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Revue de presse alternative du 16 octobre 2023

Démarré par JacquesL, 17 Octobre 2023, 09:29:30 PM

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JacquesL

Revue de presse alternative du 16 octobre 2023


Par Wayan – Le 16 octobre 2023 – Le Saker Francophone



Le conflit israélo-palestinien

Comme si l'enchaînement de crises qui touchent le monde actuel n'était pas suffisant, une des plus anciennes et amères a tout à coup repris de l'ampleur, le conflit israélo-palestinien.
C'est une crise ou le biais d'appartenance (le fait de s'identifier à un des côtés, ce qui nous fait perdre tout objectivité), la mauvaise foi politique, la censure médiatico-gouvernementale, la propagande de guerre et la crainte d'être traité d'antisémite sont réunis pour faire de cette crise une caricature de notre époque.
Je ne vais pas m'aventurer dans la liste sans fin des pours et des contres pour une affaire qui est plus âgées que moi et qui continue de diviser même des pays qui ne devraient pas se sentir directement concernés, comme la France. Sur cette affaire chacun à son biais d'appartenance et s'y accroche comme l'huitre à son rocher. Sujet explosif s'il en est.

Pourtant les faits sont clairs. Un peuple exproprié de sa terre natale par un autre qui utilise des préceptes datant de 2000 ans comme justificatif pour sa colonisation. Un peuple armé jusqu'au dent, ayant même des bombes nucléaires, face à un autre n'ayant pas d'armée, juste des « groupes de terroristes », pour tenter de se défendre. Un peuple soutenu par « la communauté internationale », c'est-à-dire le bloc occidental, face à un autre qui semble bien isolé. Une impossibilité organique de pouvoir s'entendre et vivre ensemble quand une des parties en conflit s'affirme ouvertement « nation juive » dans laquelle seuls les juifs peuvent obtenir la nationalité....

Nous nous bornerons donc à présenter les faits et observer les positions de différents pays face à ce nouvel accès de fièvre.

La première chose qui saute aux yeux de l'observateur est que le bloc occidental n'essaye même plus de prendre une attitude de neutralité, comme il avait tendance à faire auparavant sur ce sujet. Le monde occidental fait maintenant bloc autour d'Israël, quelques soient les circonstances :

« Les États-Unis envoient leur porte-avions le plus récent et le plus avancé, ainsi qu'un groupe d'intervention complet, pour soutenir Israël à la suite d'une attaque terroriste qui a tué des centaines de civils.

Le USS Gerald R. Ford et ses plus de 4 000 marins ont été déployés pour la première fois l'année dernière. Décrit par les responsables de la marine américaine comme "le plus grand et le plus redoutable des navires de guerre américains", il est doté d'un pont d'envol redessiné qui lui permet de générer 30 % de vols supplémentaires par rapport à n'importe quel autre porte-avions américain.

Le Ford sera accompagné d'un croiseur à missiles guidés et de cinq destroyers à missiles guidés.

En outre, Austin a indiqué que les États-Unis prenaient des mesures pour renforcer les escadrons de chasseurs F-35, F-15, F-16 et A-10 de l'armée de l'air américaine au Moyen-Orient.

Il a ajouté que les États-Unis allaient fournir à l'armée israélienne des équipements, des ressources et des munitions supplémentaires, qui devraient arriver dans les prochains jours, ce que M. Austin a réaffirmé au ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, lors d'un appel téléphonique dimanche, selon le Pentagone.

"Le renforcement de notre dispositif de forces conjointes, en plus du soutien matériel que nous fournirons rapidement à Israël, souligne le soutien indéfectible des États-Unis aux forces de défense israéliennes et au peuple israélien", a déclaré M. Austin dans le communiqué. »

https://www.voanews.com/a/us-to-send-carrier-strike-group-to-mediterranean-in-support-of-israel/7301975.html

« Dans un communiqué commun publié lundi 9 octobre en fin de soirée, l'Allemagne, les États-Unis, la France, l'Italie et le Royaume-Uni indiquent qu'ils « soutiendront les efforts d'Israël pour se défendre » après l'offensive meurtrière menée par le Hamas samedi. Ces cinq puissances condamnent « sans ambiguïté possible le Hamas et ses actes terroristes révoltants ».

https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20231009-l-allemagne-les-états-unis-la-france-l-italie-et-le-royaume-uni-soutiendront-les-efforts-d-israël-pour-se-défendre

Je remarque au passage que les pays occidentaux soutiennent tous « le droit d'Israël à se défendre » mais que pas un mot n'est dit sur « le droit des palestiniens à se défendre », sous entendant que ce sont toujours les palestiniens les agresseurs et les israéliens les victimes. Une totale inversion des faits.

Il y aura même rétorsion contre le peuple palestinien de la part de l'Union Européenne :

« La Commission européenne a déclaré lundi qu'elle réexaminait l'ensemble de son aide au développement en faveur des Palestiniens, d'une valeur de 691 millions d'euros (729 millions de dollars), et qu'elle suspendait immédiatement tous les paiements à la suite de l'attaque du Hamas contre Israël.

"L'ampleur de la terreur et de la brutalité contre Israël et son peuple marque un tournant", a déclaré Oliver Varhelyi, commissaire européen chargé du voisinage et de l'élargissement, dans un message publié sur les réseaux sociaux. "On ne peut pas continuer à faire comme si de rien n'était. »

https://www.reuters.com/world/eu-freezes-aid-payments-palestinians-after-hamas-attack-israel-2023-10-09/

Pourtant un journal israélien, Harrezt, est bien obligé de le reconnaître :
« Terrorisés par les colons, les bergers palestiniens de Cisjordanie sont contraints de quitter les villages où ils vivent depuis des décennies. La semaine dernière, c'était au tour d'Al-Baqa'a »

https://www.haaretz.com/israel-news/twilight-zone/2023-09-09/ty-article-magazine/.highlight/an-unbelievable-population-transfer-is-underway-in-the-west-bank/0000018a-76bb-dfd9-ad9f-ffbf4d880000

« Les principaux ministres israéliens assistent à la démolition de maisons bédouines ; Ben-Gvir : C'est un "devoir sacré".

C'est la première fois que des ministres viennent applaudir ceux qui détruisent une maison et laissent ses habitants sans solution de rechange", déclare un militant bédouin israélien. « C'est une chose cruelle » »

https://www.haaretz.com/israel-news/2023-08-29/ty-article/.premium/israeli-ministers-witness-demolition-of-bedouin-houses-ben-gvir-its-a-sacred-duty/0000018a-4134-d435-a59e-cffeff750000

« Un ministre israélien d'extrême droite prépare le terrain pour doubler la population de colons en Cisjordanie

Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, a demandé que l'on se prépare à l'installation de 500 000 colons supplémentaires en Cisjordanie en modernisant l'infrastructure des colonies et des avant-postes illégaux. »

https://www.haaretz.com/israel-news/2023-05-18/ty-article/.premium/far-right-israeli-minister-lays-groundwork-for-doubling-west-bank-settler-population/00000188-2de6-d6e4-ab9d-ede74a3e0000

Pourtant, dans une répétition du cas de l'Ukraine, les dirigeants occidentaux parlent tous de l'attaque « non provoquée » du Hamas contre Israël :

« Nous voyons la classe politique/médiatique occidentale bêler à nouveau le mot "non provoqué" à l'unisson, cette fois-ci en référence à la vaste opération sur plusieurs fronts lancée par le Hamas contre Israël samedi matin, qui aurait tué des centaines d'Israéliens.

"Les États-Unis condamnent sans équivoque les attaques non provoquées des terroristes du Hamas contre les civils israéliens", peut-on lire dans un communiqué de la Maison Blanche.

"La perte de vies humaines en Israël à la suite de l'attaque violente, calculée et non provoquée du Hamas est déchirante", déclare Hakeem Jeffries, chef de la minorité de la Chambre des représentants.

"L'attaque terroriste non provoquée d'aujourd'hui et les meurtres de citoyens israéliens innocents sont un rappel brutal de la brutalité du Hamas et des extrémistes soutenus par l'Iran", déclare Jim Jordan, membre du Congrès et candidat à la présidence de la Chambre des représentants.

"Cette attaque ignominieuse, non provoquée et barbare contre Israël doit faire l'objet d'une condamnation mondiale et d'un soutien sans équivoque au droit à l'autodéfense de l'État juif", a tweeté le candidat à l'élection présidentielle Robert F. Kennedy Jr.

Il s'agit d'une "attaque non provoquée contre des civils" : Le lieutenant-général Keith Kellogg", peut-on lire dans une récente dépêche de Fox News.

"L'agression non provoquée par les terroristes du Hamas", peut-on lire dans un tweet de l'ancien secrétaire d'État Mike Pompeo....

Je pourrais citer beaucoup, beaucoup d'autres exemples, mais je pense que c'est suffisant pour comprendre ce que j'essaie de dire. N'est-il pas étrange de voir le même choix de mots étrangement spécifiques inséré encore et encore à propos du même événement dans les déclarations des politiciens et des experts, quelle que soit leur affiliation politique ? Lorsque vous les mettez tous ensemble, cela commence à sembler très suspect, comme quelqu'un qui se réfère toujours à sa voiture comme "ma voiture, que je n'ai pas volée", ou qui présente toujours son épouse comme "ma femme, que je ne bats pas".

Il est clair maintenant que chaque fois que vous voyez le mot "non provoqué" être répété avec force et de manière uniforme par l'ensemble de la classe politique/médiatique, ce dont ils parlent a certainement été massivement provoqué.

Nous avons vu exactement la même chose lorsque la Russie a envahi l'Ukraine ; dès le début, la politique et les médias occidentaux ont été saturés du mot "non provoqué", bombardant le public occidental avec ce message encore et encore, malgré le fait évident et indéniable que la guerre en Ukraine a été très certainement provoquée.

Comme l'a dit Noam Chomsky l'année dernière, "Bien sûr, elle a été provoquée. Sinon, ils ne parleraient pas sans cesse d'une invasion non provoquée".

Il en va de même pour la dernière offensive du Hamas. Il y a toutes sortes d'arguments que l'on peut légitimement avancer à son sujet, mais il y en a un que l'on ne peut absolument pas défendre, c'est qu'elle n'a pas été provoquée. Comme l'a dit l'écrivain et humoriste palestino-américain Amer Zahr sur Twitter, "75 ans de nettoyage ethnique. 15 ans de blocus. Confiscation des terres palestiniennes. Pogroms dans les villes palestiniennes. Profanation des sites sacrés palestiniens. Raids quotidiens dans les maisons palestiniennes. L'humiliation constante de tout un peuple. Rien de ce qui se passe aujourd'hui n'est 'non provoqué'".»

https://caitlinjohnstone.com.au/2023/10/08/theyre-repeating-the-word-unprovoked-again-this-time-in-defense-of-israel/

Les Etats-Unis sont même prêts à fermer les yeux face au massacre en cours à Gaza :

« Alors qu'Israël intensifie ses attaques contre Gaza, le Département d'Etat décourage les diplomates travaillant sur les questions du Moyen-Orient de faire des déclarations publiques suggérant que les Etats-Unis souhaitent moins de violence, selon des courriels internes consultés par le HuffPost.

Dans des messages diffusés vendredi, le personnel du département d'État a écrit que les hauts fonctionnaires ne veulent pas que les documents destinés à la presse contiennent trois expressions spécifiques : "désescalade/cessez-le-feu", "fin de la violence/effusion de sang" et "rétablissement du calme".

Cette révélation constitue un signal fort de la réticence de l'administration Biden à inciter Israël à la retenue, alors que ce proche partenaire des États-Unis étend l'offensive qu'il a lancée après que le Hamas – qui dirige Gaza – a attaqué des communautés israéliennes le 7 octobre.

Les courriels ont été envoyés quelques heures après qu'Israël a demandé à plus de 1,1 million d'habitants du nord de la bande de Gaza de quitter leurs maisons et leurs abris en prévision d'une invasion terrestre de la région. Jeudi, les Nations unies ont déclaré qu'Israël avait donné aux habitants de Gaza un délai de 24 heures pour se rendre dans le sud de la bande de Gaza, et ont averti qu'il serait "impossible qu'un tel mouvement ait lieu sans conséquences humanitaires dévastatrices". »
https://www.huffpost.com/entry/state-department-internal-emails-gaza-israel_n_65296395e4b0a304ff6ff95d

Du côté israélien, c'est la surprise d'un pays qui se croyait en toute sécurité derrière son « dôme de fer » :

« Ce samedi 7 octobre, la plus puissante armée du Moyen-Orient a été prise de court et mise en échec. Ses avions de guerre ont été cloués au sol. Elle a mis des heures à réagir : une débâcle totale. Les commandos du Hamas se sont infiltrés en territoire israélien avec une facilité déconcertante, sans presque aucune résistance en face.

Des bases de l'armée israélienne ont été conquises en rien de temps. Des soldats ont été capturés, abattus. Des civils et des militaires israéliens ont été enlevés et envoyés à Gaza. Il s'agit à la fois d'un échec militaire pour Israël et d'un échec cuisant pour ses services de renseignements.
Si l'armée israélienne a donc tardé à réagir, elle écrase pourtant désormais Gaza sous les bombes. Le message d'Israël est clair : « vous nous terrorisez, on vous terrorise ». L'armée israélienne a ciblé, comme en 2021 lors de la précédente grande guerre à Gaza, les tours d'habitation. Officiellement parce qu'elles abritent des positions du Hamas. Mais la réalité derrière cette stratégie est la volonté de frapper fort, de marquer les esprits, de traumatiser et de couper l'envie de recommencer aux Palestiniens.

Encore une fois, l'État hébreu se lance dans la politique du « tout sécuritaire ». Une stratégie pourtant défaillante, aussi vieille que l'occupation et qui dure depuis 56 ans. Répression, colonisation, attaques de colons, des centaines de Palestiniens tués chaque année, des détentions arbitraires, la profanation de lieux saints musulmans et chrétiens... La violence appelle la violence. Malheureusement, les civils innocents israéliens et palestiniens en payent le prix. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231008-israël-comment-la-plus-puissante-armée-du-moyen-orient-a-été-prise-par-surprise-par-le-hamas

La dangereuse mais classique déshumanisation de l'ennemi est en cours :
« Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a ordonné ce 9 octobre un « siège complet » de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, au troisième jour de l'offensive surprise et massive lancée par le mouvement islamiste palestinien. « Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz, tout est fermé », a-t-il déclaré dans un message vidéo en hébreu. « Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », a ajouté le ministre. »

https://francais.rt.com/international/107473-israel-tsahal-admet-se-battre-toujours-sur-son-sol-gorupes-hamas

Pour justifier la féroce répression que subissent les civils palestiniens, comme le fait remarquer l'œil de lynx de Caitlin Johnstone :

« Il est intéressant de constater que la semaine dernière, Israël n'avait aucune idée des activités du Hamas, alors que cette semaine, il connaît toutes les mosquées, les écoles et les hôpitaux dans lesquels le Hamas se cache.

Lorsque vous vivez dans un empire du mensonge, on vous demande de croire beaucoup de choses très stupides. La chose la plus stupide que l'on nous demande de croire cette semaine est que les services de renseignement israéliens sont à la fois si incompétents que l'attaque du Hamas de samedi les a pris complètement par surprise, mais en même temps si compétents que tous les bâtiments qu'ils détruisent avec leur campagne de bombardements incessants sur Gaza sont dirigés uniquement vers le Hamas.

L'expression "cibles du Hamas" a fait le tour des médias ces derniers jours en référence aux attaques en cours sur Gaza, qui ont tué à ce jour plus de 1 500 Palestiniens, dont un tiers d'enfants.

"Israël mène des frappes à grande échelle sur des cibles du Hamas", titre CNN.

Israël mène des "frappes à grande échelle" sur des cibles du Hamas", lit-on dans le titre d'une séquence d'ABC News.

"Israël affirme avoir largué 6 000 bombes contre des cibles du Hamas", lit-on dans un article du Washington Post.

Israël doit avoir une très bonne visibilité de la bande de Gaza pour savoir que chacune de ces 6 000 bombes visait des "cibles du Hamas" et pas seulement des bâtiments civils.

Où était cette vision 20/20 lorsque le Hamas préparait une attaque à l'aide de parapentes motorisés, de drones et de bateaux à moteur dans une bande de terre fermée de la taille de Philadelphie ? Comment les services de renseignement israéliens n'ont-ils pas détecté les préparatifs de cette attaque, alors même que les services de renseignement égyptiens les avaient prévenus de son imminence ? Comment ont-ils échoué de manière si spectaculaire que même le Hamas aurait été surpris par l'ampleur du succès de son opération ? Est-il vraiment raisonnable de croire qu'ils étaient aveugles comme des taupes aux activités du Hamas la semaine dernière, mais qu'ils ont l'œil de l'aigle cette semaine ? »

https://caitlinjohnstone.com.au/2023/10/13/israeli-intelligence-suddenly-knows-exactly-where-hamas-is/

Doutes d'autant plus valides que c'est le gouvernement israélien lui-même qui a financé le Hamas. Même RFI est maintenant obligé de reconnaitre ce qui est pourtant encore désigné comme une « hypothèse complotiste » :
« Dans le même temps, le Hamas, organisation islamiste créée en 1987 et opposée aux accords d'Oslo qui devaient garantir la reconnaissance d'Israël par un futur État palestinien, voit son influence s'étoffer grâce à la bienveillance des gouvernements Sharon puis Netanyahu, tandis que Fatah et OLP sont peu à peu affaiblis et décrédibilisés. « Nous avons permis l'émergence d'un monstre : le Hamas a été nourri à l'instar du Golem de la tradition juive, qui se retourne aujourd'hui contre nous », se désole David Ben Ishay, co-fondateur du collectif des Démocrates modérés. Les valises remplies de billets qatariens à destination du Hamas via Israël remontent aujourd'hui à la surface. « Le mouvement continuait à exister mais il a perdu de son ampleur après l'échec d'Oslo et les intifadas : le message de paix passait plus difficilement dans la société israélienne », rappelle Alain Ronzenkier. »

Dans un article qui montre le peu d'espoir pour une paix entre Israël et la Palestine :

« Quel camp pour la paix ?

Qu'il est loin le temps où le mot renvoyait à un horizon atteignable grâce à un large désir social et politique : les manifestations géantes de plusieurs centaines de milliers de personnes dans les années 1970 et 1980 – comme celles rassemblées en 1978 à l'appel de plus de 378 officiers pour conclure la paix avec l'Égypte ; la naissance en 1992 du Meretz, parti historique de la gauche laïque et traduction politique du mouvement social pacifiste, qui entre à la Knesset ; la poignée de main Rabin-Arafat – bon gré, mal gré – devant la Maison Blanche l'année suivante. Et c'est d'ailleurs lors d'un rassemblement géant de La Paix maintenant (Shalom Arshav), mouvement de référence historique, que l'assassinat d'Yitzak Rabin en novembre 1995, par un extrémiste juif, vient briser la dynamique diplomatique. Si les espoirs ne meurent pas avec le prix Nobel de la paix, la seconde intifada (2000-2005) scelle la fin du processus d'Oslo. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231014-conflit-israël-hamas-la-voix-du-camp-de-la-paix-peut-elle-encore-porter

Sans surprise, l'Iran soutient la cause palestinienne :

« L'Iran estime que l'opération de grande envergure lancée par les groupes de résistance palestiniens contre Israël est une réponse naturelle et légitime aux crimes commis par le régime contre le peuple palestinien au cours des derniers mois.

Le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a fait cette remarque lors d'un appel téléphonique avec le responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, lundi, au troisième jour de l'opération "Tempête al-Aqsa", la plus grande opération militaire contre Israël depuis des décennies.

Amir-Abdollahian a dénoncé l'inaction de l'Occident face aux "crimes systématiques" du régime israélien contre les Palestiniens, déclarant : "Si l'Europe et l'Occident avaient mis fin aux crimes du [Premier ministre israélien Benjamin] Netanyahou sans [appliquer leur] politique de deux poids, deux mesures, peut-être que la Palestine ne serait pas témoin de cette situation aujourd'hui".

Le haut diplomate iranien a également exhorté la communauté internationale à faire de son mieux pour soutenir les droits du peuple palestinien.

Pour sa part, M. Borrell a déclaré que l'UE avait critiqué le comportement de M. Netanyahu, ajoutant toutefois qu'il était nécessaire de penser à promouvoir la paix dans la conjoncture actuelle. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/10/09/712409/Iran-EU-Qatar-Amir-Abdollahian-Josep-Borrell-Mohammed-bin-Abdulrahman-bin-Jassim-Al-Than-Palestine-Israel-Storm-al-Aqsa-Mosque-operation-Netanyahu

Quant à la Russie et la Chine qui assume leur nouveau statut de puissances mondiales, elles sont sur ce sujet aussi sur la même longueur d'onde, la fameuse « solution à deux Etats » :

« La Russie et la Chine ont plaidé en faveur d'un véritable processus de paix au Proche-Orient lors d'une session d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU organisée dimanche pour discuter des récentes attaques du groupe militant palestinien Hamas contre Israël, les pires que le pays ait connues depuis des décennies.

"Mon message est le suivant : Il est important d'arrêter immédiatement les combats, de conclure un cessez-le-feu et d'entamer des négociations sérieuses, qui sont au point mort depuis des décennies", a déclaré à la presse Vassily Nebenzia, représentant permanent de la Russie auprès de l'organisation internationale.

Nebenzia a souligné que la Russie condamnait toutes les attaques contre les civils. L'ambassadeur chinois Zhang Jun a exprimé une position similaire avant la réunion, exhortant le monde à "revenir à la solution des deux États".

Le Conseil de sécurité n'a toutefois pas produit de déclaration commune sur la question en raison de désaccords entre ses membres. »
https://www.rt.com/news/584390-unsc-meeting-hamas-isreal/
« La décision unilatérale des États-Unis d'envoyer des armes et des navires de guerre à Israël après l'attaque du Hamas "alimentera davantage la tension et provoquera une crise humanitaire plus grave", ont déclaré des observateurs chinois. En outre, la réaction maladroite de Washington à l'attaque surprise reflète également l'échec de ses politiques au Moyen-Orient, résultat de ses volte-face et de son indécision, ont commenté les observateurs.  

Répétant leur tactique d'attiser les flammes comme ils le font dans la crise russo-ukrainienne, les États-Unis font également pression sur d'autres pays, dont la Chine, pour qu'ils condamnent le Hamas. »

https://www.globaltimes.cn/page/202310/1299509.shtml

« Zhai Jun, envoyé spécial du gouvernement chinois sur la question du Moyen-Orient, a eu un entretien téléphonique mardi avec un responsable du ministère égyptien des Affaires étrangères. Zhai a déclaré que la solution fondamentale du conflit israélo-palestinien réside dans la mise en œuvre de la solution des deux États, et que la Chine est prête à promouvoir un cessez-le-feu immédiat et la cessation de la violence, et à fournir un soutien humanitaire au peuple palestinien.

Zhai a souligné que le cycle du conflit israélo-palestinien se poursuivait et que le nœud du problème résidait dans l'incapacité à résoudre la question palestinienne de manière équitable. "La solution fondamentale réside dans la mise en œuvre de la solution des deux États, et la communauté internationale devrait faire des efforts pratiques avec le plus grand sens de l'urgence pour la promouvoir. »

https://www.globaltimes.cn/page/202310/1299618.shtml

Le problème est que la « solution à deux Etats », le gouvernement israélien n'en veut pas. L'objectif affiché de Netanyahou est l'annexation progressive de toute la Palestine.

Ce que nous pouvons donc observer à cet instant « t » est que, parallèlement au fait que l'OTAN, armée occidentale parée de toutes les puissances dans l'imaginaire collectif mondial, s'est retrouvée nue face à l'échec de sa confrontation indirecte contre la Russie, il risque d'arriver la même chose à Tsahal, la puissante armée israélienne, si le conflit dégénère et qu'elle se retrouve confrontée aux groupes armés des nations arabes environnantes sans pouvoir avoir le dessus. Cela sera un coup de plus à l'image de la puissance occidentale dans la conscience collective mondiale :

« L'attaque-surprise du Hamas contre Israël a pris tout le monde de cours et montré d'énormes négligences du renseignement israélien si réputé et si vanté. Cette grossière faiblesse stratégique d'Israël, un bastion occidental au Moyen-Orient, est après la faiblesse occidentale en Ukraine une indication de plus de ce que les capacités de force des Occidentaux, dépassées et inadaptées, sont un simulacre de plus. Cette crise, la nième reprise du même drame, confirme l'effondrement de l'hégémonie de l'Ouest-tardif. »

https://www.dedefensa.org/article/pour-une-crise-de-plus

Les prochaines semaines nous dirons ce qu'il en est vraiment.

Ukraine
Alors que les regards se sont tous tournés vers le Proche-Orient, la Russie en profite pour lancer l'attaque en Ukraine :

« Les militaires russes ont lancé de petites attaques sur l'ensemble de la ligne de front. Un effort majeur est tenté près d'Avdeevka qui, hier, a été bombardée lourdement :

Le titre est le suivant : "L'armée russe a porté un coup d'une puissance inédite aux Forces armées ukrainiennes (FAU)". Il s'agit du bombardement aérien d'Avdeevka, ville ukrainienne lourdement fortifiée située à 14 kilomètres de la ville de Donetsk, centre urbain de plus d'un million d'habitants et capitale de l'oblast (région) du Donbass. La ville de Donetsk était frappée quotidiennement par des missiles et des obus d'artillerie lancés depuis Avdeevka depuis la période précédant l'opération militaire spéciale, et avec une intensité de plus en plus grande pendant l'opération militaire spéciale. Des images vidéo de maisons et d'immeubles détruits ont été diffusées dans les journaux télévisés russes du soir, en même temps que les chiffres des pertes et les témoignages des victimes. »

https://lesakerfrancophone.fr/ukraine-sitrep-prise-dassaut-dandivka-pertes-ukrainiennes

D'un côté il y a les cris de guerre et de l'autre les besoins du commerce. Il semble que le Canada sache bien manier les deux :

« Au jeu de quelle capitale occidentale sanctionne le mieux la Russie, toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Si du côté de Paris, notamment, on a enjoint, dès le mois de mars 2022, les firmes françaises « de respecter les sanctions », et donc in fine d'abandonner leurs actifs en Russie, les autorités canadiennes se montreraient plus coulantes, à en croire Le Devoir. Dans une publication datée du 3 octobre, le quotidien québécois révèle que les autorités canadiennes auraient délivré depuis mars 2022 « plus d'une dizaine de permis spéciaux » à des entreprises nationales afin de contourner leur propre régime de sanctions contre Moscou. »

https://francais.rt.com/international/107421-sanctions-canada-autorise-catimini-commerce-russie

Le magazine étasunien FAIR, Fairness and Accuracy In Reporting, propose un compte rendu de la couverture médiatique étasunienne au sujet de l'Ukraine, confirmant les observations de nos revues de presse en donnant de nombreux exemples :

« Il est clair depuis un certain temps que les médias corporatifs américains ont explicitement pris parti pour la guerre en Ukraine. Ce rôle consiste notamment à supprimer l'histoire pertinente des événements qui ont conduit à la guerre (FAIR.org, 3/4/22), à attaquer les personnes qui évoquent cette histoire en les qualifiant de "théoriciens du complot" (FAIR.org, 5/18/22), à accepter les déclarations officielles du gouvernement pour argent comptant (FAIR.org, 12/2/22) et à promouvoir une image exagérément rose du conflit afin de remonter le moral de la population.

Pendant la majeure partie de la guerre, la couverture américaine a été aussi pro-ukrainienne que les médias ukrainiens, désormais jugulés sous le gouvernement Zelenskyy (FAIR.org, 5/9/23). Des prédictions catastrophiques sont apparues sporadiquement, mais ont été noyées dans une couverture tambour battant décrivant une armée ukrainienne sur le point de remporter la victoire et une armée russe incompétente et sur le point de s'effondrer. »

https://fair.org/home/hyping-ukraine-counteroffensive-us-press-chose-propaganda-over-journalism/

Cette vidéo en français qui résume les techniques de propagande de guerre que nous avons souvent l'occasion de démontrer dans nos revues de presse :
https://www.youtube.com/watch?v=TPOsu-a2EXw&t=1042s

JacquesL

Afrique

La semaine dernière, nous observions que les Etats-Unis n'avaient pas fait un geste envers la France pour qu'elle reste au Niger, pensant pouvoir prendre le relais sur place pour mieux empêcher la Russie de s'y installer. Il semble que leur espoir d'une entente avec le nouveau gouvernement nigérien était vain, d'où ce soudain retournement de situation :

« Washington qualifie la prise de pouvoir des militaires au Niger de coup d'État et coupe son aide

Les États-Unis ont formellement qualifié mardi 10 octobre la prise de pouvoir des militaires au Niger cet été de coup d'État et annoncé en conséquence la suppression de quelque 500 millions de dollars d'aide économique. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20231010-washington-qualifie-la-prise-de-pouvoir-des-militaires-au-niger-de-coup-d-etat-et-coupe-son-aide

Thierry Meyssan nous propose son analyse des raisons de la perte d'influence de la France en Afrique :

« Face à la vague de changements de régimes en Afrique francophone, les médias français sont stupéfaits. Ils ne parviennent pas à expliquer le rejet de la France.

Les anciennes rengaines sur l'exploitation coloniale ne sont pas convaincantes. Par exemple, on note que Paris exploite l'uranium du Niger, non pas au prix du marché, mais à un autre ridiculement bas. Cependant, les putschistes n'ont jamais évoqué cet argument. Ils parlent de tout à fait autre chose. Les accusations de manipulation russe ne sont pas plus crédibles. D'abord parce que la Russie ne semble pas se tenir derrière les putschistes du Mali, de la Guinée, du Burkina-Faso, du Niger ou du Gabon, mais surtout parce que le mal est de loin antérieur à leur arrivée. La Russie n'est arrivée en Afrique qu'après sa victoire en Syrie, en 2016, alors que le problème date au moins de 2010, si ce n'est de 2001.
Comme toujours, ce qui rend la situation illisible, c'est d'oublier ses origines....

Un sanctuaire de camps militaires d'Al-Qaïda a été formé entre les villes de Ghat (près de la frontière algérienne) et de Sabbah (proche du Niger) dans le désert du Fezzan, au Sud de la Libye. Selon le très sérieux Canard enchaîné, ces académies du jihadisme ont été organisées par les services secrets britanniques et français.

Il y a trois ans, le 8 octobre 2021, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, donnait une interview à RIA Novosti [5] qui a été largement reprise et commentée dans toute la région, mais pas en France où personne ne la connaît, sauf nos lecteurs.

Selon Yaou Sangaré Bakar, ministre nigérien des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l'extérieur, qui l'a écrit au Conseil de sécurité (Ref. S/2023/636), le mois dernier, des agents français ont libéré des terroristes qui étaient prisonniers. Ils ont été regroupés dans une vallée du village de Fitili (28 km nord-ouest de Yatakala) où une réunion de planification s'est tenue dans l'objectif d'attaquer des positions militaires dans la zone des trois frontières. Des chefs terroristes, au nombre de seize, ont été appréhendés dans trois opérations dont deux en territoire nigérien et une en territoire malien. »
https://www.voltairenet.org/article219656.html

Des informations confirmées par le gouvernement algérien :

« « Le terrorisme est devenu la menace numéro un pour la paix et la sécurité en Afrique. Les développements récents ont clairement démontré que, si cette menace a considérablement diminué dans d'autres parties du monde, elle a augmenté de façon exponentielle sur notre continent, en particulier dans la région du Sahel », a déclaré M. Attaf dans une allocution prononcée lors d'une réunion ministérielle de l'Union africaine (UA) pour débattre des menaces terroristes accrues auxquelles sont confrontés les pays et les peuples du continent africain, ces derniers temps.

« Tirant les leçons de son expérience amère mais réussie dans la lutte contre ce fléau, l'Algérie est fermement convaincue qu'une approche à deux volets est indispensable pour lutter à la fois contre les manifestations du terrorisme et ses causes profondes dans la région du Sahel et au-delà », a-t-il souligné.

« Face à une menace en constante évolution, nous avons certainement besoin d'une nouvelle approche, d'un nouvel engagement et d'une action audacieuse. Le statu quo n'est plus une option, ni une position confortable », a-t-il encore dit.

À cet égard, « l'Algérie a appelé à la tenue d'une conférence internationale sur le développement au Sahel ainsi qu'à la création d'un nouveau modèle d'opérations de paix mieux adapté aux contextes de lutte contre le terrorisme », a rappelé M. Attaf.

Le Sahel, épicentre mondial du fléau du terrorisme

Par ailleurs, M. Attaf a tenu à préciser que la région du Sahel, qui est confrontée à des défis de développement complexes, étant l'une des plus pauvres du monde, était récemment devenue comme un « arc de feu » qui s'étend de la mer Rouge à l'océan Atlantique. Une zone qui abrite actuellement la plus forte concentration de conflits armés et de situations de crise qui continuent à infliger des souffrances insupportables aux populations civiles.

Cette région « est devenue la plus touchée et l'épicentre mondial du fléau du terrorisme. En 2022 seulement, elle a enregistré plus de 43% des décès dus au terrorisme dans le monde », a-t-il enchaîné.

Il a aussi souligné que les pays et les peuples de la région du Sahel « sont confrontés à des groupes terroristes qui sont considérés comme parmi les plus dynamiques et les plus meurtriers au monde, des groupes lourdement armés et équipés d'armes sophistiquées, des groupes qui ont étendu leur contrôle sur de vastes zones géographiques où ils agissent comme les autorités locales de facto, et des groupes armés capables de déployer des stratégies militaires incroyablement habiles ».

« Pour faire court, en Algérie, nous avons cessé d'utiliser l'appellation de +groupes terroristes+ pour décrire ce qui pourrait être qualifié avec exactitude et réalisme +d'armées terroristes+ », a-t-il fait savoir. »
https://french.almanar.com.lb/2701943

Bien sur cette information est donnée par le chef du Service russe des renseignements extérieurs et publiée sur Sputnik News, mais elle vient renforcer ce que dénonce de nombreux dirigeants africains :

« Ces derniers temps, l'Afrique attire une attention particulière des États-Unis et de leurs alliés [...]. Nous disposons d'informations fiables selon lesquelles les services de renseignement occidentaux travaillent déjà avec des groupes terroristes locaux, les orientant à mener des attaques terroristes et des actes de sabotage contre des infrastructures au Mali et en République centrafricaine", a indiqué M.Narychkine, lors de la 53e édition du Conseil des chefs des services secrets des pays de la Communauté des États indépendants (CEI), qui s'est tenue à Bakou du 10 au 12 octobre. »

https://fr.sputniknews.africa/20231012/loccident-prepare-des-attentats-dans-ces-deux-pays-dafrique-selon-les-services-secrets-russes-1062749078.html

L'Afrique en a assez d'être ainsi malmenée par les grandes puissances. Le chef d'Etat guinéen a profité de la dernière assemblée générale de l'ONU pour le dire, au nom des pays africains :

« Le chef de l'État guinéen, plusieurs fois applaudi, a dénoncé un modèle de gouvernance selon lui « imposé » par l'Occident. Un modèle occidental qu'il estime être un échec sur le continent. « L'Afrique souffre d'un modèle de gouvernance qui nous a été imposé, un modèle certes bon et efficace pour l'Occident, qui l'a conçu au fil de son histoire, mais qui a du mal à passer et à s'adapter à notre réalité », a-t-il déclaré devant l'Assemblée générale. « Hélas, j'aimerais dire que la greffe n'a pas pris. »

Le leader de la junte a également dénoncé les « catégorisations » dans lesquelles les autres nations veulent cantonner les États africains. « Nous ne sommes ni pro, ni anti-Américains, ni pro, ni anti-Chinois, ni pro, ni anti-Français, ni pro, ni anti-Russes. Nous ne sommes tout simplement pro-Africains, c'est tout. Nous mettre sous la coupe de telle ou telle puissance est une insulte à une population de plus d'un milliard d'Africains, a-t-il martelé, dont environ 70% des jeunes totalement décomplexés. Des jeunes ouverts sur le monde et décidés à prendre en main leur destin. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230921-guinée-à-l-assemblée-générale-de-l-onu-doumbouya-se-fait-porte-parole-du-continent

Il semble que la Russie a bien capté le message et n'utilise que son « soft power » dans ses relations avec ce continent :

« Le Burkina Faso et la Russie continuent de resserrer leurs liens : un accord a été signé ce 13 octobre pour la construction d'une centrale nucléaire par Moscou dans ce pays sahélien où moins d'un quart de la population a accès à l'électricité...

Le document « vient concrétiser le souhait du président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, exprimé en juillet dernier lors du sommet Russie-Afrique au cours d'un entretien avec son homologue russe Vladimir Poutine », détaille le gouvernement burkinabè. »

https://francais.rt.com/international/107543-burkina-faso-signe-accord-avec-moscou-construction-centrale-nucleaire

Différentes visions du monde

La semaine dernière, par pure coïncidence, trois grandes puissances mondiales, Etats-Unis, Chine et Russie, ont exposé leur vision géopolitique du monde futur au cours de différents discours. Il est intéressant de les comparer. Commençons par la vision étasunienne exposé lors d'un discours de Blinken, tel que nous le rapporte Alastair Crooke :

« La semaine dernière, le secrétaire d'État Blinken, dans un discours prononcé à l'université Johns Hopkins, a déclaré sans ambages :

« Ce à quoi nous sommes confrontés n'est pas un test de l'ordre de l'après-guerre froide. Les pays et les citoyens perdent confiance dans l'ordre économique international – leur confiance est ébranlée par des failles systémiques... Plus ces disparités persistent, plus elles alimentent la méfiance et la désillusion des gens, qui ont le sentiment que le système ne leur donne pas une chance équitable ».

Jusqu'ici, tout va bien, mais il poursuit :

« Une ère s'achève, une nouvelle commence... Nous devons agir, et agir de manière décisive... Nous devons faire avancer l'histoire. Nous devons mettre la main sur le gouvernail de l'histoire, parce que... »

« Aucune nation au monde n'a une plus grande capacité à mobiliser les autres autour d'une cause commune. Parce que nos efforts continus ... nous permettent de corriger nos défauts et de renouveler notre démocratie de l'intérieur. Et parce que notre vision de l'avenir – un monde ouvert, libre, prospère et sûr – n'est pas seulement celle de l'Amérique, mais l'aspiration durable des peuples de toutes les nations et de tous les continents ».

La « nouvelle ère » ressemble donc à l'« ancienne » bien connue : Notre « vision libérale » occidentale et sa doctrine économique sont celles de tous, partout dans le monde – affirme Blinken.

Mais le défi de la « nouvelle ère » est le suivant,

« Nos concurrents [la Russie et la Chine] ont une vision fondamentalement différente... Le contraste entre ces deux visions ne pourrait être plus clair. Et les enjeux de la compétition à laquelle nous sommes confrontés ne pourraient être plus élevés – pour le monde et pour le peuple américain ».

C'est pourquoi nous – Team America – nous efforçons « d'aligner nos amis d'une nouvelle manière afin que nous puissions répondre aux trois tests déterminants de cette ère émergente : une concurrence stratégique féroce et durable ; des menaces existentielles pour les vies et les moyens de subsistance partout dans le monde – et le besoin urgent de rééquilibrer notre avenir technologique et notre avenir économique, de sorte que l'interdépendance soit une source de force – et non de vulnérabilité ». (Interdépendance ? ... hmm)

« Nous y parvenons grâce à ce que j'aime appeler la géométrie variable diplomatique. Nous avons aligné des dizaines de pays pour imposer à la Russie un ensemble sans précédent de sanctions, de contrôles des exportations et d'autres coûts économiques ».

Ahh — la guerre froide est donc terminée ? Et qu'est-ce qui va la remplacer ? Et bien, une nouvelle guerre froide à « géométrie variable ». Manifestement, le message émanant des sommets des BRICS et du G20 n'est pas passé.

Le message qui a résonné comme un clair coup de cloche lors de ces sommets était que le non-Occident collectif s'était rallié à la demande urgente d'une réforme radicale du système mondial. Ils veulent un changement dans l'architecture économique mondiale ; ils contestent ses structures (c'est-à-dire les systèmes de vote qui se cachent derrière ces structures institutionnelles telles que l'OMC, la Banque mondiale et le FMI) – et surtout ils s'opposent à l'hégémonie militarisée du dollar.

La demande – exprimée clairement – est d'avoir un siège à la table d'honneur. Point à la ligne.

À cette demande, la réponse de Blinken est celle d'un défi pur et simple : la géométrie variable :

« Nous rassemblons une coalition adaptée. Nous transformons le G7 en comité directeur pour les démocraties les plus avancées du monde, en combinant nos forces politiques et économiques... Nous portons les relations bilatérales critiques, [en particulier] avec l'Union européenne, à un nouveau niveau. Nous utilisons ce pouvoir pour façonner notre avenir technologique et économique... ».

En clair, la géométrie variable de la nouvelle guerre froide contre la Chine et la Russie revient à poursuivre la guerre financière armée :

« Nous avons aligné des dizaines de pays pour imposer à la Russie un ensemble sans précédent de sanctions, de contrôles des exportations et d'autres coûts économiques. Nous avons coordonné le G7, l'Union européenne et des dizaines d'autres pays pour soutenir l'économie ukrainienne et reconstruire son réseau énergétique. Voilà à quoi ressemble la géométrie variable ».

Les nouveaux outils de la guerre froide, tels que définis dans le discours de Blinken, sont tout d'abord la « narration » (notre vision est la vision du monde), une économie militarisée, une nouvelle capacité de prêt pour le FMI contrôlé par les États-Unis et une « ceinture » protectrice qui empêche les hauts responsables de la technologie occidentale de trouver une porte de sortie vers la Chine.

Ce qui est clair, c'est que les strates dirigeantes de Washington sont convaincues de la primauté de l'endiguement de la Chine. Fin du débat. »
https://reseauinternational.net/la-geometrie-variable-de-blinken-pour-une-nouvelle-guerre-froide/

Voici la version originale du discours (en anglais. Utilisez DeepL pour la traduction) :

https://www.state.gov/secretary-antony-j-blinken-remarks-to-the-johns-hopkins-school-of-advanced-international-studies-sais-the-power-and-purpose-of-american-diplomacy-in-a-new-era/

Passons maintenant au discours de Poutine pendant la réunion du Club Valdai :

« ... Dans le Concept de politique étrangère russienne adopté cette année, notre pays est caractérisé comme un État-civilisation singulier. Cette formulation reflète de manière précise et succincte la façon dont nous comprenons non seulement notre propre développement, mais aussi les principes fondamentaux de l'ordre mondial, dont nous espérons la victoire.

Selon nous, la civilisation est un phénomène aux multiples facettes. Bien entendu, cela est interprété de différentes manières. Il y avait entre autres une interprétation ouvertement coloniale : il existe un certain « monde civilisé » qui sert de modèle aux autres, chacun doit suivre ces normes, ces modèles, et ceux qui ne sont pas d'accord seront poussés vers la «civilisation» avec le bâton d'un maître «éclairé». Ces temps, comme je viens de le dire, sont révolus et notre compréhension de la civilisation est complètement différente.

Premièrement, il existe de nombreuses civilisations, et aucune d'elles n'est meilleure ou pire qu'une autre. Elles ont des droits égaux en tant qu'interprètes des aspirations de leurs cultures et traditions, de leurs peuples. Pour chacun de nous, c'est différent. Pour moi, par exemple, ce sont les aspirations de notre peuple, mon peuple, dont j'ai eu la chance de faire partie.

Des penseurs éminents du monde entier, adeptes de l'approche civilisationnelle, ont réfléchi et continuent de réfléchir sur le concept de «civilisation». Il s'agit d'un phénomène à plusieurs composantes. Sans plonger dans les profondeurs philosophiques – ce n'est probablement ni le lieu ni le moment pour un tel raisonnement – essayons de le décrire par rapport à aujourd'hui, j'essaierai de le faire en détail.

Les principales qualités d'un État-civilisation sont la diversité et l'autosuffisance. Voici les deux composants principaux, à mon avis. Le monde moderne est étranger à toute unification ; chaque État et chaque société veut développer de manière indépendante sa propre voie de développement. Il s'appuie sur la culture et les traditions, renforcées par la géographie, l'expérience historique, tant ancienne que moderne, et les valeurs du peuple. Il s'agit d'une synthèse complexe au cours de laquelle émerge une communauté civilisationnelle unique. Son hétérogénéité et sa diversité sont la clé de la durabilité et du développement.

Au fil des âges, la Russie s'est formée comme un pays composé de différentes cultures, religions et nationalités. La civilisation russienne ne peut être réduite à un dénominateur commun, mais elle ne peut pas non plus être divisée, car elle n'existe que dans son intégrité, dans sa richesse spirituelle et culturelle. Maintenir la forte unité d'un tel État n'est pas une tâche facile....

Qu'est-ce qui est très important à ajouter ici ? Un système étatique véritablement efficace et durable ne peut être imposé de l'extérieur. Elle se développe naturellement à partir des racines civilisationnelles des pays et des peuples, et la Russie, à cet égard, est un exemple de la manière dont cela se produit dans la vie, dans la pratique.

Le soutien civilisationnel est une condition nécessaire au succès dans le monde moderne, dans un monde chaotique, malheureusement dangereux et qui a perdu ses lignes directrices. De plus en plus d'États arrivent exactement à cette conclusion, conscients de leurs propres intérêts et besoins, de leurs opportunités et de leurs limites, de leur identité et de leur degré d'interconnexion avec le monde extérieur.

Je suis convaincu que l'humanité n'évolue pas vers une fragmentation en segments concurrents, ni vers une nouvelle confrontation de blocs, quelles qu'en soient les motivations, ni vers l'universalisme sans âme d'une nouvelle mondialisation – mais, au contraire, le monde est sur la voie d'une une synergie d'États-civilisations, de grands espaces, de communautés prenant conscience d'être justement telles.

En même temps, la civilisation n'est pas une structure universelle, une seule pour tous – cela n'arrive pas. Chacune d'elles est différente des autres, chacune est culturellement autonome, puisant ses principes idéologiques et ses valeurs dans sa propre histoire et ses propres traditions. Le respect de soi découle bien sûr du respect des autres, mais le respect de la part des autres y est aussi supposé. De sorte qu'une civilisation n'impose rien à personne, mais elle ne laisse personne non plus imposer quoi que ce soit à elle-même. Si chacun adhère exactement à cette règle, cela garantira une coexistence harmonieuse et une interaction créative de tous les acteurs des relations internationales.
Bien entendu, défendre son choix civilisationnel est une énorme responsabilité. Il s'agit de répondre aux attaques extérieures, d'établir des relations étroites et constructives avec d'autres communautés civilisées et, plus important encore, de maintenir la stabilité et l'harmonie internes. Après tout, nous constatons tous que l'environnement international actuel, comme je l'ai déjà dit, est malheureusement à la fois instable et assez agressif....

Primo. Nous voulons vivre dans un monde ouvert et interconnecté dans lequel personne ne tentera jamais d'ériger des barrières artificielles à la communication, à la créativité et à la prospérité des individus. Il devrait y avoir un environnement sans barrières – c'est ce vers quoi nous devons tendre.

Secundo. Nous voulons que la diversité du monde ne soit pas seulement préservée, mais qu'elle soit le fondement du développement universel. Il devrait être interdit d'imposer à un pays ou à un peuple la façon dont ils devraient vivre, l'idée qu'ils devraient avoir d'eux-mêmes. Seule une véritable diversité culturelle et civilisationnelle garantira le bien-être des peuples et l'équilibre des intérêts.

Tertio. Nous tenons pour une représentativité maximale. Personne n'a le droit et ne peut gouverner le monde à la place des autres ou au nom des autres. Le monde de demain est un monde de décisions collectives prises aux niveaux où elles sont les plus efficaces et par les participants réellement capables d'apporter une contribution significative à la résolution d'un problème spécifique. Pas une seule personne ne décide pour tout le monde, et tout le monde ne décide même pas de tout, mais ceux qui sont directement concernés par telle ou telle question s'accordent sur quoi et comment faire.

Quarto. Nous tenons pour une sécurité universelle et une paix durable, fondées sur le respect des intérêts de chacun, des grands États aux petits pays. L'essentiel est de libérer les relations internationales de l'approche de bloc, de l'héritage de l'ère coloniale et de la guerre froide. Nous parlons depuis des décennies de l'indivisibilité de la sécurité, du fait qu'il est impossible d'assurer la sécurité des uns au détriment de celle des autres. En effet, l'harmonie dans ce domaine est réalisable. Il suffit de mettre de côté l'orgueil, l'arrogance et d'arrêter de considérer les autres comme des partenaires de seconde zone, des parias ou des sauvages.

Quinto. Nous tenons pour la justice pour tous. L'ère de l'exploitation de qui que ce soit, je l'ai déjà dit à deux reprises, est tombée dans le domaine du passé. Les pays et les peuples sont clairement conscients de leurs intérêts et de leurs capacités et sont prêts à compter sur eux-mêmes, ce qui accroît leur force. Tout le monde devrait avoir accès aux avantages du développement moderne, et les tentatives de le limiter à un pays ou à un peuple donné devraient être considérées comme un acte d'agression, et toc.

Sexto. Nous tenons pour l'égalité en droit, pour la différence de potentiel entre les différents pays. C'est un facteur absolument objectif. Mais non moins objectif est le fait que personne n'est plus prêt à obéir, à faire dépendre ses intérêts et ses besoins de qui que ce soit, et surtout des plus riches et des plus puissants.

Il ne s'agit pas seulement de l'état naturel de la communauté internationale, mais de la quintessence de toute l'expérience historique de l'humanité.

Ce sont ces principes auxquels nous souhaitons nous-mêmes adhérer et auxquels nous invitons tous nos amis et collègues à adhérer. »
https://reseauinternational.net/discours-du-president-poutine-lors-de-la-20eme-reunion-du-club-de-discussion-international-valdai/

Quant au gouvernement chinois, il a publié un document officiel intitulé « Une communauté mondiale d'avenir partagé : Propositions et actions de la Chine » dans lequel il expose sa vision. Un document présenté par Global Times :

« Construire une communauté mondiale d'avenir partagé, c'est rechercher l'ouverture, l'inclusion, le bénéfice mutuel, l'équité et la justice, indique le livre blanc. L'objectif n'est pas de remplacer un système ou une civilisation par un autre. Il s'agit plutôt de pays ayant des systèmes sociaux, des idéologies et des histoires différents, des droits partagés et des responsabilités partagées dans les affaires mondiales.

La vision d'une communauté mondiale à l'avenir partagé se situe du bon côté de l'histoire et du progrès humain. Elle introduit une nouvelle approche des relations internationales, fournit de nouvelles idées pour la gouvernance mondiale, ouvre de nouvelles perspectives pour les échanges internationaux et dessine un nouveau projet pour un monde meilleur, selon le livre blanc.

Cette vision importante transcende les mentalités dépassées telles que le jeu à somme nulle, la politique de puissance et les confrontations de la guerre froide. Elle est devenue l'objectif global de la diplomatie chinoise à l'égard des principaux pays dans la nouvelle ère, ainsi qu'une grande bannière qui guide la tendance de l'époque et la direction du progrès humain.

Le concept d'une communauté mondiale d'avenir partagé est profondément enraciné dans l'héritage culturel profond de la Chine et dans son expérience unique de la modernisation. Il perpétue les traditions diplomatiques de la Chine et s'inspire des réalisations exceptionnelles de toutes les autres civilisations, selon le livre blanc. Elle témoigne également des traditions historiques ancestrales de la Chine, des caractéristiques propres à son époque et d'un grand nombre de valeurs humanistes. 

Le livre blanc indique également la direction et le plan à suivre pour construire une communauté mondiale à l'avenir commun, y compris la poursuite d'un nouveau type de mondialisation économique dans lequel les pays doivent poursuivre une politique d'ouverture et s'opposer explicitement au protectionnisme, à l'érection de clôtures et de barrières, aux sanctions unilatérales et aux tactiques de pression maximale, afin de relier les économies et de construire conjointement une économie mondiale ouverte.

Certains pays cherchent à se dissocier de la Chine, en s'enfermant dans de "petites cours et de hautes clôtures", ce qui, en fin de compte, ne fera que se retourner contre eux, selon le livre blanc. Par ailleurs, certains exagèrent la nécessité de "réduire la dépendance" et de "diminuer les risques", ce qui revient à créer de nouveaux risques.

L'orientation et le plan prévoient également de suivre un plan de développement pacifique, d'encourager un nouveau type de relations internationales, de pratiquer un véritable multilatéralisme et de promouvoir les valeurs communes de l'humanité.

Au cours de la dernière décennie, la Chine a apporté sa contribution à la construction d'une communauté mondiale à l'avenir commun avec une conviction ferme et des actions solides.

Par exemple, d'ici juillet 2023, plus de trois quarts des pays du monde et plus de 30 organisations internationales auront signé des accords de coopération avec la Chine sur la Ceinture et la Route. La BRI est née en Chine, mais les opportunités et les réalisations qu'elle crée appartiennent au monde entier. Il s'agit d'une initiative de coopération économique, et non d'alliances géopolitiques ou militaires, et d'un processus ouvert et inclusif qui ne vise ni n'exclut aucune partie, précise le livre blanc. »

https://www.globaltimes.cn/page/202309/1298931.shtml

Le texte original, en traduction anglaise, est ici : https://english.www.gov.cn/news/202309/26/content_WS6512703dc6d0868f4e8dfc37.html

Derrière toutes ces grandes paroles apparait le combat pour les consciences, individuelles et collectives, auquel se livrent ces grandes civilisations qui seront, de facto, par leur taille, les leaders du monde global.

Ce qui est sûr est que le monopole technico-économique qu'avait la civilisation occidentale va petit à petit disparaitre et qu'elle se retrouvera confrontée à d'autres espaces civilisationnels, chinois, russe, arabe, africain, malais...qui demanderont leur part du gâteau.

Alors, compétition ou collaboration entre tous ces Etats-civilisations ? Nous verrons bientôt les actes au-delà des grands mots.

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N'oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d'esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.


https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-alternative-du-16-octobre-2023

JacquesL

#2
Revue de presse alternative du 23 octobre 2023
Publié le octobre 23, 2023 par Wayan

Par Wayan – Le 23 octobre 2023 – Le Saker Francophone
Le conflit Israélo-Palestinien


Grosse agitation diplomatique cette semaine au Moyen-Orient. Biden lui-même a fait le déplacement jusqu'en Israël, ce qui donne une idée des enjeux pour les Etats-Unis. Voyons plus en détail ce bal diplomatique et ses résultats effectifs.

Commençons par la Chine :
« À l'invitation du gouvernement égyptien, Zhai Jun, envoyé spécial du gouvernement chinois sur la question du Moyen-Orient, participera à un sommet sur la question palestinienne qui se tiendra au Caire, selon le ministère chinois des Affaires étrangères vendredi. Le sommet réunira des dirigeants mondiaux, dont le président palestinien, le roi de Jordanie et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour discuter de l'escalade de la guerre, a rapporté Reuters. Zhai est arrivé à Doha et s'est entretenu avec le vice-ministre russe des affaires étrangères et représentant présidentiel spécial pour le Moyen-Orient et l'Afrique, Mikhail Bogdanov, et le ministre d'État du Qatar au ministère des affaires étrangères, Mohammed bin Abdulaziz bin Saleh Al-Khulaifi, jeudi.
La Chine cherche à promouvoir la désescalade du conflit israélo-palestinien et à reprendre les pourparlers de paix et le cessez-le-feu, a déclaré l'envoyé spécial, appelant toutes les parties concernées à maintenir le calme et à faire preuve de retenue, et à éviter une nouvelle détérioration, voire une perte de contrôle de la situation.

Lors de sa rencontre avec le ministre Mohammed bin Abdulaziz bin Saleh Al-Khulaifi à Doha, Zhai a déclaré que le Qatar exerçait une influence significative sur la question palestinienne et que la Chine était disposée à poursuivre les discussions et la coordination avec le Qatar afin de jouer un rôle constructif dans l'apaisement de la situation tendue actuelle.

Al-Khulaifi a déclaré que le Qatar participait activement aux efforts de médiation diplomatique visant à désamorcer la situation, qu'il appréciait le rôle et l'influence de la Chine et qu'il était prêt à renforcer la communication afin d'œuvrer à un règlement rapide, juste et raisonnable de la question palestinienne. »

https://www.globaltimes.cn/page/202310/1300269.shtml

Puis Poutine qui, dès le lendemain de l'attaque du Hamas, rappelait diplomatiquement « le droit d'Israël à se défendre...mais » :

« Israël a "certainement" le droit de se défendre contre la brutalité du Hamas, a déclaré le président russe Vladimir Poutine. Selon lui, seule une coexistence pacifique avec un État palestinien, comme le proposent les Nations unies, peut résoudre le conflit à long terme.

Le dirigeant russe a réitéré l'inquiétude de Moscou face à l'escalade de la violence au Moyen-Orient, soulignant que des milliers de civils israéliens et palestiniens ont été tués ou blessés depuis samedi dernier, lorsque le Hamas a lancé une incursion surprise à partir de Gaza.

Israël a subi "une attaque d'une brutalité sans précédent, et il a certainement le droit de se défendre, d'assurer son existence pacifique", a déclaré le dirigeant russe.

Poutine a réaffirmé sa position selon laquelle la crise actuelle est due à l'échec de la politique étrangère des États-Unis. "Les Américains, soutenus par leurs satellites européens, ont tenté de monopoliser le règlement de la question du Moyen-Orient, sans se soucier de trouver un compromis acceptable pour les deux parties."

"La ligne unilatérale adoptée par les États-Unis pendant de nombreuses années a poussé la situation dans une impasse", a ajouté Poutine, notant que les "activités de colonisation" d'Israël ont contribué à perturber le processus de paix. »

https://www.rt.com/russia/584817-putin-israel-defense-existence/

Puis, voyant la tendance négative que prenaient les événements en cours a décroché son téléphone :

« Le président russe Vladimir Poutine s'est entretenu lundi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président palestinien Mahmoud Abbas et plusieurs autres dirigeants régionaux, proposant une désescalade des hostilités.

Lors de son entretien avec Netanyahu, Poutine a exprimé ses sincères condoléances aux familles et aux amis des Israéliens décédés et a souligné qu'il condamnait fermement "toute action qui victimise la population civile, y compris les femmes et les enfants", selon le compte rendu de l'entretien établi par le Kremlin.

La Russie est prête à aider à mettre fin à la confrontation israélo-palestinienne et à "parvenir à un règlement pacifique par des moyens politiques et diplomatiques", a ajouté le Kremlin.
Poutine a également informé le Premier ministre israélien des mesures prises par la Russie pour "aider à normaliser la situation, empêcher une nouvelle escalade de la violence et prévenir une catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza", notamment les points clés de ses appels précédents avec le président palestinien et les dirigeants de l'Égypte, de l'Iran et de la Syrie.
Plus tôt dans la journée, le dirigeant russe avait téléphoné à Abbas, au président iranien Ebrahim Raisi, au président syrien Bachar Assad et au président égyptien Abdel Fattah el-Sisi.
Au cours de leurs conversations, selon le Kremlin, "une extrême préoccupation a été exprimée au sujet de l'escalade à grande échelle des hostilités, accompagnée d'une augmentation catastrophique du nombre de victimes civiles et d'une crise humanitaire de plus en plus grave dans la bande de Gaza".

Abbas, Assad, Raisi et El-Sisi ont tous exprimé leur "vive inquiétude quant à la probabilité que le conflit dégénère en une guerre régionale". Tous sont unanimes sur la nécessité urgente d'un cessez-le-feu humanitaire, afin de fournir de l'aide à tous ceux qui en ont besoin.

La Russie veut "arrêter les hostilités dès que possible et stabiliser la situation", a déclaré Poutine à ses collègues, révélant que Moscou avait envoyé un projet de résolution "équilibré et non politisé" au Conseil de sécurité de l'ONU, demandant une "trêve humanitaire immédiate".

Le "consensus général" entre Poutine et les dirigeants de la Palestine, de l'Iran, de la Syrie et de l'Égypte est que "l'escalade sans précédent" actuelle est due à la "stagnation à long terme" du processus de paix au Moyen-Orient. Le dirigeant russe a proposé que le processus reprenne, en vue d'une solution équitable et à long terme consistant à créer "un État palestinien indépendant coexistant dans la paix et la sécurité avec Israël". »

https://www.rt.com/news/585092-putin-netanyahu-abbas-gaza-peace/

Mais le projet de résolution russe a été rejeté par l'Occident :

« Les travaux du Conseil de sécurité des Nations unies sont entravés par les intérêts occidentaux, a affirmé mardi le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies, Vassily Nebenzia. Il a tenu ces propos après que le Conseil a rejeté le projet de résolution de la Russie sur le conflit israélo-gazaoui.

La résolution condamnait tous les actes de terrorisme, ainsi que toutes les violences contre les civils, et appelait à un cessez-le-feu immédiat entre Israël et les groupes armés palestiniens. Elle insistait également sur la libération de tous les otages.

Le document n'a pas obtenu les neuf voix nécessaires à son adoption. Il a été soutenu par la Russie, la Chine, les Émirats arabes unis et le Mozambique, tandis que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et le Japon ont voté contre et que six pays se sont abstenus.

"Nous regrettons que le Conseil de sécurité des Nations unies soit une fois de plus devenu l'otage des aspirations des pays occidentaux. C'est la seule raison pour laquelle il n'a pas été en mesure d'envoyer un message collectif clair et fort visant à désamorcer la situation", a déclaré Nebenzia après le vote, estimant qu'il s'agissait de "la plus grande flambée de violence au Moyen-Orient au cours des dernières décennies".

Nebenzia a déclaré que le monde entier attendait que le Conseil de sécurité prenne des mesures pour mettre fin à l'effusion de sang, mais que les délégations occidentales avaient "mis fin à ces attentes".

Le diplomate a également noté que pratiquement aucun des pays qui s'étaient opposés à la résolution russe n'avait formulé d'"objections fondamentales motivées", à l'exception d'une délégation qui, selon lui, n'a pas fait de "commentaires substantiels".

La représentante permanente des États-Unis auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a expliqué que Washington avait choisi de voter contre la résolution rédigée par la Russie parce qu'elle ne contenait pas de condamnation explicite du Hamas.

Avant le vote, Nebenzia a expliqué que le projet ne mentionnait pas le Hamas parce qu'il se concentrait principalement sur la composante humanitaire du conflit. »

https://www.rt.com/russia/585171-un-security-council-hostage/

Un autre texte déposé par le Brésil, condamnant cette fois les « attaques terroristes odieuses » du Hamas, a quand même été rejeté par les Etats-Unis :

« Les États-Unis ont mis leur veto alors que 12 membres du Conseil tenaient absolument à condamner les attaques du Hamas, condamner les violences et les hostilités contre tous les civils, réclamer la libération des otages aussi et le passage de l'aide humanitaire. Mais voilà, les États-Unis de Joe Biden les ont empêchés de le faire.

La majorité du Conseil, qui pensait que Washington serait de leur côté, a été surprise. D'abord parce que cela correspond aux valeurs qu'elle défend habituellement. Et le texte répondait aux demandes américaines.

Le texte de la résolution condamnait le Hamas en toutes lettres et non pas uniquement des actes terroristes, et il réclamait aussi des clauses humanitaires pour permettre à l'aide d'atteindre les Gazaouis et aux agences humanitaires de l'ONU de travailler.

C'était moins fort qu'un cessez-le-feu humanitaire qui dérangeait Israël, mais pour les États-Unis, il manquait un élément essentiel à cette déclaration, le rappel du « droit d'Israël à se défendre ». Et surtout, ils ne voulaient pas que ce vote intervienne en plein voyage de Joe Biden au Proche-Orient. Une occasion manquée pour le Conseil de sécurité, qui aura certainement des répercussions sur les dynamiques du Conseil à long terme.

Sur les 15 États membres du Conseil, 12 ont voté pour ce texte porté par le Brésil et condamnant les « attaques terroristes odieuses » du Hamas. Deux se sont abstenus, dont la Russie, mais les États-Unis, un des cinq membres permanents, ayant voté contre, cela a suffi à rejeter toute résolution. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231018-guerre-israël-hamas-veto-américain-à-une-résolution-du-conseil-de-sécurité

Il semble bien qu'Israël ne veuille pas d'un cessez-le-feu en l'état actuel des choses et que les Etats-Unis le soutiennent dans ce sens.

Les Etats-Unis aussi participent activement à cette valse diplomatique. Blinken s'est d'abord lancé dans une série de visite aux pays arabes. Mais l'accueil fut des plus froids, voire irrespectueux, envers lui, montrant le degré de dégradation de la diplomatie étasunienne au Moyen Orient :

« A Riyad, le souverain saoudien a fait attendre Blinken plusieurs heures pour une réunion qui devait avoir lieu dans la soirée mais à laquelle le prince héritier ne s'est présenté que le lendemain matin.
Une fois la réunion commencée, M. Mohammed a "insisté" sur la nécessité d'arrêter les opérations militaires "qui ont coûté la vie à des innocents" – une référence à l'offensive israélienne – et de lever le "siège de Gaza" qui a privé le territoire palestinien d'eau, d'électricité et de carburant, selon le résumé saoudien de la réunion...

L'engagement des États-Unis envers l'Égypte s'est heurté à encore plus d'obstacles.

Samedi, des responsables américains ont annoncé avoir conclu un accord avec le Caire pour une ouverture temporaire de la frontière de Rafah, entre Gaza et l'Égypte, aux citoyens américains cherchant à fuir la violence et les bombardements israéliens. Cette annonce a poussé un grand nombre d'Américains palestiniens à Gaza, estimés à 500 à 600, à se précipiter vers la frontière, mais aucun n'a pu entrer en Égypte, au milieu de remarques contradictoires entre les responsables américains et égyptiens sur les raisons pour lesquelles la frontière ne rouvrirait pas. »

https://www.washingtonpost.com/national-security/2023/10/15/blinken-saudi-egypt-israel-gaza/

Il a finalement fini sa tournée en Israël pour préparer celle de Biden :

« Le secrétaire d'État américain Antony Blinken reviendra en Israël lundi pour discuter « de la voie à suivre » après plusieurs jours de navette diplomatique entre les États arabes, qui, selon lui, partagent la détermination américaine de garantir que le conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas ne déborde pas dans la région.

Le plus haut diplomate américain est arrivé jeudi en Israël – alors que le pays prépare une offensive terrestre dans la bande de Gaza en représailles à une attaque meurtrière du Hamas contre des civils – et s'est également rendu au Qatar, en Jordanie, à Bahreïn, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Égypte.

Le conflit a suscité l'inquiétude de la communauté internationale car il pourrait déclencher une guerre régionale plus large, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amirabdollahian ayant averti dimanche que "les mains de toutes les parties de la région sont sur la gâchette".

"Il y a une détermination dans tous les pays où je suis allé, pour s'assurer que ce conflit ne se propage pas", a déclaré Blinken aux journalistes alors qu'il s'apprêtait à quitter le Caire. "Ils utilisent leur propre influence, leurs propres relations, pour essayer de s'assurer que cela n'arrive pas." »

https://www.reuters.com/world/middle-east/blinken-will-meet-with-saudi-crown-price-sunday-riyadh-us-official-says-2023-10-15/

Soutenir Israël dans sa vengeance contre le peuple palestinien tout en « s'assurant que le conflit ne se propage pas » est une position d'équilibriste peu réaliste, d'autant plus aux vues de l'accueil reçu dans les pays soutenant la Palestine.

Biden s'en apercevra lui-même quand sa visite programmée en Jordanie est annulée par la Jordanie :

« Le président américain Joe Biden a entamé mercredi 18 octobre une visite de solidarité en Israël, lors de laquelle il a assuré qu'il travaillerait avec Israël pour éviter "davantage de tragédie" aux civils, au douzième jour d'une guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza ayant fait des milliers de morts.

Le démocrate de 80 ans, en annonçant son déplacement, faisait un pari immense : celui d'arriver à se présenter à la fois comme le garant de la sécurité d'Israël, comme le meilleur espoir des civils palestiniens, et comme un rempart face aux risques d'escalade régionale.

Mais cette quête d'équilibre a volé en éclats avant même son départ. En cause, le bombardement mardi de l'hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza, qui a fait entre 200 et 500 morts selon les autorités.

Ce nouveau drame a conduit la Jordanie à annuler le sommet d'urgence auquel devait participer Joe Biden avec le roi Abdallah II, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le dirigeant de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Selon Matthieu Mabin, correspondant de France 24 à Washington, "si le président américain ne trouve pas d'autre interlocuteur que le Premier ministre israélien une fois arrivé à Tel Aviv, sa présence ne fera que mettre en exergue la fin du dialogue avec les acteurs arabes de la région. Précisément ce que les États-Unis voulaient éviter." »

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231018-visite-solidarite-joe-biden-moyen-orient-israel

Pourquoi un tel enfermement des pays occidentaux dans leur défense d'Israel ? Jonathan Cook, un journaliste anglais spécialiste du Proche-Orient nous expose son analyse :
« Il y a plus de dix ans, Israël a commencé à comprendre que d'assiéger Gaza pouvait être à son avantage. Il a commencé à transformer la minuscule enclave côtière du statut de charge lourde à porter en un portefeuille de valeur dans le jeu commercial de la politique de puissance internationale.

Le premier avantage pour Israël et ses alliés occidentaux est plus discuté que le second.

La minuscule bande de terre qui longe la côte orientale de la Méditerranée a été transformée en un mélange de terrain d'essai et de vitrine.

Israël a pu utiliser Gaza pour développer toutes sortes de nouvelles technologies et stratégies associées aux industries de la sécurité intérieure en plein essor dans tout l'Occident, alors que les responsables de ces pays s'inquiètent de plus en plus de l'agitation intérieure qui touche leur pays, parfois appelée populisme.

Le siège des 2,3 millions de Palestiniens de Gaza, imposé par Israël en 2007 à la suite de l'élection du Hamas à la tête de l'enclave, a permis toutes sortes d'expériences.

Comment contenir au mieux la population ? Quelles restrictions peuvent être imposées à leur régime alimentaire et à leur mode de vie ? Comment recruter à distance des réseaux d'informateurs et de collaborateurs ? Quel effet l'enfermement de la population et les bombardements répétés ont-ils eu sur les relations sociales et politiques ?

Enfin, comment maintenir les habitants de Gaza dans la soumission et empêcher un soulèvement ?

Les réponses à ces questions ont été mises à la disposition des alliés occidentaux sur le portail commercial d'Israël. Les produits disponibles comprennent des systèmes d'interception de roquettes, des capteurs électroniques, des systèmes de surveillance, des drones, des systèmes de reconnaissance faciale, des tours de tir automatisées, et bien plus encore. Tous ont été testés en situation réelle à Gaza.

La réputation d'Israël a été sérieusement ébranlée par le fait que les Palestiniens ont réussi à contourner cette infrastructure de confinement le week-end dernier – au moins pour quelques jours – avec un bulldozer rouillé, quelques deltaplanes et le sentiment de n'avoir rien à perdre.

C'est en partie pour cette raison qu'Israël doit maintenant retourner à Gaza avec des troupes au sol pour montrer qu'il a encore les moyens d'écraser les Palestiniens.

Punition collective
Ce qui nous amène à la deuxième raison de l'utilité de Gaza.

De plus en plus inquiétés par les signes d'agitation populaire dans leur pays, les États occidentaux ont commencé à réfléchir plus attentivement à la manière de contourner les restrictions que leur impose le droit international.

Ce terme fait référence à un ensemble de lois formalisées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les deux camps traitaient les civils se trouvant de l'autre côté des lignes de combat comme de simples pions sur un échiquier.

L'objectif des rédacteurs du droit international était de rendre inadmissible la répétition des atrocités nazies en Europe, ainsi que d'autres crimes tels que les bombardements par la Grande-Bretagne de villes allemandes comme Dresde ou le largage par les États-Unis de bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki.

L'un des fondements du droit international – au cœur des conventions de Genève – est l'interdiction des punitions collectives, c'est-à-dire des représailles contre la population civile de l'ennemi, pour lui faire payer le prix des actes de ses dirigeants et de ses armées.

De toute évidence, Gaza constitue la violation la plus flagrante de cette interdiction. Même en période "calme", ses habitants – dont un million d'enfants – sont privés des libertés les plus élémentaires, telles que le droit de circuler, l'accès à des soins de santé appropriés parce que les médicaments et le matériel ne peuvent être acheminés, l'accès à l'eau potable et l'utilisation de l'électricité pendant une grande partie de la journée parce qu'Israël ne cesse de bombarder la centrale électrique de Gaza.

Israël n'a jamais caché qu'il punissait les habitants de Gaza parce qu'ils sont dirigés par le Hamas, qui rejette le droit d'Israël d'avoir dépossédé les Palestiniens de leur patrie en 1948 et de les avoir emprisonnés dans des ghettos surpeuplés comme Gaza.

Ce qu'Israël fait à Gaza est la définition même de la punition collective. C'est un crime de guerre : 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 52 semaines par an, depuis 16 ans.

Et pourtant, personne dans la soi-disant communauté internationale ne semble le remarquer.

Les règles de la guerre réécrites
Mais la situation juridique la plus délicate – pour Israël et l'Occident – est celle où Israël bombarde Gaza, comme il le fait actuellement, ou envoie des soldats, comme il le fera bientôt.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en évidence le problème lorsqu'il a dit aux habitants de Gaza : "Partez maintenant". Mais, comme lui et les dirigeants occidentaux le savent, les habitants de Gaza n'ont nulle part où aller, nulle part où échapper aux bombes. Toute attaque israélienne est donc, par définition, dirigée contre la population civile. C'est l'équivalent moderne des bombardements de Dresde.
Israël élabore des stratégies pour surmonter cette difficulté depuis son premier grand bombardement de Gaza fin 2008, après l'instauration du siège.

Une unité du bureau du procureur général a été chargée de trouver des moyens de réécrire les règles de la guerre en faveur d'Israël.

À l'époque, cette unité craignait qu'Israël ne soit critiqué pour avoir fait exploser une cérémonie de remise de diplômes de police à Gaza, tuant de nombreux jeunes cadets. En droit international, les policiers sont des civils, et non des soldats, et ne constituent donc pas une cible légitime. Les juristes israéliens s'inquiétaient également du fait qu'Israël avait détruit des bureaux gouvernementaux, l'infrastructure de l'administration civile de Gaza.

Les inquiétudes d'Israël semblent aujourd'hui désuètes, ce qui montre à quel point le pays a déjà changé de cap en matière de droit international. Depuis un certain temps, toute personne liée au Hamas, même de manière indirecte, est considérée comme une cible légitime, non seulement par Israël, mais aussi par tous les gouvernements occidentaux.

Les responsables occidentaux ont rejoint Israël en traitant le Hamas comme une simple organisation terroriste, ignorant qu'il s'agit également d'un gouvernement dont les membres accomplissent des tâches banales, comme veiller à ce que les poubelles soient ramassées et à ce que les écoles restent ouvertes.

Ou encore, comme l'a déclaré Orna Ben-Naftali, doyenne de la faculté de droit, au journal Haaretz en 2009 : "Une situation est créée dans laquelle la majorité des hommes adultes de Gaza et la majorité des bâtiments peuvent être traités comme des cibles légitimes. La loi a en fait été remise en question".

À l'époque, David Reisner, qui avait dirigé l'unité, a expliqué la philosophie d'Israël à Haaretz : "Ce à quoi nous assistons aujourd'hui est une révision du droit international. Si vous faites quelque chose pendant suffisamment longtemps, le monde l'acceptera. L'ensemble du droit international repose désormais sur l'idée qu'un acte interdit aujourd'hui devient autorisé s'il est exécuté par un nombre suffisant de pays."

L'ingérence d'Israël dans la modification du droit international remonte à plusieurs décennies.

Se référant à l'attaque israélienne contre le tout jeune réacteur nucléaire irakien en 1981, un acte de guerre condamné par le Conseil de sécurité des Nations unies, Reisner a déclaré : "L'atmosphère était qu'Israël avait commis un crime contre l'humanité. Aujourd'hui, tout le monde dit qu'il s'agit d'une légitime défense préventive. Le droit international progresse au fil des violations".

Il a ajouté que son équipe s'était rendue quatre fois aux États-Unis en 2001 pour persuader les responsables américains de l'interprétation de plus en plus souple du droit international par Israël en ce qui concerne l'assujettissement des Palestiniens.

"Sans ces quatre voyages aux États-Unis, je ne suis pas sûr que nous aurions pu développer la thèse de la guerre contre le terrorisme à l'échelle actuelle", a-t-il déclaré.

Ces redéfinitions des règles de la guerre se sont avérées précieuses lorsque les États-Unis ont choisi d'envahir et d'occuper l'Afghanistan et l'Irak.

"Animaux humains"
Ces dernières années, Israël a continué à "faire évoluer" le droit international. Il a introduit le concept d'"avertissement préalable", en annonçant parfois quelques minutes à l'avance la destruction d'un bâtiment ou d'un quartier. Les civils vulnérables qui se trouvent encore dans la zone, comme les personnes âgées, les enfants et les handicapés, sont alors considérés comme des cibles légitimes s'ils n'ont pas quitté les lieux à temps.
Les autorités israéliennes profitent de l'assaut actuel contre Gaza pour modifier encore les règles.

L'article de Haaretz de 2009 fait référence à Yoav Gallant, qui était alors le commandant militaire en charge de Gaza, et qui a été décrit comme un "homme sauvage" par des représentants de la loi. Il était décrit comme un "homme sauvage", un "cow-boy" qui n'avait pas le temps de s'occuper des subtilités juridiques.

Gallant est aujourd'hui ministre de la défense et responsable de l'instauration, cette semaine, d'un "siège complet" de Gaza : "Pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de carburant – tout est fermé". Dans un langage qui brouille toute distinction entre le Hamas et les civils de Gaza, il a décrit les Palestiniens comme des "animaux humains".

La punition collective entre alors dans un tout autre domaine. En termes de droit international, elle frôle le territoire du génocide, tant sur le plan rhétorique que sur le fond.

Mais la donne a tellement changé que même des hommes politiques occidentaux centristes encouragent Israël – souvent sans même appeler à la "retenue" ou à la "proportionnalité", les termes vagues qu'ils utilisent habituellement pour masquer leur soutien à la violation de la loi.

Écoutez Keir Starmer, le chef de l'opposition travailliste et l'homme qui est presque certain d'être le prochain premier ministre britannique. Cette semaine, il a soutenu le "siège complet" de Gaza, un crime contre l'humanité, en le reformulant comme le "droit d'Israël à se défendre".

Starmer n'a pas manqué de saisir les implications juridiques des actions d'Israël, même s'il semble personnellement immunisé contre les implications morales. Il a reçu une formation d'avocat spécialisé dans les droits de l'homme.

Son approche semble même déconcerter des journalistes qui ne sont pas connus pour leur sympathie à l'égard de la cause palestinienne. Interrogé par Kay Burley, de Sky News, qui lui demandait s'il avait de la sympathie pour les civils de Gaza traités comme des "animaux humains", Starmer n'a pas trouvé la moindre chose à dire pour les soutenir.

Au lieu de cela, il a opté pour une tromperie pure et simple : accuser le Hamas de saboter un "processus de paix" qu'Israël a enterré il y a des années, tant sur le plan pratique que déclaratif.
Confirmant que le parti travailliste approuve désormais les crimes de guerre commis par Israël, son procureur général fictif, Emily Thornberry, s'en tient au même scénario. Lors de l'émission Newsnight de la BBC, elle a éludé la question de savoir si le fait de couper l'électricité et l'approvisionnement de Gaza était conforme au droit international.

Ce n'est pas une coïncidence si la position de Starmer contraste autant avec celle de son prédécesseur, Jeremy Corbyn. Ce dernier a été chassé du pouvoir par une campagne soutenue de diffamation antisémite fomentée par les plus fervents partisans d'Israël au Royaume-Uni.

Starmer n'ose pas être vu du mauvais côté sur ce sujet. Et c'est exactement le résultat que les responsables israéliens voulaient et attendaient.

Drapeau israélien sur le numéro 10
Starmer est loin d'être le seul. Grant Shapps, le ministre britannique de la défense, a également exprimé un soutien sans faille à la politique israélienne consistant à affamer deux millions de Palestiniens à Gaza.

Rishi Sunak, le premier ministre britannique, a apposé le drapeau israélien sur la façade de sa résidence officielle, le 10 Downing Street, apparemment sans se soucier de donner une forme visuelle à ce qui serait normalement considéré comme un trope antisémite, à savoir qu'Israël contrôle la politique étrangère du Royaume-Uni.

Starmer, ne voulant pas être en reste, a demandé que l'arche du stade de Wembley soit ornée des couleurs du drapeau israélien.
Quelle que soit l'ampleur de ce soutien collectif à Israël, présenté comme un acte de solidarité après le massacre de civils israéliens par le Hamas le week-end dernier, le sous-texte est évident : La Grande-Bretagne soutient Israël au moment où il entame sa campagne de représailles pour crimes de guerre à Gaza.

C'est également l'objectif du conseil donné par la ministre de l'intérieur Suella Braverman à la police de traiter comme des actes criminels le fait d'agiter des drapeaux palestiniens et de chanter pour la libération de la Palestine lors des manifestations de soutien à la bande de Gaza.

Les médias jouent leur rôle, comme toujours. Une équipe de télévision de Channel 4 a poursuivi Corbyn dans les rues de Londres cette semaine, exigeant qu'il "condamne" le Hamas. Ils ont insinué, par la formulation de ces demandes, que tout ce qui était au-delà – comme les préoccupations supplémentaires de Corbyn pour le bien-être des civils de Gaza – confirmait l'antisémitisme de l'ancien dirigeant travailliste.

L'implication claire des politiciens et des médias de l'establishment est que tout soutien aux droits des Palestiniens, toute contestation du "droit incontestable" d'Israël à commettre des crimes de guerre, équivaut à de l'antisémitisme.

L'hypocrisie de l'Europe
Cette double approche, qui consiste à encourager les politiques israéliennes génocidaires à l'égard de Gaza tout en étouffant toute dissidence ou en la qualifiant d'antisémitisme, ne se limite pas au Royaume-Uni.

Dans toute l'Europe, de la porte de Brandebourg à Berlin à la tour Eiffel à Paris en passant par le parlement bulgare, des bâtiments officiels ont été illuminés avec le drapeau israélien.
La plus haute responsable européenne, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s'est réjouie de voir le drapeau israélien étouffer le Parlement européen cette semaine.
Elle a déclaré à plusieurs reprises que "l'Europe est aux côtés d'Israël", alors même que les crimes de guerre israéliens commencent à s'accumuler.

L'armée de l'air israélienne s'est vantée jeudi d'avoir largué quelque 6 000 bombes sur Gaza. Dans le même temps, des groupes de défense des droits de l'homme ont signalé qu'Israël tirait sur Gaza du phosphore blanc, une arme chimique incendiaire, qui constitue un crime de guerre lorsqu'elle est utilisée dans des zones urbaines. Defence for Children International a indiqué que plus de 500 enfants palestiniens avaient été tués jusqu'à présent par les bombes israéliennes.

C'est à Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires occupés, qu'il revient de souligner que Mme Von Der Leyen applique les principes du droit international de manière tout à fait incohérente.

Il y a presque exactement un an, la présidente de la Commission européenne avait dénoncé les frappes russes sur les infrastructures civiles en Ukraine comme des crimes de guerre. "Priver des hommes, des femmes et des enfants d'eau, d'électricité et de chauffage à l'approche de l'hiver, ce sont des actes de pure terreur", écrivait-elle. "Et nous devons les qualifier comme tels".
Mme Albanese a fait remarquer que Mme Von der Leyen n'avait rien dit d'équivalent au sujet des attaques israéliennes, encore plus graves, contre les infrastructures palestiniennes.

L'envoi de troupes lourdes
Pendant ce temps, la France a déjà commencé à disperser et à interdire les manifestations contre le bombardement de Gaza. Son ministre de la justice s'est fait l'écho de Braverman en suggérant que la solidarité avec les Palestiniens risquait d'offenser les communautés juives et devait être traitée comme un "discours de haine".

Naturellement, Washington apporte un soutien sans faille à Israël, quelle que soit la décision qu'il prendra à l'égard de Gaza, comme l'a clairement indiqué le secrétaire d'État Anthony Blinken lors de sa visite cette semaine.

Le président Joe Biden a promis des armes et des fonds, et a envoyé l'équivalent militaire des "gros bras" pour s'assurer que personne ne dérange Israël pendant qu'il commet ces crimes de guerre. Un porte-avions a été dépêché dans la région pour garantir que les voisins d'Israël restent tranquilles lors du lancement de l'invasion terrestre.

Même les responsables dont le rôle principal est de promouvoir le droit international, comme Antonio Gutteres, secrétaire général des Nations unies, ont commencé à s'adapter à l'évolution de la situation.

Comme la plupart des responsables occidentaux, il a mis l'accent sur les "besoins humanitaires" de Gaza en évitant de parler des règles de la guerre qu'Israël est tenu de respecter.
C'est là le succès d'Israël. Le langage du droit international qui devrait s'appliquer à Gaza – des règles et des normes qu'Israël doit respecter – a cédé la place, au mieux, aux principes de l'humanitarisme : des actes de charité internationale pour panser les souffrances de ceux dont les droits sont systématiquement bafoués et dont les vies sont anéanties.

Les responsables occidentaux sont plus que satisfaits de la direction prise. Non seulement dans l'intérêt d'Israël, mais aussi dans le leur. Car un jour, leurs propres populations pourraient leur poser autant de problèmes que les Palestiniens de Gaza en posent aujourd'hui à Israël.

Soutenir le droit d'Israël à se défendre est, pour eux, une sorte d'investissement. »

https://www.declassifieduk.org/lawless-in-gaza-why-britain-and-the-west-back-israels-crimes/

Un investissement qui mise sur un succès israélien pourtant bien peu probable comme le pense aussi cet ancien officier militaire français dans cette vidéo :
https://twitter.com/NaphtalineLeBon/status/1713688141758902488

Pourtant Israël est bien parti pour détruire Gaza :

« L'avertissement d'Israël selon lequel sa guerre aérienne contre la bande de Gaza a abandonné la précision au profit de la « destruction » est un signe inquiétant que les pertes civiles dans les semaines à venir pourraient être très graves.

Le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée israélienne, a déclaré que « l'accent est mis sur les dégâts et non sur la précision », tandis qu'un responsable israélien anonyme a déclaré aux médias locaux que Gaza serait réduite à une « ville de tentes » d'ici la fin. de la campagne.

« Nous ne nous arrêtons pas ; au contraire, nous nous dirigeons vers une multiplication des attaques. La priorité absolue de ces attaques est d'éliminer les hauts responsables [du Hamas] », a également déclaré le contre-amiral Hagari. »

https://www.telegraph.co.uk/world-news/2023/10/11/israel-abandon-precision-bombing-eliminate-hamas-officials/

Finalement, en fin de semaine :

« Des appels à une trêve entre Israël et le Hamas palestinien pour permettre l'entrée de l'aide à Gaza ont été lancés au « Sommet pour la paix » ce samedi 21 octobre en Égypte, auquel ont participé 31 pays et trois organisations internationales.

Après deux semaines de guerre, « il faut agir maintenant pour mettre fin au cauchemar », a lancé à l'ouverture du sommet du Caire Antonio Guterres, alors que près de 4 400 Palestiniens ont été tués dans les bombardements de représailles israéliens à Gaza sous contrôle du Hamas, selon le ministère de la Santé local. Gaza a « besoin d'un acheminement massif d'aide », a ajouté le secrétaire général de l'ONU, alors que seuls 20 camions y sont entrés samedi depuis le poste-frontière de Rafah, entre Gaza et l'Égypte. Pour l'ONU, il faudrait au moins 100 camions par jour pour les 2,4 millions de Gazaouis privés de tout.

Le roi Abdallah II de Jordanie a réclamé « un cessez-le-feu immédiat », tandis que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé que « l'unique solution à la question palestinienne est la justice », soulignant le « droit » des Palestiniens « à établir leur État ». Il faut, a ajouté le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, « la fin de l'occupation des Territoires palestiniens par Israël et la solution à deux États », israélien et palestinien.

Le président américain Joe Biden a dit mercredi à Tel-Aviv que cette guerre renforçait sa « détermination » pour une solution à deux États. « Nous ne partirons pas », a répété trois fois Mahmoud Abbas alors que Le Caire et Amman sont vent debout contre l'ordre israélien d'évacuer les Palestiniens du nord de la bande de Gaza vers le sud du territoire, frontalier de l'Égypte. Ils y voient un pas vers « un déplacement forcé » des Palestiniens vers le Sinaï égyptien qui équivaudrait selon M. Abbas à « une deuxième Nakba » (catastrophe, en arabe), en référence aux 760 000 Palestiniens poussés à l'exil après la création d'Israël en 1948.

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a concédé une erreur : « Collectivement, nous n'avons plus fait suffisamment attention à la centralité de la question palestinienne ». Selon elle, ce sommet était une première étape, un moment pour délivrer des messages de paix. La concrétisation d'un cessez-le-feu à Gaza est encore loin, note correspondante au Caire, Léonie Lebrun.

Au-delà des appels partagés pour l'entrée de l'aide aux Palestiniens de la bande de Gaza, soumise à un siège israélien, les représentants des pays occidentaux et arabes n'ont d'ailleurs pas pu s'entendre sur un communiqué final, ont indiqué des diplomates arabes à l'AFP. Les négociations ont achoppé sur deux points, selon eux : d'une part, « les pays occidentaux voulaient une condamnation claire du Hamas », dont l'attaque le 7 octobre contre Israël a déclenché une guerre ayant fait 1 400 morts dans ce pays. De l'autre, ils réclamaient « un appel à la libération des otages », quelque 200 personnes enlevées durant l'attaque par le Hamas.

Les pays arabes ont refusé d'inscrire ces points et le sommet s'est soldé par un communiqué de la présidence égyptienne dénonçant « une scène internationale qui a révélé ces dernières décennies son incapacité à trouver une solution juste et durable à la question palestinienne ». Le ministère israélien des Affaires étrangères a jugé « regrettable que même face à ces atrocités, certains trouvent difficile de condamner le terrorisme ». « Israël fera ce qu'il a à faire et attend de la communauté internationale qu'elle reconnaisse la justesse de son combat », a-t-il ajouté. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231021-des-appels-à-un-cessez-le-feu-à-gaza-au-sommet-pour-la-paix-en-égypte

En tous cas, cet événement géopolitique cantonnera définitivement Israël dans le camp occidental alors qu'il essayait jusqu'à maintenant de trouver un équilibre entre les deux.
La preuve en est que les Etats-Unis offrent un soutien financier et militaire total à Israël, alors même que ses finances ont déjà été mises à mal par le financement de l'Ukraine :
« Le président Joe Biden envisage une demande supplémentaire d'environ 100 milliards de dollars qui inclurait une aide à la défense pour Israël et l'Ukraine, ainsi qu'un financement pour la sécurité des frontières et une aide aux pays de l'Indo-Pacifique, y compris Taïwan, selon des personnes connaissant bien le dossier. »

https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-10-17/white-house-eyes-100-billion-ukraine-israel-and-border-ask#xj4y7vzkg

Pour la ministre des finances étasunienne, c'est faisable :

« Janet Yellen a déclaré à Sky News que les États-Unis pouvaient "certainement" se permettre de soutenir des guerres sur deux fronts, alors que le conflit entre Israël et le Hamas menace la stabilité au Moyen-Orient et que les États-Unis continuent de soutenir la lutte de l'Ukraine contre la Russie.

S'adressant en exclusivité à Wilfred Frost avant une réunion des ministres des finances au Luxembourg, la secrétaire d'État américaine au Trésor a déclaré que l'économie et les finances publiques étaient en bon état pour garantir le soutien des intérêts américains à l'étranger. »

https://news.sky.com/story/we-can-certainly-afford-two-wars-us-treasury-secretary-says-12985335

Mais, là encore, face aux belles paroles illusoires, revenons-en aux faits :

« En août 2023, la dette publique des États-Unis s'élevait à environ 32.910 milliards de dollars, soit environ deux mille milliards de plus qu'un an plus tôt, alors qu'elle était d'environ 30.940 milliards de dollars. Le plafond de la dette publique américaine est devenu l'une des questions politiques les plus importantes aux États-Unis ces dernières années, le débat sur la manière de le gérer provoquant des troubles politiques entre Démocrates et Républicains. »

https://www.statista.com/statistics/273294/public-debt-of-the-united-states-by-month/

Il semble que le sentiment d'invincibilité occidental touche aussi le domaine économique. Mais pas seulement :

« Ce qui se cache derrière le déferlement actuel de la résistance violente palestinienne est précisément enraciné dans une compréhension inverse de celle que l'on a dans les cercles de Washington.
La «réalité» inverse est que, au cours de la dernière décennie, Israël s'est éloigné de plus en plus des fondations sur lesquelles une paix régionale durable aurait pu être construite. De manière perverse, Israël a évolué dans la direction opposée, détruisant les piliers sur lesquels un rapprochement régional aurait pu être possible.

Au cours de la dernière décennie, Netanyahou a fait basculer l'électorat israélien à droite, en faisant de l'Iran le phantasme par lequel il effraie le public. (Il n'en a pas toujours été ainsi : Après la révolution iranienne de 1979, Israël s'était allié à l'Iran, contre le «voisinage proche» arabe).

Netanyahou a également transmis à son électorat le «message» selon lequel, grâce au «succès» des accords d'Abraham, le monde ne se soucie plus du tout des Palestiniens. Qu'ils sont «des nouvelles d'hier».

Cette performance a empêché le monde occidental de comprendre pleinement ce que les ministres radicaux du gouvernement de Netanyahou ont planifié :

L'un des principaux engagements des ministres de Netanyahou est de construire le (troisième) temple juif sur le mont du Temple, où se trouve actuellement la mosquée al-Aqsa. En clair, cela implique un engagement à démolir al-Aqsa et à construire un Temple juif à sa place.

Le deuxième engagement clé est de fonder Israël sur la «Terre d'Israël» biblique. Comme l'a clairement indiqué le ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir, les Palestiniens de Cisjordanie seraient confrontés à un choix : partir ou vivre sous l'emprise d'un État juif suprématiste.

La troisième consiste à instituer la loi juive (Halakha) en lieu et place de la loi laïque. Cela priverait les non-juifs d'Israël de leur statut juridique.

Ensemble, la judaïsation d'Al-Aqsa, la fondation de l'État sur la «Terre d'Israël» biblique et la fin de la loi fondamentale laïque, la Palestine et le peuple palestinien sont tout simplement effacés. Il y a trois semaines, Netanyahou a brandi une carte d'Israël lors de son discours à l'Assemblée générale des Nations unies : Gaza et les territoires palestiniens n'y figurent pas du tout. Ils sont effacés. La situation est aussi existentielle que cela.

Tels sont les enjeux qui sous-tendent en fin de compte la provocation extrême des forces militaires du Hamas à l'égard d'Israël. Elle vise à briser le paradigme (il ne s'agit pas d'un appel à un quelconque retour au cadre d'Oslo).

Toutefois, en réagissant de manière excessive, Netanyahou et son équipe risquent de «faire tomber le toit» de l'ensemble du projet occidental. Biden ne semble pas voir le danger qui se cache dans son propre langage exagérément enragé, comparant le Hamas à ISIS et approuvant une réponse «rapide, décisive et écrasante» de la part de Netanyahou. Biden a déclaré qu'il était convaincu qu'Israël avait non seulement le droit, mais le «devoir» de riposter, ajoutant que «les États-Unis soutiennent Israël».

Biden pourrait obtenir plus que ce qu'il cherche : Une tragédie sous la forme d'un châtiment total infligé aux Palestiniens de Gaza. Netanyahou, piégé par la dynamique de sa propre peur et de sa vulnérabilité, joue le rôle de Dionysos, le Dieu de l'excès. Et Biden l'encourage.

Tout comme l'équipe Biden a exposé les États-Unis et l'OTAN à l'humiliation en Ukraine, l'équipe Biden semble incapable d'imaginer ce qui pourrait découler de l'humiliation d'Israël, par sa vengeance à Gaza. L'Ukraine a entraîné de graves conséquences financières pour l'Europe. En Israël, sa structure militaire et de renseignement vient d'imploser. Imaginez que la structure politique devienne elle aussi dysfonctionnelle.

Lorsque l'Occident considère la situation d'un point de vue purement statique et instrumental (c'est-à-dire que Tsahal est beaucoup plus puissant que le Hamas et que, par conséquent, le Hamas est destiné à être détruit – «C'est une question d'ingénierie») – si «vous» adoptez ce point de vue, peut-être posez-vous la question de manière erronée.

La question à poser est plutôt une question dynamique : Comment cette dramaturgie va-t-elle se dérouler dans le temps ? De quelle manière la guerre putative d'Israël à Gaza pourrait-elle progressivement façonner les calculs du Hezbollah, de la Syrie et de la sphère musulmane – et ouvrir des opportunités politiques qui n'étaient pas disponibles jusqu'à présent. »

https://reseauinternational.net/lever-le-voile-sur-le-paradigme-daujourdhui/

Pendant que les yeux du monde entier sont rivés sur Gaza, les colons israéliens en profitent pour grignoter encore un peu plus de terrain en Cisjordanie, ne faisant ainsi qu'aggraver le problème :
« Les soldats et les colons israéliens ont tué 51 Palestiniens en Cisjordanie depuis samedi, selon le ministère palestinien de la santé à Ramallah. Au moins deux villages, Al-Qanub et Wadi Al-Sik, ont été entièrement dépeuplés à la suite des violences commises par les colons israéliens.

Un Palestinien d'At-Tuwani, un village de la région de Masafer Yatta dans les collines du sud d'Hébron, est dans un état critique après qu'un colon, accompagné d'un soldat israélien, a envahi la communauté vendredi et lui a tiré dessus à bout portant. L'attaque a été documentée par le groupe israélien de défense des droits de l'homme B'Tselem.

Les soldats israéliens établissent de nouveaux points de contrôle pour bloquer les déplacements des villageois palestiniens. Jeudi soir, près de Yabrud, au nord-est de Ramallah, des soldats ont tiré sur un véhicule transportant une famille palestinienne, selon des membres de la famille. Randa Abdullah Abdul Aziz Ajaj, 37 ans, a été tuée et son fils, Ismail Ajaj, a été touché au pied et à l'épaule. Son mari et un autre enfant se trouvaient également dans le véhicule mais n'ont pas été blessés. Un porte-parole de l'IDF a déclaré que les soldats avaient ouvert le feu parce que la voiture "roulait sauvagement" et que les soldats se sentaient menacés.

Dans toute la Cisjordanie, les habitants palestiniens constatent une présence accrue de colons armés autour de leurs villages, un plus grand nombre de barrages militaires et un renforcement des restrictions de circulation. "En ce moment, nous vivons en état de siège. La plupart des villages de Cisjordanie sont enfermés dans des monticules de terre et il est impossible d'en sortir", a déclaré un habitant du village de Qaryut. "Il y a des colons partout. Chaque fois que nous nous approchons d'une maison proche d'une colonie, ils nous tirent dessus. Ils profitent de la situation sécuritaire à Gaza pour se venger en Cisjordanie. Car personne ne s'intéresse à la Cisjordanie aujourd'hui". »

https://www.972mag.com/settler-attacks-west-bank-gaza-war/

Et Israël de se diviser intérieurement :

« Des voix s'élèvent déjà pour réclamer le départ de Netanyahou. Ne serait-ce que pour son parrainage à long terme du Hamas, pour faire contrepoids aux Palestiniens du Fatah, plus laïques. S'il n'est plus premier ministre, les tribunaux se saisiront des trois affaires de corruption, actuellement en suspens, contre lui. Il finira probablement en prison.

Une autre raison du succès du Hamas est le fait que trois des quatre bataillons d'infanterie, comptant chacun 800 soldats, qui gardent habituellement la bande de Gaza, ont été déplacés en Cisjordanie pour protéger les colons sionistes d'extrême droite lors d'une fête religieuse. Cela a permis au Hamas de franchir facilement la clôture. »

https://lesakerfrancophone.fr/israel-divise-et-la-guerre-dal-aqsa

Même le Département d'Etat étasunien se divise sur le sujet :

« La crise au Proche-Orient provoque un vent de fronde au sein du département d'État américain, l'équivalent en France du ministère des Affaires étrangères, secoué par l'approche diplomatique de Joe Biden. Fait rarissime, plusieurs diplomates de haut rang dénoncent un positionnement trop va-t-en-guerre au mépris de la vie des populations civiles. Ceux-ci viennent de pousser Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, à se fendre d'une lettre ouverte dans laquelle il reconnaît l'énorme pression qui pèse sur les diplomates américains. »

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20231021-états-unis-remous-au-sein-du-département-d-état-sur-le-proche-orient

Au niveau international, la fracture qui sépare le bloc occidental de la Russie, de la Chine et de l'Afrique s'étend maintenant au monde musulman :

« Si la guerre en Ukraine a révélé les lignes de fractures qui traversent la communauté internationale, les derniers épisodes du conflit israélo-palestinien ont fini de les élargir, en particulier avec les puissances émergentes d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine.

Et cette crise au Moyen-Orient ne déchire pas seulement le Nord et le Sud. Elle irrite également certains alliés européens de Washington qui ont travaillé sans relâche depuis l'invasion russe de l'Ukraine pour construire un consensus autour du respect du droit international et des droits humains. »

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231019-la-guerre-israël-hamas-révélatrice-des-fractures-au-sein-du-monde-occidental

Pendant ce temps, Israël a l'air de peser le pour et le contre, coincé dans une situation difficile. Le ministre de la défense vient de déclarer que :

« Israël se lavera les mains de Gaza une fois qu'il aura achevé son opération militaire terrestre et vaincu le Hamas, a déclaré le ministre de la défense Yoav Gallant. Le Financial Times, citant un fonctionnaire israélien anonyme, a rapporté que la nouvelle approche signifie que les habitants de Gaza ne seront pas autorisés à entrer en Israël ou à y travailler.

S'adressant vendredi à la commission des affaires étrangères et de la défense du Parlement israélien, M. Gallant a déclaré aux législateurs qu'Israël n'aurait plus "la responsabilité de la vie quotidienne dans la bande de Gaza" une fois les hostilités terminées.

Selon le ministre, l'opération militaire israélienne se déroulera en trois phases, la première étant un bombardement aérien intensif, qui est déjà en cours. Elle comprendra également des manœuvres au sol "dans le but de détruire les agents et d'endommager les infrastructures afin de vaincre et de détruire le Hamas". La deuxième phase verra des combats de moindre intensité dans l'enclave, visant à éliminer les "poches de résistance", selon M. Gallant. L'action militaire se terminera par la "création d'un nouveau régime de sécurité" à Gaza.

Le Financial Times a cité un responsable israélien anonyme qui a déclaré qu'"Israël ne fera pas partie de la solution pour donner du travail [aux Gazaouis]".

"Nous avons débranché le cordon ombilical", a-t-il ajouté. »

https://www.rt.com/news/585466-israel-outlines-gaza-future/

En gros, Gaza restera une prison à ciel ouvert mais dans laquelle il ne sera plus distribué d'eau et de nourriture. La recette pour une énième sanglante mutinerie. Il semble que les dirigeants israéliens perdent eux aussi le sens de la mesure et de la réalité et ne veuillent tirer aucune leçon des événements. Ce qui ne présage rien de bon pour l'issue d'un problème qui dure depuis 80 ans mais que le nouveau monde multipolaire parait décidé à résoudre une bonne fois pour toute. Mais il semble que leur aveuglement idéologique empêche les dirigeants israéliens de le voir.

La Chine et la Russie étendent leur soft power

Pendant que le bloc occidental se débat avec son image en chute libre à l'international, la Russie et la Chine continuent leur offensive de charme :

« Des centres d'enseignement russe ont été ouverts au Nigeria, en Côte d'Ivoire et en République démocratique du Congo (RDC). Ces centres permettront aux étudiants locaux d'étudier le russe et d'en apprendre davantage sur la culture du pays. 

L'université d'État russe de l'éducation a inauguré mercredi son centre d'éducation ouverte en russe et d'enseignement de la langue russe à l'université de Lagos, au Nigeria. 
La cérémonie s'est déroulée en présence du vice-recteur de l'université d'État russe de l'éducation, Dmitry Kulikov, et de la direction de la faculté des lettres de l'université de Lagos.
Les professeurs de russe ont tenu un cours ouvert au cours duquel ils ont présenté aux étudiants la culture russe, leur ont fourni des aides à l'étude et leur ont offert des souvenirs de Russie.
Plus de 50 pays, dont 28 en Afrique, font actuellement partie du projet à grande échelle du ministère russe de l'éducation visant à établir un réseau de centres d'éducation ouverte. »

https://www.rt.com/africa/585130-russian-education-centre-nigeria/

« Au premier jour du troisième Forum des "Nouvelles routes de la soie" pour la coopération internationale, plus de 1 200 représentants de plus de 80 pays et régions ont entrepris ce que certains décrivent comme un voyage de "chasse aux opportunités", cherchant à établir de nouveaux réseaux d'affaires dans le cadre de l'initiative des "Nouvelles Routes de la soie" – la plus grande plateforme de coopération internationale au monde – pour injecter de la certitude dans leurs entreprises dans un monde incertain et apporter des contributions conjointes à la reprise de l'économie mondiale.
Plus de 300 représentants chinois et étrangers ont signé des accords lors de la conférence des PDG des Routes de la soie de cette année, mardi, a appris le Global Times. Les accords, qui couvrent l'intelligence artificielle, la biomédecine, l'agriculture moderne, ainsi que les services financiers, ont atteint un record en termes de nombre d'accords et de valeur des contrats. »

https://www.globaltimes.cn/page/202310/1300027.shtml
« Le président chinois Xi Jinping a annoncé mercredi [à l'occasion du 3eme forum des Nouvelles routes de la soie, NdT] huit mesures majeures que la Chine prendra pour soutenir la coopération de haute qualité des "Nouvelles routes de la soie"...

Huitièmement, la Chine renforcera la construction institutionnelle pour la coopération internationale dans le cadre de la Route de la soie.

La Chine travaillera avec les pays partenaires de la Route de la soie pour renforcer la construction de plateformes de coopération multilatérale couvrant l'énergie, la fiscalité, la finance, le développement vert, la réduction des catastrophes, la lutte contre la corruption, les groupes de réflexion, les médias, la culture et d'autres domaines, a indiqué Xi.

La Chine continuera d'accueillir de tels forums et d'en établir un secrétariat, a-t-il déclaré. »

https://lesakerfrancophone.fr/xi-annonce-des-mesures-pour-soutenir-la-cooperation-de-haute-qualite-autour-des-nouvelles-routes-de-la-soie

« Pékin va injecter plus de 100 milliards de dollars de nouveaux financements dans les Nouvelles routes de la soie, a annoncé ce 18 octobre le président chinois Xi Jinping lors d'un sommet à Pékin marquant le dixième anniversaire de ce vaste projet d'infrastructures. Les principaux financeurs des Nouvelles routes de la soie, la Banque de développement de Chine et la Banque d'import-export de Chine (Eximbank), vont injecter près de 100 milliards de dollars de prêts supplémentaires au projet, a déclaré ce 18 octobre le président chinois Xi Jinping, lors de la cérémonie d'ouverture du troisième forum international des «Nouvelles routes de la soie».

«La Banque de développement de Chine et la Banque d'import-export de Chine créeront chacune une ligne de financement de 350 milliards de yuans RMB [47,8 milliards de dollars]», a détaillé le dirigeant chinois. Par ailleurs, «le Fonds de la Route de la soie procédera à une augmentation de capital de 80 milliards de yuans RMB [11 milliards de dollars]», a-t-il poursuivi. Au-delà des investisseurs étatiques, Xi Jinping a également annoncé que la conférence des entrepreneurs, qui s'est tenue en marge du présent forum, avait «donné lieu à la conclusion d'accords sur des projets d'un montant total de 97,2 milliards de dollars». »

https://francais.rt.com/international/107594-nouvelles-routes-soie-xi-jinping-investissements

On remarquera au passage que la somme de 100 milliards de $ correspond à ce que Biden veut investir en Ukraine, à Taiwan et en Israël pour soutenir les tensions guerrières dans ces zones, comme nous l'avons vu plus haut. Chacun ses priorités.

« Le président kenyan William Ruto a annoncé mardi que 11 entreprises chinoises allaient investir plus de 160 millions de dollars dans la Konza Medical City, une initiative gouvernementale en matière de soins de santé visant à fournir une couverture sanitaire universelle dans tout le pays africain.
"Je suis ravi pour les 11 entreprises qui ont lancé la Konza Medical City, leur véhicule d'investissement spécial de 161,7 millions de dollars, qui arrive au Kenya à temps pour profiter de la couverture sanitaire universelle, ainsi que pour Zhende Medical Co. qui conclut un accord pour investir 125 millions de dollars dans la ville de Tatu", a-t-il déclaré.
Ruto a fait cette annonce en s'adressant à la table ronde des investisseurs Kenya-Chine à Pékin, en marge du troisième Forum des Nouvelles routes de la soie pour la coopération internationale. »

https://www.rt.com/africa/585233-kenya-china-business-deals/

« Trente et une entreprises privées et entreprises d'État (SOE) d'Indonésie ont signé des accords d'une valeur totale de 13,7 milliards de dollars avec des entreprises chinoises lundi lors du Forum des affaires Indonésie-Chine à Pékin, a déclaré le ministre des SOE, Erick Thohir. "Nous voulons être un pays industriel qui fait partie des chaînes d'approvisionnement mondiales", a déclaré Erick à Pékin, dans une vidéo YouTube publiée lundi. Cette somme ne représente qu'une partie des transactions potentielles totalisant environ 29 milliards de dollars, a-t-il précisé, ajoutant que neuf des 31 entreprises étaient des entreprises d'État, dont la compagnie d'électricité PLN et l'Indonesia Battery Corporation. »

https://www.thejakartapost.com/business/2023/10/17/ri-companies-ink-deals-worth-13-7b-with-chinese-counterparts.html

A lundi prochain.
Note du Saker Francophone : N'oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d'esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-alternative-du-16-octobre-2023-2