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Arménie – Azerbaïdjan : la Turquie en première ligne, contre les Arméniens

Démarré par JacquesL, 30 Septembre 2020, 11:15:58 AM

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JacquesL

Arménie – Azerbaïdjan : la Turquie en première ligne, contre les Arméniens

https://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=227460

Auteur : PETINOS.
Les informations nous arrivant de la région du Caucase sont de plus en plus inquiétantes. La Turquie, profitant de sa proximité avec l'Azerbaïdjan avance ses pions dans la région avec comme objectif d'effacer l'Artsakh de la carte et d'avancer vers l'Arménie.

A cette fin, aux côtés de l'aide en matériel qu'elle apporte au régime autocratique azéri, elle a engagé des milliers de mercenaires qu'elle a envoyés au Haut-Karabagh.

Selon The Guardian[1]des mercenaires syriens se sont engagés à travailler pour une société de sécurité privée turque en tant que gardes-frontières en Azerbaïdjan. Le quotidien rapporte des déclarations de certains mercenaires syriens engagés par la Turquie en vue de combattre aux côtés de l'armée azérie contre l'Artsakh et l'Arménie. Cela démontre la volonté hégémonique d'Ankara et constitue un signe dangereux d'escalade. Le déploiement est également le signe de l'appétit croissant de la Turquie pour la projection de sa puissance à l'étranger et ouvre un troisième théâtre dans sa rivalité régionale avec Moscou. Rappelons qu'Ankara est déjà engagée dans une lutte de puissance avec la Russie dans les conflits en Syrie et en Libye, et que les tensions pourraient maintenant se propager au Haut-Karabakh. L'Empire ottoman dont rêve le néo-sultan Erdogan ne tolère aucune autre présence que celle de la Turquie dans la région allant de la Méditerranée orientale au Caucase et au Golfe persique.

Le gouvernement arménien et les médias russes ont fait état de la présence d'environ 4 000 mercenaires syriens au Haut-Karabakh, des affirmations qui ont été bien évidemment démenties par Bakou.

Par ailleurs, hier des rapports en provenance du Caucase faisaient état de la participation directe de l'armée turque dans le conflit, avec un avion militaire arménien a été abattu par un avion turc. L'AFP[2], citée par Le Figaro, rapporte : « Le ton monte entre Erevan et Ankara, au troisième jour de combats meurtriers dans la région disputée du Nagorny Karabakh. L'Arménie a affirmé ce mardi qu'un chasseur-bombardier turc, soutenant l'Azerbaïdjan, avait abattu un de ses avions militaires. « Un avion SU-25 arménien a été abattu par un F-16 turc (...) qui venait du territoire azerbaïdjanais », a annoncé la porte-parole du ministère arménien de la Défense, Chuchan Stepanian, dans un message sur Facebook, précisant que le pilote arménien de l'appareil « était mort en héros ». »

Egalement, l'analyste Jean-René Belliard, écrit-il sur son blog[3] que de mercenaires syriens soutenus par la Turquie sont rentrés récemment de Libye, où ils se sont battus pour le gouvernement d'accord national (GNA).

Cette information a été relayée également par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) le 26 septembre.

Belliard poursuit précisant que l'OSDH avait déclaré que les mercenaires syriens « sont rentrés de Libye après avoir rempli leurs contrats. Ils ont tous été entièrement payés ».

Des rapports précédents ont révélé que les mercenaires se sont vu promettre jusqu'à 2 000 dollars par mois. La Turquie a déployé plus de 18.000 mercenaires syriens, dont 350 enfants, en Libye depuis l'année dernière pour soutenir les forces du GNA, toujours selon l'OSDH.

Aujourd'hui, après la mise en place d'un cessez-le-feu en Libye, de nombreux mercenaires retournent en Syrie. On estime que 8.500 d'entre eux sont déjà retournés dans leur pays jusqu'à présent et qu'ils cherchent à se recycler, ce dont profite encore Ankara pour renforcer son allier azéri.

Selon la presse chypriote[4], la Turquie a transféré des troupes de Chypre en Syrie lundi dernier, 28 septembre 2020. Le matériel photographique qui corrobore cette information montre le transfert par des avions géants A-400 de troupes de la partie occupée de Chypre vers la province de Hatay, frontalière avec la région syrienne d'Idlib. La Turquie remplace ainsi les mercenaires syriens qu'elle envoie de cette région vers l'Azerbaïdjan, encadrés par des troupes régulières turques.

Cependant, l'utilisation de mercenaires syriens qui, rappelons-le, sont des islamistes appartenant à Daech ou à Al-Qaïda ainsi qu'à d'autres organisations terroristes plus petites, comporte d'autres risques.

Selon des informations de @wargonzo d'Istanbul, des mercenaires turcs, arrivés en Azerbaïdjan en provenance de Syrie, ont été placés dans des villages frontaliers, afin de se battre aux côtés de l'armée azérie. Néanmoins, ils ont commencé à établir leur propre ordre - c'est-à-dire à forcer les femmes à porter le hijab, et généralement à les forcer à vivre selon la charia. La population azerbaïdjanaise locale a mal perçu les tendances radicales et a déclenché une émeute. Pour résoudre ce conflit, le président azerbaidjanais Aliyev a dû y envoyer des forces spéciales !

Le président turc, admirateur des Frères musulmans et aspirant calife, n'est pas à ça près ! Il a soutenu financièrement et militairement l'Etat islamique en Syrie et en Irak car il représentait l'islam sunnite, dont il veut être le chef absolu dans le monde...






[1] The Guardian : https://www.theguardian.com/world/2020/sep/28/syrian-rebel-fighters-prepare-to-deploy-to-azerbaijan-in-sign-of-turkeys-ambition?CMP=fb_gu&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR2xtwyEKugrlXOEBoanurN8rD7r-c7QyKvqCys_DKHprbQMJkjUs_evmaY#Echobox=1601324516

[2] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/l-armenie-affirme-qu-un-de-ses-avions-a-ete-abattu-par-la-turquie-qui-dement-20200929

[3] https://jrbelliard.blog.tdg.ch/archive/2020/09/26/syrie-des-centaines-de-mercenaires-syriens-sont-revenus-de-l-309370.html

[4] O Phileleftheros, 30 septembre 2020.

JacquesL

La guerre du Haut-Karabakh est-elle déjà dans une impasse ?

https://lesakerfrancophone.fr/la-guerre-du-haut-karabakh-est-elle-deja-dans-une-impasse

Par Moon of Alabama – Le 3 octobre 2020

Sept jours après que l'Azerbaïdjan a lancé l'attaque contre le territoire du Haut-Karabakh tenu par les Arméniens, ce pays n'a pas avancé sur le terrain.


Carte d'ensemble – Agrandir

L'Iran et la Géorgie comptent sur leur territoire d'importantes minorités azéries et arméniennes.


Carte détaillée – Agrandir
Les hautes terres du Haut-Karabakh sont ethniquement arméniennes. Les districts en bleu clair étaient à l'origine azéris mais ont été ethniquement nettoyés pendant la guerre du début des années 1990.

La Turquie soutient l'Azerbaïdjan en lui fournissant des drones turcs et des mercenaires qui sont des « rebelles syriens modérés » amenés de Syrie et de Libye. Tous sont acheminés par avion en traversant l'espace aérien géorgien. D'autres mercenaires semblent venir d'Afghanistan. Du matériel supplémentaire arrive par la route, également par la Géorgie. Un autre partisan de l'agresseur est Israël. Au cours de la semaine dernière, des avions de transport militaire azerbaïdjanais ont volé au moins six fois en direction d'Israël pour revenir avec des drones suicides israéliens supplémentaires à bord. Ces drones Harop ont été largement utilisés dans des attaques contre des positions arméniennes. Un missile balistique à courte portée LORA, de fabrication israélienne, a été utilisé par l'Azerbaïdjan pour attaquer un pont qui relie le Haut-Karabakh à l'Arménie. Il y aurait également des avions de chasse F-16 pilotés par des Turcs en Azerbaïdjan.

La Turquie semble diriger les drones et les avions de chasse en Azerbaïdjan et au Haut-Karabakh par le biais d'avions de contrôle aérien de type AWACS qui volent en cercle à la frontière turco-arménienne.

Le plan d'attaque que l'Azerbaïdjan avait à l'esprit lorsqu'il a lancé la guerre prévoyait de prendre des zones de plusieurs miles de profondeur par jour. Ce plan n'a pas survécu au premier jour de bataille. L'Azerbaïdjan a commencé l'attaque sans préparation d'artillerie importante. L'attaque au sol n'a été soutenue que par des frappes de drones sur les chars, l'artillerie et les positions de défense aérienne arméniennes. Mais les lignes défensives tenues par l'infanterie arménienne n'ont pas été endommagées par les drones. L'infanterie arménienne retranchée pouvait utiliser ses armes antichars et anti-infanterie à pleine capacité. Les chars et l'infanterie azerbaïdjanais ont été massacrés lorsqu'ils ont tenté de percer les lignes. Les deux camps ont subi des pertes importantes, mais dans l'ensemble, les lignes de front n'ont pas bougé.
Cette guerre semble déjà être dans une impasse. Ni l'Arménie ni l'Azerbaïdjan ne peuvent se permettre d'utiliser la puissance aérienne et les missiles balistiques achetés à la Russie sans le consentement de celle-ci.

Les attaques de drones ont été, pendant un certain temps, assez réussies. Un certain nombre de vieux systèmes de défense aérienne ont été détruits avant que les Arméniens n'en tirent la leçon et les camouflent. Les Azerbaïdjanais ont alors utilisé une astuce pour dévoiler les positions cachées de la défense aérienne. Des avions Antonov AN-2 radiocommandés, des reliques propulsées par hélices de la fin des années 1940, ont été envoyés au-dessus des positions arméniennes. Lorsque la défense aérienne a ensuite lancé un missile contre eux, un drone suicide a été immédiatement largué sur la position de tir.

L'astuce semble avoir marché pendant un jour ou deux, mais de telles attaques de drones sont désormais devenues rares. Des dizaines de drones ont été arrêtés avant d'avoir pu atteindre leur cible et l'Azerbaïdjan semble être à court de drones. Un clip musical bizarre que les Azerbaïdjanais ont posté montre quatre camions transportant chacun neuf drones. Il y avait peut-être plusieurs centaines de ces drones, mais probablement moins de mille. Israël est actuellement soumis à un strict confinement à cause de la pandémie. Le réapprovisionnement en drones sera un problème. Depuis, l'Azerbaïdjan a fait appel à plus d'artillerie lourde, mais il semble qu'il l'utilise principalement pour frapper les villes et les agglomérations, et non les lignes de front où cela serait plus utile.

On ne sait pas qui commande les troupes azerbaïdjanaises. Il y a quelques jours, le chef de l'état-major général de l'Azerbaïdjan a été viré après s'être plaint d'une trop grande influence turque sur la guerre. Cela n'a pas aidé. Deux attaques terrestres plus importantes lancées par l'Azerbaïdjan plus tôt dans la journée ont également échoué. Les Arméniens contre-attaquent actuellement.

Dans notre précédent article concernant cette guerre, nous avions souligné les plans américains visant à « déborder la Russie » en créant des troubles dans le Caucase, comme c'est le cas actuellement. Fort Russ note :

CiterL'actuelle directrice de la CIA, Gina Haspel, a effectué des missions sur le terrain en Turquie au début de sa carrière, elle parlerait turc, et elle a déjà été chef de station à Bakou, en Azerbaïdjan, à la fin des années 1990. On peut donc supposer qu'elle a toujours des liens avec les élites du gouvernement local et du monde des affaires.

L'actuel chef du MI6, Richard Moore, a également travaillé en Turquie, où il a accompli des tâches pour les services de renseignement britanniques à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Moore parle couramment le turc et il a également été ambassadeur britannique en Turquie de 2014 à 2017.

Les chefs des services de renseignements des deux pays les plus puissants de l'Anglosphère sont des « turcophones » ayant des connexions en Turquie et en Azerbaïdjan. Il serait raisonnable de supposer qu'un conflit régional d'une telle ampleur qui se déroule actuellement, sous leur surveillance, est loin d'être une simple coïncidence.
Avant que le président Trump ne mette fin au programme, la CIA avait utilisé la compagnie aérienne azerbaïdjanaise Silk Way Airlines, pour plus de 350 vols, afin d'acheminer des armes de la Bulgarie vers la Turquie et les remettre aux « rebelles syriens ». Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, n'est pas seulement une station de la CIA mais aussi un centre du Mossad pour mener sa guerre silencieuse contre l'Iran.

L'ancien ambassadeur indien en Turquie, M.K. Bhadrakumar, a écrit deux articles intéressants sur le conflit actuel. Dans le premier, il nous rappelle la révolution de couleur de 2018 en Arménie, qui, selon lui, cherchait à créer des problèmes à Moscou.

Je n'ai jamais vu les choses de cette façon. Même si l'actuel Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, a essayé de se mettre les puissances « occidentales » et l'OTAN dans sa poche, il n'a pas pu changer fondamentalement la politique étrangère de l'Arménie. Il y a cent ans, la Turquie, avec aujourd'hui la deuxième plus grande armée de l'OTAN, avait lancé un génocide contre les Arméniens. Ces derniers ne l'ont jamais oublié. Il était également certain que les relations avec l'Azerbaïdjan continueraient à être hostiles. Cela ne changera que si les deux pays se retrouvent à nouveau dominés par un empire. L'Arménie dépend autant que l'Azerbaïdjan du soutien en armes de la Russie, mais l'Azerbaïdjan a plus d'argent et paie plus pour ses armes russes, ce qui permet à la Russie de subventionner celles qu'elle vend à l'Arménie.

Après que Nikol Pashinyan fut installé, et a tenté de se tourner vers l'« Occident », la Russie a fait la même chose qu'avec la Biélorussie, lorsque le président Loukachenko a commencé à conclure des accords avec l'« Occident ». Elle s'est tenue à carreau en attendant que l'« Occident » trahisse ses nouveaux partenaires. C'est ce qui s'est passé en Biélorussie il y a quelques semaines. Les États-Unis ont lancé une révolution de couleur contre Loukachenko et celui-ci n'avait pas d'autre choix que de se tourner vers la Russie. Aujourd'hui, l'Arménie est attaquée par des forces soutenues par l'OTAN et ne peut espérer aucune aide autre que celle de la Russie.

De même, l'Iran ne craint pas le nouveau gouvernement arménien d'Erevan. Il était préoccupé par les récents échanges diplomatiques de Pashinyan avec Israël, qui ont été effectués à l'initiative de la Maison Blanche. Mais cette inquiétude a maintenant été levée. Pour protester contre la récente vente d'armes par Israël à l'Azerbaïdjan, l'Arménie a rappelé son ambassadeur en Israël deux semaines seulement après l'ouverture de son ambassade dans ce pays.

Pashinyan devra s'excuser auprès de Moscou avant que la Russie ne vienne à son secours. Comme le relaie Maxim Suchkov :

CiterC'est intéressant : Evgeniy "le chef de Poutine" Prigozhin donne une courte interview pour exprimer son "opinion personnelle" sur le Haut-Karabakh. Quelques pistes :

- Le Karabakh est un territoire azerbaïdjanais
- La Russie n'a aucune base légale pour mener des activités militaires au Karabakh
- il y a plus d'ONG américaines en Arménie que d'unités militaires nationales
- Le Premier ministre Pashinyan est responsable de la situation
- jusqu'en 2018, la Russie a pu faire en sorte que l'Arménie et l'Azerbaïdjan discutent du conflit autour d'une table de négociations, puis les États-Unis ont amené Pashinyan au pouvoir à Erevan et celui-ci se sentant le roi n'a pas voulu parler avec Aliyev

Je me demande si les remarques de Prigozhin suggèrent qu'il serait réticent à déployer ses hommes en Arménie - si nécessaire ou si on lui demande de le faire - ou bien s'il ne fait qu'exprimer ses propres opinions ou si c'est une façon de faire délicatement entendre à Pashinyan que Moscou n'est pas content de lui... ?
L'intérêt de la Russie – et de l'Iran – est de geler à nouveau le conflit du Haut-Karabakh. Mais pour cela, il faut que les deux parties se plient à cette exigence. C'est pourquoi la Russie n'a pas d'objection à ce que l'Azerbaïdjan exerce actuellement une certaine pression sur Pashinyan. Mais elle ne peut pas permettre à l'Azerbaïdjan de remporter une victoire significative. Une de ses principales préoccupations sera de mettre la Turquie hors-jeu et cela nécessitera un soutien à l'Arménie. L'Iran a une stratégie assez similaire. Les États-Unis vont probablement essayer d'aggraver la situation et de compliquer les choses pour la Russie. Il est probable qu'ils disent en silence à la Turquie d'accroître sa participation à la guerre.

La Russie n'interviendra probablement que si l'une ou l'autre des parties réalise des gains territoriaux importants. À moins que cela ne se produise, elle laissera probablement la guerre se poursuivre dans l'espoir qu'elle s'épuise toute seule :

CiterLes conditions hivernales à venir, associées à la rudesse du terrain, limiteront les opérations militaires à grande échelle. De plus, les économies paralysées de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie ne leur permettront pas de maintenir une confrontation militaire conventionnelle prolongée.
Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

JacquesL

La Russie peut-elle et doit-elle arrêter la guerre dans le Caucase ?

https://lesakerfrancophone.fr/la-russie-peut-elle-et-doit-elle-arreter-la-guerre-dans-le-caucase

Par The Saker − Le 9 octobre 2020 − Source The Saker Blog

Cette guerre est officiellement une guerre entre l'Azerbaïdjan et la République (non reconnue) du Haut-Karabakh (NK) alias « République d'Artsakh » (ROA) que j'appellerai simplement Nagorno-Karabakh ou « NK ».

Comme c'est souvent le cas, la réalité est beaucoup plus compliquée. D'une part, la Turquie d'Erdogan est profondément impliquée depuis le premier jour (et même bien avant), tandis que l'Arménie soutient le NK depuis l'éclatement de l'Union soviétique. Pire encore : la Turquie est membre de l'OTAN alors que l'Arménie est membre de l'OTSC. Ainsi, une guerre commencée sur une zone relativement petite et éloignée pourrait, en théorie, déclencher une guerre nucléaire internationale. La bonne nouvelle ici est que personne à l'OTAN ou à l'OTSC ne veut d'une telle guerre, d'autant plus que techniquement parlant, le NK ne fait pas partie de l'Arménie (l'Arménie n'a même pas reconnu cette république jusqu'à présent !) et n'est donc pas sous la protection de l'OTSC. Et comme il n'y a pas eu d'attaques contre la Turquie proprement dite, du moins jusqu'à présent, l'OTAN n'a pas non plus de raison de s'impliquer.




Je dois mentionner ici qu'en termes de droit international, le NK fait partie intégrante de l'Azerbaïdjan. Néanmoins, presque tout le monde s'accorde à dire qu'il y a une différence entre le NK proprement dit et le type de zone de sécurité que l'armée du NK a créée autour du NK (voir carte)


Citer
Note de l'auteur

La République autonome du Nakhitchevan fait partie de l'Azerbaïdjan)
La réalité sur le terrain est cependant très différente, alors examinons la position de chaque acteur à tour de rôle, en commençant par le parti qui a déclenché la guerre : L'Azerbaïdjan.

L'Azerbaïdjan a réformé et réarmé son armée depuis que les forces azéries ont été complètement défaites lors de la guerre de 1988-1994. En outre, pour le président Aliev, cette guerre représente ce qui pourrait bien être la meilleure et la dernière chance de vaincre le NK et les forces arméniennes. La plupart des observateurs s'accordent à dire que si Aliev ne parvient pas à obtenir au moins une apparence de victoire, il perdra le pouvoir.

L'Arménie aurait été très heureuse de maintenir le statu quo et de continuer à former de facto un pays avec le NK tout en restant deux pays de jure. Pourtant, vivant dans le « quartier » difficile et même dangereux du Caucase, les Arméniens n'ont jamais oublié qu'ils sont entourés de pays plus ou moins hostiles, tout comme ils sont restés très conscients de l'idéologie néo-ottomane d'Erdogan qui, tôt ou tard, rendrait cette guerre inévitable.

L'Iran, que l'on oublie souvent, n'est pas directement impliqué dans le conflit, du moins jusqu'à présent, mais sympathiserait plutôt avec l'Arménie, principalement parce que l'idéologie néo-ottomane d'Erdogan représente un danger pour toute la région, y compris l'Iran. [malgré le fait que les azéris soient plutôt chiites, NdSF]

La Turquie a joué un rôle crucial en coulisse dans le réarmement et la réorganisation des forces azéries. Tout comme ce fut le cas en Libye, les drones d'attaque turcs ont été utilisés avec une efficacité redoutable contre les forces du NK, malgré le fait que les Arméniens disposent de défenses aériennes très décentes. Quant à Erdogan lui-même, cette guerre est sa dernière tentative de se dépeindre comme une sorte de sultan néo-ottoman qui réunirait tous les peuples turcs sous son règne.

L'une des principales idées fausses sur ce conflit est l'hypothèse selon laquelle la Russie a toujours été et sera toujours du côté de l'Arménie et du NK, mais si cela était certainement vrai pour la Russie d'avant 1917, ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui. Pourquoi ?

Examinons la position russe dans ce conflit.

Tout d'abord, écartons les évidences : L'Arménie (proprement dite, par opposition au NK) est membre de l'OTSC et si quelqu'un (y compris l'Azerbaïdjan et/ou la Turquie) attaquait l'Arménie, la Russie interviendrait très certainement et mettrait fin à l'attaque, soit par des moyens politiques, soit même par des moyens militaires. Si l'on considère ce que la Turquie a fait au peuple arménien pendant le tristement célèbre génocide arménien de 1914-1923, cela est parfaitement logique : au moins maintenant, le peuple arménien sait que la Russie ne permettra jamais qu'un autre génocide ait lieu. Et les Turcs le savent aussi.

Et pourtant, les choses ne sont pas aussi simples que cela.

Par exemple, la Russie a vendu beaucoup de systèmes d'armes avancés à l'Azerbaïdjan (voir ici un bon exemple). En fait, les relations entre Vladimir Poutine et Ilham Aliyev sont réputées très chaleureuses. Et s'il est vrai que l'Azerbaïdjan a quitté l'OTSC en 1999, la Russie et l'Azerbaïdjan ont conservé de très bonnes relations que certains qualifient de partenariat ou même d'alliance.

De plus, l'Azerbaïdjan est un bien meilleur partenaire de la Russie que l'Arménie, surtout depuis la « révolution de couleur » de 2018, financée par Soros, qui a mis Nikol Pashinian au pouvoir. Depuis l'arrivée de ce dernier au pouvoir, l'Arménie suit le même type de politique « multi-vectorielle » qui a vu Loukachenko, le Biélorusse, tenter de se débarrasser de la Russie et de s'intégrer dans la zone de domination de l'UE, de l'OTAN et des États-Unis. Les deux plus grandes différences entre le Belarus et l'Arménie sont a) les Bélarusses et les Russes sont le même peuple et b) la Russie ne peut pas se permettre de perdre le Belarus alors que la Russie n'a vraiment pas besoin de l'Arménie.

Sur le plan négatif, non seulement l'Azerbaïdjan a quitté l'OTSC en 1999, mais il a également rejoint l'organisation GUAM, ouvertement anti-russe (dont le siège est à Kiev).

Ensuite, il y a le facteur Turquie-Erdogan vu de Russie. En termes simples, les Russes ne feront jamais confiance à un Turc qui partage la vision du monde et l'idéologie néo-ottomane d'Erdogan. La Russie a déjà mené douze guerres de grande envergure contre les Ottomans et elle ne souhaite pas laisser les Turcs en déclencher une autre (ce qu'ils ont failli faire en abattant un Su-24M russe au-dessus du nord de la Syrie). Bien sûr, la Russie est beaucoup plus puissante que la Turquie, au moins en termes militaires, mais en termes politiques, une guerre ouverte contre la Turquie pourrait être désastreuse pour les objectifs de politique étrangère et intérieure de la Russie. Et, bien sûr, le meilleur moyen pour la Russie d'éviter une telle guerre à l'avenir est de s'assurer que les Turcs réalisent que s'ils attaquent, ils subiront une défaite cuisante dans un délai très court. Jusqu'à présent, cela a plutôt bien fonctionné, surtout après que la Russie a sauvé Erdogan du coup d'État soutenu par les États-Unis.

Certains observateurs ont suggéré que la Russie et l'Arménie étant chrétiennes, la première a une sorte d'obligation morale envers la seconde. Je ne suis pas du tout d'accord. Ma principale raison de ne pas être d'accord ici est que les Russes sont maintenant très conscients du manque de gratitude dégoûtant dont nos (supposés) « frères » et (supposés) « compagnons chrétiens » ont fait preuve dès que la Russie a été dans le besoin.

CiterEncadré

La plupart des arméniens ne sont pas des chrétiens orthodoxes, mais des membres de l'Église apostolique arménienne, qui sont des miaphysites/monophysites. Ils ne sont pas slaves non plus ]
Les seuls peuples slaves ou orthodoxes qui ont montré une réelle gratitude envers la Russie sont les serbes. Tous les autres se sont immédiatement précipités pour se prostituer devant l'oncle Shmuel et ont rivalisé entre eux pour « l'honneur » de déployer des systèmes d'armes américains ciblant la Russie. La vérité est que, comme toute superpuissance, la Russie est trop grande et trop puissante pour avoir de véritables « amis » (la Serbie étant une assez belle exception à cette règle). Le tsar russe Alexandre III disait que « la Russie n'a que deux véritables alliés : son armée et sa marine ». Eh bien, aujourd'hui la liste est plus longue (on pourrait ajouter les forces aérospatiales, le FSB, etc.), mais en termes d'alliés ou d'amis extérieurs, le peuple serbe (par opposition à certains dirigeants serbes) est le seul qui soit un véritable ami de la Russie (et ce, malgré le fait que sous Elstine et ses « oligarques démocratiques », la Russie a honteusement trahi une longue liste de pays et de dirigeants politiques, dont la Serbie).

Ensuite, il y a le facteur religieux qui, bien que crucial dans le passé, ne joue vraiment aucun rôle dans ce conflit. Bien sûr, les dirigeants politiques des deux camps aiment se présenter comme des religieux, mais il ne s'agit que de relations publiques. La réalité est que tant les Azéris que les Arméniens placent les considérations ethniques bien au-dessus des considérations religieuses, ne serait-ce que parce que, grâce à l'athéisme militant de l'ex-URSS, beaucoup, sinon la plupart des gens en Arménie, en Azerbaïdjan et même en Russie sont aujourd'hui des laïcs agnostiques qui ne s'intéressent qu'en passant aux « valeurs spirituelles qui ont façonné leur identité nationale » (ou quelque chose de ce genre).

Une préoccupation majeure de la Russie est le déplacement des Takfiris de Syrie vers l'Azerbaïdjan. Les Russes ont déjà confirmé que cela a eu lieu (les Français l'ont également signalé) et, si cela est vrai, cela donnerait à la Russie le droit de frapper ces Takfiris sur le sol azéri. Jusqu'à présent, cette menace est mineure, mais si elle devient réelle, on peut s'attendre à ce que des missiles de croisière russes entrent en scène.

Enfin, il y a d'importantes communautés azéries et arméniennes en Russie, ce qui signifie deux choses : premièrement, la Russie ne peut pas permettre que ce conflit traverse ses frontières et infecte le pays et, deuxièmement, il y a des millions de Russes qui ont des liens, souvent forts, avec ces deux pays.

Bien qu'il ne soit pas officiellement impliqué, nous devons encore examiner, au moins superficiellement, la vision de l'Empire sur ce conflit. Pour résumer, je dirais que l'Empire est absolument ravi de cette crise qui est la troisième qui explose aux portes de la Russie (les deux autres étant l'Ukraine et la Biélorussie). L'Empire ne peut vraiment pas faire grand-chose contre la Russie : le blocus économique et les sanctions ont totalement échoué, et en termes purement militaires, la Russie est bien plus puissante que l'Empire. En termes simples : l'Empire n'a tout simplement pas ce qu'il faut pour s'attaquer directement à la Russie, mais il lui est assez facile de déclencher des conflits à sa périphérie.

D'une part, les frontières administratives internes de l'URSS ne ressemblent absolument pas aux lieux de résidence des différentes ethnies de l'ex-Union soviétique. A les regarder, on serait tenté de penser qu'elles ont été tracées précisément pour générer le maximum de tensions entre les nombreux groupes ethniques qui ont été découpés en morceaux séparés. Il n'est pas non plus logique d'accepter le droit des anciennes républiques soviétiques de faire sécession de l'Union soviétique, mais de refuser ce même droit aux entités administratives locales qui voudraient maintenant se séparer d'une république nouvellement créée dont elles ne veulent pas faire partie.

D'autre part, beaucoup, sinon la plupart, des soi-disant « pays » et « nations » qui sont apparus soudainement après l'effondrement de l'Union soviétique n'ont aucune réalité historique. En conséquence directe, ces « nations » nouveau-nées n'avaient aucune base historique sur laquelle s'enraciner, et aucune idée de ce que signifie réellement l'indépendance. Certaines nations, comme les Arméniens, ont des racines profondes qui remontent à l'Antiquité, mais leurs frontières actuelles ne reposent vraiment sur rien du tout. Quoi qu'il en soit, il a été extrêmement facile pour l'oncle Shmuel de s'installer dans ces nouveaux États indépendants, d'autant plus que beaucoup (voire la plupart) de ces États considéraient la Russie comme l'ennemi (grâce à l'idéologie prédominante de l'Empire qui a été imposée à la population, pour la plupart ignorante, de la périphérie ex-soviétique). Le résultat ? La violence, voire la guerre, tout autour de cette périphérie (que les Russes considèrent comme leur « étranger proche »).
Je pense que la plupart des Russes sont conscients du fait que, même si le prix à payer pour cela est élevé, le fait de découpler la périphérie ex-soviétique de la Russie a été une bénédiction déguisée. Cela est confirmé par d'innombrables sondages qui montrent que le peuple russe est généralement très méfiant à l'égard de tout projet impliquant l'utilisation des forces armées russes en dehors de la Russie (par exemple, il a fallu toute la « crédibilité de rue » de Poutine pour convaincre le peuple russe que l'intervention militaire russe en Syrie était une bonne idée).

Il y a encore une chose dont nous devons toujours nous souvenir : malgré toute la stupide propagande américaine et occidentale sur le fait que la Russie et, plus tard, l'URSS soient une « prison pour le peuple » (les petites nations ont bien mieux survécu dans cette « prison » que sous le régime « démocratique » des colons européens dans le monde entier ! ), la vérité est qu'en raison des opinions russophobes enragées des communistes soviétiques (au moins jusqu'à ce que Staline inverse cette tendance), les républiques « périphériques » soviétiques ont toutes vécu bien mieux que le « reste de la Russie » que les Soviétiques appelaient la RSFSR. En fait, la période soviétique a été une bénédiction à bien des égards pour toutes les républiques non russes de l'Union soviétique et ce n'est que maintenant, sous Poutine, que cette tendance a finalement été inversée.

Aujourd'hui, la Russie est beaucoup plus riche que les pays de sa périphérie et elle n'a aucune envie de dilapider cette richesse pour une périphérie hostile et toujours ingrate. Voici ce qu'il en ressort : La Russie ne doit absolument rien à des pays comme l'Arménie ou l'Azerbaïdjan et ils n'ont aucun droit d'attendre de la Russie qu'elle leur vienne en aide : cela n'arrivera pas, du moins pas si la Russie n'obtient pas un résultat positif mesurable de cette intervention.

Néanmoins, examinons maintenant les raisons pour lesquelles la Russie pourrait vouloir intervenir.

Premièrement, il s'agit, une fois de plus, d'un cas de mégalomanie et de malveillance d'Erdogan qui a entraîné une situation très dangereuse pour la Russie. Après tout, tout ce que les Azéris doivent faire pour obtenir une intervention turque ouverte est soit d'attaquer l'Arménie proprement dite, ce qui pourrait forcer une intervention russe, soit d'être si sévèrement battus par les Arméniens que la Turquie pourrait devoir intervenir pour éviter une perte de face historique pour Aliev et Erdogan.

Deuxièmement, il est crucial pour la Russie de prouver que l'OTSC est importante et qu'elle protège efficacement les États membres de l'OTSC. En d'autres termes, si la Russie laisse la Turquie attaquer directement l'Arménie, l'OTSC perdra toute crédibilité, ce que la Russie ne peut pas permettre.

Troisièmement, il est crucial que la Russie prouve à l'Azerbaïdjan et à l'Arménie que les États-Unis sont plein de promesses en l'air et de promesses vides, mais qu'ils ne peuvent rien faire dans le Caucase. En d'autres termes, la solution à cette guerre doit être une solution russe, et non une solution USA/OTAN/UE. Une fois qu'il sera clair dans le Caucase que, comme au Moyen-Orient, la Russie est devenue le prochain « faiseur de rois », alors toute la région retrouvera enfin la paix et un lent retour à la prospérité.

Jusqu'à présent, les Russes ont été extrêmement prudents dans leurs déclarations. Ils ont surtout dit que les soldats de la paix russes ne pourraient être déployés qu'après que toutes les parties à ce conflit aient accepté leur déploiement. À l'heure actuelle, nous en sommes encore très loin.

Voici ce qui s'est passé jusqu'à présent : les Azéris espéraient clairement une guerre courte et triomphante, mais en dépit de progrès très réels en matière de formation, d'équipement, etc. ils ont bien connu quelques succès initiaux, mais ils se sont tous produits dans de petites villes situées pour la plupart dans la plaine. Mais regardez cette carte topographique de la zone d'opérations et voyez par vous-même quel est le plus grand problème pour les Azéris :



La quasi-totalité du NK est située dans les montagnes (d'où le préfixe « nagorno » qui signifie « montagneux ») et les opérations militaires offensives dans les montagnes sont vraiment un cauchemar, même pour des forces très bien préparées et équipées (surtout pendant la saison hivernale, qui approche à grands pas). Il y a très peu de pays qui pourraient mener avec succès des opérations offensives dans les montagnes, la Russie est l'un d'entre eux, et l'Azerbaïdjan n'en est visiblement pas un.

Actuellement, les deux parties ne sont d'accord que sur une seule chose : seule une victoire totale peut mettre fin à cette guerre. Si ce genre de langage est politiquement sensé, tout le monde sait que cette guerre ne se terminera pas par une victoire totale pour un camp et une défaite totale pour l'autre. Le fait est que les Azéris ne peuvent pas envahir toute le NK alors que les Arméniens (l'Arménie proprement dite et le NK) ne peuvent pas contre-attaquer et vaincre les militaires azéris dans les plaines.

À l'heure actuelle, et tant que les Azéris et les Arméniens s'entendent sur le fait qu'ils ne s'arrêteront pas avant une victoire totale, la Russie ne peut tout simplement pas intervenir. Bien qu'elle ait le pouvoir militaire de forcer les deux parties à un arrêt total, elle n'en a pas le droit légal et veuillez vous rappeler que, contrairement aux États-Unis, la Russie respecte le droit international (ne serait-ce que parce qu'elle n'a pas l'intention de devenir les « prochains États-Unis » ou une sorte d'hégémonie mondiale chargée de maintenir la paix dans le monde). Il n'y a donc que deux options possibles pour une intervention militaire russe :

• Une attaque directe (et confirmée par des preuves tangibles) sur le territoire de l'Arménie
• Les Azéris et les Arméniens sont d'accord pour que la Russie intervienne.

Je suis fermement convaincu qu'Erdogan et Aliev feront tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher que la première option ne se réalise (alors qu'ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour l'emporter, sauf une attaque ouverte contre l'Arménie). Toutefois, des accidents se produisent, de sorte que le risque d'une escalade rapide et dramatique du conflit subsistera jusqu'à ce que les deux parties acceptent d'y mettre fin.

À l'heure actuelle, aucune des deux parties n'a remporté de victoire nette et, aussi triste que cela puisse être d'écrire ces mots, les deux parties ont suffisamment de réserves (non seulement militaires, mais aussi politiques et économiques) pour continuer à le faire pendant un certain temps encore.

Cependant, aucun des deux camps n'a ce qu'il faut pour mener une longue et sanglante guerre d'usure de position, en particulier dans les chaînes de montagnes. Ainsi, les deux parties se rendent probablement déjà compte que celle-ci devra cesser, le plus tôt possible (selon certains experts russes, nous ne parlons ici que de quelques semaines).

De plus, il y a beaucoup d'escalades très dangereuses qui ont lieu, y compris des frappes d'artillerie et de missiles sur les villes et l'infrastructure. Si les Arméniens sont vraiment poussés contre un mur, ils pourraient à la fois reconnaître le NK et frapper l'infrastructure énergétique et pétrolière/gazière azérie avec leurs formidables missiles balistiques tactiques Iskander. Si cela devait arriver, nous pouvons être presque certains que les Azéris et les Turcs essaieront d'attaquer l'Arménie, avec des conséquences dramatiques et très dangereuses.

Ce conflit peut donc devenir beaucoup, beaucoup plus sanglant et beaucoup plus dangereux. Il est dans l'intérêt de toute la région (mais pas des États-Unis) de l'arrêter. Le lobby arménien sera-t-il assez puissant pour faire pression sur les États-Unis afin qu'ils adoptent une position plus utile ? Jusqu'à présent, les États-Unis appellent, au moins officiellement, toutes les parties à un cessez-le-feu (ainsi que la France et la Russie), mais nous savons tous combien la parole de l'oncle Shmuel est digne de confiance. Au moins, il n'y a aucune preuve publique que les États-Unis poussent à la guerre en coulisses (l'absence de telles preuves n'implique bien sûr pas la preuve de l'absence de telles actions !)

Au moment où nous écrivons ces lignes (9 octobre), la Russie attend que les parties reviennent à la réalité et acceptent une solution négociée. Si et quand cela se produira, il existe des options, y compris faire du NK une région spéciale de l'Azerbaïdjan qui serait placée sous la protection directe de la Russie et/ou de l'OTSC avec des forces russes déployées à l'intérieur du NK. Il serait même possible d'avoir une présence militaire turque tout autour (et même quelques observateurs à l'intérieur !) pour rassurer les Azerbaïdjanais sur le fait que les forces arméniennes ont quitté la région et restent en dehors. Les Azéris savent déjà qu'ils ne peuvent pas vaincre l'Arménie proprement dite sans risquer une riposte russe et ils vont probablement se rendre compte qu'ils ne peuvent pas envahir le NK. Quant aux Arméniens, c'est tout.

Il est agréable et amusant de jouer la carte « multi-vecteur », mais la Russie ne respectera plus ces règles. Son message est simple : « si vous êtes la chienne d'oncle Shmuel, alors laissez oncle Shmuel vous sauver ; si vous voulez que nous vous aidions, alors donnez-nous une très bonne raison : nous vous écoutons ».

Cette position me semble éminemment raisonnable et j'espère et pense que la Russie s'y tiendra.

PS : la dernière nouvelle est que Poutine a invité les ministres des affaires étrangères d'Azerbaïdjan et d'Arménie à Moscou pour des « consultations » (et non des « négociations », du moins pas encore) avec Sergueï Lavrov comme médiateur. Bien. Peut-être que cela peut sauver des vies puisqu'une mauvaise paix sera toujours meilleure qu'une bonne guerre.

PPS : la dernière nouvelle (9 octobre 0110 UTC) est que les Russes ont forcé l'Arménie et l'Azerbaïdjan à négocier pendant plus de treize heures, mais à la fin de la journée, les deux parties ont convenu d'un cessez-le-feu immédiat et du début de négociations substantielles. Franchement, vu l'extrême hostilité des parties l'une envers l'autre, je considère ce résultat comme presque miraculeux. Lavrov a vraiment mérité aujourd'hui ! Cependant, nous devons maintenant voir si la Russie peut convaincre les deux parties de respecter réellement cet accord.

Voici une traduction automatique du premier rapport russe sur ce résultat :

CiterDéclaration des ministres des affaires étrangères de la Fédération de Russie, de la République d'Azerbaïdjan et de la République d'Arménie.

En réponse à l'appel du Président de la Fédération de Russie V.V. Poutine et conformément aux accords du Président de la Fédération de Russie V.V. Poutine, du Président de la République d'Azerbaïdjan I.G. Aliyev et du Premier ministre de la République d'Arménie N.V. Pashinyan, les parties sont convenues des mesures suivantes :

1. Un cessez-le-feu est déclaré à partir de 12h00 le 10 octobre 2020 à des fins humanitaires pour l'échange de prisonniers de guerre et d'autres personnes détenues et de cadavres, avec la médiation et conformément aux critères du Comité international de la Croix-Rouge.

2. Les paramètres spécifiques du régime de cessez-le-feu feront l'objet d'un accord supplémentaire.

3. La République d'Azerbaïdjan et la République d'Arménie, avec la médiation des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, sur la base des principes de base du règlement, entament des négociations de fond en vue de parvenir à un règlement pacifique dans les meilleurs délais.

4. Les parties confirment l'invariabilité du format du processus de négociation.

The Saker

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone