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Politique française / À quoi Macron joue-t-il ?
Last post by JacquesL - 19 Avril 2025, 04:07:51 PM
À quoi Macron joue-t-il ?

Publié le avril 19, 2025 par jmarti

Par Jose Marti − Le 29 mars 2025 − Source Le Saker Francophone



La réponse tient en deux mots : tout ce que fait Macron vise à une seule chose : à exister.
 

8 années d'exercice du pouvoir lui ont permis de réduire la France à peau de chagrin. La dette française a explosé et les agences de notation s'apprêtent à faire baisser la note du pays sous le seuil qui lui permet d'emprunter sur les marchés (à partir de la prochaine dégradation de la note de la France, la majorité des fonds d'investissement ne pourront plus, selon leurs règles de gestion, acheter de la dette française — rendez-vous compte que la France doit emprunter 1 milliard d'euros par jour ouvré pour faire rouler sa dette).

Macron, tel un vampire, a nourri son égo malade et pervers des maltraitances qu'il a infligées sans discontinuer au peuple français. Il agit bien entendu comme faire valoir pour des intérêts mondialistes, mais je suis convaincu que son vecteur personnel, celui qui lui permet de tenir au quotidien, est cette perversité morbide à couler un pays et à voir les gens qui ont cru en lui souffrir et [dé]périr.

Il n'a jamais été aussi faible et isolé politiquement sur la scène politique française. Même Alexis Köhler, son alter ego, vient de quitter l'Elysée pour se préparer aux élections présidentielles de 2027. Mais ce que pensent les Français lui est bien égal. Convaincu qu'il est que gesticuler et vilipender [les Ukrainiens ont un mot pour cela : macroner] suffit à créer sa propre réalité, à la projeter, et à lui donner substance, il se prend pour quelque chose qui est à la frontière entre :

  • nouveau dirigeant du monde libre.
     C'est ainsi qu'il essaye d'agir, de concert (et en concurrence) avec le premier ministre anglais ou le chancelier allemand. Le tout dernier ressort qu'il lui reste est celui d'agiter une menace extérieure. Après le virus durant son premier mandat, il brandit désormais le Russe.
     Sous cette facette, il se considère comme représentant de divers pays d'Europe (ceux dont les dirigeants sont va-t-en-guerre, au mépris de leurs populations) mais aussi extra-européens ; comme le Canada ou le Royaume-Uni. Quand Macron prononce le mot « nous » dans ce contexte, c'est au nom de ce bloc qu'il estime avoir légitimité à s'exprimer.
  • président de l'union européenne
     Dans ce contexte-là, plus abscons, Macron se prend pour le successeur d'Ursula, mais sans doute avec un rôle formellement élargi. Qu'importe que la majorité des pays de l'UE ne soient absolument pas d'accord avec ses positions. Qu'importe que l'Allemagne ou le Danemark signent, au moment même où il fait des discours sur une armée européenne, des contrats d'achat d'avions F-35 inféodés aux États-Unis.

Certes, cela est un peu flou, mais il en sortira bien quelque chose, n'est-ce pas. Par l'application de la stratégie du choc et de la peur, Après le virus mortel tueur très dangereux qui a justifié des restrictions sans précédent de toutes les libertés publiques, voici tout simplement l'application d'une recette qui existe depuis l'apparition des médias de masse : la peur de l'ennemi. Ce n'est pas le casque à pointe, cette fois-ci, qui veut embrocher vos nouveau-nés, c'est le Russe qui veut s'emparer de votre pays. Souvenez-vous de votre auto-satisfaction d'écolier, quand le professeur d'histoire mentionnait la propagande de guerre d'avant 1914, quand vous vous disiez : « tout de même, nos ancêtres, ils étaient bien primitifs de croire des imbécilités aussi criantes. ». Surprise : rien n'a changé dans la nature humaine !



Affiche de propagande britannique anti-allemande, avant 1914. Remplacez la tête de l'Empereur par celle de Poutine, et vous avez un contenu tout à fait intégrable dans n'importe quel média français de nos jours.

Tous ces prétextes, ces crises fabriquées, imaginées, n'auront eu qu'un seul but. Exister, s'avancer sur l'échiquier de débiles, dorer son image de gestionnaire de crise, pour se faire une place à Bruxelles. Merci à Brigitte qui lui murmure chaque soir au creux de l'oreille, de sa voix rauque : « tu es le meilleur« .

Je n'avais pas peur du virus ; j'avais peur de ce qu'ils en faisaient. Je n'ai pas peur des Russes, ni de la guerre nucléaire. Macron n'a absolument pas les moyens de lancer une guerre. Il ne fait que de la politique « intérieure » (par ce mot, je n'évoque pas la scène politique française, j'évoque la scène politique correspondant à l'égo de Macron décrite ci-avant). Et je suis sidéré par l'absence d'opposition politique dans mon pays ; tout comme je suis sidéré par l'absence d'opposition civile, à ce phénomène. Apparemment, Macron a bien réussi à nous projeter collectivement pour nous faire vivre à l'intérieur de son égo.

Ce pays court au désastre, il s'y précipite, il s'essouffle même pour y aller plus vite.

Billet d'humeur écrit par José Martí pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/a-quoi-macron-joue-t-il
#92
Amérique / Survie ou pillage. Quel est l...
Last post by JacquesL - 19 Avril 2025, 12:26:29 PM
Survie ou pillage. Quel est le véritable enjeu de la révolution de Trump ?

Publié le avril 19, 2025 par Wayan



Par Moon of Alabama – Le 18 avril 2025

Beaucoup de gens, moi y compris, ne savent toujours pas exactement en quoi consiste la révolution de Trump – dans le domaine du commerce, des relations internationales et de la lutte contre le gouvernement américain dans son ensemble.

Il semble que Trump considère que la voie sur laquelle les États-Unis sont engagés, avec des déficits et une dette en constante augmentation, n'est pas viable. Lui et ses collaborateurs affirment que le dollar, en tant que monnaie de réserve, fait plus de mal que de bien au pays. Ils considèrent que le déclin de l'industrie manufacturière est le principal symptôme d'une grave maladie.

Ils estiment qu'il est nécessaire de détruire l'ancien système afin qu'un nouveau, plus glorieux, puisse voir le jour. Ils savent que le processus sera douloureux pour beaucoup, mais espèrent aboutir un meilleur résultat en fin de course. (Il existe également un motif de profit personnel).

Alastair Crooke fait allusion à tout cela lorsqu'il écrit (également ici) :

CiterLe « choc » Trump – son « décentrage » d'une Amérique ne servant plus de pivot à « l'ordre » d'après-guerre via le dollar – a déclenché un profond clivage entre ceux qui ont tiré d'énormes bénéfices du statu quo, d'une part ; et d'autre part, la faction MAGA qui en est venue à considérer le statu quo comme contraire – voire comme une menace existentielle – aux intérêts des États-Unis.
...

Le vice-président Vance compare maintenant la monnaie de réserve à un « parasite » qui a rongé la substance de son « hôte » – l'économie américaine – en imposant un dollar surévalué.

Pour être clair, le président Trump pense qu'il n'avait pas le choix : Soit il pouvait bouleverser le paradigme existant, au prix d'une douleur considérable pour nombre de ceux qui dépendent du système financiarisé, soit il pouvait laisser les événements suivre leur cours vers un inévitable effondrement de l'économie américaine. Même ceux qui comprenne le dilemme auquel les États-Unis sont confrontés sont néanmoins quelque peu choqués par l'effronterie égocentrique de Trump, qui se contente de « taxer le monde ».

Les actions de Trump (comme beaucoup le prétendent) n'étaient ni « impulsives », ni fantaisistes. La « solution tarifaire » a été préparée par son équipe au cours des dernières années et fait partie intégrante d'un cadre plus complexe – un cadre qui complète les effets des taxes douanières sur la réduction de la dette et les recettes par un programme visant à contraindre le rapatriement de l'industrie manufacturière vers l'Amérique.

La politique de Trump est un pari qui peut, ou non, réussir : ...

Un argument similaire peut être trouvé ici :

CiterMême si Trump a expliqué la logique des taxes douanières comme une tentative de corriger le déséquilibre commercial entre les États-Unis et le reste du monde, les fonctionnaires de la Maison Blanche [(archivé)] ont décrit plus en détail les objectifs escomptés derrière celles-ci. Ils ont décrit ces objectifs comme une concentration des forces économiques au niveau national afin de « pousser à des changements structurels de l'économie mondiale pour rectifier les défis qui sont difficiles à surmonter, y compris les droits de douane élevés au niveau mondial, les politiques monétaires et fiscales, le vol de propriété intellectuelle, et même les normes de santé et de travail ». En fin de compte, Trump vise à remodeler l'ordre économique mondial en donnant la priorité à l'intérêt national de l'Amérique par le biais de ce large éventail de droits de douane.
...
Trump comprend parfaitement les conséquences de ses politiques. L'« unilatéralisme agressif » des États-Unis, qui a débuté dans les années 1980 avec Ronald Reagan, a maintenant atteint son apogée. Trump n'est pas un cas isolé ; il incarne les véritables intérêts d'une superpuissance en déclin, dont les politiques reflètent la réalité mondiale conflictuelle et changeante dans laquelle il navigue. La deuxième administration de Trump est prête à provoquer une crise majeure et une dévastation généralisée dans le monde entier pour empêcher sa chute inévitable. Leur accession au pouvoir et les actions qui en découlent ne font que refléter les profonds changements structurels et historiques qui se produisent dans l'économie politique internationale et l'architecture du pouvoir mondial.

Il y a aussi des titres comme :

CiterLe plan de Trump pour démolir l'économie américaine – Asia Times

Un initié de Trump affirme que le plan de démolition va nécessairement « décimer des millions d'investisseurs » alors que la remise à zéro va apporter « la plus grande création de richesse » jamais vue.

Je ne sais pas si ce sont là les véritables intentions de Trump ou si tout ce discours n'est que de l'obscurantisme pour cacher l'immense délit d'initié et le pillage qui l'accompagnent. Cette seconde hypothèse pourrait bien être son seul objectif.

Comme le dit Yves Smith de Naked Capitalism :

[Nous sommes au milieu d'une révolution, dirigée par des réactionnaires qui tentent de consolider la position privilégiée des riches et d'appauvrir davantage le reste de la population. J'ai averti dès le début que la seule façon de comprendre la politique éclair de Trump était que lui et ses alliés avaient l'intention de créer une crise du niveau de celle de la Russie dans les années 1990 afin de faciliter l'accaparement des biens par l'élite.

Il est d'accord avec Michael Hudson sur ce point. Hudson ...

Citer... explique pourquoi la partie apparemment nouvelle, l'utilisation intensive des droits de douane, représente la continuité des politiques néolibérales et libertaires, de la réduction du rôle du gouvernement dans la vie commerciale et privée. Il soutient que cela a donc très peu à voir avec la « reconstruction » de l'Amérique et que c'est destiné à permettre aux super-riches de soutirer encore plus aux citoyens ordinaires.

Trump n'est pas le seul à agir de la sorte. Il est entouré d'une nuée de multimilliardaires qui font pression en ce sens :

CiterUn secteur de la classe capitaliste américaine contrôle désormais ouvertement l'appareil idéologique de l'État au sein d'une administration néofasciste dans laquelle l'ancien establishment néolibéral est un partenaire junior. L'objet de ce changement est une restructuration régressive des États-Unis dans une posture de guerre permanente, résultant du déclin de l'hégémonie américaine et de l'instabilité du capitalisme américain, ainsi que de la nécessité pour une classe capitaliste plus concentrée de s'assurer un contrôle plus centralisé de l'État.

Trump réduit les budgets de nombreuses institutions vitales et, via le DOGE d'Elon Musk, élimine leurs moyens de fonctionner et de mesurer les résultats. Il s'enrichit en construisant un empire dans la crypto-monnaie tout en détruisant ses régulateurs.

Bien qu'il s'agisse principalement d'un combat à l'intérieur du pays, il y a une forte composante internationale. Comme l'explique Brian Berletic :

CiterLes États-Unis se préparent à soumettre leur propre population ainsi que celle de leurs supposés « alliés » à d'immenses souffrances économiques, sociales et politiques à long terme. La crise du coût de la vie aux États-Unis ne fera que s'aggraver. Les États-Unis espèrent pouvoir supporter la douleur économique et les perturbations à l'intérieur et à l'extérieur du pays mieux que le monde multipolaire émergent. La survie du multipolarisme dépendra de la preuve du contraire.

Et c'est là que réside le problème pour Trump. Cette politique commerciale farfelue sera ressentie en Chine et ailleurs. Mais la douleur sera bien plus forte aux États-Unis. D'autres gouvernements prendront en charge leurs populations, tandis que l'administration Trump n'a pas l'intention de faire de même chez elle.

Ses droits de douane contre la Chine auront des conséquences similaires aux sanctions européennes contre la Russie. Le pays ciblé n'aura aucun mal à faire face à l'assaut, tandis que les agresseurs blesseront profondément leurs propres populations.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/survie-ou-pillage-quel-est-le-veritable-enjeu-de-la-revolution-de-trump
#93
Suicide dirigé / Une occasion historique de qui...
Last post by JacquesL - 18 Avril 2025, 05:57:50 PM
Une occasion historique de quitter l'OTAN



par Salvo Ardizzone

Le sage dirait que nous vivons une époque intéressante, une époque qui restera dans les livres d'histoire. Nous assistons certes à une transition hégémonique, au passage de l'unipolarité à la multipolarité, plus exactement au polycentrisme, mais cette transition produit une révolution géopolitique mondiale d'une ampleur supérieure à celle qui a suivi l'effondrement de l'URSS.

De l'extérieur, nous assistons à une apparente folie dans laquelle les États-Unis liquident leur empire passé et ses instruments, tandis que leurs sujets européens, au lieu de se réjouir de cet affranchissement, y restent attachés. En particulier à l'OTAN. En fait, par une ultime ironie de l'histoire, après avoir provoqué d'innombrables renversements de gouvernements et coups d'État dans le monde, c'est Washington qui a subi un changement de régime radical qui ébranle la base du pouvoir américain.

Pour comprendre cette bizarrerie, il faut se pencher sur le chemin qui a conduit à la situation actuelle. Les États-Unis sont sortis victorieux de la Seconde Guerre mondiale et ont pris le contrôle de l'Europe occidentale. Ils ont dépouillé du concept d'Occident l'ensemble des nations européennes, brisées par la guerre, et l'ont vidé de son contenu culturel, historique et politique, en le remplissant de leur propre contenu, qui n'avait rien, mais absolument rien, à voir avec l'original, et en ont fait la bannière de leur nouvel empire.

Et c'est pour défendre cet empire nouvellement construit, et non l'Europe, qu'ils ont créé l'OTAN. Précision nécessaire car il a été dit officiellement, et on le répète encore comme un mantra, qu'elle a été créée pour défendre le continent européen: c'est de la foutaise !



Outre le fait que l'OTAN a vu le jour en 1949, six ans avant que son adversaire déclaré, le Pacte de Varsovie, ne soit formé en 1955, l'essence de l'Alliance atlantique a été admirablement résumée par son premier secrétaire général, le Britannique Sir Lionel Ismay, qui a déclaré qu'elle servait à «maintenir les Américains à l'intérieur, les Russes à l'extérieur et les Allemands à en-dessous», c'est-à-dire, en clair, toute nation européenne désireuse d'émerger. Le territoire européen n'était que la ligne de défense avancée des États-Unis contre leur adversaire, l'Union soviétique.

Pour le confirmer, les très nombreux documents décryptés montrent que la guerre, si elle devait éclater, était destinée à se dérouler en Europe, car les États-Unis n'auraient jamais pris le risque de voir Boston ou New York vitrifiées pour défendre une ville européenne. C'est parce qu'à l'OTAN, il n'y a jamais eu d'égalité, mais un maître – bien visible – et des serviteurs.

Pendant près de quatre-vingts ans, on nous a dit que l'article 5 du pacte atlantique garantissait les pays européens contre toute agression, parce qu'une attaque contre l'un d'entre eux impliquerait «automatiquement» une attaque contre tous les autres, mais surtout contre les Américains. Encore des balivernes, proférées avec une hypocrisie égale à la mauvaise foi. Le passage essentiel de l'article stipule textuellement que le membre de l'Alliance : «prendra les mesures qu'il jugera nécessaires pour aider les parties attaquées», ce qui signifie : il fera ce qu'il veut. Exactement ce qui se passe aujourd'hui avec l'Ukraine, avec les résultats désastreux que l'on connaît. Et, à bien y penser, ce n'est pas un hasard si des voix s'élèvent pour proposer d'accorder à Kiev la couverture de l'article 5 sans l'admettre dans l'OTAN, en somme un geste politique qui, en fait, ne changerait rien.

L'OTAN est-elle donc une organisation défensive ? Certainement oui, mais pour les intérêts américains. Et c'est pourquoi, avec la dissolution de l'URSS, elle n'a nullement perdu sa raison d'être. Nous avons vu que, parallèlement à l'expansion mondiale de l'unipolarité hégémonique, elle a été la projection armée des intérêts américains dans le monde. En 1999, ils ont bombardé la Serbie, en 2001, ils ont envahi l'Afghanistan, en 2003, bien qu'ils ne soient pas intervenu officiellement, ils ont mis leurs actifs à la disposition de l'invasion malheureuse de l'Irak, lançant la première de nombreuses «coalitions de volontaires». En 2011, l'OTAN a attaqué la Libye, avec des conséquences que nous déplorons encore aujourd'hui. Et puis l'Ukraine, qu'elle a pénétrée dans les années 1990, en s'y implantant et en produisant le désastre d'aujourd'hui, où la question n'est plus de savoir si l'Ukraine peut ou ne peut pas rejoindre l'OTAN, mais si l'OTAN doit la quitter après des décennies.



Et ce ne sont là que quelques-unes des interventions sans fin dans le sillage des Américains, à qui les membres ont fourni des moyens, des hommes, de l'aide dans une succession de guerres sanglantes. Attention : toutes les guerres des bons contre les méchants, toutes les guerres pour la soi-disant liberté contre des ennemis assimilés au mal, et pour cette raison à détruire par tous les moyens, avec des bombes justifiées quoi qu'il en soit, des bombes légitimes, bonnes. Parce que les bombes américaines le sont toujours. Comme celles larguées sur Hiroshima et Nagasaki, sur la Corée, sur le Vietnam, sur l'Afghanistan, sur l'Irak, sur la Serbie, sur la Libye, jusqu'à celles qui tombent aujourd'hui sur Gaza et le Yémen avec la même matrice, identique. Les bons, qui les lâchent, contre les méchants, c'est-à-dire les femmes et les enfants qui sont massacrés au nom d'une civilisation supérieure.

C'est dans cet esprit qu'au fil des ans, l'OTAN a cessé de se concentrer sur l'Union soviétique et, plus récemment, sur la Russie, pour englober le monde entier, jusqu'à l'Indo-Pacifique, dans le cadre de la nouvelle confrontation autodestructrice avec la Chine. Devenir l'OTAN globale, l'Alliance de l'Atlantique Nord englobant le monde entier, un oxymore fonctionnel aux intérêts du maître américain.

Mais aujourd'hui, l'Amérique a fait ses comptes et s'est retrouvée dans le rouge, elle est obligée de renoncer à son ambition d'empire, d'homologation de la planète à elle-même ; elle ne peut plus soutenir une Amérique globale, elle n'en a plus les moyens, et donc elle revient à l'idée d'Amérique américaine, ou plutôt d'Amérique forteresse égocentrique, qui ne veut plus faire partie de rien d'autre. Elle ne veut plus être l'Occident au nom d'un empire qu'elle rejette aujourd'hui, mais simplement l'Amérique. C'est le retour aux sphères d'influence, ce qui ne signifie nullement le renoncement à imposer ses intérêts par la force, bien au contraire. A ce stade, elle se moque d'avoir des alliés, même symboliques, elle ne veut que des instruments au service de ses intérêts.

C'est pourquoi elle ne dissout pas du tout l'OTAN, elle la met «en latence» – c'est le terme à la mode à Washington aujourd'hui – pour l'activer à sa convenance sans en assumer les charges, qui seront toutes répercutées sur les autres membres. Mais en prétendant exploiter ses soi-disant partenaires en leur imposant l'achat de ses propres systèmes d'armes, de son gaz à des prix trois, quatre fois plus élevés, l'ouverture de leurs économies à sa propre finance prédatrice, puis des droits et des conditionnements politiques de toutes sortes. Bref, de la pure intimidation à sa convenance, dans la présomption, certes très douteuse, d'être le plus fort.



Pour en revenir à l'image d'aujourd'hui, comment interpréter le fossé qui sépare les dirigeants européens actuels des États-Unis ? Peut-être parce qu'ils entendent enfin revendiquer leur autonomie ? Ou de poursuivre leurs propres intérêts nationaux jusqu'ici bafoués ? Non, pas du tout. Parce qu'ils ont grandi depuis trois générations grâce au pain de Washington, donnant leur allégeance bien plus tôt aux États-Unis qu'à leurs propres nations. Quel que soit le président de la Maison Blanche, ils sont liés à ce qui fut l'empire américain, en ce sens qu'ils s'y reconnaissent parce que c'est le seul cohérent avec leur propre sphère de pouvoir, qu'ils en sont orphelins et qu'ils restent attachés à ce schéma comme des naufragés dans une tempête qu'ils ne comprennent pas. C'est pourquoi ils s'allient à une partie de l'État profond américain, qui a puisé dans le système passé la logique et les pratiques de son propre pouvoir, ce qui génère un conflit interne qui déchire ce qui, hier encore, était l'Ouest américain.

À ce stade, d'autres leaderships du Vieux Continent, comme la France de Macron ou le Royaume-Uni de Starmer, se font les protagonistes d'un activisme cynique et inconscient, en fait stérile, totalement irréaliste, certes, mais aux conséquences potentiellement dévastatrices, parce qu'ils jouent avec un conflit nucléaire.

C'est dans cette perspective qu'il faut lire les nouvelles dont on n'entendait pas parler jusqu'à hier: le Pentagone déserte délibérément la double réunion des ministres de la défense de l'Alliance atlantique, prenant ouvertement ses distances avec les «volontaires» qui entendent continuer à alimenter le conflit ukrainien ; la présidence américaine évoque la possibilité de céder le leadership militaire de l'Alliance atlantique aux Européens, un rôle qui a toujours été réservé aux Américains ; de hauts fonctionnaires chuchotent à la presse l'intention du Pentagone de retirer au moins 10.000 soldats de Pologne et de Roumanie. Tout cela alors que Washington tente de mettre fin à la guerre en Ukraine et que les dirigeants européens font tout ce qui est en leur pouvoir pour saboter les négociations.

En citant Mao, on pourrait dire : «la confusion est grande sous le ciel, donc la situation est excellente». Oui, parce qu'il existe aujourd'hui une occasion unique de quitter l'OTAN, ou mieux, de la démanteler et de nous libérer d'un asservissement qui dure depuis quatre-vingts ans ; de redevenir les acteurs de notre propre histoire et non les instruments de l'histoire des autres, de reconstruire une souveraineté perdue. Et ce parce que, au mépris du courant dominant, il est contradictoire d'être à l'intérieur de l'OTAN et de se dire souverain. Et, plus encore, c'est une contradiction d'être dans l'OTAN et de se dire patriote. Être dans l'OTAN, c'est piétiner ses propres intérêts au profit de ceux des autres. Être dans l'OTAN, c'est être un sujet. Il est temps que cela cesse.  

source : Italicum & Ariana Editrice via Euro-Synergies

https://reseauinternational.net/une-occasion-historique-de-quitter-lotan/
#94
Amérique / Quand la marée descend, nous s...
Last post by JacquesL - 16 Avril 2025, 04:59:38 PM
Quand la marée descend, nous savons qui nage nu



par Hua Bin

Le roi Trump est l'empereur nu.

Lorsque j'ai écrit mon dernier essai, «La stratégie de la Chine pour vaincre les États-Unis en les ruinant», juste avant le «jour de la libération» de Trump, j'ai pensé faire un suivi dans un mois, une fois la situation un peu retombée. Les choses ont évolué comme prévu, mais à un rythme bien plus rapide que prévu.

Avec l'annonce faite vendredi soir par Trump d'exempter les smartphones, puces, ordinateurs et appareils électroniques fabriqués en Chine du tarif douanier réciproque de 125% (une véritable farce), représentant environ un quart des exportations chinoises vers les États-Unis, le roi Trump a pratiquement plié les genoux et capitulé. Quelle que soit la version de Karoline Leavitt, Trump n'a pas cédé, il a esquivé.

Anthony Blinken avait raison. En relations internationales, soit on est à la table, soit on est au menu. Nous avons découvert que le poulet Trump est au menu, aux côtés du poulet Kiev.

J'ai commenté dans mon dernier essai que la politique commerciale de Trump revenait à se mettre un pistolet sur la tempe pour menacer le monde. J'étais loin de me douter qu'il se couperait la gorge avec un rasoir de l'autre main, et qu'il avalerait de la mort-aux-rats pour l'accompagner.

D'habitude, je tirerais des conclusions après avoir «laissé filer la balle un peu plus longtemps». Cependant, certaines choses sont déjà claires depuis le 2 avril jour des FOOLS. Nous pouvons anticiper ce qui nous attend dans les mois et les années à venir.

Dans cet essai, je partagerai mes prédictions. Je me concentrerai sur la situation dans son ensemble et déconseillerai de se laisser séduire par les gros titres quotidiens (voire horaires) qui ne manqueront pas de provenir des médias de saturation.

Dans un essai de suivi qui sera publié plus tard, je partagerai les leçons tirées des événements de la semaine dernière : tant de mythes ont été brisés et tant de vérités nues ont été révélées lorsque la marée s'est retirée.

Voici mes principales prédictions :


Trump a perdu et n'obtiendra que peu de concessions de la part de la Chine

Si l'on oublie toute la théâtralité des deux dernières semaines, il est clair que la principale cible de la guerre tarifaire tous azimuts de Trump est la Chine. Malheureusement pour lui, comme il l'a dit à Zelensky, Trump lui-même n'a aucune carte à jouer cette fois-ci.

La guerre commerciale se déroule à deux niveaux : économique et politique.

Sur le plan économique, les États-Unis sont le troisième marché des exportations chinoises après l'ASEAN et l'UE, représentant 12,5% (440 milliards de dollars sur 3500 milliards de dollars), en baisse par rapport aux 20% de 2018. Les 440 milliards de dollars d'exportations américaines représentent 2,3% du PIB chinois (19 000 milliards de dollars). Les échanges commerciaux de la Chine avec les États-Unis ont diminué depuis 2018. Leurs échanges avec le reste du monde (Russie et le Sud en général) ont connu une croissance rapide.

Les États-Unis ne constituent pas encore un marché très important pour les produits chinois. Par exemple, la Chine n'exporte aucun véhicule électrique vers les États-Unis (droits de douane de 100% grâce à Biden) et reste le premier exportateur mondial de véhicules électriques.

Même si les échanges commerciaux avec les États-Unis deviennent nuls, la Chine peut compenser la perte des exportations américaines en consommant davantage sur le marché intérieur et en vendant davantage au reste du monde.

Le gouvernement chinois dispose de nombreux outils budgétaires et monétaires pour stimuler la consommation intérieure. Il dispose de 3000 milliards de dollars de réserves de change (dont 760 milliards de dollars de trésorerie américaine) et de 13 000 milliards de dollars d'épargne intérieure. L'excédent commercial de la Chine s'élevait à 1000 milliards de dollars en 2024. Une grande partie de ces fonds pourrait servir à compenser l'impact négatif d'une guerre commerciale avec les États-Unis.

Pour creuser un peu plus, 90% des exportations chinoises vers les États-Unis sont constituées de produits technologiques, de machines, de produits pharmaceutiques, de batteries, de produits d'énergie verte et de minéraux critiques. Seulement 10% sont des produits à faible valeur ajoutée tels que les chaussures, les vêtements, les jouets et les meubles. 30 à 40% des exportations chinoises vers les États-Unis sont manufacturées aux États-Unis sous forme de pièces et de composants.

Compte tenu de la position de la Chine dans la chaîne d'approvisionnement mondiale, les entreprises et les consommateurs américains auront beaucoup de mal à remplacer économiquement les produits chinois, que ce soit directement ou indirectement, dans leurs échanges commerciaux avec d'autres pays. Sinon, les exportations chinoises vers les États-Unis auraient considérablement diminué depuis la première guerre commerciale de Trump en 2018.

D'autre part, 70% des importations chinoises en provenance des États-Unis sont des produits agricoles et énergétiques qui peuvent être remplacés par d'autres fournisseurs au Brésil, en Russie et ailleurs.

En 2022, les États-Unis dépendaient de la Chine pour 532 catégories de produits clés, soit près de quatre fois plus qu'en 2000. La dépendance de la Chine à l'égard des produits américains a été divisée par deux au cours de la même période. Les États-Unis dépendent presque exclusivement de la Chine pour les terres rares nécessaires à la fabrication de produits de haute technologie et pour les principes actifs pharmaceutiques (API) nécessaires à la production de médicaments. 95% des antibiotiques utilisés aux États-Unis sont produits en Chine. Si ces importations sont interrompues, les industries technologiques et pharmaceutiques américaines en souffriront. La principale dépendance de la Chine à l'égard des États-Unis concernait les semi-conducteurs, mais ce commerce a déjà été interrompu par l'embargo sur les puces électroniques décrété par Biden.

En bref, la dépendance commerciale de la Chine envers les États-Unis est tout simplement bien moindre que l'inverse. Globalement, la Chine se situe au sommet de la chaîne d'approvisionnement mondiale (en tant que producteur) et les États-Unis en bas (en tant que consommateur). La Chine peut causer autant, voire plus, de préjudices aux entreprises et aux ménages américains.

De plus, sur le plan financier, la Chine pourrait perturber considérablement l'économie américaine si elle décidait de se débarrasser de ses avoirs en bons du Trésor américain, ce qui ferait grimper les coûts d'emprunt pour tous les Américains. Cela pourrait porter un coup dur aux États-Unis, pays fortement endetté à tous les niveaux, du gouvernement aux entreprises, en passant par les ménages. Jusqu'à présent, la Chine s'est abstenue d'exercer cette option nucléaire, mais elle est certainement envisageable en cas d'escalade de la guerre économique.

Sur le plan politique, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine est devenue un enjeu national. Elle s'inscrit dans le cadre de la confrontation sino-américaine. Xi Jinping bénéficie d'un soutien quasi universel au niveau national pour rester ferme face à Trump, dont la guerre commerciale contre la Chine s'est transformée en un appel à la mobilisation. Le mépris total de Trump envers les partenaires commerciaux des États-Unis prêts à négocier (comme le Vietnam et le Japon) ne fait que dissuader les Chinois et rendre toute concession extrêmement désagréable.

De l'autre côté, le chaos sur les marchés financiers américains (actions, obligations, devises) et la perspective d'une inflation galopante suscitent un ressentiment généralisé envers les souffrances auto-infligées par Trump, des milliardaires à la classe ouvrière. Même les plus fervents partisans du MAGA s'inquiètent de l'impact sur leur portefeuille. Le roi Trump n'a ni le capital politique ni le courage personnel nécessaires pour tenir bon.

Tandis que Trump se vante que les autres nations lui «lèchent le cul», Xi Jinping lui donne une fessée à la face du monde. Alors que Trump proclame pathétiquement «Xi est mon bon ami», cette affection n'est jamais réciproque et Pékin la traite avec un mépris total. Xi Jinping n'a même pas mentionné le nom de Trump en public depuis le 2 avril.

L'objectif principal de la guerre commerciale étant de nuire à la Chine, la position ferme de ce dernier a rendu toute la politique tarifaire de Trump inutile et en a fait la cible d'une mauvaise plaisanterie.


Trump obtiendra quelques concessions limitées de la part des pays faibles et des États vassaux et déclarera une immense victoire

Comme Trump l'a dit crûment, de nombreux pays lui ont tendu la main pour lui demander de «s'il vous plaît, monsieur». Il ment sans doute avec les chiffres : on entendait «plus de 50 pays», «70 pays», puis «plus de 75 pays» d'un porte-parole à l'autre. Pourtant, des pays comme le Vietnam, le Japon, la Corée du Sud, l'Inde, le Canada, le Mexique, etc., se soumettront à sa coercition à des degrés divers.

Ils proposeront de baisser les droits de douane, promettront d'acheter davantage de produits américains et peut-être d'investir dans l'industrie manufacturière américaine ou d'acheter davantage de dette américaine. Le chantage de Trump tirera son épingle du jeu des victimes les plus faibles.

Il aurait pourtant pu facilement obtenir ces accords par le biais de négociations bilatérales (beaucoup étant des États vassaux avec peu de marge de manœuvre) et sans humilier ces partenaires commerciaux. Au lieu de cela, il a choisi d'énerver tout le monde – même ceux qui lui botteraient les fesses n'apprécient pas d'être traités ainsi...


La trajectoire économique des États-Unis ne changera pas

Avec ou sans les tarifs «réciproques», les États-Unis ne réindustrialiseront pas et ne ramèneront pas les emplois manufacturiers de manière significative, dans un avenir proche.

En effet, la politique tarifaire ne s'attaquera pas à la véritable cause profonde des problèmes économiques actuels des États-Unis. La désindustrialisation est le résultat de décennies de financiarisation, d'externalisation motivée par le profit, de piètres infrastructures et systèmes éducatifs nationaux, de surréglementation et de pratiques économiques néolibérales à court terme privilégiant les actionnaires.

Les transformations technologiques telles que l'IA et l'automatisation érodent encore davantage toute perspective de rétablissement des emplois dans le secteur manufacturier.

Les États-Unis sont aujourd'hui une économie à coûts élevés. Leurs infrastructures, des routes aux ponts, en passant par les ports et les chemins de fer, sont en ruine et incapables de soutenir une production industrielle à grande échelle.

Sa main-d'œuvre est peu qualifiée et non formée à la fabrication de haute technologie. Les baristas de Starbucks et les retourneurs de hamburgers de McDonald's ne deviennent pas automatiquement des mécaniciens de batteries. Et il n'y aura pas «des millions et des millions» de travailleurs américains qui s'occupent de visser des iPhones, comme Lutnick l'a si utilement pontifié.

Sa classe dirigeante est motivée par les bénéfices trimestriels et rebutée par les investissements à long terme et la prise de risques.

Son élite dirigeante est composée de financiers et d'avocats, et non d'ingénieurs. Ils ne savent pas comment construire des usines, développer une chaîne d'approvisionnement, concevoir et produire des produits, ni gérer une main-d'œuvre.

Après tout, il est tellement plus facile de gagner de l'argent en bourse, en tant que présentateur télé ou influenceur en ligne. Il est plus facile d'étudier le marketing ou le droit que la physique ou l'ingénierie. Le travail acharné pour créer des objets n'est plus dans l'ADN des États-Unis.

Le coût de la réindustrialisation est tout simplement trop élevé, se chiffrant en milliers de milliards de dollars – au-delà d'un pays qui a déjà une dette nationale de 36 000 milliards de dollars (sans compter les milliers de milliards supplémentaires de dettes des entreprises et des ménages).


Les valeurs refuges traditionnelles telles que le Trésor et la monnaie américains s'effondreront – la dédollarisation s'accélérera

Malgré les menaces bruyantes qu'il a proférées à l'encontre de tout pays qui souhaite dédollariser son économie lors de sa campagne électorale («J'imposerai des droits de douane de 100% à quiconque ne veut pas utiliser le dollar américain»), Trump a offert le plus beau cadeau aux partisans de la dédollarisation.

En tant que monnaie fiduciaire, toute la valeur du dollar américain repose sur la crédibilité de son émetteur, le gouvernement américain. Trump, cet agent du chaos avec ses sautes d'humeur, ses divagations incohérentes, ses décisions irrationnelles et son manque total de bon sens économique, a réussi l'impossible : faire chuter simultanément les actions, les obligations et la monnaie américaines !

Le résultat de ses actions folles est une hausse des coûts d'emprunt, une réduction des investissements, une inflation plus élevée, une baisse du niveau de vie et un exode accéléré du dollar américain non seulement de la part des ennemis des États-Unis, mais aussi de leurs «amis».

Xi et Poutine ne peuvent rien faire de tout cela. Seul le roi Trump peut y parvenir : transformer les États-Unis en un État voyou et terroriste économique !


La rivalité des États-Unis avec la Chine sera encore plus militarisée et une guerre chaude est plus probable que jamais

Après avoir échoué dans la guerre commerciale et technologique avec la Chine, les États-Unis vont se préparer à une confrontation militaire. Ils augmentent déjà leurs dépenses militaires pour atteindre le montant historique de 1000 milliards de dollars (selon le message de remerciement prolixe de Hegseth, Monsieur le président X).

On dit que Trump est un président pacifique et qu'il n'aime pas les guerres. Je n'y ai jamais cru une seule seconde. Si vous avez appris quelque chose sur lui, de son comportement public aux étagères de livres publiés par ceux qui l'ont côtoyé, vous devriez savoir que Donald Trump n'a aucune morale, qu'il est un imposteur et un tyran belliqueux jusqu'au bout des ongles. Ce n'est pas un artisan de paix. Ses actions au Yémen et ses menaces contre l'Iran en sont la preuve éclatante.

C'est une conclusion révolue : la priorité numéro un du régime américain est d'affaiblir et de détruire la Chine par tous les moyens. Si une guerre chaude n'a pas encore éclaté, c'est uniquement parce que les chances sont faibles pour l'armée américaine et que le régime américain nourrit encore l'illusion de vaincre la Chine économiquement et technologiquement. Cependant, alors que l'ascension de la Chine devient inéluctable et que toutes ses cartes sont distribuées et ont échoué, les États-Unis recourront à la force.

Comme pour la guerre commerciale et la guerre technologique, la Chine se prépare depuis longtemps à une éventuelle confrontation dans le Pacifique occidental. Qu'une guerre chaude éclate à Taïwan ou en mer de Chine méridionale, qu'elle soit par procuration ou directe, la Chine se battra jusqu'au bout et remportera la victoire.1


La course est lancée : les États-Unis vont-ils imploser et faire faillite en premier ou une guerre chaude éclatera-t-elle d'abord entre les États-Unis et la Chine ?

Comme je l'ai expliqué dans mon essai précédent, la stratégie de la Chine pour vaincre les États-Unis consiste à les forcer à la faillite avant qu'une guerre chaude n'éclate, à l'image de la stratégie américaine qui a vaincu l'URSS.

La guerre tarifaire de Trump et le budget du Pentagone ont accéléré le rythme – les États-Unis sont confrontés simultanément à une hausse des coûts d'emprunt (et donc des paiements d'intérêts) et à une hausse des dépenses militaires – les deux plus grosses dépenses du gouvernement américain. On peut également compter sur Trump pour mettre en œuvre le projet néoconservateur «Projet 2025» visant à réduire les impôts de ses riches donateurs.

Réduire les revenus et augmenter les coûts est un chemin sûr vers la faillite – un domaine dans lequel Donald Trump a une longue expérience. Après tout, c'est un homme qui a fait faillite six fois et qui a pourtant réussi à ruiner des casinos !

Tandis que la Chine poursuit la stratégie de l'Art de la Guerre de Sun Tzu pour gagner sans combattre, Trump poursuit son «Fart of the Deal» pour bluffer et escroquer. Comme je l'ai dit la dernière fois, Trump est le meilleur agent bénévole de la Chine (fièrement) communiste.

source : The Unz Review via La Cause du Peuple




https://reseauinternational.net/quand-la-maree-descend-nous-savons-qui-nage-nu/
#95
Amérique / Le patron de l’AIPAC vante son...
Last post by JacquesL - 15 Avril 2025, 04:59:42 PM
Le patron de l'AIPAC vante son emprise sur les États-Unis



par Max Blumenthal

Une fuite audio permet d'entendre le chef du principal lobby israélien aux États-Unis détaillant la façon dont son organisation a conditionné les hauts responsables de la Sécurité nationale de Trump.

The Grayzone a obtenu l'enregistrement audio d'une session confidentielle du sommet 2025 du Congrès de l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), la principale branche de lobbying américaine de l'État d'Israël.

Enregistré par un participant à la table ronde, une séquence audio expose le nouveau patron de l'AIPAC, Elliott Brandt, décrivant comment son organisation a développé son influence auprès de trois hauts responsables de la Sécurité nationale de l'administration Trump – le secrétaire d'État Marco Rubio, le directeur de la Sécurité nationale Mike Waltz et le directeur de la CIA John Ratcliffe – et comment elle pense pouvoir «accéder» à leurs discussions internes.

Dana Stroul, ancienne responsable civile la plus haut placée chargée de superviser les questions relatives au Moyen-Orient au sein du ministère de la Défense de l'administration Biden, s'est jointe à Brandt pour participer à la table ronde. Dana Stroul a clairement indiqué que la défense des impératifs stratégiques d'Israël au sein du gouvernement américain est la priorité absolue, arguant que Washington doit approfondir sa relation spéciale «mutuellement bénéfique» avec son «partenaire de poids» à Tel-Aviv.

Stroul a rejeté le bain de sang à Gaza comme étant la conséquence de supposées stratégies du Hamas visant à maximiser le nombre d'enfants tués par Israël. Dans le même temps, elle et ses collègues lobbyistes pro-israéliens se sont inquiétés de l'impact de la guerre du 7 octobre sur le soutien du public à l'État juif autoproclamé.

Elle a été particulièrement contrariée par les tentatives du sénateur Bernie Sanders de contraindre le vote sur les programmes d'aide militaire à Israël qui, selon elle, ne devraient jamais être débattus ouvertement. Un autre participant non identifié de l'AIPAC s'est inquiété de ce que les universitaires pro-palestiniens puissent éventuellement influencer les systèmes informatiques de l'IA, entraînant un potentiel dangereux revirement de la politique de Sécurité nationale, s'ils ne sont pas réprimés de manière décisive.

Le sommet du Congrès [fin février] a été marqué par des tensions, les dirigeants de l'AIPAC ayant demandé aux membres de la base de cacher leur badge à leur sortie de l'hôtel Marriott par crainte d'être confrontés à des manifestants anti-génocide. À l'exception de quelques séances, comme le discours d'ouverture du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, la conférence s'est déroulée dans la plus grande confidentialité.

L'AIPAC a fourni des détails inhabituellement sincères sur ses activités, hors caméras. Elliot Brandt a notamment expliqué comment lui et son organisation de lobbying ont conditionné le futur directeur de la CIA et d'autres hauts responsables de Trump en tant qu'alliés pro-israéliens.

Les «filières» de l'AIPAC au sein de l'équipe de sécurité nationale de Trump

Elliot Brandt a été promu directeur exécutif de l'AIPAC en 2024, ce qui fait de lui l'un des lobbyistes les plus puissants de Washington. Bien qu'il soit largement inconnu du public américain, Brandt a passé environ trois décennies à établir des relations au Capitole. Cette stratégie a été essentielle, a-t-il souligné, pour modeler les futurs dirigeants de l'État américain de sécurité nationale en fidèles serviteurs d'Israël.

Faisant référence au secrétaire d'État de Trump, Marco Rubio, à son directeur de la Sécurité nationale, Mike Waltz, et à la représentante Elise Stefanik, dont la nomination au poste d'ambassadrice des États-Unis aux Nations unies a été soudainement annulée pour préserver la majorité du GOP à la Chambre des représentants, Brandt a expliqué aux membres de l'AIPAC :

«Ces trois personnes ont quelque chose en commun : elles ont toutes siégé au Congrès».



Stefanik avec Netanyahou en Israël en mai 2024.

Après avoir largement fait appel aux donateurs pro-israéliens pour financer leurs campagnes électorales, «ils ont tous tissé des liens avec les principaux dirigeants de l'AIPAC dans leurs communautés», a déclaré le PDG de l'AIPAC. «Les canaux de communication sont donc efficaces si on a des questions ou des doutes, et nous devons pouvoir en discuter».

Les commentaires de Brandt corroborent l'affirmation du représentant Thomas Massie selon laquelle chaque membre du Congrès est censé rendre des comptes à un «membre de l'AIPAC».


Waltz, au centre, avec Rubio et le Secrétaire à la Défense Pete Hegseth, lors d'une réunion le 25 janvier 2025, sur «la vision de Trump pour assurer la sécurité de la nation et donner la priorité aux intérêts américains sur les fronts national et international».

La référence du directeur de l'AIPAC sur l'«accès» de son organisation à des discussions présumées internes de la Sécurité nationale fait écho aux scandales passés d'espionnage où des membres de l'AIPAC ont été accusés d'avoir transmis des informations classifiées aux services de renseignement israéliens.

En 2004, par exemple, le FBI a arrêté un chercheur du Pentagone, Larry Franklin, qui a fourni des documents classifiés liés à l'Iran à deux membres du personnel de l'AIPAC, Keith Weissman et Steve Rosen, qui ont ensuite transmis les informations aux services de renseignement israéliens.

En décembre, le FBI a perquisitionné les bureaux de l'AIPAC et saisi un ordinateur appartenant au prédécesseur de Brandt, Howard Kohr. (Finalement, Franklin s'en est tiré avec une simple réprimande du gouvernement, tandis que Weissman et Rosen ont été congédiés par l'AIPAC.)

Dans son discours au sommet du Congrès de l'AIPAC, Brandt a également désigné le directeur de la CIA, John Ratcliffe, comme personne de contact privilégiée.

«Vous savez que l'un des premiers candidats que j'ai rencontrés en tant que professionnel de l'AIPAC dans le cadre de mon travail, alors qu'il était candidat au Congrès, était un certain John Ratcliffe», se souvient-il.

«Il était en lice contre un membre de longue date du Congrès à Dallas. J'ai alors dit que 'ce type a l'air de pouvoir gagner la course', et que nous irions le rencontrer. Il avait une bonne compréhension des enjeux, et il y a quelques semaines, il a prêté serment en tant que directeur de la CIA, rien que ça. Nous avons eu l'occasion de parler à ce type, donc oui, nous pouvons compter sur lui. Je ne dirais pas qu'il est notre planche de salut, mais il peut nous aider».


Ratcliffe, aujourd'hui directeur de la CIA sous Trump, avec le président en 2017.

Une ex du Pentagone exposée comme lobbyiste pour Israël

Dana Stroul est directrice de recherche au Washington Institute for Near East Policy, un think tank néoconservateur, fondé à l'origine comme le bras armé de l'AIPAC en matière de recherche. Stroul a précédemment occupé le poste de secrétaire adjointe à la Défense pour le Moyen-Orient au sein du Pentagone de l'administration Biden, où elle a supervisé la politique à l'égard de l'Iran, de la Syrie et de pratiquement toutes les autres questions importantes pour Israël.

Lors d'une session à huis clos à l'hôtel Marriott, devant un public composé de membres de l'AIPAC, Mme Stroul a davantage parlé en tant que lobbyiste israélienne chevronnée qu'en tant qu'experte en matière de sécurité nationale américaine, arguant longuement que tous les programmes d'aide militaire des États-Unis à Israël profitent à l'empire américain, tout en rejetant les atrocités israéliennes bien documentées dans la bande de Gaza assiégée comme étant le résultat des tactiques «intelligentes» de bouclier humain du Hamas.

Selon un participant au sommet du Congrès de l'AIPAC, Mme Stroul a ouvert son discours en rappelant les heures mouvementées qui ont suivi l'annonce des attaques du 7 octobre 2003.
Convoquée personnellement par le secrétaire à la Défense de l'époque, Lloyd Austin, Mme Stroul a expliqué comment elle a emmené son enfant en urgence à la crèche du Pentagone pour pouvoir aller travailler à l'envoi de munitions à l'armée israélienne.

Elle a déclaré avoir travaillé sans interruption pendant les 48 heures suivantes, aidant le Pentagone à transférer des armes de ses propres stocks vers les bases israéliennes. (Le participant à l'AIPAC n'a pas pu enregistrer ces commentaires de Dana Stroul).

Alors même qu'elle s'efforçait de faire en sorte qu'Israël dispose de tout ce dont il avait besoin pour transformer Gaza en paysage lunaire, Stroul a reconnu en privé que l'armée israélienne risquait de commettre des crimes de guerre, selon une série d'e-mails divulgués à Reuters.

Le 13 octobre 2023, Mme Stroul a envoyé un e-mail aux hauts responsables de la Maison-Blanche, du département d'État et du Pentagone à propos d'un appel téléphonique qu'elle venait de passer avec le directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour le Moyen-Orient, Fabrizio Carboni.

«Le CICR n'est pas prêt à le dire en public, mais il tire la sonnette d'alarme en privé sur le fait qu'Israël est sur le point de commettre des crimes de guerre», a écrit Stroul. «Leur argument principal est qu'il est impossible pour un million de civils de se déplacer aussi rapidement».

Depuis qu'elle a reconnu la probabilité d'atrocités israéliennes, Stroul a apparemment préservé sa conscience en accusant le Hamas d'avoir tué plus de 50 000 civils à Gaza.

«J'estime que si vous êtes en Iran, ou si vous êtes les Houthis ou l'un de ces autres groupes terroristes par procuration, voire même, sans doute, les Russes et les Chinois», a-t-elle déclaré aux membres de l'AIPAC lors du sommet du Congrès de 2025,

«... vous analysez la rapidité avec laquelle la communauté internationale a oublié le 7 octobre, ce qui est arrivé à Israël et pourquoi Israël est en guerre, et vous en déduisez probablement que c'est une excellente tactique de guerre que de mettre le plus de civils possible en première ligne pour qu'ils se fassent tuer. Ainsi, la tactique du Hamas a eu des effets stratégiques, car Israël se retrouve isolé sur la scène internationale. Et c'est, une tactique du Hamas à la fois pour terroriser à l'échelle mondiale, et deuxièmement, [pour] la propagande et la désinformation».

Dana Stroul a ensuite suggéré que l'armée israélienne est supérieure à l'armée américaine à certains égards. «C'est une relation mutuellement bénéfique. Il ne s'agit pas seulement de ce que les États-Unis offrent à Israël», a déclaré l'ancienne responsable du Pentagone.

«C'est un partenaire qui a changé la donne sur ce qui peut être accompli grâce à l'investissement militaire, contrairement à ce que l'armée américaine n'a jamais envisagé de faire contre l'Iran et ses alliés à travers le Moyen-Orient. Nous obtenons autant de renseignements d'Israël que nous leur en donnons. Ils utilisent plus nos F-35 que nous...»

Selon elle, Israël a également été un important intermédiaire des États-Unis en recourant à la violence et en faisant des victimes parmi ses ennemis supposés :

«Ce que l'on entend souvent, à l'extrême droite comme à l'extrême gauche, c'est qu'ils ne veulent pas que de jeunes hommes, américains ou non, membres des forces armées, aillent faire la guerre au Moyen-Orient ou ailleurs. Donc, pour éviter que de jeunes Américains ne soient envoyés sur le terrain, il faut investir dans des partenaires solides qui peuvent se défendre. Comme Israël».


Dana Stroul en 2021, alors qu'elle était secrétaire adjointe à la Défense pour le Moyen-Orient.

Un mois après que Dana Stroul a livré ses commentaires à l'AIPAC, le président Donald Trump a relancé l'assaut militaire américain contre le mouvement yéménite Ansarullah afin de protéger la navigation israélienne du blocus en mer Rouge. La guerre a maintenant coûté aux contribuables américains au moins un milliard de dollars, mais n'a pas permis de rétablir la liberté de navigation.

Comme les autres intervenants de l'AIPAC, Stroul est très inquiète de l'image d'Israël auprès du public américain. Elle a notamment souligné les efforts du sénateur Bernie Sanders pour suspendre l'aide militaire à Israël, bien qu'elle ne pense pas pour autant qu'ils aboutiront.

«Ce qui m'inquiète ? Je pense que tous ceux qui soutiennent ce partenariat doivent se méfier de la façon dont il va parfois être traité : Israël va être pris entre deux feux, entre le Congrès et le pouvoir législatif. Et ce sont ces blocages exécutifs qui m'inquiètent», a déclaré Stroul.

«Je m'inquiète, par exemple, des résolutions et des rejets de [Bernie] Sanders. Même s'il ne force pas le vote cette fois-ci, on ne passera pas quatre ans sans vote. Et ce n'est bon ni pour Israël ni pour ce partenariat que les membres soient constamment obligés de voter, même si les résolutions sont adoptées. Ce n'est pas le but. Le but est de ne pas avoir à débattre à chaque fois».

Craindre un système d'intelligence artificielle pro-palestinien

Interrogé sur sa plus grande préoccupation, un des intervenants de l'AIPAC que The Grayzone n'a pas pu identifier a pointé du doigt le monde universitaire et les réseaux sociaux. Selon ce lobbyiste israélien visiblement expérimenté, Israël est en train de perdre «la guerre des idées» face à un ensemble d'universitaires et d'influenceurs dont l'influence est démesurée au sein de la future génération d'intellectuels américains.

«Imaginez que dans cinq ans, un membre de l'équipe, un membre du Congrès, tape dans l'IA : «Israël est-il une menace pour la sécurité nationale américaine ?» La réponse qu'il obtiendra sera influencée par les informations qui se trouvent sur Internet aujourd'hui, voilà pourquoi il est si important de prendre des mesures dans la sphère de l'information», a insisté le lobbyiste israélien.

«En se désengageant, on laisse le champ libre à ce type d'informations qui influenceront les décisions de la Sécurité nationale dans cinq ans. Et d'ailleurs, le Congrès n'est pas à l'abri, car si un membre du Congrès, ou son électeur, est de plus en plus exposé à ce type d'informations, cela influencera la manière dont on fera pression sur lui pour qu'il vote, voire pour qu'il perde son siège et qu'on en choisisse un autre. Non ?... Enfin, ça commence dans le monde universitaire, mais ça ne s'arrête pas là, vous ne croyez pas ?»

L'AIPAC n'a pas répondu à la demande de commentaires de The Grayzone concernant les déclarations faites durant le débat informel.

source : Consortium News via Spirit of Free Speech
#96
L'actualité, les media / Les attaques du dimanche des ...
Last post by JacquesL - 15 Avril 2025, 04:31:39 PM
Les attaques du dimanche des Rameaux sur Sumy et Al-Ahli

Publié le avril 15, 2025 par Wayan



Par Moon of Alabama – Le 14 avril 2025

Hier, dans la revue de presse de la semaine, j'ai parlé d'une attaque de missiles sur la ville ukrainienne de Sumy :

La Russie a lancé une attaque de missiles sur le centre de Sumy. Plus de 30 personnes ont été tuées Strana

Traduction automatique :
CiterCe matin, les Russes ont tiré deux missiles balistiques sur le centre de Sumy. 31 personnes ont été tuées, dont 2 enfants.

84 personnes ont été blessées, dont 10 enfants.



Le Bureau du Procureur Général a rapporté que vers 10:15, l'armée russe a lancé deux frappes de missiles sur le centre de la ville de Sumy. Les opérations de sauvetage se poursuivent et le nombre de victimes est en cours de détermination.

L'une des photos fournies par Strana montre le centre de conférence de l'université d'État de Sumy détruit.


Agrandir

Peu après l'incident, Mariana Bezuglaya, membre de la Rada ukrainienne, a accusé le commandement militaire d'avoir organisé une cérémonie dans la ville alors qu'elle se trouve à moins de 20 kilomètres du front de combat actif :

CiterMariana Bezuhla (Mariana Bezuhla) @marybezuhla – 9:32 UTC – 13 Avril 2025

La Russie a bombardé le centre de Sumy le dimanche des Rameaux. Appel à Syrsky et séparément au commandant du TrO : ne pas rassembler les militaires pour des récompenses, et encore moins dans des villes civiles – encore une fois, les Russes avaient des informations sur cette réunion. Et les polygones sont encore en train d'être tracés...

Ne construisez pas, ne faites pas de « récompense et construction » pour que votre scoop et vous avec soyez maudit !

SBU : nouvelle fuite d'informations.

Personne n'a été puni pour les cas précédents. Par exemple, après la tragédie de la cérémonie de remise des prix dans la 128e brigade, personne n'a encore été inquiété. Par conséquent, le commandant de brigade Lysyuk est le parrain du général Zubanich...
...
Monsieur le Président, cela vous convient-il ? Garder le silence et garder les scoops ??? Ils ne tirent pas de conclusions ! Ils ne tirent pas de conclusions, M. le Président !

Mariana Bezuhla est connue pour avoir des informations privilégiées sur l'armée ukrainienne. Elle plaide depuis un certain temps en faveur de la destitution du commandant en chef ukrainien, le général Syrsky.

Elle a ensuite ajouté :

CiterVinnytsia, Chernihiv, Poltava, Dnipro, Sumy. Tous les cas sont similaires. Entre les deux, il y a des centaines d'autres attaques cyniques russes directement sur des civils, mais il y a aussi des cas où l'ennemi a reçu des informations sur les militaires dans les grandes villes. Il est impossible de ne pas tirer de conclusions ! L'ennemi tente de saisir toutes les opportunités !
...

Nous ne pouvons pas supporter l'indifférence des chefs de certaines administrations qui envoient des informations sur des réunions de manière ouverte et qui restent ensuite à leur poste, comme cela s'est déjà produit à plusieurs reprises.

Son tweet comprenait une photo de propagande de la 117e brigade territoriale.

Mme Bezuhla n'a pas été la seule personnalité politique à s'exprimer :

CiterLa députée Mariana Bezuglaya, l'ancien député Ihor Mosiychuk et le maire de Konotop Artem Semenikhin ont déclaré que les missiles étaient arrivés lors de la cérémonie de remise de prix aux militaires de la 117e brigade de défense territoriale, qui se battent dans la région de Sumy et qui fêtent aujourd'hui l'anniversaire de la création de leur brigade. Bezuglaya et Mosiychuk affirment qu'il pourrait y avoir eu une fuite d'informations lors de l'envoi des invitations à l'événement.
De plus, Mosiychuk a déclaré que des civils avaient également été invités à l'événement. Y compris des enfants.

« J'espère qu'à Sumy, ils sont déjà en train d'arrêter le chef du service des affaires intérieures Artyukh et le député Ananchenko (député de Sumy du parti au pouvoir Serviteur du peuple – Ndlr), qui voulaient tellement faire parler d'eux lors de la cérémonie de remise des prix aux soldats de la 117e brigade TrO à l'occasion du septième anniversaire. Artyukh, Ananchenko a promu la cérémonie de remise des prix à Sumy et y a rassemblé, en plus des militaires, des civils, en particulier des enfants ! Racaille et racaille ! » a écrit Mosiychuk.

Dans le même temps, le maire de Konotop, Artem Semenikhin, a qualifié le gouverneur Artyukh de « racaille et d'épouvantail » et lui a demandé de « se mettre à genoux et de s'excuser auprès de la population » avant 18h00. Il a également déclaré qu'il était sur place au moment de l'impact et qu'il s'était « enfuit » de là, « en renversant des enfants ». Il a appelé le gouverneur et le chef du SBU régional à démissionner.

Aujourd'hui, on a appris que plusieurs militaires de haut rang avaient été blessés :

CiterLe colonel Yurii Yula, commandant de la 27e brigade d'artillerie portant le nom de l'Ataman Petro Kalnyshevskyi, a été tué lors d'une attaque de missiles russes sur la ville de Sumy le 13 avril.
Source : Conseil municipal de Berdychiv : Conseil municipal de Berdychiv ; Suspilne, un radiodiffuseur public ukrainien, avec référence à l'administration militaire du district de Berdychiv ; sources d'Ukrainska Pravda dans les forces de défense.

La 27e brigade d'artillerie-roquettes est la seule unité ukrainienne officiellement équipée de HIMARS, le système de missiles américain utilisé pour tirer des missiles à longue portée sur la Russie. Son quartier général se trouve à Sumy. L'armée américaine considérerait son commandant comme une « cible de grande valeur ».

Le ministère russe de la défense a annoncé aujourd'hui :

CiterHier, les forces armées russes ont lancé deux missiles opérationnels-tactiques Iskander-M dans des conditions de lourdes contre-mesures de guerre électronique et de systèmes de défense aérienne de fabrication étrangère afin de frapper le site de Sumy où les commandants de la force opérationnelle Seversk se réunissaient. Plus de 60 militaires des forces armées ukrainiennes ont été éliminés.
Le régime de Kiev continue d'utiliser la population ukrainienne comme bouclier humain en déployant des installations militaires et en menant des activités impliquant des militaires dans le centre de la ville densément peuplée.

Les faits semblent donc clairs. Une cérémonie fut prévue pour le septième anniversaire de la création de la 117e brigade territoriale. Elle s'est déroulée dans le centre de congrès de l'université d'État de Sumy. Des médailles devaient être remises pour la participation récente de la brigade à l'attaque de l'oblast russe de Koursk. Des invitations ont été envoyées aux commandants des unités voisines.

Le ministre russe des affaires étrangères, Lavrov, a laissé entendre que des responsables militaires « occidentaux » étaient également présents :

CiterNous savons qui se trouvait dans l'installation qui a été touchée à Sumy – Lavrov
« Il y a eu une autre « réunion » des chefs militaires ukrainiens avec leurs collègues occidentaux, qui étaient soit sous le couvert de mercenaires, soit je ne sais pas sous le couvert de qui », a souligné le chef du ministère russe des affaires étrangères.

L'armée russe a eu vent de l'événement et a détruit le centre de conférence (photos) avec deux missiles Iskander. Il y a eu des victimes militaires et civiles. Mais, suivant les règles de la guerre, l'attaque visait une cible légitime.

Les responsables politiques européens ont largement condamné l'attaque, estimant qu'elle visait des civils. Le président Trump a qualifié l'attaque d'« erreur ».

Ni le New York Times ni le Washington Post ne font état de la cible militaire de l'attaque russe. Tous deux soulignent que l'attaque a eu lieu le dimanche des Rameaux.

NYT (archivé) :

CiterDeux missiles ont frappé le centre-ville vers 10h15, selon le bureau du procureur régional. Le ministre ukrainien de l'intérieur, Ihor Klymenko, a déclaré que les missiles balistiques avaient frappé alors que les rues étaient bondées de civils venus célébrer le dimanche des Rameaux, une fête chrétienne très populaire en Ukraine. Au moins 83 personnes ont été blessées, a ajouté M. Klymenko.

The Post (archivé) :

CiterL'attaque dans le centre-ville a eu lieu le dimanche des Rameaux, alors que les familles se rendaient en masse à l'église pour marquer le début de la Semaine sainte avant Pâques. Volodymyr Artyukh, chef de l'administration militaire régionale de Sumy, a déclaré que la Russie avait lancé deux missiles balistiques sur la ville.
L'un d'eux a touché « une rue ordinaire » de Sumy, qui se trouve à seulement 29 kms de la frontière russe, a écrit le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram.

Hier, lors d'une autre attaque, Israël a détruit l'un des derniers hôpitaux de Gaza.

Le New York Times ne présente qu'une courte vidéo de l'attaque :

CiterUne frappe israélienne endommage gravement l'un des derniers grands hôpitaux de Gaza
L'attaque contre l'hôpital Ahli Arab n'a fait aucune victime, mais un enfant soigné pour un traumatisme crânien est décédé à la suite de l'évacuation précipitée, selon l'Église anglicane de Jérusalem, qui supervise le centre médical.

Le rapport du Washington Post est meilleur (archivé) :

CiterL'armée israélienne a bombardé le dernier hôpital en état de fonctionnement dans la ville de Gaza tôt dimanche, selon les médecins sur place, ne laissant que 20 minutes aux patients, aux médecins et aux Palestiniens déplacés qui s'abritaient dans l'enceinte de l'établissement pour l'évacuer avant qu'elle ne frappe et détruise des parties importantes de l'établissement.
Plus de 200 personnes – 88 patients et 120 membres du personnel – se trouvaient à l'hôpital al-Ahli lorsque la réception a reçu un appel de l'armée israélienne leur demandant de quitter le bâtiment peu avant 2 heures du matin, heure locale, selon le directeur médical de l'établissement et un chirurgien orthopédique américain travaillant bénévolement à l'hôpital.

L'hôpital al-Ahli est financé et administré par des institutions chrétiennes. Mais aucun des deux journaux n'a jugé nécessaire de souligner que l'attaque illégale contre une cible manifestement civile a eu lieu le dimanche des Rameaux.

Ce n'est qu'au fin fond de son article que le Post insère une citation qui le mentionne :

Citer« Le diocèse de Jérusalem est consterné par le bombardement de l'hôpital, pour la cinquième fois depuis le début de la guerre en 2023, et cette fois-ci le matin du dimanche des Rameaux et le début de la semaine sainte », a déclaré l'Église baptiste de Jérusalem.

L'attaque russe contre une cible militaire légitime est décrite comme un crime de guerre. Le fait qu'elle ait eu lieu le dimanche des Rameaux est souligné.

L'attaque israélienne illégitime contre un établissement de santé civil est traitée comme quelque chose de normal. Malgré sa relation directe avec l'héritage et les soins chrétiens, il n'est pas explicitement mentionné qu'elle a eu lieu le dimanche des Rameaux.

C'est un exemple de la façon dont la propagande insère la religion lorsqu'elle contribue à condamner un « ennemi », mais la laisse de côté lorsqu'elle rend compte de l'outrage commis par une force « amie ».

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/les-attaques-du-dimanche-des-rameaux-sur-sumy-et-al-ahli
#97
Asie, Pacifique / La mission de Steve Witkoff e...
Last post by JacquesL - 15 Avril 2025, 04:17:48 PM
La mission de Steve Witkoff en Iran offre des possibilités infinies

Publié le avril 14, 2025 par Wayan

Par M.K. Bhadrakumar – Le 11 avril 2025 – Source Indian pPunchline



Les commentaires sur les pourparlers américano-iraniens prévus samedi à Mascate se sont transformés en une sorte de foire aux vanités : les pourparlers doivent-ils être qualifiés d'« indirects » ou de « directs » ? Le président américain Donald Trump avait demandé des pourparlers directs et affirmé que les Iraniens avaient fait savoir par des voies détournées qu'ils n'y voyaient pas d'objection. En outre, Trump a révélé que des pourparlers indirects avaient déjà commencé. Tout en affirmant publiquement que les pourparlers seront « indirects », les Iraniens n'ont pas pour autant mis en cause Trump.

En conséquence, Trump a désigné son fidèle collaborateur et ami de longue date, Steve Witkoff, pour le représenter lors de ces pourparlers. Téhéran lui a rendu la pareille en nommant Abbas Araqchi, négociateur nucléaire chevronné et brillant diplomate, actuellement ministre des affaires étrangères.

Trump a noté avec satisfaction que Téhéran s'était doté d'un négociateur au plus haut niveau possible. Il est intéressant de noter que Trump avait annoncé les pourparlers depuis le bureau ovale, en présence du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Un tel hyperactivisme sur le plan optique peut créer une impression surréaliste. Après tout, la base américaine de Diego Garcia est également en cours de renforcement militaire, avec notamment des bombardiers lourds B-52 d'une portée de 10 000 km. Mais la Russie estime que la mobilisation des moyens militaires américains est loin d'avoir atteint le niveau de force nécessaire pour être en mesure de déclencher une guerre contre l'Iran.

La présence d'Araqchi et de Witkoff aux pourparlers de Mascate souligne que les deux parties abordent les négociations avec le plus grand sérieux, conscientes du risque réel d'une escalade dangereuse de la situation précaire actuelle autour de la question nucléaire iranienne si des progrès concrets ne sont pas réalisés dans les négociations d'ici à la mi-2025.

L'horloge commence à tourner pour les E3 (France, Allemagne et Grande-Bretagne) qui souhaitent rétablir les sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU à l'encontre de l'Iran en invoquant le mécanisme de « snapback » (retour en arrière) du JCPOA, protégé par un droit de veto, dont la date limite est le mois d'octobre. Ce mécanisme rétablira également l'interdiction par le Conseil de sécurité de l'enrichissement de l'uranium, de la poursuite du développement des réacteurs et des activités liées aux missiles balistiques.

Téhéran a prévenu que si les sanctions de l'ONU étaient rétablies il pourrait, par rétorsion, se retirer du TNP et que, dans ce cas, il ne serait plus obligé de maintenir les garanties de l'AIEA. Mais il y aurait une période de gestation de trois mois avant que la sortie de l'Iran du TNP ne soit officialisée.

La Russie entre en scène. Selon l'accord de coopération nucléaire conclu en 1992 entre Moscou et Téhéran, « les matières nucléaires, les équipements, les matières non nucléaires spéciales et les technologies connexes », ainsi que les matières nucléaires produites à partir de technologies transférées « sont soumises aux garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique » pendant « toute la durée » de leur séjour en Iran.

L'accord stipule en outre que ces matières « ne seront utilisées qu'à des fins déclarées qui ne sont pas liées à des activités de fabrication d'engins explosifs nucléaires » et « ne seront pas utilisées pour mener des activités dans le domaine du cycle du combustible nucléaire » qui ne sont pas soumises aux garanties de l'AIEA.

L'accord de coopération nucléaire entre l'Iran et la Russie pourrait ainsi obliger Téhéran à maintenir une certaine présence de l'AIEA. Les intérêts économiques de la Russie dans la coopération nucléaire avec l'Iran joueront également un rôle. En outre, le récent traité russo-iranien de coopération stratégique affirme explicitement l'engagement de Téhéran en faveur de la non-prolifération nucléaire. La Russie a également tendance à privilégier un engagement constructif des États-Unis dans ses politiques étrangères et son influence modératrice sur l'Iran, de peur qu'il ne prenne le chemin de la Corée du Nord, sera un facteur important dans les négociations américano-iraniennes. La situation autour de l'Iran a déjà figuré plus d'une fois dans les récents échanges entre les États-Unis et la Russie depuis février, y compris au plus haut niveau entre Trump et le président russe Vladimir Poutine.

Au cours de cette semaine, sur fond de négociations à Mascate, le président Masoud Pezeshkian a fait certaines remarques significatives. Il est tout à fait concevable qu'il ait parlé au nom du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

Tout d'abord, Pezeshkian a déclaré que Khamenei n'était « pas opposé à ce que des entités américaines investissent des capitaux » dans l'économie iranienne. En bref, il s'agit d'un changement radical par rapport à la position traditionnelle de l'Iran.

Deuxièmement, Pezeshkian a déclaré : « Nous sommes ouverts au dialogue, mais avec dignité et fierté, nous ne ferons pas de compromis sur nos réalisations et nous ne conclurons pas d'accords (concernant celles-ci). » En fait, Pezeshkian a fait savoir que toute suggestion selon laquelle le seul accord acceptable avec l'Iran doit inclure le démantèlement complet du programme nucléaire du pays ne sera pas retenue.

Troisièmement, Pezeshkian a non seulement réitéré le refus de l'Iran de se doter d'armes nucléaires, mais il a également affirmé sa volonté d'être soumis à des garanties solides. Comme il l'a déclaré, « nous ne cherchons pas à obtenir une bombe atomique. Qui définit la politique au-dessus du Guide de la* révolution islamique, qui a officiellement annoncé que nous ne cherchions pas à obtenir une bombe nucléaire ? Vérifiez-le mille fois. Vous pouvez vérifier mille fois que nous n'avons pas de bombes atomiques, mais que nous avons besoin de la science nucléaire et de l'énergie nucléaire. »

Quatrièmement, Pezeshkian avait également une sorte de message pour Israël. Il a déclaré : « Nous ne cherchons pas la guerre, mais nous nous opposerons fermement à toute agression grâce aux connaissances et à la puissance que nos scientifiques ont créées. Plus ils nous feront du mal, plus nous deviendrons puissants et plus nous nous opposerons à toute menace qu'ils représentent pour nous. »

Prises dans leur ensemble, ces remarques de Pezeshkian donnent une bonne idée des contours d'un éventuel règlement de la question nucléaire au fur et à mesure que les pourparlers avancent.

Plus important encore, l'Iran cherche à établir un partenariat économique avec les États-Unis et, implicitement, il est prêt à établir des liens politiques et diplomatiques. L'approche de l'Iran ressemble étrangement à celle adoptée par la Russie dans son dialogue naissant avec l'administration Trump. Le choix par Trump de Witkoff comme négociateur pour l'Iran peut être considéré comme un signal que les États-Unis sont ouverts à explorer les possibilités de coopération économique avec l'Iran, non seulement en tant que soutien au processus de normalisation, mais aussi en tant que conditions intrinsèques.

Le Washington Post a d'ailleurs rapporté que Witkoff était prêt à se rendre à Téhéran s'il y était invité. Téhéran espère certainement que Witkoff apportera une nouvelle approche. Ne soyez pas surpris s'il se rend à Téhéran dans un avenir proche.

Cela dit, l'administration Trump doit comprendre que l'Iran vit dans un environnement sécuritaire difficile et qu'il tente d'utiliser son statut de seuil nucléaire comme moyen de dissuasion. Par conséquent, ce qui est possible, c'est une combinaison de limites et de surveillance qui peut réduire de manière adéquate les risques de prolifération.

Il incombe à Witkoff d'exposer à huis clos les objectifs réalistes des États-Unis pour un accord nucléaire, en gardant à l'esprit que la politique est l'art du possible. Cela implique de s'abstenir d'appeler au démantèlement complet du programme nucléaire iranien et, également, de proposer des idées constructives sur la manière dont Téhéran bénéficiera d'un accord avec les États-Unis.

Lorsque je me suis rendu à Téhéran en juin dernier pour observer l'élection présidentielle, un sujet qui revenait dans presque toutes les conversations et les interviews télévisées était le suivant : « Que peut-on attendre d'une administration Trump ? » Ce que j'ai pu sentir, c'est que contrairement à ce que la gestion des médias israéliens s'efforce de projeter pour brouiller les pistes, Téhéran n'a pas de mentalité revancharde et sent au contraire que les priorités de Trump pour un second mandat ne seront pas la projection de puissance ou les interventions militaires, mais la régénération de l'Amérique.

En tant qu'État civil qui n'a jamais été colonisé au cours des millénaires, la culture iranienne est très pragmatique, mais elle ne renoncera jamais à ses intérêts légitimes et ne fera jamais de compromis sous la pression. À cet égard, l'Iran est un pays unique dans la région. (Voir la remarquable note d'information de l'Arms Control Association, basée à Washington, intitulée The Art of a New Iranian Nuclear Deal in 2025).

L'importance de l'Iran pour la régénération de l'économie américaine (MAGA) est évidente. Outre les vastes ressources minérales, les ressources humaines de l'Iran peuvent constituer une base solide pour un partenariat économique et technologique avec les entreprises et l'industrie américaines. Le meilleur moyen de parvenir à un accord nucléaire durable est également que Witkoff propose, avec l'imprimatur de Trump, une relation globale de réengagement avec l'Iran en tant que partenaire après plus de quatre décennies d'acrimonie.

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/la-mission-de-steve-witkoff-en-iran-offre-des-possibilites-infinies
#98
La Pravda Américaine : Qui a écrit les pièces de Shakespeare ?


Publié le avril 10, 2025 par jmarti

Par Ron Unz − Le 17 mars 2025 − Source Unz Review



Quand j'étais en classe de 3ème, le programme scolaire a fait que j'ai étudié les ouvrages de William Shakespeare pendant un semestre, ce qui semblait juste au vu de la place qu'occupe cet auteur dans la langue et la culture anglaises.



Durant cette période, j'avais lu une bonne dizaine de ses pièces, et on m'avait demandé d'apprendre par cœur l'une des plus célèbres tirades de Macbeth. Et il se trouve que jusqu'à ce jour, des décennies plus tard, je peux toujours la réciter de mémoire, chose qui m'a grandement surpris.



Selon le consensus général, Shakespeare est classé comme la personnalité centrale et même constituante de la langue anglaise, vouée à dominer le monde, et occupe une position assez comparable à celle de Cervantès pour l'espagnol ou à celles de Goethe ou Schiller pour l'allemand. De nombreuses phrases répandues dans l'anglais contemporain remontent à ses œuvres, et en jetant un coup d'œil à l'article Wikipédia de 12 000 mots consacré à Shakespeare, j'ai constaté que dès l'introduction, il est décrit comme l'auteur le plus éminent de toute l'histoire, une affirmation qui m'était toujours apparue comme des plus raisonnables.

Je n'ai jamais plus étudié ses œuvres après être sorti de l'enseignement secondaire, mais au fil des années, j'ai vu une quantité de films adaptant ses célèbres drames, ainsi que certaines adaptations produites par la Royal Shakespeare Company sur PBS, que j'ai le plus souvent trouvées excellentes. Mais bien que mes connaissances au sujet de Shakespeare soient peu étendues, je n'avais jamais remis en question sa grandeur littéraire.

Au cours de toutes ces années, je n'ai eu qu'une vague conscience des détails de la vie de Shakespeare, dont je ne savais vraiment que peu de choses. Je savais qu'il était né et mort dans la ville de Stratford-upon-Avon, en Angleterre, que j'avais visitée au cours de mon année d'études à l'Université de Cambridge.

Je savais également vaguement que Shakespeare avait écrit des sonnets en grand nombre, et un an ou deux après que j'ai visité son lieu de naissance, un long article avait paru dans le New York Times, relatant la découverte d'un nouveau sonnet. La stature de Shakespeare était d'une telle importance que la découverte d'un seul nouveau poème écrit par sa plume provoquait la parution d'un article de 5000 mots dans notre journal de référence national.

Je ne sais plus quand j'ai pour la première fois appris qu'il existait une sorte de différend au sujet de l'histoire personnelle de Shakespeare, et de paternité de la vaste gamme de ses œuvres, mais il me semble que cela a dû arriver des années plus tard, durant les années 1990. Un auteur de droite écrivant pour le National Review s'était embourbé en eaux troubles avec des remarques antisémites et racistes, et s'était fait licencier du magazine. Quelques années plus tard, mes journaux indiquaient que le même personnage venait de publier un livre affirmant que les pièces de Shakespeare avaient en réalité été écrites en secret par quelqu'un d'autre, un aristocrate britannique dont le nom ne m'évoquait absolument rien.

Cette parution ne m'avait guère surpris. De la part d'individus entretenant des positions politiques marginales et cultivant des idées bizarres et particulières sur un sujet, il fallait s'attendre à voir exprimer des excentricités sur d'autres sujets également. Peut-être que son licenciement de cette publication politique lui avait fait franchir une limite, l'amenant à promouvoir une théorie littéraire aussi bizarre et conspirationniste concernant une personnalité aussi éminente. La poignée de critiques dans les journaux que je lisais, ainsi que les magazines conservateurs, traitaient son ouvrage stupide avec le dédain absolu qu'il méritait de toute évidence.

Il me semble qu'une dizaine d'années plus tard, j'ai vu quelque chose dans mes journaux au sujet de la même controverse au sujet de Shakespeare, remonté au travers d'autres recherches, mais le Times n'avait pas semblé la prendre au sérieux, et j'en avais fait autant.

Quelques années plus tard, en 2011, Hollywood a produit un film, Anonymous, exposant la même thèse au sujet de la véritable identité de Shakespeare, mais je ne l'avais pas vu et je n'y avais guère porté attention. La notion voulant que la plus grande personnalité de la littérature anglaise ait secrètement pu être quelqu'un d'autre m'avait frappé comme un scénario typiquement hollywoodien, relativement improbable, mais pas tout à fait autant que le scénario des identités cachées que l'on trouve dans les films populaires comme Batman ou Spiderman.

À ce moment-là, j'étais devenu très soupçonneux au sujet de nombreux éléments de l'histoire politique étasunienne que l'on m'avait enseignés, et quelques années après la sortie de ce film, j'ai publié « Notre Pravda Américaine« , qui expose quelques-unes de mes désillusions considérables au sujet des informations produites dans les médias et les manuels scolaires. J'ai par la suite poursuivi une longue suite sous le même nom.

Mais à ce moment-là, et durant la dizaine d'années qui ont suivi, je n'ai pas du tout relié ma méfiance croissante vis-à-vis d'une grande partie de ce qu'on m'avait appris dans mes cours d'histoire avec mes cours d'anglais de la même époque. Aussi, l'idée que Shakespeare pût ne pas être l'auteur des pièces de Shakespeare me semblait totalement grotesque, au point que j'oubliai à moitié que quiconque ait jamais pu affirmer sérieusement une telle chose.

Mais l'an dernier, un jeune activiste et podcaster de droite m'a envoyé un mot sur divers sujets, et a également suggéré que je puisse étendre ma suite d'enquêtes « conspirationnistes » pour m'intéresser également aux pièces de Shakespeare. Il indiquait que feu Joseph Sobran, un ami de sa famille, lui avait expliqué comment ce journaliste conservateur jadis très influent avait été purgé hors du National Review au début des années 1990, et avait ensuite publié un livre affirmant que les célèbres pièces avaient en réalité été écrites par le Comte d'Oxford, et que divers autres universitaires avaient adopté des positions similaires. Il s'était agi d'une controverse des années 1990 que j'avais en grande partie oubliée.

Je lui ai répondu que j'avais vaguement entendu parler de cette théorie au fil des années, et que j'avais sans doute lu une ou deux critiques négatives de ce livre de Sobran au moment de sa parution, mais sans jamais prendre l'idée au sérieux. De fait, durant mes diverses enquêtes de la dernière décennie, j'ai conclu qu'environ 90 à 95% de toutes les « théories du complot » que j'avais examinées s'étaient avérées fausses ou à tout le moins dénuées de substance, et je m'attendais à ce que cette théorie au sujet de Shakespeare pût relever de la même catégorie. Mais presque tous mes travaux récents s'étaient centrés sur la politique et l'histoire, et je pensais qu'une petite digression dans le domaine littéraire pourrait constituer une pause bienvenue. J'ai donc réalisé quelques clics sur Amazon et j'ai commandé le livre de Sobran, ainsi qu'un autre ouvrage plus récent qu'il m'avait conseillé sur le même sujet, et j'étais passé à autre chose.

Comme je suis extérieur à la communauté littéraire, il m'apparaissait extrêmement peu plausible que durant des siècles, l'identité véritable de la plus grande personnalité de la langue anglaise ait pu rester dissimulée des centaines de millions de personnes parlant cette langue et des multitudes de personnes ayant regardé ses pièces de théâtre, ou ayant étudié ses œuvres à l'Université. Quelle était la probabilité pour que durant toute cette période, jusqu'il y a quelques dizaines d'années, aucun de nos plus grands auteurs, critiques et érudits, se dénombrant par dizaines, n'ait jamais soupçonné que les pièces de Shakespeare aient pu en réalité être écrites par quelqu'un d'autre ?

Mais l'une des raisons me poussant à envisager de mener cette enquête était que depuis les années 1990, mon opinion au sujet de Sobran s'était considérablement améliorée. Au moment où il avait publié son ouvrage, je ne le connaissais qu'à peine, mais après que ses âpres ennemis néo-conservateurs aient enfoncé les États-Unis dans la désastreuse guerre en Irak, à l'issue des attentats du 11 septembre 2001, sa personne, ainsi que tous ceux qui nous avaient averti de l'influence politique des néo-conservateurs, pour ensuite en subir les foudres, avaient fortement monté dans mon estime.

Qui plus est, mon projet d'archivage de contenus du début des années 2000 avait intégré toutes les parutions de National Review, et j'ai découvert le rôle considérable joué par Sobran au sein de cette publication amirale conservatrice, coupée net lorsque les néo-conservateurs avaient contraint William F. Buckley Jr., l'éditeur, à le mettre à la porte.

En fort contraste avec ma propre histoire, Sobran avait au départ démarré sa carrière dans le domaine de la littérature anglaise, avant de passer au journalisme conservateur dans les années 1970, et il y a un ou deux ans, j'avais brièvement décrit son destin funeste :

CiterLe nom de Joseph Sobran ne résonne sans doute guère aux oreilles des conservateurs les plus jeunes, mais durant les décennies 1970 et 1980, il n'était sans doute devancé que par le fondateur William F. Buckley Jr. en termes d'influence dans les cercles conservateurs dominants, comme le suggèrent les presque 400 articles qu'il a publiés pour NR durant cette période. À la fin des années 1980, il s'était préoccupé de plus en plus de ce que l'influence néo-conservatrice pût embringuer les États-Unis dans des guerres à l'étranger, et ses déclarations marquées à cet égard furent qualifiées d'« antisémites » par ses opposants néo-conservateurs, qui finirent par obtenir de Buckley qu'il le licenciât. Ce dernier a expliqué cette séquence dans une section importante de son essai de 1992 À la Recherche de l'Antisémitisme.

Chose vraiment étrange, Sobran ne semble avoir évoqué les Juifs que très rarement, que ce fût ou non de manière favorable, sur des décennies d'écriture, mais même ces rares mentions peu flatteuses suffirent apparemment à leur faire lancer leurs attaques destructrices contre sa carrière, et il a fini par mourir en 2010, à 64 ans, dans la pauvreté. Sobran avait toujours été connu pour sa verve littéraire et sa situation idéologique malheureuse a fini par faire de lui un emblème de l'aphorisme : « Par le passé, on qualifiait d'antisémite quiconque détestait les Juifs. Désormais, on qualifie d'antisémite quiconque est détesté par les Juifs. »

Sobran était éditorialiste dans des journaux nationaux, et invité régulièrement à commenter les événements sur le réseau radiophonique CBS, si bien que sa chute personnelle fut considérable. Comme il écrivit son livre sur Shakespeare quelques années à peine après son éjection du National Review, il avait conservé une certaine partie de son aura passée, ce qui contribue à expliquer pourquoi son ouvrage fit l'objet de critiques dans plusieurs publications, certes défavorables, mais ne fut pas purement et simplement ignoré.

Lorsque les livres sur Shakespeare que j'avais commandés ont fini par arriver, je les ai posés sur une étagère et ce n'est que bien plus tard que j'ai fini par les lire. En les lisant, j'ai été vraiment très surpris par ce que je découvrais.

 

Paru en 1997 sous la plume de Sobran, Alias Shakespeare est un ouvrage relativement court, dont le texte ne s'étale que sur un peu plus de 200 pages, et bien qu'un extrême scepticisme caractérisât mon approche initiale de ce livre, les quelque 15 pages de l'introduction en ont rapidement dissipé une grande partie.

L'auteur commence en soulignant que presque tous les universitaires dominants étudiant Shakespeare ont toujours rejeté les doutes concernant la paternité de ses œuvres, en les qualifiant de ridicules, et explique avoir lui-même au départ endossé la même position, y compris durant ses années d'études, lorsqu'il avait centré ses travaux sur cet auteur.

En outre, après avoir fini par cultiver des soupçons sur cette opinion conventionnelle, et commencé à enquêter sur le sujet, il « a pénétré un monde bizarre peuplé de personnes de toutes les couleurs, totalement différent du monde académique. » Leurs diverses théories sur la paternité de ces œuvres comprenaient Francis Bacon, une large gamme de divers Nobles britanniques, et même la reine Elizabeth 1, et ces nombreux activistes se disputaient souvent âprement les uns avec les autres. Mais Sobran affirme qu'il est important de garder à l'esprit que « de très nombreuses découvertes importantes ont été réalisées par des chercheurs douteux, des intellectuels asociaux, et de fieffés excentriques. » Dans le même temps, les chercheurs installés avaient presque totalement ignoré le sujet de la paternité des œuvres de Shakespeare, s'arrêtant à considérer que le sujet n'existait pas.

L'attitude de Sobran apparaît comme des plus raisonnables sur ce sujet littéraire controversé, et il maintient le même ton de neutralité et de hauteur dans l'ensemble de l'ouvrage, soulignant souvent son incertitude sur diverses questions qu'il expose.

Bien que je supposasse par le passé que seuls des excentriques pussent jamais remettre en cause la paternité de Shakespeare sur ses œuvres, j'ai eu l'immense surprise de découvrir qu'au cours des cent ou deux cents dernières années, la liste de ces « hérétiques » comprenant un grand nombre des personnalités et intellectuels parmi les plus illustres de la langue anglaise, comme Walt Whitman, Henry James, Mark Twain, John Galsworthy, Sigmund Freud, Vladimir Nabokov et David McCullough. Certains de nos acteurs et dramaturges les plus illustres, surtout ceux qui se sont illustrés par leurs rôles shakespeariens, figuraient également parmi les rangs des sceptiques : Orson Welles, Sir John Gielgud, Michael York, Kenneth Branagh et Charlie Chaplin. Quelques années après la parution du livre de Sobran, Sir Derek Jacobi, un acteur shakespearien renommé, a produit des Avant-Propos pour d'autres livres endossant la même position. Les juges de la Cour Suprême John Paul Stevens, Sandra Day O'Connor et Antonin Scalia figuraient également parmi les sceptiques au sujet de Shakespeare.

De toute évidence, l'ensemble de ces personnalités littéraires, dramatiques et intellectuelles pouvaient fort bien se tromper, mais en profane ignorant à peine au courant qu'un tel sujet ait jamais existé, j'ai lu le reste de l'ouvrage de Soban avec un esprit nettement plus ouvert qu'en l'ouvrant pour la première fois.

L'élément révélateur que soulève Sobran dans son premier chapitre est qu'en dehors du vaste corpus des travaux littéraires habituellement attribués à Shakespeare, les connaissances solides dont nous disposons au sujet de la vie et des activités de Shakespeare sont tellement maigres qu'on peut les considérer comme quasiment inexistantes, qui consistent principalement en une petite poignée de brefs registres de transactions commerciales et documents indiquant qu'il témoigna une fois devant un tribunal dans le cadre d'une affaire mineure. Ce n'est pas du tout ce que l'on pourrait attendre d'une personnalité littéraire aussi centrale.

Bien que ses déplacements et lieux de résidences soient restés en grande partie inconnus, nous savons qu'il a fini ses jours dans sa ville natale de Stratford, qu'il y est resté avant sa mort pendant une durée d'au moins cinq ans, et peut-être plus de dix. De cette période, on dispose de ses dernières volontés et de son testament, qui constituent le seul artefact écrit dont nous disposions pour l'ensemble de son existence, soit 1300 mots à peine. Ce document est très troublant : il n'apporte aucune indication du fait que l'homme possédât le moindre livre ou manuscrit littéraire. On ne trouve pas le moindre signe d'intérêt intellectuel ou de parrains littéraires, et le style en est tellement laborieux, voire semi-analphabète, en comparaison avec d'autres testaments de la même époque, qu'il semble difficile de penser qu'il ait pu être écrit ou dicté par l'un des plus grands stylistes de la langue anglaise.

Comme l'indique Sobran, ce testament comprend trois des six signatures qui nous sont restées de Shakespeare, et elles sont toutes irrégulières, pas du tout ce que l'on attendrait de la part d'une personne rompue à l'usage de la plume. De fait, un expert en documents cité par un éminent universitaire traitant du domaine de Shakespeare a affirmé que toutes les signatures de Shakespeare avaient probablement été apposées par des mains différentes les unes des autres. Comme nous ne disposons d'aucun élément solide affirmant que Shakespeare ait même suivi un enseignement secondaire, cela suggère la possibilité stupéfiante que Shakespeare pût être incapable d'écrire son propre nom. De fait, les deux parents de Shakespeare, son épouse Anne Athaway ainsi que sa fille Judith étaient apparemment illettrés, puisqu'ils signaient leur nom d'une croix.

Contrairement à nombre de ses contemporains, que l'on parle ici de personnalités littéraires ou d'autres personnes, pas une seule lettre écrite par Shakespeare n'a jamais été découverte, en dépit de recherches colossales, pas plus que le moindre livre dont il fût le propriétaire.

Bien que Shakespeare figurât certainement parmi les lumières littéraires les plus éclatantes du monde britannique, il n'a jamais produit la moindre déclaration ou oraison publique à la mort de la reine Elizabeth 1ère, en 1603, pas plus qu'à l'accession au trône de son successeur, James 1er, et lorsqu'il est lui-même mort en 1616, nul à Londres ne semble avoir même remarqué son passage de vie à trépas.

Comme le souligne Sobran, en dépit du fait que Shakespeare vécut et travailla durant 51 ans en Grande-Bretagne, dont une grande partie dans la métropole de Londres, il semble avoir quasiment vécu comme un fantôme, apparemment invisible pour presque tous ses contemporains. De nombreuses épaisses biographies de Shakespeare ont été publiées par divers chercheurs, mais hormis les déductions qu'ils tirent de l'énorme corpus littéraire qu'on lui attribue, leur contenu est presque entièrement fondé sur des hypothèses au vu de l'absence quasi totale du moindre fait avéré.

Un problème central soulevé par tous ceux qui ont douté que les pièces aient véritablement pu être écrites par l'acteur issu de Stratford réside en ce que les intrigues et descriptions s'appuyaient sur une connaissance profonde de l'histoire classique et des pays étrangers, en particulier de l'Italie, alors que leur auteur supposé ne disposait certainement d'aucune formation universitaire.

Un fait très surprenant, que je n'avais jamais connu jusqu'alors, réside en ce que toutes les pièces publiées, ainsi que tous les autres travaux littéraires, furent parfois publiés à titre anonyme, parfois sous le nom « Shake-Speare », avec le tiret, un pseudonyme souvent utilisé à l'époque, ou parfois sous le nom « Shakespeare ». Dans le même temps, l'homme de Stratford et l'ensemble de sa famille, y compris ses parents et ses enfants, épelait le plus souvent son nom de famille « Shakspere ».

À l'époque de la reine Elizabeth, l'orthographe était souvent fluctuante, mais il semble vraiment étrange que l'homme dont nous pensons aujourd'hui qu'il fut le célèbre auteur ne fît jamais usage du nom sous lequel ses pièces furent publiées, que nous utilisons de nos jours pour le désigner. Cette distinction marquée a permis facilement aux livres et articles écrits par ces dissidents de Shakespeare de faire facilement la différence dans le texte entre le « Shakespeare » auteur des œuvres et le « Shakspere » qui n'était qu'un obscur habitant de Stratford.

Permettons-nous une analogie grossière mais amusante. Samuel Clemens a figuré parmi les plus grands écrivains des États-Unis, cependant que tous ses travaux ont été publiés sous le nom de plume Mark Twain. Mais imaginons que ce fait soit resté peu connu à l'époque, et qu'une génération ou deux plus tard, après que toutes les personnes au courant de la véritable identité de Twain ont disparu, les experts littéraires aient déniché un obscur commerçant du Sud portant le nom de « Mark Tween », et se soient convaincus qu'il fut le véritable auteur de ces œuvres.

De fait, Sobran et ses alliés affirment qu'au cours des derniers siècles, l'establishment littéraire du monde anglophone s'est vautré dans l'un des cas les plus flagrants de fausse identité de toute l'histoire humaine, et que certains des membres titulaires de cette institution sont peut-être trop embarrassés pour accepter de même envisager cette possibilité.

La première moitié du livre de Sobran soulève tous ces doutes considérables face au narratif conventionnel selon lequel Shakespeare fut le véritable auteur des célèbres pièces, et la seconde moitié soutient la thèse alternative la plus largement soutenue, qui attribue la paternité de ces œuvres à Edouard de Vere, 17ème comte d'Oxford, et je pense que certains des arguments qu'il avance apparaissent comme tout à fait valables.

Contrairement à Shakespeare, le comte d'Oxford reçut une très bonne formation, et présentait des intérêts marqués pour la littérature et le spectacle : il était doté exactement du type de connaissance sur les sujets aristocratiques, les pays étrangers et l'histoire classique qui apparaissent comme nécessaires à produire ces ouvrages dramatiques. Une grande partie de ses correspondances personnelles et de ses premiers écrits ont survécu, en contraste marqué avec l'absence quasiment totale de tout élément produit par Shakespeare.

Un point central désigné par Sobran et d'autres est que durant cette période, la production de pièces de théâtre devait être considéré comme une poursuite dégradante et malséante pour un aristocrate important comme le comte d'Oxford, et il n'est guère surprenant que ces activités aient pu être dissimulées, que les pièces de théâtre aient été produites à titre anonyme ou sous un pseudonyme tel que « Shake-Speare » ou « Shakespeare. »

Bien que nous ne sachions quasiment rien de la vie et des activités de Shakespeare, la trame de vie du compte d'Oxford est copieusement documentée, et une grande partie semble correspondre étroitement avec le contenu des pièces de théâtre. L'exemple le plus évident est que le comte d'Oxford, dans sa jeunesse, passa des années à voyager en Italie, s'est fortement entiché de ce pays, et a dépensé une partie déraisonnable de son héritage pour acheter des trésors provenant de ce pays, et il se trouve que plus ou moins la moitié des pièces de théâtre de Shakespeare ont pour cadre ce pays. En contraste, le natif de Stratford ne semble avoir jamais mis un pied hors de l'Angleterre et ne présente aucun lien connu avec l'Italie.

Mais Sobran pense que l'indice le plus fort indiquant la véritable identité du dramaturge provient d'un examen minutieux de ses 154 sonnets, dont la célébrité n'égale pas celle de ses pièces de théâtre, mais qui n'en sont pas moins considérés comme d'importantes œuvres littéraires, qui ont été analysées sous tous les angles par des générations de chercheurs universitaires. Nombre de ces poèmes sont adressés à un jeune, un « garçon adorable », et la plupart des chercheurs qui le considèrent comme une personne réelle se sont accordés à penser qu'il s'agissait sans doute du jeune comte de Southampton, dont les traits personnels semblent correspondre étroitement au personnage. Mais si tel est le cas, Sobran indique qu'il aurait été extrêmement déplacé de la part d'un simple roturier de traiter un noble de manière aussi familière, alors que ce ton aurait été tout à fait justifié si les poèmes avaient été écrits par une personne de rang égal ou supérieur. Sobran et de nombreux autres ont également distingué des indications puissantes d'une relation homosexuelle entre les deux hommes, ce qui est tout à fait cohérent avec les éléments historiques dont nous disposons quant aux penchants du comte d'Oxford.

À mes yeux, la thèse selon laquelle le comte d'Oxford serait l'auteur de ces pièces est nettement moins étayée que la thèse s'opposant à la paternité de Shakespeare, mais elle n'en est pas moins raisonnable et plausible. Et si l'analyse produite par Sobran des Sonnets est exacte, l'auteur fut sans doute un aristocrate titré, dont Oxford constitue un spécimen évident.


Autre livre que j'ai lu, « Shakespeare » sous un autre nom, une nouvelle biographie majeure du comte d'Oxford publiée en 2005 par Mark Anderson, un chercheur indépendant, qui a centré ses recherches sur l'hypothèse voulant que son sujet fût l'auteur véritable de ces travaux littéraires. Anderson, qui a consacré plus d'une décennie à enquêter sur la vie du comte d'Oxford, a réussi isoler une très longue liste d'incidents qui semblent s'aligner avec les éléments des pièces de théâtre, et il les discute sur ses 600 pages, dont plus de 150 sont consacrées à ses notes de sources. Certains des exemples les plus évidents qu'il évoque avaient déjà été mentionnés par Sobran et par d'autres, mais Anderson en augmente considérablement le nombre.

Anderson reconnaît pleinement que la thèse du comte d'Oxford est absolument circonstancielle, mais il souligne particulièrement un nouvel élément qui était resté dissimulé, à savoir l'exemplaire de la Bible de Genève qui appartint au comte d'Oxford, qui fait l'objet de très importantes annotations. Une décennie de recherches promptement menées par un étudiant en doctorat a analysé les plus de 1000 passages faisant l'objet de notes, et découvert qu'environ un quart de ces passages apparaissent également dans les œuvres de Shakespeare, et ce recouvrement est très supérieur à un simple effet du hasard, ou bien de ce que l'on a trouvé dans les ouvrages d'autres personnalités littéraires de la même période. L'auteur consacre une annexe d'une bonne dizaine de page à ce sujet.

Les critiques du livre de Sobran, publiées huit années plus tôt, étaient restées confinées dans les médias conservateurs, et rejetaient de manière écrasante l'ouvrage. Mais le livre d'Anderson était nettement plus volumineux, et avait fait l'objet de recherches nettement plus poussées, et comprenait un Avant-Propos de soutien écrit par Sir Derek Jacobi, un acteur shakespearien de premier plan. C'est peut-être la combinaison de tous ces facteurs qui aura permis un traitement dans l'ensemble favorable de la part du New York Times. Avec ce baptême de respectabilité, l'hypothèse de la paternité du comte d'Oxford sur les pièces de Shakespeare ne pouvait plus guère être tournée au ridicule ou considérée comme une « folle théorie du complot ».

En procédant à mes vérifications, j'ai constaté que le principal article Wikipédia discutant de la véritable paternité des ouvrages de Shakespeare comportait presque 19 000 mots, soit une fois et demi la taille de l'article consacré à Shakespeare lui-même. Bien que cette source d'informations de l'establishment le plus extrême ait tendance à pencher du côté du narratif orthodoxe, elle est nettement plus respectueuse envers la possibilité alternative que je ne l'ai constaté sur d'autres sujets controversés ou dissidents. L'article Wikipédia séparé consacré à la théorie de la paternité du comte d'Oxford sur lesdites œuvres s'étale sur 15 000 mots et se montre relativement sceptique, mais reste tout à fait respectueuse.

À ce stade, les deux livres que j'ai lu, écrits respectivement par Sobran et Anderson, me semble tout à fait convaincants, surtout sur le sujet de l'identification erronée de la plus grande personnalité littéraire de toute l'histoire de la langue anglaise, et de son assimilation à M. Shakspere, de Stratford-upon-Avon. Mais je trouve qu'il est difficile d'établir un verdict définitif sans assister à un débat complet entre les camps rivaux, et je me suis posé la question : un tel échange avait-il jamais été organisé par les médias ? À ma grande humiliation, j'ai découvert que ce débat s'était déjà déroulé en deux occasions distinctes, durant les années 1990.


Dans son édition du mois d'octobre 1991, le prestigieux magazine Atlantic Monthly avait organisé un long débat entre deux personnalités puissantes en provenance des camps rivaux, le journaliste Tom Bethell et le professeur Irving Matus, et avait fait la promotion de ce débat jusqu'en première page. J'étais déjà abonné à ce magazine à l'époque, et j'ai donc du voir cette couverture. Mais il semble que j'étais préoccupé par d'autres sujets, et je m'étais contenté de repousser la question de l'identité de Shakespeare, la considérant comme une « théorie du complot » absurde. Je n'ai sans doute accordé aucune attention à ce sujet, et ai oublié jusqu'à son existence.

De même, en 1999, Harper's Magazine avait procédé de la même façon, et mobilisé dix experts différents divisés en nombres égaux des deux obédiences pour débattre de la paternité des ouvrages de Shakespeare, et en avait également fait sa couverture.

Ainsi, il y a une vingtaine d'années, deux de nos magazines nationaux parmi les plus prestigieux et les plus influents avaient conduit, chacun de leur côté, des débats sur le sujet, des échanges qui s'étaient étalé, mis bout à bout, sur des dizaines de milliers de mots. Mais j'étais resté totalement sans rien connaître de cette controverse, le cerveau tellement bien lavé sur le sujet que jusqu'il y a quelques mois, j'aurais considéré toute remise en question de l'identité de Shakespeare comme relevant quasiment de la même catégorie que l'existence du Bigfoot.


Mais mieux vaut tard que jamais, et après avoir lu posément les deux longs échanges, j'ai conclu que ceux qui remettent en question la paternité de Shakespeare sur ces œuvres l'avaient emporté haut la main, et avaient réussi à retourner le récit qu'on m'avait enseigné durant mes études en classe de 3ème puis à l'université.

Mais d'autres personnes en ont tiré des sentiments différents. Un sondage réalisé en 2007 par le Times sur des centaines de professeurs d'université traitant de Shakespeare a révélé que seuls 6 % d'entre eux estimaient qu'il existait de bonnes raisons de remettre en question l'idée selon laquelle les pièces et poèmes ont été écrits par le natif de Stratford, et 82 %, un nombre écrasant d'entre eux, restaient fermement convaincus que le narratif traditionnel était exact.

Des tentatives ont été menées de manière continue pour amener ces esprits académiques à changer d'avis.

 

Un livre nettement plus récent qui est parvenu à mon attention est une collection d'essais rigoureux écrits par une bonne dizaine d'experts, soutenu par une organisation appelée The Shakespeare Authorship Coalition. Publiée par John M. Shahan et par Alexander Waugh, Shakespeare sans le moindre doute ? a été publié en 2013, a fait l'objet d'une édition revue et corrigée en 2016, et fait l'objet de nombreux soutiens de la part de chercheurs universitaires de premier plan, dont certains déplorent la fermeture d'esprit manifestée par l'establishment littéraire anglophone à reconnaître avoir passé les quelques derniers siècles dans un état d'erreur avérée.

La charte de l'organisation soutenant cette initiative est très prudent, n'endosse aucune position quant à la véritable identité du dramaturge, et Shahan, son fondateur et président, déclare en première page :

CiterCet ouvrage produit des éléments et arguments qui contredisent les affirmations selon lesquelles il n'existe « aucun doute » que M. Shakspere, de Stratford, écrivit les ouvrages de William Shakespeare. Ce livre ne porte pas sur nos préférences au sujet de l'identité de l'auteur véritable, ou sur les motivations qui l'ont poussé à rester dissimulé... Le lecteur à la recherche de candidats alternatifs ou de scénarios sensationnels devrait se tourner vers d'autres ouvrages que celui-ci. Notre objectif est une présentation universitaire de la thèse du « doute raisonnable » au sujet de Shakspere, afin de la rendre compréhensible au public et aux étudiants à qui ce livre est dédié. La seule alternative que nous proposons est que le nom de « William Shakespeare » fut le nom de plume d'une autre personne, qui décida de dissimuler son identité.

Au vu de l'amalgame fréquent entre les deux arguments opposés à la paternité traditionnelle et ceux soutenant tel ou tel candidat de remplacement, cela constitue une approche admirable. J'ai trouvé de nombreux essais, organisés en chapitres, très utiles et convaincants, quoique parfois un peu secs et ennuyeux, et chacun d'entre eux se consacre étroitement à un aspect particulier de la thèse.

Par exemple, le chapitre 1 consacre plus d'une dizaine de pages à une critique très directe du nom véritable du natif de Stratford, et démontre que dans presque tous les cas, ce nom était écrit « Shakspere » par tous les membres de sa famille, et ce sur plusieurs générations, et les quelques exceptions peu nombreuses relevaient généralement de variantes produites par des clercs qui se trompaient en l'écrivant phonétiquement. Dans le même temps, ce nom n'avait jamais été associé avec la moindre pièce de théâtre ni le moindre poème produit par cette grande personnalité littéraire.

Mais apparemment, le défi croissant, posé au début du XXème siècle par Mark Twain et d'autres à l'orthodoxie shakespearienne a amené la communauté académique à « tuer » le vrai nom, Shakspere, à peu près au moment du trois centième anniversaire de sa mort. En conséquence, presque toutes les nombreuses apparitions de « Shakspere » dans les publications d'articles relatives au natif de Stratford furent dès lors remplacées par « Shakespeare », ce qui dissimula partiellement le problème d'identité aux générations à venir.

Le second chapitre se consacre sur les six signatures connues de M. Shakspere, et montre que celles-ci sont indéchiffrables et apparemment analphabètes en comparaison aux nombreuses signatures de nombreuses personnalités littéraires de premier plan de la même époque. Ce contraste était très apparent dans les nombreuses illustrations qui sont produites.

Le chapitre suivant compare les traces écrites laissées derrière lui par Shakespeare avec celles de plus de vingt personnalités littéraires de la même époque. Dix différentes catégories d'éléments sont examinées, comme la formation, la correspondance, les manuscrits, la propriété de livres, et les notices de décès. Pour chacun de ces éléments, de nombreux auteurs, voire la plupart, laissent apparaître des éléments, mais dans le cas de Shakespeare — le sujet des efforts de recherches les plus poussés — tous les registres restent absolument vides.

Un autre chapitre se consacre à des exemples de « chien qui n'a pas aboyé ». Avec la publication de ces pièces et de ses poèmes, Shakespeare était devenu une personnalité littéraire extrêmement éminente dans toute la Grande-Bretagne, mais étonnamment, personne ne semble jamais l'avoir relié à M. Shakspere, ou à un autre membre de la famille Shakspere vivant tranquillement à Stratford. L'essai se consacre à dix personnes considérées comme des « témoins oculaires » dont les écrits ont survécu, et qui auraient dû faire mention du grand dramaturge ayant vécu et étant mort à Stratford, mais qui n'en ont rien fait. Par exemple, la reine Henriette-Marie de France, épouse de Charles 1er, appréciait énormément les pièces de Shakespeare, et au cours d'une visite à Stratford, il semble qu'elle ait passé quelques nuits dans l'ancienne maison de Shakspere, devenue la propriété de sa fille et de la famille de celle-ci ; mais bien que des centaines de lettres de la reine aient été rassemblées et reproduites, elle ne fait nulle part mention de cette visite comme étant spéciale.

Le sens des affaires avisé de Shakspere fit de lui l'un des hommes les plus fortunés de Stratford au moment de sa mort, mais non seulement son long testament est-il totalement exempt de toute ornementation littéraire, il ne fait non plus aucune mention de livre, ni de projet de formation de ses enfants ou petits-enfants. Il ne semble avoir eu en sa possession aucun élément de mobilier permettant de conserver ou de contenir des livres, ni de cartes ou d'instruments de musique. Tout ceci entre en contraste flagrant avec les nombreux testaments qui nous sont parvenus d'autres auteurs ou dramaturges.

Un bref chapitre, occupant deux pages, indique qu'en dépit du fait que la mort de personnalités littéraires de moindre envergure fût marquée par un déferlement d'éloges et de d'hommages, certaines de ces personnalités ayant eu l'illustre honneur d'être enterrées à l'Abbaye de Westminster, personne ne semble avoir remarqué le passage de vie à trépas de Shakespeare en 1616. Par exemple, Ben Johnson était à l'époque considéré comme occupant une stature proche, et au moment de son décès, en 1637, au moins trente-trois éloges séparés furent publiés, alors qu'aucun ne parut pour Shakespeare.

Ainsi, l'équipe de chercheurs ayant contribué chacun son chapitre à ce volume important couvrait à peu près le même spectre que celui couvert par la première moitié de l'ouvrage de Sobran quelque vingt années auparavant, mais avec une rigueur et un sens du détail nettement approfondis, le tout pour en arriver exactement aux mêmes conclusions.

Après avoir soigneusement lu plusieurs livres et de nombreux articles produits par plus d'une vingtaine d'experts différents sur toutes les facettes de la controverse de la paternité des œuvres de Shakespeare, j'avais confiance dans le fait que j'étais parvenu à des conclusions solides.

Il m'apparaissait comme fort peu probable que la personnalité centrale de la littérature anglophone qu'était William Shakespeare fût véritablement le riche mais obscur M. Shakspere de Stratford-upon-Avon, comme je l'avais par le passé toujours pensé. Il semblait exister des éléments plutôt probants pour que le grand dramaturge fût en réalité Edouard de Vere, comte d'Oxford, écrivant sous un nom de plume, avec de solides indices dans ce sens trouvés dans les Sonnets shakespeariens.

Ces résultats m'apparaissaient évidemment comme choquants, mais tout aussi choquant m'apparaissait le fait que cette réalité écrasante était restée ignorée durant des générations par la quasi-totalité de notre establishment littéraire anglophone. Dans le même temps, j'étais moi-même resté inconscient de l'existence même de toute controverse sérieuse, alors que de longs débats avaient été publiés dès les années 1990 et fait l'objet de premières pages de magazines aussi influents que l'Atlantic Monthly ou Harpers.

Je croyais donc désormais être parvenu à des connaissances solides sur l'ensemble de ces sujets en lien avec la véritable identité de Shakespeare, un sujet disputé avec ferveur depuis presque 2 siècles. Mais début mars 2025, j'ai lu un autre livre, dont le contenu a une fois de plus totalement remis en cause l'ensemble de mes conclusions. Je ne peux pas dire quand ou si cette théorie finira par être adoptée par l'establishment universitaire, mais j'ai trouvé l'analyse de l'auteur extrêmement convaincante.

 

Dennis McCarthy, un chercheur indépendant, a publié Thomas North au mois d'octobre 2022, ce titre sans relief se voyant accompagné du sous-titre très provocateur « L'Auteur Original des Pièces de Shakespeare ». Livre auto-publié de 400 pages environ, il ne présente pas de page de copyright en début d'ouvrage, il manque un rappel du titre de chapitre en hauts des pages de texte, mais son contenu stupéfiant compense de très loin ces problèmes techniques. Il se classe au rang invisible de 1.9 millionième sur Amazon, mais cela pourrait changer à l'avenir.

Le sujet titre de l'ouvrage de McCarthy est Sir Thomas North, tout au plus un nom habituel. Mais en son temps, North fut un érudit diplomate, commandant militaire, auteur et traducteur avec des connaissances en droit, mieux connu pour ses traductions en langue anglaise des Vies Parallèles de Plutarque et de plusieurs autres livres.

Les origines de l'ouvrage écrit par McCarthy remontent à 2018, lorsque l'auteur ainsi qu'un collaborateur universitaire utilisèrent un logiciel de détection de plagiat sur les ouvrages de Shakespeare. Comme l'indique un article de première page du New York Times et de nombreuses autres publications dans des médias, ils avaient découvert une importante et nouvelle source comportant une dizaine de pièces de théâtre de Shakespeare, dont Macbeth et le roi Lear. Ces drames avaient apparemment puisé lourdement dans un manuscrit non publié écrit par George North, sans doute un cousin de Thomas, qui était une personnalité mineure de la Cour de la reine Elizabeth, et qui fut nommé par elle ambassadeur en Suède. Aucun plagiat ne fut détecté, mais de nombreux éléments semblaient indiquer que le dramaturge avait lu et s'était inspiré de cette discussion de rebelles et de rebellions, et sa pièce faisait usage des mêmes mots que ceux qui apparaissaient dans ce manuscrit de George North, dans des scènes présentant des thématiques semblables et mettant parfois en jeu les mêmes personnages historiques.

Le Times citait de nombreux chercheurs majeurs sur Shakespeare décrivant la grande importance de cette découverte, et le directeur de la Folger Shakespeare Library de Washington déclarait :

CiterS'il prouve ce qu'ils affirment, il s'agit d'une découverte telle qu'on n'en fait qu'une par génération — ou sur plusieurs générations.

Cette réussite a dès lors inspiré McCarthy et ses collaborateurs à entreprendre une analyse majeure des pièces de Shakespeare en utilisant une approche technologique semblable, et au fil des années qui ont suivi, ils ont fait des découvertes stupéfiantes.

On savait depuis longtemps que les Tragédies Romaines de Shakespeare s'appuyaient lourdement sur la traduction par Thomas North des Vies de Plutarque, et le bref article Wikipédia consacré à North souligne même ce fait. McCarthy cite également l'introduction de George Wyndham à cette édition standard de Plutarque :

CiterShakespeare, le premier poète de tous les temps, a emprunté trois pièces dans leur quasi-intégralité à North. L'obligation de Shakespeare apparaît dans presque l'intégralité de ce qu'il a écrit. Pour la mesurer, vous devez citer le plus gros des trois pièces.

Mais leur logiciel révèle que la dette est nettement plus importante que ce qu'on avait jamais compris jusqu'alors. En appliquant cette analyse à l'ensemble des traductions et écrits de North, on trouve la même correspondance remarquable dans un très grand nombre d'autres pièces de Shakespeare, pas uniquement dans les Tragédies Romaines. Comme l'explique McCarthy dans son second chapitre :

CiterCe qui est vraiment convainquant, ce sont les passages, discours et récits entiers tirés de North — et leur persistance dans les pièces... nul n'a davantage emprunté à un auteur passé que Shakespeare n'a emprunté à North... En termes de nombre de lignes et de passages réutilisés, aucun auteur publié de toute l'histoire de la langue anglaise n'a répliqué davantage d'éléments depuis un auteur passé que Shakespeare n'en a tiré de North. Cela vaut pour l'époque de Shakespeare et cela vaut jusqu'à aujourd'hui...
Le logiciel aide à identifier les lignes de correspondance entre divers ouvrages, et lorsqu'on l'utilise sur les écrits de North et les pièces de Shakespeare, les résultats sont stupéfiants. Des centaines de discours, d'échanges, d'intrigues et de descriptions dans les pièces de Shakespeare — y compris nombre des très célèbres soliloques — dérivent de passages parallèles dans les traductions de North.

McCarthy consacre une centaine de pages, dans la suite du livre, à démontrer ces affirmations énormes en documentant le nombre massif de correspondances entre les travaux de North et ceux de Shakespeare, des résultats qui semblent inouïs mais absolument indéniables. McCarthy maintient un Substack, et il a produit l'an dernier une brève vidéo qui résume ses découvertes choquantes :


Plus bas, dans le même chapitre de son livre, McCarthy décrit l'énorme étendue de ces correspondances :

CiterLe présent ouvrage examine plus de 200 passages et lignes, y compris des milliers de lignes unitaires qui montrent le recyclage pratiqué par Shakespeare d'éléments produits par North... Même lorsque nous fouillons les plus grandes actions de plagiat de l'histoire... nous trouvons que ceux-ci ne s'étalent pas sur le dixième de l'étendue du plagiat pratiqué par Shakespeare sur les travaux de North. Peut-être pas cent fois plus étendus. Car pour atteindre la portée des emprunts réalisés par Shakespeare, il faut qu'un plagiaire soit à la fois neurotiquement obsédé et prolifique, puisant dans les œuvres du même auteur durant toute une carrière étalée sur des dizaines d'années, de son premier à son dernier livre.

La notion selon laquelle la plus grande personnalité de la littérature anglophone fut également le pire plagiaire de l'histoire du monde apparaît comme absolument étrange.

Mais il existe une explication nettement plus simple et moins dérangeante. McCarthy l'explique dans un autre post sur Substack :

CiterComme tous les chercheurs s'accordent à le penser, Shakespeare a fréquemment adapté des pièces plus anciennes. Oui, Shakespeare fut un dramaturge lettré qui fit travailler sa plume dans toutes les pièces qu'on lui a attribués, mais nous savons également que Shakespeare a fréquemment adapté des pièces plus anciennes — un fait qu'aucun chercheur ne réfute. Les éditeurs et chercheurs renommés disposent de preuves ouvertes de l'utilisation par Shakespeare de pièces plus anciennes dans des dizaines d'instances. Certains de ces éléments comprennent des allusions impossiblement précoces à des pièces apparemment « shakespeariennes » des années 1560, 1570 et 1580 — parues trop tôt pour que Shakespeare, qui est né en 1564, ait pu les écrire. Par exemple, le poète Arthur Brooke fait référence à un Roméo et Juliette qu'il a vu joué sur scène en 1562, deux ans avant la naissance de Shakespeare. De même, des contemporains de Shakespeare — et des connaisseurs intimes de la littérature après sa mort — ont décrit de manière répétée Shakespeare comme un adaptateur d'anciennes pièces.

Comme le note McCarthy, les universitaires du mouvement dominant ont reconnu de longue date qu'il existait des versions plus anciennes de nombreuses pièces de Shakespeare, y compris de Roméo et Juliette, de Henri V, du Roi Lear, de Jules César, du Marchand de Venise, et d'autres. De fait, l'une de ces pièces antécédentes, le plus souvent désignée sous le nom Ur-Hamlet, est tellement bien attestée qu'elle dispose même de sa propre brève page Wikipédia, et ce fut Ur-Hamlet qui aida au départ McCarthy sur la piste de ses découvertes littéraires époustouflantes.

L'explication évidente était donc que toutes ces pièces plus anciennes avaient été écrites par North lui-même, qui s'était lourdement appuyé sur ses propres écrits passés pour ce faire, souvent de mémoire. Ce qui n'implique absolument aucun plagiat.

Shakespeare acheta ensuite les droits des pièces existantes de North et les adapta à la scène publique, et le degré d'adaptation qu'il appliqua reste incertain, mais sans doute que de très importants éléments survécurent sans être modifiés. Ainsi, toutes ces grandes pièces de Shakespeare pourraient être considérées comme un travail collaboratif entre Shakespeare et North, peut-être même une collaboration extrêmement unilatérale.

Au sein du même post Substack, McCarthy intègre une bande dessinée amusante suggérant la manière dont les faits longtemps acceptés et considérés comme bénins par les chercheurs sur Shakespeare peuvent soudainement se transformer en faits hautement controversés :




McCarthy s'étale sur une grande partie de la suite du même chapitre à répondre à certaines questions soulevées par cette hypothèse extraordinaire.

Par exemple, la raison pour laquelle North ne publia pas ses propres pièces fut que durant ses premières années d'écriture, presque personne ne publiait jamais de pièce, et seule une petite fraction des pièces produites durant cette période fut jamais imprimée. En outre, les pièces de North n'auraient sans doute pas pu être produites dans un théâtre public, car ces établissements ne commencèrent à exister que durant la fin de la carrière de North, si bien qu'il y aurait eu beaucoup moins d'intérêt populaire envers ces travaux. De fait, McCarthy indique qu'un grand nombre des pièces les plus importantes de Shakespeare ont bien failli se perdre pour des raisons similaires :

CiterChose importante, Shakespeare non plus ne publia pas la majorité de ses pièces. Et n'eût été la publication fortuite d'une collection de ses travaux sept ans après sa mort — le premier Folio — on aurait perdu Antoine et Cléopâtre, Macbeth, La Douzième Nuit, le conte d'hiver, Jules César, La Tempête, Comme vous préférez et de nombreuses autres pièces. De fait, nous n'aurions même jamais rien su de la simple existence de ces pièces.

Dans une annexe, McCarthy confirme que North était connu comme dramaturge, et il a même réussi à dénicher un reçu de paiement en date de 1580 pour l'une des pièces écrites par North, produite alors que Shakespeare n'était encore qu'adolescent. Ainsi, North reçoit argent et crédit pour ses pièces au moment où il les écrit, mais ces historiques ne survivent pas, et ni Shakespeare ni personne d'autre n'a noté les paiements versés pour les pièces utilisées comme source qu'il acheta bien plus tard pour les adapter.

Se pose également la question évidente de savoir pourquoi Shakespeare n'a pas adapté et gagné en renommé sur la base de pièces produites par d'autres auteurs. La réponse de McCarthy est qu'il l'a certainement fait :

CiterBien que ce fait reste peu connu, d'autres pièces comme Locrine, Une Tragédie du Yorkshire, Le Prodige Londonien ou Sir John Oldcastle furent toutes publiées sous le nom de Shakespeare ou avec ses initiales sur les pages de titre... On a continué d'attribuer ces pièces à Shakespeare durant plus d'un siècle, et elles ont mêmes fait l'objet d'une parution dans la collection la plus officielle des pièces de Shakespeare, publiée durant la seconde moitié du XVIIème siècle... Il n'existe aucune trace durant cette période de quiconque remettant en question leur paternité. Depuis lors, les universitaires et éditeurs ont déterminés que ces pièces étaient tellement inférieures, ou présentaient un style tellement différent qu'elles ont été retirées du canon de Shakespeare. Ils ont pour théorie que le nom de Shakespeare aurait été apposé sur les pages de titres par des éditeurs corrompus... En réalité, ces pièces sont elles aussi des adaptations réalisées par Shakespeare. Et la seule raison pour laquelle elles semblent aussi peu shakespeariennes est qu'elles ne furent pas au départ écrites par North.

McCarthy consacre une grande partie d'un autre chapitre à la pièce Arden de Faversham dont le récit est celui d'un meurtre qui s'est réellement produit en Angleterre à l'époque. Cette pièce n'est en général pas considérée comme appartenant au canon shakespearien, mais de nombreux universitaires pensent qu'elle devrait être créditée à Shakespeare pour de simples raisons de qualité et de style.

Pourtant, Alice Arden, l'infâme protagoniste qui partage de nombreux traits avec l'imaginaire Lady Macbeth, était en réalité la demi-sœur de North, et sa paternité probable renforce donc fortement la preuve de la nature très shakespearienne du drame qu'il a écrit. Ici encore, cette pièce partage plus de 100 lignes et passages avec certains autres travaux de North. McCarthy pense qu'il peut s'agir du tout premier drame écrit par North, écrit pour la première fois alors que l'auteur était encore âgé d'une vingtaine d'années, et dont il recyclera certains des phrasés dans Macbeth.

Une des sections du livre de McCarthy est consacrée à ce qu'il appelle les preuves « de flagrant délit » de son hypothèse, à savoir le fait que certaines des pièces de Shakespeare pratiques de lourds emprunts au Journal de Voyage jamais publié de North, ainsi que de l'une des traductions de North avant que celle-ci ait jamais été publiée. Il est très peu probable que Shakespeare lui-même ait eu accès à ces sources, si bien qu'il ne peut pas avoir été l'auteur originel de ces pièces. McCarthy consacre également une portion de son long post Substack à décrire ce même élément très probant, et y a même apposé un résumé en vidéo.

McCarthy n'évoque que brièvement le débat existant de longue date sur la paternité des œuvres de Shakespeare, et il affirme de manière raisonnable que sa propre hypothèse entre dans une catégorie totalement différente.

Il note que les partisans du comte d'Oxford ou de tout autre candidat proposé auront passé des dizaines d'années à rechercher en vain la moindre preuve textuelle soutenant leurs théories, des mots ou des phrases correspondant à ceux du corpus de Shakespeare. Mais sans même rechercher ce type d'élément, il a lui-même trouvé des milliers de correspondances étroites de ce type entre les pièces de Shakespeare et les travaux de North.

Qui plus est, North était un érudit parlant plusieurs langues, et qui avait beaucoup voyagé, qui présentait exactement le type de profil que l'on attendrait de la part de l'auteur des pièces de Shakespeare. McCarthy avance également des arguments plausibles, selon lesquels ces pièces furent probablement inspirées et écrites durant différentes phases de la vie de North, certains de leurs éléments les plus notables correspondant aux expériences personnelles vécues par ce dernier.

Que son approche fût ou non intentionnelle, il m'apparaît que McCarthy a cadré de manière très avisée son hypothèse révolutionnaire. Il était notoire que les universitaires dominants s'intéressant à Shakespeare répugnaient à accepter le moindre défi quant à l'identité de leur sujet. Mais en soulignant l'énorme part d'emprunts pratiqués par Shakespeare dans l'œuvre de North, McCarthy les contraint à soit reconnaître que leur grand dramaturge fut le pire plagiaire de l'histoire de l'humanité, soit que ses pièces furent en réalité écrites par North. Cela les a confrontés à un terrible dilemme, la deuxième possibilité constituant de fait le choix le moins terrible des deux.

McCarthy s'abstient également avec sagesse de même donner le moindre indice sur l'idée que Shakespeare pût être quelqu'un d'autre que M. Shakspere de Stratford. Le chercheur était déjà confronté à des difficultés énormes à faire accepter sa théorie remarquable par les universitaires dominants les études sur Shakespeare, et il avait besoin de tout sauf de déclencher leur antipathie de longue date envers cette question déjà existante de la paternité de ses œuvres. Il leur laisse même un ou deux os à ronger en suggérant que le rôle de North a éliminé l'argument existant selon lequel l'absence de formation formelle de Shakespeare ou le fait que celui-ci n'ait jamais voyagé à l'étranger désignerait le comte d'Oxford comme auteur probable.

Mais mon ressenti penche plutôt vers l'idée que l'hypothèse Thomas North de McCarthy coïncide très bien avec la théorie existante du comte d'Oxford. De fait, elle résout les problèmes que j'avais conservés à l'esprit en pensant à celle-ci.

Selon le cadre traditionnel de Shakespeare, l'auteur continua de travailler comme acteur alors même qu'il écrivait chaque année deux ou trois de ses excellentes pièces, et de nombreux observateurs sceptiques ont soulevé le fait que cela représentait un agenda de travail vraiment difficile.

Mais si Oxford fut bien le véritable auteur, le problème empirait encore davantage. En tant qu'aristocrate de premier plan de l'Angleterre élisabéthaine, Édouard de Vere était lourdement impliqué dans un grand nombre d'intrigues de cour de l'époque, parfois dangereuses, et je me demandais comment il aurait pu trouver le temps à la fois d'écrire un aussi grand nombre de longues pièces de théâtre. En tant qu'héritier — puis dilapideur — de l'une des plus grandes fortunes d'Angleterre, il était certainement confronté à de nombreuses autre distractions quotidiennes et son histoire personnelle ne suggère guère que sa personnalité fût propice à écrire d'arrache-pied, année après année. Mais s'il se contenta d'adapter légèrement des pièces déjà écrites des années plus tôt par North, en comprend beaucoup mieux la possibilité de sa remarquable productivité.

Il me semblait que les éléments les plus puissants identifiant Shakespeare avec le comte d'Oxford provenaient de ses sonnets, et il semblait plausible que le comte ait bien écrit tous ces poèmes, sans la moindre implication de North ou de quiconque. La plupart de ces poèmes ne comportent qu'une centaine de mots, si bien que le texte de l'ensemble des 154 sonnets est plus court que l'une ou l'autre des nombreuses pièces de Shakespeare prise individuellement, sans compter qu'écrire un sonnet ne demande pas de définir une intrigue complexe, de dépeindre les traits de personnages, ou de réfléchir à une mise en scène. Même un aristocrate bien occupé comme le comte d'Oxford aurait pu trouver le temps d'écrire ces sonnets, surtout au vu du fait qu'ils apparaissent comme intensément personnels.

Autre point que soulignent souvent ceux qui remettent en question le narratif orthodoxe sur Shakespeare est que les critiques contemporains laissaient entendre que le grand dramaturge s'était injustement attribué les mérites d'un travail qui n'était pas le sien. Mais si chacun savait que « Shakespeare » constituait un nom de plume utilisé par le comte d'Oxford ou par quelqu'un d'autre, cela semblait n'avoir aucun sens. Aurait-on accusé « Mark Twain » de s'attribuer à tort les mérites d'un ouvrage réellement écrit par Samuel Clemens ? Quoi qu'il en soit, si la plupart, ou presque tout le texte des pièces populaires fut produit de nombreuses années plus tôt par North, et qu'une personne opérant sous le nom de plume de « Shakespeare » s'était à sa place identifiée à ces œuvres en en revendiquant la paternité, ces critiques deviennent nettement plus compréhensibles.

Durant plus de deux siècles, toutes les discussions passées sur la question de la paternité des œuvres de Shakespeare impliquèrent au maximum deux personnages principaux. Mais je pense qu'en fait, il y en avait donc trois.

Il y eut Sir Thomas North, que l'histoire a largement oublié, mais qui est l'homme qui écrivit la plupart, ou presque tous les textes de ces excellentes pièces. Il y eut le personnage dissimulé derrière le nom de plume de « Shakespeare », sans doute Édouard de Vere, comte d'Oxford, qui acheta les droits d'utilisation publique des pièces, et qui les adapta ou les modifia peut-être pour ce faire.

Et il y eut le prospère homme d'affaires, M. Shakspere de Stratford-upon-Avon, dont le seul véritable rôle dans cette histoire est d'avoir été par erreur confondu durant plusieurs siècles avec le génie central de la littérature anglaise, et le plus grand dramaturge de l'histoire.

Ron Unz

Traduit par José Martí, relu par Hervé pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/la-pravda-americaine-qui-a-ecrit-les-pieces-de-shakespeare
#99
Technologie et travail / L’interdiction chinoise d’expo...
Last post by JacquesL - 13 Avril 2025, 07:27:30 PM
L'interdiction chinoise d'exporter des métaux rares pourrait paralyser le complexe militaro-industriel américain



par Dissident.one

Pékin contre-attaque face aux droits de douane de Trump en limitant l'exportation d'éléments cruciaux – avec des conséquences douloureuses pour les États-Unis.

En réponse directe aux nouvelles mesures tarifaires de Trump, la Chine a désormais réagi en imposant ses propres sanctions. Celles-ci pourraient s'avérer extrêmement douloureuses pour les États-Unis. La République populaire impose des restrictions à l'exportation de matières premières stratégiquement importantes, essentielles pour de nombreuses applications high-tech et de défense, rapporte Sputnik.
«Les sanctions de la Chine contre Lockheed Martin et Raytheon – et maintenant aussi les restrictions sur les terres rares et les technologies à double usage – perturbent les chaînes d'approvisionnement dont les États-Unis dépendent fortement», explique Angelo Giuliano, analyste financier à Hong Kong.

Ces mesures entraîneront probablement une hausse significative des coûts de production dans l'industrie de la défense américaine. Elles provoqueront également des retards dans la production d'équipements avancés, notamment des systèmes dépendant des terres rares, tels que les avions et les missiles. «Les États-Unis ne sont tout simplement pas préparés à perdre la Chine comme partenaire commercial dans ce secteur», avertit Giuliano.

Michael Maloof, un ancien analyste en matières de sécurité auprès du ministère de la Défense américain, s'attend également à des effets notables : bien que cette étape cause à court terme une «perturbation temporaire», les États-Unis essaieront à moyen terme de développer de nouvelles sources de terres rares – par exemple en Amérique latine, en Ukraine ou même en Russie. En même temps, le financement intérieur devra également être élargi. «Mais cela prendra du temps. Ce ne sera pas fait du jour au lendemain», souligne Maloof.

Quelles ressources sont en jeu ?

Les produits contenant certains minéraux stratégiques ne pourront désormais être exportés qu'avec une autorisation spéciale d'exportation du ministère chinois du Commerce. Pour cette autorisation, il est également nécessaire de fournir des informations sur l'utilisation finale des matières premières. Voici, en bref, les éléments concernés :

Scandium : un additif stratégique dans les alliages d'aluminium. «Les restrictions toucheront surtout l'aviation et la technologie des missiles», déclare Ruslan Dimukhamedov, expert en terres rares. Le scandium est indispensable «là où une extrême résistance et un faible poids sont requis – quel qu'en soit le coût».

Dysprosium : Indispensable pour les aimants en néodyme, qui grâce au dysprosium sont mieux résistants aux températures et ne se démagnétisent pas, même à forte chaleur. Selon Dimukhamedov, président de l'association russe des producteurs et consommateurs de métaux rares et de terres rares, le dysprosium est essentiel pour les applications hautes performances.

Samarium : Utilisé pour les aimants samarium-cobalt – encore plus résistants à la chaleur que les variantes néodyme. Ces aimants sont utilisés dans l'industrie pétrolière et pour des applications de défense, par exemple dans les missiles ou les moteurs électriques pour l'aéronautique et l'espace.

Gadolinium : Joue un rôle clé dans la technologie nucléaire civile. En tant qu'«additif combustible» dans le combustible des réacteurs, le gadolinium améliore à la fois la durée de vie de l'uranium et sa combustion complète dans le réacteur nucléaire.

Terbium : Un élément essentiel pour les phosphores, comme les phares, les matrices LED, les écrans, les moniteurs et les smartphones.

Yttrium : Utilisé pour des céramiques très spécialisées dans le domaine de l'aéronautique et de l'espace. Parmi les exemples, on trouve des céramiques à base de zirconium stabilisées par de l'yttrium ou des matériaux réfractaires pour les moteurs et les boucliers thermiques des vaisseaux spatiaux.

Lutécium : Un élément chimique hautement spécialisé utilisé dans des systèmes laser modernes.

Source : Dissident.one via Euro-Synergies

https://reseauinternational.net/linterdiction-chinoise-dexporter-des-metaux-rares-pourrait-paralyser-le-complexe-militaro-industriel-americain/
#100
Afrique / Le Soudan en flammes : deux an...
Last post by JacquesL - 13 Avril 2025, 06:53:18 PM
Le Soudan en flammes : deux ans de guerre qui ont détruit le pays



par Viktor Mikhin

Ce mois-ci marque le deuxième anniversaire du début de la guerre civile au Soudan.

Le conflit, qui a éclaté en avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR), s'est transformé en l'une des plus graves crises humanitaires contemporaines. La guerre n'a pas seulement fait des milliers de victimes, mais elle a aussi détruit l'économie, les infrastructures et le système de santé du pays. Des millions de personnes ont été déplacées, et la menace de la famine plane sur des régions entières. Malgré quelques tentatives de la communauté internationale pour mettre fin aux violences, un cessez-le-feu reste hors de portée. Pourquoi la guerre continue-t-elle ? Quelles en sont les conséquences ? Et y a-t-il un espoir de paix ?

Un pays dévasté : des infrastructures en ruines

Ce qui a commencé comme une lutte pour le pouvoir entre l'armée soudanaise (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR) est devenu l'une des pires crises humanitaires de l'histoire récente. La guerre a laissé le Soudan en ruines, détruisant ses infrastructures, son économie et son système de santé, tout en infligeant d'immenses souffrances à la population. Des millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers, la famine menace, et les pays voisins peinent à faire face à l'afflux de réfugiés.

La guerre a réduit les infrastructures soudanaises à l'état de ruines, laissant derrière elle un pays à peine fonctionnel. À Khartoum, Omdurman et d'autres grandes villes, les services essentiels comme l'eau, l'électricité et les télécommunications sont gravement perturbés. Les écoles et universités ont été détruites ou transformées en postes militaires improvisés, privant toute une génération d'enfants soudanais d'éducation. Les routes et les ponts ont été bombardés ou bloqués, isolant des communautés entières. Le système bancaire s'est effondré, et de nombreuses entreprises ont fermé ou délocalisé leurs activités à l'étranger.

Sur le plan économique, le Soudan est en chute libre. La destruction des secteurs clés, notamment l'agriculture et l'industrie, a laissé des millions de personnes sans moyens de subsistance. Les agriculteurs ont dû abandonner leurs terres à cause des violences, aggravant encore la pénurie alimentaire. L'inflation a grimpé en flèche, rendant même les produits de première nécessité inaccessibles.

Selon l'ONU, plus de 60% des Soudanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté, et aucun plan clair de relance économique n'existe tant que la guerre persiste. L'effondrement de l'économie soudanaise n'est pas seulement un problème national : il menace directement la stabilité régionale, car le désespoir économique engendre souvent violence, criminalité et instabilité.

Un système de santé à l'agonie

Le système de santé soudanais, déjà fragile avant la guerre, est aujourd'hui au bord de l'effondrement. Les hôpitaux et centres médicaux ont été bombardés, pillés ou transformés en bases militaires. Rien qu'à Khartoum, près de la moitié des hôpitaux ont été endommagés, privant des millions de personnes de soins urgents. Les réserves de médicaments s'épuisent, et les médecins doivent opérer sans anesthésie ni stérilisation adéquate. Le manque de traitements a entraîné une hausse des décès évitables, surtout chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées.

Des maladies comme le choléra, la malaria et la dengue se propagent rapidement en raison des mauvaises conditions sanitaires et de la destruction des réseaux d'eau potable. La malnutrition fait également des ravages : des millions d'enfants souffrent de la faim. Les organisations humanitaires ont maintes fois averti que, sans intervention immédiate, le Soudan pourrait connaître l'une des pires crises sanitaires du XXIe siècle. Pourtant, l'aide humanitaire peine à atteindre les populations en raison des violences persistantes et des restrictions bureaucratiques imposées par les belligérants.

Une crise humanitaire sans précédent

L'ampleur des souffrances au Soudan est stupéfiante. Plus de 26 millions de personnes ont un besoin urgent d'aide humanitaire, dont au moins 12 millions de déplacés internes. Des familles entières ont dû fuir leurs maisons, souvent avec pour seul bagage les vêtements qu'elles portaient. Beaucoup vivent dans des camps surpeuplés, sans accès à la nourriture, à l'eau potable ou aux soins médicaux. Le Programme alimentaire mondial a alerté : le Soudan est au bord de la famine, et des millions de personnes risquent de mourir de faim dans les mois à venir.

Les réfugiés et la menace régionale

La guerre au Soudan a également provoqué l'une des plus graves crises de réfugiés de ces dernières années. Près d'un million de Soudanais ont fui vers les pays voisins, dont le Tchad, le Soudan du Sud, l'Éthiopie, l'Égypte et la République centrafricaine. Ces États, déjà fragilisés par des difficultés économiques et des instabilités internes, peinent à gérer l'afflux de déplacés. Les camps de réfugiés sont surpeuplés, sous-financés et manquent de l'essentiel : nourriture, eau et soins médicaux.

Au Tchad, la crise des réfugiés exerce une pression énorme sur les ressources locales, créant des tensions. Sans un soutien international massif, cette situation pourrait déstabiliser toute la région, déclenchant de nouveaux conflits et déplacements.

Un conflit sans vainqueurs, seulement des perdants

La guerre au Soudan rappelle une fois de plus les conséquences dévastatrices des conflits civils. Il n'y a pas de vainqueurs – seulement des morts, des destructions et des souffrances. Les Soudanais, qui espéraient autrefois un avenir meilleur, sont désormais pris dans un cycle sans fin de violence et de désespoir. L'histoire montre que les guerres civiles débouchent rarement sur des solutions politiques durables. Elles laissent plutôt des blessures profondes, dont la guérison prendra des générations. Plus la guerre dure, plus il sera difficile de reconstruire le Soudan. La communauté internationale doit comprendre que la prolongation de ce conflit ne mènera qu'à davantage d'instabilité, de morts et de souffrances.

Que faire ? Les chemins vers la paix

La communauté mondiale ne peut rester passive. La première urgence est un cessez-le-feu pour stopper les violences et ouvrir des couloirs humanitaires. Il faut exercer une pression sur les deux parties pour qu'elles entament des négociations, avec un rôle clé joué par les puissances régionales et internationales.

Parallèlement, l'aide humanitaire doit être renforcée financièrement et logistiquement. L'ONU, l'Union africaine et les pays donateurs doivent veiller à ce que les promesses d'aide atteignent réellement les populations. Trop d'engagements n'ont pas été tenus, laissant des millions de personnes sans nourriture, eau ni soins. Plus l'aide tarde, plus les victimes seront nombreuses.
Pour une paix durable, la communauté internationale doit collaborer étroitement avec l'Union africaine et les voisins du Soudan. Avec un soutien adéquat, les initiatives de paix menées par des pays africains pourraient jeter les bases d'une stabilité à long terme. La Déclaration de Djeddah, qui servait auparavant de cadre aux négociations entre factions soudanaises, doit être relancée et élargie. La diplomatie doit primer sur les actions militaires.

L'urgence d'agir

Il est tragique de constater qu'au XXIe siècle, une guerre meurtrière ravage le Soudan, transformant en deux ans un pays autrefois prometteur en un champ de ruines. Des millions de personnes ont été déplacées, des milliers sont mortes, et une nation entière est au bord de l'effondrement. La souffrance du peuple soudanais ne peut plus être ignorée. La communauté internationale doit agir concrètement : obtenir un cessez-le-feu, garantir l'acheminement de l'aide et intensifier les efforts diplomatiques pour mettre fin à ce conflit brutal.

De nombreux experts s'accordent à dire que pour arrêter la guerre, il faut :

Un cessez-le-feu durable via une médiation internationale (ONU, Union africaine, Ligue arabe).
Un dialogue direct entre les autorités soudanaises et les FSR, éventuellement avec la société civile.
Une pression internationale forte, avec des sanctions contre les parties violant les trêves et un embargo sur les livraisons d'armes.
La lutte contre les ingérences étrangères, en limitant le rôle des mercenaires et en stoppant les soutiens extérieurs (armes, financements).
L'ouverture de couloirs humanitaires et l'acheminement de vivres et de médicaments, ainsi qu'un soutien accru aux réfugiés (plus de 8 millions de déplacés).
Un règlement politique inclusif, avec la restauration d'un gouvernement civil (avant la guerre, un conseil de transition était en place) et des négociations impliquant toutes les régions (Darfour, Kordofan du Sud, etc.).

La guerre ne pourra être stoppée que par une combinaison de pression internationale, de négociations et d'une réelle volonté de paix des belligérants. Pour l'instant, ni les FAS ni les FSR ne sont prêts à faire des compromis, mais la catastrophe humanitaire pourrait finir par les forcer à négocier.

source : New Eastern Outlook

https://reseauinternational.net/le-soudan-en-flammes-deux-ans-de-guerre-qui-ont-detruit-le-pays/