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#1
Asie, Pacifique / Téhéran et l’option de l’arme ...
Last post by JacquesL - 19 Mai 2024, 04:48:27 PM
Téhéran et l'option de l'arme nucléaire



par Abdel Bari Atwan

Téhéran serait-il sur le point de revenir sur son interdiction de fabriquer des armes ?

On a beaucoup spéculé récemment sur le fait que le dirigeant iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, pourrait révoquer sa décision religieuse (fatwa) interdisant la fabrication d'armes nucléaires. Il a même été suggéré qu'il pourrait déjà l'avoir fait sans l'avoir encore annoncé.

Un certain nombre d'événements et de déclarations récents rendent ces suggestions plus plausibles :

  • L'attaque par drone d'Israël, le 20 avril, d'une base aérienne à Ispahan, près de l'installation nucléaire de Natanz, en réponse à l'attaque par drone et missile de l'Iran contre deux bases aériennes israéliennes en représailles au bombardement de l'ambassade iranienne à Damas.
  • Le sénateur américain Lindsey Graham a publiquement approuvé l'idée qu'Israël utilise des armes nucléaires pour mettre fin à la guerre qu'il mène actuellement contre la bande de Gaza. Il sait évidemment que les retombées radioactives d'une telle attaque seraient dévastatrices pour Israël lui-même. Ce à quoi il faisait réellement allusion, c'est à l'utilisation de l'arme nucléaire dans le lointain Iran.
  • Les déclarations de deux responsables iraniens soulignant que la fatwa interdisant la fabrication et l'utilisation d'armes nucléaires n'est pas «sacrée» et peut être révisée. Javad Karimi-Ghodousi, député conservateur et membre du Conseil de sécurité nationale, a déclaré mercredi que «si la fatwa de Sayyed Khamenei est modifiée, le premier essai nucléaire aura lieu dans les semaines à venir». Kamal Kharazi, diplomate réformateur chevronné et membre du Conseil stratégique des relations extérieures de l'Iran, a déclaré lors d'une conférence que si l'Iran était soumis à une menace nucléaire de la part d'Israël, il «changerait immédiatement sa doctrine nucléaire».
  • L'affirmation de Rafael Grossi, chef de l'AIEA, selon laquelle l'Iran possède déjà suffisamment d'uranium hautement enrichi pour produire plusieurs bombes nucléaires.
  • Le développement par l'Iran de missiles hypersoniques Fatah-2 qui peuvent porter des têtes nucléaires à une distance de 2000 km. Ces missiles ne sont pas destinés à faire bonne figure, mais à dissuader Israël, la seule puissance nucléaire de la région, qui utilise son monopole nucléaire pour menacer tous ses pays et tous ses peuples.

L'Iran est tout à fait en droit de modifier sa doctrine nucléaire si Israël, assiégé sur de nombreux fronts par l'Axe de la Résistance, recourt à l'option nucléaire pour tenter de maintenir son existence et sa suprématie militaire.

La volée de missiles et de drones iraniens du mois dernier contre Israël, même si elle a utilisé des projectiles relativement anciens et inefficaces, a changé les règles du jeu. Elle était destinée à tester les systèmes de défense antimissile d'Israël et des États-Unis – y compris ceux déployés en Jordanie – qui se sont révélés très insuffisants.

Lorsque le sénateur Graham a «suggéré» de bombarder Gaza, il ne parlait pas en son nom propre, mais au nom de l'État profond américain et de son alliance avec l'OTAN. Il reflétait l'abattement de l'État face à l'échec et à la défaite de son client Israël sur de multiples fronts.

Et lorsque les deux responsables iraniens ont parlé de lever l'interdiction de l'armement nucléaire, ils reflétaient la préparation sérieuse de leur pays à faire face à toutes les éventualités et à riposter à toute attaque israélienne, qu'elle soit conventionnelle ou nucléaire.

source : Chronique de Palestine

#2
Europe / Ukraine : Rapport sur l’incurs...
Last post by JacquesL - 19 Mai 2024, 03:28:53 PM
Ukraine : Rapport sur l'incursion à Kharkov – Attaques contre la Russie et vengeance russe



par Moon of Alabama

Le 11 mai, j'avais analysé l'avancée russe vers Kharkov et conclu qu'elle visait à créer une «zone sanitaire» le long de la frontière, et non à prendre Kharkov :

«L'offensive de Kharkov semble donc destinée à créer une zone tampon, d'une profondeur d'environ 10 kilomètres, sur le territoire ukrainien le long de la frontière nord avec la Russie. Le fait qu'elle détourne les forces ukrainiennes d'autres zones et les positionne sur un terrain essentiellement dégagé en vue de leur destruction éventuelle n'est qu'un effet secondaire bienvenu».

Lors d'une récente conférence de presse, le président russe Poutine l'a confirmé :

«En ce qui concerne les développements dans le secteur de Kharkov, ils sont également à blâmer, car ils ont bombardé et, malheureusement, continuent de bombarder des zones résidentielles dans les territoires frontaliers [de la Russie], notamment Belgorod. Des civils y meurent, c'est clair pour tout le monde. Ils tirent des missiles sur le centre-ville, sur des zones résidentielles. J'ai dit publiquement que si cela continuait, nous serions obligés de créer une zone de sécurité, une zone sanitaire. Et c'est ce que nous faisons aujourd'hui.

En ce qui concerne [la prise de] Kharkov, rien n'est prévu pour l'instant».

L'incursion russe à Kharkov est une conséquence directe des attaques ukrainiennes contre les civils russes.

De même, la destruction récente par la Russie de centrales électriques en Ukraine est une conséquence directe des attaques ukrainiennes contre les installations de raffinage russes. Comme l'indique le rapport quotidien russe sur son opération en Ukraine noté le 8 mai :

«En réponse à la tentative du régime de Kiev d'endommager les installations électriques russes, les forces armées russes ont lancé une attaque groupée de longue portée et de haute précision avec des missiles basés en mer et dans les airs, le système de missiles hypersoniques aérobalistiques Kinjal, des drones sur les installations électriques, ainsi que sur les entreprises du complexe militaro-industriel ukrainien.

L'objectif de la frappe a été atteint. Toutes les cibles assignées ont été touchées».

L'Ukraine a perdu quelque huit gigawatts d'électricité et a dû commencer à procéder à des coupures d'électricité :

«Depuis mars, cinq vagues d'attaques de missiles ont entraîné la «destruction complète» des centrales électriques du fournisseur d'énergie privé DTEK, qui produit 20% de l'électricité du pays, a déclaré le PDG Maksym Timchenko lors d'une conférence de presse Zoom mardi.

La dernière attaque, le 8 mai, a été particulièrement dévastatrice, a-t-il ajouté, car tous les missiles ont atteint leurs cibles, sans être gênés par la défense aérienne, mettant hors service trois autres centrales électriques. (...)

La campagne de missiles des dernières semaines a causé des dommages d'une valeur d'un milliard de dollars à l'infrastructure énergétique, a déclaré le ministre de l'Énergie, German Galushchenko, au début du mois à la télévision ukrainienne».

Malgré ces conséquences négatives, les attaques ukrainiennes contre les infrastructures en Russie se poursuivent. En conséquence, elle aura bientôt encore moins d'énergie électrique à distribuer.

Les dirigeants ukrainiens n'ont pas compris que de telles actions ont des conséquences extrêmement néfastes.

Ils demandent maintenant aux États-Unis de lever les restrictions sur les armes livrées par les États-Unis afin de pouvoir les utiliser contre les villes russes.

Lors de sa récente visite à Kiev, le secrétaire d'État Anthony Blinken a semblé l'accepter :

«Lors d'une visite à Kiev mercredi 15 mai, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a laissé entendre que les forces ukrainiennes pourraient frapper le territoire russe avec des armes fournies par les États-Unis, pour la première fois depuis l'invasion russe en 2022. «Nous n'avons pas encouragé ou permis des frappes en dehors de l'Ukraine, mais en fin de compte, l'Ukraine doit prendre des décisions pour elle-même sur la façon dont elle va mener cette guerre», a déclaré Blinken, ouvrant la possibilité que du matériel militaire occidental soit utilisé contre des unités russes situées au-delà des frontières de l'Ukraine».

L'Ukraine utilisera inévitablement ces armes à plus longue portée pour cibler les civils russes. La Russie ripostera inévitablement par des moyens beaucoup plus puissants.

L'Ukraine peut espérer gagner quelques points de relations publiques en commettant de tels actes, mais c'est un moyen sûr de ruiner totalement le pays.

Aujourd'hui, le Washington Post et le New York Times ont publié de longs articles sur le succès de la campagne russe vers Kharkov. Ils concluent tous deux que l'Ukraine, bien que sachant que l'attaque était imminente, ne s'y était pas préparée.

«La deuxième invasion russe de Kharkov a pris l'Ukraine au dépourvu» – Washington Post

«La nouvelle offensive russe à la frontière nord-est de l'Ukraine était attendue depuis des mois, mais elle a tout de même surpris les soldats ukrainiens stationnés sur place pour la défendre».

Un détail intéressant :

«Les dispositifs Starlink [de l'unité de drones] – l'internet par satellite sur lequel l'armée ukrainienne compte pour ses communications de base – sont tombés en panne, pour la première fois depuis l'invasion russe en février 2022.

«À un certain moment, nous nous sommes retrouvés complètement aveugles», a déclaré un commandant de l'unité de drones de la brigade. Le Post a accepté de l'identifier par son indicatif, Artist, conformément au protocole militaire ukrainien».

Le blocage de Starlink sur le front en cas de besoin est une nouvelle capacité russe que nous verrons plus souvent.


• https://www.nytimes.com/2024/05/18/world/europe/ukraine-russia-advance-kharkiv

«Les hauts responsables ukrainiens ont semblé prendre le danger au sérieux, le président Volodymyr Zelenksy effectuant une visite très chorégraphiée des fortifications autour de Kharkov le 9 avril.

«Nous devons être prêts», a déclaré Zelenksy. «Les Russes doivent voir que nous sommes prêts à nous défendre. Et notre peuple doit comprendre que l'Ukraine est prête au cas où l'ennemi essaierait d'attaquer».

Ces préparatifs n'ont guère permis d'atténuer l'attaque russe».

Les fortifications, à l'exception de quelques pièces maîtresses utilisées pour le coup de relations publiques de Zelensky, n'ont jamais été construites, même si de l'argent a été versé à cet effet :

Mme Sykhina a déclaré avoir vu des blocs de béton et des machines être déplacés le long d'une route devant sa maison, dans ce qu'elle croyait être des préparatifs de fortification.

«Mais en fait, d'après ce que je sais, rien n'a été construit», a déclaré Mme Sykhina.

Un autre article intéressant porte sur la dictature de plus en plus autoritaire qui sévit en Ukraine et qui est dirigée depuis le bureau d'un seul homme :

«Le principal collaborateur de Zelensky exerce son pouvoir, irrite ses détracteurs – et ne s'excuse pas» – Washington Post

«Andriy Yermak, ancien avocat et producteur de films qui dirige le bureau présidentiel de Volodymyr Zelensky pendant la guerre, est sans doute le chef de cabinet le plus puissant de l'histoire de l'Ukraine.

Lors d'entretiens avec plus d'une douzaine de responsables et de députés ukrainiens, actuels et anciens, de diplomates étrangers et d'autres personnes qui connaissent Yermak ou travaillent avec lui, même ses partisans ont reconnu qu'il exerçait une autorité exceptionnellement large, sur la gouvernance et la communication externe. Certains ont dit qu'il contrôle même quels autres fonctionnaires sont autorisés à voyager à l'étranger et quand – un détail sur lequel son bureau a refusé de faire des commentaires.

Récemment, selon les critiques, alors que le cercle des conseillers de Zelensky s'est resserré, Yermak a mis sur la touche le ministère des Affaires étrangères, s'est immiscé dans les décisions militaires et a négocié des accords clés avec des partenaires, notamment avec les États-Unis – une tâche qui, selon eux, devrait être confiée au président. (...)

Yermak a des lignes directes avec les personnes les plus puissantes à Washington, notamment le conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan. «Nous prenons des nouvelles très régulièrement», a déclaré Sullivan au sujet de Yermak lors d'une visite à Kiev en mars. Le bureau de Sullivan n'a pas répondu aux nombreuses demandes de commentaires».

Yermak est un avocat spécialisé dans le divertissement et un producteur de films qui n'a aucune qualification pour le poste qu'il occupe actuellement.

À en juger par les rapports quotidiens publiés par le ministère russe de la Défense, les pertes actuelles du côté ukrainien sont plutôt horribles. Le rapport d'aujourd'hui énumère 30 systèmes d'artillerie ukrainiens détruits, 15 véhicules chenillés et 1525 victimes ukrainiennes. Ces chiffres sont régulièrement bien plus élevés que ceux des mois précédents.

Dans une interview accordée à l'AFP, Zelensky déplore que certains Occidentaux recherchent la paix :

«L'ancien comédien de 46 ans portait l'une de ses tenues kaki caractéristiques pour l'interview à Kiev – sa première avec des médias étrangers depuis le début de l'offensive russe dans la région de Kharkov.

«Nous voulons que la guerre se termine par une paix équitable pour nous», tandis que «l'Occident veut que la guerre se termine. Un point c'est tout. Le plus tôt possible. Et pour eux, il s'agit d'une paix équitable», a-t-il déclaré».

Tant que l'argent de l'Occident coule à flots et que personne ne le conteste, l'équipe Zelensky/Yermak ne fera aucun effort pour mettre fin à la guerre.

source : Moon of Alabama

https://reseauinternational.net/ukraine-rapport-sur-lincursion-a-kharkov-attaques-contre-la-russie-et-vengeance-russe/
#3
Asie, Pacifique / Georgia on my mind
Last post by JacquesL - 19 Mai 2024, 02:51:04 PM
Georgia on my mind



par Larry Johnson


Oui, je vais poster Ray Charles, mais je ne pense pas à la Géorgie de Ray. Non, je pense à l'effort frénétique de l'Occident pour lancer une révolution de couleur en Géorgie, parce que le corps législatif de ce pays a l'audace de croire que les groupes politiques nationaux doivent déclarer s'ils reçoivent au moins 20% de leur financement de la part d'étrangers. Ce n'est qu'un exemple de plus de l'hypocrisie nauséabonde que j'ai décrite dans mon précédent article.

Le spectacle qui se déroule à Tbilissi rappelle un sketch des Monty Python, sauf qu'il s'agit ici de véritable violence et d'effusion de sang. Nous avons vu les ministres des Affaires étrangères de Lituanie, d'Estonie et d'Islande se rendre à Tbilissi et se joindre aux manifestations, en prononçant des discours devant des foules en ébullition, dénonçant les actions du corps législatif géorgien. Pouvez-vous imaginer la panique à Washington si le Russe Lavrov, le Chinois Wang Yi et le Hongrois Szijjártó se présentaient à un rassemblement de Trump pour dénoncer la politique de Biden en Ukraine ? Exactement. Les États-Unis ne toléreraient pas cette merde une seule minute. Deux poids, deux mesures.

Ensuite, il y a la présidente de la Géorgie, qui est née en France et qui est citoyenne française. Si Salomé Zourabichvili avait le même pedigree (née en France mais avec la citoyenneté américaine) aux États-Unis, la Constitution lui interdirait d'exercer la fonction de présidente. Pourtant, elle est là, à promouvoir sans vergogne des intérêts étrangers au détriment de ceux des citoyens qu'elle a été élue pour servir. Et la majorité des gouvernements européens, ainsi que l'administration Biden, jurent d'imposer des sanctions si le corps législatif ose passer outre le veto de Zourabichvili.

Il se peut que l'Occident, stupidement à mon avis, considère cela comme un piège tendu pour inciter la Russie à intervenir si la révolution de couleur prend de l'ampleur. Je pense que la Russie, à la lumière de son incapacité à répondre à la révolution du Maïdan en 2014, ne va pas rester passive et voir comment les choses se déroulent. Au minimum, les services de renseignement russes transmettent probablement des informations à leurs homologues de Tbilissi sur l'identité des opérateurs étrangers qui travaillent à la création du chaos et sur l'origine des fonds qui affluent en Géorgie.

L'obsession de l'Occident à s'ingérer dans d'autres gouvernements et à fomenter des changements de régime doit cesser. Je pense que la Russie et la Chine, à la suite de leur dernier sommet, se sont engagées à atteindre cet objectif. Les pays les plus faibles du monde, en particulier dans le Sud mondial, sont conscients de cette menace. C'est l'une des raisons pour lesquelles les pays du Sahel africain ont mis les Français et les États-Unis à la porte. Personnellement, j'espère que cela marque le début d'un tournant positif dans les affaires mondiales.



source : A Son of the New American Revolution

https://reseauinternational.net/georgia-on-my-mind/
#4
Asie, Pacifique / Géorgie, une nation sous tensi...
Last post by JacquesL - 19 Mai 2024, 02:19:46 PM
Géorgie, une nation sous tension



par RT France

Xavier Moreau et son invité Levan Vassadze, entrepreneur et homme politique, discutent la situation en Géorgie et les directions possibles pour Tbilissi.
La tension est montée d'un cran à Tbilissi quand le Premier ministre conservateur a poussé l'adoption d'une loi en deuxième lecture par le Parlement contre l'avis de la présidente Zourabichvili le 1er mai 2024.

En cause, la loi sur les agents étrangers consistant à faire la lumière sur les agissements d'organisations telles que les ONG en exposant leurs sources de financement. Celles-ci sont à la manœuvre pour faire basculer les institutions du pays dans le camp occidental en travaillant à promouvoir les valeurs dites progressistes.

Les dispositions de la loi sont en réalité calquées sur une loi américaine antérieure de 1938, la loi pour l'enregistrement des Agents étrangers dite FARA. Une référence qui a dû échapper à l'opposition géorgienne pro-occidentale qui dénonce pour sa part une loi russe.

Video Echiquier mondial

source : RT France

https://reseauinternational.net/georgie-une-nation-sous-tension/
#5
Technologie et travail / Politique européenne : un prem...
Last post by JacquesL - 19 Mai 2024, 01:30:03 PM
Politique européenne : un premier bilan des grandes décisions sur les véhicules électriques

 


Par José Martí − Le 28 avril 2024 − Source Le Saker Francophone



Cela fait des dizaines d'années que l'on "construit" une Union européenne supra-nationale, justifiée par l'idée que les États nationaux sont trop égoïstes pour pouvoir servir, et encore moins entrapercevoir le bien commun. Il est peut-être temps, à l'approche des élections d'une représentation populaire, d'établir un bilan de cette "construction". Nous avons décidé ici de contribuer à ce bilan sur un plan important : la protection de l'environnement, les transports et l'énergie. Tout cela se cristallise autour du véhicule électrique.

Le B-A BA de la conduite du changement

Dans leur immense sagesse supranationale, au service du bien commun et au-dessus des égoïsmes étatiques, les institutions supranationales, commission en-tête, et son parlement servile et corrompu dans son sillage, ont adopté fin 2022 une décision qui n'a échappé à l'attention de personne : l'interdiction de facto des ventes de voitures et véhicules utilitaires légers neufs à essence et diesel, ainsi que des hybrides d'ici à 2035. Une décision énorme, qui aura forcément été méticuleusement étudiée, du fait des colossales conséquences qu'elle porte sur des sujets aussi divers que :

  • L'écosystème des entreprises agissant dans le domaine du transport automobile. En jeu, des emplois, des évolutions normatives colossales, des chaînes d'approvisionnement à revoir, etc.
  • L'organisation des infrastructures. Prévoir des bornes de recharge en nombre, des moyens de production électrique à la hauteur, équiper la population, y compris les personnes qui ne disposent pas d'une place de parking dédié.
  • Le coût d'achat, de maintenance, d'assurance, pour le citoyen. La durée de vie des véhicules ainsi produits.
  • Le maintien en condition de sécurité du parc — il faut savoir qu'un objet doté de batteries, a fortiori s'il est en charge, peut prendre feu spontanément très rapidement, et que l'incendie qui en résulte est particulièrement difficile à contenir, et encore plus à éteindre.

Auraient forcément également dû être étudiés, de toute évidence, les prémisses même de l'idée fondamentale, à savoir que le remplacement du parc thermique vers un parc électrique est de nature à diminuer la pollution ; étude réalisée sur l'ensemble du cycle de vie des véhicules : comprenant leur conception, leur mise au point, leurs tests, l'industrialisation de leur fabrication, leur fabrication, leur transport, leur maintenance, leur recyclage. Le simple fait qu'un véhicule ne produit pas de CO2 pendant qu'il roule ne constitue qu'un tout petit aspect de tout ce cycle.

Bien entendu, de la part d'organisations aussi empressées à produire des montagnes de normes, de processus de vérification, de spécifications, il va de soi que le Citoyen européen pouvait attendre de la part de la sage Commission européenne qu'elle s'applique à elle-même ce niveau normatif : qu'elle conduise et justifie une décision politico-industrielle de cette ampleur par des études et des processus à la hauteur des enjeux.

Ce qui s'est réellement produit

Ce qui s'est produit est tout autre. La Commission européenne, pilotée par des idéologues bien pensants, a pris cette décision sans consulter aucun acteur du marché, sans mener d'étude de préparation. Il a simplement été décidé d'appliquer ce changement, et que tout le réel allait s'adapter.

Nous ne décrétons pas cette idée de notre propre chef. Ce sont les experts issus de l'industrie, et le marché lui-même, qui le disent. Voici ce que monsieur Jean-Dominique Sénard, le 20 mars 2024, lors d'une audition face au Sénat français, a trouvé à exprimer :



Au vu de l'importance de cette analyse, nous publions ici en texte la transcription de cette audition.

CiterJe ferai simplement une remarque au passage, c'est que la décision a été prise à Bruxelles après des dialogue qui n'étaient pas toujours très faciles ; il se trouve qu'à cette époque-là l'industrie automobile n'avait pas forcément le vent en poupe et je dirais que nous avons à l'époque été un peu soumis à une forme de déni autour des capacités d'innovation — je l'avais vécu comme d'autres dans le monde automobile avec beaucoup de souffrance mais c'est comme ça — et je voudrais simplement faire remarquer que la décision a été prise avec un niveau d'analyse d'impact proche de pas grand-chose. J'espère ne choquer personne en vous disant que l'analyse d'impact n'a pas été faite — j'en veux pour preuve qu'une fois la décision prise, tout le monde a découvert ou a fait mine de découvrir que nous avions un énorme sujet autour de la question des ressources nécessaires pour alimenter les usines de batterie que nous sommes en train de mettre en place en France et nos concurrents de la même manière considérant que de fait l'Europe était dépourvue d'accès significatif aux mines dans le monde qui produisent les métaux nécessaires à la fabrication des batteries. J'ai cité le lithium, le nickel, le manganèse, le cobalt, je parle des terres rares, ne serait-ce que le cuivre aussi [qui] est un sujet majeur comme vous le savez, et même à court terme. Donc cette découverte, liée à un certain nombre de rapports qui sont sortis après coup et qui ont été très bien faits évidemment ont tout simplement entraîné le fait que l'industrie automobile se retrouvait devant des défis majeurs qui n'avaient pas été anticipés. Je ne vais pas faire trop long sur ce sujet mais chacun sait et on ne va quand même pas le reprocher à la Chine que depuis 25 ans la Chine avait mis en place une stratégie extraordinairement directive en la matière mettant la main sur une quantité significative d'exploitation minière dans le monde, en Afrique et ailleurs. La Chine domine aujourd'hui entre 60 et 70 % de l'accès aux mines nécessaires aux métaux pour la production d'énergie électrique, et peut-être un pas plus loin elle domine entre 70 et 75 % — selon les métaux — l'industrie de la transformation de ces métaux qui, je vous le rappelle, est une industrie extrêmement lourde qui nécessite des investissements majeurs parce que le métal, une fois extrait de la mine, doit être raffiné en plusieurs étapes pour être capable ensuite d'être intégré dans des cellules de batterie ; faire une cathode et faire une anode nécessite évidemment des métaux — je n'ai pas évoqué le graphite, j'aurais pu le faire puisque il est absolument essentiel pour fabriquer une anode — et donc ce constat-là, soyons clair, il faut regarder les choses en face, c'est pour ça que je crois que la lucidité est la première des vertus, au fond est apparue après la décision et non pas avant. L'autre sujet qui est apparu effectivement dans la foulée, c'est que les demandes que vont nécessiter l'électrification de la mobilité en Europe mais pas seulement parce qu'il s'agit là aussi de la décarbonation de l'ensemble de l'industrie qui est en train d'électrifier une immense partie des processus de production — et donc là je sors un instant de l'automobile mais cette demande d'énergie, notamment d'énergie électrique, est considérable et les chiffres aujourd'hui que nous avons devant nous, y compris ceux que le gouvernement français nous présente dans le cadre de la stratégie de décarbonation sont des chiffres qui aujourd'hui impressionnent par l'ampleur des besoins nécessaires et que donc nous nous retrouvons, tant en termes de capacité électrique disponible que de son prix qui est une incertitude aujourd'hui devant un deuxième grand défi.
[...]

On se rendait déjà compte, depuis quelques mois, que les ventes de véhicules électriques, dès lors que les aides publiques à l'achat se tarissent, ont une tendance unifiée dans tous les pays à s'effondrer. Voici quelques articles de presse qui en témoignent :


En parallèle de cela, les personnes qui ont accepté d'acheter en premier des véhicules électriques se rendent compte qu'il est particulièrement difficile de les revendre sur le second marché : la décote subie par un véhicule électrique d'occasion est très significativement supérieure à celle d'un véhicule thermique. Marché de l'occasion : un autre orage sur la voie de l'adoption de masse des véhicules électriques — wardsauto.com.

Et quand on y prête attention, on trouve pour dire du bien inconditionnel des véhicules électriques les acteurs de la communication comme les hommes politiques, les journalistes... Mais les ingénieurs, dans leur écrasante majorité, se montrent nettement plus prudents, et ce depuis de nombreuses années.

Un désastre annoncé

Ce qui est en train de se produire est un désastre industriel majeur, à l'échelle du continent européen, piloté, voulu, assumé par des élites totalement déconnectées et corrompues. Nous avons financé à grands frais des institutions européennes totalement dysfonctionnelles. Bien entendu, ce désastre se retrouve sur d'autres sujets, tels que la viabilité de la monnaie Euro, un engagement géopolitique délirant dans la guerre en Ukraine, une politique sanitaire plus que dommageable... En vérité, on peinerait à trouver un seul domaine dans lequel ces institutions apportent quelque chose de significativement bon pour le citoyen européen.

On va continuer de nous expliquer qu'il faut plus d'Europe pour résoudre ces problèmes. De notre côté, nous pensons que plus d'Europe correspond simplement à plus de déconnexion vis-à-vis du réel, et donc encore plus de désastre.

Merci à la chaîne youtube Voitures et Ingénierie pour la persistante pertinence de ses analyses. Elle aura grandement inspiré et apporté des sources à la prise d'angle du présent article.

José Martí

https://lesakerfrancophone.fr/politique-europeenne-un-premier-bilan-des-grandes-decisions-sur-les-vehicules-electriques
#6
Amérique / Prisonniers d’eux-mêmes
Last post by JacquesL - 19 Mai 2024, 11:19:21 AM
Prisonniers d'eux-mêmes

Publié le mai 18, 2024 par hervek



"Ok, soyons clairs. Si la communauté du renseignement dirigée par la CIA n'est pas l'"État profond", alors qui l'est ?" – Jeffrey Tucker


Par James Howard Kunstler – Le 6 mai 2024 – Source Clusterfuck Nation


Vous réalisez, n'est-ce pas, que les fautes graves commises par les fonctionnaires du gouvernement depuis le RussiaGate jusqu'à la salle d'audience du juge Juan Merchan constituent une opération continue contre le peuple américain ? Si cette affaire était jugée honnêtement, plusieurs centaines d'entre eux pourraient aller en prison, voire pire. Chaque action séditieuse et de trahison qu'ils tentent successivement contre leur ennemi juré, Trump, ne fait qu'aggraver leur responsabilité criminelle – le dossier Steele, la farce de l'agent de la CIA Eric Ciaramella pour la destitution en 2019, le coup du Covid-19, l'arnaque George Floyd-BLM, les manigances de l'élection de 2020, l'opération J-6 et la commission J-6 de la Chambre des représentants inventée pour la faire tourner, la batterie actuelle de procès grotesques – et pourtant, le Golem d'or de la Grandeur non seulement reste en liberté avec défi, mais semble amasser toujours plus d'argent pour ses élections.

L'échec cuisant de ces efforts gigantesques et l'humiliation qui en découle ont récemment poussé cette vaste cabale bureaucratique – collectivement appelée "le blob" – à un stade de désespoir abject qui ressemble beaucoup à de la folie. Ils craignent pour leur vie, leur fortune, leurs biens et leurs familles, et ils semblent prêts à détruire la république pour se sauver. Jusqu'à présent, ils ont pratiquement détruit la justice américaine avec leurs tactiques de guerre juridique – une campagne dégénérée visant à utiliser l'autorité acquise des procureurs et des juges pour déformer et tricher avec la loi, au détriment de la légitimité de la loi. Merrick Garland, Norm Eisen, Andrew Weismann, Mary McCord, Lisa Monaco, Marc Elias, Christopher Wray, Letitia James, Fani Willis, Alvin Bragg ont fait du droit l'ennemi du peuple.

Tout cela devient de plus en plus évident chaque jour, par exemple les événements de la semaine dernière dans la salle d'audience fédérale du juge Aileen Cannon en Floride, où l'affaire des documents de Mar-a-Lago se poursuit. Il s'avère que le conseiller spécial Jack Smith a délibérément altéré les preuves, ce qui est manifestement criminel. Il s'avère également qu'entre l'investiture de "Joe Biden" et la descente du FBI à Mar-a-Lago en août 2022, des cartons de documents présidentiels stockés par l'Administration des services généraux des États-Unis ont été "livrés" à la résidence de Trump sans que l'on sache vraiment ce qu'ils contenaient. Un coup monté, vous supposez ? Pourquoi pas ? Après tout ce que le FBI et le DOJ ont tenté depuis 2015 ?

Christopher Wray, en particulier, aurait pu vouloir une cause probable sûre pour faire entrer ses agents à Mar-a-Lago où, selon la rumeur, Trump conservait son propre dossier de preuves contre les fonctionnaires du FBI et du DOJ qui ont concocté le chapitre "Crossfire Hurricane" du RussiaGate. Même si vous supposez que Trump avait plusieurs copies de ce dossier, le directeur du FBI, M. Wray – en poste depuis 2017 pendant la majeure partie du RussiaGate – voulait certainement voir ce que Trump détenait s'il devenait nécessaire pour les fonctionnaires actuels et anciens du FBI / DOJ de se défendre devant les tribunaux contre des accusations très graves.

Vous voyez le désespoir, n'est-ce pas ? Et à quel point ces machinations ont été d'un amateurisme stupéfiant ? Planter des preuves et les manipuler ensuite ? J'attends le moment où le juge Cannon convoquera Jack Smith et lui annoncera en face qu'elle rejette l'affaire pour mauvaise conduite du procureur. Va-t-elle y ajouter un renvoi au pénal ? Comment cela affectera-t-il l'autre affaire (visant à annuler l'élection de 2020) intentée contre Trump devant le tribunal fédéral de district de Washington, dirigé par la juge Tanya Chutkan ? Qui la poursuivra si Jack Smith ne peut plus exercer ses fonctions de conseiller spécial ? Et puisque l'affaire a été montée en son nom – même si Eisen, McCord, Weissmann et d'autres en sont réellement les auteurs – cette affaire va-t-elle également exploser ?

L'affaire immobilière de Letitia James, jugée par le juge Arthur Engoron, était tellement idiote qu'elle ne peut pas survivre à un ultime appel, et l'affaire Alvin Bragg, jugée par le juge Merchan, se déroule comme quelque chose qui n'arrive généralement qu'au Honduras ou au Libéria. Pourtant, la gauche américaine, le parti Démocrate  "progressiste", mise tout sur cette affaire. C'est tout ce qui leur reste en matière de droit, du moins pour l'instant. Ce qui nous amène à la question suivante : Pourquoi les élites non gouvernementales de ce pays, les classes dirigeantes et pensantes, les présidents d'université, les producteurs d'informations par câble, les dirigeants d'entreprise, les réalisateurs de films, l'ensemble de l'establishment artistique, ... pourquoi se sentent-ils obligés d'agir de la sorte ? Pourquoi se sentent-ils obligés, depuis près d'une décennie, d'accrocher leur identité et leur amour-propre à ce train fantastique de corruption, de tyrannie et d'abus dignes de Kafka ? Comment ont-ils été pris en charge par le blob ?

Nous ne le saurons peut-être jamais, et ils ne le sauront peut-être jamais non plus, même lorsqu'ils se seront libérés de la psychose collective à laquelle ils étaient sous emprise. Mais ils se sont rendus ridicules – des personnages comme Sam Harris, Steven Colbert et Rob Reiner – en criant qu'il fallait "sauver notre démocratie" alors que le blob qu'ils vénèrent démonte systématiquement la Constitution américaine et fait du droit américain la risée du monde entier.

La plupart de mes anciens amis sont dans le même bus idéologique. On peut se demander comment des gens comme "Joe Biden", Merrick Garland, Liz Cheney, Adam Schiff, Christopher Wray, Fani Willis, Anthony Fauci, Klaus Schwab et Bill Gates sont devenus leurs héros. Les vaccins Covid ont-ils détruit leur esprit ? Sont-ils vraiment avides de monnaie numérique des banques centrales et de surveillance de leurs moindres faits et gestes ? Veulent-ils que l'OMS leur dise comment vivre ? Les choses se gâtent rapidement dans notre pays. Si ces personnes ont un jour chéri l'idée d'être libres de penser et de vivre leur propre vie, il se fait tard. Ils finiront par être prisonniers d'eux-mêmes.



James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d'abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu'au ciel.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/prisonniers-deux-memes
#7
Europe / Les États-nations, c’est fini ...
Last post by JacquesL - 19 Mai 2024, 11:12:03 AM
Les États-nations, c'est fini ? La nouvelle géopolitique multipolaire

Publié le mai 17, 2024 par Le Saker Francophone


Par Laurent Guyénot − Mai 2024



Dans son nouvel essai, La Défaite de l'Occident, Emmanuel Todd remet en question « l'axiome » de l'État-nation qui règle les relations internationales depuis le XVIIIe siècle jusqu'à aujourd'hui (axiome fondateur des « Nations unies »). Il propose « une interpréta�tion pour ainsi dire post-euclidienne de la géopolitique mondiale », qui ne repose pas sur l'État-nation, mais fait plutôt l'hypothèse de sa disparition prochaine1.
Todd dissipe au passage un malentendu largement partagé par une dissidence française qui s'imagine que la « multipolarité » qui se met en place sera compatible avec la « souveraineté » d'un pays européen comme la France. La multipolarité est un ordre mondial dont les acteurs principaux seront de grands ensembles civilisationnels régionaux. La France n'en fait pas partie, pas plus qu'aucune autre nation européenne. L'Europe, qui se veut une multipolarité à elle toute seule, peut-elle devenir un pôle civilisationnel dans la multipolarité globale ?

Samuel Huntington et le retour des civilisations

Les États-nations, tels qu'on les conçoit aujourd'hui, sont une invention européenne imposée comme modèle au reste du monde au XIXe siècle, parfois à grands coups de crayons tracés à la règle sur des cartes, au mépris des identités et des rivalités ethniques. Ce découpage du monde en États-nations n'a pas effacé d'autres réalités, par exemple, le fait que certaines puissances comme la Russie ou la Chine sont des États multinationaux et non des nations, même si elles possèdent leur carte d'identité de nation aux Nations Unies.

La thèse selon laquelle les États-nations vont perdre leur rôle central dans la géopolitique mondiale est défendue par Samuel Huntington dans Le Choc des Civilisations, paru en 1996 et traduit dans le monde entier. C'est un livre excellent, et même indispensable. Sa mauvaise réputation vient en partie de son titre et de son exploitation par les néoconservateurs. Notons d'abord que l'article publié par Huntington dans Foreign Affairs en 1993, dont le livre est une version augmentée, portait le titre "The Clash of Civilizations?" avec un point d'interrogation.

Par ailleurs, le titre complet du livre est, en anglais, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order. Mais on remarque que, d'une édition à l'autre, la seconde partie du titre est devenue de plus en plus petite. Dans la traduction française, elle a totalement disparue. Cela n'est pas anodin, car Order s'oppose évidemment à Clash, et il est évident, à la lecture du livre, que Huntington ne prône pas le « choc » des civilisations, mais un nouvel « ordre mondial » entre les civilisations.



Quand le titre d'un livre aussi médiatisé et applaudi dit le contraire du livre, le message du titre a plus d'impact que celui du livre. Étant donné la manière dont le livre de Huntington a été présenté, après le 11-Septembre 2001, comme une prédiction de ce qui venait d'arriver, on doit conclure que le travail de Huntington a été exploité par les néoconservateurs à leurs fins belliqueuses. Pour comprendre cela, je renvoie à la section « anatomie de l'État profond » de mon article « 11 Septembre 2001 : la théorie du complot piraté », dans lequel j'analyse la façon dont les crypto-sionistes néoconservateurs ont détourné la géostratégie impériale traditionnelle des États-Unis prônée par le Council on Foreign Relations, dont le théoricien le mieux connu était Zbigniew Brzezinski, très proche de Huntington. Bien entendu, Brzezinski et Huntington portent une grande part de responsabilité dans l'usage qui a été fait de leurs travaux, car ils ont protesté un peu tard contre leur détournement. Mais les considérer comme des néoconservateurs, comme je le vois souvent faire en France, est un contresens. Ni l'un ni l'autre n'ont été signataires du PNAC (contrairement à Francis Fukuyama, auteur de La Fin de l'Histoire), et tous deux ont fermement critiqué la Guerre en Irak en 2003.

J'insiste : on ne peut pas comprendre la politique étrangère et militaire états-unienne des deux dernières décennies si l'on ne prend pas en compte ce détournement de la géostratégie impériale traditionnelle par les néoconservateurs. La grande ruse des néoconservateurs a été de se draper dans l'impérialisme « civilisateur » américain pour pousser les États-Unis à détruire des États arabes ennemis d'Israël. Leur succès le plus spectaculaire est d'avoir obtenu de Bush Junior ce que son père, qui les appelait the crazies, leur avait refusé en 1991 : l'invasion de l'Irak et le renversement de Saddam Hussein. Bush père s'en était tenu au mandat du Conseil de Sécurité de l'ONU en chassant Saddam du Koweit, et justifia son refus d'envahir l'Irak par la volonté de bâtir un « nouvel ordre mondial » basé sur le droit international (discours du 11 septembre 1990 devant le Congrès). Et aucun président américain n'a appliqué autant de pression sur Israël au nom des résolutions de l'ONU, avec son Secrétaire d'État James Baker.
Je suggère donc au passage que nous arrêtions de réagir de manière pavlovienne à l'expression banale et neutre de « nouvel ordre mondial » comme si elle était le mot de passe que s'étaient donnés tous les malfrats de la planète pour leur projet commun de dictature mondiale—auquel cas il faudrait ranger Poutine et Xi Jinping dans cette catégorie, puisqu'eux aussi emploient ce langage.


Le nouvel ordre mondial qu'annonce Huntington est à peu près le même que celui que prône Poutine : la multipolarité, soit un monde organisé en ères civilisationnelles, chacune étant centrée sur un « État phare » (core state en version originale) qui assure la sécurité régionale. « Le monde, prédit Huntington, trouvera un ordre sur la base des civilisations, ou bien il n'en trouvera pas2 » ; « un ordre mondial organisé sur la base de civilisations apparaît. Des sociétés qui partagent des affinités culturelles coopèrent les unes avec les autres ; [...] les pays se regroupent autour des États phares de leur civilisation. » Dans cette nouvelle configuration, prévient Huntington,
« les Occidentaux doivent admettre que leur civilisation est unique mais pas universelle et s'unir pour lui redonner vigueur contre les défis posés par les sociétés non occidentales. Nous éviterons une guerre généralisée entre civilisations si, dans le monde entier, les chefs politiques admettent que la politique globale est devenue multicivilisationnelle et coopèrent à préserver cet état de fait3. »


Certes, Huntington affirme que, « pour préserver la civilisation occidentale, en dépit du déclin de la puissance de l'Occident, il est de l'intérêt des États-Unis et des pays européens » d'intégrer dans l'OTAN la Slovénie et la Croatie, d'encourager l' « occidentalisation » de l'Amérique latine, « d'empêcher le Japon de s'écarter de l'Ouest et de se rapprocher de la Chine », et « de maintenir la supériorité technologique et militaire de l'Occident sur les autres civilisations ». Mais il recommande aussi :

  • « de considérer la Russie comme l'État phare du monde orthodoxe et comme une puissance régionale essentielle, ayant de légitimes intérêts dans la sécurité de ses frontières sud ; »
  • « – et, enfin et surtout, d'admettre que toute intervention de l'Occident dans les affaires des autres civilisations est probablement la plus dangereuse cause d'instabilité et de conflit généralisé dans un monde aux civilisations multiples. »

Huntington passe en revue tous les grands ensembles et leurs rapports entre eux, et tente de prédire leurs évolutions possibles, qui devraient aller dans le sens du regroupement des États-nations sous l'effet des champs d'attraction de grands États-phares, qu'on peut appeler tout simplement des puissances impériales. La Chine est sans doute la mieux préparée à cette évolution. Depuis les années 1990, elle s'est donnée pour but de « devenir le champion de la culture chinoise, l'État phare jouant le rôle d'aimant vers lequel se tournent toutes les autres communautés chinoises et retrouver sa position historique, perdue au XIXe siècle, de puissance hégémonique en Extrême-Orient4. » Économiquement, l'ascendance régionale chinoise est déjà acquise.

CiterL'économie de l'Extrême-Orient est de plus en plus centrée autour de la Chine et dominée par elle. Les Chinois de Hong Kong, de Taiwan et de Singapour ont fourni la plus grande partie des capitaux qui ont permis la croissance sur le continent dans les années quatre-vingt-dix. Au début des années quatre-vingt-dix, les Chinois représentaient aux Philippines 1% de la population mais contrôlaient 35 % du chiffre d'affaires des entreprises locales. En Indonésie, au milieu des années quatre-vingt, les Chinois représentaient 2 à 3 % de la population, mais possédaient environ 70 % des capitaux privés locaux. Dix-sept des vingt-cinq plus grandes entre- prises étaient contrôlées par des Chinois, et un conglomérat chinois contribuait à lui seul pour 5 % au PNB. Au début des années quatre-vingt-dix, les Chinois constituaient 10 % de la population de Thaïlande, mais possédaient neuf des dix plus grands groupes et contribuaient pour 50 % au PNB. Les Chinois représentent un tiers de la population de Malaisie, mais dominent presque totalement l'économie. Hors du Japon et de la Corée, l'économie de l'Extrême-Orient est fondamentalement une économie chinoise5.

L'une des grandes forces de la Chine, c'est l'exceptionnelle solidarité ethnique entre les Chinois de Chine et les Chinois de la diaspora, installés parfois depuis plusieurs générations. Pour les Chinois, « le sang prime sur l'eau » (blood is thicker than water) ; « la confiance et les engagements dépendent des contacts personnels, pas de contrats, de lois ou d'autres documents légaux. » Ce fameux « réseau de bambou » (bamboo network) donne aux Chinois de l'étranger un énorme avantage pour commercer avec la Chine. L'homme d'État singapourien Lee Kuan Yew a dit :

CiterNous sommes d'ethnie chinoise. [...] Nous partageons certaines caractéristiques en vertu de notre culture et de nos ancêtres communs. [...] Les gens éprouvent une empathie naturelle pour ceux qui partagent leurs attributs physiques. Cette conscience de l'existence d'une proximité est renforcée quand ils ont une base linguistique et culturelle commune. Cela facilite la confiance et les relations, qui sont le fondement de tous les rapports d'affaires6.

Je souligne que cette puissante solidarité ethnique est encouragée par le confucianisme et par la vénération des ancêtres. Cette dernière est si fondamentale en Chine que l'Église catholique a renoncé à la combattre et en 1939 l'a exceptionnellement déclarée licite pour les catholiques chinois. Je renvoie à mon article « éloge du culte des ancêtres » pour ce sujet qui devrait être au cœur de toute réflexion sur les civilisations.

L'avenir du monde islamique est incertain, mais l'évolution prévisible est que l'Iran et la Turquie vont rester des pôles civilisationnels forts, tandis que l'Égypte et l'Arabie saoudite vont se disputer la direction d'un panarabisme qui a échoué jusqu'à présent (par la volonté d'Israël, mais Huntington ne le dit pas), et que l'Asie centrale turcophone cherche sa place entre la Russie et la Turquie. Le monde islamique illustre mieux que tout autre les limites de l'État-nation.

CiterLa structure de la loyauté politique entre Arabes et entre musulmans a en général été l'opposé de celle qui prévaut dans l'Occident moderne. Pour ce dernier, l'État-nation est le parangon de la loyauté politique. Des loyautés plus restreintes lui sont subordonnées et sont subsumées dans la loyauté vis-à-vis de l'État-nation. Les groupes qui transcendent les États-nations — communautés linguistiques ou religieuses, ou civilisations — requièrent une loyauté et un engagement moins intenses. Le long du continuum qui va des entités les plus étroites aux plus larges, les loyautés occidentales atteignent ainsi un sommet au milieu, la courbe d'intensité de la loyauté formant en quelque sorte un U renversé. Dans le monde islamique, la structure de la loyauté a été presque l'inverse. L'islam connaît un creux au milieu de la hiérarchie de ses loyautés.

Les "deux structures fondamentales, originales et durables", comme le notait Ira Lapidus, étaient la famille, le clan et la tribu d'une part, et "les unités formées par la culture, la religion et l'empire à plus grande échelle" de l'autre7.

Dans l'islam, « la tribu et la Oumma ont été les principaux foyers de loyauté et d'engagement. L'État-nation est bien moins important. Dans le monde arabe, les États existants rencontrent des problèmes de légitimité parce qu'ils sont pour la plupart les produits arbitraires, voire capricieux, de l'impérialisme occidental, et leurs frontières ne coïncident souvent même pas avec celles des groupes ethniques, comme c'est le cas pour les Berbères et les Kurdes8. »
La géopolitique et l'âme des civilisations

Les grands principes géopolitiques sur lesquels s'appuie Huntington sont hérités des textes fondateurs de la philosophie des civilisations, comme ceux de l'Allemand Oswald Spengler ou de l'Anglais Arnold Toynbee9. La géopolitique met l'accent sur l'importance de la géographie dans la constitution des ensembles politiques et de leurs rapports de force. Le Britannique Halford MacKinder, auteur en 1904 d'un article séminal sur « le Pivot géographique de l'histoire10 », était géographe et n'a jamais prétendu être autre chose. La géographie détermine à ses yeux le projet géopolitique britannique, qui est basé sur le contrôle des mers, tout comme pour l'Allemand Karl Haushofer (1869-1946), également géographe, elle imposait à l'Allemagne le projet d'étendre son espace vital (lebensraum) à l'est11.

Les géopoliticiens ont souvent une vision « organique » des civilisations, par opposition à une vision strictement déterministe ou « mécanique » de l'histoire comme celle que propose le marxisme. MacKinder conçoit « l'histoire comme une partie de la vie de l'organisme mondial ». Cette conception organique, souvent implicite, est très marquée chez le russe Nicolas Danilevski, qui était biologiste de formation et a peut-être influencé Spengler.

La métaphore organique a cependant ses limites, lorsque par exemple elle prend à la lettre les notions d'enfance, de maturité, de vieillesse et de mort des civilisations (on attend toujours la vieillesse de la civilisation chinoise). Elle sombre dans une forme de biologisme lorsqu'elle assimile civilisation et ethnicité, comme ce fut le cas dans le mouvement volkisch allemand. Pour surmonter cette limite, il faut voir les civilisations sont des organismes intelligents, c'est-à-dire mus non pas par des pulsions, mais par des idées. Pour Spengler, par exemple, l'Occident est la civilisation faustienne, dont l'idée motrice est le dépassement de toutes les limites. Spengler parle ici de l'Occident postchrétien ; jusqu'à la fin du Moyen Âge, l'Occident, c'était la chrétienté romaine.

Les Idées-forces qui animent les civilisations ont leur propre logique. Par exemple, comme j'ai essayé de le montrer dans le quatrième chapitre de mon livre La Malédiction papale, l'injonction donnée à chaque individu de se sauver, et la négation du prolongement des solidarités familiales dans l'au-delà, ont mené logiquement à cette disposition d'esprit qui distingue très nettement l'Occident postchrétien, et que l'on nomme l' « individualisme »12.

De la même manière, l'individualisme et son corolaire l'égalitarisme, menés à leur terme, conduisent à la négation de l'identité de genre. Comme l'écrit Damien Viguier dans un petit livre lumineux, « la suppression dans l'espace des droits de tradition européenne, de toute conséquence juridique à la distinction entre les deux sexes, devait nécessairement conduire au mariage et à la parentalité homosexuel13. »

Dans un article intitulé « le singe devenu dieu », j'ai expliqué que le darwinisme, qui est notre catéchisme laïc, mène logiquement au transhumanisme, comme le démontrent d'ailleurs le darwinien transhumaniste israélien Yuval Noah Harari et le succès de ses livres Sapiens et Homo Deus : si c'est le hasard (les accidents génétiques) et la sélection naturelle qui nous ont faits, alors faisons mieux grâce à la technologie et prenons en main l'évolution de notre espèce.

Les idées-forces d'une civilisation descendent des élites cognitives vers les masses, et non l'inverse. Elles peuvent être interrompues dans leur course par des changements brutaux de paradigme, comme le sont les révolutions. À noter aussi qu'elles peuvent être en partie suscitée, ou tout au moins stimulée, par « rivalité anti-mimétique » avec celles d'une autre civilisation : c'est ce qu'on observe aujourd'hui dans la polarisation des valeurs défendues respectivement par la Russie et l'Occident. C'est grâce à l'Occident qui a atteint le stade terminal de son idée faustienne (l'abolition des limites anthropologiques) que la Russie post-soviétique a pu se réinventer autour de la défense des valeurs traditionnelles.

Croire en l'influence prépondérante des idées sur la destinée des civilisations, c'est être idéaliste au sens philosophique du terme. Et l'idéalisme a pour autre nom le platonisme, entendu comme la théorie sur l'existence et l'influence réelle des Idées. Au sens large, énonce le théologien russe Pavel Florenski (1882-1937), le platonisme doit être compris « non pas comme un système défini et immuable de concepts et de jugements, mais comme un certain type d'aspiration, comme un doigt divin pointant de la terre vers le ciel, des choses d'en bas vers les choses d'en haut14. » Alexandre Douguine, inspirée par une riche tradition orthodoxe, affirme dans Le Platonisme philosophique (éditions Ars Magna, 2023) que la géopolitique, comme la politique, n'a de sens que dans une vision platonicienne, car chaque civilisation a son Idée motrice, qui résulte de facteurs géographiques, historiques et ethniques, mais peut-être aussi de forces spirituelles mystérieuses, sans oublier l'action décisive des « grands hommes », qui impriment leur âme sur celle de leurs peuples (le théoricien de l'importance des héros et grands hommes dans l'histoire est l'Écossais Thomas Carlyle, mort en 1881).

Si les civilisations ont une âme, sont-elles soumises à des « lois spirituelles » ? Y a-t-il, dans ce qu'Oswald Spengler appelait « la nécessité organique du destin15 », une forme de karma collectif ? Autrement dit, une civilisation paye-t-elle, à terme, les conséquences de ses actes, ou bien est-elle mue uniquement par l'idée qu'elle se fait d'elle-même et de son destin ? Dans une perspective idéaliste ou platonique, les croyances agissent dans notre vie, mais la vérité agit d'un niveau supérieur (l'action directe de la vérité sur l'esprit humain est ce qu'on nomme l'intuition). Une civilisation, au même titre qu'une personne, file du mauvais coton lorsque ses croyances sont contraires à la réalité, lorsqu'elle se ment à elle-même, ou refuse de se regarder dans le miroir que lui tendent les autres civilisations.

Quel avenir pour l'Europe ?

Dans un entretien donné à la revue Éléments (avril-mai 2023), Christopher Coker, l'auteur de The Rise of the Civilizational State, explique : « Les Européens ne peuvent pas devenir un État civilisationnel. Les lignes de fracture qui traversent l'Europe [...] ont réglé la question. » Sans véritable unité et indépendance politiques, l'Europe ne constitue pas un « pôle » dans la multipolarité. Dans La Malédiction papale, je démontre que l'état de désunion politique et de décomposition civilisationnelle de l'Europe est le résultat d'un problème de croissance durant l'enfance de l'Europe, c'est-à-dire le Moyen Âge. L'Europe médiévale a désiré ardemment se doter d'une unité politique impériale, comme l'a montré Robert Folz dans L'Idée d'Empire en Occident du Ve au XIVe siècle (1953). Les souverains, les intellectuels, les peuples aspiraient à cet idéal, synonyme à leurs yeux non de tyrannie mais de paix et de prospérité.

Le processus organique de l'unification politique européenne était bien engagé sous la dynastie des Otton (936-1024), mais il fut contrarié sous la dynastie des Saliens (1024-1125) par l'ambition politique concurrente des papes, qui se dotent d'un État, vassalisent d'autres États, s'arrogent le droit de mobiliser leur classe militaire, et cherchent à faire de l'empereur nominal leur lieutenant. La dernière tentative d'unifier l'Europe autour du Saint Empire Romain échoue sous la dynastie des Hohenstaufen (1125-1250), dont l'histoire grandiose et tragique se termine par l'extermination de la descendance de Frédéric II par l'homme de main du pape, Charles d'Anjou, frère de Louis IX. À partir du XIVe siècle, les jeux sont faits : l'Europe s'est fragmentée en une mosaïque d'États nationaux jaloux de leur indépendance, dont les identités nationales vont se cristalliser dans des guerres à répétitions, qui sont autant de « guerres civiles européennes ». Ainsi, écrit Georges Minois dans La Guerre de Cent Ans. Naissance de deux nations :

CiterLa guerre de Cent Ans est plus qu'une guerre, c'est une mutation de civilisation, qui marque le passage de la chrétienté féodale à l'Europe des nations, à travers la prise de conscience de l'identité nationale de la France et de l'Angleterre16.

Mais la supra-monarchie pontificale, qui semblait alors triompher au XIIIe siècle, échoue elle aussi avec la nationalisation de la papauté par Philippe le Bel, puis la Réforme protestante. L'échec des deux projets (impérial et papal) laisse l'Europe en état de désunion et de guerre perpétuelle chronique, engagée dans une compétition effrénée pour le perfectionnement des techniques de guerre qui lui permettra de conquérir le monde, mais la consumera en définitive.

« Les nations, c'est la guerre », disaient les pionniers de la construction européenne dans la seconde moitié du XXe siècle. Comment leur donner tort ? Bertrand de Jouvenel a bien analysé l'évolution de la guerre dans son essai mémorable, Du Pouvoir, écrit au lendemain de la Seconde Guerre mon�diale : tandis qu'au XIIe siècle, la guerre était encore « toute petite », parce que les États ne disposaient ni de l'obligation militaire ni du droit d'imposer, elle devint au fil des siècles la grande affaire de ces mêmes États :

Citersi nous ordonnons en série chronolo�gique les guerres qui ont déchiré notre monde occidental pendant près d'un millénaire, il nous apparaît de façon saisissante que de l'une à l'autre le coefficient de participation de la société au conflit a été constamment croissant, et que notre Guerre Totale n'est que l'aboutisse�ment d'une progres�sion incessante vers ce terme logique, d'un progrès ininterrompu de la guerre17.

Dans l'espoir de pacifier cette Europe qui a la guerre dans le sang, Emmanuel Kant émettait en 1795 le projet d'une « ligue de nations républicaines » dans un manifeste titré Vers la Paix perpétuelle, considéré comme fondateur de la « théorie des relations internationales ». L'idée motrice est dorénavant l'Europe républicaine, fondée sur des principes universaux comme les droits de l'homme et le droit à l'auto-détermination des peuples. C'est cette Europe kantienne qui fut finalement réalisée au XXe siècle. On connaît le résultat. Précisément parce qu'elle se fonde sur des principes qu'elle proclame comme universaux, cette Europe se donne pour identité une absence d'identité. Elle se veut une Europe mondiale, sans frontière idéologique, ce qui l'a conduit inéluctablement, par la logique interne de son idée fondatrice, à renier ses propres frontières ethniques et géographiques.

La raison profonde, organique, pour laquelle l'Europe moderne est un échec, c'est qu'elle n'est pas enracinée dans l'histoire de l'Europe. On peut même dire que la construction européenne des années 1950 s'est faite sur les ruines d'une Allemagne punie pour avoir encore cru en son destin d'État phare de l'Europe. Cette Europe est un corps sans tête et donc sans âme, qui a vidé les peuples européens de toute « conscience civilisationnelle » européenne.

L'Europe réelle se ressent si peu comme un organisme unifié que, chaque fois que l'URSS lui arracha un morceau de son flanc oriental (1956 et 1968), les Européens de l'Ouest ne ressentirent aucune douleur. Tel est le drame évoqué par l'écrivain tchèque Milan Kundera dans son essai de 1983, « un Occident kidnappé », où il rappelle aux Européens de l'Ouest l'importance culturelle de la Bohême.

CiterLa disparition du foyer culturel centre-européen fut certainement un des plus grands événements du siècle pour toute la civilisation occidentale. [...] comment est-il possible qu'il soit resté inaperçu et innommé ? / Ma réponse est simple : l'Europe n'a pas remarqué la dispa�rition de son grand foyer culturel, parce que l'Europe ne ressent plus son unité comme unité culturelle18.

Mais quelle unité culturelle aurait pu sauver l'Europe centrale, sans unité politique ? Il ne peut y avoir de volonté politique sans unité politique.

Dans un petit livre fort intéressant, Si l'Europe s'éveille. Réflexion sur le programme d'une puissance mondiale à la fin de l'ère de son absence politique (Mille et une nuits, 2003), le philosophe allemand Peter Sloterdijk s'interroge sur l'avenir de l'Europe comme pôle civilisationnel, capable d'imposer sa propre identité et sa propre volonté entre les États-Unis et la Russie. Il parvient lui aussi à la conclusion que le mythe fondateur et moteur de l'Europe a été, depuis Charlemagne, la translatio imperii, soit l'héritage impérial romain, déplacé vers le nord depuis les conquêtes arabes, incarné par l'Empire romain germanique, mais détruit par l'acharnement des papes. Sloterdijk a écrit cet essai en 1994, estimant que la dislocation du bloc communiste était l'occasion pour l'Europe de se réinventer. Malheureusement, il n'a pas émis d'idée précise sur la manière dont cela aurait pu se faire, et force est de constater que l'Europe est plus que jamais inexistante comme puissance politique indépendante. Par l'intermédiaire de l'OTAN, elle est tombée entièrement sous la vassalité de l'Empire américain.



Comme je l'écris dans mon nouveau livre La Malédiction papale, l'idéaliste peut toujours rêver de souveraineté nationale, mais le réaliste sait que, pour se libérer de la domination américaine (qui est en fait, de plus en plus, une domination israélienne), l'Europe n'a pas mieux à faire que de rétablir de bonnes relations avec la puissance impériale russe, porteuse de valeurs civilisationnelles saines. Le réaliste ne renonce pas à l'Europe, mais il fait le pari que l'entente avec la Russie et son projet de multipolarité sera plus favorable à la renaissance d'une civilisation et d'une souveraineté européennes que la domination états-unienne. Enfin, le réaliste admet que l'Allemagne, et non la France, reste le leader naturel de la civilisation européenne, comme elle l'a toujours été. L'Europe ne pourra renaître en tant que civilisation que si l'Allemagne trouve la force de résister au racket de Washington et forge une alliance durable avec la Russie.

Laurent Guyénot

Notes

  • Emmanuel Todd, La Défaite de l'Occident, Gallimard, 2024, p. 24-25.
  • Samuel P. Huntington, Le Choc des civilisations, Odile Jacob, 1997, p. 170.
  • Ibid., p. 17.
  • Ibid., p. 184.
  • Ibid., p. 185.
  • Ibid., p. 186.
  • Ibid., p. 191.
  • Ibid., p. 192.
  • Huntington mentionne, p. 37, les « historiens, sociologies et anthropologues » suivants : Max Weber, Émile Durkheim, Oswald Spengler, Pitirim Sorokin, Ar�nold Toynbee, Alfred Weber, Alfred L. Kroeber, Philip Bagby, Carroll Quigley, Rushton Coulborn, Christopher Dawson, Shmuel N. Eisenstadt, Fernand Braudel, William H. McNeill, Adda Bozeman, Immanuel Wallerstein, et Felipe Fernandez-Armesto.
  • Halford MacKinder, "The Geographical Pivot of History," The Geographical Journal, avril 1904, sur www.jstor.org.
  • Les travaux de Haushofer eurent une grande influence sur Hitler, par l'intermédiaire notamment de Rudolf Hess, mais lui-même tomba en disgrâce dans l'Allemagne hitlérienne, et son fils fut exécuté par les Nazi. Tenu pour partiellement responsable du nazisme après la guerre, il se suicida avec sa femme en 1946.
  • Cette thèse n'est pas nouvelle. L'anthropologue Louis Dumont en a donné une version dans son essai sur « La genèse chrétienne de l'individualisme moderne », originellement publié sous le titre « De l'individu-hors-du-monde à l'individu-dans-le-monde », et inclus dans son livre Essais sur l'individualisme. Une perspective anthropologique sur l'idéologie moderne, Seuil, 1983, p. 35-81.
  • Damien Viguier, De la famille clanique au couple parental homosexuel, KontreKulture, 2015, p. 14.
  • Pavel Florenski, The Meaning of Idealism: The Metaphysics of Genus & Countenance, translated and edited by Boris Jakim, Sematron Press, 2020, p. 5.
  • Oswald Spengler, Le Déclin de l'Occident. Esquisse d'une morphologie de l'histoire universelle, Gallimard, 1976, p. 19.
  • Georges Minois, La Guerre de Cent Ans. Naissance de deux nations, Tempus/Perrin, 2010, p. 12.
  • Bertrand de Jouvenel, Du Pouvoir. Histoire de sa croissance (1972), Pluriel/Hachette, 1998, p. 21-25.
  • Milan Kundera, « Un occident kidnappé, ou la tragédie de l'Europe centrale », Le Débat, 1983, n°27, p. 3-23.



https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-nations-cest-fini-la-nouvelle-geopolitique-multipolaire
#8
L'actualité, les media / De la colonisation médiatique ...
Last post by JacquesL - 18 Mai 2024, 10:47:20 PM
De la colonisation médiatique israélienne



par Rorik Dupuis Valder

Le pluralisme, en France ? Un privilège démocratique devenu légende et argument de propagandiste sous le règne de la mafia informationnelle. N'importe quel artiste ou journaliste honnête – c'est-à-dire de ceux qui sont au chômage... – vous dirait en privé que sa place dans le monde du spectacle et celui des médias est conditionnée à une allégeance à la tyrannie du sionisme, autant qu'aux dogmes atlantistes et néoprogressistes de type «woke». Pour résumer grossièrement, vos libertés d'expression et de création se limitent aujourd'hui à relater le malheur des juifs et des transsexuels en faisant du Russe le méchant de l'histoire. Pourquoi pas, mais c'est seulement un peu de diversité que nous réclamons, nous autres...

Tous les professionnels du secteur savent cela depuis des années : quiconque entend défendre les droits – que dis-je, la survie ! – du peuple palestinien qu'on bombarde et qu'on affame, se voit systématiquement banni, sinon calomnié ou menacé. Le chantage culpabilisant à l'«antisémitisme» étant désormais connu de tous, et s'avérant de moins en moins efficace à mesure qu'apparaît l'ampleur des mensonges et manœuvres employés par le lobby mortifère en panique.

Cooptation, consanguinité, course aux subventions et soumission aux mondanités idéologiques, voilà en substance les principes de fonctionnement du milieu de la culture en France. Le talent, la recherche, l'exigence et la créativité n'étant plus des critères suffisamment rentables. L'empathie naturelle, la solidarité internationale et le désir de justice pour les opprimés en devenant condamnables : Israël se croit intouchable et son arrogance sans bornes se retournera contre lui.

Dans l'incipit de la seconde partie de son Discours sur l'inégalité – texte essentiel, d'une admirable modernité -, consacré à la notion de propriété, Jean-Jacques Rousseau écrit : «Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire, ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne».

L'on peut facilement faire ici une analogie avec la terrible situation en Palestine occupée, où le colon israélien est l'«imposteur» qui s'accapare des terres par le crime en se prétendant supérieur, et où les spectateurs manipulés par la propagande sont les «gens assez simples» pour laisser faire ; Rousseau entendant par «société civile» une organisation basée sur la propriété privée et la domination, amenant invariablement la violence et l'injustice, qu'il oppose idéalement à l'«état de nature».

Mais où sont les juifs ? Ceux qui devraient nous rappeler que «les fruits sont à tous» ? Où sont les Israéliens qui avaient massivement manifesté, plusieurs mois durant, contre la dictature du Likoud ? N'est-il pas temps de désobéir franchement aux lois du tribalisme confessionnel, et montrer au monde la solidarité juive avec le peuple palestinien sous les bombes de Tsahal ? Qui pourra stopper le massacre des innocents ?

https://reseauinternational.net/de-la-colonisation-mediatique-israelienne/
#9
Europe / Terreur d’État contre populati...
Last post by JacquesL - 18 Mai 2024, 08:53:58 PM
Terreur d'État contre population (III) : Attentat de l'Oktoberfest du 26 septembre 1980



par Antoine Marcival

Jamais le mépris des gouvernements occidentaux pour leurs populations n'est autant apparu que lors de la pseudo-pandémie et véritable «plandémie» de Covid-19. Lesdites populations furent considérées comme du bétail, qu'on pouvait enfermer, masquer et piquer, contre leur volonté s'il le fallait. Et le tout s'est appuyé sur une terreur d'État constante, relayée massivement par des journalistes gobant telles quelles des consignes officielles pourtant aberrantes. L'ampleur de ce plan de bioterrorisme et le nombre de ses victimes (potentiellement des dizaines de millions, d'après les chiffres de surmortalité constatés depuis 2021) sont absolument inédits. Mais l'esprit qui l'anime n'est pas nouveau. La terreur d'État est une technique de contrôle des citoyens qui n'a pas cessé d'être utilisé en Occident après la Seconde Guerre mondiale, en se servant notamment de la création de services secrets tentaculaires et hors de tout contrôle populaire, entre autres la CIA et le Mossad. Attentats sous fausse bannières des années de plomb en Italie ou tueries du Brabant en furent dans les années 1970 et 1980 les figures les plus monstrueuses. Dans cette galerie de l'horreur, l'attentat de l'Oktoberfest du 26 septembre 1980 – moins connu et n'ayant eu le droit à aucune enquête parlementaire – a manifestement toute sa place.

*

Cet article reprend l'entrée no35 de l'essai Index obscurus : deux siècles et demi de complots 1788-2022, publié aux éditions JC Godefroy en janvier 2024. Ce livre s'attache à démontrer combien l'utilisation péjorative du terme «complotiste» n'a pas de sens : les complots, très souvent par le biais d'attentats sous fausse bannière, pullulent dans l'histoire humaine, et particulièrement dans l'histoire occidentale moderne.

Les réseaux dits «stay-behind» de l'OTAN s'installèrent à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest. Dans la logique de la Guerre froide et de l'affrontement bloc contre bloc, il s'agissait pour les États-Unis d'empêcher à tout prix qu'un gouvernement communiste ou intégrant des éléments communistes puisse accéder au pouvoir. Un objectif qu'il n'était pas très difficile de faire partager aux forces réactionnaires des pays concernés et à leurs relais policiers, militaires, judiciaires ou politiques. L'Italie paya probablement le prix le plus fort de l'existence de ces réseaux, en particulier lors de l'assassinat d'Aldo Moro et de l'attentat de la gare de Bologne. Mais les attentats ne manquèrent pas dans d'autres pays. Ce fut notamment le cas pour l'Allemagne de l'Ouest, le 26 septembre 1980, lors de l'Oktoberfest de Munich.

Créée à la suite du mariage en 1810 du roi Louis Ier de Bavière et de la princesse Thérèse de Saxe-Hildburghausen, l'Oktoberfest («fête d'octobre») réunit encore aujourd'hui, au moment de l'automne, plusieurs millions de personnes. Elle se déroule sur une place de plusieurs dizaines d'hectares, la Theresienwiese (la «prairie de Thérèse»), sur laquelle trône une statue de plus de 18 mètres, la «Bavaria», représentant une allégorie féminine de la Bavière accompagnée d'un lion. Située dans le quartier de Ludwigsvorstadt-Isarvorstadt, la place se trouve donc en plein cœur de la ville de Munich. Si l'Oktoberfest est à l'origine une course hippique, elle est complétée ensuite par une foire agricole. D'immenses tentes installées par les principaux brasseurs de la ville font leur apparition à la fin du XIXe siècle et vont devenir le véritable symbole de la fête.

Le 26 septembre 1980, aux alentours de 22 h20, la fête bat son plein lorsqu'une bombe, placée dans une poubelle à l'entrée est de la fête, explose. Si la bombe, de type «bombe tuyau», est d'aspect artisanal (une grenade de mortier vidée pour être remplie de TNT et placée au centre d'un extincteur réemployé et rempli de clous et de vis), elle est cependant remarquablement ingénieuse et redoutablement efficace : elle tue treize personnes et en blesse 211 autres dont plusieurs très gravement. Comme souvent dans ce genre d'affaire, l'enquête policière parvient très rapidement à trouver un coupable idéal. Il s'agirait de Gundolf Köhler, un jeune militant de vingt-et-un ans du groupuscule néonazi Wehrsportgruppe Hoffmann. Le coupable est idéal car, d'après la police, il a agi seul et, étant mort déchiqueté dans l'explosion de son engin (mais son passeport qu'il portait sur lui – c'est heureux – a permis de l'identifier), l'enquête peut être considérée comme résolue.

L'incroyable ingéniosité de l'engin provoque néanmoins des doutes et laisse envisager une manipulation monstrueuse. L'ancienne ministre de la Justice Herta Däubler-Gmelin, des journalistes, des victimes et des parlementaires vont réclamer à plusieurs reprises la réouverture de l'enquête, sans succès. Pour appuyer leur démarche, ils signalent qu'il n'a pas été tenu compte d'un certain nombre de témoignages indiquant que le suspect Gundolf Köhler était peu avant l'explosion en pleine discussion avec deux hommes habillés d'une parka verte et qu'un troisième homme a manipulé avec lui un sac en plastique. Ces témoignages invalident pourtant tout à fait la thèse du terroriste isolé. Par ailleurs, les agissements de Gundolf Köhler dans les mois qui précèdent le 26 septembre 1980 ne correspondent absolument pas au portrait d'un jeune homme s'apprêtant à mourir dans un attentat-suicide : il ouvre un compte d'épargne-logement, passe l'été à voyager dans toute l'Europe et fonde un groupe de rock avec qui il doit répéter le lendemain. Enfin, il y a cette bombe décidément trop parfaite, maquillée en bombe artisanale mais de conception militaire, qui ne cadre pas du tout avec l'idée d'un néonazi pris d'un coup de folie et ayant monté seul un attentat d'une telle envergure.

Une piste remontée dans le cadre des enquêtes effectuées au sujet de l'attentat s'avère pourtant éminemment intéressante, qui mène à un garde-forestier, et chef d'un groupe de jeunes paramilitaires néonazis, Heinz Lembke. Des membres du groupuscule néonazi Deutsche Aktionsgruppe témoignent, dès le lendemain de l'attentat, qu'ils ont été approchés par ce Lembke qui leur a proposé de leur fournir des armes et des explosifs et s'est vanté d'être à la tête d'un véritable arsenal. Étrangement (ou pas...), la police ne juge pourtant pas nécessaire de mener une enquête approfondie. Il faudra attendre plus d'un an et la découverte fortuite d'une cache d'armes par des bûcherons près de la ville de Uelzen dans le Landkreiss de Lüneburg pour que le nom de Heinz Lembke réapparaisse dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Munich. Ce sont finalement pas moins de 33 caches d'armes dont Lembke révèle l'existence, au sein desquelles sont retrouvés des centaines d'armes, des milliers de cartouches, des grenades, des explosifs et des détonateurs : tout ce qu'il fallait en somme pour fabriquer la terrible bombe de l'Oktoberfest. Il est évident que toutes ces caches n'appartenaient pas au garde-forestier Lembke mais à un groupe paramilitaire secret. S'agissait-il du réseau stay-behind de l'OTAN en service dans l'Allemagne de l'Ouest ? Un réseau au sujet duquel le gouvernement prétendit en 1990 que toutes les caches d'armes qui lui étaient liées avaient été détruites en 1972 ?

Lembke est finalement arrêté en octobre 1981 et, après avoir indiqué au procureur l'existence de 33 caches d'armes, il se déclare prêt à lui révéler qui se dissimulent derrière celles-ci. Il n'aura cependant pas le temps de poursuivre ses révélations : il est découvert le lendemain, le 1er novembre 1981, pendu dans sa cellule. Les autorités judiciaires de Basse-Saxe sont dessaisies du dossier au profit du parquet national de Bonn qui clôt l'enquête le 3 décembre 1982, affirmant que Lembke agissait seul. De même que Gundolf Köhler, Lembke est décrit par les conclusions de l'enquête comme un fanatique isolé, qui craignait une invasion soviétique et avait amassé tout seul plusieurs milliers d'armes afin de pouvoir affronter les communistes. Un parlementaire du SPD eut beau demandé au Bundestag, en novembre 1981, si le gouvernement n'estimait pas que les caches d'armes découvertes dans le cadre de l'enquête sur Heinz Lembke ouvraient une nouvelle piste concernant l'attentat de l'Oktoberfest, la réponse du secrétaire d'État fut lapidaire : «Aucun lien». Circulez, il n'y a rien à voir, en somme.

• 1ère partie : L'attentat de la gare de Bologne du 2 août 1980
• 2ème partie : les Tueurs fous du Brabant (1982-1985)


https://reseauinternational.net/terreur-detat-contre-population-iii-attentat-de-loktoberfest-du-26-septembre-1980/
#10
Asie, Pacifique / Géorgie : Une autre «révolutio...
Last post by JacquesL - 18 Mai 2024, 08:42:50 PM
Géorgie : Une autre «révolution» de couleur télécommandée par l'Occident



par Francesca de Villasmundo

La révolution de couleur colorée gronde en Géorgie contre la loi sur la transparence des financements étrangers des mouvements politiques, des médias et des ONG votée par le gouvernement de Tbilissi dirigé par le parti Rêve géorgien. L'Occident et les officines sorosiennes ne sont pas étrangères à cette révolution.

Un nouveau Maïdan en Géorgie ?

En Géorgie, c'est l'éternel retour des révolutions de couleur, ou du changement de régime si l'on préfère, télécommandée par l'Occident et les officines sorosiennes. Avec le risque d'un Maïdan à la géorgienne car les États-Unis et l'Union européenne se sont largement rangés du côté du l'opposition, en exerçant des pressions appropriées et injustifiées pour garantir que la loi sur la transparence des financements étrangers des mouvements politiques, des médias et des ONG soit annulée. Car cela ferait ressortir les financements somptueux qui affluent dans le pays depuis Washington et Bruxelles, et ce depuis longtemps.

Le blog italien Inside Over l'analyse fort justement :

«La Géorgie est en pleine tourmente. L'affrontement entre le gouvernement et l'opposition risque de l'entraîner dans l'abîme d'un nouveau Maïdan. Comme en Ukraine en 2014, en effet, les places se remplissent, même si elles ne sont pas très fréquentées (les vidéos concernées le démontrent toujours des plans d'en bas). Les protestations ont été déclenchées par la loi sur la transparence des financements étrangers, que l'opposition qualifie de «loi russe» parce qu'elle a été rédigée sur le modèle d'une loi similaire de Moscou. La loi géorgienne, récemment adoptée, prévoit que les ONG, les médias et les syndicats qui reçoivent plus de 20% de leurs revenus de sources étrangères doivent s'enregistrer en tant qu'organisations servant les intérêts d'un pays étranger, sous la surveillance du ministère de la Justice».

Ce registre permettra de connaître tous les financements qui entrent dans le pays en provenance des États-Unis et de l'UE vers les caisses des ONG locales, des médias, des partis, etc.

La loi sur la transparence des financements étrangers des mouvements politiques, des médias et des ONG ferait ressortir l'ingérence occidentale

L'article susnommé continue :

«La loi a suscité l'indignation en Occident, qui a pris une position très dure à l'égard du gouvernement, qu'il a qualifié de liberticide. Une indignation grandissante qui a atteint son paroxysme avec la visite des ministres des Affaires étrangères de Lettonie, d'Estonie, d'Islande et de Lituanie qui, avant de rencontrer la présidente sortante de Géorgie, Salomé Zourabichvili, se sont joints aux manifestants, une nette ingérence dans un pays étranger».

Cette ingérence étrangère dénote une volonté occidentale d'affrontement «qui risque de dégénérer, écrit Inside Over. La perspective est un autre Maïdan, cette fois dans un style géorgien, avec tout ce que cela implique. Il reste cependant à voir si la Russie autorisera un autre Maïdan à ses frontières, compte tenu des conséquences désastreuses du premier».

Cependant rappelle Inside Over «le parti au pouvoir, Georgian Dream, n'est pas du tout pro-russe. En effet, il a activement recherché l'adhésion à l'UE et (avec moins de détermination) à l'OTAN. [À tel point que] en décembre 2023, l'UE a accordé à la Géorgie le statut de candidat (...), qui a condamné l'invasion russe de l'Ukraine et a fourni une aide humanitaire à Kiev. Mais il a aussi eu la prévoyance d'éviter un affrontement avec Moscou, notamment parce qu'il se souvient parfaitement de la façon dont lors de la guerre précédente, en août 2008, les États-Unis, bien qu'ils aient promis une aide et un soutien indéfectible, n'ont pas levé le petit doigt, les laissant seuls pour affronter la Russie».

Le «parti de la guerre mondiale» essaye d'utiliser les Géorgiens comme «chair à canon»

Artin Dersimonian et Anatol Lieven dans Responsible Statecraft note comment, désireux de maintenir une relation fructueuse avec Moscou malgré les relations amicales avec l'UE et les États-Unis, Georgian Dream a évité d'adhérer à certaines des sanctions émises contre Moscou, avec lesquelles il a a intensifié ses échanges commerciaux et a également conclu un accord commercial de grande envergure avec la Chine en 2023.

Ainsi écrit Inside Over «le parti Rêve géorgien est plus réaliste que pro-russe, le soutien très fort de l'Occident à l'opposition l'a renforcé, craignant une opération de changement de régime. À tel point que Ivanishvili a accusé le «parti de la guerre mondiale» d'essayer d'utiliser les Géorgiens comme «chair à canon», les entraînant dans un nouveau conflit catastrophique avec Moscou. Un conflit dont le souvenir est très présent dans la mémoire de la population géorgienne, qui ne souhaite pas qu'il se reproduise, comme le notent les chroniqueurs de RS. À tel point que même l'opposition, tout en accusant le gouvernement d'être dépendant de Moscou, tente par tous les moyens de rassurer sur ce point».

À propos de la loi qui a suscité tant de désapprobation en Occident, le commentaire le plus incisif de RS reste :

«Nous devons nous rappeler que la plupart des Américains considéreraient qu'il est absolument inacceptable que des institutions étrangères, en particulier si elles sont liées à des États étrangers, aient un rôle fondamental rôle dans le financement des groupes politiques opérant aux États-Unis».

Il existe une loi similaire aux États-Unis, la FARA, qui oblige les entités recevant des subventions étrangères à s'enregistrer de la même manière

En outre, il existe une loi similaire aux États-Unis, la FARA, qui oblige les entités recevant des subventions étrangères à s'enregistrer de la même manière. Et, ironiquement, alors que les États-Unis s'élèvent contre la loi géorgienne, ils s'apprêtent à modifier la leur de manière plus stricte en vue des élections de 2024 (Politico). Un premier projet de loi en ce sens a été présenté en septembre dernier.

Mais l'oncle Sam a habitué le monde occidental abêti, décadent, immoral, sans colonne vertébrale à cette hypocrisie phénoménale :

«Faites ce que je ne dis, pas ce que je fais».

Les Géorgiens, dont seule une minorité manifeste, semblent plus réalistes sur le double jeu atlantiste.

source : Médias-Presse-Info

https://reseauinternational.net/georgie-une-autre-revolution-de-couleur-telecommandee-par-loccident/