"Je vais déclarer ma flamme à cette connasse de M."...

[JacquesL]

D'un gabarit inhabituel, on le surnommait "Bulldo", en abréviation de bulldozer. Une bonne partie de son charme résidait dans son fatalisme pacifique, quelque peu dépressif, à l'opposé de la méchanceté prédatrice qui dominait dans notre groupe de moniteurs, et chez les plus remarqués des stagiaires adolescents. C'était au centre du Letty en Bénodet, dans l'institution UNF, Union nautique Française, qui plus tard fusionna avec l'UNCM pour devenir UCPA.

En septembre 1963, nous restions à une demi-douzaine de moniteurs après fermeture de la base, pour tout ranger, nettoyer, pour l'hivernage. Bulldo déclara en privé "Et puis je viens de recevoir une relance de cette connasse de M.". Il laissa traîner ce courrier, que je lus en partie. Effectivement, ladite stagiaire rentrée à Paris et s'y ennuyant, invitait Bulldo à des relations sexuelles, en termes assez clairs.

Ladite M. m'était plutôt antipathique, extrêmement provocatrice et despotique. En aucun cas je n'aurais donné suite si tel courrier m'eût été envoyé. D'un ton fataliste et abattu, Bulldo précisa plus tard "Ben, je vais déclarer ma flamme à cette connasse de M.".
En ce temps là, le sexe était rare, chichement distribué. Bulldo n'allait pas cracher sur un coup à tirer, quoique sans la moindre illusion sur la "connasse" en question.

Vous connaissez tous le dépucelage de Marie-Chantâââl ?
"Enfin Gérââârd ! Décidez-vous ! Entrez ou sortez ! Mais cessez ce va-et-vient ridicule !".
N'accusons pas la vaillance de Gérââârd. Plus tard, Marie-Chantâââl est enchantée de sa nouvelle expérience :
"Mharveilleux ! Vâchement sympa ! Sensass ! On devrait interdire ça au peuple !"
Ce qu'ils firent, du reste.