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jacquesloyal

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Lybie : Benghazi, Zaouiyah...

Démarré par JacquesL, 24 Février 2011, 07:11:05 PM

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JacquesL

Lybie : Benghazi, Zaouiyah...

http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/02/24/1484443.html
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/02/24/1484897.html
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/02/24/1484544.html

Et des pilotes de Mirage F1 se sont posés à Malte, pour refuser de tirer sur leurs compatriotes.
http://maltatoday.com.mt/news/libya/defecting-libyan-air-force-fighter-planes-identified
Un pilote de Sukhoï 22 n'a pas pu aller si loin, et se serait éjecté, mais l'info est discutée

Si j'ai bien compris, c'est la majorité des régions qui sont en insurrection contre Mouammar Qaddafi ?

JacquesL



http://www.lepost.fr/article/2011/02/24/2416888_kaddafi-et-si-c-etait-bientot-fini.html

Carte mise à disposition par l'opposant libyen Iyad El-Baghdadi
sur son compte twitter

CiterGaddafi, c'est fini.... ou presque

Gaddafi a perdu le contrôle de son pays.

Le pouvoir est divisé jusqu'au coeur du gouvernement : le ministre de l'Intérieur, Abdel Fatah Younes et le ministre de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, ont démissionné. Ce dernier a révélé hier que le colonel Gaddafi lui-même avait ordonné l'attentat de Lockerbie en 1988 contre un Boeing 747 de la Pan Am, et il a précisé qu'il avait des preuves.

Certains éléments de l'armée ont déserté, refusant de tirer sur le peuple, quand ils n'ont pas éte massacré, comme dans le camp de Fadhil Pouamar. Les seules forces militaires pro Gaddafi opérationnelles sont les régiments commandés par les fils de Gaddafi, qui sont également les mieux équipés.

La situation à l'est du pays : la Cyrénaïque, région riche en pétrole, échappe au contrôle du Guide Suprême depuis lundi. Misrata, à l'est de la capitale, est l'objet de combats violents, l'un des fils de Gaddafi, tentant d'en reprendre le contrôle. Mais Benghazi, Derna, Tobrouk sont aux mains des anti-Gaddafi.

A l'ouest du pays, la situation semble plus nuancée : la ville de Zaoura est passé aux opposants à Gaddafi, ainsi que Az-zawiyah,où les combats font rage, mais les pro-Gaddafi contrôlent encore une partie de la zone.

Le centre correspond à la zone d'influence de la tribu Gaddafa, la tribu de Gaddafi, et cette zone est encore sous contrôle du colonel.

Le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a annoncé mercredi que Derna était quant à elle sous le contrôle d'Al-Qaïda qui y aurait établi un émirat islamique ; information impossible à vérifier et qui pourrait bien avoir pour but d'effrayer les Occidentaux...

Dans son discours de jeudi, par téléphone, Gaddafi met en cause Ben Laden, utilisant une rhétorique jadis efficace, mais désormais obsolète.

Paris ne craint plus de parler de crimes contre l'humanité.... Le choix politique de la France est clair maintenant.

La Suisse a gelé les avoirs de Gaddafi.

Enfin, trois sources concordantes évoquent le possible départ de Mouammar Gaddafi  pour le Zimbabwe :  tout d'abord, l'agence italienne Ansa, ensuite la chaîne australienne ABC news, citant Guma el-Gamaty, activiste politique Libyen installé à Londres et pour finir Slimane Bouchuiguir, secrétaire de la branche libyenne de Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH), sur France24.

Seule la région de Tripoli semble encore être sous le contrôle des pro-Gaddafi, ainsi que deux villes du centre et du nord du pays.

Les pro-Gaddafi vont être pris en tenaille....

Bref, les dés semblent bien avoir été jetés.

JacquesL




JacquesL

Il est très très rare de tomber sur une analyse de fond de la situation lybienne. Ne ratons pas celle-ci :
http://michelcollon.info/Libye-revolte-populaire-guerre.html
http://michelcollon.info/IMG/article_PDF/article_a3100.pdf

Libye : révolte populaire, guerre civile ou agression militaire ?

Citer
> La rubrique de Michel Collon > Libye : révolte populaire, guerre civile ou agression militaire (...)
Libye : révolte populaire, guerre civile ou agression militaire ?
Grégoire Lalieu, Michel Collon


7 mars 2011
Article en PDF : Enregistrer au format PDF
Depuis trois semaines, des affrontements opposent les troupes fidèles au colonel Kadhafi à des forces d'opposition issues de l'est du pays. Après Ben Ali et Moubarak, Kadhafi sera-t-il le prochain dictateur à tomber ? Ce qui se passe en Libye est-il semblable aux révoltes populaires en Tunisie et en Egypte ? Comment comprendre les frasques et les retournements de veste du colonel ? Pourquoi l'Otan se prépare-t-elle à la guerre ? Comment expliquer la différence entre un bon Arabe et un mauvais Arabe ? Dans ce nouveau chapitre de notre série Comprendre le monde musulman, Mohamed Hassan répond aux questions d'Investig'Action...



Interview : Grégoire Lalieu & Michel Collon


Après la Tunisie et l'Egypte, la révolution arabe aurait-elle gagné la Libye ?
Ce qui se passe actuellement en Libye est différent. En Tunisie et en Egypte, le manque de libertés était flagrant. Mais ce sont les conditions sociales déplorables qui ont véritablement poussé les jeunes à la révolte. Tunisiens et Egyptiens n'avaient aucune possibilité d'entrevoir un avenir.

En Libye, le régime de Mouammar Kadhafi est corrompu, monopolise une grande partie des richesses et a toujours réprimé sévèrement toute contestation. Mais les conditions sociales des Libyens sont meilleures que dans les pays voisins. L'espérance de vie en Libye est plus importante que dans le reste de l'Afrique. Les systèmes de santé et d'éducation sont convenables. La Libye est d'ailleurs l'un des premiers pays africains à avoir éradiqué la malaria. Même s'il y a de fortes inégalités dans la répartition des richesses, le PIB par habitant est d'environ 11.000 dollars. Un des plus élevés du monde arabe. Vous ne retrouvez donc pas en Libye les mêmes conditions objectives qui ont conduit aux révoltes populaires en Tunisie et en Egypte.


Comment expliquez-vous alors ce qui se passe en Libye ?

Pour bien comprendre les événements actuels, nous devons les replacer dans leur contexte historique. La Libye était autrefois une province ottomane. En 1830, la France s'empara de l'Algérie. Par ailleurs, le gouverneur égyptien Mohamed Ali, sous tutelle de l'Empire ottoman, menait une politique de plus en plus indépendante. Avec, d'une part, les Français en Algérie et, d'autre part, Mohamed Ali en Egypte, les Ottomans craignaient de perdre le contrôle de la région : ils envoyèrent leurs troupes en Libye.

A cette époque, la confrérie des Senoussis exerçait une influence très forte dans le pays. Elle avait été fondée par Sayid Mohammed Ibn Ali as Senoussi, un Algérien qui, après avoir étudié dans son pays et au Maroc, alla prêcher sa vision de l'islam en Tunisie et en Libye. Au début du 19ème siècle, Senoussi commençait à faire de nombreux adeptes, mais n'était pas bien perçu par certaines autorités religieuses ottomanes qu'il critiquait dans ses prêches. Après un passage en Egypte et à la Mecque, Senoussi décida de s'exiler définitivement en Cyrénaïque, dans l'est de la Libye.

Sa confrérie s'y développa et organisa la vie dans la région, y percevant des taxes, résolvant les conflits entre les tribus, etc. Elle possédait même sa propre armée et proposait ses services pour escorter les caravanes de commerçants passant par là. Finalement, cette confrérie des Senoussis devint le gouvernement de fait de la Cyrénaïque, étendant même son influence jusque dans le nord du Tchad. Mais ensuite, les puissances coloniales européennes s'implantèrent en Afrique, divisant la partie sub-saharienne du continent. Cela eut un impact négatif pour les Senoussis. L'invasion de la Libye par l'Italie entama aussi sérieusement l'hégémonie de la confrérie dans la région.


En 2008, l'Italie a versé des compensations à la Libye pour les crimes coloniaux. La colonisation avait été à ce point terrible ? Ou bien Berlusconi voulait se faire bien voir pour conclure des accords commerciaux avec Kadhafi ?

La colonisation de la Libye fut atroce. Au début du 20ème siècle, un groupe fasciste commença à diffuser une propagande prétendant que l'Italie, vaincue par l'armée éthiopienne à la bataille d'Adoua en 1896, devait rétablir la primauté de l'homme blanc sur le continent noir. Il fallait laver la grande nation civilisée de l'affront infligé par les barbares. Cette propagande affirmait que la Libye était un pays sauvage, habité par quelques nomades arriérés et qu'il conviendrait aux Italiens de s'installer dans cette région agréable, avec son paysage de carte postale.

L'invasion de la Libye déboucha sur la guerre italo-turque de 1911, un conflit particulièrement sanglant qui se solda par la victoire de l'Italie un an plus tard. Cependant, la puissance européenne ne contrôlait que la région de la Tripolitaine et devait faire face à une résistance tenace dans le reste du pays, particulièrement dans la Cyrénaïque. Le clan des Senoussis y appuyait Omar Al-Mokhtar qui dirigea une lutte de guérilla remarquable dans les montagnes. Il infligea de sérieux dégâts à l'armée italienne pourtant mieux équipée et supérieure en nombre.

Finalement, au début des années trente, l'Italie de Mussolini prit des mesures radicales pour éliminer la résistance. La répression devint extrêmement féroce et l'un de ses principaux bouchers, le général Rodolfo Graziani écrivit : « Les soldats italiens étaient convaincus qu'ils étaient investis d'une mission noble et civilisatrice. (...) Ils se devaient de remplir ce devoir humain quel qu'en fût le prix. (...) Si les Libyens ne se convainquent pas du bien-fondé de ce qui leur est proposé, alors les Italiens devront mener une lutte continuelle contre eux et pourront détruire tout le peuple libyen pour parvenir à la paix, la paix des cimetières...  ».

En 2008, Silvio Berlusconi a payé des compensations à la Libye pour ces crimes coloniaux. C'était bien sûr une démarche intéressée : Berlusconi voulait bien se faire voir de Kadhafi pour conclure des partenariats économiques. Néanmoins, on peut dire que le peuple libyen a terriblement souffert du colonialisme. Et parler de génocide ne serait pas exagéré.




Comment la Libye gagna-t-elle son indépendance ?

Pendant que les colons italiens réprimaient la résistance en Cyrénaïque, le chef des Senoussis, Idriss, s'exila en Egypte pour négocier avec les Britanniques. Après la Seconde Guerre mondiale, l'empire colonial européen fut progressivement démantelé et la Libye devint indépendante en 1951. Appuyé par la Grande-Bretagne, Idriss prit le pouvoir. Pourtant, une partie de la bourgeoisie libyenne, influencée par le nationalisme arabe qui se développait au Caire, souhaitait que la Libye soit rattachée à l'Egypte. Mais les puissances impérialistes ne voulaient pas voir se développer une grande nation arabe. Elles appuyèrent donc l'indépendance de la Libye en y plaçant leur marionnette, Idriss.



Le roi Idriss répondit-il aux attentes ?

Tout à fait. A l'indépendance, les trois régions qui constituent la Libye - la Tripolitaine, le Fezzan et la Cyrénaïque - se sont retrouvées unifiées dans un système fédéral. Mais il faut savoir que le territoire libyen est trois fois plus grand que la France. A cause du manque d'infrastructures, les limites de ce territoire n'ont pu être clairement définies qu'après l'invention de l'avion. Et en 1951, le pays ne comptait qu'un million d'habitants. De plus, les trois régions nouvellement unifiées avaient une culture et une histoire très différentes. Enfin, le pays manquait de routes permettant aux régions de communiquer. En fait, la Libye était à un stade très arriéré, ce n'était pas une véritable nation.


Pouvez-vous préciser ce concept ?

L'Etat-nation est un concept lié à l'apparition de la bourgeoisie et du capitalisme. En Europe, durant le moyen-âge, la bourgeoisie capitaliste souhaitait développer son commerce sur une échelle aussi large que possible, mais était freinée par toutes les contraintes du système féodal. Les territoires étaient morcelés en de nombreuses petites entités, ce qui imposait aux commerçants de payer un grand nombre de taxes pour livrer une marchandise d'un endroit à un autre. Sans compter les divers privilèges dont il fallait s'acquitter auprès des seigneurs féodaux. Toutes ces entraves ont été supprimées par les révolutions bourgeoises capitalistes qui ont permis la création d'Etats-nations avec de grands marchés nationaux sans entraves.

Mais la nation libyenne a été créée alors qu'elle était encore à un stade précapitaliste. Elle manquait d'infrastructures, une grande partie de la population était nomade et impossible à contrôler, les divisions étaient très fortes au sein de la société, l'esclavage était encore pratiqué... De plus, le roi Idriss n'avait aucun projet pour développer le pays. Il était totalement dépendant des aides US et britanniques.


Pourquoi la Grande-Bretagne et les Etats-Unis le soutenaient-ils ? Le pétrole ?

En 1951, le pétrole libyen n'avait pas encore été découvert. Mais les Anglo-Saxons avaient des bases militaires dans ce pays qui occupe une position stratégique pour le contrôle de la mer Rouge et de la Méditerranée.

Ce n'est qu'en 1954 qu'un riche Texan, Nelson Bunker Hunt, découvrit le pétrole libyen. A l'époque, le pétrole arabe se vendait aux alentours de 90 cents le baril. Mais le pétrole libyen était acheté à 30 cents le baril tellement ce pays était arriéré. C'était peut-être le plus misérable d'Afrique.


De l'argent rentrait pourtant grâce au pétrole. A quoi servait-il ?

Le roi Idriss et son clan, les Senoussis, s'enrichissaient personnellement. Ils redistribuaient également une partie des revenus pétroliers aux chefs des autres tribus pour apaiser les tensions. Une petite élite s'est développée grâce au commerce du pétrole et quelques infrastructures ont été construites, principalement sur la côte méditerranéenne, la partie la plus intéressante pour commercer avec l'extérieur. Mais les zones rurales dans le cœur du pays restaient extrêmement pauvres et des tas de miséreux s'amassaient dans des bidonvilles autour des cités. Cela a continué jusqu'en 1969, quand trois officiers ont renversé le roi. Parmi eux, Kadhafi.


Comment se fait-il que la révolution soit venue d'officiers de l'armée ?

Dans un pays profondément marqué par les divisions tribales, l'armée était en fait la seule institution nationale. La Libye n'existait pas en tant que telle sauf à travers cette armée. A côté de ça, les Senoussis du roi Idriss possédaient leur propre milice. Mais dans l'armée nationale, les jeunes Libyens issus des différentes régions et tribus pouvaient se retrouver.

Kadhafi a d'abord évolué au sein d'un groupe nassériste, mais lorsqu'il a compris que cette formation ne serait pas capable de renverser la monarchie, il s'est engagé dans l'armée. Les trois officiers qui ont destitué le roi Idriss étaient très influencés par Nasser. Gamal Abdel Nasser était lui-même un officier de l'armée égyptienne qui renversa le roi Farouk. Inspiré par le socialisme, Nasser s'opposait à l'ingérence des puissances néocoloniales et prônait l'unité du monde arabe. Il nationalisa d'ailleurs le canal de Suez, jusque là géré par la France et la Grande-Bretagne, s'attirant les foudres et les bombardements de l'Occident en 1956.
Le panarabisme révolutionnaire de Nasser avait eu un effet important en Libye, notamment dans l'armée et sur Kadhafi. Les officiers libyens auteurs du coup d'Etat de 1969 suivirent le même agenda que Nasser.


Quels furent les effets de la révolution en Libye ?

Kadhafi avait deux options. Soit laisser le pétrole libyen aux mains des compagnies occidentales comme l'avait fait le roi Idriss. La Libye serait alors devenue comme ces monarchies pétrolières du Golfe où l'esclavage est encore pratiqué, où les femmes n'ont aucun droit et où des architectes européens peuvent s'éclater à construire des tours farfelues avec des budgets astronomiques qui proviennent en fait des richesses des peuples arabes. Soit suivre une voie indépendante des puissances néocoloniales. Kadhafi a choisi cette deuxième option, il a nationalisé le pétrole libyen, provoquant la colère des impérialistes.

Dans les années 50, une blague circulait à la Maison Blanche, au sein de l'administration Eisenhower qui se développa ensuite en véritable théorie politique sous Reagan. Comment distinguer les bons des mauvais Arabes ? Un bon Arabe fait ce que les Etats-Unis lui disent. En échange, il reçoit des avions, est autorisé à déposer son argent en Suisse, est invité à Washington, etc. Eisenhower et Reagan nommaient ces bons Arabes : les rois d'Arabie Saoudite et de Jordanie, les cheikhs et émirs du Koweït et du Golfe, le Shah d'Iran, le roi du Maroc et bien-sûr, le roi Idriss de Libye. Les mauvais Arabes ? Ceux qui n'obéissaient pas à Washington : Nasser, Kadhafi, Saddam plus tard...


Tout de même, Kadhafi n'est pas très...




Kadhafi n'est pas un mauvais Arabe parce qu'il fait tirer sur la foule. On fait la même chose en Arabie Saoudite ou au Bahreïn et les dirigeants de ces pays reçoivent tous les honneurs de l'Occident. Kadhafi est un mauvais Arabe parce qu'il a nationalisé le pétrole libyen que les compagnies occidentales considéraient - jusqu'à la révolution de 69 - comme leur appartenant. Ce faisant, Kadhafi a apporté des changements positifs en Libye, au niveau des infrastructures, de l'éducation, de la santé, de la condition des femmes, etc.


Bon, Kadhafi renverse la monarchie, nationalise le pétrole, s'oppose aux puissances impériales et apporte des changements positifs en Libye. Pourtant, quarante ans plus tard, c'est un dictateur corrompu, qui réprime l'opposition et qui ouvre à nouveau les portes du pays aux compagnies occidentales. Comment expliquer ce changement ?

Dès le départ, Kadhafi s'est opposé aux grandes puissances coloniales et a généreusement soutenu divers mouvements de libération dans le monde. Je trouve qu'il a été très bien pour ça. Mais pour être complet, il faut aussi préciser que le colonel était anticommuniste. En 1971 par exemple, il fit dérouter vers le Soudan un avion transportant des dissidents communistes soudanais qui furent aussitôt exécutés par le président Nimeyri.

En fait, Kadhafi n'a jamais été un grand visionnaire. Sa révolution était une révolution de nationaliste bourgeois et il a instauré en Libye un capitalisme d'Etat. Pour comprendre comment son régime est parti à la dérive, nous devons analyser le contexte qui n'a pas joué en sa faveur, mais aussi les erreurs personnelles du colonel.
Tout d'abord, nous avons vu que Kadhafi était parti de rien en Libye. Le pays était très arriéré. Il n'y avait donc pas de gens éduqués ou une forte classe ouvrière pour appuyer la révolution. La plupart des personnes ayant reçu une éducation faisaient partie de l'élite qui bradait les richesses libyennes aux puissances néocoloniales. Evidemment, ces gens n'allaient pas soutenir la révolution et la plupart d'entre eux quittèrent le pays pour organiser l'opposition à l'étranger.

De plus, les officiers libyens qui ont renversé le roi Idriss étaient très influencés par Nasser. L'Egypte et la Libye prévoyait d'ailleurs de nouer un partenariat stratégique. Mais la mort de Nasser en 1970 fit tomber le projet à l'eau et l'Egypte devint un pays contre-révolutionnaire, aligné sur l'Ouest. Le nouveau président égyptien, Anouar al-Sadate, se rapprocha des Etats-Unis, libéralisa progressivement l'économie et s'allia avec Israël. Un bref conflit éclata même avec la Libye en 1977. Imaginez la situation dans laquelle se trouvait Kadhafi : le pays qui l'avait inspiré et avec lequel il devait conclure une alliance capitale devenait soudainement son ennemi !

Un autre élément contextuel a joué en défaveur de la révolution libyenne : la baisse importante du cours du pétrole dans les années 80. En 1973, dans le cadre de la guerre israélo-arabe, les pays producteurs de pétrole décidèrent d'un embargo, faisant grimper en flèche le prix du baril. Cet embargo provoqua le premier grand transfert de richesses du Nord vers le Sud. Mais dans les années 80, eut lieu ce qu'on pourrait appeler une contre-révolution pétrolière orchestrée par Reagan et les Saoudiens. L'Arabie Saoudite augmenta considérablement sa production de pétrole et inonda le marché, provoquant une chute radicale des prix. Le baril passa de 35 dollars le baril à 8 dollars.


L'Arabie Saoudite ne se tirait-elle pas une balle dans le pied ?

Cela eut en effet un impact négatif sur l'économie saoudienne. Mais le pétrole n'est pas le plus important pour l'Arabie Saoudite. Sa relation avec les Etats-Unis prime avant tout, car c'est le soutien de Washington qui permet à la dynastie saoudienne de se maintenir au pouvoir.

Ce raz-de-marée pétrolier eut des conséquences catastrophiques pour de nombreux pays producteurs de pétrole qui s'endettèrent. Et tout cela se produisit dix années seulement après la montée au pouvoir de Kadhafi. Le dirigeant libyen, parti de rien, voyait en plus les seuls moyens dont il disposait pour construire quelque chose, fondre comme neige au soleil avec la chute des cours du pétrole.
Notez également que cette contre-révolution pétrolière accéléra la chute de l'URSS, alors empêtrée en Afghanistan. Avec la disparition du bloc soviétique, la Libye perdait son principal soutien politique et se retrouva très isolée sur la scène internationale. Isolement d'autant plus grand que l'administration Reagan avait placé la Libye sur la liste des Etats-terroristes et imposé toute une série de sanctions.


Qu'en est-il des erreurs commises par Kadhafi ?

Comme je l'ai dit, ce n'était pas un grand visionnaire. La théorie développée autour de son livre vert est un mélange d'anti-impérialisme, d'islamisme, de nationalisme, de capitalisme d'Etat et d'autres choses encore. Outre son manque de vision politique, Kadhafi a d'abord commis une grave erreur en attaquant le Tchad dans les années 70. Le Tchad est le cinquième plus grand pays d'Afrique et le colonel, considérant sans doute que la Libye était trop petite pour ses ambitions mégalomaniaques, a annexé la bande d'Aozou. Il est vrai qu'historiquement, la confrérie des Senoussis exerçait son influence jusque dans cette région. Et en 1935, le ministre français des Affaires étrangères, Pierre Laval, voulut acheter Mussolini en lui proposant la bande d'Aozou. Mais finalement, Mussolini se rapprocha d'Hitler et l'accord resta lettre morte.

Kadhafi a néanmoins voulu annexer ce territoire et s'est livré à une lutte d'influence avec Paris dans cette ancienne colonie française. Finalement, les Etats-Unis, la France, l'Egypte, le Soudan et d'autres forces réactionnaires de la région, ont soutenu l'armée tchadienne qui mit en déroute les troupes libyennes. Des milliers de soldats et d'importantes quantités d'armes furent capturés. Le président du Tchad, Hissène Habré, vendit ces soldats à l'administration Reagan. Et la CIA les utilisa comme mercenaires au Kenya et en Amérique latine.

Mais la plus grande erreur de la révolution libyenne est d'avoir tout misé sur les ressources pétrolières. En effet, les ressources humaines sont la plus grande richesse d'un pays. Vous ne pouvez pas réussir une révolution si vous ne développez pas l'harmonie nationale, la justice sociale et une juste répartition des richesses.
Or, le colonel n'a jamais supprimé les discriminations ancestrales en Libye. Comment mobiliser la population si vous ne montrez pas aux Libyens que, quelque soit leur appartenance ethnique ou tribale, tous sont égaux et peuvent œuvrer ensemble pour le bien de la nation ? La majorité de la population libyenne est arabe, parle la même langue et partage la même religion. La diversité ethnique n'est pas très importante. Il était possible d'abolir les discriminations pour mobiliser la population.

Kadhafi a également été incapable d'éduquer le peuple libyen sur les enjeux de la révolution. Il n'a pas élevé le niveau de conscience politique de ses citoyens et n'a pas développé de parti pour appuyer la révolution.


Pourtant, dans la foulée de son livre vert de 1975, il instaure des comités populaires, sorte de démocratie directe.



Cette tentative de démocratie directe était influencée par des concepts marxistes-léninistes. Mais ces comités populaires en Libye ne s'appuyaient sur aucune analyse politique, aucune idéologie claire. Ce fut un échec. Kadhafi n'a pas non plus développé de parti politique pour appuyer sa révolution. Finalement, il s'est coupé du peuple. La révolution libyenne est devenue le projet d'une seule personne. Tout tournait autour de ce leader charismatique déconnecté de la réalité. Et lorsque le fossé se creuse entre un dirigeant et son peuple, la sécurité et la répression viennent combler le vide. Les excès se sont multipliés, la corruption s'est développée de manière importante et les divisions tribales se sont cristallisées.

Aujourd'hui, ces divisions resurgissent dans la crise libyenne. Il y a bien sûr une partie de la jeunesse en Libye qui est fatiguée de la dictature et qui est influencée par les événements en Tunisie et en Egypte. Mais ces sentiments populaires sont instrumentalisés par l'opposition dans l'est du pays qui réclame sa part du gâteau, la répartition des richesses étant très inégale sous le régime de Kadhafi. Bientôt, les véritables contradictions vont apparaître au grand jour.

On ne sait d'ailleurs pas grand-chose sur ce mouvement d'opposition. Qui sont-ils ? Quel est leur programme ? S'ils voulaient vraiment mener une révolution démocratique, pourquoi ont-ils ressorti les drapeaux du roi Idriss, symboles d'un temps où la Cyrénaïque était la province dominante du pays ? Ont-ils demandé leur avis aux autres Libyens ? Peut-on parler de mouvement démocratique lorsque ces opposants massacrent les Noirs de la région ? Si vous faites partie de l'opposition d'un pays, que vous êtes patriotique et que vous souhaitez renverser votre gouvernement, vous tentez cela correctement. Vous ne créez pas une guerre civile dans votre propre pays et vous ne lui faites pas courir le risque d'une balkanisation.




Selon vous, il s'agirait donc plus d'une guerre civile résultant des contradictions entre clans libyens ?

C'est pire, je pense. Il y a déjà eu des contradictions entre les tribus, mais elles n'ont jamais pris une telle ampleur. Ici, les Etats-Unis alimentent ces tensions afin de pouvoir intervenir militairement en Libye. Dès les premiers jours de l'insurrection, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a proposé d'apporter des armes aux opposants. Dans un premier temps, l'opposition organisée sous le Conseil National a refusé toute ingérence des puissances étrangères, car elle savait que cela jetterait le discrédit sur son mouvement. Mais aujourd'hui, certains opposants en appellent à une intervention armée.

Depuis que le conflit a éclaté, le président Obama a dit envisager toutes les options possibles et le sénat US appelle la communauté internationale à décréter une zone de non-vol au-dessus du territoire libyen, ce qui serait un véritable acte de guerre. De plus, le porte-avion nucléaire USS Enterprise, positionné dans le golfe d'Aden pour combattre la piraterie, est remonté jusqu'aux côtes libyennes. Deux navires amphibies, l'USS Kearsage et l'USS Ponce, avec à leur bord plusieurs milliers de marines et des flottes d'hélicoptère de combat, se sont également positionnés dans la Méditerranée.

La semaine passée, Louis Michel, l'ancien commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire de l'Union Européenne, s'est demandé avec force sur un plateau de télévision quel gouvernement aurait le courage de défendre devant son parlement la nécessité d'intervenir militairement en Libye. Mais Louis Michel n'a jamais appelé à une telle intervention en Egypte ou à Bahreïn. Pourquoi ?


La répression n'est-elle pas plus violente en Libye ?

La répression était très violente en Egypte, mais l'Otan n'a jamais positionné des navires de guerre le long des côtes égyptiennes pour menacer Moubarak. On l'a tout juste appelé à trouver une issue démocratique !

Pour la Libye, il faut être très prudent avec les informations qui nous parviennent. Un jour, on parle de 2.000 morts et le lendemain, le bilan est revu à 300. On a aussi dit dès le début de la crise que Kadhafi avait bombardé son propre peuple, mais l'armée russe, qui surveille la situation par satellite, a officiellement démenti cette information. Si l'Otan se prépare à intervenir militairement en Libye, nous pouvons être sûrs que les médias dominants vont diffuser la propagande de guerre habituelle.

En fait, la même chose s'est passée en Roumanie avec Ceausescu. Le soir du réveillon de Noël 1989, le premier ministre belge Wilfried Martens a fait un discours à la télévision. Il a prétendu que les forces de sécurité de Ceausescu venaient de tuer 12.000 personnes. C'était faux. Les images du fameux charnier de Timisoara ont également fait le tour du monde. Elles étaient censées démontrer la violence aveugle du président roumain. Mais il s'est avéré plus tard que tout cela était une mise en scène : des cadavres avaient été sortis de la morgue et placé dans des fosses pour impressionner les journalistes. On a aussi dit que les communistes avaient empoisonné l'eau, que des mercenaires syriens et palestiniens étaient présents en Roumanie ou bien encore que Ceausescu avait formé des orphelins pour en faire des machines à tuer. C'était de la pure propagande pour déstabiliser le régime.

Finalement, Ceausescu et sa femme furent tués après un simulacre de procès qui dura 55 minutes. Bien sûr, tout comme Kadhafi, le président roumain n'était pas un enfant de chœur. Mais que s'est-il passé depuis ? La Roumanie est devenue une semi-colonie de l'Europe. La main d'œuvre bon marché y est exploitée. De nombreux services ont été privatisés au profit des compagnies occidentales et sont hors de prix pour une grande partie de la population. Et maintenant, chaque année, des tas de Roumains vont pleurer sur la tombe de Ceausescu. La dictature était une chose terrible, mais depuis que le pays a été économiquement détruit, c'est pire !


Pourquoi les Etats-Unis voudraient-ils renverser Kadhafi ? Depuis une dizaine d'années, le colonel est devenu à nouveau fréquentable pour l'Occident et a privatisé une grande partie de l'économie libyenne au profit des compagnies occidentales.

Il faut analyser tous ces événements à la lumière des nouveaux rapports de force dans le monde. Les puissances impérialistes sont en déclin alors que d'autres forces sont en plein essor. Récemment, la Chine a proposé de racheter la dette portugaise ! En Grèce, la population est de plus en plus hostile à cette Union Européenne qu'elle perçoit comme une couverture de l'impérialisme allemand. Les mêmes sentiments se développent dans les pays de l'Est. Par ailleurs, les Etats-Unis ont attaqué l'Irak pour s'emparer du pétrole mais au final, seule une compagnie US en profite, le reste étant exploité par des compagnies malaisiennes et chinoises. Bref, l'impérialisme est en crise.

Par ailleurs, la révolution tunisienne a fortement surpris l'Occident. Et la chute de Moubarak encore plus. Washington tente de récupérer ces mouvements populaires, mais le contrôle lui échappe. En Tunisie, le premier ministre Mohamed Ghannouchi, un pur produit de la dictature Ben Ali, était censé assurer la transition et donner l'illusion d'un changement. Mais la détermination du peuple l'a contraint à démissionner. En Egypte, les Etats-Unis comptent sur l'armée pour maintenir en place un système acceptable. Mais des informations me sont parvenues confirmant que dans les innombrables casernes militaires disséminées à travers le pays, de jeunes officiers s'organisent en comités révolutionnaires par solidarité avec le peuple égyptien. Ils auraient même fait arrêter certains officiers associés au régime de Moubarak.

La région pourrait échapper au contrôle des Etats-Unis. Intervenir en Libye permettrait donc à Washington de briser ce mouvement révolutionnaire et d'éviter qu'il ne s'étende au reste du monde arabe et à l'Afrique. Depuis une semaine, des jeunes se révoltent au Burkina-Faso mais les médias n'en parlent pas. Pas plus que des manifestations en Irak.

L'autre danger pour les Etats-Unis est de voir émerger des gouvernements anti-impérialistes en Tunisie et en Egypte. Dans ce cas, Kadhafi ne serait plus isolé et pourrait revenir sur les accords conclus avec l'Occident. Libye, Egypte et Tunisie pourraient s'unir et former un bloc anti-impérialiste. Avec toutes les ressources dont ils disposent, notamment les importantes réserves de devises étrangères de Kadhafi, ces trois pays pourraient devenir une puissance importante de la région. Probablement plus importante que la Turquie.


Pourtant, Kadhafi avait soutenu Ben Ali lorsque le peuple tunisien s'est révolté.

Cela montre à quel point il est faible, isolé et déconnecté de la réalité. Mais les rapports de force changeants dans la région pourraient modifier la donne. Kadhafi pourrait changer son fusil d'épaule, ce ne serait pas la première fois.


Comment pourrait évoluer la situation en Libye ?

Les puissances occidentales et ce soi-disant mouvement d'opposition ont rejeté la proposition de médiation de Chavez. Ce qui laisse entendre qu'ils ne veulent pas d'issue pacifique au conflit. Mais les effets d'une intervention de l'Otan seront désastreux. On a vu ce que cela a donné au Kosovo ou en Afghanistan.

De plus, une agression militaire pourrait favoriser l'entrée en Libye de groupes islamistes qui pourraient s'emparer d'importants arsenaux sur place. Al-Qaïda pourrait s'infiltrer et faire de la Libye un deuxième Irak. Il y a d'ailleurs déjà des groupes armés au Niger que personne ne parvient à contrôler. Leur influence pourrait s'étendre à la Libye, au Tchad, au Mali, à l'Algérie... En fait, en préparant une intervention militaire, l'impérialisme est en train de s'ouvrir les portes de l'enfer !

En conclusion, le peuple libyen mérite mieux que ce mouvement d'opposition qui plonge le pays dans le chaos. Il lui faudrait un véritable mouvement démocratique pour remplacer le régime de Kadhafi et instaurer la justice sociale. En tout cas, les Libyens ne méritent pas une agression militaire. Les forces impérialistes en déroute semblent pourtant préparer une offensive contre-révolutionnaire dans le monde arabe. Attaquer la Libye est leur solution d'urgence. Mais cela leur retomberait sur les pieds.


Source : www.michelcollon.info


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Mohamed Hassan* est un spécialiste de la géopolitique et du monde arabe. Né à Addis Abeba (Ethiopie), il a participé aux mouvements d'étudiants dans la cadre de la révolution socialiste de 1974 dans son pays. Il a étudié les sciences politiques en Egypte avant de se spécialiser dans l'administration publique à Bruxelles. Diplomate pour son pays d'origine dans les années 90, il a travaillé à Washington, Pékin et Bruxelles. Co-auteur de L'Irak sous l'occupation (EPO, 2003), il a aussi participé à des ouvrages sur le nationalisme arabe et les mouvements islamiques, et sur le nationalisme flamand. C'est un des meilleurs connaisseurs contemporains du monde arabe et musulman.



Déjà paru dans notre série "Comprendre le monde musulman"

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JacquesL


JacquesL

#7
Mig 23 abattu sur Benghazi.
http://galeria.index.hu/kulfold/2011/03/19/harcok_bengazinal_szombaton/?current_image_num=1&image_size=l
Faites défiler les images.

Rectification : il semblerait que ce soit le seul appareil détenu par les insurgés, qui ait été abattu par eux.
Mais que diantre foutait ce pilote au dessus de la ville, là où il n'a rien à y faire ?

JacquesL

Libye : pourquoi la télévision française cache-t-elle que Sarkozy est sous commandement américain ?, par Bruno Roger-Petit.

http://www.lepost.fr/article/2011/03/20/2440446_libye-pourquoi-la-television-francaise-cache-t-elle-que-sarkozy-est-sous-commandement-americain.html

CiterDepuis hier, les télévisions françaises, reprenant sans vérifier les informations "storytellées" de l'Elysée (faut quand même admettre que la machine est bien rodée) nous bassinent avec le leadership français que la France se serait attibuée dans la décision d'intervenir dans l'affaire libyenne et dans l'action militaire qui s'est engagée par la suite. "La France en première ligne", "Sarkozy, commander in chief", "La France frappe la première", "Les avions français ont été engagés les premiers", "Le leadership français contre Kadhafi"... Toute la journée de samedi a été consacrée à la récitation de cette belle histoire. Sans notre glorieux président, héritier de César,Talleyrand, Charles XII de Suède, Bismarck, Clausewitz, Sun Tzu, Ike et Churchill, rien n'aurait été possible.

Soumis à ce déluge uniforme autant qu'univoque, il est alors bon de se pencher sur la couverture des mêmes événements par la presse américaine, entre New York Times et Washington Post, organes de presse qui ont fait leur preuve en matière d'indépendance et de sérieux. Cette lecture permet (hélas, je dis bien hélas..) de mesurer l'écart entre la "vérité sarkozyste" telle que les télévisions françaises la serinent depuis hier et la dure, froide et objective réalité. De cette lecture, on peut tirer deux leçons :

1/ Ce sont les Etats-Unis, seuls, qui ont décidé qu'il était enfin possible de se lancer dans l'opération diplomatique ouvrant la voie à l'emploi de la force contre la Libye.

2/ Une fois ces opérations entamées, la France sarkozyste a été placée sous commandement américain et obéit depuis au doigt et à l'oeil à ce que disent et décident Hillary Clinton et le président Obama.

On reprend.

1/ Un article visiblement très bien informé du New-York Times (à lire ICI en VO) décrit le processus qui a mené Obama à se décider à intervenir en Libye. Ce sont trois femmes, Hillary Clinton, Susan Rice (ambassadeur américain à l'ONU) et Samantha Powers (conseiller au National security council) qui ont convaincu Obama jeudi dernier (soit AVANT le show Juppé de vendredi devant le Conseil de sécurité) qu'il était possible d'intervenir sans risquer de se lancer dans une opération débouchant sur un nouvel Irak. Le président américain a pris sa décision parce qu'il a été alors convaincu par ces trois femmes que les pays arabes et africains l'approuveraient et ne verraient pas en lui un néo-Bush.

Par la suite, les Américains ont laissé les Français être les petits télégraphistes de leur décision, décision sans laquelle rien n'était possible. En clair, si les trois femmes en question n'avaient pas convaincu Obama, Juppé, Sarkozy et leur résolution se seraient fait retoquer à l'ONU.  Du reste, il suffit pour s'en convaincre de lire attentivement le papier du NYT consacré aux coulisses du VRAI pouvoir où s'est joué la prise de décision contre Kadhafi : le nom de Sarkozy n'y apparait pas une fois...

2/ Quant au leadership français dans la direction des affaires militaires depuis hier, un autre article du Washington Post (à lire ici en VO) vient réduire la communication sarkozyste sur le sujet à l'état de fable pour les enfants. En effet, dans cet article faisant le point sur le début des opérations militaires contre les troupes de Kadhafi, le Washington Post précise que l'ensemble de ces opérations est placée sous le commandement des forces américaines en Afrique.  "The French sorties were followed quickly by the wave of missile strikes against Libyan air defenses. More than two dozen warships and a large number of warplanes made up the initial strike force, which was led by the U.S. military's Africa command, a senior U.S. military official said." Encore une fois, la réalité est cruelle : si leadership français il y a, il s'agit d'une politesse faite par les Américains à la France de Sarkozy, "Messieurs les Français, tirez les premiers... Parce que ça nous arrange..." Rien de plus.

Tout bien considéré, c'est assez accablant. Le président français, en campagne permanente, est en train d'instrumentaliser une juste opération militaire internationale en opération de communication personnelle dans le but de grapiller quelques points dans les sondages, le tout en racontant, pour faire les gros titres de l'actualité, une fable que la lecture des meilleurs journaux américains vient balayer en deux temps trois mouvements. Il est bien triste de constater que le président français ne peut donc rien faire, même pour livrer un juste combat, sans que cela soit nécessairement destiné à satisfaire son narcissisme exacerbé et sa campagne électorale permanente.
L'auteur

Bruno Roger-Petit


Sources : New York Times

JacquesL

Citation de: Jacques le 15 Mars 2011, 09:54:00 PM
Nous n'irons plus pêcher le thon rouge en Libye
http://www.lepoint.fr/actu-science/nous-n-irons-plus-pecher-le-thon-rouge-en-libye-07-03-2011-1303634_59.php

Le trafic des droits de pêche...

Les thons rouges sauvés par le conflit en Libye ?

http://www.lepost.fr/article/2011/03/21/2441703_les-thons-rouges-sauves-par-la-guerre-contre-la-libye.html

CiterLe conflit actuel devrait empêcher sa pêche dans les eaux libyennes par des bateaux amarrés à Sète et accusés d'être associés au fils Kadhafi.

La guerre contre la Libye pourrait permettre aux écologistes de gagner une bataille contre un système qu'ils dénoncent depuis des années : le business de la pêche au thon rouge entre des armateurs sétois et des compagnies libyennes très proches du fils Kadhafi.

"Opacité totale"
Depuis une petite dizaine d'années, des armateurs sétois ont recours à une petite astuce pour pouvoir pêcher encore plus de thons rouges. Leurs bateaux ont été "libyanisés" : ils sont immatriculés à Tripoli, arborent le drapeau vert de la Libye et ont même été rebaptisés. Ainsi, le Raymond Elise s'appelle désormais Al-Hilal, et le Jean-Marie Christian 2 est devenu Regata. Ces bateaux passés sous pavillon libyen sont amarrés à Sète tout l'hiver et voguent dans les eaux libyennes quand la saison du thon rouge commence - à la mi-mai.

Ces manœuvres ont plusieurs avantages pour les armateurs sétois. Ils permettent de pêcher dans les eaux très poissonneuses du golfe de Syrte et aussi d'être un peu plus à l'abri des contrôles que dans les eaux françaises. "L'administration libyenne considère les observateurs comme des espions et les refuse à bord", explique au Post Jacky Bonnemains, porte-parole de l'association Robin des bois. "Cette opacité totale est la porte ouverte à la fraude."

Le fils Kadhafi, un investisseur présumé
Dès 2004, ce buisiness était dénoncé dans un rapport. Le directeur du cabinet indépendant Advanced Tuna Ranching Technologies, Roberto Mielgo Bregazzi, y affirmait que la société à laquelle se sont associés les Sétois en joint-venture, Ras Alhilal MSC, était la propriété de Seif al-Islam, le fils de Mouammar Kadhafi.

Mais cette année, les thoniers sétois risquent bien d'être bloqués à quai.

Début mars, en effet, l'association Robin des bois a demandé au gouvernement français dans un communiqué de mettre fin à ce système et de dépavillonner les navires sétois. "Si on nous demande de ne pas y aller, on n'ira pas", expliquait à Midi Libre fin février Jean-Marie Avalonne, le plus gros armateur sétois dont six bateaux ont été "libyanisés".

Si le gouvernement français ne donne pas raison à l'association Robin des bois, la guerre en Libye pourrait de toute façon conduire à l'immobilisation de la flotte.

En plus des problèmes évidents de sécurité, un autre facteur empêcherait les thoniers sétois de partir à la pêche au thon rouge : le gouvernement libyen n'a pas rédigé ni transmis à la CICTA (chargée du respect des règles internationales) le plan de gestion de pêche obligatoire, explique Le Point.fr.

"Improbable que les thoniers partent"
Contacté par Le Post, Bertrand Wendling directeur général de la Sathoan, organisation qui représente les intérêts de plusieurs thoniers sétois, se dit "fataliste". "Il semble improbable que les thoniers partent cette année". Et ajoute comme si le sort s'acharnait : "de toutes façons vous savez qui sont nos principaux clients? Les Japonais. Alors, avec ce qu'il se passe en ce moment..."


Karine Lambin

Sources : Midi Libre, Le Point.fr, L'Express


JacquesL

#11
Qui sont les insurgés libyens ?
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/03/24/qui-sont-les-insurges-libyens_1497168_3212.html

Macabres découvertes :
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/03/25/1498258.html


« Il n'y a pas de guerre propre », reconnaît Gérard Longuet
http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/il-n-y-pas-guerre-propre-reconna-t-g-rard-longuet-90700

Tous les détails sur les frappes françaises en Libye (chef d'état-major des armées)
http://france-info.com/chroniques-les-invites-de-france-info-2011-03-25-exclusif-tous-les-details-sur-les-frappes-francaises-en-libye-chef-d-524268-81-188.html

http://www.france24.com/fr/20110324-libye-france-combats-aeriens-rafale-tir-missile-detruit-cible-avion-chasse-galeb-misrata
CiterAFP - Un avion des forces libyennes a été détruit au sol jeudi, juste après son atterrissage, par un avion de chasse français à Misrata (200 km à l'Est de Tripoli), a indiqué l'état-major des armées à Paris confirmant une information d'un responsable américain.

Parmi la vingtaine d'avions français qui ont participé aux opérations dans le ciel libyen jeudi, un Rafale a pris pour cible un appareil identifié comme un avion des forces libyennes alors qu'il venait d'atterrir, a précisé l'état-major.

Selon lui, l'avion de combat français a ouvert le feu avec un missile air-sol AASM sur cet appareil libyen qui avait été détecté par un Awacs de la coalition.

Auparavant, un responsable américain avait situé l'heure du tir à 11H40 GMT. L'avion détruit était, selon ce responsable, un G-2 Galeb, appareil de fabrication yougoslave utilisé pour l'attaque au sol.
Plus caustiques, des aviateurs font remarquer que Rafale contre Galeb-2, il n'y avait pas besoin de prendre des paris.

JacquesL

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/04/18/enlisement-vous-avez-dit-enlisement_1509135_3232.html
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/04/18/1509135.html

CiterEnlisement ? Vous avez dit enlisement ?
LEMONDE | 18.04.11 | 10h26  •  Mis à jour le 19.04.11 | 15h20

La coalition anti-Kadhafi est-elle aussi "enlisée" qu'on veut bien le croire et que le disent ceux qui, comme Claude Lanzmann, trouvent le temps long et tournent casaque ? Je pense, pour ma part, que non. Et entends témoigner, ici, de retour d'un nouveau séjour à Benghazi, des raisons qui me font espérer.

1. L'armée des "chabab". Cette armée de civils dont l'inexpérience a pu avoir, en effet, de fâcheuses conséquences. J'ai été admis, dans les faubourgs de Benghazi, dans deux camps d'entraînement. Le "Camp des victimes du 17 février", où se trouvaient 300 hommes, de tous âges, en train d'apprendre à saluer, présenter armes, obéir – pour, ensuite, par petits groupes, s'exercer à tirer, courir, se rassembler, se disperser, envoyer une grenade fumigène après l'opération, ramper en patrouille.

Et puis, ensuite, plus à l'est, le camp Abouatni, où l'on forme les forces spéciales: escalade; simulation de sauts en parachute; tests d'endurance; corps à corps. "Depuis combien de temps êtes-vous là?, demandé-je à Abdeslam Nasser qui est arrivé d'Australie où il vendait des téléphones mobiles – 21février, le tout début. – Vous vous êtes battu? – Pas encore. – Pourquoi? – Parce que l'entraînement dure quatre semaines et que..." Son officier, qui s'est approché et qui est le seul à porter l'uniforme, enchaîne: "... et que le côté rodéo sur l'autoroute vers Tripoli, c'est fini – ici, on construit une armée vaillante, performante et capable, le moment venu, de prendre le relais de vos frappes aériennes."

2. L'armée des "chabab" encore. L'improvisation sympathique mais qui leur a coûté si cher – et dont je ne suis pas sûr, non plus, qu'elle soit toujours la règle. Je suis à Ajdabiya avec le jeune commandant Khaleed Bellal qui, fort de deux fois 50 hommes répartis des deux côtés de la route, tient la ligne de front. Des sous-officiers viennent le trouver. "Chef, les kadhafistes ont reculé; nous pouvons sortir et pousser vers Brega, inch Allah. – Pas question, répond Bellal ; vous continuez de fortifier vos lignes, de creuser votre tranchée, de consolider ce monticule qui nous met à l'abri des obus Grad. – Tu dis ça parce que tu es de Benghazi et que tu ne penses qu'à protéger ta ville ; nous, on est de Syrte! – Je dis ça parce que, si on prend Brega, on le reperdra demain ; alors qu'on ne peut pas perdre Benghazi car, dans ce cas, on aura tout perdu ; pas de discussion ; à vos postes..." La scène est monnaie courante. Elle atteste d'un souci tactique, voire stratégique, qui est une donnée nouvelle de cette guerre – et qui change tout.

3. Le lien entre cette armée de civils et l'embryon d'armée régulière constituée d'officiers transfuges de Tripoli. L'une fournit 90% des hommes déployés sur le terrain. Les autres ont la main sur les stocks d'armes venus du Qatar et qui débarquent désormais de nuit sur l'aéroport de Benghazi. Or, de ce lien vital et dont la solidité est un des gages de la victoire, voici une preuve. Je suis en compagnie du patron de l'armée des chabab, Mustafa Elsagezli, et du général en chef de l'armée régulière, Abdelfattah Younès. Et j'apprends, de la bouche de l'un et de l'autre, que c'est le premier qui, dans les jours cruciaux des 21 et 22février, négocia le ralliement du second. L'histoire est belle – et de haute portée symbolique. Quand vous êtes allé voir, sans armes, dans sa caserne, celui qui est encore l'homme fort de l'ancien régime; quand vous lui avez apporté, validée par les juristes clandestins du futur CNT, une offre d'alliance écrite; et quand, de conversation secrète en rendez-vous à haut risque, vous avez fini par le convaincre, non seulement de ne pas tirer sur les manifestants mais de les rejoindre, un lien se tisse qui est un lien de vie et de destin – et qui, de nouveau, renforce le camp insurgé.

4. Les frappes. J'ai eu le privilège d'être admis dans la Control Room de l'état-major de la Libye libre. J'ai pu y consulter le livre de bord où se trouve consigné l'historique des opérations demandées par les Libyens et mises en œuvre par la coalition.

Et j'ai clairement vu qu'il y a eu une première phase : celle où chaque pays avait la maîtrise de ses avions et où, entre le moment où Younes et son adjoint, le général de brigade Abdeslam Alhasi, donnaient la position d'une pièce d'artillerie et le tir qui la neutralisait, il s'écoulait à peine une heure. Puis une deuxième phase qui s'ouvre avec le passage du commandement à l'OTAN : le délai moyen devient de 7 heures – tout le temps qu'il faut à la "cible" pour bouger, voire disparaître ou se fondre au milieu des civils. Et puis une troisième qui va commencer ces jours-ci et dont le dispositif fera, très vite, sentir ses effets : simplification, côté libyen, d'une chaîne d'alerte qui impliquait, jusqu'ici, trop de relais; et admission, dans la Control Room, d'un officier de liaison français, anglais et – avec plus de réticence – italien. Nous sommes au lendemain de la "bavure" qui a fait bombarder la seule et unique colonne de chars insurgée et qui devrait, d'ailleurs, faire l'objet d'une enquête diligentée par le CNT. "Un jour nous saurons tout, me dit, d'un air entendu, le général Alhasi. Mais, pour l'heure, gagnons du temps: que Sarkozy et les autres reprennent les manettes et nous ne subirons plus jamais pareil désastre." C'est, peu ou prou, ce qui est en train de se passer. Et c'est une autre raison d'optimisme.

5. Les villes encerclées de l'Ouest. On connaît la brutalité du carnage qui s'y déroule. Ce que l'on sait moins – et qui est, pourtant, essentiel – c'est que ces villes martyres sont aussi des villes qui résistent. Je suis sur le port de Benghazi où les rebelles accueillent un chalutier venu de Misrata et bourré de blessés et de réfugiés qui ont fait 36heures de traversée dans des cales étouffantes. Et je reviens, plus tard, quand on transborde la cargaison-retour: des caisses d'armes de poing cachées sous les packs de lait en poudre; quatre RPG7 tueurs de chars ; un Milan filoguidé ; un lanceur de missiles air-sol pris sur un hélicoptère kadhafiste et bricolé pour équiper un pick-up. "Vous voyez, blague le capitaine qui s'apprête à appareiller et à livrer son matériel aux 20 commandos qui sont déjà à pied d'œuvre, dans Misrata. Ce sont des armes nouvelles. Il faudra, après la guerre, songer à les breveter..." En attendant, on tient là l'une des clés de l'étonnante résistance des villes encerclées et, demain, pour peu que nous les aidions, de leur capacité à passer à l'offensive. C'est, encore, un fait.

6. Les infiltrés du kadhafisme. Elle existait, cette cinquième colonne. Ce n'était pas un mythe – il y avait bel et bien des cellules dormantes qui attendaient leur heure et la crurent venue, le matin du 19mars, jour de la première frappe française sur les quatre premiers chars en train d'entrer dans Benghazi. On en trouve des éléments dans la prison de fortune du "Camp des victimes du 17 février" où l'on a conduit quelques-uns de ceux, donc, qui sortirent trop vite à l'air libre et furent capturés. Les organisations humanitaires leur rendent régulièrement visite. Ils semblent honorablement traités. On les nourrit – ironie du sort ! – avec des rations "made in Turkey" prises à l'ennemi. Mais l'information essentielle est celle-ci : le clan Kadhafi a perdu ses agents doubles; il s'est privé de l'arme secrète, capable de frapper les insurgés dans le dos; et cela aussi est une bonne nouvelle.

7. Et puis, enfin, la politique. On glose, ici ou là, sur les rivalités tribales qui déchireraient irrémédiablement la Libye et seraient une autre cause d'enlisement. Or je dois, là aussi, témoigner de ce que j'ai vu : dans la ferme du docteur Almyhoub, membre du CNT et président du "Conseil des sages et des dignitaires", un grand rassemblement des chefs ou représentants des 300 tribus de Libye. Il y a là, magnifiquement chamarrés et venus dire, ensemble, leur refus du despotisme ainsi que leur attachement à une Libye indivisée, les chefs des tribus de Cyrénaïque et de la Montagne verte. Ceux de Misrata, Zaouïa, Zinten, les villes martyres. Mais aussi – et c'est l'événement – des représentants de tribus prétendument alliées au régime : Zawara ; Nalout ; Al Zentan ; un émissaire de Jajoura, à l'est de Tripoli ; un envoyé des Alnadahi Alarbah, une tribu proche de l'aéroport de la capitale; un Alfourtan, cette tribu de la région de Syrte dont Kadhafi a fait exécuter, à Ras Lanouf, plusieurs officiers qui refusaient de tirer sur le peuple. A croire que la sauvagerie des mercenaires kadhafistes, loin de diviser les insurgés, les soude. Et à croire que le temps, ici aussi, joue pour le parti de la liberté. Plus que jamais, tout l'indique: la Libye libre, avec ses alliés, peut l'emporter sur le tyran.
Bernard-Henri Levy, philosophe, membre du conseil de surveillance du Goupe Le Monde
Article paru dans l'édition du 19.04.11

Il me semble indispensable de laisser les infos parvenir des différents camps, sans en interdire.

JacquesL

La guerre en Libye a déjà coûté 50 millions d'euros

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/air-defense/actu/0201346394255.htm

CiterUne cinquantaine de millions d'euros. C'est le coût pour la France de l'opération Harmattan depuis son lancement le 19 mars. Autrement dit, le coût de la guerre en Libye, un mois et demi après son déclenchement en application de la résolution 1973 de l'ONU. C'est Gérard Longuet qui l'a indiqué mardi soir, devant la commission de la Défense nationale, selon nos informations.

Sur les 50 millions en question, une trentaine sont liés aux munitions tirées par les avions de combat. L'armée de l'air a pourtant été économe avec ses missiles de croisière, évalués à 1 million l'unité. Les surcoûts liés aux primes des militaires engagés (essentiellement ceux du groupe aéronaval) représentent une dizaine de millions. Le solde regroupe divers postes de dépenses.
Budgets dépassés

A ce stade, il est donc tentant d'extrapoler ce que coûterait Harmattan dans la durée, à dispositif inchangé : 100 millions pour trois mois, 200 pour six mois, 400 pour un an... Sauf que ce n'est pas linéaire. Le porte-avions devrait rentrer à Toulon, laissant les aviateurs opérer depuis Solenzara. L'armée peut aussi limiter ses frappes, en les ciblant davantage. Quel que soit le coût final, il n'en demeure pas moins que cette dépense n'avait pas été prévue, et qu'il faut bien la financer.

Précisément, les militaires tablaient sur 900 millions d'opérations extérieures en 2011, dont 500 environ pour l'Afghanistan. Sur cette somme, 630 millions ont été budgétés auxquels on peut rajouter une cinquantaine de millions attendus de l'ONU. Pour trouver les 220 millions manquants, il était donc prévu de mettre les autres ministères à contribution en fin d'année. Avec la Libye, l'addition a déjà pris 50 millions de plus. Et encore, ces 50 millions ne sont qu'une partie de l'équation ! En effet, une partie des sommes dépensées pour la Libye sont prises sur les budgets d'entraînements de l'armée, qui pourraient donc être consommés plus vite que prévu. Voire dépassés.
ALAIN RUELLO, Les Echos