Eléments de phylogénie au collège ?

[JacquesL]

Voici l'info, brute et encore bien incomplète :

> PS : ...j'aurais pu
> témoigner de
> manière plus directe et précise sur les programmes de biologie.

Certes. Que pensez-vous par exemple de l'importance qu'a prise la
phylogénie au collège de nos jours ? Classification des espèces plus
contre-intuitive, mais meilleure appréhension ultérieure de
l'évolution ? Il y aurait à en discuter, d'autant que là, et c'est la
classe, on retombe plus près du sujet de la liste (ou de celle de
l'AFIS si on posait la question à Nicolas Vivant). En effet, c'est
Guillaume Lecointre, ennemi juré de l'UIP, qui est l'artisan de cette
réforme, destinée à combattre les avancées de l'ID en terre de France.

P.

Première réponse du biologiste :

La phylogénie au collège ? Je suis trop vieux pour connaître les programmes
actuels du collège. Avez-vous un lien qui me permettrait de juger de cette
introduction ? Dès à présent et sans avoir donc tous les éléments pour juger
correctement, deux remarques:

1. si l'introduction en question consiste à faire toucher du doigt sur des
ex qu'être cousins ( ou descendant d'un ancêtre commun) est différent d'une
filiation en ligne directe, je me sens parfaitement capable de faire passer
cela à de chères têtes blondes, puisqu'Oscar, 7 ans, mon petit-fils ,fana de
dinosaures a très bien compris cela des oiseaux et de ses bestioles
favorites. (vous me direz peut-être qu'il a hérité cette capacité de son
grand-père ...-;))

2. est-ce que tous les collègues de sc nat sont capables de "faire passer ça
" ? Je l'espère, sans en être certain, car au moins une partie n'a eu AUCUN
enseignement de ce type dans son cursus et pour cause.

En des temps très anciens (réforme Haby) j'ai participé à la nième
commission nationale sur une réforme des programmes. Le ministre ( ou un
conseiller ou ...) souhaitait que la génétique soit introduite en 3 ème. J'y
étais opposé ( en tant que généticien) car j'étais alors certain que les
collègues n'étaient pas préparés à faire cet enseignement, qui demande
d'autant plus de doigté et de recul que l'on s'adresse à un public jeune (
ou non averti). Ce que j'ai vu comme résultat sur mes enfants puis petits
enfants s'est avéré CATASTROPHIQUE pour 3 profs sur 4 ( trois sur les quatre
dont j'ai vu le travail : je précise tout de suite que je ne leur en veux
pas du tout, car ils ne peuvent pas être tous picdelamirandolien et inventer
l'enseignement dune discipline qu'il ne connaissaient pas )

Je me suis ouvert de ces difficultés au doyen de l'inspection générale de
l'époque, pendant le jury d'agreg où je sévissais alors. J'ai fait remarquer
en gros que la quantité d'informations que l'on faisait ingurgiter aux
élèves du collège et du lycée ne permettait pas du tout de soigner la
qualité. Et j'ai eu cette réponse magnifique : " il faut bien que l'on
raconte des choses difficiles, sinon nos collègues physiciens ne nous
prendraient pas au sérieux et cela nous mettrait en difficulté pour défendre
"nos" horaires et "nos" postes"....

Je suppose (c'est une hypothèse plausible!!) que les autres disciplines ne
sont pas indemnes de ce remarquable réflexe, micro-corporatif à l'extrême.
Le résultat est remarquable : seule une petite fraction des élèves résiste à
ce traitement et les "élitistes" type Finkelkraut hurlent que le niveau
baisse ... alors que ce que l'on tente d'apprendre est de plus en plus lourd
et -donc- de plus en plus indigeste et évidemment souvent non digéré.

Quand les lycéens arrivent à l'Université (vous savez...là où tous les
mauvais vont) la moitié est délabrée par ce traitement. Quand on s'intéresse
à leur sort, on en est réduit à mettre des béquilles (dont certaines
finissent par fonctionner, ce qui montre que cette population n'est pas
faite que de crétins paresseux) et à dire " oui, c'est vrai, vous avez vu ça
au lycée, mais je crois que l'on va faire les choses autrement ....dur, dur
que d'intéresser alors et en même temps les meilleurs qu'il n'est pas
question de retarder ....(car je suis aussi favorable à mener les meilleurs
le plus loin possible)

Visiblement, il nous faut plus d'informations.
Mes premières réflexions :
Que voilà un bel exemple de désensorialisation risquée !
Ou je n'ai rien compris à l'idée générale, ou il s'agit bien que les
bambins, au lieu de regrouper les espèces par ressemblances VISIBLES,
qu'ils appréhendent avec leurs sens, devront croire un enseignement
qui prétendra qu'il faut croire des livres, des spécialistes, alors
qu'ils ne pourront rien vérifier par eux-mêmes...

Je vois d'ici les mutineries, armées de Harun Yahia...

En effet, comment créer des "situations-problèmes", où les élèves
pourraient remettre en cause d'eux-mêmes leur première idéation ?
Cela me semble un idéal hors d'atteinte pour la population des
collèges, y compris par les professeurs, avec un matériel pédagogique
traditionnellement indigent.