Trafic du bois abattu illégalement : administration camerounaise corrompue...

[JacquesL]

Mardi 23 décembre, France 2 diffusait un épisode de Vu du Ciel de Yann Arthus-Bertrand, centré sur les forêts tropicales, notamment la forêt malgache.

Intéressant dans l'ensemble, quoique trop souvent superficiel.

Le propos écolo est simpliste, surtout en ce sens que "réchauffement" est tenu pour acquis.

Elles sont quand même bien trop courtes, les connaissances de YAB et de ses interlocuteurs, en pédologie et en recyclage des bases par les racines (notamment dans les sols très lessivés de la côte Est de Madagascar).
Ils ne sont pas allés au delà de "terre", et de "éléments nutritifs".
Le seul métal cité est le fer, quand même, à cause de la couleur rouge de ces sols ferrallitiques, et des sédiments emportés par l'érosion.
Pas entendu une seule fois les mots calcium, ni potassium, ni magnésium, ni sodium, ni soufre, ni phosphore, ni azote, ni silice ni alumine, ni capacité d'échange de cations, rien rien, rien ! Pas un mot des étages pédologiques d'un sol.
Pas un mot des composants organiques des humus, de leurs masses moléculaires, ni du pH, ni du rapport carbone sur azote. A peine un mot sur les insectes et micro-organismes responsables de la minéralisation de la litière.

A peine ont-ils mentionné, et seulement restreint au cas des estuaires, l'effet dévastateur sur la flore et la faune marine, des excès d'alluvions depuis les excès d'érosion à coups de lavakas et de brûlis. Pourtant le désastre marin qui est prouvé à Haïti, par déforestation, ne peut pas être inexistant autour de Madagascar.

Ils ont longuement tardé à nous révéler le secret du financement des mangroves côtières de l'Erythrée : tout vient de la poche de cet américano-japonais. Et qui prendra la suite ?

Ce qui m'a beaucoup ému et indigné, est la corruption du haut en bas de l'administration camerounaise, pour favoriser les abattages clandestins et illégaux d'arbres. Corruption depuis le marquage approbateur d'arbres en dehors des périmètres concédés, jusqu'aux marquages illégaux, au vu et au su de tous, de grumes et sciages dans le port de Douala. Par exemple apposition de marquages de société fantômes n'ayant pas de scieries, sur des sciages ayant une autre marque précédemment, recouverte par la nouvelle marque après peinture.

Ils détruisent leur pays, pour un bénéfice à très court terme. Il faut deux cents ans pour refaire un iroko qu'ils abattent en quelques minutes. Et les sols ne se maintiennent pas dans l'intervalle, ils sont irrémédiablement lessivés et ne reste que l'horizon B, d'alumine, oxyde ou hydroxyde de fer, kaolinite et quartz, le tout à capacité de stockage et d'échange de cations quasi nulle, sans humus, sans matières organiques.

Un journaliste qui aurait l'audace d'enquêter sur le trafic du bois au Cameroun part directement en prison. Ils ont travaillé en caméra cachée, et ne sont pas près de retourner au Cameroun...