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Le sabordage de l’outil électronucléaire décrété par Matignon en juin 1992

Démarré par JacquesL, 05 Octobre 2022, 12:08:08 PM

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JacquesL

Le sabordage de l'outil électronucléaire décrété par Matignon en juin 1992


André Pellen

Il ressort de la présente rétrospective que les mêmes fossoyeurs sont à la manœuvre depuis 30 ans, bénéficiant sur la durée des mêmes complicités, des mêmes complaisances et des mêmes veuleries de droite et de gauche.




 Publié le 25 septembre 2022

 
Réputée avoir eu la peau de Superphénix, Dominique Voynet ne fit en réalité que cueillir les fruits de l'inlassable travail de sape accompli par Corinne Lepage durant la décennie 1987-1997. C'est donc à juste titre que la seconde traita la première d'usurpatrice dans les colonnes du journal Le Monde, en juillet 1997.
Toutefois, la plaignante oubliait à son tour de souligner le rôle terriblement efficace que, en tant que ministre de l'Environnement, la toute jeune et fraîche protégée du président Mitterrand, Ségolène Royal, joua dans la descente aux enfers de la centrale, en bloquant administrativement sa remise en service entre juillet 1990 et juillet 1992 ; mortelle initiative qui contraignit l'exploitant – la société Nersa – à solliciter une nouvelle autorisation de création de centrale, au motif fallacieux que cette dernière avait été arrêtée durant plus de deux ans.
S'ensuivit une enquête publique débouchant en juillet 1994 sur la parution d'un nouveau décret d'autorisation tellement mal ficelé (à dessein ?) que, dès septembre 1994, il était attaqué en annulation devant le Conseil d'État... par Corinne Lepage ; admirable passage de témoin entre coreligionnaires ! Pourtant, si le recours visait bien la démarche de l'État français, il ne s'en prenait ni à la technologie, ni à la sûreté de la centrale.
Partant, il incombait d'autant plus à cet État de contre-attaquer qu'il lui était aisé de réfuter un motif aussi grossier et aussi stupide que prétendre la « centrale n'être plus une centrale de production » quand le décret autorisant son fonctionnement à la puissance nominale de 1200 MW électriques... prévoit « qu'elle ne serait plus couplée au réseau » (sic) !
 
Comment le sabordage du nucléaire a débuté
Lorsqu'en février 1997 le recours passa devant le Conseil d'État, on attendait on ne peut plus naturellement que la défense fut assurée par les deux ministres de tutelle directement concernés, dont le ministre de l'Environnement nouvellement nommé par Alain Juppé... Corinne Lepage ! Tenue de réfuter les arguments du recours qu'elle avait elle-même rédigé, la ministre s'abstint sans vergogne de produire tout dossier de défense. Sans surprise, le décret d'autorisation de création de la centrale fut annulé par l'insolite jugement du Conseil d'État en précisant le statut sans appel. On connait la suite : le 19 juin 1997, Lionel Jospin fit part à l'Assemblée nationale de sa décision d'abandonner Superphénix, la condition mise par Dominique Voynet à sa participation à la « majorité plurielle ».
Ainsi, le début de la fin de Superphénix fut-il scellé fin juin 1992 par la décision d'un gouvernement Bérégovoy sous influence Mitterrand-Royal qui obligea Nersa à solliciter une nouvelle autorisation de création. Il en résulta un arrêt cumulé de la centrale d'une durée de cinq ans, période mise à profit par tous les activistes antinucléaires pour désespérer les partenaires italiens et allemands et les pousser à jeter l'éponge.
Des recours en référé furent aussitôt introduits en pure perte par les associations de défense de Superphénix auprès du Conseil d'État, le dernier en mars 1999. Le rejet de tous les motifs qu'ils invoquaient fut définitivement notifié au public en mars 2000. À quoi d'autre aurait-on pu s'attendre quand, camouflé sous le jargon MHSD (Mise Hors Service Définitif) ne correspondant en rien aux termes de la législation en vigueur, le désossage de la centrale avait commencé dès octobre 1999 ?! Ainsi, le gouvernement se dispensait-il ouvertement d'appliquer sa propre législation prévoyant une enquête publique préalable au démantèlement.
De fait, dès novembre 2000, l'opération MHSD s'apparentait davantage à un sabotage méthodique et irréversible qu'à un démontage : cisaillage des connexions électriques, découpages précipités des tuyauteries, retraits de nombreux composants du cœur et de centaines d'assemblages combustibles. Bref, le Premier ministre n'avait plus qu'à entériner un démantèlement largement anticipé et à dissoudre officiellement Nersa : la forfaiture était consommée. L'attention du lecteur est ici attirée sur les motifs du sabordage avancés dans la notification à Nersa, particulièrement marqués du sceau de la pertinence et de la vision prospective des gouvernants de l'époque1. En tout cas, on ne peut s'empêcher de noter la frappante similitude entre tant d'empressement à la démolition et le zèle aujourd'hui déployé pour démanteler Fessenheim : deux ans d'avance sur le planning initial, excusez du peu !
Dans le dossier que la Cour des comptes fut tenue de fournir à Nersa, figurait l'évaluation à 14,6 milliards de francs 1997 du coût de l'arrêt définitif et immédiat de la centrale, dans les conditions imposées. Ce chiffre qui s'est sans doute révélé minoré, car ne prenant en compte ni les prévisibles dérives, ni les externalités socioéconomiques, fut confirmé par le Secrétaire d'État à l'Industrie Christian Pierret, devant la Commission d'enquête parlementaire, en mai 1998.
 
La crise énergétique à venir
Lorqu'on songe que l'année 1996 fut une année de fonctionnement particulièrement faste pour le surgénérateur – hélas, la première et la dernière – on est largement fondé à qualifier un tel gâchis de criminel : resté couplé au réseau 250 jours d'affilé, en dépit d'un arrêt programmé de longue date pour réaliser un programme d'essais sur les barres de commande, le prototype industriel afficha sur l'année un taux de disponibilité voisin de 96 %, le meilleur de l'ensemble du parc, avec une production de 3,7 milliards de kWh.
Par ailleurs, il ne fait pas l'ombre d'un doute que la France aurait aujourd'hui à s'énorgueillir du plus perfectionné et, surtout, du plus opérationnel des réacteurs à neutrons rapides (RNR) du monde, quelles qu'aient pu être les vicissitudes de toute nature rencontrées dans son développement durant ces 25 dernières années. Qui sait, le pays aurait peut-être même été amené à mettre un autre RNR en chantier, dont il faut préciser que la souplesse d'exploitation est remarquablement plus adaptée aux réglages du système électrique que les réacteurs PWR actuels.
Au moment de sa mise à mort, Superphénix était en effet le plus avancé de ces RNR brûlant le plutonium 239 dont ils sont chargés et pouvant être tiré de l'uranium 238 majoritairement présent dans l'uranium naturel, de même que tiré du résidu de ce dernier appauvri en uranium 235 après enrichissement pour produire le combustible actuel. À l'heure où se profile la disette énergétique dans notre pays, il n'est pas sans intérêt de relever que quelque 2000 tonnes de ce plutonium 239 dorment dans les 200 000 tonnes de combustibles usés, entreposées et non retraitées, à travers la planète, auxquelles s'ajoute une bonne centaine de tonnes chaque année. Rien qu'avec ce stock, il serait possible de démarrer au moins 100 RNR, à raison de 15 à 20 tonnes par unité, en premier chargement.
Mieux, non seulement la planète recèle largement assez d'uranium naturel pour des milliers d'années de fonctionnement en RNR, mais, avec les seuls stocks mondiaux d'uranium appauvri, soit environ 1,5 million de tonnes augmentant chaque année de 40 000 à 50 000 tonnes, on aurait pour un bon millier d'années d'alimentation de 1000 surgénérateurs, leur combustible étant alors pratiquement gratuit! Or, plus que partout ailleurs sur la planète, ce millier d'années d'autonomie électrique à peu de frais serait encore à la portée d'une France renouant avec l'excellence technoscientique en renouant avec la technologie RNR. Hélas, le projet ASTRID sur lequel reposait les derniers espoirs d'une large part de la communauté française fut exécuté par les mêmes fossoyeurs que Superphénix, avec la même élégance.
Si les Français tiennent encore à conserver à leur pays quelque chance de repartir du bon pied, de doctrine malthusienne en Grenelle-Environnement, en Convention Citoyennes et autre LTECV, il est plus que temps pour eux de ne plus se tromper de responsables de leur infortune énergétique. Ils auraient même intérêt à conserver soigneusement le présent état des lieux, afin d'être en mesure d'en exciper au coup par coup, ces prochains mois, voire ces prochaines années, lors de circonstances qu'on peut prévoir difficiles, sinon conflictuelles.

  • Fac-similé de la lettre adressée au Président du Directoire de la NERSA, le 20 avril 1998
    « Monsieur le Président
    Vous avez déposé le 27 octobre 1992, conformément aux dispositions du décret du 11 décembre 1963 modifié relatif aux installations nucléaires, une demande d'autorisation de création de l'installation nucléaire de base dite « Centrale nucléaire de Creys Malville », située dans le département de l'Isère.
    À l'issue de l'instruction de la procédure administrative afférente à cette demande, un décret d'autorisation de création a été signé le 11 juillet 1994 et a été publié au Journal Officiel du 12 juillet 1994.
    Ce décret a été annulé par un arrêt de la section du contentieux du Conseil d'État en date du 28 février 1997, et l'installation dont votre société est l'exploitant nucléaire est actuellement à l'arrêt.
    Dans ces conditions, après examen de la situation de l'installation sur les plans juridique, technique et économique, et à la suite de la réunion des ministres du 2 février 1998, il a été décidé de répondre par la négative à votre demande précitée et donc de ne pas autoriser le redémarrage de la centrale nucléaire.
    En effet, ce prototype lancé dans les années 1970 dans un contexte de pénurie d'énergie et de faiblesse estimée des ressources en uranium, est désormais inadapté au contexte actuel : le parc de centales classiques suffit amplement à subvenir aux besoins de la France ; il n'y a pas aujourd'hui de tension sur les prix de l'énergie, ni de pénurie dans les approvisionnements en uranium, la filière de surrégénération ne semble pas avoir de perspective industrielle à court terme.
    En outre, ce prototype, qui constituait un saut technologique considérable, a été difficile à maîtriser et a coûté beaucoup plus cher que prévu. Il ne peut en l'état constituer un modèle à répliquer à l'identique dans un programme d'équipement en surgénérateur.
     
    Signé :
    Le ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie : D. Strauss Khan
    La ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement : D. Voynet
    Le Secrétaire d'État à l'Industrie : C. Pierret
Par :
André Pellen
André Pellen

Source : https://www.contrepoints.org/2022/09/25/439128-le-sabordage-de-loutil-electronucleaire-decrete-par-matignon-en-juin-1992?utm_source=Newsletter+Contrepoints&utm_campaign=ffba32d3e4-Newsletter_auto_Mailchimp&utm_medium=email&utm_term=0_865f2d37b0-ffba32d3e4-101657205&mc_cid=ffba32d3e4&mc_eid=6160da6738#comments_container

JacquesL

Nucléaire : promettre l'intenable

André Pellen



André Pellen
André Pellen

Que reste-t-il de la variété et du nombre des savoir-faire de pointe qui léguèrent au pays un outil industriel parmi les plus sophistiqués du monde 30 années durant ?

Publié le 4 octobre 2022 

Il était une fois l'épopée industrielle connue sous le nom de Programme Messmer.

En ce temps là, un conflit israélo arabe menaçait l'approvisionnement pétrolier du monde, conduisant nombre de pays à recourir dans la précipitation à un nucléaire dont le coût s'envolait aux États-Unis. Tout juste sorti de ses ruines de guerre, l'un d'eux proclama qu'il ferait mieux qu'à Fessenheim et à Bugey ce que personne n'avait fait avant lui : construire 54 réacteurs en série. La suite montra sans équivoque que l'organisation industrielle inédite qui en naquit permet de maitriser délais et coûts de construction, de maintenance et d'exploitation.
 
Nous étions en France, au début des années 1970

De fait, les Français construisirent vite et bien plus tard, leurs 58 tranches n'avaient toujours connu aucun incident grave au moment où Fessenheim fut assassiné. Près de 40 années durant, en revanche, ces tranches avaient gratifié le pays d'une certaine indépendance énergétique et ses habitants d'une électricité abondante et bon marché.

Comment tout ceci a-t-il été possible ? Lorsqu'un ménage fait construire son pavillon, il comprend vite que le choix du maître d'œuvre est capital pour le coût final et pour la date de livraison. De même, il entrevoit rapidement la nécessité d'un architecte chef d'orchestre organisant correctement la construction. Il en va rigoureusement ainsi de tout grand projet industriel, tel qu'aéroport, tunnel, gazoduc... ou centrale électrique. Le rôle parfois méconnu des architectes de tels projets est essentiel. Ils sont capables de découper ces derniers en multiples marchés, sélectionner les différentes entreprises qui apporteront leur contribution, organiser leur intervention, contrôler la qualité de leur travail et veiller au respect des délais et des coûts. Lorsque l'architecte faillit à cette tâche, comme lors de la construction de l'aéroport Willy Brandt de Berlin, la catastrophe est assurée, avec explosion des prix et retards démesurés.

C'est à une EDF avec laquelle celle d'aujourd'hui n'a plus rien à voir que fut tout naturellement confié la maîtrise d'œuvre du programme nucléaire historique, mais également – une singularité – celle d'architecte industriel de ses propres centrales. EDF-Équipement, le bras armé de l'entreprise, fut cet architecte opérationnel.

Ce dernier devait commander à un autre grand industriel pour construire l'ilot nucléaire, en partenariat étroit avec lui. Ce fut Framatome qui, peu d'années auparavant, n'était encore qu'une grosse PME. L'entreprise assuma les risques financiers et techniques considérables de la fourniture de l'ilot nucléaire des 54 réacteurs. Toutefois, palier après palier, le nombre d'unités mises en service permit d'améliorer substantiellement le modèle Westinghouse, les innovations apportées permettant de s'en éloigner régulièrement pour finir par « franciser » la filière. Débarrassée des brevets américains, l'industrie nucléaire française pouvait exporter ses propres réacteurs.

D'autres grandes entreprises vinrent enrichir le complexe industriel de leurs contributions spécialisées, Alstom pour la salle des machines et le groupe turbo alternateur, Bouygues et Vinci pour le génie civil, auxquels se joignirent une myriade de sous-traitants dans d'innombrables domaines techniques et technologiques.

Le succès du programme français ne tarda pas à être remarqué dans le monde entier, le couplage au réseau de 8 tranches dans la seule année 1982 – record mondial toujours inégalé – ne passant pas inaperçu. En découla une large adoption planétaire de la construction en série par paliers successifs et le début des exportations de la technologie française. Aujourd'hui, comme l'écrit World Nuclear News, le réacteur vedette chinois Hualong One est « d'ascendance française ».

Un temps écarté à cause de son choix malheureux de la technologie graphite-gaz, le CEA ne tarda pas à être remis en selle, grâce au remarquable travail du ministre André Giraud. Ce CEA est aujourd'hui l'un des leaders mondiaux du cycle du combustible nucléaire, tout en ayant la charge du perfectionnement des moteurs nucléaires marins et de la préparation des réacteurs du futur.
 
Nous sommes en France, cinquante ans plus tard

Que reste-t-il de la variété et du nombre des savoir-faire de pointe qui léguèrent au pays un outil industriel parmi les plus sophistiqués du monde, dont on réalise aujourd'hui qu'ils sont vitaux après avoir livré ce dernier aux chiens, 30 années durant ?

Laissons le soin à l'ancien PDG de PSA, Jean-Martin Folz, de répondre à cette question dans son analyse des moyens et des compétences déployées sur le chantier EPR de Flamanville, résumant, à elle seule, ce qu'il nous reste des uns et des autres.

Avec l'extrait suivant du préambule, cette analyse commence fort :

« ... En 1997 et 1998 interviennent des changements de majorités politiques amenant au pouvoir des gouvernements, l'un très réticent au développement de l'énergie nucléaire en France,  l'autre résolument hostile à celle-ci en Allemagne... »
 

Passant ensuite en revue les motifs de la dérive abyssale du coût d'un chantier qui n'en finit pas, J.M Foltz n'épargne personne, quant aux responsabilités en la matière et surtout pas l'intouchable, inédite et souvent hors sol ASN :

« Les impacts réglementaires correspondant à des impositions qui n'étaient pas connues ou ne pouvaient être estimées au moment du lancement du projet et ayant conduit à d'importantes modifications durant sa réalisation (interprétations de l'arrêté ESPN dont l'histoire du couvercle de cuve est une bonne illustration , traitement des agressions externes...) ont eu un coût de l'ordre de 12% des surcoûts, aggravés par celui de la dérive des dépenses d'ingénierie de l'ordre de 20 %... »
 

Viennent ensuite les études insuffisamment avancées au lancement du chantier :
« Si le basic design de l'EPR était bien achevé en 2006 au lancement du projet, les travaux d'ingénierie de détail étaient à peine entamés et les études de sûreté, d'incendie, d'agressions, de qualification des matériels peu engagées [...] l'avancement progressif des études de sûreté et les aléas de chantier ont généré un nombre de modifications qui n'a cessé de croître pour atteindre quelque 4500 !... »
 

Cerise sur le gâteau :
« Chez EDF, les capacités de maîtrise d'œuvre d'un grand projet et l'aptitude à gérer un très gros chantier ont été pour le moins érodées. La compétence technique des bureaux d'études parait dans plusieurs cas coupés des réalités du monde industriel, car émettant des spécifications irréalisables ou tombant dans les excès de l'over-engineering. Chez les industriels fabricants de composants, les pertes de compétences nucléaires sont d'autant plus fortes que ce secteur d'activité a vu sa place très fortement diminuer voire disparaître dans les plans de charge. La relance des activités nucléaires aura été d'autant plus difficile que l'évolution de la règlementation, en particulier pour la qualification des matériels, s'avèrera apporter une charge nouvelle et pesante... »
 

Conclusion sans appel :
« Force est de constater que c'est une bonne part du tissu industriel de la filière nucléaire qui a montré de réelles insuffisances au cours de la construction de l'EPR de Flamanville, et un effort de reconstitution et de maintien de ses compétences doit être engagé ; celui-ci doit faire l'objet d'une véritable politique industrielle que seul peut conduire le groupe EDF... »
 

C'est donc à l'aide d'un complexe industriel anémié par des décennies de relégation que, sans rien en changer, le plus prétentieux et le plus amateur des monarques républicains dont la France s'est dotée depuis 1958 prétend amorcer la réitération de l'exploit décrit plus haut. Alors que l'EDF des Trente glorieuses n'a eu besoin que d'un emprunt de l'ordre de 82 milliards d'euros actuels pour parvenir à placer une soixantaine de réacteurs sur le réseau national, en guère plus de 20 ans, 15 ans de travaux et 13 milliards d'euros investis ne sont toujours pas parvenus à venir à bout du chantier EPR de Flamanville ! Vampirisée par 30 années d'un écolo socialisme ayant réduit à néant ses respirations industrielle et intellectuelle, ladite EDF n'est plus que l'ombre d'elle-même.

On apprend que Luc Rémont s'est vu confié le sauvetage du nucléaire français et la mission de l'amener à construire de 6 à 14 EPR. Comment imaginer qu'un tel challenge ait la moindre chance de succès sans commencer par s'atteler à la reconstruction des écoystèmes industriel et intellectuel anéantis par des décennies de clientélisme électoral et de nihilisme idéologique et, surtout, sans jeter les bases d'un nouveau plan Messmer incluant la reconfiguration idoine d'EDF ?

Hélas, on ne l'imagine pas, car les considérables capitaux requis par un projet de cette dimension ont déjà été engloutis dans l'éolien, faisant que les Français n'auront guère à attendre pour constater que, du gouvernement Bérégovoy à celui d'Élisabeth Borne, des politiciens malhonnêtes et incompétents ont financé à prix d'or deux promesses intenables : la transition énergétique verte et la prétention de faire d'un nucléaire très abîmé le nucléaire que les fossoyeurs ne savent pas faire. En définitive, cette double promesse n'est que celle de notre ruine...
Par :
André Pellen
André Pellen 

https://www.contrepoints.org/2022/10/04/439958-nucleaire-promettre-lintenable