne sont réflectorisées que d'un côté, et colorées voire camouflées de l'autre côté, la mauvaise nouvelle est que le côté discret, vert olive chez moi, sera naturellement mis côté extérieur, alors que c'est lui qui devrait voir son émissivité infra-rouge minimisée en priorité.

JacquesL

#5
Variante du problème du randonneur qui-n'avait-pas-vraiment-prévu-ce-bivouac-de-survie : en hamac.
Or le hamac est souvent la seule solution valide, dans plusieurs conditions : en forêt pentue, en forêt à sol jonché de branches et de débris, sur sols trempés pourvu qu'il y ait des arbres, sur sol de résineux où les fourmis rouges règnent en maîtresses, en zone habitée alors que la pluie est là, mais tous les gens sont rentrés et barricadés, ainsi qu'à flanc de coteau, surtout si la foudre risque de frapper les crêtes, ...

De 300 g en maille à 1150 g avec moustiquaire, la gamme de poids est vaste. Je préfère vers 450 g, mais en tissé nylon ou polyester, quand même moins froid. Compter 343 g en plus pour deux attaches en sangle, qui abiment moins les fines écorces.
Dans tous les cas, dans nos pays où il pleut, la bâche à tendre au dessus est indispensable, de préférence sur une faîtière d'au moins 5 mm de diamètre. La bâche 3 m x 3 m que Des Caquelons ne vend plus parce que depuis ils vendent nettement plus petit, convient presque : elle ne couvre toutefois pas assez les suspentes. D'autres assurent qu'il suffit de la tendre en diagonale, toujours au dessus d'une faîtière.

Mais comment assurer la thermicité du dormeur ?
David Manise disait qu'il avait trouvé la solution (pour la survie et non pour le confort), avec une couverture aluminisée mylar de l'armée suisse, plus grande que celles qu'on trouve dans le commerce (180 cm de large, semblait-il dire). Il faisait une papillotte autour du hamac, refermée aux extrémités pour limiter la circulation d'air. La chaleur de respiration est ainsi recyclée, mais au prix d'une condensation à évacuer entre les pinces en bas. Cela ne résiste pas au vent, ni vraiment à la pluie, il faut toujours la bâche en A par dessus.

Ce qu'on peut à présent trouver dans le commerce, notamment en Chine est un tube de mylar aluminisé, long de 2,40 m (8 pieds sur 5 pieds), qu'ils vendent comme "tente d'urgence". Il faut l'enfiler autour du hamac et autour d'une faîtière avant de suspendre celui-ci. Pas d'évacuation basse de la condensation sauf si vous percez deux trous dans ce qui sera le bas. prévoir des pinces ou des boucles en collant pour pincer les extrémités. Prévoir aussi quelques boucles pour tirer les côtés afin que la condensation évite de toucher le hamac.
On peut envisager d'autres couches intermédiaires, à base de mylar armé ou de mylar collé sur mousse, mais seule l'expérimentation permettra d'en dire davantage.

JacquesL

#6
La solution du duvet adaptable aux conditions de survie en bivouac improvisé a fait un gros progrès avec ce duvet-tube, produit par Aegismax :
https://fr.aliexpress.com/item/AEGISMAX-Outdoor-Envelope-95-White-Goose-Down-Sleeping-Bag-Camping-Hiking-Equipment-FP800-M-L/32816536420.html

C'est un tube, plus étroit aux pieds, dont la glissière forte ne ferme qu'un côté. Les pieds ne sont fermés que par un cordon de serrage.
En dimension 200 cm x 82 cm, soit pour eux la grande dimension, avec 450 g de duvet.
Seul avec sac de compression 880 g.
Capuche : 79 g.
Ensemble : 959 g.
Gonflant : 9 à 10 cm environ.
Montage cloisonné.
Ouvrable en couette pour un couple, voire assemblable sans souci si on en achète un second exemplaire.
Permet en bivouac de survie de conserver ses chaussures aux pieds. On n'a plus à craindre qu'elles soient gelées ou remplies de neige durant la nuit.

Quitte à les doubler de Mukluks, si on y a pensé.

Requiert alors un bivanorak, ou l'équivalent fonctionnel

L'offre d'alors incluait une capuche, qui est à présent séparée :







C'est à mes yeux leur meilleure conception pour un sac multi-fonctions multi-saisons.
Il reste à réaliser l'équivalent fonctionnel d'un Bivanorak ou d'un Jervenbag hunter, pour pouvoir utiliser ce très beau duvet dans des conditions de protection et de sécurité convenables : protégé de la pluie, protégé du sol mouillé, protégé de ce qui est abrasif ou déchirant dans le sol.

Dimensions stocké : dans les 70 ou 80 litres.