Nouvelles:

Notre mission est de former les citoyens de référence de l'avenir, les aider à coévoluer et créer.

Main Menu
Welcome to Pratiquer les vertus citoyennes. Please login or sign up.

24 Décembre 2024, 12:04:53 AM

Login with username, password and session length

Crier !

jacquesloyal

2007-11-12, 17:03:07
Etre loyal et ne pas mentir

Récents

Membres
  • Total des membres: 85
  • Dernier: berjarre
Stats
  • Total des messages: 7,044
  • Total des sujets: 4,194
  • En ligne aujourd'hui: 71
  • Record de connexion total: 448
  • (18 Mai 2024, 04:24:13 AM)
Membres en ligne
Membres: 0
Invités: 35
Total: 35

Finance de l'ombre : "Les autorités ont fermé les yeux"

Démarré par JacquesL, 28 Septembre 2011, 02:25:04 PM

« précédent - suivant »

JacquesL

http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/09/27/finance-de-l-ombre-les-autorites-ont-ferme-les-yeux_1578592_3234.html
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/09/27/1578592.html

Juste précis et consternant...

CiterFinance de l'ombre : "Les autorités ont fermé les yeux"
Le Monde.fr | 27.09.11 | 20h11

Raoul : Quelle est, selon vous, la place de la finance "souterraine" dans le système financier global ?

Marc Roche : Bonjour, la place de ce que j'appelle le "capitalisme hors la loi", c'est-à-dire non réglementé, est désormais supérieure au poids de la sphère financière régulée et transparente. La crise des crédits à risque subprimes de 2008-2009 a accentué le poids de cette économie souterraine, puisque ses acteurs ont pu compenser leurs pertes et garder leurs profits grâce au recours à cette finance parallèle, légale, mais profondément immorale : conflits d'intérêts, évasion fiscale, risques systémiques, impunité et âpreté aux gains.

Léon  : Quels mécanismes lient finance de l'ombre et crise ?

Le recours aux paradis fiscaux, aux hors-bilans, aux sociétés offshore, à l'optimisation fiscale, aux liens étroits tissés avec les politiques ont contribué à la crise de 2008-2009 comme à celle de la dette souveraine de nos jours. A titre d'exemple, la quasi-totalité des produits financiers toxiques qui ont failli emporter les banques était immatriculée dans des paradis fiscaux.

Philippe J : Les autorités ferment-elles sciemment les yeux sur la pratique du shadow banking ?

Déjà qu'est-ce que le shadow banking ? Il s'agit de la finance parallèle, de l'ombre comme son nom l'indique, qui est légale mais profondément immorale et qui est basée sur un contournement des règles, voire sur une absence de prêt. Dans cette mesure, les autorités ont non seulement fermé les yeux, mais ont participé aux activités du shadow banking. L'exemple le plus patent est l'absence de réglementation des paradis fiscaux malgré les engagements en ce sens du G20, à Londres, en 2009. En effet, chaque Etat protège cette place offshore. Les Etats-Unis ont le Delaware, où est immatriculée la quasi-totalité des entreprises américaines pour payer le moins d'impôts possible et se soustraire aux impératifs de sécurité des employés.

Dans le même ordre d'idées, la Grande-Bretagne utilise les îles anglo-normandes et les îles Caïmans comme rabatteurs de fonds pas toujours propres au bénéfice de la City. L'Italie a Monaco ; la France et l'Espagne ont l'Andorre ; la Belgique a le Luxembourg ; l'Inde, l'île Maurice ; la Chine, Hongkong ; et ainsi de suite, pour une suite sans fin.

Chablis : A-t-on une idée des montants engagés dans la finance de l'ombre ?

Non. Tout ce que la Banque mondiale affirme via des estimations est que le shadow banking est désormais plus important que la sphère financière réglementée (banque de détail, marchés d'actions et de devises, fusions-acquisitions...).

Sylvia : Ces traders et banquiers de l'ombre sont-ils poursuivis par la justice ?

Je suis un libéral convaincu que le capitalisme est une bonne chose ; c'est le seul système qui crée de la richesse. J'ai partagé ma vie professionnelle entre la City et Wall Street, mais ce qui me choque le plus dans ce que j'ai découvert dans les coulisses du capitalisme de l'ombre, c'est l'impunité des banquiers. Aucun banquier, même dans les cas de fraudes avérées, n'a été à ce jour inquiété, jugé et condamné. Ceux dont la mégalomanie, la cupidité et l'ego surdimensionné ainsi que l'aveuglement ont provoqué l'effondrement de leur banque, nécessitant un sauvetage par le contribuable, ont tous retrouvé du travail dans la finance, ont conservé leur retraite et parachutes dorés, et même leur titre nobiliaire dans le cas du Royaume-Uni.

La comparaison peut paraître facile, mais dans le pays où je vis depuis vingt-six ans, l'Angleterre, un gamin qui vole une bouteille d'eau pendant les émeutes de cet été écope d'une peine de prison ferme de six mois en justice expéditive. C'est choquant.

Dag : Pensez-vous qu'on pourrait changer le système financier tel qu'il est fait aujourd'hui ?

Restons optimistes. Comme le G20 est incapable de prendre une décision, vu les intérêts divergents entre ses membres, l'espoir réside dans l'Union européenne. Si les Britanniques sont déterminés à protéger la City, Français, Allemands et Scandinaves sont déterminés à éviter une répétition de la tourmente financière de 2008-2009. Cette fois-ci, il n'y a plus d'argent dans les caisses pour aider les banques.

Seule la Commission européenne peut mettre en place une réglementation communautaire pour protéger le contribuable et forcer les banquiers à rentrer dans leur rang. Mais il s'agit d'un travail de longue haleine, car le puissant lobby bancaire n'a pas son pareil pour émasculer toute tentative de réglementation.

Lucas : La plus grande part de la richesse est devenue une simple image virtuelle. Pensez-vous qu'il faille trouver une alternative rapidement à ce système financier pour sauver le système ?

La crise souveraine qui frappe les pays de la zone euro souligne l'urgence d'une nouvelle réglementation. Les banquiers, autistes, sont incapables de s'autoréglémenter. L'une des pistes à explorer est paradoxalement au Royaume-Uni, où la commission Vickers a annoncé, le 15 septembre 2011, un plan de réforme bancaire révolutionnaire. Il s'agit de "sanctuariser" les activités de dépôts des mastodontes bancaires qui bénéficient de la garantie de l'Etat et qui seront sauver en cas de pépin. En revanche, les activités spéculatives seront laissées à elles-mêmes. Une telle réforme permet de répondre en partie au défi posé par l'existence de banques universelles plus puissantes que jamais qui offrent toute la palette des services financiers. Le gros problème aujourd'hui est la taille des banques, trop grosses pour faire faillite ("too big to fail"). Le problème est que les propositions Vickers n'entreront pas en vigueur avant 2015, voire 2019.

Gauthier : Avez-vous de l'espoir vis à vis des différentes tentatives (notamment de la Commission européenne) pour ramener les transactions de gré à gré vers des marchés transparents ?

L'initiative est louable. Reste que la complexité de cette transaction liée aux progrès technologiques complique la tâche de réglementation. Les régulateurs sont toujours en retard d'une guerre face à une industrie bancaire très mobile, très innovante, très performante. Par ailleurs, les régulateurs n'attirent pas les meilleurs éléments, qui préfèrent rejoindre la haute finance. Le chantier est donc énorme, mais toute tentative de la Commission européenne est bienvenue. Le problème est aussi que, face au rouleau compresseur des banques, il n'existe pas de vrais contre-pouvoirs. La classe politique est tétanisée, voire parfois complice, les ONG, les mouvements associatifs, les églises ou les syndicats apparaissent désarmés.

Baptiste : Ne doit-on pas constater l'impuissance du politique face à l'économique ?

En effet, le pouvoir politique paraît à première vue impuissant face à l'économie. Et pour cause, les milieux d'affaires ont littéralement fagocité dans de nombreux pays la classe politique. Que font les politiciens de gauche quand ils quittent le pouvoir ? Beaucoup rejoignent la banque : Tony Blair chez JP Morgan, Peter Mendelson chez Lazard, Romano Prodi chez Goldman Sachs et Gerard Schroeder dans la nébuleuse énergético-financière Gazprom.

Si aux Etats-Unis, l'entrisme des financiers dans le monde politique est chose courante (le "government Sachs" sous l'administration Bush), le phénomène a gagné l'Europe. Goldman Sachs est à la pointe de ce réseau politique, puisqu'elle a compté parmi ses conseillers et banquiers d'ex-commissaires européens ou d'anciens directeurs du Trésor. A commencer par Mario Draghi, le futur président de la Banque centrale européenne, qui a fait partie de la hiérarchie de la banque d'affaires entre 2002 et 2005. Son rôle dans le maquillage des comptes grecs, qui a joué un grand rôle dans la crise actuelle de l'euro, est controversé.

Lola : Que pensez-vous des idées d'Arnaud Montebourg de "mise sous tutelle des banques par nationalisation-sanction" ? Cela pourrait-il empêcher de telles pratiques ?

La nationalisation n'est qu'une solution en cas de faillite bancaire, comme ce fut le cas au Royaume-Uni, en 2008-2009. Des banques nationalisées se sont également adonnées au crédit subprime sans y connaître grand-chose. C'est par exemple le cas des banques régionales allemandes. La solution n'est pas de nationaliser-sanctionner, mais de réglementer étroitement le système bancaire.

Matthieu : Existe-t-il encore des pays épargnés par cette "dictature des banques et des marchés" ?

A l'heure de la mondialisation, peu de pays échappent à la dictature des marchés. Ceux qui s'en sortent le mieux sont les pays basés sur une industrie et une agriculture fortes, moins dépendantes du secteur financier. Dans cette optique, les pays scandinaves, les Pays-Bas, la France, l'Allemagne sont moins touchés par la bourrasque. Mais ces pays disposent également de banques trop puissantes. Le secteur bancaire français est ainsi dominé par trois mastodontes universels mêlant banques de détails, crédits spéculatifs et gestion de fortunes : BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole. C'est un cartel.

Patrick : Vous êtes un capitaliste convaincu qui voudrait que la moralité soit prise en compte. N'est-ce pas utopique ?

Aucun système ne peut remplacer le capitalisme, à condition qu'il soit réglementé. Par ailleurs, il faut mettre fin à l'optimisation fiscale qui prive les Etats de recettes. Le système fiscal doit être revu de fond en comble pour que le fardeau passe de la classe moyenne aux classes supérieures. Les riches ne payent pas suffisamment d'impôts et quand on les menace d'augmenter la taxation ils se réfugient souvent ailleurs. Ce chantage à la délocalisation des grosses fortunes est indécent. Des pays comme la Suisse, la Belgique ou le Royaume-Uni, qui sont un havre de paix pour les financiers et entrepreneurs souhaitant payer le moins d'impôts possible, doivent supprimer ces attraits dans le cadre d'une harmonisation fiscale européenne.

L'utilisation de la fiscalité, juste et équitable, n'a rien de révolutionnaire. Le capitalisme régulier que nous avons connu entre 1945 et 1980 a fait ses preuves. C'est la déréglementation poursuivie par la gauche comme par la droite qui a déréglé le système. Seule une reréglementation des circuits financiers et une fiscalité plus juste permettront de sortir de l'ornière.

Guest : En tant que contribuable, simple citoyen, consommateur lambda, y a-t-il des moyens de contrer ce capitalisme financier souterrain ? Nous en subissons les conséquences mais avons-nous un poids face à cela ?

En tant qu'individu la réponse est négative. Ce n'est que dans un cadre collectif que l'on peut changer le système. Cela demande un engagement civique, faire pression sur les politiques, et dans ce contexte les mouvements associatifs, les églises, les syndicats, les ONG peuvent jouer un rôle moteur. Ils l'ont fait pour faire tomber le régime de l'apartheid en Afrique du Sud, par exemple, mais le réveil est urgent vu l'enjeu.

Julien : Etes-vous en faveur d'une taxe sur les flux financiers (type taxe Tobin) ?

Absolument, c'est une nécessité. Cela permettra à la fois de regarnir les caisses des Etats, de diminuer l'impact des politiques d'austérité et de limiter la cupidité des professionnels de la finance. C'est gagnant-gagnant.

Ben0209 : Je suis étudiant en école de commerce et désire suivre une formation en finance de marchés. Mais pensez-vous que ce secteur a encore un avenir à dix-vingt ans ou va-t-on assister à une refonte totale du système ?

Le secteur financier, une fois qu'il aura mis de l'ordre dans ses affaires, "contraint et forcé par les pouvoirs publics", a de belles années devant lui. La profession de trader est fascinante. Non seulement, elle permet de bien gagner sa vie mais nécessite des qualités indéniables de rapidité, de flair, de contrôle de soi et d'agilité intellectuelle. On peut être trader en actions, obligations ou devises dans la sphère réglementée. En revanche, la spéculation effrénée que l'on a connue n'a pas d'avenir.

Ceux qui y sont accrochés peuvent s'y adonner dans les hedge funds, qui sont des structures privées, peu créatrices de risques systémiques en raison de leur petite taille et des limites du recours à l'endettement. Sinon, on peut toujours faire une belle carrière comme trader au sein d'une banque tant que l'on garde en tête la nécessité d'une boussole morale.

Jaco : Quelle est votre position par rapport aux partisans de la démondialisation, y compris financière, ou aux économistes qui préconisent en ultime recours de fermer les Bourses ?

Ce sont des idiots.

Chat modéré par Domitille Hazard
Au moins un des lecteurs a réagi sur cette insulte finale.