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Asie, Pacifique / La “piste intérieure” des pour...
Last post by JacquesL - 22 Mai 2024, 08:39:18 PM
La "piste intérieure" des pourparlers entre Poutine et Xi Jinping

Publié le mai 22, 2024 par Wayan



Par M.K. Bhadrakumar – Le 21 mai 2024 – Source Indian Punchline



En diplomatie internationale, les réunions au sommet se distinguent des réunions régulières de haut niveau lorsqu'elles se tiennent à des moments clés ou à des moments importants pour renforcer les partenariats et/ou lancer des initiatives majeures.

La réunion au sommet qui s'est tenue jeudi dernier à Pékin entre le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine entre dans cette catégorie, puisqu'elle a lieu à un moment crucial où la dynamique du pouvoir mondial est en train de changer et où l'on assiste au spectacle époustouflant d'une histoire en train de se faire en temps réel. (Lire mon article dans NewsClick intitulé « L'entente sino-russe déplace les plaques tectoniques de la politique mondiale »).

Les deux hommes d'État ont passé un jeudi entier ensemble après que l'avion présidentiel de Poutine a atterri à l'aube à Pékin. Des discussions approfondies et très détaillées ont eu lieu. Comme Poutine l'a déclaré plus tard, il s'agissait d'une visite d'État qui s'est transformée en "visite de travail".

Peu après que Poutine soit rentré, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait le point, samedi, devant l'élite de la politique étrangère et de sécurité à Moscou, lors de l'assemblée plénière annuelle du Conseil de la politique étrangère et de défense – l'équivalent russe du Conseil des relations étrangères dont le siège est à New York – et a donné un aperçu inestimable des discussions à huis clos qui se sont déroulées à Pékin.

Au niveau le plus évident, Lavrov a frappé fort dans son discours contre les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN en affirmant sans détour que leur programme visant à infliger une "défaite stratégique" à la Russie sur le plan militaire et autre – pour "décoloniser" ou "démembrer" la Russie, et ainsi de suite – est purement fantaisiste et sera résolument contré. Lavrov a prédit que l'escalade des livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine ne faisait que souligner la réalité du terrain, à savoir que "la phase aiguë de la confrontation militaro-politique avec l'Occident" se poursuivra "à plein régime".

Les processus de pensée occidentaux s'orientent dangereusement vers "les contours de la formation d'une alliance militaire européenne avec une composante nucléaire", a déclaré Lavrov. En particulier, la France et l'Allemagne luttent toujours contre les démons dans leurs greniers – la défaite écrasante que la France a subie face à l'armée russe lors de la guerre napoléonienne et la destruction de la Wehrmacht d'Hitler par l'Armée rouge.

Le tableau d'ensemble est que l'Occident n'est pas prêt pour une conversation sérieuse. Lavrov a déploré qu'"ils aient fait le choix d'une confrontation sur le champ de bataille. Nous sommes prêts à cela. Et toujours". Le fait que Lavrov se soit exprimé sur un ton exceptionnellement dur suggère que Moscou est extrêmement confiant dans le soutien de Pékin dans la phase cruciale de la guerre en Ukraine. C'est la première chose.

L'offensive russe en cours dans la région de Kharkov a démarré alors qu'il ne restait que six jours avant la prochaine visite de Poutine en Chine. Moscou a donné le signal le plus clair possible qu'il s'agit pour la Russie d'une guerre existentielle qu'elle mènera coûte que coûte. Pékin comprend parfaitement les enjeux les plus importants.

Selon les termes de Lavrov, "la Russie défendra ses intérêts dans les directions ukrainienne, occidentale et européenne. Et cela, dans l'ensemble, est compris dans le monde par presque tous les collègues étrangers avec lesquels nous devons communiquer".

Dans son discours, Lavrov a reconnu que la position des dirigeants chinois était un sujet de grande satisfaction pour le Kremlin. Il a déclaré : "La veille, le président Vladimir Poutine s'est rendu en Chine. Il s'agit de sa première visite à l'étranger depuis sa réélection. Les négociations avec le président chinois Xi Jinping et les réunions avec d'autres représentants de la direction chinoise ont confirmé que notre partenariat global et notre coopération stratégique dépassent en qualité les alliances interétatiques traditionnelles de l'ère précédente et continuent de jouer un rôle clé dans le maintien de la sécurité internationale et d'un développement mondial équilibré." C'est la deuxième chose.

L'intérêt du discours de Lavrov réside toutefois dans certaines remarques capitales qu'il a faites concernant la trajectoire future de l'entente entre la Russie et la Chine en tant que telle. Dans un langage mesuré, Lavrov a déclaré que la Russie était ouverte à l'idée de "construire une véritable alliance avec la Chine".

"Ce sujet peut et doit faire l'objet d'une discussion spécifique. Nous [les élites russes de la politique étrangère et de sécurité] pouvons et devons avoir une conversation spéciale sur ce sujet. Nous sommes prêts à débattre et à discuter des idées exprimées dans les publications et visant à construire une véritable alliance avec la RPC", a-t-il déclaré au public d'élite.

En effet, il s'agit d'une déclaration extrêmement importante dans le contexte des tempêtes qui s'accumulent dans le triangle États-Unis-Russie-Chine, la Russie étant au cœur d'une guerre par procuration âprement disputée avec les États-Unis et Pékin se préparant à l'inévitabilité d'une confrontation avec Washington en Asie-Pacifique.

Diplomate accompli, M. Lavrov a veillé à ce que son idée explosive d'une "véritable alliance" atterrisse en douceur. Il a déclaré : "L'évaluation faite par nos dirigeants indique que la relation est si étroite et amicale qu'elle surpasse en qualité les alliances classiques du passé. Elle reflète pleinement l'essence des liens qui existent entre la Russie et la Chine et qui se renforcent dans presque tous les domaines".

En effet, le fait même que Lavrov ait exprimé ouvertement ce point de vue est important, car il indique une coordination entre Moscou et Pékin. D'une manière ou d'une autre, le sujet a été abordé lors des discussions qui ont eu lieu la veille à Pékin entre Poutine et Xi.

Bien sûr, jamais dans leur histoire la Russie et la Chine n'ont été aussi profondément imbriquées. Mais pour que l'entente sino-russe prenne la forme d'une "véritable alliance", les conditions ne cessent de se développer en Asie-Pacifique. Lavrov a noté avec pertinence que "nos actions en Chine et dans d'autres régions non occidentales suscitent la colère non dissimulée de l'ancien hégémon [les États-Unis] et de ses satellites".

Il a affirmé que même si les États-Unis s'efforcent de "monter autant de pays que possible contre la Russie et de prendre ensuite d'autres mesures hostiles", Moscou "travaillera de manière méthodique et cohérente à l'établissement de nouveaux équilibres, mécanismes et instruments internationaux qui répondent aux intérêts de la Russie et de ses partenaires et aux réalités d'un monde multipolaire".

Dans la perspective de la Chine, Lavrov a souligné que l'OTAN cherchait activement à jouer un rôle de premier plan dans la région Asie-Pacifique. La doctrine de l'OTAN parle désormais de "l'indivisibilité de la sécurité dans la région euro-atlantique et indo-pacifique". Des blocs y sont introduits – l'incarnation de la même OTAN. Les tentatives sont de plus en plus nombreuses. On crée des "trois", des "quatre", des AUKUS et bien d'autres choses encore.

Lavrov a conclu qu'"il est impossible de ne pas réfléchir à la manière dont nous devrions structurer notre travail sur le thème de la sécurité dans ces conditions". Il a sensibilisé l'auditoire au fait que le moment était peut-être venu de combiner "les germes eurasiens d'une nouvelle architecture [EAEU, BRI, CIS, CSTO, SCO, etc], une nouvelle configuration avec une sorte de "parapluie commun".

Lavrov a estimé qu'un tel effort serait entièrement en phase avec le "concept de Xi Jinping visant à assurer la sécurité mondiale sur la base de la logique de l'indivisibilité de la sécurité, selon laquelle aucun pays ne devrait assurer sa sécurité au détriment de la sécurité d'autres pays".

Lavrov a indiqué que le concept de sécurité mondiale de Xi Jinping avait été discuté lors de la visite de Poutine en Chine, à la fois au niveau de la délégation et dans un format restreint, ainsi que lors de la conversation en tête-à-tête entre les deux dirigeants. Lavrov a résumé la situation en ces termes : "Nous estimons qu'il y a de bonnes raisons de promouvoir concrètement l'idée d'assurer la sécurité mondiale en commençant par jeter les bases de la sécurité eurasienne".

Lavrov a fait ces profondes remarques publiquement à la veille de sa visite de travail à Astana pour participer à la réunion des ministres des affaires étrangères de l'Organisation de coopération de Shanghai. La Chine assumera la présidence de l'OCS dans le courant de l'année. Lavrov a poursuivi les discussions sur cette question complexe avec son homologue chinois, le ministre des affaires étrangères Wang Yi, qu'il a rencontré plus tôt dans la journée à Astana. Le communiqué de presse russe est disponible ici.

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/la-piste-interieure-des-pourparlers-entre-poutine-et-xi-jinping
#2
L'actualité, les media / Désormais, la CPI doit égaleme...
Last post by JacquesL - 22 Mai 2024, 07:20:13 PM
Désormais, la CPI doit également enquêter sur les ministres britanniques



par Marc Curtis

Armes, entraînement et espionnage : alors que la Cour pénale internationale cible Netanyahou pour crimes de guerre, Mark Curtis en signale sept officiels pour avoir aidé le Premier ministre israélien dans trois domaines.

Sept ministres britanniques – dont Rishi Sunak, David Cameron, Grant Shapps et Kemi Badenoch – doivent faire l'objet d'une enquête pour avoir aidé Israël.



Karim Khan (au centre) annonce lundi un mandat d'arrêt
de la CPI contre Benjamin Netanyahou.

Avec le procureur en chef de la CPI qui a déposé une demande de mandat d'arrêt contre le Premier ministre israélien pour «crimes de guerre et crimes contre l'humanité», l'attention doit se tourner vers ceux qui ont aidé, et continuent à aider, Israël.

Les ministres britanniques ont aidé matériellement Israël pendant ses attaques contre les Palestiniens à Gaza depuis des mois. Ce soutien est fourni de trois manières principales.

Premièrement, le Royaume-Uni est fournir des armes à Israël. Des documents judiciaires récemment déposés révèlent qu'en janvier de cette année, le gouvernement britannique disposait de 28 licences «d'armes à haut risque» en vigueur et de 28 en attente avec Israël, marquées comme «les plus susceptibles d'être utilisées par Tsahal dans des opérations offensives à Gaza».

Le 18 janvier, les forces israéliennes ont bombardé un complexe résidentiel à Gaza abritant l'équipe médicale d'urgence de Medical Aid for Palestiniens (MAP), une organisation caritative britannique. Quatre médecins britanniques ont été blessés lors de la frappe aérienne, ainsi que des membres du personnel de la MAP et un garde du corps. 

L'attaque a été réalisée par un avion à réaction F-16, dont les composants ont été fournis par des sociétés britanniques.

Mais le Royaume-Uni continue d'armer Israël, rejetant les appels répétés des groupes de campagne, des anciens juges de la Cour suprême et de certains députés à y mettre un terme. 

Deuxièmement, l'armée britannique continue de former le personnel des forces armées israéliennes en Grande-Bretagne pendant le génocide. 

Le gouvernement a admis que «il y a actuellement six officiers des forces armées israéliennes en poste au Royaume-Uni». Il indique que «Israël est représenté par le personnel des forces armées dans son ambassade au Royaume-Uni et en tant que participants aux cours de formation dirigés par la défense britannique».

Troisièmement, l'armée britannique effectue des vols d'espionnage au-dessus de Gaza en soutien à Israël. Des documents déclassifié ont montré que plus 200 missions de surveillance au-dessus de Gaza ont été entreprises par la Royal Air Force, qui a probablement rassemblé environ 1000 heures d'images de surveillance.

Aucune de ces activités d'espionnage n'est utilisée pour mettre fin aux attaques d'Israël contre les Palestiniens. Le gouvernement britannique affirme que ces activités de surveillance visent uniquement à aider à la libération des otages détenus par le Hamas.

Bien que la CPI ait également inculpé les dirigeants du Hamas pour prise d'otages, il n'y AUCUNE preuve que la surveillance britannique de Gaza a contribué à sauver des vies. Cela encourage plutôt Netanyahou à poursuivre sa campagne militaire et à éviter de négocier un cessez-le-feu, une voie privilégiée par de nombreuses familles d'otages. 

Le secret pour éviter les poursuites



Palais de Westminster, siège du Parlement britannique,
depuis le pont de Westminster, Londres

Les ministres britanniques refusent de fournir des informations détaillées sur ces trois domaines d'activité au Parlement, probablement pour éviter des poursuites pour complicité de crimes de guerre. 

Le ministère britannique de la Défense (MoD) refuse, par exemple, de fournir au Parlement de plus amples informations sur sa formation de personnel militaire israélien en Grande-Bretagne ou sur un accord militaire signé avec Israël en 2020.

Le gouvernement britannique refuse également de donner des détails sur les vols d'espionnage au-dessus de Gaza, qui ont débuté le 3 décembre.

Des documents judiciaires montrent que les ministres britanniques ont décidé de poursuivre les exportations d'armes vers Israël le 8 avril, une semaine après la frappe qui a tué trois travailleurs humanitaires britanniques employés par l'association caritative World Central Kitchen.

Le 8 avril également, le Royaume-Uni a entamé sa dernière série de négociations avec les ministres israéliens pour conclure un nouvel accord commercial. Plutôt que de sanctionner Israël pour ses actions à Gaza, le Royaume-Uni approfondit ses relations commerciales.

Légitimité de l'enquête



Cour pénale internationale de La Haye aux Pays-Bas.

La CPI a la légitimité pour enquêter sur les ministres britanniques puisqu'ils sont protégés légalement et politiquement au niveau national. 

Il n'y a pratiquement aucune chance que le système britannique tienne les ministres responsables de leur complicité dans les crimes de guerre, d'autant plus qu'ils sont protégés par «l'immunité de la Couronne». 

Cela considère que les ministres ne peuvent pas commettre de faute juridique et n'agissent pas en tant que personnes mais en tant qu'agents investis de l'autorité de la Couronne, et sont donc intouchables en vertu de la loi.

L'objectif même de la CPI est d'enquêter et de les poursuivre en justice, y compris pour complicité, des crimes les plus graves lorsque les autorités nationales refusent d'agir. 

Ils s'en moquent

La Convention internationale sur le génocide a besoin tous les États pour prévenir et punir le génocide.

Le principe de la responsabilité de protéger, adopté par tous les États en 2005, met en avant responsabilité des États à empêcher des «crimes d'atrocité» tels que les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l'humanité.

Non seulement les ministres britanniques ne respectent pas ces normes, mais ils soutiennent activement les décideurs israéliens qui les violent.

Les ministres britanniques ont toujours défendu les attaques d'Israël contre les Palestiniens qui ont fait des dizaines de milliers de morts. Ils rejettent explicitement l'accusation de génocide portée par l'Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice.

Les preuves suggèrent que les ministres britanniques ne se soucient tout simplement pas du droit international ni du nombre de personnes – Palestiniennes ou Britanniques – tuées à Gaza.
Dans le même temps, le gouvernement britannique refuse de publier les avis juridiques qu'il a reçus sur la question de savoir si Israël viole le droit international à Gaza.

Ministres responsables

Des mandats d'arrêt ont été émis par la CPI contre Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant. 

Son procureur en chef, l'avocat britannique Karim Khan, affirme avoir des «motifs raisonnables de croire» que les deux ministres israéliens «portent la responsabilité pénale» de crimes, notamment «la famine des civils comme méthode de guerre», «le fait de diriger intentionnellement des attaques contre un civil».

Rishi Sunak, en tant que Premier ministre, ainsi que le ministre des Affaires étrangères David Cameron, le secrétaire à la Défense Grant Shapps et le secrétaire au Commerce Kemi Badenoch – qui approuvent tous les exportations d'armes britanniques vers Israël – doivent faire l'objet d'une enquête pour complicité dans des crimes de guerre.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Andrew Mitchell, qui a exercé les fonctions de chef du gouvernement apologiste pour les actions d'Israël au Parlement britannique, ne devrait pas non plus échapper à l'attention de la CPI.

Le ministre de la Défense Leo Doherty et l'ancien ministre des Affaires étrangères James Cleverly (aujourd'hui ministre de l'Intérieur), qui ont contribué aux décisions du gouvernement britannique concernant la politique à l'égard d'Israël, ne devraient pas non plus échapper aux poursuites

source : Consortium News via La Cause du Peuple

https://reseauinternational.net/desormais-la-cpi-doit-egalement-enqueter-sur-les-ministres-britanniques/
#3
L'actualité, les media / Selon le procureur de la CPI, ...
Last post by JacquesL - 22 Mai 2024, 06:33:34 PM
Selon le procureur de la CPI, ce tribunal était censé condamner l'Afrique et la Russie, mais il se retourne maintenant contre ses maîtres



par Le Média en 4-4-2

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a déclaré lors d'une interview avec une journaliste de CNN que «un dirigeant élu [américain] m'a parlé et a été direct et m'a dit : cette cour [CPI] a été construite et créée uniquement pour l'Afrique et des voyous comme Poutine».

La justice internationale en action : la CPI demande des mandats d'arrêt contre des dirigeants politiques et militaires impliqués dans la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas.

Karim Khan, procureur de la CPI, a annoncé lors d'une interview avec CNN qu'un dirigeant américain élu lui avait confié que la CPI avait été créée uniquement pour juger les crimes commis en Afrique et par des personnalités telles que Vladimir Poutine. Cette déclaration a été faite dans le contexte de l'enquête de la CPI sur les crimes de guerre présumés commis par les États-Unis en Afghanistan.

M. Khan a également souligné que la CPI était un tribunal indépendant et impartial, et qu'elle n'était pas influencée par des considérations politiques. La CPI avait été menacée de représailles par Israël : le Bureau du Procureur avait appelé à cesser toutes les tentatives d'ingérence et d'intimidation.

Cette déclaration de M. Khan intervient alors que la CPI fait face à des critiques de la part de certains pays, notamment les États-Unis, qui ont refusé de ratifier le traité de Rome, le traité fondateur de la CPI.

https://x.com/TribunePop23/status/1792790613865513166
CiterKarim Khan révèle qu'un "haut dirigeant" lui a confié que la Cour Pénale Internationale (CPI) "est destinée à l'Afrique et à des criminels comme Poutine", et non aux pays occidentaux et à leurs alliés..
https://x.com/TribunePop23/status/1792515191680172291
CiterLe procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a annoncé qu'il a soumis des demandes de mandats d'arrêt contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, dans le cadre de l'enquête sur la situation en Palestine..

source : Le Média en 4-4-2

https://reseauinternational.net/selon-le-procureur-de-la-cpi-ce-tribunal-etait-cense-condamner-lafrique-et-la-russie-mais-il-se-retourne-maintenant-contre-ses-maitres/
#4
L'actualité, les media / Puisque je n’ai rien à me repr...
Last post by JacquesL - 22 Mai 2024, 06:08:55 PM
Puisque je n'ai rien à me reprocher, pourquoi voulez-vous me surveiller ?



par Gilbert Guingant

C'est exactement le doigt qui montre limpidement la lune et l'échec reste de ne regarder que le doigt. Soit tout faire pour ne jamais piger que le doigt «d'insécurités» représente précisément les pouvoirs actuels qui figurent la plus grande partie des insécurités réelles. Insécurités sur la santé puisqu'ils vous forcent à l'insécurité des faux vaccins qui se voient (ensuite) retirés du marché. Pour dangerosités. Pourquoi alors ne pas les avoir retirés avant ? Fautes professionnelles graves ? Insécurité puisque tu ne sais jamais quelle vont être tes factures d'électricité. En tout cas rien à voir avec le «coût réel» de l'électricité mais tout à voir avec les escrocs du privé. Qui mettent la société en extrême insécurité. Dans tous les domaines, etc. Tant d'autres exemples brûlants dans la vie quotidienne.

Autre preuve flagrante, celle de découvrir ces pouvoirs qui «ont tout à se reprocher» puisqu'ils veulent une surveillance «sélectivement généralisée» ? Eux-mêmes fuyant en, piaillant le refus «insensé» de tout contrôle rationnel de leurs actes. Selon leur «galimatias» c'est «avoir tout à se reprocher» que ne pas se laisser surveiller. Ici, le contrôle si normal de qui veulent se monopoliser les clefs si sensibles de surveiller les autre mais sans surveillance d'eux-mêmes. C'est, pourtant un pouvoir très exorbitant : à limiter au maximum non ? Lorsqu'il s'avère que ses faux dirigeants devraient être tellement plus surveillés que les autres. Puisqu'ils fuient, en contestant un sain contrôle de leurs actes : et avouent donc «avoir tout à cacher». De la sorte, ils agissent précisément comme s'ils avaient tout à se reprocher. Rasant les murs tels des voleurs ! Ajoutez-y les reproches si fondés de plus de 80% de la population, et vous découvrez l'immensité des dangers d'insécurités qu'ils représentent pour les autres. Dangers évitables : évitons-les !

de @ MrDamienMx :
«On te dit puisque tu n'as rien à te reprocher pourquoi craindre d'être surveillé je rétorque : Puisque je n'ai rien à me reprocher, pourquoi veux- tu me surveiller ?!»

1. Comment alors se méfier de qui baratine si vous n'avez rien à vous reprocher pourquoi craindre d'être surveillé ?

Analyses tirées de la vidéo n°1 de Tocsin surveillance partout «donc» justice nulle part. Lorsque nous pouvons dérouler le fil qui les crame et les fait tomber en prison. Les raisons rationnelles d'une surveillance généralisée n'existent pas. Déjà parce que la surveillance généralisée n'est pas «généralisée». S'en extraient anormalement qui veulent imposer une surveillance généralisée non généralisée. Moins les trop passe-droits de leurs copains et coquins exemptés. De ceci découle, logiquement, que ce sont les initiateurs des surveillances les immenses fouteurs de merde. Les menteurs fomenteurs de toutes les injustices. Les vicieux inventeurs de la méfiance généralisée qui n'a pas lieu d'être. Les seuls qui attirent la... méfiance ce sont bien qui parlent sans cesse de méfiance/ surveillance pseudo généralisée. Ce sont eux les seuls fauteurs de troubles. Personne d'autre ne cherche à tuer la confiance nécessaire à la vie en société, les solidarités et les empathies nécessaires pour «réguler» la vraie économie comme la virtuelle. Trop de mensonges, et tant de fausses nouvelles (fakes news) ont confirmé les doutes à leur sujet. Pourquoi aucun contrôle sur ceux qui veulent nous surveiller ? C'est donc qu'ils ont tout et plus à se... reprocher !

2. le blues de l'insécurité

Le blues de l'insécurité élucide ce «À trop r'garder la télévision, y'en a qu'ça rend d'plus en plus cons». Voir en documents, la dernière vidéo, les paroles de «Le cha-cha de l'insécurité» de Louis Chedid («plus tu deviens con en regardant la télévision»). Exact : «en croyant ce qui n'existe pas et en ne croyant pas ce qui existe» ! Certains vont jusqu'à halluciner que des malfrats attendent tout en bas de chez eux. Parce que passe en boucle une info sur un cassage de gueule. Or c'est à 2000 km de chez eux. Dans un contexte très différent. C'est une seule fois et non 2000. Rien à voir avec ce juste martelé 2000 fois un seul et unique fait... Il n'y a pas de danger proche. Puisque très très lointain... Ce sont ces médias les fouteurs de merde, si passibles de prisons. Prisons fermes, d'ailleurs.

Puisque ?

Une déontologie des stats devrait préciser que, chaque fois, qu'est asséné un 0,01% a commis ci, l'obligation de formuler que 99,99% se comportent, eux, très bien. C'est un fait infiniment minime.

Et que, par contre, les stats des médias d'argent sont, elles, très truquées : seuls les faux dirigeants, seuls les gouvernements corrompus, seuls les trop riches nous causent de la vraie insécurité. La police devrait ls surveiller, voire les arrêter vite, eux. C'est prouvé et c'est chiffré... Inutile de vous méfier des voisins qui subissent pareil que vous et sont manipulés à l'identique. Ne vous divisez jamais, restez unis sans faille afin de les faire partir.

De cesser tous leurs feux !

Réponses déjà : oui très bien ressenti... À ajouter comment y voir comme la juxtaposition ahurissante de tant d'opinions qui vont dans tous les sens envers les Palestiniens. Certaines fondées sur de la vraie information. D'autres l'inverse. Cet inverse qui se trouve dans le mot de Michel Foucault «la classe la plus aliénée de la société est celle qui se croit dominante». Oui ces faux dirigeants quasiment jamais dans les réalités. Parlant sans savoir, condamnant sans vérifier. Se privant stupidement à 99% des socialités loyales, etc. Et entre ces deux opinions toute une gamme incroyable d'intensités différentes.

La déchirure va les atteindre (les aliénés ; les faux dirigeants) plus fort que tous les autres participants de la société. N'est-ce pas déjà commencé ? Avec «le regard froid» auscultez donc les médias très malades !

3. Ainsi : la guerre psychologique trop délaissée ?

Pas chez les pouvoirs illégaux en tout cas. Ce pourquoi il reste si sain de piétiner leurs plates... bandes. Fait !!!

Comment dire ? Si vous n'essayez pas de changer le monde, ce monde va vous changer au point que vous ne pourrez plus essayer ce qui vous tient à cœur. Oui cela a «déjà» commencé à changer ? Donc va continuer tout simplement.

Que veulent-ils des populations ? Qu'elles deviennent aussi corrompues qu'eux. Qu'elles «n'aiment» que les très mauvais citoyens. Et les antisociaux. Que tout le monde y aide leurs pires ennemis. En desservant leurs propres intérêts. Ce pourquoi tout commence par détruire l'esprit critique. Tel être bien dans sa vie à niquer leurs immondes propagandes. Dans la guerre psychologique pénétrée, tout reste martelé afin de démoraliser, décourager, dissuader. Sauf que deux points forts des résistances sont omis. – 1) Que les pouvoirs fuient, épouvantés, tous les débats «à armes égales». Ce qui dénude à vif qu'ils ont déjà... perdu la guerre. Oui... perdue ! En effet, ils n'ont pas un argument massif pour investir tous les terrains ! Que du piteux monologue et de la simplette censure. Autant dire du... vent ! 2) que leur moteur unique c'est de... culpabiliser, faire tomber dans la perte d'estime de soi, etc. Or impossible de culpabiliser les non culpabilisables. Non. Puisque ? Parce qu'ils ont déjà «internalisé toutes les vraies valeurs». Et n'ont donc pas besoin de la police «pour leur dire la loi». Qui ne sont pas culpabilisables échappent aisément aux génocidaires sans issues... C'est là justement que peuvent pénétrer le déformuler les formulations des propagandes. Propagandes qui dissolvent les liens sociaux.

Le niquer les blablas des génocideurs sans issue ? Pour le moment, c'est plutôt la tâche ingrate des ingratitudes. Pourquoi ? Comme les pouvoirs mentent sur tout et trichent sur le reste, il ne s'agit pas d'amplifier leurs com'. Mais bien de la mettre en morceau. Dont, entre autres, déformuler leurs formules. Comme ils s'en foutent inhumainement du futur de l'humanité, il s'agit de garder sa santé morale face à ces pourris, et d'admettre que le seul passage «obligé» de ces dépravés sont les circuits argumentaires. Et que les textes qui ridiculisent leurs formulations venimeuses protègent vraiment la santé mentale de tous.

Vu de l'intérieur, vous pigez à quel point ces textes leur font peur. Ils les minimisent, ne parlent jamais des contenus, rôdent dans les apparences et les styles, diffament les auteurs, voire tentent de les dissuader, de faire pression. Bref, leur pourrissent la vie. But : faire perdre le moral. Résultats : sacrément raté ! Et les lunatiques trolls d'y ajouter leurs piteuses nuisances (vous vous rendez compte, madame, ils tirent contre leur camp !). Aller où est la guerre psychologique des ennemis ! Oui ? La bande passante raconte «leurs» craintes nues. Ces textes, délaissés par les petites têtes sans cœur, sont au top de leur trouilles. Ouais. Pas des textes trop lisses qui «ne les atteignent que peu» ! Ce sont des faits nus non des souhaits. Soit pas vraiment ce que nous voulons ! Mais faut faire «avec»...

Ce sont, en conséquence, ces textes «qui sortent du cadre» qui se trouvent en première ligne. Là où ça fait mal. Vu les comportements iniques subis par leurs auteurs. On ne peut pas dire que les volontaires pullulent. Alors que, sur le fond, ce sont les plus marrants ! Vu le sort injuste de leurs prédécesseurs pilonnés de... partout. La feignasserie mentale n'aime pas être dé-rangée, plus rangée en ordre quoi. Or une simple synthèse-c'est-la-santé dit : il y a tellement de textes qui nous assènent l'existant. Mais c'est du descriptif, des analyses comme toujours, pas des interrupteurs efficaces de routines. Ces bons textes majoritaires (qui doivent demeurer tels qu'ils le font) doivent juste augmenter, déployer leurs ailes latérales. Soit laisser passer le si peu de textes qui attaquent les blablas des pouvoirs aux racines. C'est ainsi. Jamais des sur-autoritarismes, dans l'Histoire, n'ont tant reposé sur le langage (pour rédiger des avalanches de «règles» destinées à désorienter et... culpabilise à fond les populations – encore afin de semer, avec des mots, sans sens, des flots d'irrationalités balancées n'importe comment – le but reste de... bloquer la société d'empêcher son fonctionnement normal, etc.). Le vecteur de ce chaos reste le langage déréglé. Mais cette concentration, jamais vue, sur cette seule «com' verbale» devient leur point de plus extrême fragilité. De leur faute, les pouvoirs sont à la merci de n'importe quel mot, mot formulé dans n'importe quel contexte qu'ils ne peuvent plus contrôler. Donc qu'ils ne peuvent plus... manipuler. Le langage signe leur fin, il suffit d'apprendre comment. Et il se trouve que des auteurs ont appris. Nous sommes bien face à de fauves de... papier qui avaient «oublié» qu'il est impossible de communiquer socialement sans les paroles ! Essayez par soi-même c'est adopter le bon sens : oui le «dernier mot» sera le premier pas de l'Humanité vers son émancipation et sa libération ...

À noter qu'il reste, après des années d'essais-erreurs-réussites, que cela va toujours plus vite de ressentir cette plus grande facilité à dénouer et annuler leurs manipulations, aux faux maitres de ce monde. Nous nous sommes habitués à manier leurs détraquements. Au point de les envelopper déjà tous. Oui nous les «contrôlons» (bien au sens positif du mot – pas au sens répressif, mais au sens... médical !). L'insécurité majeure qu'ils sont se désenfle, se dégonfle, se délite, se fissure. Ils toooommbeeennntttt déjà.

Ainsi de «la privatisation des bénéfices et de la socialisation des Risques» du scandale immense des faux vaccins – toujours plus perçoivent que c'est, là, le début de «leur» fin, aux pouvoirs ! Chut éééécooouuutez...

... AstraZeneca, ce faux vaccin est, en fait,... interdit ! Prohibé, oui il est.

Les cascades des conséquences à venir vont transformer toutes les données : les faux vaccins sont «déclassé» dans la catégorie drogues et les politiciens traitres dans celle des... dealers dangereux.

Le pass' vaccinal devient donc est «un flagrant délit qui incite à user de produits «interdits». Pour empêcher la saine et bonne médecine existante qui a tout ce qu'il faut afin de «soigner les malades sans leur... nuire». La dictature covid ressemble foutrement bien à une mise en danger de la vie d'autrui, flirtant même avec un pré-crime contre l'humanité. Et, pour cela même, doit être inflexiblement contrée avec effets rétroactifs à la clé ! Tant de «preuves et de faits nouveaux» contraignent à refaire à fond le procès du pass' !

Dans le cadre de la salubrité et moralité publique, comment dresser la cartographie des circuits de corruptions afin de les... abolir ? Tant de bons motifs existent : disons pour «conduites hyper sectaires». Ainsi l'anti-justice «contaminée» par le prohibé, finit par couvrir tout ce qui est interdit, par fuir désastreusement les résultats des comportements délictueux des sommets, par perdre tout contrôle serein, etc.

Nous venons de commencer par inventorier les séquences des conséquences infinies...

Poursuivez donc :

source : Imagiter



https://reseauinternational.net/puisque-je-nai-rien-a-me-reprocher-pourquoi-voulez-vous-me-surveiller/
#5
Amérique / Israël/Gaza: Les masques tombe...
Last post by JacquesL - 22 Mai 2024, 02:00:51 PM
Israël/Gaza: Les masques tombent dans la société étasunienne

Publié le mai 22, 2024 par jmarti


Par Ron Unz − Le 6 mai 2024 − Source Unz Review



Je pense que la meilleure manière de comprendre les événements frappants qui ont caractérisé la société étasunienne au cours des mois passés est de revenir sur une observation perspicace, souvent attribuée à tort à Voltaire :

CiterTrouvez qui il est interdit de critiquer, et vous saurez qui règne sur vous



Depuis l'enfance, j'ai compris qu'activisme politique et manifestations constituaient un trait normal de la vie universitaire, le mouvement des années 1960 contre la guerre au Vietnam en a représenté l'un des sommets, dont l'idéalisme héroïque a ensuite fait l'objet de nombreuses éloges dans les manuels historiques. Durant les années 1980, je me souviens avoir vu les abords de l'université de Harvard, ou peut-être de Stanford, envahis de baraquements sommaires pour protester contre l'Apartheid en Afrique du Sud, et il me semble qu'à la même époque, on avait procédé à d'autres occupations à l'Université de Los Angeles pour soutenir sur la durée les Refuzniks en URSS. Les manifestations politiques apparaissaient tout aussi ancrées dans la vie universitaire que les examens de fin d'étude et, en grande partie, les rituels de bizutages et les farces potaches des fraternités traditionnelles, que des étudiants et professeurs censeurs diabolisaient de plus en plus en les désignant comme politiquement incorrects.


Au cours de la dernière décennie, le mouvement Black Lives Matter a soulevé les manifestations étudiantes à de nouveaux sommets, dans tout le pays, aussi bien sur les campus qu'à l'extérieur de ceux-ci, mettant souvent en œuvre de grands défilés, des sit-ins ou du vandalisme, et il est possible que l'influence croissante des smartphones et des réseaux sociaux aient contribué à cette évolution. Dans le même temps, les médias dominants ont, de manière répétée, chanté les louanges et assuré la promotion de ce "mouvement de justice raciale", qui a atteint son sommet après le décès de George Floyd à l'été 2020. Cet incident a déclenché une vague massive de manifestations politiques, d'émeutes et de pillages, ayant mis en scène des personnes jeunes, qui ont submergé quelque 200 villes des États-Unis ; le pire désordre urbain observé depuis la fin des années 1960. Mais, contrairement à cette période, la plus grande partie de nos médias établis et de notre classe politique a dénoncé farouchement toute proposition de déployer la police pour tarir la violence. De fait, en de nombreuses instances, et peut-être même dans la plupart des cas, les forces de maintien de l'ordre seront restées inactives, sur fond d'un nouveau cri lancé par les maîtres politiques : "Retirez les financements à la police!"

Au cours de ces années, de nombreuses universités se sont retrouvées empêtrées dans des controverses de cette nature. Yale a changé le nom de son campus universitaire de Calhoun début 2017, et la liste des changements de nom suite aux manifestations de 2020 autour de la mort de George Floyd est tellement fournie qu'on lui a dédié une page Wikipédia, comprenant certaines de nos bases militaires les plus chargées d'histoire, comme Fort Bragg ou Fort Hood. Les attaques verbales, voire physiques, contre les symboles et statues des présidents et héros les plus célèbres des États-Unis se sont banalisées et ont souvent fait l'objet d'une couverture positive dans les médias. Des personnages comme George Washington, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson et Christophe Colomb ont été diabolisés, parfois avec le soutien de nos élites. Un article d'opinion majeur du New York Times a demandé à ce que l'on remplace le Jefferson Memorial par une statue monumentale représentant une femme noire, cependant que les éditorialistes du Times exigeaient de manière répétée que tous les monuments faisant honneur à George Washington subissent le même sort. De nombreux observateurs ont suggéré que les États-Unis étaient entrés dans une sorte de Révolution culturelle à la chinoise à cause des répétitions à grande échelle de l'idée que l'ensemble de notre passé historique était irrémédiablement corrompu, et qu'il fallait par conséquent l'extirper du domaine public.

La plupart de ces manifestations politiques, et surtout celles qui se sont déroulées sur les campus universitaires ont été saluées, par les amplificateurs que sont les médias, comme emblématiques des grandes vertus de la démocratie étasunienne. Les nombreux défenseurs, dans l'élite, de ces bouleversements sociaux et culturels ont avancé que ces événements prouvaient la grande force de notre société, qui permettait librement les attaques les plus hardies contre nos icônes nationales et nos héros les plus sacrés. Les Étasuniens acceptaient un type d'auto-critique brûlante que certainement nulle autre partie du monde n'aurait toléré.

Cette longue histoire de laisser-faire, voire de glorification des manifestations publiques contre des injustices perçues aura naturellement été absorbée et prise à cœur par les jeunes étudiants qui ont commencé leurs études en septembre 2023. Dans les semaines qui ont suivi, un raid surprise remarquablement osé, lancé par des militants du Hamas d'une bande de Gaza sous siège, a pris les Israéliens par surprise et a débordé les défenses high-tech qui avaient coûté quelque chose comme un demi milliard de dollars à édifier. Des centaines de soldats et d'agents de sécurité israéliens ont été tués, ainsi qu'un nombre équivalent de civils, dont la plupart sont sans doute décédés à cause de tirs amis lancés par des soldats israéliens paniqués. Quelque 240 soldats et civils israéliens ont été capturés et emmenés à Gaza au titre de prisonniers, le Hamas espérant les échanger contre la liberté de milliers de civils palestiniens détenus depuis des années dans les prisons israéliennes, souvent dans des conditions brutales.

Comme d'habitude nos médias dominants, très majoritairement pro-israéliens, ont dépeint l'attaque d'une manière extrêmement partisane, totalement sortie de tout contexte historique, comme cela se fait depuis trois générations. Il s'en est suivi qu'Israël a reçu d'énormes manifestations de sympathie de la part de notre société et de ses élites, et que le pays s'est mobilisé pour lancer une attaque de représailles contre Gaza. Dans les jours qui ont suivi, Antony Blinken, notre Secrétaire d'État, a pris l'avion pour Israël en déclarant qu'il venait "en tant que Juif" et en promettant un soutien sans faille des États-Unis en ce moment de crise, des sentiments complètement réitérés par le président Joseph Biden et l'ensemble de son administration. Mais les combattants du Hamas et leurs captifs israéliens étaient enfouis dans un réseau de tunnels fortifiés, et les en faire sortir risquait de produire de fortes pertes, si bien que Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien, et ses conseillers ont opté pour une stratégie différente.

Plutôt que d'attaquer le Hamas, Netanyahu a surfé sur la vague de sympathie mondiale en lançant une attaque militaire sans précédent contre les plus de deux millions de civils habitant Gaza, apparemment dans l'intention d'en tuer un grand nombre et de pousser les survivants dans le désert égyptien du Sinaï, afin qu'Israël puisse annexer leur territoire et le peupler de Juifs. Peu de temps après, le gouvernement israélien a commencé à distribuer des fusils d'assaut aux colons israéliens de Cisjordanie, en lançant une commande publique de pas moins de 24 000 fusils d'assaut pour ce faire. Mettre entre les mains de fanatiques religieux ces armes automatiques ne pouvait que produire des massacres, de nature à générer une raison pour pousser les millions de Palestiniens jusqu'en territoire de Jordanie. Le résultat final serait la création d'un Grand Israël racialement pur, s'étendant "De la Rivière à la Mer", le rêve entretenu de longue date par le mouvement sioniste. Ainsi, s'il parvenait à ses fins, la place de Netanyahu dans l'histoire juive promettait d'être glorieuse, et ses nombreux pêchés et bévues promettaient d'être oubliés.

Alors que les envois d'aide aérienne assuraient un afflux ininterrompu de munitions, les Israéliens ont commencé une campagne massive de bombardements aériens contre une Gaza densément peuplée et ses résidents impuissants. Cachés dans leurs profonds tunnels, les combattants du Hamas sont restés relativement protégés, mais les civils de Gaza ont subi des pertes dévastatrices, dont une grande partie a été provoquée par des bombes pesant des centaines de kilos, que l'on n'avait quasiment jamais lancé contre des cibles civiles jusqu'alors. De vastes portions de la bande de Gaza se sont rapidement transformées en paysages lunaires, et l'on compte quelque 100 000 bâtiments détruits, parmi lesquels hôpitaux, églises, mosquées, universités, bureaux du gouvernement, boulangeries, et toutes autres infrastructures nécessaires au maintien de la vie civile. Le Financial Times a rapporté qu'en quelques semaines à peine, les destructions subies par une grande partie de Gaza dépassaient déjà celles qu'avaient connu les villes allemandes pendant les années de bombardements alliés de la seconde guerre mondiale.

CiterLa destruction catastrophique du nord de Gaza en une période de moins de sept semaines approche le niveau de dégâts provoqué par les bombardements systématiques des villes allemandes durant la seconde guerre mondiale.
https://t.co/Hm0YiTNOjr
pic.twitter.com/vC3Nx3BP5X
— Financial Times (@FT) — 7 décembre 2023

Bien que Netanyahu soit absolument laïc, il a joué sur sa base religieuse en déclarant publiquement que les Palestiniens appartenaient à la tribu d'Amalek, dont le Dieu hébreu avait ordonné qu'elle fût exterminée jusqu'au dernier nouveau-né. De nombreux autres dirigeants israéliens ont exprimé des sentiments tout aussi génocidaires, et certains soldats et officiers israéliens religieusement zélés ont pris ces déclarations au pied de la lettre.

Ce gigantesque bain de sang a été encore amplifié après que le gouvernement israélien et les propagandistes qui le soutiennent ont commencé à propager des fables sur des atrocités commises par le Hamas, comme des décapitations ou crémations de bébés israéliens, des mutilations sexuelles, ou des viols en groupe. Les médias globalistes notoirement favorables à Israël ont rapporté ces récits avec crédulité pour détourner l'attention du carnage réalisé contre les civils palestiniens. Pour s'assurer que la couverture médiatique restait partisane, les Israéliens ont ciblé les journalistes indépendants présents à Gaza, et en ont tué environ 140 au cours des derniers mois, un nombre aussi important que le nombre total de journalistes tués dans toutes les guerres s'étant déroulé dans le monde entier en plusieurs années.

Les dirigeants israéliens déclarant publiquement leurs projets génocidaires à l'encontre de leurs ennemis palestiniens, et l'armée israélienne réalisant le plus grand massacre télévisé de civils sans défense de toute l'histoire du monde, les organisations internationales ont peu à peu vu la pression monter pour s'impliquer dans le conflit. À la fin décembre 2023, l'Afrique du Sud a soumis à la Cour Internationale de Justice (CIJ) un document de 91 pages accusant Israël de commettre un génocide. Dans les quelques semaines qui ont suivi, les juristes de la CIJ ont produit une suite de jugements quasiment unanimes soutenant ces accusations, et déclarant que les Gazaouis connaissaient un risque grave de génocide potentiel du fait des actions commises par Israël et même un juge désigné par Israël, un ancien Juge dirigeant la Cour Suprême israélienne, a soutenu la plus grande partie de ces verdicts.

Mais loin de reculer, le gouvernement de Netanyahu a redoublé ses assauts contre Gaza, resserrant le blocus sur les denrées alimentaires en interdisant aux organisations de l'ONU responsables de leur distribution. Apparemment, les Israéliens pensaient qu'une combinaison de famine, de bombes et de missiles pouvait constituer le moyen le plus efficace pour tuer ou faire fuir l'ensemble des Palestiniens.

Au cours des quelques mois passés, j'ai discuté de ces développements malheureux dans une longue suite d'articles, et le plus gros de cette production est également résumé dans quelques interviews avec Mike Whitney :


Au cours des dernières décennies, ces événements terribles sont passés relativement inaperçus, les gardiens pro-Israël de nos médias dominants s'assurant que le plus gros de ces informations bouleversantes ne parviennent pas aux yeux ou aux oreilles de l'Étasunien ordinaire. Mais les développements technologiques ont modifié ce paysage médiatique avec les vidéos qui sont distribuées sur des médias relativement peu censurés, comme TikTok, ou Twitter, qui permettent désormais de contourner facilement ce blocus. Malgré les décennies de douleur et d'oppression, les Palestiniens de Gaza étaient un peuple tout à fait moderne, bien équipés en smartphones, et les scènes qu'ils ont filmées ont fait le tour du monde et ont rapidement attiré d'énormes quantités de spectateurs parmi les jeunes Étasuniens qui utilisent les réseaux sociaux comme principale source d'informations.

Durant des générations, les étudiants ont été lourdement endoctrinés au sujet des horreurs de l'Holocauste, ils se sont vus répéter sans cesse qu'ils ne devaient jamais garder le silence lorsque des hommes, femmes et enfants se voyaient brutalement attaqués et massacrés. Les images qu'ils voyaient désormais, montrant des villes dévastées et des enfants mourants ressemblaient exactement à celles que l'on voit dans un film, mais elles provenaient directement du monde physique.

Il y a quelques années, les administrations Trump et Biden avaient proclamé d'une seule voix que le gouvernement chinois se rendait coupable de "génocide" contre sa minorité ouïghour, malgré l'absence de la moindre preuve indiquant qu'un nombre significatif de Ouïghours ait été blessé, ou tué. Selon cette norme, la destruction totale de Gaza et le massacre massif ou la famine délibérément infligée aux millions de Palestiniens constituaient de toute évidence un énorme "génocide" ; dans les semaines qui ont suivi, des étudiants activistes de tous les campus ont rallié le mouvement et se sont mis à organiser des manifestations publiques contre le massacre terrifiant perpétré par Israël.



Trois années plus tôt, un criminel endurci du nom de George Floyd était mort d'overdose durant une garde à vue, et une seule vidéo, très trompeuse, présentant ses derniers moments avait provoqué la plus grande vague de manifestations publiques aux États-Unis depuis la fin des années 1960. Il n'était donc guère surprenant que le distribution à grande échelle de centaines ou de milliers de vidéos présentant des enfants de Gaza morts et mutilés inspirât un puissant mouvement de protestation. Mais cette fois-ci, au lieu de recevoir des louanges pour leur engagement humanitaire, voici que ces étudiants — ainsi que les administrateurs des universités qui avaient autorisé leurs manifestations — se trouvaient férocement attaqués et punis comme je l'ai décrit à l'époque :

CiterAvec des images très parlantes de quartiers de Gaza dévastés et d'enfants palestiniens morts répandues sur Twitter et sur les autres réseaux sociaux, les sondages ont révélé qu'une majorité de jeunes Étasuniens sont désormais favorables au Hamas et aux Palestiniens dans leur lutte actuelle contre Israël. Il s'agit d'un renversement choquant par rapport à la vision entretenue par leurs parents, dont la pensée a été façonnée par des générations de messages très majoritairement pro-israéliens dans les émissions de télévision, les films et les publications papier, et cette tendance au renversement promet de s'amplifier, à présent qu'Israël se voit poursuivi par l'Afrique du Sud et par 22 autres nations devant la Cour Internationale de Justice, accusé de commettre un génocide à Gaza.
 
En conséquence de ces forts sentiments au sein de la jeunesse, des manifestations opposées à Israël ont éclaté dans nombre de nos universités, provoquant l'indignation de nombreux milliardaires donateurs favorables à Israël. Presque sur-le-champ, certains d'entre eux ont lancé une rude campagne de représailles, de nombreux dirigeants d'entreprises déclarant qu'ils allaient s'interdire de recruter le moindre étudiant soutenant publiquement la cause palestinienne, et soulignant ces menaces par une vaste campagne de divulgation d'identités à Harvard et au sein d'autres universités réputées.
 
Il y a quelques semaines, nos dirigeants élus, uniformément favorables à Israël, ont appelé les présidents de plusieurs de nos universités d'élite — Harvard, Penn et le MIT — à témoigner au sujet d'un supposé "antisémitisme" sur leurs campus. Les membres du Congrès leur ont jeté l'opprobre pour avoir autorisé des activités opposées à Israël, allant même jusqu'à les accuser aveuglément d'avoir permis des appels publics à un "génocide juif" sur les campus.
 
La réponse de ces dirigeants d'universités a souligné leur soutien à la liberté d'expression politique, mais a été jugée insatisfaisante par les donateurs pro-israéliens et leurs alliés médiatiques, si bien que des pressions énormes ont été exercées pour qu'ils soient destitués. Dans les jours qui ont suivi, le président de Penn et le président du Conseil de l'établissement, qui le soutenait, ont été contraints à la démission, et peu après, la première présidente noire de Harvard a subi le même sort, des groupes pro-israéliens divulguant des preuves de plagias pour la contraindre à quitter son poste.
 
Je n'ai pas connaissance du moindre précédent ayant vu le président d'une université d'élite étasunienne aussi rapidement déboulonné de son poste pour des raisons idéologiques, et deux instances successives de cet événement en l'espace de quelques semaines à peine m'apparaît comme un développement absolument inédit, qui présente des implications colossales au sujet de la liberté académique.

J'ai pour idée que la plupart des étudiants concernés ont été absolument abasourdis par cette réaction. Durant des décennies, leurs prédécesseurs et eux avaient librement manifesté sur toute une gamme de causes politiques sans jamais avoir à encourir le début de la moindre trace de représailles, sans parler d'une campagne organisée contraignant à la démission deux des présidents de l'Ivy League qui avaient permis leurs manifestations. Certaines de ces organisations étudiantes ont été interdites sur-le-champ, et ceux qui protestaient ont été rudement menacés, mais les images terrifiantes en provenance de Gaza continuaient de s'afficher sur leur téléphone. Comme Jonathan Greenblatt, président de l'Anti-Defamation League, l'avait exprimé auparavant dans un coup de fil qui a fuité : "Nous avons un gros problème avec Tiktok".

De fait, les Israéliens ont continué de générer une avalanche de contenus saisissants pour ces vidéos. Des foules d'activistes israéliens bloquaient de manière répétée le passage des camions apportant des denrées alimentaires et, en quelques semaines, des dirigeants de l'ONU déclaraient que plus d'un million de Gazaouis étaient au bord de la mort faute d'alimentation. Lorsque des Gazaouis désespérés et affamés se sont rués sur l'un des rares convois ayant pu se frayer un chemin, l'armée israélienne a ouvert le feu et a tué plus de 100 personnes dans le "Massacre de la farine", et cette scène s'est ensuite répétée. Toutes ces scènes terrifiantes de mort et de famine délibérée ont été diffusées à l'échelle mondiale sur les réseaux sociaux, certains des pires exemples provenant des comptes de soldats israéliens enchantés de les diffuser, comme la vidéo prise par eux du corps d'un enfant palestinien dévoré par un chien affamé. Une autre image montrait les restes d'un prisonnier palestinien entravé qui avait été écrasé vivant par les chenilles d'un char israélien. Selon une organisation européenne des droits de l'homme, les Israéliens ont de manière répétée utilisé des bulldozers pour enterrer vivants des Palestiniens en grand nombre. Les dirigeants de l'ONU ont rapporté la découverte de fosses communes aux abords de plusieurs hôpitaux, et les victimes apparaissaient comme dévêtues et encore entravées, ce qui fait penser à des exécutions par arme à feu. Comme l'a indiqué Andrew Anglin, un provocateur sur Internet, le comportement des Juifs israéliens n'apparaît pas simplement comme "méchant" mais comme digne de "méchants de bande dessinée", avec des crimes patents qui semblent suivre le scénario de films de propagande absolus, mais dans la vraie vie.

Bien que le bilan officiel des morts comptés à Gaza dans nos médias soit apparu comme à peu près constant au cours des dernières semaines, il s'agit presque certainement d'une illusion. Au cours des deux premiers mois de l'attaque menée par Israël, le ministère de la santé publique de Gaza avait maintenu des listes de décès très détaillées, faisant figurer les nom, âge et codes d'identité des victimes, et avait publié des mises à jour régulières des totaux, si bien que ces nombres paraissaient vraiment bien établis. Mais l'attaque israélienne a bientôt ciblé l'ensemble des bureaux du gouvernement et hôpitaux de Gaza, et début décembre, les dirigeants gazaouis responsables du récapitulatif des morts étaient eux-mêmes morts ou disparus, si bien que le décompte a naturellement eu tendance à stagner, alors même que les conditions empiraient pour ceux qui avaient survécu jusque-là dans la bande de Gaza.

Après moins de trois mois de massacre israélien, quelque 22 000 Gazaouis avaient officiellement été signalés comme morts, mais après plus de sept mois de famine et d'attaques sans relâche, ayant mis en œuvre la destruction de l'ensemble des hôpitaux et d'infrastructures de soins de Gaza, les décompte officiel des morts rapportés dans nos médias n'était monté qu'aux environs de 34 000, un nombre qui apparaît comme fort peu plausible. Début mars 2024, Ralph Nader, une icône progressiste, avait attiré l'attention du public sur ce point, en indiquant que les décès à Gaza étaient certainement fortement sous-estimés, et il avait émis l'hypothèse que le véritable nombre de décès avaient peut-être déjà atteint le nombre des 200 000. Bien que ce total me soit apparu à l'époque comme élevé, le nombre énoncé par Nader a eu le mérite de souligner le caractère ridiculement faible des nombres régulièrement cités par les médias.

Un récent article paru en première page du New York Times rapportait le cas tragique d'un pharmacien palestino-étasunien vivant dans le New Jersey, qui a personnellement perdu 200 membres de sa famille, tués à Gaza, dont ses parents et frères et sœurs. Ce seul échantillon indique la magnitude possible de la sous-estimation du décompte prodigué par les médias après sept mois d'horreur, et le professeur Jeffrey Sachs, de l'université de Columbia, a suggéré quelque chose d'approchant au cours d'une interview récente. Bien qu'il soit impossible de produire des estimations solides, il me semble qu'un bilan de 100 000 morts civils, ou même nettement supérieur, est à ce jour parfaitement plausible.

Ces terribles développements ont naturellement provoqué une vague continue de manifestations étudiantes, qui condamnent Israël pour ces crimes monstrueux, ainsi que notre propre administration Biden pour les livraisons d'argent et de munitions que nous prodiguons à cet État. Le professeur John Mearsheimer, de l'université de Chicago, est l'un de nos universitaires les plus en vue, membre des plus sobres de l'École Réaliste, et au cours d'une interview parue la semaine dernière, il n'a guère exprimé de surprise sur ces sujets. Après tout, a-t-il indiqué, Israël est de toute évidence un État d'Apartheid à l'œuvre dans des actions de génocide sous les yeux du monde entier, si bien qu'il fallait s'attendre à voir des manifestations politiques sur les campus universitaires.

Au cours des derniers mois, des partisans favorables à Israël ont régulièrement dénoncé l'anti-sionisme de leurs opposants, le qualifiant d'antisémitisme et insistant pour qu'il soit interdit. Au mois de février 2024, j'avais noté les implications ironiques de leur positionnement :

CiterIl s'agit d'une situation des plus étranges, qui demande une analyse et des explications soignées. Le mot "antisémitisme" signifie la critique ou le mépris envers les Juifs, et au cours des dernières années, des partisans d'Israël ont demandé, et ont à peu près réussi à obtenir que le terme soit étendu pour comprendre également l'anti-sionisme, à savoir l'hostilité envers l'État juif.
 
Mais supposons que nous cédions sur ce dernier point, et acceptions avec ces activistes pro-israéliens que l'"anti-sionisme" serait bien une forme d'"antisémitisme". Au cours des derniers mois, le gouvernement israélien a brutalement massacré des dizaines de milliers de civils sans défense à Gaza, s'adonnant au plus grand massacre télévisé de l'histoire du monde, et les hauts dirigeants israéliens ont explicitement fait usage de termes génocidaires pour décrire leurs projets vis-à-vis des Palestiniens. De fait, le gouvernement sud-africain a produit un document légal de 91 pages, déposé à la Cour Internationale de Justice, cataloguant ces déclarations israéliennes, et les juristes de cette institution ont été quasiment unanimes à juger que des millions de Palestiniens étaient confrontés à la perspective d'un génocide mené par les Israéliens.

Actuellement, la plupart des Occidentaux affirment considérer le génocide d'une manière absolument négative. Alors, par pur syllogisme, est-ce qu'il ne s'ensuit pas qu'ils devraient adopter et approuver l'"antisémitisme" ? Un visiteur provenant de la planète Mars serait certainement très troublé de constater cet étrange dilemme ainsi que les contorsions philosophiques et psychologiques qu'il semble induire.

 
Il est plutôt surprenant de voir les élites au pouvoir extrêmement policées et "politiquement correctes" des États-Unis et du reste du monde occidental s'employer à faire les éloges soutenus de l'État d'Israël racialement exclusiviste au moment même où celui-ci tue en grand nombre femmes et enfants, et s'emploie avec moult efforts à affamer jusqu'à la mort quelque deux millions de civils dans le cadre du massacre sans précédent qu'il met en œuvre. Après tout, le régime d'Apartheid que connu l'Afrique du Sud était nettement plus modéré et circonspect, et il fut universellement condamné, boycotté et sanctionné alors même qu'il ne commettait qu'une petite fraction de ces écarts.
 

Il se peut qu'un virage important ait été amorcé le 17 avril 2024, lorsque Minouche Shafik, présidente de l'université de Colombia d'origine égyptienne, s'est fait laver le cerveau par un comité du Congrès pour avoir autorisé des manifestations opposées à Israël sur son campus. Ceux qui l'interrogeaient ont affirmé que ces manifestations étaient des actions "antisémites" et avaient amené certains étudiants juifs de Columbia à "se sentir en danger", une situation funeste qui éclipsait aussi bien la liberté d'expression que la liberté académique.

On ne sait pas si Shafik a adhéré à ces arguments ou non, mais il ne fait aucun doute qu'elle avait bien à l'esprit qu'à peine quelques mois plus tôt, ses homologues de Harvard et de Penn s'étaient sommairement vus purgés pour avoir donné la mauvaise réponse, et elle ne tenait pas du tout à partager le même sort. Elle a donc promis de mettre fin à tout antisémitisme public de ce genre au sein de son université, et peu de temps après, on voyait 100 policiers casqués de la brigade anti-émeutes invités sur le campus pour écraser les manifestations et arrêter les manifestants, ces derniers se voyant accusés d'"intrusion", une accusation des plus étranges puisqu'il s'agissait d'étudiants inscrits et manifestant sur leur propre campus.

Cette sorte de descente de police brutale et immédiate semble quasiment sans précédent dans toute l'histoire moderne des manifestations politiques universitaires. Dans les années 1960, on avait assisté à quelques rares épisodes où la police avait été appelée pour arrêter des militants manifestant qui s'étaient emparés des bureaux administratifs de Harvard et les occupaient — à Harvard, paradant avec des armes à feu — à Cornell, ou ils avaient mis le feu à un bâtiment du campus — à Stanford. Mais je n'avais jamais entendu parler de manifestants politiques pacifiques arrêtés sur la zone de leur propre campus simplement en raison du contenu de leur discours politique.

Bien que les mesures de répressions à Columbia, exigées par les membres du Congrès, aient de toute évidence visé à tarir les manifestations sur les campus étasuniens, elles ont eu, comme il fallait s'y attendre, l'effet opposé. Les scènes de policiers anti-émeute casqués arrêtant des étudiants pacifiques sur leur propre campus se sont répandues viralement sur les réseaux sociaux, et ont provoqué une vague de manifestations similaires dans de nombreuses autres universités du pays, rapidement suivies le plus souvent par des arrestations par la police. Selon le dernier décompte, quelque 2 300 étudiants ont désormais été arrêtés dans des dizaines d'universités.

Les actions menées par la police d'État de Géorgie au sein de l'université d'Emory sont apparus comme particulièrement indignes, et un Tweet contenant une vidéo de l'un de ces incidents a déjà été vu 1,5 millions de fois. Une professeure titulaire d'économie, âgée de 57 ans, du nom de Carolyn Frohlin, s'est indignée de voir l'un de ses étudiants maintenu au sol et s'est dirigée vers lui, pour se voir brutalement projetée au sol, entravée, et arrêtée par deux agents musclés dirigés par un sergent. Jim Acosta, une figure de CNN, s'est montré absolument choqué en rapportant cet incident.

Des scènes pires encore se sont déroulées sur le campus de l'université de Los Angeles, où des manifestants pacifiques ont été violemment attaqués et battus par une foule de voyous pro-israéliens sans le moindre lien avec l'université, mais armés de barres, de clubs de golf et de feux d'artifices, provoquant de graves blessures. Une professeure d'histoire a décrit son indignation de voir la police juste à côté rester impassible et ne rien faire alors que les étudiants du campus se faisaient attaquer par des éléments extérieurs, pour ensuite arrêter 200 de ces étudiants. Selon les journalistes locaux, la foule violente avait été organisée et payée par Bill Ackman, un milliardaire pro-israélien.

Je n'avais jusqu'alors jamais entendu parler de foule organisée de voyous extérieurs à qui l'on permettait de s'en prendre violemment à des étudiants étasuniens manifestant pacifiquement sur leur propre campus ; il s'agit d'une scène qui parait bien plus digne d'une dictature latino-américaine. L'exemple le plus proche qui me vient à l'esprit est celui du tristement célèbre "Hard Hat Riot" qui s'était produit en 1970 à New York, au cours duquel des centaines d'ouvriers en bâtiment favorables à Nixon avaient combattu un nombre semblable de manifestants pacifistes dans les rues de Manhattan, un incident tellement indigne qu'il dispose de sa propre page Wikipédia.

Il existe peut-être une analogie un peu différente, mais bien plus proche et récente. Après que Donald Trump a lancé sa campagne présidentielle qui a réussi par surprise, des orateurs favorables à Trump et de droite invités sur des campus universitaires se sont régulièrement fait harceler et attaquer ainsi que leur auditoire par des foules d'antifas violents, ces derniers ayant apparemment été enrôlés et payés pour le faire.

Cette sorte de "déboulonnage" très physique avait pour objectif de s'assurer que leurs idées menaçantes ne parviennent jamais à des étudiants impressionnables ni n'amènent les conservateurs à commencer à organiser leurs propres groupes comme les Proud Boys pour apporter une protection physique. Des bagarres violentes se sont produites à Berkeley et sur d'autres campus, et des émeutes antifas ont perturbé à Washington l'investiture de Trump. Dans mon souvenir, la plupart des organisateurs et des soutiens financiers de ces groupes antifas violents semblaient être juifs, si bien qu'il n'est peut-être pas surprenant que d'autres dirigeants juifs aient désormais commencé à faire usage de tactiques semblables pour supprimer divers mouvements politiques qu'ils considèrent comme indésirables.

Il y a quelques années, un ancien dirigeant de l'American Israel Public Affairs Committee [un lobby créé en 1963 aux États-Unis pour soutenir Israël, NdT] s'était vanté auprès d'un journaliste qui lui était favorable que s'il écrivait n'importe quoi sur une simple serviette en papier, il pouvait dans les 24 heures obtenir les signatures de 70 Sénateurs pour le soutenir, et le pouvoir politique de l'Anti-Defamation League est tout aussi formidable. Il n'est donc guère surprenant qu'au cours de la semaine passée, une majorité écrasante et bipartisane de 320 contre 91 ait adopté à la Chambre une loi élargissant le sens de l'anti-sionisme et de l'antisémitisme dans les politiques anti-discriminatoires du Département de l'Éducation, en codifiant les définitions utilisées dans nos lois relatives aux Droits Civils, pour classifier ces idées comme discriminatoires.

Je n'ai pas essayé de lire le texte, mais son objectif est de toute évidence de contraindre les universités à bannir de leur campus les activités délétères comme les manifestations opposées à Israël, sous peine de se voir privées de leurs financements fédéraux. Il s'agit d'une attaque frontale contre la liberté académique ainsi que contre la liberté d'expression et de pensée pourtant traditionnelle aux États-Unis, et cela peut également pousser d'autres organisations privées à adopter des politiques similaires. Rebondissement particulièrement ironique, la définition de l'antisémitisme usitée dans la loi couvre clairement des portions de la Bible chrétienne, ce qui revient à dire que les législateurs Républicains ignares viennent, la main sur le cœur, d'interdire la Bible dans un pays dont les racines sont chrétiennes à 95%.

Je doute que la moindre arrestation sur ce terrain soit réellement suivie d'effets judiciaires, mais une fois que des idées controversées se voient de plus en plus interdites dans les lieux respectables, la plupart des gens, y compris un certain nombre d'agents de maintien de l'ordre déconcertés, peuvent vaguement commencer à penser que ces idées ont été déclarées interdites.

Bien que la couverture de cette loi dans les médias ait été très faible, ses implications sont des plus graves. Pour le dire simplement, l'"antisémitisme" représente le mépris ou la critique des Juifs, et l'"anti-sionisme" est la même chose vis-à-vis de l'État d'Israël. Il s'ensuit qu'interdire toute critique des Juifs ou d'Israël constituerait certainement un développement juridique des plus remarquables dans notre société.

Cette suppression massive de toute opposition politique au sionisme, mise en œuvre au travers d'un mélange de moyens légaux, quasi-légaux et illégaux a fait l'objet de peu de critiques outragées et diverses. Max Blumenthal et Aaron Mate, de jeunes progressistes juifs très critiques envers Israël et les attaques qu'il mène contre Gaza, ont émis l'idée dans une récente vidéo postée en ligne juste avant le vote du Congrès que les Sionistes constituaient la plus grande menace envers la liberté aux États-Unis, et que les États-Unis subissait une "occupation politique" par "le Lobby israélien".

On ne saurait dire s'ils ont conscience que leur dénonciation agacée est très proche de l'une des phrases les plus célèbres produites par l'extrême-droite lors du dernier demi-siècle, qui avait condamné le système politique en place aux États-Unis, qualifié de ZOG, "Zionist Occupation Government". Au fil du temps, la réalité factuelle commence à apparaitre, indépendamment des prédispositions idéologiques de tout un chacun.

Il est difficile d'exprimer des certitudes à cet égard, mais mon opinion est que l'adoption de cette loi controversée par la Chambre s'apparente sans doute à une gaffe stratégique majeure de la part des forces favorables à Israël, de l'Anti-Defamation League et des autres groupes juifs qui sont derrière cette décision. Les Juifs ne constituent que 2% de la population des États-Unis, et au fil des dernières générations, nombre de leurs organisations semblent avoir mené une campagne très fructueuse pour s'emparer du contrôle des points clés de notre société, mais ce processus a toujours nécessité que leur force et leur influence restent invisibles. Cependant, le soutien uniforme et tout à fait synchrone de la ligne politique étasunienne envers le massacre qu'Israël commet sur les Palestiniens a éveillé l'attention de certains éléments de notre population, et cette tentative législative visant fondamentalement à interdire la critique des Juifs et d'Israël peut produire un impact semblable. Des opinions qui n'étaient jusqu'ici entretenues que dans les franges extrémistes peuvent désormais commencer à connaître une popularité nettement plus élevée.

Par exemple, le caricaturiste Scott Adams est devenu l'un des commentateurs les plus populaires dans les cercles conservateurs et opposés au wokisme, et il vient de publier une dénonciation cinglante de la proposition de loi, qui ressemble à ce qui est habituellement exprimé par des personnalités bien plus extrémistes.

Citer🤯🤯@ScottAdamsSays vient d'énoncer tout ce que @NickJFuentes affirme depuis des années, et s'aligne désormais avec tous les complotistes d'extrême droite sur ce sujet. pic.twitter.com/m4XAgvrsl4
— 🩺The Pharmacopiean💊 (@FarAwayAndCozy) 4 mai 2024

Au cours des premières décennies du XXème siècle, l'énorme Empire russe n'était peuplé que d'environ 4% de Juifs, mais après que les Bolcheviques, parmi lesquels les Juifs étaient massivement sur-représentés, se sont emparés du pouvoir, cette ethnie a pris massivement le pouvoir dans les plus hauts cercles du pays. Cet énorme décalage entre dirigeants et dirigés a naturellement provoqué beaucoup d'hostilité de la part du grand public, et les Bolcheviques ont répondu à ce problème en interdisant l'antisémitisme, la peine allant parfois jusqu'à l'exécution sommaire.

Comme les groupes juifs des États-Unis ne possèdent pas un pouvoir administratif aussi extrême, ils ont été contraints de s'appuyer sur la dissimulation et la manipulation politique pour parvenir à leurs fins, et il se peut qu'ils en aient trop fait avec cette dernière tentative législative visant à interdire la critique. De plus en plus de gens vont peut-être commencer à porter une attention plus soutenue aux décisions apparemment inexplicables prises par nombre de nos élus, tout en remarquant la composition inhabituelle des hautes sphères de notre gouvernement. Sur ce dernier point, l'un de mes articles de 2023 exprimait une évidence :

CiterPrenons par exemple les personnalités de haut niveau de notre administration Biden en cours, qui jouent un rôle central pour déterminer l'avenir de notre pays et du reste du monde. La liste des départements du Cabinet s'est fortement étendue depuis les jours où Washington était président, mais disons que nous centrons notre attention sur les quelques départements les plus importants, dirigés par les personnalités qui contrôle la sécurité et l'économie du pays, et ajoutons-y les noms du Président, du Vice-Président, du directeur de cabinet, et du Conseiller de la Sécurité nationale. Bien que la "Diversité" soit devenue le mantra sacré du parti Démocrate, les antécédents de la poignées de personnalités qui dirigent notre pays frappe par sa non-diversité, surtout si l'on met de côté les deux personnages les plus haut placés.

  • Président Joe Biden (belle-famille juive)
  • Vice présidente Kamala Harris (mariée à un Juif)
  • Chef de cabinet de la Maison-Blanche, Jeff Zients (Juif), qui remplace Ron Klain (Juif, Harvard)
  • Secrétaire d'État Antony Blinken (Juif, Harvard)
  • Secrétaire au Trésor Janet Yellen (Juive, Yale)
  • Secrétaire à la Défense Lloyd Austin III (Noir)
  • Procureur général Merrick Garland (Juif, Harvard)
  • Conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan (Blanc, non-Juif, Yale)
  • Directrice des Renseignements nationaux Avril Haines (Juive)
  • Secrétaire à la Sécurité Intérieure Alejandro Mayorkas (Juif)

De manière surprenante, bien que l'impasse politique actuelle des États-Unis aurait pu alarmer des personnes bien informées depuis la première moitié du siècle dernier, cela ne les aurait sans doute pas surpris. Il y a cinq ou six ans, j'ai lu un livre fascinant écrit par le professeur Joseph Bendersky, un historien universitaire spécialisé dans les Études sur l'Holocauste et l'histoire de l'Allemagne nazie. Comme je l'avais écrit à l'époque :

Citer

Bendersky a passé dix années de recherche pour préparer ce livre, en creusant de manière exhaustive dans les archives des Renseignements militaires des États-Unis et dans les documents et correspondances personnels de plus de 100 hautes personnalités militaires et agents de renseignements. La "Menace Juive" s'étale sur 500 pages, comprend quelque 1350 notes de bas de page, et la liste des sources d'archives s'étend à elle seule sur sept pages. Son sous-titre est "Politiques antisémites de l'armée des États-Unis" et il soutient de manière très convaincante la thèse selon laquelle, durant la première moitié du XXème siècle, et même après cela, les hauts grades de l'armée étasunienne, et surtout les Renseignements Militaires, ont lourdement embrassé des notions qui seraient aujourd'hui universellement condamnées comme relevant de "théories du complot antisémites".

Pour faire simple, les dirigeants de l'armée étasunienne, à cette période, pensaient pour la plupart que le monde était confronté à une menace directe de la part de la communauté juive organisée, qui avait pris le contrôle de la Russie et essayé également de subvertir et de s'emparer des rênes des États-Unis et du reste de la civilisation occidentale.

Au sein de ces cercles militaires, on pensait de manière écrasante que des éléments Juifs puissants avaient financé la Révolution bolchevique en Russie, et s'employaient à organiser des mouvements communistes semblables dans les autres pays, visant à détruire toutes les élites non-juives et à imposer une suprématie juive sur les États-Unis et le reste du monde occidental. Si certains de ces dirigeants communistes étaient des "idéalistes", nombre des participants juifs étaient des opportunistes cyniques, qui essayaient d'exploiter leurs disciples crédules pour détruire leurs rivaux ethniques et ainsi s'attirer richesses et pouvoir suprême. Bien que les officiers de renseignements en soient venus à douter que les Protocoles des Sages de Sion constituât un document authentique, la plupart d'entre eux estimaient que ce document célèbre constituait une description raisonnablement juste des projets stratégiques des dirigeants juifs, dans le but de subvertir les États-Unis et le reste du monde, et d'établir un joug juif.


Bien que les affirmations produites par Bendersky soient sans aucun doute extraordinaires, il apporte une masse écrasante d'éléments pour les étayer, citant ou résumant des milliers de documents déclassifiés par les Renseignements, et il soutient également sa thèse sur la base de correspondances personnelles de nombres agents impliqués. Il démontre de manière convaincante que durant les mêmes années où Henry Ford publiait sa suite controversée Le Juif International, des idées semblables, mais bien plus affûtées, étaient omniprésentes au sein de notre communauté des Renseignements. De fait, alors que Ford se concentrait principalement sur la malhonnêteté, la malfaisance et la corruption juives, nos professionnels des Renseignements Militaires considéraient la Communauté juive organisée comme une menace mortelle pour la société étasunienne et la civilisation occidentale dans son ensemble. D'où le titre du livre de Bendersky.
....
CiterFaisons un pas un arrière et remettons les découvertes de Bendersky dans leur contexte. Nous devons reconnaître qu'au cours de l'ère couverte par ses recherches, les Renseignements Militaires des États-Unis constituaient presque l'ensemble de l'appareil de sécurité nationale des États-Unis — l'équivalent des actuels CIA, NSA et FBI — et était responsable aussi bien de la sécurité internationale qu'intérieure, même si la sécurité intérieure a été peu à peu transmise à l'organisation en expansion de J. Edgar Hoover à partir de la fin des années 1920.


Les années de recherches diligentes menées par Bendersky ont démontré que durant des décennies, ces professionnels d'expérience — et nombre des hauts généraux qui les dirigeaient — étaient fermement convaincus que des éléments majeurs de la communauté juive organisée complotaient implacablement pour s'emparer du pouvoir aux États-Unis, détruire nos libertés constitutionnelles traditionnelles, et en fin de compte prendre le contrôle du monde entier.


Je n'ai jamais cru que les OVNIs étaient des vaisseaux extra-terrestres, et ai toujours considéré ce type de notion comme absurde. Mais supposons que des documents déclassifiés du gouvernement révèlent que depuis des décennies, presque l'ensemble des hauts gradés de notre Air Force aient été absolument convaincus de la réalité des OVNIs. Pourrais-je maintenir mon refus insouciant de même envisager une telle possibilité ? À tout le moins, ces révélations me contraindraient à pratiquer une nouvelle évaluation de la crédibilité probable des autres personnalités qui ont produit des affirmations semblables durant la même période.

Ces opinions ont également été très bien présentées dans les derniers livres et mémoires d'agents de Renseignements Militaires de premier plan comme le professeur John Beaty ou le professeur Revilo Oliver.

Lorsqu'on se trouve confronté à un gouvernement dirigé par des personnalités qui semblent n'avoir qu'une faible indépendance politique, il est utile d'émettre l'hypothèse sur les moyens avec lesquels ces dirigeants symboliques sont contrôlés. Il y a plusieurs années, j'ai discuté des implications fortes de ces méthodes possibles, expliquant peut-être certaines décisions politiques étranges ou des renversements bizarres qui, faute de cette explication, restent des plus troublants.

CiterLorsque l'on examine aujourd'hui les principaux pays du monde, on constate qu'en de nombreuses instances, les dirigeants officiels sont également les dirigeants de fait : Vladimir Poutine est aux commandes en Russie, Xi Jinping et ses collègues du Politburo dirigeant bien la Chine, et ainsi de suite. Cependant, aux États-Unis ainsi que dans d'autres pays occidentaux, cela semble de moins en moins le cas, et les hauts-dirigeants ne sont guère que des hommes de paille séduisants choisis pour leurs attraits populaires et leur malléabilité politique, un développement qui peut présenter des conséquences tragiques pour les pays concernés. Comme exemple extrême, c'est un Boris Eltsine saoul qui avait librement permis le pillage de l'ensemble de la richesse nationale de la Russie par une poignée d'oligarques qui tiraient les ficelles, et le résultat en avait été l'appauvrissement absolu du peuple russe, ainsi qu'un effondrement démographique presque sans précédent dans l'histoire moderne, hors périodes de guerre.


Un problème évident d'instituer au pouvoir des marionnettes est le risque qu'ils essayent de couper leurs ficelles, à l'instar de Poutine qui a débordé puis exilé son parrain oligarque, Boris Berezovsky. Une méthode permettant de minimiser ce type de risque est de choisir des marionnettes tellement compromises qu'elles ne pourront jamais se libérer, sachant que des accusations destructrices bien enfouies dans leur passé pourraient facilement être étalées au grand jour si elles essayaient de devenir indépendantes. J'ai parfois blagué avec des amis sur l'idée que possiblement, pour un jeune homme politique, la meilleure manière de parvenir à une belle carrière serait de commettre en secret un crime monstrueux, et de s'assurer que les preuves de sa culpabilité seront détenues par certaines personnes très puissantes, afin de s'assurer une montée politique rapide.

De plus en plus d'Étasuniens qui prennent la peine de réfléchir sont en train de prendre conscience que sur tant de sujets aussi importants, nos deux partis politiques majeurs apparaissent avant tout comme les deux ailes d'une entité politique unique, parfois désignée comme "parti unique". J'ai discuté de ce phénomène perturbant dans les paragraphes de fin de mon article de lancement de la série de la Pravda américaine :

CiterLa plupart des américains ayant contribué à l'élection de Barack Obama en 2008 voulaient que leur vote constitue une répudiation totale des politiques et du personnel de l'administration jusqu'alors en place, celle de George W. Bush. Pourtant, une fois investi, le choix central d'Obama — Robert Gates à la Défense, Timothy Geither au Trésor, et Ben Bernanke à la Federal Reserve — ne comportait que des hommes déjà en poste à haute responsabilité sous l'ère Bush, et ils ont poursuivi sans faillir leurs plans de renflouement financiers et leurs guerres à l'étranger lancés par son prédécesseur : le résultat en a été le même qu'aurait donné un troisième mandat Bush.
 
Considérons cette fascinante perspective en la personne du récemment décédé Boris Berezovsky, qui fut l'un des oligarques russes les plus puissants, et qui tint les ficelles derrière le président Boris Eltsine à la fin des années 1990. Après avoir pillé des milliards sur les deniers publics, et élevé Vladimir Poutine à la présidence, il s'est brûlé les ailes et a été contraint à l'exil. Selon le New York Times, il avait pour projet de transformer la Russie en faux État bipartite — avec un parti démocrate et un parti néoconservateur —, qui aurait vu des batailles acharnées sur des sujets clivants et symboliques, pendant que dans les coulisses chacun de ces deux partis serait en réalité contrôlé par les mêmes élites dominantes. En divisant ainsi artificiellement de manière permanente les citoyens, et en canalisant ainsi le mécontentement perpétuel dans des voies sans issues, les vrais dirigeants de la Russie espéraient pouvoir se garder richesse et puissance à des niveaux sans égal, régnant dans l'ombre et sans prendre de risques. Au vu de l'histoire des États-Unis au cours des quelques dernières décennies en date, peut-être pouvons-nous imaginer quel modèle Berezovsky a pris pour élaborer son ingénieux dessein politique.

Il y a quelques mois, un jeune soldat du nom d'Aaron Bushnell, entretenant de solides convictions chrétiennes, s'est trouvé tellement bouleversé par l'implication active de son pays dans ce qu'il considérait comme le crime suprême du génocide, qu'il s'est immolé et en est mort, une action de protestation sans doute sans précédent dans toute l'histoire des États-Unis et extraordinairement rare partout dans le monde. Bien que le récit ait rapidement été éludé de nos médias, la couverture de cette action sur les réseaux sociaux a été énorme, et il se peut qu'elle engendre des conséquences durables.

Après avoir discuté de cet incident tragique, j'ai suggéré que le terrible destin des Palestiniens de Gaza pourrait en fin de compte être considéré comme ayant un rôle semblable. Il se peut que la mort de tous ces gens révèle subitement qui dirige vraiment les États-Unis dans l'ombre, aussi bien aux yeux des Étasuniens que du reste du monde.

CiterPour des raisons semblables, je pense que les dizaines de milliers de morts à Gaza n'ont pas perdu la vie pour rien. Au lieu de cela, leur martyr a dominé les médias mondiaux au cours des cinq derniers mois, ce qui révèle de manière décisive face au monde entier la banqueroute morale du système mondial ayant amené à leur perte.
Ce sont sans doute des centaines de millions de personnes, dans le monde entier, qui ont commencé à s'interroger sur des sujets qu'ils n'auraient auparavant pas remis en question. Je soupçonne que les responsables de la destruction de Gaza finissent un jour par se repentir d'avoir ouvert des portes qu'ils auraient en fin de compte préféré garder étroitement fermées.

Ron Unz

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/israel-gaza-les-masques-tombent-dans-la-societe-etasunienne
#6
Asie, Pacifique / Le double standard de l’Occide...
Last post by JacquesL - 22 Mai 2024, 12:44:41 PM
Le double standard de l'Occident sur le projet de loi géorgien sur les « agents étrangers »

Publié le mai 22, 2024 par Wayan




Par Paul Robinson – Le 3 mai 2024 – Canadian Dimension



La République de Géorgie n'a pas connu une vie stable depuis environ 30 ans, c'est à dire depuis qu'elle a obtenu son indépendance de l'Union soviétique. Dans les années 1990, elle a été ravagée par une guerre civile et un conflit ethnique, à l'issue desquels elle a perdu le contrôle des régions autonomes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. En 2003, la Révolution des Roses a renversé le gouvernement du président Edvard Chevardnadze, après quoi la Géorgie a connu le règne plutôt erratique de Mikheil Saakashvili, qui a promis de tourner définitivement le pays vers l'Occident, y compris l'adhésion à l'OTAN et à l'UE.

Saakachvili a cependant exagéré et, en août 2008, a lancé une attaque contre l'Ossétie du Sud dans le but de la reprendre par la force. L'armée russe a immédiatement réagi, a chassé les Géorgiens et a avancé jusqu'à quelques kilomètres de la capitale géorgienne, Tbilissi, avant d'accepter un cessez-le-feu et de rentrer chez elle. Saakachvili a quitté la Géorgie en 2013, discrédité à la fois par la guerre de 2008 et par les révélations de viols et de tortures dans les prisons du pays.

Depuis le départ de Saakachvili, le parti au pouvoir dans le pays est le Rêve géorgien, une organisation considérée comme quelque peu de centre-gauche sur le plan économique mais aussi assez conservatrice sur le plan social, favorisant les valeurs familiales chrétiennes traditionnelles. En matière de politique étrangère, elle reste déterminée à rejoindre l'OTAN et l'UE et a signé un accord d'association avec cette dernière. Mais il a résisté à l'envoi d'une aide militaire à l'Ukraine ou à l'imposition de sanctions à la Fédération de Russie, de peur que cela ne provoque des représailles russes susceptibles de nuire à l'économie géorgienne. Cela a conduit ses critiques à le qualifier de « pro-russe ».

La perception plutôt paranoïaque selon laquelle le Rêve géorgien est un outil de Moscou est au cœur des protestations qui secouent actuellement Tbilissi et menacent la Géorgie d'une nouvelle « révolution de couleur ». La cause en est une législation introduite par le Premier ministre Irakli Kobakhidze qui obligerait les organisations recevant plus de 20 pour cent de leurs fonds de sources étrangères à s'enregistrer en tant qu'« agents étrangers » et à soumettre les détails de leurs finances au gouvernement. Les organisations qui ne le feraient pas seraient sanctionnées par une amende.

Kobakhidze affirme que la loi est nécessaire pour accroître la transparence, un argument très utilisé par les partisans de lois similaires dans les pays occidentaux. La cible évidente de cette législation est le grand nombre d'ONG géorgiennes qui reçoivent de l'argent des pays occidentaux dans le but prétendu de promouvoir l'intégration européenne, les « valeurs occidentales », etc., et également pour mener à bien des tâches telles que le controle des élections. Kobakhidze se plaint que ces ONG aient encouragé la révolution (comme en 2003), propagé de la « propagande gay » et attaqué l'Église orthodoxe géorgienne. Il semblerait qu'il souhaite les contenir. C'est ce qui agace les milliers de personnes qui sont descendues dans les rues de Tbilissi la semaine dernière pour protester contre le projet de loi. S'enveloppant dans les drapeaux de l'UE, ils affirment que le Rêve géorgien agit sous les ordres de Moscou dans le but de détruire les forces pro-occidentales dans le pays. « Tout montre que ce gouvernement est contrôlé par Poutine », a déclaré un manifestant au New York Times, pendant que les autres criaient « Non à la loi russe ! »

Selon Eto Buziashvili, ancien conseiller du Conseil national de sécurité de Géorgie, la loi est une méthode de « répression politique », dont le but est « d'épuiser la société civile et les médias, ... en les laissant dans l'impossibilité de défendre les élections d'octobre ». Elle poursuit : « Ceux d'entre nous qui souhaitent une Géorgie indépendante et libre, dotée d'une démocratie libérale et d'un avenir euro-atlantique, seront confrontés au choix : soit se soumettre au régime dicté par la Russie, soit quitter le pays. Si nous ne faisons rien, ils nous emprisonneront ».

le Rêve géorgien, cependant, tient bon. Ses dirigeants considèrent les manifestants comme des fanatiques idéologiques déterminés à révolutionner et à provoquer un conflit avec la Russie. Dans un discours prononcé lundi, le fondateur du parti, le milliardaire Bidzina Ivanishvili, a accusé le « Parti de la guerre mondiale » d'être à l'origine des manifestations. Selon Ivanishvili, le Global War Party « exerce une influence sur l'OTAN et l'UE, attisant les conflits entre la Géorgie et la Russie et exacerbant la situation de l'Ukraine ». « Les agents étrangers visent toujours à restaurer une dictature cruelle en Géorgie, mais le Rêve géorgien l'en empêchera, en plaidant pour une gouvernance élue par le peuple et non nommée de l'extérieur », dit-il.

L'« extérieur » mentionné par Ivanishvili est bien évidemment l'Occident, dont les dirigeants ont critiqué ouvertement la législation géorgienne relative aux agents étrangers. Le service diplomatique de l'UE, par exemple, a déclaré : « Il s'agit d'une évolution très préoccupante et l'adoption finale de cette législation aura un impact négatif sur les progrès de la Géorgie sur la voie de l'UE. La loi n'est pas conforme aux normes et valeurs fondamentales de l'UE ». Pendant ce temps, un groupe de 14 sénateurs américains signaient une lettre adressée au Premier ministre Kobakhidze, affirmant que la loi « serait utilisée pour faire taire la société civile et les médias qui jouent un rôle important dans l'avancement des institutions démocratiques de la Géorgie ». Ils l'ont exhorté à abandonner sa « voie destructrice » qui met à mal « les aspirations transatlantiques de la Géorgie ».

La réaction hostile de l'Occident soulève une fois de plus des questions d'hypocrisie et de double standard. Après tout, non seulement les États-Unis disposent eux-mêmes d'une loi sur les agents étrangers, mais le concept devient de plus en plus populaire ailleurs en Occident, avec un nombre toujours croissant de pays, dont le Canada, qui adoptent une telle loi ou l'envisagent. Il semblerait qu'il soit acceptable d'exiger que les organisations à capitaux étrangers s'enregistrent auprès du gouvernement, à condition que ce soient les États occidentaux qui le fassent. Mais lorsque la situation s'inverse et que ce sont les institutions financées par l'Occident qui sont obligées de s'enregistrer, les lois sur les agents étrangers se révèlent soudain comme des menaces pour la démocratie incompatibles avec les valeurs fondamentales.

Il ne fait aucun doute que ceux qui mènent la charge contre la loi géorgienne diraient que la comparaison est fausse : que les ONG financées par l'Occident promeuvent les droits de l'homme, la démocratie et d'autres valeurs et institutions universelles qui sont pour le bien de tous, alors que les lois sur les agents étrangers ailleurs, ils ont l'habitude de faire le contraire. Mais ce qui constitue un bon objectif dépend de l'œil de l'observateur. Dans des pays comme la Géorgie, les organisations financées par l'Occident cherchent ouvertement à modifier fondamentalement les institutions politiques, économiques et sociales de leurs pays d'accueil pour les aligner sur celles de l'Occident, et également à faire de ces pays les alliés politiques et militaires de l'Occident. Si vous vivez dans un tel pays et que vous n'êtes pas d'accord avec une modification aussi fondamentale de votre patrie, vous pourriez effectivement considérer ce processus comme une menace.

Ce n'est pas non plus aussi démocratique qu'on aimerait le penser. L'intégration à l'UE, par exemple, nécessite de mettre son pays en conformité avec une série d'exigences de Bruxelles. Ceux qui supervisent le processus sont souvent plus soucieux de faire ce que l'UE leur demande de faire que de faire ce que veulent leurs propres citoyens. En outre, ce que l'on appelle aujourd'hui les « valeurs occidentales » ne sont pas universellement populaires, et le fait que ceux qui promeuvent ces valeurs bénéficient d'importants financements étrangers alors que ceux qui s'y opposent disposent de très peu de ressources propres peut être considéré comme non seulement injuste mais profondément antidémocratique.

En bref, si les États occidentaux ont leurs raisons de se méfier des influences étrangères, ceux des autres pays aussi. En outre, même si la poussée en faveur de l'intégration occidentale peut fonctionner dans des pays relativement unis en faveur, ailleurs elle peut s'avérer profondément source de division et, comme l'a montré l'Ukraine, finalement extrêmement destructrice. C'est particulièrement vrai dans des cas comme la Géorgie, où la question est enveloppée dans une rhétorique géopolitique qui la présente comme une lutte du bien (l'Occident) contre le mal (la Russie). Contrairement aux affirmations des manifestants, rien ne prouve que Moscou tire les ficelles à Tbilissi, mais leur insistance sur ce point risque de transformer une poursuite intérieure en quelque chose de beaucoup plus vaste et, par conséquent, de bien plus dangereux.

Paul Robinson

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/le-double-standard-de-loccident-sur-le-projet-de-loi-georgien-sur-les-agents-etrangers
#7
Politique française / Communiqué de presse Collectif...
Last post by JacquesL - 21 Mai 2024, 09:55:45 PM
Communiqué de presse Collectif soignants : Projet de loi sur la fin de vie : la boite de pandore est ouverte


Le 20 mai 2024

Nos organisations soignantes lancent l'alerte : en moins de cinq jours, les députés de la
commission spéciale ont davantage élargi l'accès à la mort provoquée que ne l'ont fait les
deux pays les plus permissifs sur l'aide à mourir, la Belgique en 22 ans et le Canada en 8
ans, outrepassant même les recommandations du CCNE ou de la Convention citoyenne.

Alors que le texte initial proposait un suicide assisté assorti d'une euthanasie d'exception pour
les personnes qui ne « sont pas en mesure d'y procéder physiquement », la commission spéciale
a ouvert la possibilité du choix entre ces deux modalités de mort provoquée (amendement
n° CS977). L'exposé de l'amendement souligne bien que « le choix entre « euthanasie » et «
suicide assisté » devrait incomber au malade et non au type de maladie. » L'euthanasie
devient donc un choix et non une exception.

L'euthanasie deviendrait aussi un soin, à rebours de ce que rappellent les soignants depuis
des mois : de nombreux amendements adoptés visent à codifier le projet de loi en créant une
nouvelle section dédiée à l'aide à mourir dans le code de la santé publique. Le « droit à l'aide
à mourir » est intégrée au « droit d'avoir une fin de vie digne », tel qu'il est défini à l'article L.
1110-5 du code de la santé publique (CS647).

De plus, le critère de pronostic vital engagé à « court ou moyen terme » a été remplacé par
celui d'une affection grave et incurable « en phase avancée ou terminale » (CS1558). Ces
termes « avancée ou terminale » permettront d'élargir la possibilité d'accéder à l'aide à mourir
« même si son pronostic vital n'est pas directement engagé » (CS659). Cette extension ouvre la
mort provoquée à un nombre indéfinissable de situations dont on a encore peine à mesurer
l'ampleur et la diversité (insuffisance rénale, cancers, cirrhoses, insuffisances cardiaques ou
respiratoires...)

Alors que la question du plein discernement de la personne devait être centrale, les députés ont
voté pour une nouvelle rédaction permettant de prendre en compte le cas d'un patient qui
souhaiterait accéder à l'aide à mourir mais perdrait sa conscience de manière irréversible, en
prévoyant d'inclure cette demande expresse dans ses directives anticipées, situation qui
n'était jusqu'ici pas couverte par le projet de loi (CS1990). Cela implique qu'un choix fait des
années avant d'être malade et jamais révisé s'appliquera irrémédiablement. Aucune vérification
des conditions dans lesquelles ces documents ont été rédigées ou qui les aura véritablement
rédigées n'est en outre prévue. (Il existe par exemple de nombreux cas en EHPAD où ce sont
les familles qui les signent, y compris pour des parents avec troubles cognitifs modérés, en
"discutant avec eux")

Enfin, de nombreux amendements permettent de faciliter la procédure. Citons notamment
la possibilité de réduire le délai donné au requérant (2 jours dans le texte initial) pour confirmer
sa demande. Le médecin aurait désormais « la possibilité de réduire ou supprimer ce délai s'il
estime que celui-ci n'est pas nécessaire. » (CS1278). Par ailleurs, la demande serait valable 12
mois au lieu des 3 mois initialement prévus sans qu'un nouveau contrôle de la « volonté libre
et éclairée » du requérant ne soit nécessaire (CS1778).

De manière inattendue, les députés ont adopté un « délit d'entrave à l'aide à mourir »
(CS1980) qui risque de pénaliser toute remise en cause de ce dispositif et faire peser des
menaces considérables sur la prise en soin des malades en fin de vie ou sur les politiques de
prévention du suicide.

A l'inverse, plusieurs points de vigilance que nous avions soulevés ont été ignorés par les
députés de la commission spéciale, avec le soutien du Gouvernement. Citons notamment :
• Le geste létal pourra être pratiqué par toute « personne volontaire » y compris au sein
de la famille
• La formation et l'accompagnement des soignants et des proches pratiquant l'acte létal
ne sont pas prévus ;
• L'administration de la substance mortelle pourra se pratiquer n'importe où, sans
encadrement, ce qu'aucun pays n'a permis ;
• Les établissements de santé ou médico-sociaux seront tenus de permettre la pratique de
l'acte létal dans leurs murs ; les pharmaciens ne pourront opposer d'objection de
conscience.

Ce projet de loi constitue un point de rupture majeur, car il remet en question dans la loi le
devoir fondamental de l'humanité de ne pas provoquer la mort, même à la demande de la
personne. La fraternité, en tant que valeur humaniste, agit comme un rempart contre la tentation
de répondre à des souffrances par des solutions définitives, en affirmant que la solidarité et
l'accompagnement par des soins de vie sont préférables à l'acte de provoquer la mort. Il reste à
espérer que les députés, réunis en séance publique à partir du 27 mai, comprennent que les
alertes que nous émettons depuis 18 mois n'étaient pas inutilement alarmistes et reviennent sur
des dispositions qui feraient porter de lourdes menaces sur les malades, les personnes en
situation de handicap et les personnes âgées et constitueraient un bouleversement majeur de la
société française.

Contact presse :
t.baranger@coalitio.fr
06.64.53.88.46

https://www.fnehad.fr/wp-content/uploads/2024/05/CP-commission-speciale-VD.pdf
https://www.fnehad.fr/2024/05/21/communique-de-presse-collectif-soignants-projet-de-loi-sur-la-fin-de-vie-la-boite-de-pandore-est-ouverte/
#8
Europe / Robert Fico : Le «canari dans ...
Last post by JacquesL - 21 Mai 2024, 09:08:23 PM
Robert Fico : Le «canari dans la mine» – Le méta-récit européen nous mène au désastre



par Alastair Crooke

La Slovaquie est profondément polarisée : Il y a, d'un côté, une faction fortement pro-UE, qui a méprisé en particulier l'opposition du Premier ministre de longue date à la politique ukrainienne de l'Occident.

Le Premier ministre Robert Fico a été touché par quatre balles tirées de très près lors d'une tentative d'assassinat la semaine dernière. Après cinq heures d'intervention chirurgicale, le pronostic vital de Fico n'est plus engagé, mais son état est jugé sérieux.

La police aurait inculpé un poète et écrivain de 71 ans pour tentative de meurtre (un profil inhabituel pour un agresseur «loup solitaire»).

«Lors de la conférence de presse qui a suivi l'attaque, rapporte Politico, Šutaj Eštok, le ministre de l'Intérieur, a appelé à mettre fin au langage violent et aux attaques sur les médias sociaux qui ont fini par définir la politique slovaque sous l'ère Fico. «Je veux lancer un appel au public, aux journalistes et à tous les hommes politiques pour qu'ils cessent de répandre la haine», a-t-il déclaré.

«Nous sommes au bord de la guerre civile»».

Un député du parti de Fico a crié à l'opposition au parlement que Fico «se bat pour sa vie aujourd'hui à cause de votre haine». Alors que le vice-président du parlement Andrej Danko, chef du Parti national slovaque d'extrême droite, a interpellé l'opposition : «Êtes-vous satisfaits ?»

La Slovaquie est profondément polarisée : D'un côté, il y a une faction fortement pro-UE, qui a méprisé en particulier l'opposition du Premier ministre de longue date à la politique ukrainienne de l'Occident (Fico a été Premier ministre pendant 11 des 18 dernières années).

La réaction à la tentative d'assassinat dans certaines parties de l'Europe n'a toutefois guère suscité de sympathie et a même été à plusieurs reprises à la limite de la disculpation. Cependant, même au sein de ce courant, on admet que la campagne contre Fico a été «toxique». Il a été accusé d'être pro-russe, pro-Poutine et d'entraver le soutien à l'Ukraine.

Le soutien à l'Ukraine est devenu en Europe le prix d'entrée indispensable à toute conversation à Bruxelles. C'est aussi le prix d'entrée pour mener une quelconque politique dans l'UE, comme Orbán et Meloni l'ont appris. Cela n'est pas rationnel, mais ressemble plutôt à une psychose de masse affectant l'élite, qui commence à désespérer de voir son projet d'«Europe géopolitique» s'effondrer et ses erreurs de jugement politique et économique devenir évidentes à mesure que l'Europe glisse vers une crise sociale et économique bien trop prévisible.

Ce n'est pas du tout «rationnel», mais ces élites comprennent que Poutine et la Russie peuvent être utilisés comme symbole de l'autocratique et sombre «autre» dans la conception straussienne (Leo) – selon laquelle «l'ennemi», d'une manière particulièrement intense, est quelqu'un de différent et d'étranger, de sorte que les conflits contre «lui» sont possibles, voire obligatoires (de par sa nature même).

Plus encore, la dynamique même de la reconnaissance puis de la destruction de l'adversaire devient un élément crucial de l'identité nationale ou, dans ce cas, de l'identité de l'«État» transnational de l'UE : «La démocratie en lutte contre les autocrates».

Cette formulation d'un ennemi existentiel si diabolique et si étranger implique que la communication et les relations doivent être considérées comme inimaginables. Le simple fait d'écouter l'autre partie reviendrait à franchir la frontière d'un comportement civique acceptable. Le mème «Poutine/Xi sont des dictateurs» est conçu précisément pour mettre fin à la liberté d'expression ici en Occident.

Cela a pour but d'effrayer les critiques de l'élite et de légitimer la punition de ceux qui «fréquentent» l'ennemi. En Europe, la Russie est le principal objet de haine ; aux États-Unis, c'est l'antisémitisme qui prend le relais, tandis que la Russie, la Chine et l'Iran sont mis sur le même fil comme partageant une malignité commune sur un axe du mal.

En définitive, cette approche tend à un surinvestissement massif dans un récit unique autorisé et, lorsqu'il s'effondre (comme aujourd'hui), il n'y a pas d'issue. Persévérer est la seule option (même lorsque cette ligne de conduite est considérée comme irrationnelle).

Malheureusement, cela peut devenir la voie d'un désastre trop prévisible. Cela commence lentement : encourager l'Ukraine à demander des troupes, envoyer des «formateurs» militaires, puis un petit détachement de troupes en uniforme, etc. Puis rapidement, lorsque les dirigeants s'aperçoivent que leurs hypothèses de base étaient erronées.

Poutine ne bluffe pas... Lorsque leurs troupes reviendront dans des cercueils, à ce moment-là, feront-ils marche arrière ou la peur de paraître faibles les poussera-t-elle à faire des choses stupides ?

Le président de la Finlande n'est qu'un exemple parmi d'autres de ceux qui suivent la «ligne» obligatoire : «L'Ukraine doit gagner cette guerre ... quoi qu'il arrive». «Elle est confrontée à un puissant agresseur, qui viole toutes les règles de la guerre».

Bien entendu, la réponse rationnelle est : «Et alors ?» Le président finlandais propose-t-il sérieusement que l'Europe se mobilise pour attaquer la Russie ? Son Excellence ne remarque-t-elle pas que l'Ukraine est dépassée par la Russie et que l'OTAN l'est également ? Que l'Ukraine ne peut pas «gagner» ?

Faut-il alors considérer l'emportement présidentiel comme un simple «récit», c'est-à-dire qu'il ne faut pas le prendre au sérieux ? Il est en effet impossible que l'UE envisage une guerre contre la Russie. La proposition est absurde.

C'est vrai, mais il n'en reste pas moins que le langage des strates dirigeantes de l'Europe est aujourd'hui empreint d'une ferveur pour le militarisme et la guerre («se préparer à la conscription» ; passer à «une UE géopolitique orientée vers la Défense et la sécurité», etc.).

Alastair Crooke

source : Al Mayadeen

https://reseauinternational.net/robert-fico-le-canari-dans-la-mine-le-meta-recit-europeen-nous-mene-au-desastre/
#9
Asie, Pacifique / Iran : Ce qui compte vraiment
Last post by JacquesL - 21 Mai 2024, 04:46:11 PM
Iran : Ce qui compte vraiment



par Pepe Escobar

Au milieu de toute cette tristesse et de ce chagrin, allons droit au but.

L'intégration de l'Eurasie et le mouvement vers la multipolarité sont fondamentalement menés par trois acteurs majeurs :

La Russie, la Chine et l'Iran.

Il se trouve que ce sont les trois principales «menaces existentielles» pour l'Exceptionalistan.

Le cœur du problème : Poutine a invité l'ambassadeur iranien en Russie, Jalali, à être à la table lors d'une réunion impromptue de la crème de la crème de l'équipe de défense de la Russie dimanche à 22 heures.

Cela va bien au-delà du débat entre «crash accidentel» ou abattage ciblé de l'hélicoptère présidentiel iranien.

Tout le monde était présent : Le ministre de la Défense Belousov, le secrétaire du Conseil de sécurité Choïgou, le chef d'état-major général Guerassimov, le ministre des Situations d'urgence Kourenkov et l'assistant spécial du président Levitin.

Le message : La Russie soutient l'Iran.

Et la Russie soutient totalement la stabilité et la continuité du gouvernement en Iran – qui sont de toute façon déjà pleinement garanties par la constitution iranienne.

Nous sommes plongés dans un mode de guerre hybride totale, à la limite de la guerre chaude, sur la majeure partie de la planète.

Trois États-civilisations en train de façonner un nouveau monde, voilà qui ne saurait être plus clair.

Liés entre eux par des partenariats stratégiques bilatéraux, par leur appartenance aux BRICS et à l'OCS, et dans le prolongement de la rencontre Poutine-Xi à Pékin la semaine dernière, aucun des trois ne permettra aux autres partenaires d'être déstabilisés par les suspects habituels.

Pepe Escobar

source : Pepe Escobar



https://reseauinternational.net/iran-ce-qui-compte-vraiment/
#10
Société / Paris 2024 : chronique d’un vo...
Last post by JacquesL - 21 Mai 2024, 04:31:56 PM
Paris 2024 : chronique d'un voyage dans une ville en décadence



par Maria Fe Celi Reyna

Partie 1


Ce mois-ci, j'étais à Paris, une ville avec laquelle j'ai une très longue histoire et pour laquelle j'ai une affection particulière. La première fois que j'y ai marché, c'était en 1989. En 2004, je suis venu y vivre et je suis resté deux ans. La dernière fois que j'y suis allé, c'était en 2016.

La différence de cette visite est que je suis arrivée à la «ville lumière» par l'autre direction. Au cours des huit dernières années, j'ai vécu cinq ans et demi en Chine, et quatre d'entre elles sans quitter le pays. Si vous venez vivre en Chine (et sortez de la bulle des expatriés), que vous le vouliez ou non, votre perception du monde change à jamais et tout semble différent.

Paris vu de Shanghai est très différente de Paris vu de Lima.


Les transports en commun

Je suis arrivée à l'aéroport Charles De Gaulle. Quand j'ai réussi à sortir de son dédale mal balisé, je me suis dirigée vers la gare RER B, le train de banlieue, qui m'emmènerait au centre de Paris. La station est en travaux et les premiers résultats sont visibles. Ils donnent l'impression d'être arrivé dans une ville en voie de modernisation.

Cependant, quand je suis montée dans le RER B, la réalité m'a frappé. Le train était probablement le même que celui dans lequel j'étais 20 ans auparavant, lent et sale. À Châtelet-Les Halles, le centre névralgique de Paris, j'ai retrouvé plus de travaux. C'est là que j'ai réalisé qu'ils se préparaient pour les Jeux olympiques.

Je pensais que je passerais quelques jours au milieu de l'agitation au sujet des travaux, mais je me trompais. Les autres gares de Paris sont pratiquement les mêmes que celles où je voyageais quand j'y habitais, sauf plus anciennes, corrodées par l'humidité et sales. J'ai perdu le compte du nombre de fois où j'ai dû porter ma valise en raison du manque d'escaliers mécaniques et d'ascenseurs, ainsi que du nombre de fois où j'ai entendu le message demandant de faire attention aux pickpockets.

Et si je commence par la saleté, l'histoire ne s'arrête pas : les odeurs de latrines, les crachats sur le sol du métro, les gouttières sales, etc.

Le jour de mon arrivée, j'ai rencontré une amie rencontrée à Shanghai. Quand elle m'a dit au revoir, elle m'a dit avec le plus grand sérieux : «Occupe-toi de tes affaires». Elle a vécu ici et sait à quel point c'est sûr. Mes instincts de survie péruviens refont surface, mais maintenant que je sais que ce n'est pas normal de vivre comme ça, ils me coûtent plus cher.


Les rues

Le plus choquant était peut-être la pauvreté dans les rues parisiennes, principalement, car je sais qu'il y a quelques années, ce n'était pas comme ça. La pauvreté n'est pas nouvelle pour les Français, mais on voit que, maintenant, le système a débordé. On se promène le long de la rue centrale et commerçante de Rivoli et on rencontre des tentes et des gens dans les rues avec leurs affaires, sans nulle part où aller. Les gens qui mendient sont devenus quelque chose de normal et à seulement quelques mètres de la mairie.

Les années en Chine ont changé mes paramètres de normalité. En 10 jours, j'ai vu plus de pauvreté qu'au cours des cinq dernières années et demie, et que j'ai visité plusieurs villes de ce pays de taille continentale. En 2020, la Chine a éradiqué l'extrême pauvreté et bien que beaucoup aient rechuté pendant la pandémie, il existe déjà un système social qui les aide à se rétablir. Il y a des sans-abri, mais c'est minime et ils recevront bientôt des aides de l'État.

Macron a promis aux Français la libéralisation économique comme solution et, aujourd'hui, les résultats sont visibles : la pauvreté et les inégalités augmentent.

Selon la dernière étude de l'Institut national de la Statistique et des Études économiques (INSEE), publiée en 2023, 14,5% de la population française, en 2021, était en dessous du seuil de pauvreté. C'est 0,9% de plus qu'en 2019 ; tandis que la proportion de pauvres est passée de 18,7% en 2020 à 20,2% en 2021.

Cela se traduit par les effectifs des SDF («sans domicile fixe») qui ne cessent de croître. Selon la Fondation Abbé Pierre, 330 000 personnes sont à la rue. Cela représente une augmentation de 30 000 citoyens en un an, et deux fois plus qu'il y a dix ans.

Pour l'instant, ils blâment la pandémie et l'inflation. Personne n'y croit. Rien n'indique non plus que les politiques du gouvernement changeront. Il est révolu le temps de l'État-providence, qui considérait les gens comme le centre de ses politiques.

En pleine crise sociale, d'autres personnages attirent mon attention : policiers armés et militaires. Une parente me dit qu'après les attaques, c'est devenu nécessaire. Je réponds qu'il y a eu aussi des attentats en Chine et qu'il serait impossible de voir la même chose. Pour commencer, il est interdit à la police de porter des armes à feu et les militaires ne sont vus que le matin sur la place Tiananmen pour la cérémonie de lever du drapeau.

Elle resta silencieuse.

Je l'ai compris en 2016 lorsque les attentats étaient récents, mais en 2024 cela me semble dystopique. Oui, c'est exactement ce qu'ils disent sur la Chine.


Le retour

Au final, je me suis demandé si je n'avais pas exagéré et si Paris n'était pas si dangereux. Mon dernier dîner en ville était au McDonald's de l'aéroport (oui, triste fin, mais quand ma mère a mal au dos, elle s'assoit à l'endroit le plus proche qu'elle puisse trouver et le reste obéit). Soudain, un touriste de quelque part en Asie du Sud a commencé à demander à une dame plus âgée (et blanche) de lui rendre son chargeur. Les employés sont intervenus dans l'altercation et la dame est partie en disant que c'était la faute de McDonald «d'avoir mis tant d'Arabes», et qu'elle a pris ce qu'elle a trouvé. Là, nous avons réalisé qu'elle n'était pas une dame qui allait voyager, mais se promenait dans l'aéroport en poussant le chariot et en volant tout ce qu'elle pouvait. Je n'ai pas réussi à voir si elle avait rendu le chargeur, mais j'ai vu le visage mécontent de l'employé de McDonald's, un Noir, devant les insultes racistes. Je suis restée avec la certitude que je n'avais pas exagéré. Ce que j'ai vu n'était pas un cas isolé mais l'expression d'une ville en déclin et profondément raciste.

Je suis arrivée à Shanghai et j'ai pris le métro sans l'odeur de l'urine. Il avait l'air impeccable à côté du métro parisien. Sur tout le trajet, je n'ai chargé la valise qu'une seule fois pour le contrôle de sécurité du métro (et ils m'ont aidé). Je n'ai pas vu une seule arme à feu. Je ne m'inquiétais pas non plus des pickpockets. Encore une fois, je me sentais libre.

Shanghai est connue pour concentrer une élite libérale qui continue d'admirer l'Occident. Quelques jours après son retour, quelqu'un m'a dit : «Tu ne vas pas me dire que Shanghai est mieux que Paris». «Eh bien, si». Parfois, les Chinois ne réalisent pas à quel point ils sont chanceux.

Je ne sais pas quels sont les plans de la mairie de Paris pour les JO, mais la ville est très loin des standards des villes chinoises (et je risque de dire cela de nombreuses villes asiatiques). Ils devraient travailler à un «rythme chinois» pour améliorer la ville et même dans ce cas, le temps presse.

Très probablement, le Paris qu'ils présenteront au monde sera un maquillage pendant quelques semaines qui fera appel à la mystique d'une ville qui n'existe plus. En fait, on sait que le gouvernement municipal a un plan pour «réinstaller» les «SDF» dans différents endroits du pays pendant la durée des JO.

Si quelque chose comme ça se passait en Chine, ils auraient des centaines de pages écrites et des ONG dénonçant la «violation des droits de l'homme», mais c'est Paris.

Pour quelqu'un avec une si longue histoire avec la ville, comme la mienne, c'est vraiment dommage. Paris mérite tellement mieux.

Tout au long de ce parcours, une question me taraude : «Sont-ils conscient de la baisse de leur qualité de vie ?». J'ai l'intuition que non, mais ce sujet est mieux développé dans une prochaine chronique.

*

Paris 2024 : Cocktail de décadence et de propagande occidentale

Partie 2

J'ai terminé la première partie de cette chronique en me demandant si les Parisiens étaient conscients de leur propre décadence. Mon intuition est que non, parce que la propagande ne le permet pas.

Vivre en Chine vous sensibilise au rôle pernicieux de la propagande occidentale. Si vous sortez de votre bulle d'expatrié, tôt ou tard vous avez un «réveil» lorsque vous commencez à comparer ce qui se dit sur ce pays et la réalité. Certains se taisent pour ne pas aller à contre-courant car, tôt ou tard, ils reviendront vers l'Ouest.

D'autres, nous avons décidé de le dénoncer et en avons même fait un sujet de recherche et d'écriture. Alors, chaque jour qui passe, je m'interroge sur l'origine de ma surprise. Ce que j'ai vu à Paris, je le savais déjà.

J'arrive à la conclusion que, parlant en termes «borréliens» (NDT : du nom de Josep Borrell, ministre des Affaires étrangères de l'UE, dans les faits ministre de la Guerre de l'UE, qui à comparé l'UE à un jardin et le reste du monde à une jungle), il est très différent d'observer un fait de la «jungle» que d'être à l'intérieur du même «jardin». La cécité est beaucoup plus grave et c'était la première fois depuis mon «réveil» que j'y étais confrontée.


Une étincelle de résistance

Quelques semaines avant de me rendre à Paris, le livre de Emmanuel Todd «La défaite de l'Occident» a été publié. L'auteur est l'un des rares intellectuels qui survivent dans la décadence de la société française et c'est pourquoi il conserve encore le privilège de publier, même si cela va à l'encontre du récit hégémonique.

Todd, connu pour avoir prédit la chute de l'Union soviétique, analyse le processus de déclin occidental et sa dernière défaite avec le soutien de l'Ukraine, une nation qu'il a décrit, selon ses propres mots, comme «un pays en décomposition» bien avant le début de l'Opération militaire spéciale.

De plus, il critique le manichéisme occidental, l'aveuglement des dirigeants européens et le leadership qu'ils ont donné aux États-Unis.

Les apparitions médiatiques de Todd sont devenues virales et, malgré les tentatives des journalistes de l'interrompre, il a réussi à transmettre ses idées. C'est pourquoi il est devenu le premier en vente sur Amazon et j'ai demandé à un membre de ma famille de l'acheter pour moi, car j'avais peur qu'il soit épuisé avant mon arrivée. Je n'imaginais pas ce que j'allais trouver ensuite.


L'omniprésence de la propagande antirusse

J'arrive en France avec la promesse de me déconnecter de tout, mais les murs m'en empêchent. Presque à chaque station de métro, je trouve une affiche promotionnelle géante d'une bande dessinée sur l'histoire de Jérusalem, mais je résiste à l'acheter.

Par contre, ma faiblesse était l'hebdomadaire Le Point. Sur la couverture du numéro 2686, daté du 8 février, il y avait un court plan moyen du président Vladimir Poutine, avec le titre «Si Poutine gagne...». J'ai acheté le magazine. Cela ne vaut pas la peine d'y consacrer plus que cette ligne car c'était plus ou moins la même chose.

En fin de compte, j'ai décidé d'acheter la bande dessinée susmentionnée. Je suis allée à la FNAC, l'un des magasins les plus populaires de France, et, avant de le trouver, je suis tombée sur les mécanismes de propagande en action.

Je suis arrivée à la section géopolitique en premier. Sur les étagères proposant les livres les plus remarquables, je suis tombée sur un certain nombre de titres qui donnaient l'impression que la France était attaquée par la Russie. Certains des plus frappants étaient : «Le logiciel impérial russe», «Poutine contre la France», «Allô, Paris ? Ici Moscou, immersion au cœur de la guerre de l'information» et «La guerre russe ou le prix de l'empire. D'Ivan le Terrible à Poutine».


Les livres sur le président ukrainien avec des titres propres de films hollywoodiens ne pouvaient pas non plus manquer : «Vladimir Zelensky. L'Ukraine dans le sang» ou «Nous gagnerons. Vladimir Zelensky et la guerre en Ukraine».

Bref, de la pure propagande déguisée en production universitaire ou, en d'autres termes, des informations partiales présentées comme si elles étaient impartiales.

Il n'y avait aucun signe du livre de Todd. Jusqu'à ce que, lorsque je me suis retournée pour continuer à chercher les bandes dessinées, par hasard, j'ai trouvé un rayon, loin des lumières, plein d'exemplaires.

Je ne sais pas quels ont dû être les critères des gérants du magasin pour placer l'un des livres les plus vendus à l'abri des regards des consommateurs. Le livre était le premier en vente sur Amazon et les présentations de l'auteur sont devenues virales, mais apparemment – notez le sarcasme – ils ne l'ont pas jugé assez intéressant pour être placé à côté des titres qui présentent Poutine comme un empereur maléfique qui est sur le point de les envahir.

Enfin, je suis arrivée à la section des bandes dessinées et en cherchant le livre, je suis tombée sur un ouvrage intitulé : «Wagner, l'histoire secrète des mercenaires de Poutine». Quand on est sensibilisé à la propagande, on se sent vraiment envahi. Il ne suffit pas de livres universitaires, il faut aussi les insérer dans les loisirs. Quand j'ai trouvé le livre que je voulais, j'ai quitté le site le plus rapidement possible.

Tous les jours, dans la maison où je logeais, ils regardaient la télévision. Je ne sais pas s'il s'agissait d'un documentaire ou un reportage, mais son titre était : «La Russie malade de sa guerre». J'avais l'impression d'être dans un labyrinthe dont la sortie était mon vol de retour vers Shanghai.


Le loto de la propagande

Malgré l'omniprésence de la propagande antirusse, il y a toujours des espaces pour les autres.

Dans la même FNAC, j'ai trouvé deux livres sur le 7 octobre dernier en Palestine occupée. J'ai lu les titres de type sionistes et je n'ai pas osé les relire de peur d'endommager mon foie.

La propagande anti-chinoise n'est pas loin derrière. À travers plusieurs stations de métro, je suis tombée sur de grandes annonces de la tournée de la compagnie de danse Shen Yun, composée de membres de la secte anti-science Falun Gong (NDT : Je me disais bien que leurs danses manquaient de drapeaux rouges, les vrais danses chinoises cela ressemble à ça), interdite en Chine et qui a réussi à construire un empire médiatique aux États-Unis. Aujourd'hui, c'est la principale source des canulars les plus grossiers sur le pays où je réside.

La compagnie se produisait pour la deuxième année consécutive sur différentes scènes en France. En me renseignant sur la réception en 2023, je suis tombé sur des commentaires plus négatifs. De toute évidence, son intention n'était pas de gagner de l'argent avec le spectacle.

J'ai eu le sentiment que la propagande anti-Chinoise est forte, mais ce n'est pas «à la mode». Ils me montrent des commentaires innocents comme : «En quoi le crédit social est-il un mensonge si tout le monde en parle !», ou un «Je ne l'aurais pas imaginé», lorsque je commente que les Ouïghours, ainsi que toutes les minorités ayant leur propre langue, étudient à la fois le mandarin et leur langue maternelle à l'école.

Je sais très bien d'où ils viennent. Tant de mensonges ont été transformés en vérité sans que personne ne puisse les contester.

Cerise sur le gâteau, en descendant la rue de Rivoli, j'ai croisé des partisans du Conseil national de la Résistance iranienne, un groupe dissident considéré comme l'aile politique des Moudjahidines du Peuple d'Iran (OMPI). À Paris, il y a de la place pour tous les dissidents.

En dix jours, je suis tombée sur une propagande anti-russe, anti-palestinienne, anti-chinoise et anti-iranienne. Je me sentais comme dans un loto qui, au lieu de chiffres, chantait des pays que les Occidentaux pensent autoritaires et arriérés. Je parie qu'avec quelques jours de plus, il le complèterait avec Cuba, le Venezuela, la Syrie et la République populaire démocratique de Corée.


Propagande et décadence

Dans l'une de ses vidéos lors de sa visite en Russie, Tucker Carlson a déclaré qu'il se sentait «radicalisé» Je sais que le journaliste était sincère car cela arrive à beaucoup d'entre nous qui viennent en Chine. Une fois que vous savez qu'il est humainement possible de sortir 100 millions de personnes de l'extrême pauvreté en huit ans, vous regardez en arrière l'environnement dans lequel vous êtes né et avez grandi, entouré de misère, et votre sang bout. Vous savez qu'il n'y a rien pour le justifier.

Par conséquent, pour éviter la radicalisation, la propagande est nécessaire. Il est plus facile de maintenir la population soumise lorsque vous lui faites croire que le reste du monde est un endroit horrible et dangereux. Ils peuvent s'énerver contre le système et le critiquer, mais ce n'est que lorsqu'ils sortent de leur bulle et voient comment ils ont été bernés qu'ils se radicalisent.

Pour cela, les moyens ne suffisent pas. Il doit être infiltré dans tous les domaines de la vie, en particulier dans le milieu universitaire. Ce sont les scientifiques en sciences sociales et humaines qui donnent le «certificat» de crédibilité.

Paris est un cocktail de propagande et de décadence. Au lieu de faire face à la réalité, les Parisiens vivent dans une bulle où on leur apprend à mépriser toute société qui ne leur ressemble pas. Ils croient que la crise du «jardin» est normale, mais que c'est mieux que d'être dans la «jungle». Ils ne se rendent pas compte que plus que dans un «jardin», ils vivent sur une «île».

Bien qu'il y ait des lueurs de résistance, comme le livre de Todd, ils sont trop petits pour lutter contre le système qui les éteint très facilement. L'avenir est sombre, car, à part une révolution, cette France dont beaucoup d'entre nous ont tant appris, a le temps compté et il semble qu'il n'y ait aucun moyen pour sa société de réagir.

source : Le Grand Soir

https://reseauinternational.net/paris-2024-chronique-dun-voyage-dans-une-ville-en-decadence/