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Questions mondiales. / La revue de presse internation...
Last post by JacquesL - 01 Juin 2025, 06:50:50 PM
La revue de presse internationale pour la semaine du 26 mai au 1er juin 2025

Publié le juin 1, 2025 par Wayan

Par Wayan – Le 1er juin 2025 – Le Saker Francophone



La guerre en Ukraine

C'est Zaluzhnyi, général de l'armée ukrainienne et ancien ministre de la défense, lui-même qui le dit dans un journal ukrainien :

L'Ukraine ne doit pas s'attendre à un retour aux frontières de 1991. La Russie a les ressources nécessaires pour poursuivre la guerre, selon une déclaration de Valerii Zaluzhnyi lors du forum Security Export: Ukrainian Weapons in the World.

« J'espère qu'il n'y a plus personne dans cette salle qui croit encore en une sorte de miracle ou d'émerveillement — en un cygne blanc qui ramènera la paix en Ukraine, rétablira les frontières de 1991 ou 2022 et apportera un grand bonheur par la suite », a déclaré Zaluzhnyi. « À mon avis personnel, tant que l'ennemi aura les ressources, la force et les moyens de frapper notre territoire et de tenter des actions offensives localisées, il continuera à le faire. »

Selon lui, la capacité de la Russie à faire la guerre dépendra principalement de son accès aux ressources. Il a noté que depuis la fin de 2023, la Russie mène une guerre d'usure.

C'est donc un dirigeant ukrainien qui confirme que la Russie mène une guerre d'usure, d'attrition, contre l'Ukraine et est en train de la gagner. À l'encontre du narratif médiatique qui fait croire que l'Ukraine a encore une chance et peut se permettre d'exiger comment les négociations doivent se dérouler. Un narratif médiatique de ce genre :

La Russie a commencé à perdre la guerre en Ukraine. La marée militaire s'est peut-être retournée contre Poutine.

Car, avec la reprise des hostilités sur le terrain, la propagande de guerre reprend aussi :

La Russie déchaîne la terreur aérienne contre les civils ukrainiens pour donner l'impression qu'elle gagne, selon des experts.

Les médias occidentaux reportent surtout les attaques menées par la Russie mais plus rarement celles lancées par l'Ukraine, gravant ainsi l'image d'une Russie agressive et d'une Ukraine victime dans l'esprit de la population. Voici le point de vue russe, celui censuré par les gouvernements occidentaux :

Alors que les attaques ukrainiennes sur les infrastructures civiles passent inaperçues, la Russie est à nouveau accusée de frappes « sans aucune raison » sur l'Ukraine. RT en français rappelle les crimes du régime de Kiev contre les civils russes, tandis que les frappes de représailles de la Russie ne visent que des cibles militaires ukrainiennes.

Mais les frappes de représailles russes sont-elles effectuées vraiment « sans aucune raison » ? Il suffit de prêter attention aux nouvelles de ces derniers jours qui dénoncent les crimes du régime de Kiev contre les civils en Russie.

Environ 9 000 attaques ukrainiennes contre des civils russes en avril

« En avril 2025, les forces armées ukrainiennes ont effectué chaque semaine environ 2 000 frappes sur des cibles civiles, soit environ 300 frappes par jour : au moins 8 929 munitions ont été tirées en un mois », a rapporté Rodion Mirochnik, l'ambassadeur russe itinérant pour les crimes du régime de Kiev. Selon ses données, pour le seul mois d'avril, « au moins 478 civils ont été touchés par des actions des forces armées ukrainiennes : 419 blessés, dont 21 mineurs, et 59 tués, dont 5 mineurs », a-t-il ajouté.

Dans le même temps, note Rodion Mirochnik, les cibles des attaques étaient « des immeubles résidentiels et des maisons privées, des infrastructures, des entreprises industrielles, des installations médicales, éducatives et sociales ». En outre, le régime de Kiev « a continué de mettre en œuvre sa tactique de frappes visant délibérément les services de secours, de santé et d'urgence arrivant sur les lieux des bombardements. Plus d'une vingtaine de véhicules médicaux ont été endommagés par les bombardements. Au cours d'une frappe massive de drones ukrainiens sur Koursk, 15 ambulances et véhicules de réanimation ont été endommagés en une fois », a noté Rodion Mirochnik.

Le ministère russe de la Défense publie également régulièrement des rapports sur les attaques ukrainiennes sur le territoire russe.  Ainsi, le 7 mai, plus de 500 drones ont été abattus en 24 heures, et entre le 20 et le 23 mai, 1177 drones ukrainiens ont été détruits par la Russie, dont près de 800 hors zone de combat. Les attaques ukrainiennes visent des installations civiles. Le 23 mai, une attaque de drones ukrainiens contre un immeuble résidentiel à Ielets, ville située à 350 kilomètres au sud de Moscou, a fait neuf blessés parmi les civils, en endommageant une trentaine d'appartements et un site industriel. En outre, les tentatives du régime de Kiev de lancer des frappes contre Moscou sont récemment devenues plus fréquentes. Le 21 mai, le maire de la ville, Sergueï Sobianine, a signalé qu'au moins 18 drones ukrainiens se dirigeant vers la capitale russe avaient été abattus. L'un d'entre eux est tombé près d'une école maternelle.
***
Les combats entre l'Ukraine et la Russie ont redoublé d'intensité après l'échec des négociations lancées par Trump. Des combats dans lesquels les drones prennent de plus en plus d'importance :

Plus de 2 000 drones Shahed ont été lancés [contre l'Ukraine] au cours des 20 derniers jours, selon l'Armée de l'air ukrainienne. Pratiquement tous les soirs, un nouveau record est établi. Dans la nuit du 24 au 25 mai, l'armée russe a lancé 300 drones à longue portée et 69 missiles. La veille, c'était 250 drones et 14 missiles balistiques.

Les forces de défense aérienne russes ont abattu plus de 150 drones ukrainiens à longue portée en l'espace de 24 heures, a annoncé lundi le ministère de la Défense à Moscou.

Dans un résumé des récentes opérations anti-drones publié dans la matinée, le ministère a indiqué que 96 drones avaient été interceptés depuis 20h dimanche (17h00 GMT). Il a ajouté qu'un total de 148 drones ont été abattus dans l'intervalle de 22 heures entre 10h dimanche et 8h lundi. Le ministère a déclaré plus tard qu'environ cinq autres drones avaient été abattus vers 8 heures du matin, heure locale, lundi.

Kiev a intensifié ses efforts pour infliger des dégâts au plus profond de la Russie, passant de raids nocturnes à des vagues constantes de drones kamikazes. Un drone aurait heurté dimanche le dôme d'une cathédrale de la région russe de Toula, provoquant un incendie, selon des images et les autorités locales.

C'est dans cette atmosphère guerrière que devraient reprendre les pourparlers pour aboutir à un accord de paix entre la Russie et l'Ukraine :

Moscou et Kiev ont convenu à Istanbul de préparer des documents exposant les positions respectives des parties sur la réalisation d'un règlement durable.

Comme convenu, la partie russe a rapidement rédigé un mémorandum qui expose nos points de vue sur tous les aspects, pour une résolution fiable des causes profondes de la crise. Notre délégation, dirigée par Vladimir Medinsky, est prête à présenter ce mémorandum à la délégation ukrainienne et à apporter les éclaircissements nécessaires lors d'une deuxième série de pourparlers directs de reprise à Istanbul lundi prochain, le 2 juin.

L'Ukraine a répondu à l'invitation :

L'Ukraine a officiellement soumis ses conditions de cessez-le-feu à la Russie, a annoncé le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umerov.

"J'ai remis notre document au chef de la délégation russe, qui reflète la position ukrainienne. Ils ont reçu ce document", a écrit Umerov, qui dirigeait la délégation ukrainienne à Istanbul, sur X mercredi.

"Nous ne sommes pas opposés à de nouvelles réunions avec les Russes et attendons leur  » mémorandum', afin que la prochaine réunion ne soit pas vide et puisse vraiment nous rapprocher de la fin de la guerre", a ajouté le ministre.

Et puis, le samedi avant la réunion, Zelensky commence à tergiverser :

Kiev a déclaré qu'elle était engagée dans la recherche de la paix, mais qu'elle attendait un mémorandum de la partie russe exposant leurs propositions.

« Pour qu'une réunion ait un sens, son ordre du jour doit être clair et les négociations doivent être correctement préparées », a écrit le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy sur X vendredi après avoir accueilli le ministre turc des Affaires étrangères pour des entretiens à Kiev.

« Malheureusement, la Russie fait tout ce qu'elle peut pour s'assurer que la prochaine réunion potentielle n'apporte aucun résultat », a-t-il déclaré, citant l'absence de document de la Russie.

Il semble que tout le monde, sauf Zelensky, a compris que cette réunion est justement faite pour que chaque partie expose ses propositions. Il aura donc les « documents de la Russie » lundi, s'il envoie une délégation.
***

En message de détermination de l'Europe dans son soutien à l'Ukraine :

Les alliés occidentaux n'imposent plus aucune restriction de portée à l'utilisation des armes à longue portée livrées à l'Ukraine contre des cibles militaires russes, a déclaré lundi le chancelier allemand Friedrich Merz. M. Merz a souligné que les restrictions n'ont pas été levées uniquement pour les armes allemandes.

« Il n'y a plus de restrictions sur la portée des armes livrées à l'Ukraine, ni par le Royaume-Uni, ni par la France, ni par nous. Il n'y a pas non plus de restrictions de la part des États-Unis », a-t-il déclaré lors d'un forum de discussion organisé par la chaîne WDR.

Il a ajouté que l'Ukraine peut désormais « se défendre, par exemple, en attaquant des installations militaires en Russie ».

Mais, tout de suite apparaissent les désaccords sur ce sujet brulant :

Le chancelier allemand Friedrich Merz voulait profiter de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Berlin mercredi pour projeter sa détermination face à l'escalade de la guerre de la Russie contre l'Ukraine.

Au lieu de cela, le chancelier est sous le feu de ses propres rangs pour des déclarations peu claires qu'il a faites cette semaine sur la question de savoir si l'Allemagne est prête à fournir à l'Ukraine des missiles Taurus à longue portée qui pourraient frapper profondément dans le territoire russe. Le précédent gouvernement de gauche a rejeté cette décision afin de ne pas provoquer l'arme nucléaire de Moscou.


Les négociations sur le nucléaire iranien

Il n'y a pas que la guerre en Ukraine qui est soumise à la propagande médiatique, les négociations avec l'Iran aussi. La dernière manipulation en cours débute par un article du New York Times disant ceci :

Alors que l'administration Trump tente de négocier un accord nucléaire avec l'Iran, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé de perturber les pourparlers en frappant les principales installations d'enrichissement nucléaire de l'Iran, selon des responsables informés de la situation.

L'affrontement sur la meilleure façon de s'assurer que l'Iran ne puisse pas produire d'arme nucléaire a conduit à au moins un appel téléphonique tendu entre le président Trump et M. Netanyahu et à une série de réunions ces derniers jours entre de hauts responsables de l'administration et de hauts responsables israéliens.

Comme d'habitude pour ce genre de manipulation de l'information, ce sont des personnes non nommées qui en sont la source.

Une info qui va pousser Trump à passer un coup de fil à Netanyahou :

Dans ce contexte, le président américain Donald Trump a mis en garde le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu contre toute frappe sur l'Iran qui risquerait de faire dérailler les pourparlers sur le nucléaire.

« Je lui ai dit que je ne pensais pas que ce serait pertinent maintenant parce que nous sommes très proches d'une solution », a déclaré Donald Trump mercredi pendant un échange avec la presse dans le Bureau ovale, évoquant sa récente conversation téléphonique avec le dirigeant israélien.

Alors Netanyahou dément l'info diffusée par le New York Times :

De son côté, le bureau du Premier ministre israélien a démenti ce mercredi un article du New York Times affirmant que Benyamin Netanyahu menace de faire échouer les négociations irano-américaines en frappant les principales installations d'enrichissement nucléaire de l'Iran. Il s'agit de « fake news », a affirmé le bureau de Benyamin Netanyahu.

En fin de semaine, c'est un article de Reuters qui explique que :

Les puissances occidentales se préparent à pousser le conseil de surveillance nucléaire de l'ONU lors de sa prochaine réunion trimestrielle à déclarer l'Iran en violation de ses obligations de non-prolifération pour la première fois en près de 20 ans, une décision qui ne manquera pas d'enrager Téhéran, ont déclaré des diplomates.

Cette mesure est susceptible de compliquer davantage les pourparlers entre les États-Unis et l'Iran visant à imposer de nouvelles restrictions au programme nucléaire iranien qui progresse rapidement.

L'AIEA se prépare à envoyer aux États membres ses rapports trimestriels sur l'Iran avant la prochaine réunion du conseil d'administration, qui débutera le 9 juin. L'un d'eux sera un compte rendu plus long et « complet » des questions, y compris la coopération de l'Iran, comme l'exigeait une résolution du conseil d'administration en novembre, et les diplomates s'attendent à ce qu'il soit accablant.

« Nous nous attendons à ce que le rapport complet soit sévère, mais il n'y a déjà aucun doute sur le fait que l'Iran ne respecte pas ses engagements en matière de non-prolifération », a déclaré un responsable européen.

Une fois ce rapport publié, les États-Unis rédigeront un projet de résolution déclarant l'Iran en violation de ses soi-disant obligations de garanties, ont déclaré trois diplomates. Un quatrième a déclaré que les puissances occidentales préparaient un projet de résolution sans entrer dans les détails.

En clair, les « puissance occidentales » déclarent que l'Iran est coupable, quel que soit le rapport de l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique (AIEA) et qu'elles pousseront donc l'ONU à déclarer que l'Iran viole ses accords, alors même que l'Iran est prêt à recevoir l'AIEA pour inspection de ses installations nucléaires et montrer qu'il ne viole pas ces accords.

Mais l'Iran a l'habitude de ce genre de manipulations. Cet article date de 2019 :

Le chef de l'organisation internationale chargée de surveiller le respect par l'Iran de l'accord nucléaire a déclaré que l'Iran respectait ses obligations en vertu de l'accord et a mis en garde contre les États qui tentent d'influencer les activités de vérification. Moins de trois semaines plus tard, les États-Unis ont imposé des sanctions contre des responsables iraniens et des institutions qui, selon Washington, s'efforcent de conserver l'expertise liée aux armes nucléaires en Iran.

" L'Iran met en œuvre ses engagements nucléaires« , a déclaré Yukiya Amano, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dans ses remarques du 4 mars au Conseil des gouverneurs de l'agence. Amano a exhorté Téhéran à continuer d'adhérer à l'accord, connu sous le nom de Plan d'action global commun (PAGC).

Il devient évident pour les observateurs objectifs que les « puissances occidentales » ne veulent pas tant un accord avec l'Iran qu'accuser l'Iran, avec une énorme mauvaise foi, de ne pas respecter ces accords et avoir une excuse pour mettre l'économie du pays à genoux et même le bombarder, comme les Etats-Unis et Israël le menace si souvent. Dans sa folie, Netanyahou va-t-il finalement réaliser son rêve illusoire, détruire l'Iran à coup de bombardements ?


La guerre commerciale de Trump

Après le coup de semonce de la semaine dernière, lorsque Trump a menacé l'Europe de 50% de taxes douanières, la présidente de la Commission européenne s'est réveillée :

Donald Trump a confirmé, dimanche 25 mai, prolonger la pause dans les droits de douane pour l'Union européenne jusqu'au 9 juillet, après « une très bonne conversation » avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. « Elle vient de m'appeler et elle a demandé une prolongation de la date du 1er juin, et elle a dit qu'elle voulait entamer des négociations sérieuses », a déclaré Donald Trump avant d'embarquer dans l'avion présidentiel Air Force One, dans le New Jersey. « Nous avons eu une très bonne conversation et j'ai accepté de déplacer la date au 9 juillet. (...) J'ai accepté, et elle m'a dit que nous allions rapidement nous rencontrer et voir si nous pouvions trouver une solution », a-t-il ajouté.

Et les négociations ont immédiatement commencé :

Lundi 26 mai, le courant est ainsi bien passé, à nouveau, entre les deux camps. Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a pu reprendre les négociations avec ses homologues américains : Jamieson Greer, le représentant américain au Commerce, d'une part, mais aussi Howard Lutnick, le ministre du Commerce. Si leurs échanges du vendredi 23 mai avaient été pauvres, celui survenu ce lundi a en revanche été qualifié de « conversation positive », signe que l'ambiance entre Bruxelles et Washington a radicalement changé.
***

Mais la guerre commerciale de Trump provoque des remous dans le contre-pouvoir qu'est le judiciaire. Mercredi, la Cour de commerce juge que les taxes douanières de Trump sont illégales :

La décision surprise de mercredi de la Cour américaine du commerce international a menacé de tuer ou du moins de retarder l'imposition des soi-disant « taxes douanières du Jour de la libération » de Trump sur les importations de la plupart des partenaires commerciaux américains et des taxes supplémentaires sur les marchandises en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine.

Le panel de trois juges du tribunal de commerce a statué que la Constitution donnait au Congrès, et non au président, le pouvoir de prélever des impôts et des droits de douane, et que le président avait outrepassé son autorité en invoquant l'International Emergency Economic Powers Act, une loi destinée à faire face aux menaces pendant urgences nationales.

Jeudi, la décision de la Cour du commerce est annulée par un autre tribunal :

29 mai (Reuters) – Une cour d'appel fédérale a temporairement rétabli, jeudi, les tarifs les plus radicaux du président Donald Trump, un jour après qu'un tribunal de commerce américain a statué que Trump avait outrepassé son autorité en imposant les droits et ordonné leur blocage immédiat.

La Cour d'appel des États-Unis pour le Circuit fédéral à Washington a déclaré qu'elle suspendait la décision de la juridiction inférieure pour examiner l'appel du gouvernement et a ordonné aux plaignants dans les affaires de répondre d'ici le 5 juin et à l'administration d'ici le 9 juin.

Trump est bien décidé à mener l'affaire jusqu'à la Cour Suprême :

Donald Trump a conspué ce 29 mai la décision « horrible » et « tellement politique » du tribunal qui a suspendu la veille les droits de douane tous azimuts qu'il a imposés ces derniers mois, une cour d'appel les ayant depuis temporairement rétablis. « La décision du tribunal de commerce international des États-Unis est tellement mauvaise et tellement politique », a lancé le président américain sur sa plateforme Truth Social, disant « espérer que la Cour suprême reviendra rapidement et fermement sur cette horrible décision qui menace le pays ».

On assiste à une sorte de guerre civile des pouvoirs qui risque d'être néfaste pour le pays.
***

Pendant cet imbroglio politico-judiciaire, les négociations commerciales avec la Chine n'avancent pas :

Les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine sont "au point mort" et pourraient nécessiter l'intervention des dirigeants des pays, a déclaré le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent.

Interrogé jeudi par Bret Baier de Fox News pour décrire l'état actuel des pourparlers, [Le secrétaire au Trésor] Bessent a déclaré: "Je dirais qu'ils sont un peu au point mort."

« Compte tenu de l'ampleur et de la complexité des pourparlers, il faudra que les deux dirigeants se concertent. Ils ont une très bonne relation. Je suis convaincu que les Chinois viendront à la table", a déclaré Bessent.

Ce qui, bien sûr, enrage Trump :

Vendredi, Trump a communiqué via sa plate-forme Truth social, écrivant "  » La Chine, sans surprise pour certains, A TOTALEMENT VIOLÉ SON ACCORD AVEC NOUS. » Il n'a donné aucune précision, mais a déclaré que la Chine était en "grave danger économique" en raison des taxes douanières, avant que Washington n'intervienne avec ce qu'il a appelé un "ACCORD RAPIDE »."

" Je vois ce qui se passe et je n'aime pas ça, pour eux, pas pour nous", a écrit Trump, ajoutant  » J'en ai assez d'être M. NICE GUY!"

Mais comme pour le cas de l'Iran, la mauvaise foi de Trump lui a fait oublier ce qu'il a lui-même décidé, le 14 mai :

Le département américain du Commerce a publié des directives indiquant que l'utilisation des puces d'intelligence artificielle (IA) Ascend de Huawei Technologies Co "partout dans le monde" viole les contrôles à l'exportation du gouvernement, intensifiant les efforts des États-Unis pour freiner les progrès technologiques en Chine.

Provoquant une protestation du gouvernement chinois :

À peine une semaine après le début d'une trêve américano-chinoise dans leur guerre commerciale de longue date, Pékin a accusé Washington de violer l'accord temporaire conclu à Genève.

Le ministère chinois du Commerce a déclaré lundi que les États-Unis prenaient des « mesures discriminatoires » contre la Chine, après que le Département américain du Commerce a récemment averti les entreprises américaines d'éviter les micropuces fabriquées en Chine, en particulier celles produites par le géant chinois de la technologie Huawei.

Il est sur qu'en voyant une telle mauvaise foi, le gouvernement chinois sera peu enclin à vouloir poursuivre des négociations commerciales avec Trump.

Encore moins après la déclaration d'Hegseth, le ministre de la défense étasunien, au forum sur la sécurité de Singapour :

Hegseth, s'exprimant pour la première fois lors du Dialogue Shangri-La à Singapour, le premier forum d'Asie pour les dirigeants de la défense, les militaires et les diplomates, a souligné que la région Indo-Pacifique était une priorité pour l'administration Trump.

« Il n'y a aucune raison de l'enduire de sucre. La menace que représente la Chine est réelle et elle pourrait être imminente », a déclaré Hegseth, dans certains de ses commentaires les plus forts sur la nation communiste depuis son entrée en fonction en janvier. Il a ajouté que toute tentative de la Chine de conquérir Taiwan « entraînerait des conséquences dévastatrices pour l'Indo-Pacifique et le monde », et a fait écho au commentaire de Trump selon lequel la Chine n'envahira pas Taiwan sous la surveillance du président.


Europe

Voici pourquoi les dernières élections présidentielles en Roumaine ont été l'objet de tant de manipulations :

En Roumanie, pays stratégique sur le flanc est de l'Otan face à la menace russe, un grand chantier est en cours sur la base militaire de la mer Noire. Il s'agit d'une première étape qui consiste à construire une nouvelle piste d'avion. Mais si le projet final est mené à terme, elle pourrait devenir la plus grande base aérienne d'Europe et accueillir près de 10 000 soldats permanents. Des inquiétudes émergent cependant, avec la possibilité de retrait de troupes américaines sur le continent.

Ce qui risque d'être le cas :

Les États-Unis devraient annoncer une réduction de leur présence militaire en Europe dans les "prochains mois", a rapporté le quotidien allemand Handelsblatt, citant "des diplomates européens de haut rang »." L'ampleur exacte du retrait n'est toujours pas claire, mais l'OTAN se préparerait à un tel développement, selon le journal.

Des rumeurs sur un retrait potentiel circulent dans les médias depuis que NBC News a rapporté en avril que les États-Unis envisageaient de retirer jusqu'à 10 000 soldats d'Europe de l'Est. Le président américain Donald Trump a par la suite confirmé qu'il envisageait un retrait partiel mais n'a donné aucune précision sur son ampleur ou son calendrier.

Ce n'est pas 150 mais 800 milliards d'euros que l'UE veut investir dans son réarmement :

Ce programme de l'Union européenne, baptisé « Safe », prévoit des prêts de 150 milliards d'euros pour financer, en commun, des achats et des projets d'armement dans les domaines où l'offre européenne reste insuffisante, comme la production de missiles, de munitions, de drones ou encore les systèmes de défense anti-aérienne.

La mesure a été soutenue par 26 des 27 pays membres, la Hongrie s'étant abstenue, ont indiqué des diplomates. La décision, approuvée la semaine dernière par les ambassadeurs des 27, a été adoptée définitivement mardi 27 mai par les ministres des Affaires européennes de l'UE, réunis à Bruxelles, a précisé la présidence polonaise du Conseil européen. « Ce n'est qu'une étape et il faudra aller plus loin », s'est félicité le ministre délégué français chargé de l'Europe Benjamin Haddad....

« Safe » fait partie d'un programme plus global présenté fin mars par la Commission européenne, qui ambitionne de mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros pour réarmer le continent européen.


Israël/Palestine

Finalement, un pays européen, l'Espagne, commence à demander qu'Israël soit sanctionné pour son massacre des palestiniens :

L'Espagne appelle à des sanctions contre Israël à propos de Gaza : « Nous devons tout faire pour arrêter la guerre »

Madrid accueille dimanche 20 nations européennes et arabes ainsi que des organisations internationales dans le but de « mettre fin à cette guerre »

La communauté internationale devrait chercher à sanctionner Israël pour qu'il arrête la guerre à Gaza, a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères, avant une réunion à Madrid des nations européennes et arabes dimanche pour demander l'arrêt de son offensive.

L'Irlande aussi fait un petit pas :

Le gouvernement irlandais va présenter un projet de loi visant à interdire l'importation de marchandises en provenance des colonies israéliennes, jugées illégales par l'ONU, une première pour un État membre de l'Union européenne, a annoncé mardi 27 mai le ministère des Affaires étrangères.

« Le gouvernement estime qu'il s'agit d'une obligation au regard du droit international », a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère.

Macron, lors d'un discours prononcé pendant sa visite en Indonésie, un pays qui n'a jamais établi aucun lien officiel avec l'Etat israélien :

Macron penche pour la reconnaissance d'un État palestinien, selon des diplomates et des experts, une décision qui pourrait exaspérer Israël et approfondir les divisions occidentales. Le président français s'exprimait en Indonésie.

« Seule une solution politique permettra de rétablir la paix et de construire sur le long terme », a déclaré Macron. « Avec l'Arabie saoudite, nous organiserons bientôt une conférence sur Gaza à New York pour donner un nouvel élan à la reconnaissance d'un État palestinien et à la reconnaissance de l'État d'Israël et de son droit de vivre en paix et en sécurité dans cette région. »

Même l'Allemagne commence à critiquer, du bout des lèvres :

« Notre engagement contre l'antisémitisme et notre soutien total au droit d'exister et à la sécurité de l'État d'Israël ne doivent pas être instrumentalisés pour le conflit et la guerre actuellement menés dans la bande de Gaza », a déclaré Wadephul.

« Nous sommes maintenant à un point où nous devons réfléchir très attentivement aux mesures supplémentaires à prendre », a-t-il déclaré, sans donner plus de détails.

On remarquera au passage que, pour l'instant, toutes ces réactions à l'attitude d'Israël sont surtout des déclarations d'intentions, mais pas d'actions du tout. On constate un blocage terrible à critiquer l'Etat d'Israël. Le monde occidental avait été beaucoup plus rapide à prendre des sanctions contre la Russie.

Par conséquent, Israël continue sa politique d'expansion territoriale :

Le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, a annoncé jeudi matin la création de 22 nouvelles colonies juives en Cisjordanie occupée, au risque de compliquer encore les relations tendues d'Israël avec une bonne partie de la communauté internationale. « Nous avons pris une décision historique pour le développement des implantations : 22 nouvelles localités en Judée-Samarie », a déclaré M. Smotrich, ministre d'extrême droite, en utilisant le nom par lequel les Israéliens désignent la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Et les dirigeants annoncent clairement leur intention de ne pas respecter les injonctions internationales :

Lors d'une visite à l'avant-poste de colonisation de Sa-Nur, dans le nord de la Cisjordanie, Israel Katz a affirmé que le gouvernement israélien comptait l'élever au rang de municipalité autonome en vertu de son plan annoncé la veille. Sa-Nur est une ancienne colonie démantelée par Israël en 2005 dans le cadre du plan de retrait unilatéral de la bande de Gaza réalisé par le Premier ministre d'alors, Ariel Sharon.

« Il s'agit d'une réponse décisive aux organisations terroristes qui tentent de nuire et d'affaiblir notre emprise sur cette terre », a déclaré le ministre de la Défense dans une vidéo publiée par son bureau.

« C'est [...] un message clair [au président français Emmanuel] Macron et à ses amis : ils reconnaîtront un État palestinien sur le papier, et nous construirons ici l'État juif israélien sur le terrain. Le papier sera jeté à la poubelle de l'histoire et l'État d'Israël prospérera et fleurira. », a ajouté Israel Katz.
***

Petit à petit, Israël est en train de devenir un pays fasciste, c'est-à-dire un pays où la jeunesse est manipulée par des extrémistes pour répandre la peur dans la population :

En ce lundi matin, Elias profite du calme dans les rues de Jérusalem. Ce vendeur de jus de fruits palestinien sait que cela ne va pas durer longtemps. « On a peur. On sait que ça peut mal tourner, confie-t-il au micro de notre correspondante à Jérusalem, Amira Souilem. Ils vont descendre à plusieurs dans les rues et vont se défouler, casser. Regarde ces dégaines-là qui passent ! Ce sont ces gens-là qui vont faire des problèmes ! On va devoir fermer boutique à 16h, peut-être même 15h, voire 14h. »

Ces « gens-là », ce sont les milliers de nationalistes israéliens, en majorité religieux, qui défilent chaque année dans les rues de Jérusalem, y compris dans la Vieille Ville, en brandissant des drapeaux blancs et bleus de l'État hébreu. Ils célèbrent « la Journée de Jérusalem », qui commémore ce qu'ils estiment être la « réunification » de la ville. Israël a conquis et annexé Jérusalem-Est à l'issue de la guerre israélo-arabe de 1967, une annexion non reconnue par la communauté internationale. Pour de nombreux Palestiniens, ce défilé sous haute surveillance est perçu comme une provocation délibérée.

Dans les ruelles de la ville sainte, les yeux en disent longs. Manifestants israéliens et commerçants palestiniens se jaugent du regard. Une grappe de jeunes gens nous explique l'importance de cette journée. « Ce jour est très, très important pour nous », dit l'un d'eux. « On a libéré Jérusalem des Jordaniens. On est devenus maîtres de Jérusalem », renchérit un autre. « On est devenu un pays », conclut le premier.

La journée donne régulièrement lieu à des violences. Alors que la police a annoncé la veille le déploiement de « milliers » d'agents dans toute la ville pour éviter des incidents, celle-ci ne déroge pas à la règle. Depuis ce matin, des chants appelant aux meurtres d'Arabes se font entendre dans les rues de la ville. Dans l'après-midi, des groupes de jeunes Israéliens ont été vus en train de s'en prendre à des commerçants palestiniens, des passants, des écoliers, mais aussi à des militants israéliens des droits humains et à la police. Certains ont craché sur des passants, proféré des insultes et tenté de forcer l'entrée de maisons.

L'ancien premier ministre israélien, Ehud Olmert, avertit de cette grave dérive :

« Ce que nous menons actuellement à Gaza est une guerre de dévastation. Oui, Israël commet des crimes de guerre. (...) Le gouvernement Netanyahu est désormais un ennemi de l'intérieur. Il a déclaré la guerre à l'État et à ses habitants. (...) Il est temps d'arrêter, s'exclame encore Ehoud Olmert, avant que nous soyons tous bannis de la famille des nations et convoqués devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, sans aucune défense valable. Ça suffit. »

Afrique

Les violences terroristes continuent de plus belle :

Au Niger, la ville frontalière de Diffa a connu une attaque jihadiste d'une rare intensité en fin de semaine. Dans la nuit du 22 au 23 mai 2025, des combats d'une grande violence ont opposé les Forces de défense nigériennes aux hommes du groupe État islamique en Afrique de l'ouest. Les terroristes ont infiltré plusieurs zones urbaines avant d'être repoussés de l'autre côté de la frontière avec le Nigeria. Selon les témoignages des habitants, les affrontements ont duré une bonne partie de la nuit avec des ratissages jusqu'au petit matin, les civils étant pris entre les deux feux.

Au Mali, une quarantaine de soldats ont été tués le 23 mai 2025 dans l'attaque du camp militaire de Dioura, région de Mopti, dans le centre du pays. Les jihadistes du Jnim, liés à al-Qaïda, ont revendiqué avoir pris le contrôle du camp, ce que les sources locales, civiles et sécuritaires, jointes par RFI, ont confirmé.

Et la Chine est visée :

Spécialisée dans le BTP, l'entreprise chinoise Covec construit actuellement la route Kayes-Diéma, dans l'ouest du Mali. Non loin de cet axe se trouvent les installations de la société ayant été la cible de présumés jihadistes. Entrepôts, grues, tracteurs ont été incendiés.

« Les jihadistes n'étaient pas du tout nombreux, mais ils avaient le plan des installations, ce qui fait qu'ils ont rapidement atteint leur objectif », explique un travailleur malien de la société. « Sur le site du groupe, les assaillants ont fait ce qu'ils avaient envie de faire et sont repartis sans être inquiétés », ajoute un autre.

Il semble que le second objectif des jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim, son acronyme en arabe), était de prendre en otages des responsables chinois de la société. Ces derniers n'étaient pas sur le site, un nouveau dispositif sécuritaire étant en vigueur localement.

En moins d'un mois, c'est la deuxième fois que de présumés jihadistes mènent des opérations dans la région de Kayes. Début mai, ils avaient déjà visé, dans les parages, un site minier exploité par des ressortissants chinois.


https://lesakerfrancophone.fr/la-revue-de-presse-internationale-pour-la-semaine-du-26-mai-au-1er-juin-2025
#2
Suicide dirigé / Trump, l’establishment anglo-...
Last post by JacquesL - 31 Mai 2025, 05:38:04 PM
Trump, l'establishment anglo-sioniste et la guerre contre la Russie

Publié le mai 31, 2025 par Wayan

Par Mark Wauck et Alastair Crooke – Le 29 mai 2025 – Source Conflicts Forum



Aujourd'hui, lors de l'émission de juge Nap, Alastair Crooke a fourni un aperçu géopolitique magistral de notre position avec Trump et l'establishment anglo-sioniste en ce qui concerne la guerre contre la Russie.

Crooke maintient que ce que nous voyons maintenant, avec l'Europe cherchant à ce que la guerre contre la Russie continue et même s'intensifie, est essentiellement motivé par la haine et le désespoir de vaincre Trump. Fondamentalement, les Européens comprennent que le programme économique de Trump pourrait détruire l'Europe. La seule façon d'arrêter Trump serait d'entraîner les États-Unis dans une confrontation continue et accrue avec la Russie, et mettre sérieusement en colère les Russes est un moyen d'y parvenir – peu importe le coût humain. Crooke soutient que les Anglo-sionistes, à la fois en Europe et dans l'establishment politique américain, semblent avoir « coincé » Trump.

Alors voyons cela de plus près.

Crooke commence par décrire l'atmosphère qu'il a rencontré lors de son récent séjour à Saint-Pétersbourg, la fenêtre libérale russe ouverte vers l'Ouest. Selon Crooke, l'atmosphère a radicalement changé par rapport à il y a à peine un an. Les russes libéraux sont maintenant autant en colère contre l'Occident que les russes plus nationalistes. Ils sont profondément offensés par la diabolisation de la Russie par un Occident qui considère les Russes et leur culture comme des barbares. La pression avec des sanctions sur sanctions, les mensonges constants sur la prétendue barbarie des Russes, ont eu un effet d'accumulation sur la psyché russe :

CiterTous ceux à qui vous parlez le comprennent très clairement ; [ils disent :] l'opération doit continuer, continuer, car sinon toutes ces vies disparues seraient gaspillées. Car alors il y aura la prochaine guerre, la prochaine fois que l'Occident reviendra et nous attaquera, et alors tout ce sang n'aura servi à rien. Nous devons donc aller jusqu'au bout. Tout le monde comprend ça. Poutine aussi.

Et bien sûr, l'effet est accentué par la grotesque politique allemande actuelle, le mouvement des troupes allemandes vers la frontière russe par la Lituanie.

CiterAprès tout ce que Saint-Pétersbourg a vécue [pendant le siège de Leningrad pendant la Seconde Guerre mondiale], lorsque les Allemands ont délibérément incendié le palais Catherine en tant qu'icône de la Russie. Et maintenant, ils voient l'Allemagne mener l'appel à la guerre contre la Russie ; et ils ne voient pas Trump faire quoi que ce soit à ce sujet.

Les Russes comprennent également que Poutine doit jouer les négociations pour garder les partenaires de la Russie (la Chine et l'Iran) en ligne. Mais Trump a perdu sa crédibilité, a perdu l'opportunité d'une relation significative :

CiterTrump a raté le coche. Il ne pourra pas revenir en arrière parce qu'il est maintenant considéré comme faible. Il est considéré comme incapable de montrer qu'il a la force politique de penser ce qu'il dit. C'est ce que les Russes ne cessent de dire : « Nous ne demandons rien à l'Amérique sauf une relation. Que signifie une relation ? Non, cela ne signifie pas un peu plus d'argent ici, ou nous investirons plus avec vous dans l'Arctique. Cela signifie que lorsque vous dites quelque chose, vous le pensez—et le faites. Et nous le pensons ».

En particulier, les Russes sont profondément offensés par l'approche grossièrement transactionnelle de Trump envers ce qu'il appelle la "paix", une approche à la marchand de chevaux du genre « vous donnez quelque chose et nous vous laisserons avoir autre chose » c'est à dire « Nous établissons un cessez-le-feu et ensuite nous vous laissons un peu de territoire. » Pour les Russes, dit Crooke, la paix ne peut venir qu'accompagnée d'un changement de conscience, et ils sont profondément irrités par ce qu'ils considèrent comme l'avilissement de Trump à leur égard, sans parler du ton amer de ses déclarations. Le point de vue des Russes est que la Russie est engagée dans une bataille existentielle pour sa survie contre l'Occident anglo-sioniste prédateur, et la paix n'est pas une question de marchandage immobilier.

Et surtout les Russes sont offensés que cela vienne d'un président qu'ils considèrent maintenant comme fondamentalement faible. Crooke entre dans les détails à ce sujet. Il y a deux points saillants.

Premièrement, les Russes sont pleinement conscients que la CIA est dans la direction générale de la guerre contre la Russie. Cela a été admis dans le NYT mais, de toute façon, les renseignements russes l'ont confirmé depuis longtemps. Les Russes, en tant que praticiens sérieux du renseignement, étudient la politique et la gouvernance américaines. Comme le souligne Crooke, ils ont su que Biden avait signé un « agrément » demandant à la CIA de superviser les attaques en Russie. Tous nos législateurs le comprendront également. Sans cette « agrément« , aucune action n'aurait été autorisée. Trump aurait pu proposer un nouvel "agrément", mais il ne l'a pas fait. Au lieu de cela, il raconte comment sa guerre – la guerre qu'il a préparée et dont il a maintenant hérité – est en fait la guerre de quelqu'un d'autre. Cela n'amuse pas les Russes. Et ils savent que les Européens font seulement ce que Trump leur permet de faire. Si Trump ne change pas « l'agrément« , c'est parce qu'il ne le veut pas – auquel cas ses déclarations publiques sur le désir de paix sont des mensonges – ou parce qu'il est incapable de le faire politiquement. Dans les deux cas, ce sont les actes d'un président faible.

Deuxièmement, les Russes ont pris note du témoignage trompeur de Rubio au Sénat sur les sanctions, suggérant que des sanctions supplémentaires relèvent du Sénat et échapperaient au contrôle de Trump. Tout le monde sait que Trump peut émettre des "agréments" qui changeraient les choses. Mais il ne le fait pas. Encore une fois, les Russes ne sont ni amusés ni impressionnés. Ils ne se soucient peut-être pas beaucoup des sanctions, mais c'est un signe de plus qu'on ne peut plus faire confiance à Trump ou lui donner le bénéfice du doute :

Citer[Les Russes] savent maintenant parfaitement que Poutine comprend qu'un accord est presque impossible à concevoir avec l'Amérique maintenant, à moins que Trump ne soit capable de montrer qu'il a le poids politique pour pouvoir dire quelque chose et le signifier et le faire avancer dans l'action politique. Et ils ne voient pas cela, bien sûr. Cela signifie donc que nous nous dirigeons vers une escalade.

Voici les bonnes/mauvaises nouvelles de Crooke:

CiterJe ne pense pas que cela va conduire à une guerre européenne plus large parce que les Européens n'en sont pas capables. Mais ce qu'ils ont l'intention de faire, c'est d'essayer de pousser Trump de plus en plus dans une escalade contre la Russie. Ils veulent faire cela pour saper Trump et saper son programme parce qu'ils le détestent d'abord et, deuxièmement, c'est parce qu'ils craignent les conséquences de son programme économique. Le programme économique peut détruire l'Europe et ils le comprennent, alors ils ne veulent pas que cela se produise.

Ce n'est pas seulement la Russie, c'est l'Iran qui voit la même chose—voyant que [Trump] n'a pas la capacité d'avoir une relation où il peut dire quelque chose puis le faire. Parce qu'un jour c'est une chose, le lendemain c'est une autre chose, puis c'est autre chose. Lorsqu'il était à West Point juste au cours du week-end, il a déclaré : « Le pouvoir de l'armée est d'écraser nos adversaires pour tuer nos ennemis et faire flotter le drapeau américain à travers le monde. » Est-ce que cela vous semble être quelqu'un qui veut établir une bonne relation avec la Russie et l'Iran, ou quelqu'un qui s'intéresse à l'hégémonie mondiale ? C'est ce à quoi cela ressemble pour le reste du monde, et la crédibilité de l'Amérique s'effondre avec elle.

Cela rappelle la déclaration très faible que Trump a faite la semaine dernière au sujet de son génocide à Gaza, qui suscite enfin l'opprobre dans le monde entier. « Nous discutons avec Israël pour mettre fin à la guerre de Gaza le plus rapidement possible« . Si quelque chose confirme au monde entier que Trump ne dirige pas le spectacle, c'est bien cette déclaration.

Mark Wauck


Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.


lesakerfrancophone.fr/trump-lestablishment-anglo-sioniste-et-la-guerre-contre-la-russie
#3
Suicide dirigé / Trump ne se désengagera pas d...
Last post by JacquesL - 31 Mai 2025, 09:37:00 AM
Trump ne se désengagera pas de la guerre en Ukraine

Publié le mai 31, 2025 par Wayan

Par M.K. Bhadrakumar – Le 30 mai 2025 – Source Indian Punchline



L'un des mystères autour de la fin de partie en Ukraine est que le président Donald Trump n'ait pas publié, le 20 janvier, un décret retirant tout soutien à l'Ukraine. Cela aurait été le moyen le plus simple de mettre fin à la guerre.

Les conditions étaient propices : le candidat Trump n'avait pas mâché ses mots en déclarant qu'il s'agissait d'une guerre sans issue qui coûtait cher aux États-Unis ; il avait une mauvaise opinion du président Volodymyr Zelensky, qu'il considérait comme un profiteur sans scrupules ; il voyait la guerre comme un obstacle à sa priorité en matière de politique étrangère, à savoir la transition des États-Unis vers un ordre mondial multipolaire ; et il ne se sentait pas obligé d'hériter de la « guerre de Biden ».

Mais au lieu de cela, Trump s'est plongé avec enthousiasme dans le problème ukrainien, bien que Washington n'ait pas les moyens de faire pression sur la Russie pour qu'elle fasse des compromis sur ses intérêts fondamentaux dans ce que le peuple russe considère comme une guerre existentielle.

Il est fort probable que certains conseillers de Trump l'aient convaincu d'entreprendre cet effort diplomatique théâtral sur la base d'une lecture erronée de l'état de la guerre. Trump croyait que les sanctions occidentales avaient affaibli de manière fatale l'économie russe, que le nombre de victimes russes s'élevait à des centaines de milliers et qu'un tel niveau d'attrition était insoutenable, que Zelensky signerait sans hésiter, qu'une amélioration des relations russo-américaines serait « gagnant-gagnant » avec des avantages économiques considérables pour les deux parties, etc.

Mais toutes ces prémisses se sont avérées erronées. Poutine a orienté l'économie vers un état de sanctions occidentales permanentes (ce qui était également le cas de l'Union soviétique). Les entrepreneurs russes ont réussi à remplacer les entreprises occidentales qui ont fui à la suite des sanctions et s'opposeront désormais à toute réintégration de ces dernières.

Le nombre de victimes russes est bien inférieur aux estimations occidentales partiales, comme le suggère le niveau élevé de recrutement dans l'armée. Zelensky est déterminé à prolonger la guerre avec le soutien des puissances européennes, conformément au scénario de Biden visant à « protéger la guerre contre Trump ». Les Européens ont non seulement un plan B, mais aussi des collaborateurs aux États-Unis, dont certains font peut-être même partie de l'équipe de Trump.

Il est évident que Trump a beaucoup appris, car il a commencé à sentir que le Kremlin était déterminé à atteindre les objectifs qu'il s'était fixés (comme l'a souligné Poutine dans son discours historique prononcé en juin dernier au ministère des Affaires étrangères). Selon un article de Reuters publié il y a deux jours, « Poutine souhaite obtenir un engagement « écrit » des grandes puissances occidentales à ne pas élargir l'alliance de l'OTAN dirigée par les États-Unis vers l'est, ce qui revient à exclure formellement l'adhésion non seulement de l'Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie, mais aussi d'autres anciennes républiques soviétiques ».

« La Russie souhaite également que l'Ukraine reste neutre, que certaines sanctions occidentales soient levées, que la question des avoirs souverains russes gelés en Occident soit résolue et que les russophones en Ukraine soient protégés », selon Reuters.

Les Européens vont se moquer de ces exigences. Par conséquent, dans l'état actuel des choses, une percée lors des pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine à Istanbul le 2 juin semble peu probable. Sans surprise, la Russie poursuit son offensive dans toutes les directions, engageant toutes ses forces avec un point culminant prévu pour l'été ou le début de l'automne.

La moins mauvaise option

Trump a trois options dans ces circonstances. La première consiste simplement à refuser d'assumer la responsabilité de la guerre et à s'en aller pour de bon. Mais alors, Trump peut-il nier son propre rôle dans cette guerre entre 2016 et 2020, pendant son premier mandat ? Si l'administration Trump a défini son approche de la politique étrangère comme un « réalisme de principe », la caractérisation de Trump par feu Joseph Nye comme un « réaliste idiosyncrasique » était peut-être bien proche de la vérité.

La politique officielle de l'administration américaine à l'égard de l'Ukraine pendant le premier mandat de Trump s'inscrivait dans la continuité de celle menée par l'administration Obama. Elle reconnaissait la Crimée comme faisant partie de l'Ukraine, condamnait l'occupation et l'annexion finale de la péninsule par la Russie ; elle soulignait la responsabilité principale de la Russie dans le déclenchement, la poursuite et la conduite du conflit dans l'est de l'Ukraine ; elle identifiait même l'ingérence russe en Ukraine comme s'inscrivant dans un schéma plus large d'agression envers d'autres États et comme une preuve de la remise en cause par Moscou des principes fondamentaux de l'ordre international.

Pour ces raisons, l'administration Trump a soutenu que les États-Unis devaient aider l'Ukraine à se défendre et pénaliser la Russie à la fois par des sanctions et par l'isolement diplomatique (par exemple, l'adhésion au G7). Curieusement, des traces de ce raisonnement refont parfois surface aujourd'hui dans les déclarations fracassantes de Trump sur Truth Social. Trump semble ignorer qu'il porte un lourd fardeau en ce qui concerne son héritage en Ukraine.

La deuxième option aujourd'hui consiste donc à exprimer le mécontentement de Trump face à l'intransigeance perçue de la Russie dans la dictée des conditions d'un accord et à son prétendu désintérêt pour les pourparlers de paix. Trump a même laissé entendre que la Russie avait pour objectif caché de conquérir l'Ukraine. Trump laisse entendre qu'il punira la Russie à la fois par des sanctions et par la fourniture d'armes à l'Ukraine. L'annonce provocatrice du chancelier allemand Friedrich Merz de fournir des armes à longue portée à Zelensky a probablement été approuvée par certaines personnes de l'équipe de Trump. Après tout, Merz n'est pas étranger à Wall Street.

Cependant, cela risque de mener à une confrontation extrêmement dangereuse entre l'OTAN et la Russie. Si des missiles allemands à longue portée frappent la Russie, celle-ci ripostera d'une manière qui pourrait potentiellement paralyser la capacité opérationnelle de l'OTAN dans une guerre hypothétique. Le secrétaire d'État du Conseil de sécurité biélorusse, Alexander Volfovich, a déclaré que le système de missiles Oreshnik « devrait être déployé en Biélorussie d'ici la fin de l'année. Les lieux de déploiement ont déjà été déterminés. Les travaux sont en cours ». Le spectre d'une troisième guerre mondiale peut sembler un peu exagéré, mais Trump devra tenir compte des dangers d'une escalade qui pourrait détruire sa présidence MAGA.

Washington n'a aucun moyen d'intimider le Kremlin. En fin de compte, Trump n'a en réalité qu'une troisième option, la moins mauvaise : se retirer du conflit ukrainien à ce stade et revenir lorsque la guerre aura été perdue ou gagnée, probablement d'ici la fin de l'année. Cela ne nuira pas à la réputation de Trump.

Trump pourrait déjà afficher ses références de « président pacificateur » si les négociations entre les États-Unis et l'Iran, qui semblent progresser, aboutissent à un accord sur le nucléaire. En outre, la normalisation des relations entre les États-Unis et la Russie nécessite plus de temps pour prendre de l'ampleur. Le projet de loi très sévère du sénateur Lindsey Graham contre la Russie, soutenu par 81 co-parrains au Sénat, montre que la Russie est un sujet très sensible dans la politique intérieure américaine.

De plus, les négociations entre la Russie et l'Ukraine ne constituent qu'une piste parmi d'autres. Les Russes ont sensibilisé l'équipe de Trump au fait que, même si Moscou dialogue avec Kiev, la cause profonde de la guerre — l'absence d'une architecture de sécurité européenne — reste à résoudre, ce que seuls la Russie et les États-Unis peuvent faire conjointement. Les États-Unis ne devraient pas se dérober à leurs responsabilités, étant à la fois l'instigateur initial de l'élargissement de l'OTAN et le sponsor de la guerre en Ukraine.

La réaction de l'envoyé spécial américain pour l'Ukraine, Keith Kellogg, a été positive lorsqu'il a déclaré à ABC News dans une interview que les États-Unis comprenaient que le fait que l'OTAN cesse d'accepter de nouveaux pays d'Europe de l'Est dans ses rangs, c'est-à-dire non seulement l'Ukraine, mais aussi la Moldavie et la Géorgie, était une question de sécurité nationale pour la Russie.

Kellogg a déclaré qu'il considérait les préoccupations de la partie russe comme justifiées. Il n'a pas exclu la possibilité de parvenir à un accord lors des négociations entre les États-Unis et la Russie. Il s'agit là d'un grand pas en avant.

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/trump-ne-se-desengagera-pas-de-la-guerre-en-ukraine
#4
Technologie et travail / Les défenses aériennes fourni...
Last post by JacquesL - 29 Mai 2025, 12:40:51 PM
Les défenses aériennes fournies par les États-Unis fonctionnent mal en Ukraine

Publié le mai 29, 2025 par Wayan



Par Moon of Alabama – Le 28 mai 2025

Le 23 mai, l'ancien commandant en chef de l'armée ukrainienne a dressé un bilan pessimiste de la guerre en Ukraine (traduction automatique) :

CiterL'ancien commandant en chef des forces armées ukrainiennes, aujourd'hui ambassadeur au Royaume-Uni, Valery Zaluzhny, a déclaré que la Russie avait dépassé l'Ukraine en matière d'innovations sur le champ de bataille.
...
Selon lui, l'Ukraine « ne parvient plus à générer et à développer continuellement des innovations, même dans les domaines où nous étions hier en avance sur l'ennemi ».
« L'ennemi nous a déjà dépassés et nous sommes à la traîne – nous devons être honnêtes à ce sujet », a-t-il déclaré.
...
L'ancien commandant en chef estime que la Fédération de Russie mène actuellement une guerre d'usure. En réponse, il est nécessaire, selon Zaluzhny, « de saper l'économie et la composante sociale afin de priver la Russie de la possibilité de se développer scientifiquement et technologiquement et de déclencher des processus de troubles civils et de désintégration ».

L'ancien commandant en chef ne précise pas comment y parvenir...

Zaluzhny faisait probablement référence non seulement à la guerre des drones que la Russie est en train de gagner, mais aussi à l'état médiocre des défenses aériennes ukrainiennes.

Le lendemain, le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne confirmait le point de vue de Zaluzhny (traduction automatique) :

CiterLa Russie a amélioré ses missiles balistiques, de sorte que les systèmes Patriot ont perdu de leur efficacité pour les abattre. C'est ce qu'a déclaré le chef du département des communications des forces aériennes des forces armées ukrainiennes, Yuriy Ignat, en commentant les bombardements nocturnes de Kiev aujourd'hui.
Les missiles Iskander-M, qui attaquent selon une trajectoire balistique, ont été considérablement améliorés et modernisés

« Nous parlons ici de tirs pour piéger les radars, que chaque missile peut effectuer pendant son approche de la cible. Il y a également le vol de missiles suivant une trajectoire quasi balistique, lorsque le missile ne vole pas en ligne droite, mais effectue déjà des manœuvres », a-t-il déclaré lors du téléthon.

Les nouvelles versions d'Iskander utilisent des leurres pour brouiller les radars de défense aérienne. Elles effectuent également des manœuvres pendant la dernière phase de leur vol, rendant leur interception quasi impossible.

Dans son reportage sur l'attaque à grande échelle menée samedi soir contre l'Ukraine, le Washington Post notait que les systèmes de défense aérienne Patriot fournis par les États-Unis à l'Ukraine avaient échoué (archivé) :

CiterL'assaut russe a impliqué près de 400 missiles et drones, dont neuf missiles balistiques que les défenses aériennes ukrainiennes, déjà mises à rude épreuve et en nombre insuffisant, n'ont pas réussi à intercepter, a déclaré l'armée de l'air ukrainienne.

Certains des missiles russes ont détruit au moins une batterie de défense aérienne Patriot. Chaque batterie se compose d'un radar, d'un poste de contrôle de combat et de deux ou plusieurs véhicules lanceurs. Le coût d'une batterie complète est d'environ 1 milliard de dollars. Chaque missile tiré coûte entre 2 et 4 millions de dollars.


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La batterie Patriot détruite lors de l'attaque du week-end n'était pas la première à subir ce sort.

Le magazine Military Watch a documenté l'histoire du système en Ukraine :

CiterLe système Iskander a été confirmé pour la première fois comme ayant détruit avec succès un système Patriot, le 23 février 2024, puis un autre système près de la localité de Sergeevka, le 10 mars de la même année, laissant les forces terrestres de la région exposées. Par la suite, au cours de la deuxième semaine de juillet 2024, de nouvelles images ont confirmé la destruction de deux batteries dans la région d'Odessa, tandis que le 11 août, trois autres batteries de missiles et un radar AN/MPQ-65 auraient été détruits par des frappes d'Iskander-M. L'un des succès les plus récents de l'Iskander-M a été la destruction de la station radar multifonctionnelle AN/MPQ-65 du Patriot, de la cabine de contrôle de combat et des lanceurs de missiles dans la région de Dnepropetrovsk.

Avec celle de samedi/dimanche, cela porte à dix le nombre total de systèmes détruits. Cela représente probablement plus de la moitié du total fourni par les États-Unis et leurs alliés.

Le système de défense aérienne Patriot est assez ancien. La première version a été utilisée il y a 35 ans lors de la première guerre des États-Unis contre l'Irak. Il avait déjà largement échoué dans sa mission :

CiterEn 1992, un rapport militaire intitulé « Efficacité du système de missiles Patriot pendant l'opération Tempête du désert » révélait que sur les 158 missiles tirés pendant la guerre du Golfe, 45 % avaient été lancés contre de fausses cibles. Une étude réalisée au début des années 1990 par Theodore Postol, professeur de science, technologie et sécurité internationale au Massachusetts Institute of Technology et éminent expert en technologies de missiles, soulignait : « Le taux d'interception du Patriot pendant la guerre du Golfe était très faible. Les résultats de ces études préliminaires indiquent que le taux d'interception du Patriot pourrait être bien inférieur à 10 %, voire nul. » Même « les adversaires les plus primitifs » pouvaient facilement échapper à l'interception, concluait son étude.

De nouvelles versions du radar et des missiles Patriot, PAC-2 et PAC-3, ont été introduites, mais ont continué à mal fonctionner :

CiterÀ la suite des révélations sur les lacunes du système Patriot pendant la guerre du Golfe, le monde occidental espérait vivement que sa modernisation lui permettrait d'offrir une défense beaucoup plus efficace contre les attaques de missiles balistiques. Ces espoirs ont été déçus par ses performances lors de l'invasion de l'Irak en 2003, et plus encore 14 ans plus tard, lorsque des variantes encore plus modernisées n'ont pas réussi à intercepter une attaque de missiles balistiques de fortune lancés par des paramilitaires yéménites contre l'Arabie saoudite en 2017. Les images satellites, les photos et les vidéos de l'attaque ont montré que les missiles yéménites n'avaient pas été neutralisés, malgré les affirmations contraires des sources gouvernementales saoudiennes et américaines. L'analyse menée par une équipe de recherche composée d'experts en missiles a montré qu'une ogive avait survolé sans encombre l'Arabie saoudite, malgré l'important arsenal de batteries Patriot modernisées protégeant la zone touchée.

Le magazine conclut :

CiterLes questions récemment soulevées par les responsables ukrainiens concernant la fiabilité du système Patriot contre les attaques de missiles balistiques russes s'inscrivent donc dans une longue histoire de performances décevantes dans ce domaine. Cela a des implications importantes pour les armées occidentales et celles d'Asie du Nord-Est qui comptent sur ce système pour leur défense.

Un autre point faible du système Patriot est le manque notoire de munitions nécessaires à son fonctionnement. Selon The Economist (archivé), le taux de production actuel des systèmes Patriot est de 650 missiles par an. Au cours de la même période, la Russie produit 750 missiles balistiques à environ 10 % du prix d'un missile Patriot.

Malgré les mauvais résultats du système, l'Ukraine est, selon le Washington Post, toujours désireuse d'en acquérir davantage (archivé) :

CiterKIEV — L'Ukraine est de plus en plus préoccupée par l'obtention de nouveaux systèmes de défense aérienne Patriot fabriqués aux États-Unis, car les stocks envoyés sous l'administration Biden s'épuisent et la nouvelle administration est réticente à en envoyer davantage, selon six responsables ukrainiens et occidentaux.
...

Le besoin urgent de l'Ukraine en missiles Patriot est apparu clairement pendant le week-end du Memorial Day, lorsque ses forces de défense aérienne n'ont réussi à intercepter aucun des neuf missiles balistiques lancés samedi soir et tôt dimanche matin. Selon les forces de défense aérienne ukrainiennes, deux de ces missiles visaient Kiev, où au moins deux unités Patriot seraient stationnées.

L'une de ces unités Patriot n'existe probablement plus.

Le Post ne parvient pas à expliquer pourquoi l'Ukraine devrait ou voudrait demander davantage de systèmes Patriot alors que, comme le dit le même rapport, ceux-ci ne remplissent pas leur fonction.

Les éditorialistes du Post sont encore pires. Malgré les nombreux articles publiés dans leur propre journal indiquant que les systèmes Patriot ne sont pas capables de défendre contre les missiles russes, ils affirment à tort (archivé) qu'ils le peuvent, pour ensuite dire qu'ils ne le peuvent pas :

CiterCe qui effraie davantage l'Ukraine que les drones, cependant, c'est la diminution de ses stocks de systèmes de défense aérienne Patriot fabriqués aux États-Unis. Seuls les lanceurs Patriot permettent de contrer de manière fiable les missiles balistiques tirés par la Russie. Samedi soir, l'Ukraine n'a pas réussi à intercepter neuf tirs de missiles de ce type.

Les rédacteurs semblent sous-entendre que l'Ukraine n'a pas réussi à intercepter les missiles Iskander parce qu'elle manquait de missiles de défense aérienne Patriot. Mais ce n'était pas le cas. La vidéo de l'attaque de samedi soir montre le tir d'au moins 14 missiles Patriot par deux batteries avant que l'une d'elles ne prenne feu.

Aucun des 14 missiles de défense aérienne tirés n'a atteint le missile balistique entrant.

Les rédacteurs du Post font pression pour que des sanctions secondaires soient prises sous la forme de droits de douane supplémentaires sur les produits de toute personne achetant des matières premières à la Russie. Ces droits de douane devront être payés par les consommateurs américains. Ils nuiront davantage aux États-Unis qu'à la Russie et ne contribueront certainement pas à aider l'Ukraine.

En résumé : les défenses aériennes Patriot sont une chimère. Depuis sa création, le système n'a pas rempli son objectif, qui est d'assurer une défense fiable contre les missiles balistiques.

La seule cible fiable qu'il parvient à intercepter à chaque fois qu'un missile est lancé est l'argent des contribuables. On peut se demander combien de pots-de-vin sont versés pour générer de nouvelles demandes à son sujet.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/les-defenses-aeriennes-fournies-par-les-etats-unis-fonctionnent-mal-en-ukraine
#5
Citoyenneté économique / Branle-bas de combat dans le p...
Last post by JacquesL - 28 Mai 2025, 10:53:51 PM
Branle-bas de combat dans le pétrole



par Le Temps

Les vagues de décisions économiques du gouvernement Trump ont atteint de plein fouet l'industrie pétrolière mondiale. Depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau président, à New York le baril a quitté la zone des 70 dollars pour flirter avec la barre des 60.

Les signes de stagflation ou de récession menacent la demande d'hydrocarbures alors que les gisements américains de schiste montrent des indices d'épuisement.

L'OPEP augmente sa production

Profitant de cette instabilité, l'OPEP +a décidé d'ouvrir les vannes et d'ajouter plus de pétrole sur les marchés. Tout semble indiquer un brassage des cartes dans cette industrie où tous les coups vont être permis pour garder sa place.

Les banderilles sont en train d'être plantées tant du côté des pays extracteurs que des majors pétrolières privées comme BP, Shell, ExxonMobil, Chevron, Eni ou Total.

Les producteurs nationaux

Du coté des pays, rappelons que le rôle des compagnies nationales est de générer assez de bénéfices pour alimenter les budgets des gouvernements. Pour les nations membres de l'OPEP, ces revenus représentent la majorité de leurs rentrées financières. À ce niveau, la lutte pour les parts de marché a le pouvoir de sceller le destin d'un pays. Le Venezuela, l'Égypte ou la Syrie ont tous dépassé leur pic d'extraction et la baisse de leurs revenus induit une chute économique inexorable.

Depuis deux ans, Riyad et Moscou ont réduit volontairement leurs exportations afin de maintenir un prix cible du baril aux alentours de 75 dollars, de façon à générer assez de cash pour financer leurs budgets respectifs. L'Arabie saoudite a diminué ses exportations de 2,2 millions de barils par jour. À ce petit jeu, les producteurs américains, et certains membres de l'OPEP+, comme le Kazakhstan et l'Irak, ont joué les passagers clandestins, en profitant pour augmenter sensiblement leurs extractions, ce qui irrite fortement certains autres membres.

Alors que la guerre en Ukraine semble se diriger vers une résolution, Moscou va bientôt se retrouver en capacité de se contenter de revenus pétroliers plus modestes. Ainsi, les deux leaders de l'OPEP+ espèrent rebrasser les cartes pour le long terme et augmenter leurs parts de marché en mettant au pas les producteurs américains et les pays rebelles. Les compagnies privées, aux abois pour trouver des gisements rentables

Les majors pétrolières privées se retirent des énergies renouvelables

De leur côté, avec une part de marché inférieure à 20%, les majors pétrolières et gazières privées, se battent pour un accès aux derniers gisements rentables alors que les 200 milliards de dettes cumulés commencent à peser sur leurs bilans. Après le choc post-covid, les pétroliers européens avaient entamé des réflexions sur leur positionnement dans le marché, envisageant une transition de leur business fossile vers un mix de carburants et d'électricité à base d'énergies renouvelables. La vision portait sur un changement de paradigme avec une migration du rôle de pétrolier-gazier à celui de fournisseur d'énergie.

Aux États-Unis, une vague de fusions a vu Chevron et ExxonMobil cannibaliser leurs concurrents dans les gisements de schiste. Avec des besoins financiers énormes, les entreprises américaines comptent uniquement sur les hydrocarbures pour répondre à leurs besoins de cash. De plus, la stratégie de la Maison-Blanche du tout pétrole leur garantit le maintien de ce marché essentiel.

Cette stratégie d'optimum de revenus est en train de déteindre sur leurs concurrents européens. BP et Shell se retirent des énergies renouvelables pour revenir à leur ADN de base. Noyées sous les dettes, elles veulent éviter de devenir des proies faciles. Les regards sont actuellement rivés sur BP qui pourrait être avalé par un concurrent.

Cannibalisation à venir ?

L'industrie pétrolière entre dans une zone de turbulence, entre des gisements qui s'épuisent et la bipolarisation du monde entre les États-Unis et la Chine.

Pour éviter d'être totalement aspirés par l'un de ces deux géants, tant les pays que les majors pétrolières doivent atteindre une taille critique pour résister et faire le poids. Ils le feront soit par des alliances de circonstances soit par des fusions. Les transformations profondes n'affectent pas que les mondes économiques et géopolitiques.

Dans le pétrole aussi, c'est le branle-bas de combat.

source : Le Temps via 2000Watts

https://reseauinternational.net/branle-bas-de-combat-dans-le-petrole/
#6
Citoyenneté économique / Ce que Donald Trump a bien com...
Last post by JacquesL - 28 Mai 2025, 10:18:38 PM
Ce que Donald Trump a bien compris à propos de la Chine



par Yi Fuxian

L'adoption des droits de douane par le président américain Donald Trump a suscité de nombreuses critiques, et pour de bonnes raisons. Mais son diagnostic sur le système commercial mondial – et plus particulièrement sur son impact sur l'industrie manufacturière américaine – n'est peut-être pas totalement erroné. Le problème réside plutôt dans le traitement : plutôt que d'utiliser une tronçonneuse, qui tuerait probablement le patient, il devrait plutôt utiliser un scalpel.

L'ordre international existant, notamment le système commercial mondial et le système monétaire basé sur le dollar, a été établi à Bretton Woods, dans le New Hampshire, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. Alors que l'Europe était en ruine, les États-Unis jouissaient d'une domination économique incontestée, notamment dans le secteur manufacturier : en 1948, quatre ans après la conférence de Bretton Woods, ils produisaient plus de la moitié de la production mondiale.



Mais l'un des résultats de cette conférence – les taux de change fixes – s'est avéré peu bénéfique pour les États-Unis, car il a contribué à la chute vertigineuse de la part américaine dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale, de 55% en 1953 à 24% en 1970. La décision du président américain Richard Nixon en 1971 de dissocier le dollar américain de l'or a largement stabilisé cette part, qui est restée à peu près stable pendant trois décennies. Mais elle a également transformé les États-Unis, passant d'un pays excédentaire à celui du plus grand déficit du monde, tout en favorisant l'essor de l'industrie manufacturière japonaise.

L'accord du Plaza de 1985 – par lequel les États-Unis ont convaincu le reste du G5 (Japon, Allemagne de l'Ouest, France et Royaume-Uni) de contribuer à l'affaiblissement du dollar – a permis de réduire le déficit commercial extérieur américain. Mais ces gains ont été érodés en 1994, avec l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), et anéantis après 2001, lorsque l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce a ouvert la voie à l'afflux de produits chinois sur le marché américain. Entre 2001 et 2021, le ratio exportations manufacturières américaines/ importations a chuté de 65% à 45%, et la part américaine dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale a reculé de 25% à 16%.

Ainsi, lorsque Trump se plaint que les exportations chinoises ont contribué au déclin de l'industrie manufacturière américaine, il a raison (la mesure dans laquelle la réduction des importations chinoises aujourd'hui revitaliserait l'industrie manufacturière américaine est une toute autre affaire). Mais personne n'a payé un prix plus élevé que la Chine pour la surcapacité chinoise.

Les enfants sont des «super-consommateurs» : plus un ménage compte d'enfants, plus il dépense. Mais des décennies de politiques de contrôle de la fécondité ont laissé la Chine avec relativement peu d'enfants. En 1982, trois ans après l'introduction de la politique de l'enfant unique, le ratio population totale/actif du pays s'élevait à 2,2, ce qui reflétait un nombre relativement élevé de personnes à charge par actif (âgé de 20 à 59 ans). En 2010, ce ratio avait chuté à 1,6, bien en deçà de la moyenne internationale de 1,8 à 2,2. (Si ce ratio est à nouveau en hausse en Chine, il est principalement dû à l'augmentation du nombre de personnes âgées, et non d'enfants.)

À mesure que les ménages se sont contractés, leurs revenus ont également diminué, passant de 62% du PIB en 1983 à 44% aujourd'hui. Il en résulte une demande de consommation faible et en baisse : depuis 1983, la consommation des ménages est passée de 53% du PIB à seulement 39%, contre près de 70% aux États-Unis.



La faiblesse de la consommation intérieure a contraint la Chine à dépendre d'un excédent manufacturier – qui a atteint 1 860 milliards de dollars, soit 10,5% du PIB , en 2023 – pour créer des emplois. Parce que les États-Unis disposent non seulement d'un marché de consommation immense et vorace, mais émettent également la principale monnaie de réserve mondiale – et fournissent ainsi au monde des excédents commerciaux et des liquidités -, la surconsommation américaine est devenue le contrepoids naturel à la surcapacité chinoise.

Cette relation, que l'historien Niall Ferguson et l'économiste Moritz Schularick ont baptisée «Chimérique», semblait initialement symbiotique. Mais elle a rapidement pris des proportions monstrueuses, détruisant simultanément le secteur manufacturier américain – je mettais en garde contre une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine dès 2009 – et perpétuant le déséquilibre entre production et consommation en Chine. Autrement dit, l'effondrement démographique de la Chine a entraîné une surcapacité.

Le gouvernement chinois dispose de peu d'options pour faire face à sa crise démographique. Ses tentatives d'assouplissement des règles de fécondité – remplacement de la politique de l'enfant unique par une limite de deux, puis de trois enfants – ont lamentablement échoué, car la faiblesse des revenus des ménages les empêchait d'avoir davantage d'enfants.

Le gouvernement semble fonder ses espoirs sur un «dividende ingénieur», car la Chine compte plus de diplômés en ingénierie que le reste du monde réuni. Or, les diplômés universitaires trouvent généralement un emploi dans le secteur des services, qui ne représente que 46% de l'emploi chinois. Lorsque d'autres pays ont atteint le taux actuel de scolarisation dans l'enseignement supérieur de la Chine, leur secteur des services fournissait 70 à 80% des emplois. Il n'est donc pas étonnant que le chômage des jeunes monte en flèche en Chine et que le nombre de nouveaux mariages – pilier de la fécondité – soit en chute libre.

En imposant des droits de douane drastiques aux partenaires commerciaux des États-Unis, Trump risque d'affaiblir gravement, voire de détruire, le système commercial mondial. L'excédent commercial chinois étant le reflet parfait du déficit commercial américain, toute initiative visant à relancer l'industrie manufacturière américaine devrait commencer par là. Malheureusement pour Trump, la seule véritable solution est de stimuler le taux de fécondité en Chine, ce qui exige des progrès rapides dans l'augmentation des revenus des ménages chinois – un objectif qu'aucun droit de douane ne peut atteindre.

source : Chine Magazine

https://reseauinternational.net/ce-que-donald-trump-a-bien-compris-a-propos-de-la-chine/


Yi Fuxian, scientifique senior à l'Université du Wisconsin-Madison, a été le fer de lance du mouvement contre la politique de l'enfant unique en Chine et est l'auteur de Big Country with an Empty Nest (China Development Press, 2013), qui est passé d'une interdiction en Chine à la première place du classement des 100 meilleurs livres de 2013 en Chine établi par China Publishing Today .

Droits d'auteur : Project Syndicate, 2025.
www.project-syndicate.org
#7
Questions mondiales. / Poutine réussit à maintenir l...
Last post by JacquesL - 26 Mai 2025, 06:19:49 PM
Poutine réussit à maintenir le dialogue avec Trump

Publié le mai 26, 2025 par Wayan

Par M.K. Bhadrakumar – Le 25 mai 2025 – Source Indian punchline



La mystique de la relation avec le président américain Donald Trump reste un sujet brûlant. La visite à sensation du président sud-africain Cyril Ramaphosa en est le dernier exemple, montrant qu'il peut être dangereux de s'approcher trop près de l'orbite du soleil. Il brûle.

L'Inde a également emprunté la même voie que Ramaphosa, avec sa marque de fabrique, la « diplomatie de l'étreinte », pour envelopper Trump dans des anneaux d'engagement feint, agrémentés de flatteries, dans l'espoir d'apaiser les tensions au sujet du commerce. Ramaphosa et le Premier ministre Modi ont de nombreux points communs : deux dirigeants élus qui gouvernent deux puissances émergentes se bousculant pour se faire une place dans la hiérarchie mondiale, où la compassion et l'empathie ne sont pas toujours de mise.

Ramaphosa et Modi pensent tous deux que Trump a besoin d'hommes d'État sages comme eux, qui graviteraient dans le camp américain en tant que « contrepoids » potentiellement précieux. Mais ils oublient que Trump est une personne singulièrement peu sentimentale qui, après tout, a fait fortune à New York, que Nick, dans le célèbre roman de Scott Fitzgerald, The Great Gatsby, décrit comme un endroit excitant et stimulant où les relations secrètes et scandaleuses peuvent se perdre dans le bruit de la ville.

Trump s'est rendu compte de la piètre opinion qu'ils avaient de lui. Depuis, l'establishment indien a mis Trump à la niche. Il en sera de même pour Ramaphosa.

Si les oligarchies du Golfe ont également adopté une approche similaire, mais avec de bien meilleurs résultats, c'est parce qu'elles ont fait appel à l'avarice de Trump. Mais cela a un cout. Le journaliste du FT dans le Golfe a déclaré à la BBC que l'Arabie saoudite pourrait devoir emprunter de l'argent pour investir dans l'America First de Trump.

La « Ligne » – une ville linéaire de 170 km de long et de 500 mètres de haut, qui sera construite près de la mer Rouge à Neom, dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, dans le cadre de la Vision 2030 du prince héritier – aurait été ramenée à 1,7 km, car les revenus tirés des prix du pétrole sont tombé à 50 dollars le baril, ce qui est insuffisant pour équilibrer le budget.

Néanmoins, les oligarques arabes sont ravis. De leur point de vue limité, Trump est de retour dans le bureau ovale et c'est ce qui compte – plus de nuits blanches à cause de potentielles révolutions de couleur ; la sécurité des milliers de milliards princiers planqués dans les banques occidentales est garantie en cas de mauvais temps.

Les cheikhs ont juré fidélité au pétrodollar. Aucun d'entre eux ne s'est présenté sur la Place Rouge le jour de la Victoire en Russie. (Pas plus que Modi ou Ramaphosa.) L'OPEP+ a perdu de son éclat. L'appartenance aux BRICS n'a aucun charme. En somme, il s'agit d'un accord faustien qui ne coûte rien à Trump.

Une autre variante de la même approche est la manière dont l'Europe aborde Trump – alternant entre la séduisante séductrice et la sirène vengeresse de la mythologie grecque. Mais à près de 79 ans, Trump a tourné le dos aux tentations et, surtout, ne se séparera pas de son homologue russe Vladimir Poutine, car il est entré dans le bureau ovale déterminé à ne pas hériter de la « guerre de Biden », quelles que soient les circonstances.

Cela nous amène à la façon de faire de Poutine. Poutine n'est pas un de ces politiciens grandiloquents qui se font passer pour des hommes d'État sur la scène internationale. Il a le niveau platine en matière de gestion de l'État et de gouvernance – et il est également brillant en temps de guerre. Sans surprise, Trump éprouve un discret respect pour Poutine, contrairement aux Européens, aux cheikhs du Golfe ou aux pays du Sud, envers lesquels il affiche un mépris sournois pour leurs prétentions et leurs vanités – et pour leur statut de resquilleurs.

Pour Poutine comme pour Trump, la priorité immédiate est de rétablir les liens russo-américains qui se trouvent à ras de terre. D'une certaine manière, ils ont de la chance, car les choses ne peuvent que s'améliorer. Néanmoins, pour l'un comme pour l'autre, cela signifie qu'il faut mettre la guerre d'Ukraine dans le rétroviseur, ce qui exige un pouvoir de concentration monumental qui a parfois été stressant, comme c'est le cas dans tout processus créatif.

Trump a combiné une force colossale avec du cran pour atteindre un objectif incertain et qui peut sonner le glas de l'alliance occidentale. La tension s'est accrue lorsqu'il a commencé à comprendre que la victoire de la Russie était irréversible. Mais il nourrit aussi l'espoir d'amorcer une relation spectaculaire entre les États-Unis et la Russie, première étape d'une refonte de l'ordre mondial sous la forme d'un concert de trois grandes puissances – les États-Unis, la Russie et la Chine.

Pour la postérité, Trump espère rester dans le petit groupe des hommes d'État les plus exaltés de ce siècle, qui ont su exprimer l'expérience tragique de l'humanité avec la plus grande profondeur et la plus grande portée universelle. De son côté, l'esprit très cérébral de Poutine a instinctivement compris que Trump serait le meilleur président américain que la Russie ait jamais eu depuis longtemps.

Mais leur entourage est loin d'être convaincu. Rubio s'est exprimé sur la défensive lors d'une récente audition au Sénat : « Il est irresponsable de ne pas faire communiquer les deux plus grandes puissances nucléaires de la planète... Cela ne signifie pas que nous allons être alliés ou amis à moins que les conditions ne changent. Mais nous devons au moins être en mesure de communiquer avec eux... »

Son homologue russe Sergey Lavrov a répondu par une longue explication : « Nous sommes des gens naturellement sobres d'esprit au sens politique du terme. Il est essentiel de ne pas se faire d'illusions, de rester réalistes et conscients qu'il y a eu de nombreux cas où les Etats-Unis ont radicalement changé de position. C'est la vie. On ne peut échapper à cette réalité.

« Ce facteur doit être pris en compte. Nous l'examinons certainement avec soin lors de la planification de nos actions... les deux parties ont clairement convenu que la politique étrangère des pays normaux devrait être ancrée dans les intérêts nationaux. Cela reflète les positions de Trump et de Poutine. Il ne s'agit pas de considérations idéologiques ou de tentatives d'étendre l'influence sans discernement. C'était le thème central de nos discussions à Riyad. En observant les développements actuels, je pense que l'administration Trump agit conformément à cette approche. »

Voilà la vision de Poutine. Ne vous y trompez pas : la veille, lors d'une grande cérémonie dans la salle Sainte-Catherine du Kremlin, Poutine a décerné à Lavrov l'une des plus hautes distinctions russes – l'Ordre de Saint-André – et l'a félicité en des termes élogieux.

Curieusement, Poutine a également annoncé le même jour (22 mai) que « la décision a été prise de créer une zone de sécurité tampon le long de la frontière russe. Nos forces armées y travaillent actuellement. Elles suppriment également de manière efficace les points de tir de l'ennemi« .

Un moment décisif

Que signifie l'annonce apparemment anodine de Poutine, noyée dans un long discours sur la réparation et la reconstruction de la région de Koursk ? Elle signifie que la Russie crée un nouveau front de guerre pour le groupe Nord, qui comprend les oblasts ukrainiens de Kharkiv, Sumy et Tchernihiv !

La longueur de la ligne de front va presque doubler, ce qui va bien sûr épuiser les forces ukrainiennes et amener les blindés lourds russes dans les grandes plaines ukrainiennes sur lesquelles une voie rapide relie Sumy à Kiev sans aucun obstacle naturel.

Il est à noter que l'annonce de Poutine est intervenue après sa conversation (qui a duré plus de deux heures) avec Trump le 19 mai. Selon le Wall Street Journal, Trump a ensuite déclaré pour la première fois aux dirigeants européens que Poutine n'était pas prêt à mettre fin à la guerre, car il pensait être en train de la gagner.

Pour autant, Trump n'a pas accédé aux demandes du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et des dirigeants européens d'accroître la pression sur la Russie. Il a déclaré aux journalistes : « Ce n'est pas ma guerre. Nous nous sommes empêtrés dans quelque chose dans lequel nous n'aurions pas dû être impliqués. »

Les Européens ont bien compris qu'il leur appartenait désormais de soutenir l'Ukraine, ce qu'ils savent pertinemment être hors de leur portée. Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, l'a d'ailleurs admis lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 21 mai : « Nous savons que la Russie est en train de se reconstituer à un rythme effréné. Elle produit actuellement des munitions à un niveau jamais atteint au cours des dernières décennies. Elle produit quatre fois plus de munitions que l'ensemble de l'OTAN en ce moment même. Ils reconstituent leurs armées. Toute leur économie est sur le pied de guerre« .

Trump a refusé de se joindre à la pression des sanctions de l'Union européenne contre la Russie. Mais il ne s'agit pas de défaitisme. Au contraire, Trump a également déclaré son intention de se concentrer sur la coopération économique avec Moscou, qui présente un immense intérêt pour les entreprises américaines et Wall Street. Il a écrit sur Truth Social après la conversation téléphonique avec Poutine le 19 mai : « La Russie veut faire du COMMERCE à grande échelle avec les États-Unis lorsque ce bain de sang catastrophique sera terminé, et je suis d'accord. La Russie a une formidable opportunité de créer des quantités massives d'emplois et de richesses. Son potentiel est ILLIMITÉ. De même, l'Ukraine peut être un grand bénéficiaire du commerce, dans le processus de reconstruction de son pays. »

Par ailleurs, Rubio a refusé de qualifier Poutine de criminel de guerre lors d'une audition de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis la semaine dernière. Selon un article de Politico, l'administration Trump s'est opposée à une référence à l'illégalité de l'intervention de la Russie en Ukraine dans une prochaine déclaration du G7.

Ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas d'une capitulation, mais d'un changement de paradigme d'une importance capitale qui découle d'une profonde refonte de la stratégie de politique étrangère de la part de Trump, dont le mérite revient également à Poutine.

Si Trump a veillé avec tact, au cours des trois derniers mois, à ce que le déplacement des plaques tectoniques se fasse en douceur sur le plan national, européen et international, la patience monumentale de Poutine a contribué à cet effort de manière incommensurable en faisant en sorte que la victoire militaire de la Russie en Ukraine permette à Trump de lui tenir la main dans le cadre d'une Entente cordiale « gagnant-gagnant », ce qui, à long terme, est tout à fait dans l'intérêt de la Russie – plutôt que de créer l'optique triomphaliste d'un fait accompli qui était en effet à sa portée également.

J'ai également écrit que Poutine, lecteur avide d'histoire qui a vécu et travaillé en Allemagne, doit être un admirateur de Bismarck, le « chancelier de fer », qui, face à un roi et à des généraux prussiens qui voulaient marcher sur Vienne en 1866, a conseillé la modération et exhorté à une cessation rapide des hostilités et à se concentrer sur l'unification de l'Allemagne, de peur que d'autres puissances européennes n'interviennent si la guerre s'était poursuivie. (Lire à ce sujet un brillant essai d'un professeur américain de relations internationales à l'université de Californie du Sud, Brian Rathbun, dans une publication du MIT de 2018, intitulée La rareté de la realpolitik : ce que la rationalité de Bismarck révèle sur la politique internationale.)

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/poutine-reussit-a-maintenir-le-dialogue-avec-trump
#8
Asie, Pacifique / Guerre Inde-Pakistan : les gag...
Last post by JacquesL - 21 Mai 2025, 05:51:45 PM
Guerre Inde-Pakistan : les gagnants et les perdants




par Pepe Escobar

Le matériel militaire chinois a volé la vedette, celui de la France a perdu de sa valeur, l'influence de l'Inde a été mise à mal et les Pakistanais ont jubilé. Mais au final, cette guerre brève et intense entre l'Inde et le Pakistan n'a été une victoire que pour la stratégie de division et de domination du Nord sur le Sud.

Malgré le caractère alarmant d'un affrontement meurtrier entre deux puissances nucléaires sud-asiatiques, la guerre de 2025 entre l'Inde et le Pakistan ne pouvait que contenir les ingrédients chers à Bollywood.

En effet, ce fut une danse endiablée, susceptible de dégénérer rapidement. Mieux vaut oublier la médiation bancale et laborieuse de l'ONU ou toute enquête sérieuse sur cette attaque suspecte et inattendue contre des touristes dans la partie du Cachemire contrôlée par l'Inde.

D'emblée, le 7 mai, le gouvernement indien de Modi a lancé une opération spectaculaire contre le Pakistan, baptisée «Operation Sindoor», une frappe de missiles présentée comme une «opération antiterroriste». Le Pakistan a immédiatement riposté avec une contre-attaque baptisée «Operation Bunyan al-Marsus» contre «l'invasion indienne».

Tout est dans la culture. Sindoor est un classique de la culture hindoue, qui fait référence à la marque vermillon appliquée sur le front des femmes mariées. Pas étonnant que les Chinois l'aient immédiatement traduit par «Operation Vermillion».

Pourtant, ce que la planète entière a retenu de cette escalade inquiétante, indépendamment de toute tentative de contextualisation, sans parler des pratiques culturelles codées par couleur, c'est l'élément Top Gun revisité sauce Bollywood : dans la nuit du 7 mai, l'armée de l'air pakistanaise (PAF) et l'armée de l'air indienne (IAF) ont été directement impliquées dans la plus grande et la plus high-tech des batailles aériennes du jeune XXIe siècle, qui a duré une heure entière, et a vu s'affronter des dizaines d'avions de combat de 4ème et 4,5ème génération.

Contre toute attente, ce ne sont pas les Indiens, mais un internaute chinois, le célèbre blogueur Hao Gege, à avoir offert un spectacle hautement divertissant avec sa parodie hilarante et désormais virale intitulée «L'avion tout juste acheté a été abattu». Il faisait bien sûr référence aux Rafales français de l'IAF décimés par les chasseurs J-10C chinois, qui maîtrisent parfaitement la guerre électronique et sont équipés de missiles air-air PL-15 peu coûteux, précis et d'une efficacité redoutable.

Ajoutez à cela du matériel chinois tel que le système défensif antiaérien HQ-9 et l'AWACS ZDK-03. Le J-10C, soit dit en passant, ne coûte que 40 millions de dollars, soit environ six fois moins qu'un Rafale.

Inévitablement, toute cette affaire s'est muée en cauchemar médiatique, non seulement pour New Delhi, mais surtout pour le complexe militaro-industriel français, avec son lot de rumeurs et de démentis de toutes parts. Islamabad a affirmé avoir détruit six avions de combat indiens (dont trois Rafale, d'une valeur totale de 865 millions de dollars, ainsi qu'un Su-30 russe, un MiG-29 et un drone Heron israélien), paralysé 70% du réseau électrique indien et détruit le système de défense S-400 de fabrication russe. L'Inde, pour sa part, a nié avec véhémence toutes ces allégations à de nombreuses reprises.

Puis, après ce qui s'est apparenté à une véritable tempête dans un verre d'eau, le Pakistan a annoncé le 10 mai avoir remporté la guerre. Deux jours plus tard, l'Inde a fait de même.

Le bruit et la fureur ont toutefois persisté, allant du J-10C savourant son statut de superstar deTop Gun et de la flambée des actions chinoises dans un «moment DeepSeek» très prisé dans la guerre moderne, à la scène ridicule du président américain Donald Trump affirmant être à l'origine du cessez-le-feu entre l'Inde et le Pakistan, qui, dans l'état actuel des choses, ressemble davantage à une pause.


Un Rafale pour le prix de six J-10C

Le fait est qu'Islamabad et New Delhi ont déployé un arsenal fulgurant de missiles balistiques, de missiles de croisière, de bombes guidées et de drones suicides pour s'attaquer mutuellement dans une série de frappes transfrontalières, tout en étant confrontés à l'inefficacité surprenante d'une grande partie de leurs propres systèmes de défense aérienne et antimissiles. Pas étonnant que les deux parties aient eu besoin d'un «cessez-le-feu» rapide.

L'interprétation qui prévaut dans le monde entier repose sur des faits solides. Et ces faits changent profondément la donne : pour la première fois, des armes et des équipements fabriqués en Chine ont vaincu des armes et du matériel occidentaux de qualité similaire, non pas dans un scénario de guerre simulée, mais dans des conditions de combat aérien extrêmes. Aucune campagne de communication ni aucune publicité sur papier glacé ne peuvent rivaliser avec cette démonstration pratique du complexe militaro-industriel chinois.

Soit dit en passant, le J-10C n'est même pas un chasseur chinois de dernière génération. Ces derniers sont le J-20 et le J-35 (tous deux des chasseurs furtifs de 5è génération), le J-16 et le J-15 (chasseurs multirôles de 4,5è génération) et les chasseurs de 6e génération (J-36 et J-50) encore en phase de test.

L'une des meilleures explications du succès de la PAF et de la Chine a sans doute été donnée par l'ancien colonel de l'armée de l'air chinoise et stratège Wang Xiangsui. Il l'attribue à une triade : la maîtrise de la guerre des systèmes, comme dans les systèmes de combat aérien chinois hautement intégrés et synchronisés, la compétence des pilotes pakistanais, et la préparation à la guerre. Selon lui, la PAF a imité ce que fait la Chine : investir dans des avions de combat de 6è génération, des missiles DF-17, et des satellites quantiques.

D'autres analyses approfondies réalisées par les experts militaires Zhang Xuefeng et Bai Mengchen complètent en détail le cadre conceptuel de Wang.


Quand Hindutva rencontre le sionisme

Ce qui a motivé cette guerre éclair ? Il ne s'agissait pas que du problème insoluble du Cachemire hérité du Raj britannique. Même si les fanatiques hindouistes gravitant autour du Premier ministre indien Narendra Modi et la junte pakistanaise au pouvoir, qui a illégalement emprisonné le Premier ministre pakistanais Imran Khan, présentent de nombreux aspects déplaisants, une telle guerre ne peut profiter qu'aux suspects habituels, déterminés à déclencher plusieurs degrés de guerre hybride et à diviser pour mieux régner dans les pays du Sud Global.

L'Inde et le Pakistan sont tous deux membres permanents de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Leur différend aurait pu être réglé à la table de l'OCS, avec la présence de la Russie, de la Chine et de l'Iran en guise de médiateurs et pacificateurs. Mais Moscou et Téhéran ont préféré agir de manière indépendante et bilatérale, chacune essayant à sa manière de ramener les belligérants à la raison à titre de médiateurs. Le succès de leur démarche est discutable.

L'Inde est également – en théorie – un membre de premier plan des BRICS, l'un des fondateurs de cette puissance multipolaire. Elle se targue d'excellentes relations stratégiques avec la Russie et de relations géoéconomiques avec la nouvelle puissance des BRICS+ en Asie occidentale, l'Iran. Opposer l'Inde au Pakistan, c'est opposer New Delhi à Pékin, qui soutient pleinement Islamabad via son projet phare des Nouvelles Routes de la Soie, le CPEC (Corridor économique Chine-Pakistan). La guerre peut donc également être considérée comme une attaque contre les BRICS de l'intérieur.

Les soi-disants élites indiennes et pakistanaises ont été très faciles à piéger. Il suffit de manipuler la «fierté nationale», un argument facile, et les suspects habituels maîtrisent cet art à la perfection.

Le tableau d'ensemble s'assombrit d'autant plus quand on voit que New Delhi, toujours complexée parce que, contrairement aux Chinois, elle n'a pas toujours enterré son propre «siècle d'humiliation» face à la puissance anglo-saxonne, continue d'hésiter entre une intégration géo-économique plus profonde à la Russie – et à la Chine – tout en comptant sur l'axe Washington-Tel Aviv pour se défendre et assurer sa sécurité.

L'hindutva et le sionisme se rejoignent à plus d'un titre. L'Inde utilise des drones israéliens Heron et Searcher pour patrouiller ses frontières, ainsi que des missiles antichars Spike. Des conseillers israéliens ont formé les services du renseignement indiens. Des entreprises israéliennes de cybersécurité aident New Delhi à traquer les menaces d'espionnage et diverses «insurrections».

Junaid S. Ahmad, directeur du Centre d'études sur l'islam et la décolonisation (CSID) à Islamabad, va encore plus loin. Il pointe directement du doigt «Gaza dans l'Himalaya», le gouvernement Modi étant empêtré dans une «guerre fantasmée» au Cachemire.

Alors que l'Inde importe des quantités considérables d'équipements militaires, Ahmad affirme que «le sionisme et l'hindutva ne partagent pas seulement des stratégies, mais aussi cette même vision du monde : la croyance que la suprématie est sacrée et que la conquête est une forme de rédemption», les musulmans de Gaza étant qualifiés de «partisans du Hamas» et leurs homologues cachemiris de «terroristes».

Ahmad identifie à juste titre l'hindutva comme une «théologie suprémaciste», avec un État hindou «purifié de toute différence, qu'il s'agisse des musulmans, des chrétiens ou des dalits». Comment une telle idéologie pourrait-elle être acceptée par l'éthique des BRICS ?

La guerre de 2025 entre l'Inde et le Pakistan pourrait entrer dans l'histoire en raison de la célèbre bataille aérienne et des frasques de Bollywood – un cocktail postmoderniste chaotique alliant guerre technologique, opérations psychologiques, guerre de l'information et dissonance cognitive. Pendant quelques jours, elle a fait office de téléréalité mondiale et de spectacle divertissant plutôt que de véritable guerre. Et pourtant ce n'est pas sans inquiéter, car cela masque les troubles profonds qui agitent une Inde en proie à des problèmes systémiques.

Que signifie réellement le concept de Bharat, la nouvelle appellation officielle de l'Inde ? Bharat fait référence à l'empereur Bharata, considéré comme le premier conquérant de tout le sous-continent indien. Dans un style très israélien, une fresque représentant l'empire Bharata est exposée depuis 2023 au Parlement indien, intégrant ouvertement des territoires appartenant au Pakistan et au Bangladesh.

Qu'est-ce qu'on peut vraiment appeler «terrorisme» dans le contexte du Bharat ? Est-ce que tous les Cachemiris, Pakistanais et Bangladais vont être considérés comme des terroristes ? Le véritable dirigeant de l'organisation mère du Bharatiya Janata Party (BJP) [parti d'extrême droite nationaliste hindou], le Rashtrapati Bhagwat, affirme que «l'empire Bharata» verra inévitablement le jour. Et les médias indiens se livrent à une campagne tous azimuts pour promouvoir l'indépendance du Baloutchistan vis-à-vis du Pakistan.

Qui sortira vainqueur de tous ces conflits ? Certainement pas les Indiens eux-mêmes. Ni les BRICS. Plutôt les suspects de toujours, adeptes de la stratégie «diviser pour régner».

Pepe Escobar

source : The Cradle via Spirit of Free Speech

https://reseauinternational.net/guerre-inde-pakistan-les-gagnants-et-les-perdants/

Pepe Escobar
Pepe Escobar est l'auteur de Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009), Empire of Chaos (Nimble Books) et le petit dernier, 2030, traduit en français.
#9
Suicide dirigé / Les négociations ukrainiennes...
Last post by JacquesL - 21 Mai 2025, 05:23:37 PM
Les négociations ukrainiennes tournent toujours autour de leur cause profonde

Publié le mai 21, 2025 par Wayan



Par Moon of Alabama – Le 20 mai 2025

La phrase la plus importante du président Trump à propos de l'appel téléphonique d'hier entre le président Poutine et lui est la suivante :

CiterLa Russie et l'Ukraine entameront immédiatement des négociations en vue d'un cessez-le-feu et, plus important encore, de la FIN de la guerre. Les conditions pour cela seront négociées entre les deux parties, comme cela ne peut être que le cas, car elles connaissent les détails d'une négociation dont personne d'autre n'est au courant.

La phrase la plus importante du président Poutine à propos de l'appel téléphonique d'hier est la suivante :

CiterNotamment, la position de la Russie est claire. Éliminer les causes profondes de cette crise est ce qui nous importe le plus.

La Russie ne tombera pas dans le panneau de mettre fin à la guerre sans avoir atteint son objectif principal.

Les médias occidentaux, ici le NY Times, continuent de jouer les idiots (archivé) au sujet de l'objectif principal de la Russie :

Citer[Poutine] a répété son mantra selon lequel un accord de paix doit "éliminer les causes profondes de cette crise", faisant référence à la poursuite par la Russie d'une large influence sur l'Ukraine.

David Ignatius, un porte-parole de la CIA au Washington Post, dit une absurdité similaire (archivé) :

CiterIl veut toujours la victoire, qu'il a décrite une fois de plus, après le coup de fil de lundi, avec la phrase "éliminer les causes profondes de la crise. » C'est le code pour exprimer sa conviction que l'Ukraine ne peut pas être un pays européen, comme elle le souhaite, mais doit rester sous l'hégémonie russe.

La Russie ainsi que l'Ukraine sont des pays européens. La Russie n'a aucun intérêt à exercer une « hégémonie » ou une « influence de haut rang » sur l'Ukraine. Son intérêt est la défense de la Fédération de Russie. Elle doit empêcher l'Ukraine de devenir une pointe de lance étasunienne (OTAN) dirigée vers son cœur.

Un autre article du New York Times sur les défenses au Nord de la Russie mises en place après l'adhésion de la Finlande à l'OTAN est beaucoup plus correct lorsqu'il déclare (archivé):

CiterDu point de vue de Moscou, les Russes doivent renforcer leurs défenses pour se protéger de l'expansion de l'OTAN, qui a toujours été un sujet sensible. Les pays baltes ont été les premiers membres de l'ex-Union soviétique à rejoindre l'OTAN, accolant de larges pans de la frontière russe à celle de l'OTAN. La perspective que l'Ukraine, une ancienne république soviétique encore plus grande, emboîte le pas était si menaçante pour Moscou qu'elle est devenue l'une des causes de la guerre terrestre la plus dévastatrice depuis des générations.

C'est l'expansion de l'OTAN, et non l'Ukraine, qui est la cause profonde de la guerre. C'est l'expansion de l'OTAN qui doit être arrêtée.

Mais les États-Unis et leurs alliés européens le nient toujours. Ignorer que les États-Unis dirigent, depuis plus de 30 ans, l'expansion de l'OTAN qui a conduit à cette guerre, permet à Trump de jouer au « médiateur » dans une guerre dans laquelle les États-Unis sont pourtant un participant dominant.

Il est stupide pour les médias occidentaux d'accepter la revendication de Trump (archivé) d'un tel rôle:

CiterAprès des appels téléphoniques avec le président russe Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Trump a déclaré que "La Russie et l'Ukraine entameraient immédiatement des négociations en vue d'un cessez-le-feu et, plus important encore, de la FIN de la guerre".
...

Dans des remarques indiquant que Washington pourrait se retirer du rôle de médiateur, Trump a déclaré que les "conditions" d'un accord ne pouvaient être convenues que par les parties belligérantes "parce qu'elles connaissent les détails d'une négociation dont personne d'autre n'est au courant".
...

Trump a également déclaré qu'immédiatement après son appel avec Poutine, il avait raconté la conversation à Zelensky et les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, de la Finlande et de la Commission européenne.  (1)
...

Mais deux personnes informées de l'appel avec les dirigeants européens ont déclaré que Trump était clair sur le fait qu'il arrêterait d'engager les États-Unis dans le conflit et laisserait l'Ukraine et la Russie négocier directement un cessez-le-feu. Il n'a également fait aucune promesse de futures sanctions américaines contre la Russie si Poutine refusait toute tentative de paix. Une personne familière avec la conversation a déclaré que les dirigeants étaient stupéfaits par la description du président américain de ce qui avait été convenu. Ils ont ajouté qu'il était clair que Trump n'était "pas prêt à exercer une plus grande pression" sur Poutine pour qu'il vienne sérieusement à la table des négociations.

Trump fait semblant de s'en laver les mains (archivé) :

CiterLe désir des États-Unis de se désengager est signalé depuis des semaines, par Trump lui-même mais aussi par le secrétaire d'État Marco Rubio et le vice-président JD Vance, qui ont exprimé à plusieurs reprises leur frustration à l'égard de la Russie et de l'Ukraine dans une égale mesure. Vance a déclaré aux journalistes lundi que les États-Unis pourraient finalement devoir dire : "Ce n'est pas notre guerre."

Les États-Unis ne peuvent pas être un médiateur dans une guerre, ni s'en laver les mains, lorsqu'ils continuent de fournir des armes et les moyens de renseignement et de communication de terrain importants nécessaires pour mener cette guerre. Hier encore, les États-Unis ont autorisé l'Australie à envoyer de (vieux) chars fabriqués par les États-Unis en Ukraine.

Les affirmations de Trump de se désengager de la guerre n'ont été confirmées par aucun signe montrant qu'il va vraiment le faire.

La seule chose que Trump a rejetée jusqu'à présent a été de se joindre aux tentatives européennes d'escalade en y insérant leurs propres troupes.

Ayant appris du désastre économique que ses taxes douanières ont causé, Trump a également rejeté les projets d'imposer des sanctions secondaires sous la forme de taxes douanières de 500% à quiconque continue d'acheter du pétrole à la Russie.

Mis à part cela, Trump maintient le soutien à la guerre au même niveau qu'auparavant et s'est seulement abstenu de l'étendre.

Qu'il laisse, pour l'instant, les négociations à la Russie et à l'Ukraine, est un aveu qu'il n'a pas tenu sa promesse électorale de faire la paix.

Les États-Unis devront se réengager dans les négociations si l'on veut parvenir à la paix. C'est l'expansionnisme des États-Unis (OTAN) qui a causé la guerre.

La Russie doit éliminer la cause profonde, l'expansionnisme des États-Unis (OTAN), pour parvenir à la paix.

Une victoire complète en Ukraine est une condition nécessaire mais pas encore suffisante pour cela.

Mais il y a de fortes chances que les nouveaux désaccords sur la défaite de l'Ukraine déchirent l'OTAN.

C'est peut-être la victoire que le président Poutine a en tête.
Le FT affirme que: « [Trump] a raconté la conversation à Zelensky avec les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, de la Finlande et de la Commission européenne ».

Mais la déclaration de Trump ne mentionne pas du tout la Grande-Bretagne : « J'en ai informé le Président Volodymyr Zelensky, d'Ukraine, Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, le Président Emmanuel Macron, de France, la Première Ministre Giorgia Meloni, d'Italie, le chancelier Friedrich Merz, d'Allemagne, et le Président Alexander Stubb, de Finlande, lors d'un appel téléphonique passé immédiatement après l'appel avec le Président Poutine. »

Il semble que, malgré l'affirmation du FT, le Premier ministre Starmer ait été laissé de côté à ce sujet.


Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/les-negociations-ukrainiennes-tournent-toujours-autour-de-leur-cause-profonde
#10
Rafales abattus ou... le chant du cygne




L'épisode des Rafales abattus à la frontière indo-pakistanaise n'est pas un simple fait militaire. Pour Jean-François Geneste, expert aéronautique et défense, il plonge dans des racines plus profondes.

L'Éclaireur

*

par Jean-François Geneste

Quinze jours après l'opération Sindoor de l'armée indienne, visant des sites pakistanais en riposte à l'attaque qui avait fait 26 morts le 22 avril dans le Cachemire indien, on ignore toujours combien d'avions, et notamment de Rafales de fabrication française, ont été abattus par la défense pakistanaise.

Un ? Trois ? Et pourquoi ? La question est cruciale. Pour l'Inde, qui, avec une flotte de 36 Rafales en service (chiffres avant le 7 mai), se prépare à en réceptionner 26 autres. Pour Dassault également, alors que l'Indonésie vient d'annoncer la suspension de l'achat de 42 avions de combat.

Mais il serait réducteur de limiter cet épisode à un simple fait militaire, même s'il concerne le fleuron de la défense française. Pour Jean-François Geneste, le problème est plus profond.

«C'est le résultat de politiques menées depuis des décennies, précipitées par des décisions purement financières : consolidation, dualité des technologies, perte d'indépendance, vassalisation consentie, sinon provoquée, et financiarisation à outrance», souligne-t-il.

Conseiller chez Matra Systèmes, directeur scientifique pendant dix ans chez EADS (aujourd'hui Airbus Group), Jean-François Geneste cumule près de quarante ans d'expérience dans les domaines de l'aéronautique, de l'espace et de la défense. Aujourd'hui à la tête de la startup Warpa, qui vient d'obtenir un brevet pour son moteur de propulsion spatiale à impulsion spécifique infinie, il partage ses réflexions.


1. Introduction

La France vient de vivre un psychodrame avec le conflit indo-pakistanais et la destruction d'au moins un Rafale et peut-être même de trois. Cela est relaté sur le site armées.com.

Dans cet article qui tente d'expliquer les déboires de ce qui est considéré comme un joyau de notre défense, quelques points témoignent d'un malaise profond. Ainsi, on parle de missiles chinois qui voleraient à Mach 4. Ce chiffre est étonnant. En effet, la fiche Wikipédia du PL-15 donne Mach 5. Pourquoi avoir minimisé cela ? Est-ce parce que Mach 5 est le début de l'hypersonique que l'Occident essaie désespérément d'atteindre et n'y arrive pas ? Rappelons que, même si c'est un peu conventionnel, il y a des raisons scientifiques à mettre la barrière de changement à ce niveau car, dans les équations aérothermodynamiques qui régissent le mouvement, c'est la vitesse à laquelle certaines approximations ne sont plus valables et doivent être remplacées par d'autres. Et, les formules évoluant, la manière de les traiter suit aussi ainsi que les réalisations technologiques correspondantes.

Mais ce n'est pas tout ! Le même texte explique qu'à Mach 4, donc, un missile air-air prend 10 secondes pour faire 50 km. Votre serviteur vient de faire le calcul. C'est en réalité, en considérant à haute altitude une température de -40 °C, de l'ordre de 42 secondes. Au niveau du sol, avec 15 °C, on obtient 39 secondes. Remarquons que si on suppose Mach 5, on a respectivement dans des conditions identiques 34 et 30 secondes. De toute évidence, les rédacteurs d'armées.com ont voulu défendre très maladroitement le Rafale, puisque, même si c'est court, disons 40 secondes pour réagir, cela laisse un peu de temps !
Nous concluons donc de tout cela que le problème rencontré est beaucoup plus profond que ce que l'on désire bien donner à entendre.

Dans ce papier, qui commence fort, nous allons revoir les questions d'armement pour la France au travers d'un filtre subjectif, mais en espérant que si, un jour, nous sommes écoutés, ce qui a peu de chances de se produire, on pourra, peut-être, redresser la barre.


2. Continuons sur le Rafale

Un avion de combat a, parmi ses performances essentielles, la manœuvrabilité. Hélas, cette dernière est largement conditionnée par les capacités du pilote. Or, ce qui est en jeu ici, ce sont les accélérations. On les mesure en multiples de la gravité terrestre que l'on note «g» et qui, au niveau du sol, vaut 9,81 m/s. Dès lors, un pilote ne peut encaisser qu'environ 10 g et encore pas trop longtemps. Dans le même temps, un missile, lui, est susceptible de 50 g ! À votre avis, qui va gagner ?

Cela est connu depuis très belle lurette. Les avions de combat actuels sont dimensionnés pour résister à approximativement 13 g. Au-delà, il n'y a plus personne à bord et c'est donc celui qui tient le manche qui limite la machine.

Par le passé, il fallait bien quelqu'un aux commandes, car on n'avait pas les moyens électroniques, informatiques et de télécommunications pour droniser cela pour avoir des performances acceptables. Mais aujourd'hui, non seulement l'électronique occupe une place dérisoire pour une masse très faible, l'informatique, via l'IA par exemple, permet d'atteindre une autonomie de décision extraordinaire et rapide avec prise en compte de plus de paramètres qu'un être humain et les télécommunications, elles, peuvent transiter par satellites et lasers et sont donc peu propices aux brouillages.

Or, la France, le gouvernement devrait-on plutôt dire, est engagée dans une coopération idéologique avec l'Allemagne sur ce qui s'appelle le SCAF, qui consiste en un avion central piloté par un humain et cerné de 4 à 6 drones pour constituer une sorte d'escadrille qui serait, sur le papier, plus performante.

Imaginez que vous soyez un adversaire. Dans la flottille, qui allez-vous viser en premier lieu ? Vous pourriez avoir d'un côté 4 à 6 drones capables de 50 g, mais l'avion central, le cerveau du système, c'est celui qui n'est apte qu'à 10 g au mieux. Un enfant qui va au CP peut comprendre cela. Eh bien, dans les hautes sphères de l'armement français, il semblerait que c'est intellectuellement inaccessible ! Et, bien entendu, quand l'idéologie et la politique viennent s'ajouter, on touche au désastre !

Nous en sommes donc à développer un SCAF pour 2040 et qui est obsolète sur le papier... en 2025 !


3. Les aspects système

L'ingénierie système est une manière de faire qui est née aux États-Unis lors de la course à l'espace après les premiers vols soviétiques. On y a mis en place une énorme machinerie pseudo-scientifique dont le succès culminant a été le premier pas sur la lune. Depuis, c'est une doctrine d'abord américaine, qui vit de beaucoup de contrats militaires, qui reste largement empirique et dont il ne sort quasiment rien depuis maintenant des décennies.

Pour faire court, si vous appliquiez sur un programme, la totalité des recommandations et méthodes, non seulement vous n'auriez jamais assez de fonds pour arriver au bout, mais même techniquement vous feriez face à l'échec.

Nous avons eu l'occasion à maintes reprises de critiquer la structure occidentale de l'industrie d'armement, notamment l'américaine qui cherche avant tout à faire du profit plutôt que de bons produits. Mais il faut y ajouter cette ingénierie système qui ressemble fort à une administration pointilleuse qui vous entraîne des coûts exorbitants pour des résultats qui sont souvent piètres.

Donnons un exemple emblématique, dont très peu de personnes ont conscience. Pour les plus anciens, ils ont vu débarquer les normes qualité ISO + un certain nombre (par exemple 9000). C'est devenu un argument publicitaire comme si cela allait garantir un réel plus au produit. Mais c'est mal connaître la mentalité anglo-saxonne dans l'esprit de laquelle a germé cette façon de faire. Quand vous achetez un bien certifié, vous avez seulement l'assurance qu'il est conforme à la prescription, vous n'en avez aucune sur sa performance !

Mon ami Daniel, qui se reconnaîtra dans ces lignes, avait eu en main une caméra thermique qui avait toutes les homologations, mais qui n'était clairement pas bonne et on y avait même découvert des traces de doigts sur les optiques.

Il se trouve que cette façon de faire n'est culturellement pas adaptée aux Français ! Nous connaissons tous le système D qui a perdu de sa superbe avec les nouvelles générations, hélas. Mais il était dans nos gènes de faire cela et d'obtenir des résultats exceptionnels, comme le prouve l'histoire de notre pays. En nous anglosaxonnisant, nous avons en grande partie gâché le génie de notre peuple. Il faudrait revoir cela de fond en comble.

Mais arrivons-en au plat principal de ce paragraphe que constituent les systèmes, puisque, selon armées.com, la supériorité pakistanaise serait due à son dispositif 100% chinois et donc cohérent contre une armée indienne «tour de Babel».

C'est possible ! Nous ne sommes pas assez renseignés ici sur ce sujet. Néanmoins, comme expliqué au début de cette section de manière subliminale, l'ingénierie système ne sait pas ce qu'est un système. Et pourtant, elle parle de systèmes de systèmes, etc. Tout un tas de «trucs» ronflants, faisant de beaux discours et de magnifiques présentations PowerPoint, mais au final, des matériels militaires qui ont montré essentiellement des faiblesses dans le conflit ukrainien.

Une des raisons en est la non-mathématisation du domaine. En effet, tant que l'on n'a pas formalisé une discipline, on a bien du mal à la maîtriser. Or, rien n'est fait en cette matière, simplement parce que pour atteindre, dans une carrière, une fonction système, cela prend des années et l'on y privilégie ensuite les gestionnaires qui s'occuperont davantage des budgets que des problèmes techniques qu'en général ils ne comprennent pas.

Dès lors, quand arrive quelqu'un qui propose de mathématiser le domaine et ainsi mettre en œuvre des approches efficaces, objectives et logiques, cela effraie les tenants du «système» et l'affaire est bien vite étouffée.

Or, empiriquement, presque tout est un système. Si vous regardez, en biologie, une cellule, c'est un système complexe. Si vous vous concentrez sur son noyau, c'est, là encore, mais à un autre niveau, un système, etc.

Plus on recouvre de possibilités, plus la théorie mathématique sous-jacente doit embrasser de potentialités. Il faut donc élaborer une doctrine à spectre large, très large ! Et en conséquence, elle s'avèrera très probablement à la fois complexe et compliquée.

Je renvoie le lecteur curieux à la littérature disponible sur le sujet, mais ayant étudié la question, vous trouverez un exemple d'approche envisageable à cette adresse au chapitre 5. Le texte y est décrit dans un contexte particulier, mais j'avais proposé à l'INCOSE1, en son temps, de créer un groupe de travail sur les systèmes intrinsèquement résistants aux attaques terroristes, avec peu d'écho.

Les Chinois ont-ils développé une véritable ingénierie système scientifique et non empirique ? Avec le conflit indo-pakistanais et la supériorité affichée, on peut raisonnablement soulever cette question.


4. L'économie de guerre

On nous a rabâché ces temps-ci la nécessité de passer en économie de guerre pour contrer une Russie prétendue agressive. Nous avons déjà expliqué pourquoi la Russie ne nous menace et ne nous menacera pas avant longtemps, et ce, essentiellement et au moins, pour des raisons démographiques. On peut ajouter, pour nous Français, que les Russes sont francophiles et aiment la culture de notre pays, tout au moins quand nous en avions une, car celle du jour n'est guère reluisante pour ne pas dire pis.

Le problème actuel c'est que l'idée de nos gouvernants est de passer à des productions de masse pour lutter, nous venons de le voir, contre un ennemi fictif. De plus, et cela aussi, nous l'avons affirmé, nos armements existants ne sont pas au niveau sur le champ de bataille. À quoi bon fabriquer ce type d'engins s'il ne convient pas ?

Dans une Europe, une France, gangrénée par la corruption, cette production programmée de matériels obsolètes laisse penser le pire.

S'il y avait un minimum de jugeote au sommet de l'État, on commencerait par faire une évaluation sérieuse des menaces qui pèsent sur notre pays. On identifierait clairement nos ennemis, s'il y en a, nos adversaires géopolitiques, stratégiques, etc., et on déciderait d'un format de défense adéquat avec l'analyse. Ce n'est manifestement pas ce que l'on fait.

Prenons un exemple emblématique. On parle, dans les coulisses, de construire un deuxième porte-avions. Or, l'existence du missile Zircon russe, Mach 9 et plus de 1000 km de portée, fait de ces engins, des armes dépassées et d'un autre siècle.

Remarquons aussi que, dans l'hypothèse où la Russie serait la puissance ennemie, on ne voit guère l'intérêt d'un porte-avion contre elle, puisque c'est une entité avant tout continentale. Enfin, un porte-avions sert à se projeter. On n'est donc plus tout à fait dans la défense, mais plutôt dans la guerre et, comme cela ne vaut rien face à une puissance digne de ce nom, cela veut dire que c'est un moyen néo-colonial. La France, ancien pays colonisateur, aurait des velléités néo-coloniales ? Le gouvernement devrait s'expliquer sur cela. Il n'est pas sûr que la population apprécierait.


5. Le début de la compétition

Le monde étant ce qu'il est, nous savons très bien que les populations du globe sont dans une relative compétition. De là à dire que cette dernière est une forme de guerre, il n'y a qu'un pas que nous n'hésitons pas à franchir.

Or, ce qui caractérise l'homme, c'est avant tout son intellect. La course ne peut donc se faire ou presque que sur ce plan-là. Et cela commence dès l'école. Nous sommes en compétition, sur notre système scolaire, avec le reste du monde. Regardez les Américains (et nous !) qui n'arrivent pas à fabriquer des missiles hypersoniques. C'est dans les cerveaux que cela ne marche pas !

Que fait-on actuellement dans l'enseignement ? Rien ! D'ailleurs, nous sommes en queue de peloton dans les classements de type PISA. Attention ! Ces derniers ne mesurent que les connaissances et les réflexes pavloviens pour résoudre des questions normées. Aujourd'hui, en France, a disparu toute trace d'apprentissage du raisonnement dans les cursus, jusqu'aux classes préparatoires incluses. Ce n'était pas le cas auparavant. En revanche, ce qui a toujours manqué dans l'enseignement de masse, c'est sélectionner les gens intelligents, c'est-à-dire ceux qui ont des idées.

Pour reprendre une expression déjà citée plus haut, on a une grande tendance à éliminer ceux qui sont doués en système D. C'est bien dommage, car ce sont sûrement les meilleurs ! Si on arrivait à leur inculquer le raisonnement et le savoir sans les dénaturer, nous aurions probablement un succès extraordinaire au niveau mondial !

Mais, dans ce système, tout est à revoir !


6. L'indépendance

Il est assez cocasse de constater que la Chine est inscrite en haut de liste de nos adversaires, sinon ennemis, alors que nous dépendons d'elle à un point parfaitement insoupçonné.

Nous nous sommes déjà bien exprimés sur le sujet dans d'autres textes, aussi n'allons-nous pas épiloguer. Mais nous nous plaçons ici dans le contexte des systèmes. Manifestement, alors que c'est le rôle premier d'un gouvernement, personne ne considère notre pays comme un système. Or, il y a des entrées, des sorties, des dépendances dont les flux peuvent être contrôlés, modifiés, diversifiés, etc. Nous en arrivons, en matière de défense, à un désastre absolu, car si, demain, la Chine coupe, à l'occasion d'un conflit, le robinet des terres rares, il n'y a tout simplement plus d'Occident : plus de téléphones mobiles, plus d'ordinateurs, plus d'allumages électroniques pour les voitures, plus de batteries, etc. Idem sur les médicaments, comme cela a été révélé par la crise du COVID.

La course après le seul argent, le règne de la seule finance depuis des décennies, ont conduit à cette situation calamiteuse. Il en est né une sorte de caste dirigeante composée de personnes apatrides dont les intérêts ne coïncident pas avec ceux du pays et qui prennent aujourd'hui leurs ordres à Washington, demain peut-être à Pékin. Et, en conséquence, le gouvernement français n'est pas souverain et donc le peuple ne l'est pas non plus.

Le changement devra venir de la population, nécessairement, mais elle est pour l'instant sevrée par les oligarques qui possèdent les moyens de propagande qui s'avèrent, hélas, très efficaces, malgré une situation économique désastreuse. À se demander d'ailleurs, si cette faillite n'a pas été voulue pour empêcher tout retour à l'indépendance de la nation française.

Alors, maintenant, une défense française ? Oui, mais à condition qu'elle soit souveraine. Ce n'est clairement pas le cas. Les fédéralistes européens diront qu'elle ne peut être atteinte qu'au niveau continental. Mais c'est absolument faux ! C'est même pis. Le contrôle des élites des autres pays européens est encore plus important que chez nous où il nous reste quelques scories d'un passé glorieux.


7. Le tissu industriel

Si le conflit ukrainien a bien montré une chose, c'est l'importance du tissu industriel et la capacité d'un peuple à s'immiscer dans l'effort de guerre. Nous avons plus haut parlé de l'instruction qui est essentielle à cela et il nous faut aborder maintenant les aspects capitalistiques.

Le sujet vient de très loin ! Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, il y avait pléthore d'entreprises, par exemple dans le secteur aéronautique. On en aura une idée pour la France dans l'ouvrage intitulé Histoire de l'aviation2. Les gouvernements des années 50-60 décidèrent de rationaliser cela et décapitèrent volontairement certaines sociétés au profit d'autres : Dassault et Aérospatiale en furent les vainqueurs au détriment de certains de leurs compétiteurs et avec pour conséquence une uniformité de points de vue.

Boeing, le premier, imagina pour l'aviation civile, la notion de famille pour diminuer les coûts, déjà, contre la performance et cela contamina ce qui s'appelle Airbus. Comparez la Caravelle de 1952 et l'A350-1000 ULR qui vient de sortir et cherchez les différences. On n'a fait qu'améliorer sans jamais repartir de la feuille blanche. Tant et si bien d'ailleurs qu'aujourd'hui, plus un ingénieur ou presque n'est capable de faire une machine volante à partir de zéro, à moins qu'il ne reproduise ce qu'il a toujours connu, c'est-à-dire un Airbus, un Boeing, voire, maintenant, un COMAC. Nous sommes donc dans une perspective de courir après une asymptote, où, pour être epsilon au-dessus du concurrent, le différentiel de coûts à engager est exponentiel.

Prenons, un instant, le contre-exemple du missile hypersonique qui vient d'un autre horizon et posons-nous la question de combien d'ingénieurs, en France, ont proposé de développer de tels concepts et se les sont vus refuser.

Mais continuons notre saga historique. Dans les années 90, les États-Unis décident de consolider leur industrie en grands conglomérats et procèdent à des fusions : Boeing, Northrop Grumman, Lockheed Martin, etc. L'Europe, en mal d'inspiration et intellectuellement colonisée, imite le suzerain et crée EADS, KNDS, etc. Cela éloigne d'autant les forces laborieuses des centres de décision et, si un Marcel Dassault et même Serge, ou un Jean-Luc Lagardère étaient des ingénieurs, ils sont remplacés par des gestionnaires «nés directeurs».

Je reviens rapidement sur ce concept que j'avais développé en 2008 et qui nous est spécifique. Le cursus type des patrons de grands groupes est ENA ou X, cabinet ministériel pendant cinq ans, puis parachutage comme directeur ou PDG dans un grand groupe dépendant de contrats d'État où ils vont expliquer à ceux qui ont trente ans d'expérience, ce qu'il faut faire et comment le faire.

Dans ces entités consolidées et donc dirigées par la finance avant tout, quelles étincelles ont été faites depuis ces dernières décennies ? Pouvez-vous m'en citer une seule qui soit une réelle innovation ? Et les GAFAM, viennent-ils de ces consolidations ? Bien évidemment, non !

Rappelons pour le plaisir deux événements majeurs. Alors que, dans le secteur spatial il y avait croissance, qui eut l'idée de constellation de satellites en orbite basse ? Motorola ! Une société hors du domaine. Et qui a vraiment mis cela en œuvre ? Elon Musk, qui provenait initialement de PayPal. De même, tandis qu'Ariane était leader mondial suite à l'erreur stratégique de la NASA avec sa navette, qui est parti de rien et a divisé le coût du kilogramme en orbite par 12,5 en vingt ans ? Elon Musk encore une fois !

La restructuration et la consolidation du secteur se sont donc faites en stérilisant les forces vives de la nation. Le pire dans cette affaire, c'est que les autorités, qui devraient veiller au grain, sont complètement aveugles. Ainsi, une startup proposa, aux alentours de 2020, une motorisation pour les véhicules militaires qui divisait la consommation par un facteur 3,5. Elle était soutenue par des institutions dépendant de l'armée. Mais on ne jugea pas bon d'accepter le programme à l'Agence d'innovation de Défense. Et on pourrait multiplier les exemples.

Nous en prendrons un autre pour montrer ce que ce système peut générer comme comportements idiots. En 2019, la DGA s'inquiète (à raison) de potentielles recherches, en particulier en Chine, sur des radars quantiques. Elle réunit donc Dassault, le CEA, l'ONERA et Thalès pour les enjoindre de faire quelque chose sur le sujet. Sans connaître tous les détails, il semblerait – mais nous ne demandons qu'à être démentis – que l'on n'accouchât que du paiement d'un «postdoc». Il en ira sans doute du radar quantique comme de l'hypersonique, on se réveillera quand l'adversaire en aura montré la maîtrise sur un champ de bataille quelconque et probablement encore, n'aura-t-on pas l'intellect à aligner en face pour répliquer en R&D, ce qui est déjà produit en série en face.


8. Le chant du cygne

Nous n'avons pas été exhaustifs et ne souhaitons pas l'être. Nous espérons avoir été assez démonstratifs dans un texte qui demeure relativement court. Nous constatons que nous arrivons à un stade de mort d'un système, y compris dans le secteur de l'armement, qui restait un des fleurons français. C'est le résultat des politiques menées depuis des décennies, et cela s'est précipité via des décisions purement financières de consolidation, de dualité des technologies, de pertes d'indépendance, de vassalisation consentie sinon provoquée, de financiarisation à outrance, etc.

Je vais très succinctement décrire ici ce que j'expliquais déjà dans un ouvrage sur la défense3 en 2007. Je vous fais grâce des détails mathématiques.

Dans le civil, à performance donnée, ce qui compte, c'est la compétition sur le prix. Vous allez donc viser à diminuer celui de composants, à vous organiser pour réduire la main-d'œuvre et la complexité des opérations au maximum, etc.

Prenons un exemple édifiant. Vous avez la maison de vos rêves : vous voulez de très grandes pièces, bien chauffées l'hiver et bien climatisées l'été. Vous souhaitez des robinets en or dans votre salle de bain, du marbre au sol, des tentures textiles de très bonne qualité, et j'en passe. Mais vous allez regarder votre budget et vos désirs seront contraints par votre porte-monnaie. Dès lors, vous allez choisir des équipements moyens, avec des pièces de taille moyenne, un chauffage standard, etc. Vous aurez donc une maison moyenne à moins que vos revenus ne le soient pas.

Dans le domaine de la défense, si on est moyen, on perd ! Il faut viser la suprématie ! Or, avec ce que nous venons de dire, qu'a-t-on fait ? En y introduisant la finance, on a fait du moyen et le résultat final c'est que les Chinois ont fait mieux que nous ou les Russes ! Bien joué ! Vous avez voulu gérer l'argent et vous en avez... Pour votre argent !

Tant que vous n'aurez pas compris cela, nous ne pourrons même pas discuter !

Vous n'avez pas envisagé de prendre des risques. D'ailleurs, à part les missiles hypersoniques très récemment, avez-vous vu un seul projet qui aurait raté pour cause de technique ? Bien sûr que non ! Vous financez des groupes obèses qui vous vendent très cher des choses qui ne sont pas performantes (voir Ariane vs. Elon Musk). Vous interdisez l'entrée de nouveaux venus à l'inverse de ce qui se produit, par exemple, aux États-Unis.

Le parcours type, en France et dans le meilleur des cas, c'est une startup que l'on subventionne et que l'on obligera à se fondre quelques années plus tard dans un grand groupe. Lorsque certains inventeurs vont à la DGA, on refuse de leur passer des contrats dont le montant est supérieur à celui de leur capital. Vous voyez ce que cela peut donner pour une startup ! On empêche aussi de financer des sociétés qui n'auraient pas de retombées civiles pour leurs trouvailles. Nous nous en arrêterons là, tellement la coupe est pleine !

Nous allons résumer tout cela assez facilement. Le conflit ukrainien a montré que le système américain ne fonctionne pas. Nous découvrirons bien si les États-Unis sont capables de redresser la barre. Mais quand les vassaux font, à l'économie, la politique du suzerain et encore en beaucoup moins bien, cela ne peut déboucher que sur l'échec. Et nous y sommes !

source : L'Éclaireur


  • Organisation à but non lucratif destinée à la promotion de l'ingénierie des systèmes, à son développement et à son usage auprès des ingénieurs systèmes.
  • Par Marck Bernard, édition Arthaud, 2012.
  • Logique de défense : 30 idées en 200 pages. Editions Bénévent, 2007.


https://reseauinternational.net/rafales-abattus-ou-le-chant-du-cygne/