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Des casseurs professionnels, appointés pour :

Démarré par JacquesL, 20 Octobre 2010, 11:53:45 AM

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JacquesL

Tout comme sous Raymond Marcellin, on voit apparaître dans les manifs des casseurs professionnels, appointés spécialement pour cela par le ministère (ou par Matignon ?), avec un entraînement visiblement professionnel au combat de rue et à la casse de banques :

http://www.lepost.fr/article/2010/10/19/2272489_casseurs-en-marge-des-manifs-decryptage-d-une-video-troublante.html

http://www.youtube.com/watch?v=cZfbuCQMYro

Citery a un truc qui me parait bizarre,

c'est l'objet utilisé pour servir de bélier afin de detruire la vitre...

tout bon parisien auras reconnu une de ses bonne vieille bite en métal encastrée dans le bitume de la capital...sauf certaine.

il y a eu donc repérage afin d'utiliser cet objet.

que cela soit un flic travesti en civil ou un manifestant particulièrement belliqueux, il n'a pas pu, dans le feu de l'action prendre cet objet sur le vif

cela était prémédité bien avant la manifestation

CiterJean CALONE le 20/10/2010 à 12:25

Quelque chose que j'ai vu :
c'était Place de la Nation, début janvier 2009, à la fin de la manifestation contre le guerre à Gaza.
Les derniers manifestants étaient arrivés sur la place, et les CRS étaient en rang sur les 10 artères qui donnent sur cette place, à une cinquantaine de mètres de celle-ci.
Rue du Faubourg St-Antoine, j'étais allé acheter une canette dans une petite épicerie et je discutais avec le patron sur le pas de la porte. A notre gauche, juste à l'entrée de la place il y avait une vingtaine de "djeuns" qui défiaient à distance les CRS qui étaient sur notre droite.
A un moment, l'un d'entre a sorti une bouteille de sa poche, l'a vidée dans une poubelle, et y a mis le feu... Les CRS ont aussitôt chargé et les "djeuns" ont fui, pour se repositionner plus loin vers le centre de la place.
Un peu embêtant d'ailleurs, car du coup, les CRS avaient dépassé l'épicerie, et j'ai dû franchir le cordon pour retourner sur la place. Mais pas de problème, affiché comme étant au PS, cela va..
Celui qui avait mis le feu était très repérable = survêtement gris avec logo rouge et capuche, et surtout des chaussures de sport jaune fluo.
Deux heures plus tard, nuit tombée, la place étant totalement évacuée (il ne restait plus que les CRS en rangs serrés formant cercle, et quelques journalistes à distance auxquels je m'étais mélé), j'ai remarqué, près d'un car de Police, un attroupement d'une vingtaine de personnes qui avaient le total look banlieue. J'ai pensé à des manifestants interpellés et en cours "d'embarquement". Par curiosité je me suis rapproché et j'ai vu qu'ils portaient tous des brassards orange avec inscrit POLICE. Et parmi eux, surprise, il y avait le "djeun" avec son survêt' gris et pompes jaune fluo...
Je ne porte aucun jugement, je ne fais pas de commentaires, et je livre simple un constat de ce que j'ai vu de mes propres yeux.

JacquesL

#1
http://www.lepost.fr/article/2010/10/25/2280401_casseurs-melenchon-denonce-des-policiers-agissant-sur-ordre.html
CiterMélenchon accuse des policiers de se déguiser en casseurs : que fait la presse ?

Ce week-end Guy Birenbaum publiait sur son blog l'éloquant témoignage d'un manifestant qui vidéo à l'appui soupçonne des policiers d'avoir joué les agents provocateurs  et d'avoir inpunément brisé la vitrine d'une banque pour discréditer le mouvement social.

Dimanche soir, c'est Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche, qui évoquait sur France Inter / iTélé d'autres témoignages venant de Savoie et de Paris allant dans le même sens de provocations délibérées de la part de policiers en civil :

"Il faut que les policiers républicains marquent une distance avec les ordres qui leur sont donnés, certains ont fait valoir leur droit de retrait, tant ils sont épuisés, (il faut qu'ils) affirment d'une manière beaucoup plus forte leur opposition à un certain nombre de consignes et de pratiques (...) . J'ai même mis une photo sur mon blog" a déclaré très solennel le président du Parti de Gauche.

"Cette pratique dont je parle c'est cette présence dans les cortèges de manifestants de personnes infiltrées qui jettent des pierres, brisent des vitrines et ensuite sortent des brassards de police", a expliqué Jean-Luc Mélenchon.
Interrogé sur l'origine de ces actions de provocation, Jean-Luc Mélenchon a ajouté :
"La question est de savoir qui donne de tels ordres (...). Je pense que le ministre de l'Intérieur est au courant. Personne ne peut penser que des policiers de leur propre initiative décident de se déguiser en manifestants pour jeter des pierres. Ils ont des ordres, ce sont des fonctionnaires".

Vidéo
http://www.dailymotion.com/swf/video/xfcv8n_jean-luc-melenchon-accuse-la-police_news?additionalInfos=0

Ces pratiques des agents provocateurs sont vieilles comme le monde et pourtant bien peu couvertes par les médias. Il est vrai qu'il s'agit d'accusations graves qui méritent enquête.

En écoutant hier soir, Jean-Luc Mélenchon s'interroger ouvertement et apporter des témoignages sur ces pratiques servant à couper le mouvement social de son soutien populaire, je pensais naïvement que la question allait entrer dans le débat public et que les journaux du Lundi matin allaient s'en emparer.

Or ce matin mis à part un article éclairant de la République du Centre et la réaction d'un syndicat de policiers qui réclame des poursuites contre Jean-Luc Mélenchon, rien.

Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. La crédibilité de la presse et des médias passe aussi par des prises de risques et des enquêtes à chaud qui ne doivent pas se réduire pas à recueillir des procès verbaux tombés du camion.

CiterManifestations: un syndicat policier réclame des poursuites contre Mélenchon

(AFP) – Il y a 23 heures

PARIS — Un syndicat de police, Synergie Officiers, a demandé lundi au ministère de l'Intérieur "d'engager des poursuites" contre le président du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon, qui a accusé les policiers d'"infiltrer" les manifestations contre la réforme des retraites.

"Nous sommes vraiment indignés par les propos de cet élu, ce sont des propos irresponsables et injurieux à l'égard des forces de l'ordre dont la seule motivation est d'assurer le bon déroulement des manifestations", a réagi un responsable de Synergie Officiers, deuxième syndicat d'officiers de police, Mohamed Douhane.

"Compte tenu de ces propos infamants, nous réclamons une réaction forte du ministre de l'Intérieur afin d'obtenir des poursuites judiciaires", a demandé M. Douhane.

Le président du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a affirmé dimanche soir que des policiers avaient des "consignes" pour "infiltrer" et "jeter des pierres" dans les manifestations sur les retraites. "Je pense que le ministre de l'Intérieur est au courant (de telles pratiques)", a-t-il ajouté.

"On s'interroge sur les motivations de cet homme politique qui salit délibérément toute une profession", a poursuivi Mohamed Douhane. "Nous souhaitons rappeler à M. Mélenchon que depuis le début du mouvement, des dizaines de policiers ont été blessés par des casseurs qui venaient dépouiller les manifestants", a conclu ce responsable de Synergie Officiers.

AFP
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iLAGu-5HB_piWSodwpSl5L7LkR8Q?docId=CNG.65382d6db5086a8d1644d5af5b58a9b5.781

Citer
Manifs : pris au piège de la guerre des images
25/10/2010 05:43

Les scènes de casseurs en marge des cortèges ont décrédibilisé les manifestations. Mais celles du 16 octobre sont sujettes à caution.

Certains manifestants, emmenés au commissariat du XIIe, sont tombés sur... un cameraman d'une grande chaîne de télé. - (Photo maxppp)  - Photo NR

Mathieu, 20 ans, étudiant à Dauphine s'est retrouvé au coeur de l'actualité. Il faisait partie de ces quelque 300 manifestants contre les retraites qui ont poursuivi le mouvement à Paris de Nation à Bastille vers l'Opéra, le 16 octobre.

La suite, nous la connaissons tous : des images surexposées qui ont défilé dans tous les journaux télévisés, portant l'image anxiogène des casseurs et d'une façade de banque brisée (1). Des scènes de nature à décrédibiliser le mouvement, à justifier la répression.

Et pourtant Mathieu n'a rien d'un casseur. Il a envoyé le récit de cette folle soirée et des heures de garde à vue qui ont suivi au chroniqueur d'Europe 1 Guy Birenbaum. Ce dernier l'a publié samedi sur son site internet. Hier, près de 13.000 personnes l'avaient lu. Beaucoup ont réagi pour s'indigner et certains pour apporter des témoignages complémentaires. Nous avons donc décidé d'interroger cet étudiant.

Comment vous êtes-vous retrouvé là ?

« Quand, depuis un mois on fait République - Nation toutes les semaines et que le gouvernement reste sourd, on peut avoir envie de continuer la manifestation, d'aller faire du bruit, de poursuivre, mais sans avoir l'idée de détruire. Nous n'avions pas l'intention de casser quoi que ce soit et on se demande encore où étaient les vrais casseurs. Je ne me suis pas méfié. Quand on a envie de sortir du cadre du cortège, il ne faut pas faire les erreurs de débutants que nous avons pu commettre. »

Les médias ont pourtant parlé de casseurs, non ?

« C'était incroyable, tout ce discours qu'on a pu entendre sur les blacks blocks. Au commissariat, on nous disait qu'on était des anarcho autonomes, c'était n'importe quoi. Une bande organisée ! Mais quelle organisation ? On a fait trois fois le tour de Nation, tout le monde savait qu'on était là. Les policiers savaient où nous trouver. Et après ? Rentrer dans l'Opéra (2) comme dans une souricière, c'était débile. Quelqu'un de confirmé n'aurait jamais fait une chose pareille. »

Vous vous êtes senti piégé ?

« A chaque instant. Tomber sur une caméra en arrivant au commissariat (3) ou apprendre que ma garde à vue allait être prolongée de 24 heures. Je savais que la manifestation était illégale, mais je ne pensais vraiment pas que ça allait tourner comme ça. Maintenant, en prenant de la distance par rapport à ces heures au commissariat, en repensant aux questions des policiers, j'ai l'impression qu'un système s'est mis en branle dont nous avons été les victimes. J'ai le sentiment d'avoir été piégé aussi quand je repense à notre action, à la façon dont elle a été menée et ensuite aux mots qui ont été rapportés. J'ai regardé ce qui se disait dans les médias après ma garde à vue, les accusations faites à l'opposition de pousser les casseurs dans la rue... On a maintenant l'impression d'avoir été utilisés pour servir un discours. Entendre les médias redire ce que nous avions entendu de la bouche des policiers au commissariat, c'est choquant. C'est ça qui est le plus terrible : se sentir utilisé pour servir une idéologie qui n'est pas la vôtre. »

(1) Le « casseur » de la vitrine de la banque n'a pas été interpellé, on le voit même sur une vidéo de Reuters disperser les manifestants quelques secondes plus tard.
(2) Il a été dit dans les médias que l'Opéra avait été ravagé. Or, pas le moindre journaliste n'a pu y mettre les pieds pour vérifier l'information.
(3) Arrivés au commissariat du XII e , les gardés à vue sont tombés sur... un cameraman d'une grande chaîne de télé.

Réaction

> Le président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a affirmé hier soir à France Inter et i-Télé que des policiers avaient des « consignes » pour pousser les manifestations aux dérapages.
> « Cette pratique dont je parle c'est cette présence dans les cortèges de manifestants de personnes infiltrées qui jettent des pierres, brisent des vitrines et ensuite sortent des brassards de police », a-t-il dit.
> « La question est de savoir qui donne de tels ordres [...] Je pense que le ministre de l'Intérieur est au courant », a-t-il ajouté.
Propos recueillis par Christophe Colinet
http://www.lanouvellerepublique.fr/ACTUALITE/People/Manifs-pris-au-piege-de-la-guerre-des-images


Citer"Nous étions entourés d'hommes en noir, capuche et écharpe leur servant à se couvrir le visage"...

Tout a commencé par un mail qui ne m'était pas destiné. Mon pote W. m'a fait passer ce message qu'il avait reçu dans sa boite mail : "(...) j'ai un ami qui sort de 48h de garde à vue suite à la manif de samedi et qui (à part avoir subi humiliation et autre abus de pouvoir mais dont on ne s'étonnera plus dans ce genre de situation) s'est fait bizarrement arrêter (comme 50 autres jeunes complètement pacifiques) par des flics en civil qui ressemblaient très étrangement aux casseurs qui venaient de fracturer une vitrine peu de temps avant. Évidemment, on ne peut rien prouver, mais ce serait quand même bien, d'entendre, au moins, autre chose que "les 200 casseurs qui ont dévasté Paris à la fin de la manif et on voulu saccager l'Opéra Bastille" (ils se sont fait prendre 'en sourcière' contre les murs de l'Opéra, rien de plus)".

Alors lisons...
Citer
Comme des millions de français, je suis allé manifester le samedi 16 octobre en compagnies de trois amis. Après avoir rejoint le cortège à Bastille, nous nous somme dirigés en compagnie de la foule compacte vers Nation. Dans la rue, l'ambiance était bon enfant, familiale et la présence policière se faisait à peine remarquer.
Arrivés Place de la Nation, les appels à la dispersion se sont multipliés et  nous avons décidés de rester là un moment, à chanter, en mangeant un "frites-merguez" avec les chars immobilisé. Nous n'étions pas pressés.

Une trentaine de minutes plus tard, nous avons vu une banderole qui faisait deux fois le tour de la Place, entrainant dans son sillage au moins trois cents personnes. Nous avons décidé de la suivre. Nous savions que cette manifestation était illégale, mais nous savions tout autant que des actions ciblées comme celles qui avaient eu lieu à la Gare d'Austerlitz, la semaine précédente, pouvaient avoir un très grand impact médiatique.

Ce jour là, j'étais particulièrement remonté. La veille, un jeune d'un lycée voisin s'était fait abimer l'œil par un tir de flash-ball.
Je ne pense pas que beaucoup de personnes étaient dans un esprit de "casse" sur le chemin qui nous menait de Nation à Bastille. Peut-être deux ou trois personnes, au plus. Sur trois cents personnes, ce n'est vraiment pas beaucoup. Par contre, on voulait faire du bruit, ça c'est sûr. Nous avons donc remonté la rue en criant  "Paris, debout, soulève-toi !" et  "Montreuil, œil pour œil !".
Je connais ce genre de manifestation où les manifestants jouent "au chat et à la souris" avec la police. Souvent deux ou trois poubelles sont renversées et les CRS nous bloquent immédiatement et nous dispersent par la suite.

Ce samedi, j'ai tout de suite senti que c'était différent. Tout d'abord,  aucun CRS en vue. Certes, nous avions remonté le trajet initial de la manif mais ce n'était pas une grande surprise. La semaine précédente, la même stratégie avait été adoptée avec la même banderole ouvrant le chemin : "Face au gouvernement, bloquons l'économie !".
Nous étions entourés d'hommes en noir, capuche et écharpe leur servant à se couvrir le visage. Je me suis dit un moment que cette manif était très bien organisée, les personnes qui semblaient les plus "énervées", se situant aux endroits qui sont les plus dangereux dans ce type d'action, à l'arrière et sur les côtés.

C'est à ce moment là que ça a commencé à dégénérer. La vitrine d'une banque a été défoncée par un "casseur " en toute impunité jusqu'à ce qu'une personne  âgée intervienne. Sur le moment, je me suis dit que ce "casseur" avait eu beaucoup de chances de trouver un plot juste devant la banque et qu'il était bien inconscient de s'attaquer à une banque seule de cette manière. Mais bon, la présence policière étant invisible, pourquoi pas après tout...
Je ne pense pas qu'on faisait vraiment peur et personne ne l'a relevé. Si on était vraiment les 300 casseurs saccageant le centre de Paris tel qu'on nous a présentés plus tard dans les médias, je ne crois vraiment pas que la personne âgée serait intervenue.

Je me suis approché de la vitrine pour éviter que ce la dégénère car j'avais vu de loin la personne âgée se faire prendre à parti. Mais un mystérieux individu avec une matraque nous a dit de dégager et qu'il n'y avait rien à voir. C'est le même homme que l'on voit mettre un coup de pied par derrière sur la vidéo de Reuters.

Ndgb Il s'agit de cette vidéo...
http://www.youtube.com/watch?v=cZfbuCQMYro

Je suis sûr que c'était un flic, il avait la même façon de parler et les mêmes mouvements. J'ai cherché du regard si le mec qui avait cassé la vitrine se faisait interpeller mais je n'ai rien vu. Pas d'interpellation, rien.

Sur le moment, c'est allé super vite et j'ai arrêté de me poser des questions.

J'me suis dit qu'il fallait que je m'en aille. J'aurais dû partir à ce moment là, mais ça faisait longtemps que je n'avais pas participé à une manif. Un mec s'était fait tirer dessus au flash-ball à côté de chez moi et j'avais envie de poursuivre l'action, d'autant plus que j'avais de grandes chances de me faire interpeller si je quittais la masse informe qui se dirigeait vers l'Opéra.

Nous sommes entrés dans l'Opéra où se déroulait une émission de radio, mais nous sommes sortis rapidement  car tout le monde sentait que c'était un piège et qu'on était en train de s'offrir aux flics. Mais c'était trop tard. Impossible de quitter les environs, toutes les issues de la rue étaient condamnées par des CRS.

On  est ainsi sorti de l'Opéra par une petite sortie et on a essayé de partir par un chantier car les CRS étaient de chaque côté de la rue. Mais lorsque les premiers ont atteint la sortie, ils se sont mit à crier "C'est mort demi-tour, ils sont partout" car les sorties étaient bloqués par les CRS. Une personne  a essayé d'escalader un mur qui débouchait sur les grands escaliers de Bastille mais il s'est fait directement interpeller violemment.  Tout le monde a fait marche arrière en courant. C'était un peu la panique. Lorsque l'on est revenu dans la rue, les cordons de CRS se sont rapprochés et on s'est rendu compte que l'on ne pourrait pas partir.
Un policier en capuche m'a dit de dégager et de sortir. Au moment où j'ai tenté de passer le cordon de CRS, un autre m'a dit de ne pas bouger et de "fermer ma gueule". Il me l'a répété plusieurs fois, violemment et c'est à ce moment là qu'un collègue à lui s'est approcher et lui a glissé  discrètement "Fais attention X, on n'est pas tous seuls". J'ai tourné la tête et j'ai vu de nombreux caméramen qui filmaient notre altercation.

Certains ont réussi à partir, la moitié environ du cortège qui se trouvait au bon endroit au bon moment. Sur le coup, je ne me faisais pas trop de souci. Quelques poubelles avaient été renversés, il y avait eu l'étrange incident de la banque (mais j'me disais que le mec avait été interpellé), mais cela ne valait pas 60 interpellations.

Ce ne sont pas les CRS qui nous ont interpelés mais les civils toujours encapuchonnés, couverts d'autocollant de manifestants.  Il devait être une cinquantaine, soit presque autant que nous. Sur le coup, ils n'ont même pas pris la peine de mettre leurs brassards de police, c'est leur chef qui 5 minutes plus tard leur a demandé de les mettre, une fois que l'on était pour la plupart contre le mur.

Serflex aux mains, tête contre le mur, à chaque mot, ils nous répétaient la même phrase : "Ferme ta gueule !". Sur le moment, j'ai été étonné mais j'me suis dit que c'était le risque de participer à une manifestation qui n'était pas autorisée par la préfecture...

Non, c'est quelques heures plus tard que j'ai vraiment été surpris,  garde à vue  pour  "dégradation de biens en bande armé"...

C'était quoi ce délire ?

On a ainsi fini par être embarqués dans deux fourgons différents au bout d'une heure environ. On a été emmenés dans le commissariat du 12e où un caméraman nous a filmés menottés. Certains se sont énervés de sa présence. De mon côté, je lui ai parlé pour en savoir plus sur sa démarche. Il venait de TF1 et travaillait sur le "phénomène de bande". On a tous éclaté de rire en l'entendant dire ça.

On nous a dispersés dans trois commissariats. Je me disais que j'allais sortir le lendemain matin. J'ai alors découvert la garde à vue.

Nous sommes arrivés environ à 1h au commissariat. J'ai fait l'erreur (de débutant) de laisser mon sweat dans mes affaires. C'était apparemment impossible de le récupérer. Pourtant, il faisait un froid pas possible dans le sous-sol du commissariat. J'ai dû atteindre que l'avocate fasse une demande officielle pour le récupérer. Jusqu'à l'interrogatoire, je n'ai pas pu dormir. Si on dormait, on se faisait réveiller  environ toute les deux heures par des questions du genre "C'est quoi ton nom ?".

J'ai été interrogé vers 5h du matin. Vu le début de l'interrogatoire très agressif, j'ai décidé de ne rien déclarer. A chaque question , je répète en boucle la même phrase : "rien à déclarer". Je n'ai rien fait mais les questions sont tournées de telle sorte que je me sens en danger.

La journée est passée lentement. La plupart des manifestants étaient en cellule individuelle avec le sommeil comme seule occupation mais on pouvait se parler en beuglant. On ne pouvait rien faire, les murs étaient pleins de merde et de sang. Les flics nous disaient de leur dire merci car ils avaient la gentillesse de nous rendre service en nous emmenant aux toilettes.

Lorsqu'au bout de 24h, on nous a dit que nous étions prolongés, ça a été la douche froide pour tout le monde, vu que nous pensions tous être libérés rapidement.

Les policiers nous ont dit à tous lors de l'interrogatoire que la personne âgée avait eu la mâchoire fracturée et les cervicales défoncées, que l'Opéra avait été saccagés tout comme le reste du centre de Paris. Personne ne s'était rendu compte d'une telle violence, mais ils sont arrivés tout de même à nous mettre le doute : on se disait que l'on avait peut-être pas vu ce qui s'était passé en fin de cortège, vu que nous étions tout de même assez nombreux.

Au bout de 40h, on commençait à craquer et lorsque la PJ est revenu pour nous demander à tous si nous n'avions toujours rien à déclarer, ils nous ont signalé que si cela continuait, nous allions sûrement passer dans un régime d'exception avec la possibilité de faire 96 heures de garde à vue. J'ai alors repensé à l'affaire de Tarnac et je me suis dit que c'était possible. Quand la machine d'État est lancée, difficile de l'arrêter.

J'ai ainsi repensé à toute l'argumentation du gouvernement sur la violence des casseurs et des manifestants et j'me suis dit qu'on s'était fait avoir bêtement. On nous avait dirigés dans une souricière à Bastille, on s'était fait interpeller et on allait servir d'exemple.

Putain... Si on était ces fameux "anarcho –autonomes", jamais on aurai agi de façon aussi maladroite ! Jamais on aurait gueulé de la sorte et jamais on aurait fait deux fois le tour de Nation, histoire de rameuter tous les policiers !

Pourtant c'est le discours que j'ai entendu à la sortie de mes 48h de garde à vue.

Aux différents JT on a passé et repassé l'image de la vitrine de la banque se faisant détruire et du vieux se faisant agresser par derrière. On a dit que le centre de Paris avait été ravagé. Que l'Opéra Bastille avait été détruit ! Et enfin que les fameux "blacks blocks" avaient été interpellés.

Quel délire ! Comment une telle désinformation est-elle possible ?!

Personne ne s'est interrogé sur la totalité de la vidéo passée au JT. Les gestes de la personne à la matraque télescopique, tellement étranges, tellement éloigné sde ceux d'un casseur. Aux dernières nouvelles, il n'y a pas encore de service d'ordre chez les casseurs.

Personne ne s'est interrogé sur la réalité de ces "anarcho-autonome". Je suis étudiant et animateur, je n'ai jamais été interpellé pour quelques motifs que ce soit et la plupart des personnes qui étaient avec moi sont dans le même cas !

Personne ne s'est interrogé sur la réalité des destructions. Aucun journaliste n'est entré à l'Opéra après notre action, les CRS en interdisaient l'accès sous le motif qu'il avait été "ravagé". Pourtant, aucune dégradation n'a eu lieu, il suffit de demander au personnel sur place !

Les médias ont ressorti exactement le même discours que j'ai entendu au commissariat et j'ai été profondément  choqué !

À quand une enquête sur le comportement des policiers en civils qui "chauffent" depuis des années  les manifestations ?

En ces temps où le mouvement syndical commence à se disloquer sous la violence des casseurs, en cette période où le gouvernement cherche à discréditer le mouvement avec ces violences , n'y aurait-il pas matière à approfondir ?

Pourquoi  y avait-il tant de caméras au moment de notre interpellation ?

Pourquoi TF1 était présent au commissariat au moment de la notification de notre garde à vue ?

Pourquoi personne ne s'est interrogé sur la réalité des destructions ?

Finalement, c'est avec énervement que l'on nous  a dit que nous étions relâchés.

Ils nous ont  mis dehors sans nous nous laisser le temps de nous rhabiller, de remettre nos lacets et nos ceintures.

Aujourd'hui, plusieurs manifestants sont passés en comparution immédiate et j'ai entendu les premières interrogations vis-à-vis du discours officiel...

"Tiens, c'est étonnant, les casseurs n'ont pas le profil décrit par le gouvernement"...

Je risque de la prison ferme et je suis suspendu à la décision du procureur de me poursuivre ou non.

Je suis davantage atterré par le manque de distance des médias vis-à-vis du discours officiel que par la peine que j'encoure.

Puisse ce témoignage rétablir quelques vérités...

Ndgb : J'ai choisi de mettre quelques passages en gras. Je tiens les coordonnées de ce garçon à la disposition des journalistes qui souhaitent enquêter. Pour ma part, je n'ai rien vérifié, je lui ai simplement donner la possibilité de s'exprimer et de donner sa version.

 
http://guybirenbaum.com/