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Affaire Julian Assange (Wikileaks) avec Viktor Dedaj

Démarré par JacquesL, 25 Juin 2020, 12:21:41 PM

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JacquesL

Affaire Julian Assange (Wikileaks) avec Viktor Dedaj
Source : https://www.agoravox.tv/actualites/medias/article/affaire-julian-assange-wikileaks-86395
par maQiavel
jeudi 25 juin 2020

Voici un entretien de Gregos de « Le micro Papillon » avec Viktor Dedaj, journaliste, écrivain et grand spécialiste du dossier Wikileaks. Viktor Dedaj nous éclaire sur l'histoire de Wikileaks et du lanceur d'alerte Julian Assange aujourd'hui incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh en Angleterre. Un entretien passionnant (peut être le meilleur à ce jour sur le dossier), que Viktor Dedaj démarre par une mise en garde tant la désinformation a été efficace : « si vous n'avez pas suivi l'affaire Julian Assange et Wikileaks de près, tout ce que vous pensez connaitre sur le dossier est probablement faux ».

https://youtu.be/9XMltMNko_o


De l'information comme enjeu de l'exercice de la citoyenneté

Il ne serait pas pertinent de parler de Wikileaks sans évoquer le rôle crucial que joue l'information dans une société. Pour pouvoir corriger les injustices, il faut pouvoir en prendre connaissance et les dénoncer. C'est pourquoi les oligarques qui tirent bénéfice de ces injustices ont généralement tendance à conserver l'information autant que possible pour eux. Il ne peut y avoir de décision éclairé sans une information éclairante. Et sans décision éclairé, il ne peut y avoir de citoyenneté. L'information est donc un enjeu fondamental de la question de l'exercice de la citoyenneté. Une population mal informée est réceptive à un large panel de manipulations et prend de mauvaises décisions.

C'est ainsi que l'information a été pensée comme un bien public. Substrat indispensable à la formation des jugements politiques, elle est l'arme à mettre entre toutes les mains. Et parce qu'aucune société émancipée ne saurait s'en priver, l'Assemblée constituante de 1789 proclame que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme » et que « tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement ».



De la crise de la presse



Cependant, le législateur n'a pas sanctuarisé les moyens de son ambition, le droit « universel » de « répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit » s'est mué en un privilège , celui d'une poignée d'industriels suffisamment fortunés pour s'offrir les grands moyens d'information. Nous en arrivons à ce paradoxe : l'information est un bien public produit comme une marchandise. Cela va avoir de lourdes conséquences sur le métier de journaliste.

Touchés par le chômage, la précarisation, les mutations apportées par Internet, les journalistes sont promis à un avenir incertain et sont donc contraint de se subordonner aux puissances d'argent, de se soumettre indirectement et parfois directement aux propriétaires et aux annonceurs, même s'il existe une certaine autonomie, forte ou dérisoire selon les cas. L'idéologie professionnelle conduit forcément les journalistes à minimiser cette dépendance. Elle est redoublée d'une dépendance fonctionnelle par laquelle ce sont les pouvoirs qui produisent les informations qui alimentent la presse : grandes bureaucraties d'Etat, entreprises et grandes organisations internationales. Il n'y a pas que des relations de pression qui vont s'installer entre les journalistes et ces pouvoirs, des relations de coopération également : par paresse, par renoncement et par intérêt, les journalistes vont entretenir avec ces pouvoirs et leurs acteurs des relations de plus en plus étroites au point de devenir intimes, une proximité qui se traduit par le même langage et, au-delà, les mêmes façons de penser.

C'est dans ce contexte qu'a émergé le journalisme embarqué : les journalistes sont à côté des militaires pour une durée déterminée et dans une zone définie par ces derniers. Prisonnier d'une unité, embarqué avec les militaires dans la complexité d'une guerre, les reporters montrent ce que les militaires acceptent de leur faire partager et deviennent dépendant d'une source d'information unique. Le journalisme embarqué est ainsi un outil de communication pour les forces armées mais aussi pour les gouvernement qui vont logiquement avoir à cœur de justifier leur guerre auprès de leurs opinions en orientant soigneusement l'information à leur avantage.





De l'expansion et de l'opacité de la « communauté » du renseignement US

La communauté de renseignement américaine a connu une expansion phénoménale en réaction aux attentats du 11 septembre 2001. Alimentées par un flot d'argent public, les agences gouvernementales et les contractants privés se sont multipliées : en 2002, 37 nouveaux organismes ont vu le jour, l'année suivante, 36 nouvelles organisations ont été créées, puis en moyenne 25 par an jusqu'au moins en 2009. L'architecture de sécurité nationale mise en place est devenue si vaste, si complexe et si impénétrable que personne ne sait combien il coûte, combien de personnes il emploie, combien de programmes il chapeaute, ni combien d'agences effectuent le même travail. Au Pentagone, qui contrôle plus des deux tiers des programmes de renseignements, seule une poignée de hauts responsables, baptisés les « Super-Utilisateurs », sont théoriquement au courant de l'ensemble des activités du ministère. Et ce n'est que de la théorie car deux de ces Super-Utilisateurs ont confié au Washington Post, qu'il s'agit d'une mission impossible. « Je ne vivrai jamais assez longtemps pour être au courant de tout », a avoué l'un d'eux. Le culte jaloux du secret dans le monde du renseignement n'arrange pas les choses. Robert Gates, secrétaire d'Etat à la Défense entre 2006 et 2009 a déclaré en faisant référence aux civils du Pentagone « C'est un terrible aveu. Je n'arrive pas à obtenir de chiffres précis sur le nombre d'agents contractuels qui travaillent pour le bureau du ministère de la Défense ».

Il existe par ailleurs des programmes ultrasecrets contrôlés par des officiers de sécurité spécialement formés, fameux Special Access Programs (SAP). « Il n'y a qu'une seule entité dans l'Univers qui dispose d'une pleine visibilité sur l'ensemble des SAP – c'est Dieu », a déclaré James R. Clapper, lorsqu'il était vice-ministre de la Défense chargé du renseignement. Pour un haut fonctionnaire de la commission du Sénat sur les services militaires, la communauté du renseignement ressemble à « un organisme vivant qui respire », impossible à maîtriser. « Si vous pensez à tout l'argent investi là-dedans, la tête vous tourne. Nous avons construit une machine qui échappe à tout contrôle ». Ce tableau met en évidence une sorte de cartographie occulte des Etats-Unis, une Amérique « top secret » engendrée, à l'insu du public, par les attentats du 11 septembre, une infrastructure ingérable et pléthorique qui s'adonne à de l'espionnage généralisé à l'échelle de la planète et viole l'intimité de ses habitants.


NSA nous casse l'écoute!

Le recours systématique à des technologies toujours plus complexes a poussé les services gouvernementaux à multiplier les contrats avec une multitude de contractants privés qui ont accès à des informations ultraconfidentielles et qui ont dans ce système un rôle de plus en plus important. La dépendance du gouvernement à l'égard de ces entreprises est presque totale, le secteur privé s'est rendu à ce point indispensable que, sans sa collaboration, d'importantes missions militaires et de renseignement seraient sérieusement compromises. Depuis le 11 septembre 2001, les contributions des sous-traitants mais aussi leurs méfaits ont brouillé les frontières concernant l'utilisation légitime et illégitime de la force. Les exactions des sociétés de sécurité privées en Irak et en Afghanistan ont causé beaucoup de tort à la crédibilité des Etats-Unis dans ces pays, ainsi qu'ailleurs au Moyen-Orient.





De l'entrée en scène de Wikileaks

C'est donc dans ce contexte d'alignement de la presse sur les pouvoirs et d'extension d'une communauté du renseignement de plus en plus opaque et liberticide que Julian Assange et Wikileaks vont entrer en scène.

Assange théorise que dans un futur électronique où l'information et les communications sont de plus en plus électronique, la capacité du citoyen de se protéger sera de plus en plus faible. Face à ces services occultes qui n'ont plus de compte à rendre, l'existence d'un pouvoir populaire devenait une impossibilité. Seuls les spécialistes en cryptographie avaient la capacité d'offrir éventuellement des outils pour permettre aux citoyens de conserver un minimum de secret et de discrétion.

Son idée : plus les sociétés de surveillance devenaient volumineuses, plus il y'avait des probabilité pour que des gens à l'intérieur se dressent contre le système pour dénoncer les crimes commis et révéler ce qui se passe dans cette Amérique top secret qui classifie de plus en plus d'informations. Sa solution pour rétablir l'équilibre : offrir la possibilité aux lanceurs d'alerte de dénoncer des abus de pouvoirs et éventuellement des crimes. Pour Julian Assange, si des guerres peuvent être déclenchées par des mensonges, la paix peut être préservé par la vérité. Ainsi est né Wikileaks, qui n'est pas une organisation occulte d'hacker ou de pirates informatique mais un organe de presse qui est officiellement déclaré et qui est dédié à offrir aux lanceurs d'alerte une plateforme.

Wikileaks garantit :


  • L'anonymat : Julian Assange a utilisé ses connaissances informatiques pour garantir l'anonymat aux lanceur d'alerte qui fournissent des documents et leur permet de se connecter sur le site sans qu'on puisse les tracer.

  • L'authenticité des documents : l'organe a publié 10 millions de documents et constitue la plus grosse archives des temps modernes et jamais l'authenticité des documents n'a été remise en cause.

  • La publication : l'organe garanti la publication des documents dont l'authenticité a été vérifié.

Le courage étant contagieux, les lanceurs d'alerte ont été convaincu par Wikileaks qui s'est alors fait connaitre sur la scène internationale pour la dénonciation de crimes de guerre en Afghanistan et en Irak par les Etats unis et leurs alliés et qui a produit plus de scoops en un an que l'ensemble de la presse mondiale depuis l'invention de l'imprimerie selon Viktor Dedaj. Wikileaks a eu un succès phénoménal et représente un danger existentiel pour les pouvoirs corrompus qui explique la hargne avec laquelle Julian Assange est persécuté et que Viktor Dedaj explique en détail dans la vidéo.


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Sources :

-Le Micro-Papillon - Media Officiel

-Dans la nébuleuse des services secrets

-Dans la nébuleuse des services secrets (2/2)

-Journalisme embarqué, par Alain Garrigou,

-Projet pour une presse libre, par Pierre Rimbert


Tags : Information et Médias Wikileaks Julian Assange Lanceurs d'alerte

JacquesL

Le procès « stalinien » de Julian Assange

Intervention de John Pilger devant le tribunal le 7 septembre, alors que l'audience d'extradition de l'éditeur de WikiLeaks entrait dans sa phase finale.

Lorsque j'ai rencontré Julian Assange pour la première fois il y a plus de dix ans, je lui ai demandé pourquoi il avait créé WikiLeaks. Il m'a répondu : « La transparence et la responsabilité sont des questions morales qui doivent être l'essence de la vie publique et du journalisme ».

Je n'avais jamais entendu un éditeur ou un rédacteur en chef invoquer la moralité de cette manière. Assange croit que les journalistes sont les agents du peuple, et non du pouvoir : que nous, le peuple, avons le droit de connaître les secrets les plus sombres de ceux qui prétendent agir en notre nom.

Si les puissants nous mentent, nous avons le droit de savoir. S'ils disent une chose en privé et le contraire en public, nous avons le droit de savoir. S'ils conspirent contre nous, comme Bush et Blair l'ont fait au sujet de l'Irak, puis prétendent être des démocrates, nous avons le droit de savoir.

C'est cette morale de la finalité qui menace tant la collusion des puissances qui veulent plonger une grande partie du monde dans la guerre et veulent enterrer Julian vivant dans l'Amérique fasciste de Trump.

En 2008, un rapport top secret du Département d'État américain a décrit en détail comment les États-Unis allaient combattre cette nouvelle menace morale. Une campagne de diffamation personnelle menée en secret contre Julian Assange conduirait à « l'exposition [et] à des poursuites pénales ».

L'objectif était de réduire au silence et de criminaliser WikiLeaks et son fondateur. Page après page, on a révélé l'imminence d'une guerre contre un seul être humain et sur le principe même de la liberté d'expression et de pensée, et de la démocratie.

Les troupes de choc de l'Empire sont celles qui se disent journalistes : les grands noms du soi-disant courant dominant, en particulier les « progressistes » qui balisent et patrouillent le périmètre de la dissidence.

Une vengeance en bonne et due forme

Et c'est ce qui s'est passé. Je suis journaliste depuis plus de 50 ans et je n'ai jamais connu une campagne de diffamation comme celle-ci : l'assassinat fabriqué d'un homme qui refusait de rejoindre le club : qui croyait que le journalisme était un service au public, jamais à ceux d'en haut.

Assange a fait honte à ses persécuteurs. Il a produit scoop après scoop. Il a révélé la fraude des guerres promues par les médias et la nature meurtrière des guerres américaines, la corruption des dictateurs, les maux de Guantanamo.

Il nous a forcé, en Occident, à nous regarder dans le miroir. Il a dénoncé dans les médias les personnes qui disaient officiellement la vérité comme des collaborateurs : ceux que j'appellerais les journalistes de Vichy. Aucun de ces imposteurs n'a cru Assange lorsqu'il a averti que sa vie était en danger : que le « scandale sexuel » en Suède était un coup monté et qu'un enfer américain était sa destination finale. Et il avait raison, comme toujours.

L'audience d'extradition à Londres qui débute cette semaine est le dernier acte d'une campagne anglo-américaine visant à enterrer Julian Assange. Il ne s'agit pas d'un procès en bonne et due forme. Il s'agit d'une vengeance. L'acte d'accusation américain est clairement truqué, un simulacre démontrable. Jusqu'à présent, les audiences rappellent leurs équivalents staliniens de la guerre froide.

Aujourd'hui, la terre qui nous a donné la Magna Carta, la Grande-Bretagne, se distingue par l'abandon de sa propre souveraineté en permettant à une puissance étrangère malveillante de manipuler la justice et par la torture psychologique vicieuse de Julian – une forme de torture, comme l'a souligné l'expert des Nations unies Nils Melzer, qui a été affinée par les nazis parce qu'elle était la plus efficace pour briser ses victimes.

Lâcheté à Canberra

Chaque fois que j'ai rendu visite à Assange dans la prison de Belmarsh, j'ai vu les effets de cette torture. La dernière fois que je l'ai vu, il avait perdu plus de 10 kilos ; ses bras n'avaient plus de muscles. Incroyablement, son sens de l'humour était intact.

Quant à la terre natale d'Assange, l'Australie n'a fait preuve que d'une lâcheté écœurante puisque son gouvernement a secrètement conspiré contre son propre citoyen qui devrait être célébré comme un héros national. Ce n'est pas pour rien que George W. Bush a oint le premier ministre australien son « shérif adjoint ».

On dit que quoi qu'il arrive à Julian Assange au cours des trois prochaines semaines, cela va affaiblir sinon détruire la liberté de la presse en Occident. Mais quelle presse ? The Guardian ? La BBC, le New York Times, le Washington Post de Jeff Bezos ?

Non, les journalistes de ces organisations peuvent dormir tranquilles. Les Judas du Guardian qui ont flirté avec Julian, exploité son œuvre phare, qui en ont bien profité puis qui l'ont trahi, n'ont rien à craindre. Ils sont en sécurité parce qu'on a besoin d'eux.

La liberté de la presse est désormais l'apanage d'un petit nombre d'honorables : les exceptions, les dissidents sur Internet qui n'appartiennent à aucun club, qui ne sont ni riches ni chargés de Prix, mais qui produisent un journalisme fin, désobéissant et moral – comme celui de Julian Assange.

En attendant, il est de notre responsabilité de nous tenir aux côtés d'un vrai journaliste dont le courage même devrait être une source d'inspiration pour tous ceux d'entre nous qui croient encore que la liberté est possible. Je le salue.

John Pilger

Source de l'image en vedette : Medium

Article original en anglais :


The "Stalinist" Trial of Julian Assange, le 7 septembre 2020

Traduction par VD pour le Grand Soir