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CiterPendant les décennies qui ont suivi l'assassinat de 1963, pratiquement aucun soupçon n'a jamais été dirigé contre Israël et, par conséquent, aucun des centaines ou milliers de livres publiés au cours des années 1960, 1970 et 1980 dont le sujet portait sur les complots d'assassinats n'a jamais laissé entendre que le Mossad ait pu jouer un rôle quelconque, alors que presque tous les autres coupables possibles, du Vatican aux Illuminati, aient fait l'objet d'un examen minutieux. Plus de 80 % des juifs avaient voté pour Kennedy lors de son élection de 1960, des juifs américains figuraient en bonne place à la Maison-Blanche, et il était grandement encensé par des personnalités médiatiques, des célébrités et des intellectuels juifs, allant de New York à Hollywood en passant par l'Ivy League. De plus, des personnes d'origine juive comme Mark Lane et Edward Epstein figuraient parmi les premiers dénonciateurs d'un complot d'assassinat, leurs théories controversées étant défendues par des célébrités culturelles juives influentes comme Mort Sahl et Norman Mailer. Étant donné que l'administration Kennedy était largement perçue comme étant pro-Israël, il ne semblait y avoir aucun motif possible pour une quelconque implication du Mossad et des accusations bizarres et totalement non fondées d'une telle nature, dirigées contre l'État juif, n'étaient guère susceptibles de gagner beaucoup d'intérêt dans une industrie de l'édition massivement pro-Israël.
Cependant, au début des années 1990, des journalistes et des chercheurs très estimés ont commencé à exposer les circonstances entourant le développement de l'arsenal nucléaire israélien. Le livre de Seymour Hersh intitulé The Samson Option : Israel's Nuclear Arsenal and American Foreign Policy et publié en 1991, décrit les efforts extrêmes de l'administration Kennedy pour forcer Israël à autoriser des inspections internationales de son réacteur nucléaire prétendument non militaire à Dimona, et ainsi empêcher son utilisation dans la production d'armes nucléaires. Dangerous Liaisons : The Inside Story of the U.S.-Israeli Covert Relationship, d'Andrew et Leslie Cockburn paraissait la même année et couvrait un sujet similaire.
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Bien qu'entièrement caché à l'époque, ce conflit politique du début des années 1960 entre les gouvernements américain et israélien au sujet de la mise au point d'armes nucléaires représentait une priorité absolue de la politique étrangère de l'administration Kennedy, qui avait fait de la non-prolifération nucléaire l'une de ses principales initiatives internationales. Il est à noter que John McCone, le directeur de la CIA choisi par Kennedy, avait déjà siégé à la Commission de l'énergie atomique sous Eisenhower, et fut la personne qui a divulgué le fait qu'Israël construisait un réacteur nucléaire pour produire du plutonium.
Les pressions et les menaces financières secrètement appliquées contre Israël par l'administration Kennedy sont finalement devenues si sévères qu'elles ont conduit à la démission du Premier ministre fondateur d'Israël, David Ben Gourion, en juin 1963. Mais tous ces efforts ont été presque entièrement interrompus ou inversés une fois que Kennedy a été remplacé par Johnson en novembre de la même année. Piper note que le livre de Stephen Green, publié en 1984, Taking Sides : America's Secret Relations With a Militant Israel, montrait déjà que la politique américaine au Moyen-Orient s'était complètement inversée à la suite de l'assassinat de Kennedy, mais cette importante découverte avait attiré peu d'attention à l'époque.
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Les sceptiques de la théorie d'une base institutionnelle derrière l'assassinat de JFK ont souvent noté l'extrême continuité dans les politiques étrangères et nationales entre les administrations Kennedy et Johnson, arguant que cela jette un doute sérieux sur un tel possible motif. Bien que cette analyse semble largement correcte, le comportement de l'Amérique à l'égard d'Israël et de son programme d'armes nucléaires constitue une exception très notable à cette continuité.
Les efforts de l'administration Kennedy pour restreindre fortement les activités des lobbies politiques pro-israéliens pouvaient être un autre sujet de préoccupation majeur pour les responsables israéliens. Au cours de sa campagne présidentielle de 1960, Kennedy avait rencontré à New York un groupe de riches défenseurs d'Israël, dirigé par le financier Abraham Feinberg, et ils avaient offert un énorme soutien financier en échange d'une influence déterminante sur la politique du Moyen-Orient. Kennedy est parvenu à leur donner de vagues assurances, mais il a jugé l'incident si troublant que le lendemain matin, il a contacté le journaliste Charles Bartlett, l'un de ses amis les plus proches, et a exprimé son indignation devant le fait que la politique étrangère américaine puisse tomber sous le contrôle des partisans d'une puissance étrangère, promettant que s'il devenait président, il rectifierait cette situation. Et en effet, une fois qu'il a installé son frère Robert comme procureur général, ce dernier a entamé un effort légal majeur pour forcer les groupes pro-israéliens à s'enregistrer comme agents étrangers, ce qui aurait considérablement réduit leur pouvoir et leur influence. Mais après la mort de JFK, ce projet a été rapidement abandonné et, dans le cadre du règlement, le principal lobby pro-israélien a simplement accepté de se reconstituer sous le nom d'AIPAC.
CiterLe développement qui est peut-être le plus significatif pour le programme d'armes nucléaires israélien s'est cependant produit le 22 novembre, dans un avion qui volait entre Dallas et Washington D.C., au moment où Lyndon Baines Johnson a prêté serment comme 36ème président des États-Unis, après l'assassinat de John F. Kennedy.
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Le livre Final Judgment, a fait l'objet d'un certain nombre de réimpressions après sa parution initiale en 1994 et, à la sixième édition parue en 2004, il comptait plus de 650 pages, y compris de nombreuses longues annexes et plus de 1100 notes de bas de page, la grande majorité d'entre elles faisant référence à des sources entièrement publiques. Le corps du texte est librement utilisable, reflétant le boycott total par tous les éditeurs, grand public ou alternatifs, j'ai pourtant trouvé le contenu lui-même remarquable et généralement assez convaincant. Malgré la censure totale par tous les médias, le livre s'est vendu à plus de 40 000 exemplaires au fil des ans, ce qui en fait un best-seller clandestin et l'a sûrement porté à l'attention de tous les membres de la communauté de recherche sur l'assassinat de JFK, bien qu'apparemment presque aucun d'entre eux n'ait voulu en mentionner l'existence. Je soupçonne ces autres écrivains de s'être rendu compte que même une simple reconnaissance de l'existence du livre, ne serait-ce que pour le ridiculiser ou le rejeter, pourrait s'avérer fatale pour leur carrière dans les médias et l'édition. Piper lui-même est mort en 2015, à l'âge de 54 ans, souffrant de problèmes de santé et d'alcoolisme souvent associés à une pauvreté sinistre, et d'autres journalistes ont peut-être hésité à s'engager vers cette triste fin.
Comme exemple de cette situation étrange, la bibliographie du livre de Talbot contient près de 140 entrées, certaines plutôt obscures, mais ne fait aucune référence à Final Judgment, et son index très complet n'inclut aucune entrée pour Juifs ou Israël. En effet, à un moment donné, il caractérise très délicatement les cadres supérieurs entièrement juifs du sénateur Robert Kennedy en déclarant qu'il n'y avait pas un seul catholique parmi eux. La suite du livre publiée en 2015 est également circonspecte, et bien que l'index contienne de nombreuses entrées concernant les juifs, toutes ces références concernent la Seconde Guerre mondiale et les nazis, y compris sa discussion sur les liens nazis présumés d'Allen Dulles, sa principale bête noire. Le livre de Stone, tout en condamnant sans crainte le président Lyndon Johnson pour l'assassinat de JFK, exclut étrangement Juifs et Israël du long index et du jugement final de la bibliographie, et le livre de Douglass suit le même schéma.
De plus, les inquiétudes extrêmes que l'hypothèse de Piper semble avoir suscitées chez les chercheurs s'intéressant à JFK peuvent expliquer une anomalie étrange. Bien que Mark Lane fût lui-même d'origine juive et de gauche, après sa victoire pour Liberty Lobby dans le procès pour diffamation de Hunt, il a passé de nombreuses années associé à cette organisation et est apparemment devenu très ami avec Piper, l'un de ses principaux écrivains. D'après Piper, Lane lui a dit que Final Judgment avait constitué un « solide dossier » concernant le rôle majeur du Mossad dans l'assassinat, et qu'il considérait cette théorie comme pleinement complémentaire à sa propre focalisation sur l'implication de la CIA. Je soupçonne que les préoccupations au sujet de ces associations peuvent expliquer pourquoi Lane a été presque complètement éliminé des livres de Douglass et Talbot, et discuté dans le deuxième livre de Talbot seulement quand son travail était absolument essentiel à la propre analyse de ce dernier. En revanche, les rédacteurs du New York Times ont peu de chance d'être aussi intéressés par les aspects moins connus de la recherche sur l'assassinat de JFK et, ignorant cette controverse cachée, ils ont offert à Lane la longue et brillante notice nécrologique que sa carrière justifiait pleinement.
Lorsqu'on évalue les suspects possibles d'un crime donné, il est souvent utile de tenir compte de leur comportement passé. Comme nous l'avons vu plus haut, je ne vois pas d'exemple historique où le crime organisé ait monté une tentative d'assassinat contre une personnalité politique américaine, même modérément en vue sur la scène nationale. Et malgré quelques soupçons ici et là, il en va de même pour la CIA.
Par contre, le Mossad israélien et les groupes sionistes qui ont précédé la création de l'État juif semblent avoir un très long historique d'assassinats, y compris ceux de personnalités politiques de haut rang qui pourraient normalement être considérés comme intouchables. Lord Moyne, le ministre d'État britannique pour le Moyen-Orient, a été assassiné en 1944 et le comte Folke Bernadotte, le négociateur de paix de l'ONU envoyé pour aider à résoudre la première guerre israélo-arabe, a subi le même sort en septembre 1948. Même un président américain n'était pas totalement à l'abri de tels risques, et Piper note que les mémoires de Margaret, la fille de Harry Truman, révèlent que des militants sionistes avaient tenté d'assassiner son père à l'aide d'une lettre contenant des produits chimiques toxiques en 1947, car ils estimaient qu'il traînait les talons pour soutenir Israël, bien que cette tentative ratée n'ait jamais été rendue publique. La faction sioniste responsable de tous ces incidents a été dirigée par Yitzhak Shamir, qui est devenu plus tard chef du Mossad et directeur de son programme d'assassinat dans les années 1960, avant de devenir Premier ministre d'Israël en 1986.
Si les révélations faites dans le best-seller publié en 1990 par un transfuge du Mossad, Victor Ostrovsky, sont exactes, Israël a même considéré l'assassinat du président George H.W. Bush, en 1992, pour ses menaces de couper l'aide financière à Israël à cause d'un conflit sur les politiques de colonisation de la Cisjordanie, et l'on m'a dit que l'administration Bush a pris ces rapports très ausérieux. Et bien que je ne l'aie pas encore lu, le récent livre Rise and Kill First: The Secret History of Israel's Targeted Assassinations du journaliste Ronen Bergman suggère qu'aucun autre pays au monde n'a utilisé aussi régulièrement l'assassinat comme outil standard de politique étatique.
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Il y a d'autres éléments notables qui tendent à appuyer l'hypothèse de Piper. Une fois que nous avons accepté l'existence d'un complot pour l'assassinat de JFK, le seul individu dont on est certain qu'il ait participé fut Jack Ruby, et ses liens avec le crime organisé étaient presque entièrement liés à l'énorme mais rarement mentionnée aile juive de cette entreprise, présidée par Meyer Lansky, un fervent partisan d'Israël. Ruby lui-même avait des liens particulièrement forts avec le lieutenant de Lansky, Mickey Cohen, qui dominait le monde souterrain de Los Angeles et avait été personnellement impliqué dans la vente d'armes à Israël avant la guerre de 1948. En effet, selon le rabbin de Dallas, Hillel Silverman, Ruby avait justifié en privé son assassinat d'Oswald en disant « je l'ai fait pour le peuple juif ».
Il convient également de mentionner un aspect intrigant du film d'Oliver Stone, JFK. Arnon Milchan, le riche producteur hollywoodien qui a soutenu le projet, n'était pas seulement un citoyen israélien, mais aurait également joué un rôle central dans l'énorme projet d'espionnage visant à détourner la technologie et les matières américaines vers le projet d'armes nucléaires d'Israël, justement l'initiative que l'administration Kennedy voulait tant bloquer. Milchan a même parfois été décrit comme « le James Bond israélien ». Et bien que le film dure trois heures, Stone a scrupuleusement évité de présenter les détails que Piper considérait comme des indices initiaux d'une dimension israélienne, semblant plutôt montrer du doigt le mouvement anticommuniste fanatique américain et la direction du complexe militaro-industriel datant de la guerre froide.
CiterÀ ce stade, si vous n'êtes pas pleinement convaincu du fait que le Mossad israélien est le principal coupable de l'assassinat de JFK, c'est ou bien qu'on vous fait chanter, que vous êtes complètement stupide, qu'on vous paye pour ne pas le croire, et/ou que vous êtes juif. pic.twitter.com/ZNwXepIdd6
— Machiavelli (@TheRISEofROD), le 21 mars 2025
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Le livre de Talbot m'a particulièrement impressionné, étant basé sur plus de cent cinquante interviews personnelles et publié par The Free Press, un éditeur très réputé. Bien qu'il ait appliqué un lustre hagiographique considérable aux Kennedy, son récit a été écrit de manière convaincante, avec de nombreuses scènes captivantes. Mais, bien qu'un tel emballage ait sûrement contribué à expliquer certains des traitements favorables de la critique et la réussite d'un best-seller national dans un domaine longuement défriché, pour moi l'emballage était beaucoup moins important que le produit lui-même.
Dans la mesure où les notions de conspiration sur JFK m'avaient déjà traversé l'esprit, j'avais considéré l'argument du silence (de son frère Robert) comme absolument concluant. En effet, s'il y avait eu le moindre doute sur la conclusion du « tireur isolé » entérinée par la Commission Warren, le procureur général Robert Kennedy aurait ouvert une enquête complète pour venger son frère assassiné.
Mais comme le démontre si bien Talbot, la réalité politique de la situation était entièrement différente. Robert Kennedy a peut-être commencé, après cette matinée fatale, à être considéré comme le deuxième homme le plus puissant du pays, mais après que son frère est mort et que son amer ennemi personnel, Lyndon Johnson, a été assermenté comme nouveau président, son autorité gouvernementale a presque immédiatement disparu. Le directeur de longue date du FBI, J.Edgar Hoover, qui avait été son subordonné hostile et qui devait probablement être révoqué pour le deuxième mandat de JFK, est immédiatement devenu méprisant et sourd à ses demandes. Ayant perdu tout contrôle sur les leviers du pouvoir, Robert Kennedy n'avait aucune possibilité de mener une enquête sérieuse.
Selon de nombreux entretiens personnels, il avait presque immédiatement conclu que son frère avait été frappé par un groupe organisé, y compris, très probablement, des éléments provenant du gouvernement américain lui-même, mais il ne pouvait rien faire. Comme il le confiait régulièrement à des proches, son espoir à l'âge de 38 ans était de parvenir à la Maison-Blanche lui-même à une date ultérieure, et une fois le pouvoir en main, découvrir les assassins de son frère et les traduire en justice. Mais jusque là, il ne pouvait rien faire, et toutes les accusations non fondées qu'il aurait faites seraient totalement désastreuses pour l'unité nationale et pour sa crédibilité personnelle. Ainsi, pendant des années, il fut contraint de hocher la tête et d'acquiescer publiquement à l'histoire officielle de l'assassinat inexplicable de son frère aux mains d'un cinglé isolé, un conte de fées publiquement approuvé par presque tout l'establishment politique, et cette situation le minait profondément. De plus, son acceptation apparente de cette histoire a souvent été interprétée par d'autres, notamment dans les médias, comme son soutien sans réserve à l'histoire officielle.
Bien que la découverte de la véritable opinion de Robert Kennedy ait été une révélation cruciale dans le livre de Talbot, il y en avait beaucoup d'autres. Au moins trois coups provenaient apparemment du fusil d'Oswald, mais Roy Kellerman, l'agent des services secrets dans le siège passager de la limousine de JFK, était sûr qu'il y en avait eu plus, et à la fin de sa vie croyait toujours qu'il y avait eu d'autres tireurs. Le gouverneur Connolly, assis à côté de JFK et grièvement blessé dans l'attaque, avait exactement la même opinion. Le directeur de la CIA, John McCone, était également convaincu qu'il y avait eu plusieurs tireurs. Dans les pages du livre de Talbot, j'ai appris que des douzaines de personnalités éminentes et bien informées exprimaient en privé un scepticisme extrême à l'égard de la « théorie du tireur isolé » de la Commission Warren, bien que de tels doutes aient rarement été exprimés en public ou sur les ondes.
Pour un nombre de raisons complexes, les principaux organes médiatiques nationaux – les hauts dirigeants de notre « Pravda américaine » – approuvèrent presque immédiatement la « théorie du tireur isolé » et, à quelques exceptions près, maintinrent cette position au cours du demi-siècle suivant. Avec quelques critiques éminents désireux de contester publiquement cette idée et avec une forte tendance des médias à ignorer ou à minimiser ces exceptions, des observateurs occasionnels comme moi-même avaient généralement reçu une vision très déformée de la situation.
Si les deux premières douzaines de pages du livre de Talbot ont complètement renversé ma compréhension de l'assassinat de JFK, j'ai trouvé la partie finale presque aussi choquante. Avec la guerre du Vietnam comme fardeau politique sur les épaules, le président Johnson décida de ne pas se représenter en 1968, ouvrant la porte à une entrée de dernière minute de Robert Kennedy dans la course aux primaires du parti Démocrate où il a surmonté des obstacles considérables pour remporter quelques primaires importantes. Puis, le 4 juin 1968, il a gagné la primaire en Californie, État dans lequel le vainqueur prend tout, le plaçant sur un chemin royal vers la nomination et la présidence elle-même, moment où il serait enfin en mesure d'enquêter sur l'assassinat de son frère. Mais quelques minutes après son discours de victoire, il a été abattu et mortellement blessé, prétendument par un autre homme armé, cette fois un immigrant palestinien désorienté nommé Sirhan Sirhan, soi-disant indigné par les positions publiques pro-israéliennes de Kennedy, même si celles-ci n'étaient pas différentes de celles des autres candidats politiques en Amérique.
Tout cela m'était bien connu. Cependant, je ne savais pas que les traces de poudre brûlée prouveraient plus tard que la balle fatale avait été tirée directement derrière la tête de Kennedy à une distance de 8 centimètres, ou moins, alors que Sirhan (le tireur), se tenait à plusieurs pieds devant lui. En outre, des témoignages oculaires et des preuves acoustiques indiquant qu'au moins douze balles avaient été tirées, bien que le revolver de Sirhan ne puisse en contenir que huit, et une combinaison de ces facteurs a conduit le médecin légiste expérimenté de Los Angeles, le Dr Naguchi, qui a conduit l'autopsie, à la conclusion, dans son mémoire de 1983, qu'il y avait probablement un deuxième tireur. Pendant ce temps, des témoins oculaires ont également rapporté avoir vu un garde de sécurité avec son arme au poing juste derrière Kennedy pendant l'attaque, et cette personne avait une profonde haine politique pour les Kennedy. Les enquêteurs de la police ne semblèrent pas intéressés par ces éléments hautement suspects, dont aucun n'a été révélé pendant le procès. Avec la mort des deux frères Kennedy, aucun des membres survivants de la famille, ni la plupart de leurs alliés et fidèles ne désiraient enquêter sur les détails de ce dernier assassinat et, dans un certain nombre de cas, ils quittèrent rapidement le pays. La veuve de JFK, Jackie, a confié à ses amis qu'elle était terrifiée pour la vie de ses enfants, et a rapidement épousé Aristote Onassis, un milliardaire grec qu'elle croyait capable de les protéger.
Talbot consacre également un chapitre sur les efforts poursuivis à la fin des années 1960 par le procureur de New Orleans, Jim Garrison, qui ont nourri l'intrigue centrale du film JFK. J'ai été stupéfait de découvrir que le scénario était presque entièrement basé sur des événements de la vie réelle plutôt que sur des fantaisies hollywoodiennes. Cela c'est même étendu au casting bizarre des suspects de la conspiration d'assassinat, la plupart du temps des fanatiques anti-communistes haïssant Kennedy, ayant des liens avec la CIA et le crime organisé, dont certains étaient en effet des membres éminents du demi-monde gay de New Orleans. Parfois, la vie réelle est bien plus étrange que la fiction.
Dans l'ensemble, j'ai trouvé le récit de Talbot assez convaincant, au moins pour démontrer l'existence d'une conspiration substantielle derrière l'événement fatal.
D'autres ont certainement eu la même réaction, avec les pages augustes de la Sunday Book Review dans le New York Times endossant la réaction fortement favorable (à la thèse de la conspiration) de l'historien présidentiel Alan Brinkley. En tant que professeur d'histoire d'Allan Nevins et doyen de l'université de Columbia, Brinkley est un chercheur académique aussi reconnu que respectable et il a vu en Talbot
« le dernier des nombreux critiques intelligents qui ont entrepris de démolir la crédibilité chancelante de la Commission Warren, et d'attirer l'attention sur les preuves d'une vaste et terrible conspiration derrière l'assassinat de John Kennedy – et peut-être aussi sur le meurtre de Robert Kennedy ».
CiterAu fil des années, l'assassinat de Robert Kennedy de 1968 n'a guère attiré qu'une fraction du nombre de livres consacrés au meurtre précédent de son frère aîné à Dallas, et le texte produit par Talbot ne consacre que quelques pages à représenter les éléments puissants indiquant que le tireur condamné ne fut guère qu'un dupe innocent, manipulé par les véritables conspirateurs. Mais en 2018, deux livres supplémentaires ont fait apparition, qui étaient totalement consacrés à cette affaire.
Un Mensonge Trop Gros pour Échouer, par Lisa Pease, journaliste d'expérience et enquêtrice sur des conspirations, s'étend sur 500 pages et couvre dans le moindre détail les événements de cette fatale soirée californienne ; ce livre a reçu le soutien du producteur cinématographique Oliver Stone et de James W. Douglass, le renommé chercheur sur l'affaire JFK. Lorsque je l'ai lu, il y a quelques mois, j'ai trouvé utile l'énorme quantité d'éléments, mais il m'a semblé que cet ouvrage s'appuyait trop lourdement sur les souvenirs des témoins oculaires, qui peuvent facilement s'atténuer au fil des décennies...
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Dans le même temps, L'Assassinat de Robert F. Kennedy, écrit par Tim Tate et Brad Johnson, a été publié la même année, et ne souffre d'aucun de ces problèmes. Les deux chercheurs en conspirations avaient passé quelque 25 années à mener des recherches sur cette affaire, et bien que leur ouvrage ne s'étale que sur deux fois moins de pages que celui de Pease, il m'apparaît comme un traitement nettement plus efficace du sujet ; il comprend des témoignages oculaires, mais est principalement centré sur les éléments imparables physiques et de médecine légale, et évite toute ravageuse poussée d'hypothèses indues.
L'un des auteurs, alors qu'il travaillait pour CNN, avait obtenu au départ la bande d'enregistrement audio établissant le nombre de coups de feu qui avaient été tiré, ce qui constitue sans doute l'élément de preuves le plus puissant de l'affaire. Le livre analyse et évalue cet élément central avec des détails très précis, et se concentre également sur le coup de feu mortel, qui a été tiré à bout portant derrière la victime, alors que Sirhan, le tireur supposé, se tenait à une certaine distance devant lui. Mais du fait que l'éditeur ainsi que le principal auteur étaient tous deux britanniques, l'ouvrage semble avoir reçu aux États-Unis une attention très peu soutenue, et je ne l'ai découvert et lu qu'après que Kennedy l'a cité dans son billet publié dans le SF Chronicle.
Contrairement à de nombreux autres meurtres ou à de nombreux autres attentats terroristes aux États-Unis, la preuve puissante d'une conspiration dans le cas de l'assassinat de RFK était physique et apparemment irréfutable. Wikipédia est bien connue pour se montrer réticente à promouvoir des récits conspirationnistes, mais en cette instance, les faits frappants y sont présentés quasiment sans remise en question.
La preuve décisive provenant de l'enregistrement audio a été divulguée en 2004, mais j'ai eu la surprise de découvrir que tous les autres éléments importants, y compris le vaste nombre de trous de balles inexpliqués, étaient déjà connus et rapportés depuis des décennies.
Allard K. Lowenstein, ancien représentant au Congrès, s'était lourdement impliqué dans la campagne qui précéda les élections de 1968, et avait joué un rôle majeur dans la tentative de destitution du président sortant, Lyndon Johnson. En 1977, il publia un long article de première page dans l'influent Saturday Review, exposant les preuves écrasantes du fait qu'un second tireur avait été impliqué dans l'opération, et mon système d'archive des contenus produit un exemplaire PDF de cet article. Ainsi, presque tous les faits centraux de l'affaire sont connus depuis 45 ans, mais, malhonnêteté ou couardise, ils sont restés quasiment toujours ignorés par nos médias étasuniens.
Trois années après la révélation publique de ces informations explosives, Lowenstein est mort, supposément par balle, à l'âge de 51 ans, du fait d'un tireur solitaire dérangé, un de ses anciens étudiants, mais on m'a informé que ses amis personnels ne crurent jamais en cette histoire.
CiterL'influent livre de David Talbot, Brothers, publié en 2007, a révélé que Robert F. Kennedy avait été convaincu presque dès le départ que son frère avait été frappé par une conspiration, mais qu'il avait tenu sa langue, affirmant à son cercle d'amis qu'il ne disposait que de peu de chances de traquer et punir les coupables tant qu'il n'aurait pas atteint lui-même la Maison-Blanche. En juin 1968, il semblait sur le point de parvenir à cet objectif, mais fut frappé par la balle d'un assassin quelques moments après avoir remporté l'importante primaire pour la présidentielle de l'État de Californie. L'hypothèse logique est que sa mort fut concoctée par les mêmes éléments que celle de son frère aîné, éléments qui agissaient désormais pour se protéger des conséquences de leur crime précédent.
Un jeune Palestinien répondant au nom de Sirhan Sirhan avait ouvert le feu avec un pistolet sur la scène du drame, et il fut rapidement arrêté et condamné pour le meurtre. Mais Talbot souligne que le rapport du médecin légiste a révélé que la balle fatale était provenue d'une direction totalement différente, et l'enregistrement acoustique démontre qu'un bien plus grand nombre de coups de feu ont été tirés que la capacité de l'arme détenue par le tueur supposé. Des éléments aussi solides démontrent l'existence d'une conspiration.
Sirhan semblait quant à lui étourdi et confus, et affirma par la suite n'avoir aucun souvenir des événements, et Talbot indique que divers enquêteurs sur cet assassinat ont longtemps avancé qu'il ne constituait guère qu'un pigeon bien pratique dans le complot, agissant peut-être suivant une hypnose ou un conditionnement. Presque tous ces auteurs sont en général réticents à noter que le choix d'un Palestinien comme bouc émissaire dans l'opération de meurtre indique une direction évidente, mais le récent ouvrage de Bergman intègre également une nouvelle révélation de la plus haute importance. Au moment précis où Sirhan se faisait neutraliser au sol dans la salle de bal de l'hôtel Ambassador de Los Angeles, un autre jeune Palestinien était en train de subir d'intensives séances de conditionnement hypnotique entre les mains du Mossad, en Israël, sa programmation étant en cours pour lui faire assassiner Yasser Arafat, dirigeant de l'OLP ; et bien que cette tentative finît par échouer, une telle coïncidence semble étirer les limites du plausible.
CiterDans une lettre de 1963 envoyée à Ben-Gurion, Kennedy émettait l'avertissement explicite selon lequel le support apporté par les États-Unis à Israël pourrait être remis en question si ce pays continuait d'essayer de se doter d'un arsenal nucléaire, et affirmait : « L'engagement du présent gouvernement à soutenir Israël pourrait être sérieusement remis en question si l'on pouvait être amené à penser que nous sommes dans l'incapacité d'obtenir des informations fiables sur un sujet aussi vital pour la paix que le domaine nucléaire. »
Kennedy relia également l'aide militaire étasunienne à la coopération d'Israël sur Dimona. Tout en approuvant certaines ventes d'armes (comme des missiles Hawk en 1962), il fut usage de celles-ci comme moyens de pression pour la transparence...
Au moment de l'assassinat de Kennedy, au mois de novembre 1963, Israël ne s'était pas ouvertement armée, mais son programme avançait de manière clandestine... La pression exercée par Kennedy a retardé les avancées d'Israël mais ne les a pas bloquées — Israël parvint sans doute à se doter de capacités nucléaires à la fin des années 1960, après sa mort. » (Grok)
CiterSi un mari ou une femme est retrouvé assassiné, sans suspect ou motif évident à portée de main, l'attitude normale de la police est d'enquêter soigneusement sur le conjoint survivant, et bien souvent cette suspicion s'avère correcte. De même, si vous lisez dans vos journaux que dans un obscur pays du Tiers Monde deux dirigeants farouchement hostiles, tous deux avec des noms imprononçables, partageaient le pouvoir politique suprême jusqu'à ce que l'un d'entre eux soit soudainement frappé dans un mystérieux assassinat par des conspirateurs inconnus, vos pensées prendraient certainement une direction évidente. Au début des années 1960, la plupart des Américains ne percevaient pas la politique de leur propre pays sous un tel jour, mais ils se trompaient peut-être. En tant que nouveau venu dans le monde énorme et souterrain de l'analyse du complot contre JFK, mon attention a immédiatement été retenue par l'évidente suspicion à l'égard du vice-président Lyndon B. Johnson (LBJ), le successeur immédiat du dirigeant assassiné et le plus évident bénéficiaire du crime.
Les deux livres de Talbot et celui de Douglass, totalisant quelque 1500 pages, ne consacrent que quelques paragraphes au soupçon d'implication de Johnson. Le premier livre de Talbot rapporte qu'immédiatement après l'assassinat, le vice-président avait exprimé une inquiétude frénétique à ses assistants personnels qu'un coup d'État militaire pourrait être en cours ou qu'une guerre mondiale pourrait éclater, et suggère que ces quelques mots occasionnels démontrent son innocence évidente, bien qu'un observateur plus cynique puisse se demander si ces remarques n'ont pas justement été prononcées dans cette intention. Le deuxième livre de Talbot cite un conspirateur de bas étage affirmant que Johnson avait personnellement organisé le complot et admet que Hunt pensait la même chose, mais traite de telles accusations avec un scepticisme considérable, avant d'ajouter une seule phrase reconnaissant que Johnson pourrait avoir été un partisan passif ou même un complice. Douglass et Peter Dale Scott, auteur de l'influent livre Deep Politics and the Death of JFK, publié en 1993, ne semblent même pas avoir envisagé cette possibilité.
Des considérations idéologiques sont probablement la raison principale de cette remarquable réticence. Bien que les libéraux aient fini par détester LBJ vers la fin des années 1960 à cause son escalade dans l'impopulaire guerre du Vietnam, au fil des décennies ces sentiments se sont estompés tandis que les doux souvenirs de son adoption de la législation historique sur les droits civils et de sa création des programmes dits de la « Grande Société » ont élevé sa stature dans ce camp idéologique. En outre, cette législation a longtemps été bloquée au Congrès et n'est devenue loi qu'à cause du raz-de-marée démocrate au Congrès en 1964, à la suite du martyre de JFK, et il pourrait être difficile pour les libéraux d'admettre que leurs rêves les plus chers n'ont été réalisés que grâce à un acte de parricide politique.
Kennedy et Johnson étaient peut-être des rivaux personnels intensément hostiles, mais il semble qu'il y ait eu peu de divergences idéologiques vraiment profondes entre les deux hommes, et la plupart des figures de proue du gouvernement de JFK ont continué à servir sous son successeur, une autre source d'énorme embarras pour tout libéral qui en serait venu à soupçonner que le premier ait été assassiné par une conspiration impliquant le second. Talbot, Douglass, et beaucoup d'autres partisans de gauche préfèrent pointer du doigt des méchants beaucoup plus dignes de l'être tels que des extrémistes, des combattants anticommunistes de la guerre froide et des éléments de droite, notamment les hauts responsables de la CIA, comme l'ancien directeur Allan Dulles.
Un facteur supplémentaire aidant à expliquer l'extrême réticence de Talbot, Douglass et d'autres à considérer Johnson comme un suspect évident peut être les réalités de l'industrie de l'édition de livres. Dans les années 2000, les différentes théories expliquant le complot contre JFK étaient devenues depuis longtemps sans intérêt et étaient traitées avec dédain dans les cercles dominants. La solide réputation de Talbot, ses 150 entrevues originales et la qualité de son manuscrit ont brisé cette barrière et ont attiré The Free Press, un éditeur très respectable, puis, par la suite, a engendré une critique fortement positive de la part d'un universitaire de premier plan dans le New York Times Sunday Book Review et un segment télévisé d'une heure diffusé sur C-Span Booknotes. Mais s'il avait consacré de l'espace à exprimer des soupçons disant que notre 35e président aurait été assassiné par notre 36e, le poids de cet élément supplémentaire de « théorie de conspiration scandaleuse » aurait certainement assuré que son livre ait coulé sans laisser de trace.
Cependant, si nous nous débarrassons de ces aveuglements idéologiques et des considérations pratiques de l'édition américaine, la preuve prima facie de l'implication de Johnson semble tout à fait convaincante.
Prenons un point très simple. Si un président est frappé par un groupe de conspirateurs inconnus, son successeur aurait normalement le plus grand intérêt à les retrouver, de peur qu'il ne devienne leur prochaine victime. Pourtant, Johnson n'a rien fait, à part nommer la Commission Warren qui a couvert toute l'affaire, accusé un « tireur solitaire » erratique, et mort, comme par hasard. Cela semble remarquablement étrange de la part d'un LBJ innocent. Cette conclusion ne dit pas que Johnson ait été le cerveau, ni même un participant actif, mais elle soulève le fort soupçon qu'il avait au moins une certaine connaissance de l'intrigue, et jouissait d'une bonne relation personnelle avec certains des maîtres d'œuvre.
Une conclusion similaire est étayée par une analyse inverse. Si le complot a réussi et Johnson est devenu président, les conspirateurs devaient sûrement avoir eu raisonnablement confiance dans le fait qu'ils seraient protégés plutôt que d'être traqués et punis comme traîtres par le nouveau président. Même un assassinat entièrement réussi comporterait d'énormes risques à moins que les organisateurs ne croient que Johnson ferait exactement ce qu'il a fait, et le seul moyen d'y parvenir serait de le sonder sur ce plan, au moins d'une manière vague, et d'obtenir son acquiescement passif.
Sur la base de ces considérations, il semble extrêmement difficile de croire qu'un complot d'assassinat contre JFK ait eu lieu sans que Johnson ne le sache à l'avance, ou qu'il n'ait pas été pas une figure centrale dans le camouflage du crime qui s'en est suivi.
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J'ai pour impression que jusqu'à la dernière décennie, seule une toute petite partie des livres et articles consacrés à l'assassinat de JFK aient jamais ne serait-ce qu'évoqué le rôle possible de LBJ, considérant apparemment cette notion comme trop radioactive pour pouvoir y faire mention, et ignorant les éléments logiques laissant à penser qu'il y fût impliqué...
Lorsque la guerre du Vietnam et le président Johnson sont devenus des objets de haine intense de la part des cercles de gauche, je pense que les soupçons de son rôle personnel dans la mort de son prédécesseur ont pu se répandre peu à peu. En 1966, une jeune activiste anti-guerre de Berkeley, répondant au nom de Barbara Garson, a modernisé la trahison et le régicide du personnage MacBeth de Shakespeare pour en faire un ouvrage moderne impliquant la mort récente de notre président des mains de son successeur ; dans ce récit, l'usurpateur meurtrier subissait une vengeance de la part du personnage représentant Robert F. Kennedy et mourait à son tour. MacBird! a d'abord été publié dans Ramparts, une publication de premier plan contre la guerre, portée par la gauche, et elle s'est ensuite développée en pièce de théâtre, et a fait l'objet de centaines de représentations à New York, Los Angeles et en d'autres lieux, malgré des pressions exercées par les autorités. Mais ce petit ouvrage de fiction allégorique et presque satirique ciblant Johnson n'aura guère été qu'une exception dans le paysage général.
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Le film d'Oliver Stone de 1991, primé par les Oscar, n'évoque pas le moindre soupçon à l'encontre de Johnson, et un livre proche de ce film et soutenu par ce célèbre réalisateur adopte une position similaire. Le colonel L. Fletcher Prouty a été un important dirigeant du Pentagone au début des années 1960, tenant lieu d'officier de liaison à la CIA, et il a nourri des soupçons très forts sur les circonstances du décès de son président. Les théories développées par Prouty ont inspiré le film de Stone, pour lequel il a été conseiller technique, tandis que son rôle étant joué par Donald Sutherland. En 1992, Prouty a publié JFK : la CIA, le Vietnam et le complot en vue d'assassiner John F. Kennedy, pour lequel Stone a écrit une longue et brillante introduction, faisant les éloges de l'auteur comme figure historique. J'ai lu cet ouvrage récemment, et noté que l'auteur accusait également de l'assassinat des éléments de notre « État Profond » de la sécurité nationale et ne consacrait qu'une attention fort réduite à Johnson, décrit comme un spectateur absolument innocent.
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La parution de livres sur l'assassinat de JFK a eu pour tendance à se produire par vagues. Le succès éclatant du film de Stone, en 1991, a amené les éditeurs à ouvrir leurs portes, et une autre vague semblable a suivi la parution de best-seller de Talbot, en 2007, et s'est maintenue au vu du succès colossal des ventes et au vu des critiques positives du travail publié en 2009 par Douglass. Mais cette dernière période a fini par donner lieu à la parution de plusieurs livres importants, qui dénoncent le positionnement central de Johnson dans le complot.
Le premier de ces travaux, et le plus important, est LBJ : Le Cerveau de l'Assassinat de JFK, un lourd volume comprenant plus de 600 pages, et écrit par Phillip F. Nelson, un homme d'affaires texan à la retraite. Presque cinquante ans s'étaient écoulés depuis la mort de Johnson, et Nelson a réalisé un excellent travail de collecte et de compilation des preuves écrasantes sur la longue est extrêmement sordide carrière politique qui fut celle de Johnson, une carrière qui a sans doute culminé avec le meurtre de son prédécesseur.
Johnson fut le produit de la politique texane, et durant la première moitié du XXème siècle, cet État semble avoir présenté de fortes ressemblances avec un pays corrompu du Tiers Monde, auquel l'importante richesse pétrolière et les programmes fédéraux ont apporté d'énormes opportunités financières pour qui se montrait assez malin et assez impitoyable pour en tirer parti. Ainsi, Johnson naquit dans une famille pauvre, et occupa des emplois gouvernementaux mal payés durant toute sa vie, pour en 1963 prêter serment comme président le plus riche de l'histoire moderne des États-Unis, ayant accumulé une fortune personnelle de plus de 100 millions de dollars (en dollars d'aujourd'hui), tout en blanchissant les indemnités financières versées par diverses entreprises qu'il favorisa au travers de l'entreprise dirigée par son épouse. La richesse frappant de Johnson a été oubliée de nos jours, au point qu'un éminent journaliste politique ayant des racines texanes a exprimé des doutes plus qu'importants lorsque j'ai fait mention devant lui de ces faits il y a une quinzaine d'années.
La montée politique et financière de Johnson s'appuya sur des élections volées et des pratiques massives de corruption gouvernementale, ce qui eut parfois pour effet de le mettre légalement en péril. Au vu de ces difficultés, Nelson expose un dossier solide montrant que le futur président a pu se protéger en faisant commettre tout une suite de meurtres, et certains des récits qu'il en fait sont absolument stupéfiants, mais apparemment réels. Par exemple, au cours d'un étrange incident survenu en 1961, étrangement précurseur de la conclusion du « tireur solitaire » de la commission Warren, un inspecteur du gouvernement fédéral qui enquêtait au Texas sur une énorme affaire de corruption impliquant un proche allié de LBJ rejeta plusieurs tentatives de corruption à son propre égard, et fut ensuite retrouvé mort, atteint de cinq balles de fusil à la poitrine et au ventre ; mais son décès fut officiellement classé comme « suicide » par les autorités locales, et rapporté comme tel dans les pages du Washington Post.
Il se peut que l'exécuteur de nombre de ces meurtres fut un certain Malcolm « Mac » Wallace, identifié par Nelson comme homme de main personnel de Johnson, dont le salaire était versé par le Département de l'Agriculture entre ses diverses missions mortelles. Au cours d'un incident remarquable survenu en 1951, Wallace abattit en plein jour un professionnel du golf, célèbre localement, qui avait été impliqué dans une affaire trouble avec la sœur à problèmes de Johnson, Josefa, ce qui amena un jury à le déclarer coupable de meurtre au premier degré. La loi du Texas édicte en ce cas une peine de mort obligatoire, mais Wallace s'en sortit spectaculairement avec une suspension de peine, qui lui permit de quitter le tribunal libre, grâce à l'influence politique colossale exercée par Johnson. À cette époque, le Texas semblait présenter des caractéristiques semblables à celles de Chicago sous le règne d'Al Capone.
Bien qu'il se comportât bien plus prudemment lorsqu'il agissait en dehors de son fief du Texas, Johnson semble avoir adopté les mêmes méthodes brutales à Washington DC., s'appuyant massivement sur la corruption et le chantage pour consolider sa base de pouvoir au Sénat des États-Unis, sur laquelle il régna durant une grande partie des années 1950. Il reconnut également immédiatement le pouvoir exercé par J. Edgar Hoover, dont il se fit l'un des alliés politiques les plus proches, et acheta astucieusement une maison à quelques portes de celle du directeur du FBI de longue date, et vécurent comme proche voisin durant presque vingt ans.
Après avoir passé les années du second mandat d'Eisenhower en étant considéré comme le Démocrate le plus puissant des États-Unis, Johnson décida de se présenter à la présidence en 1960, en ne considérant pas vraiment comme une menace un Kennedy bien plus jeune que lui, et qu'il dépassait largement en stature politique, et méprisait même quelque peu. Sa confiance fut renforcée par le fait qu'aucun Catholique n'avait été désigné par un parti majeur depuis le désastre épique d'Al Smith, en 1928.
Malheureusement pour les projets politiques de Johnson, le patriarche Joseph Kennedy avait déjà passé un quart de siècle au statut de figure politique puissante, jalonnant sans relâche la voie de sa propre famille vers la Maison-Blanche. Sa fortune était nettement plus importante que celle de Johnson, et il était prêt à dépenser sans compter pour faire progresser son fils vers la nomination, en engloutissant tous les autres candidats dans les pots de vin et les tractations secrètes qui déterminaient les résultats des votes dans des États centraux mais très corrompus comme la Virginie Occidentale. Ainsi, au moment de la convention Démocrate, c'est la nomination du jeune Kennedy qui fut verrouillée, et Johnson se vit humilié politiquement.
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À ce stade, les affaires prirent un étrange tournant. Kennedy comme son plus jeune frère Robert détestaient Johnson, et ils avaient déjà choisi pour vice-président le sénateur Stuart Symington, lorsque subitement, au tout dernier moment, Johnson fut mis à sa place. Nelson et Seymour Hersh, dans The Dark Side of Camelot, ont raconté cette histoire et affirment avec force que c'est l'exercice de chantages personnels qui fut responsable de ces changements de projets politiques, et pas un équilibrage géographique électoral, ou tout autre facteur légitime. Mais la victoire de justesse obtenue par Kennedy en 1960 aurait été bien plus difficile si le Texas ne s'était pas prononcé en faveur du camp Démocrate, et la fraude électorale massive organisée par la machine politique impitoyable de Johnson joua un rôle crucial pour parvenir à ce résultat.
Johnson avait commencé l'année 1960 avec le statut de Démocrate le plus puissant des États-Unis, et il pensait raisonnablement que ses efforts avaient été centraux pour remporter les élections du mois de novembre, si bien qu'il s'attendait naturellement à jouer un rôle majeur au sein de la nouvelle administration, et proclama des demandes grandioses en vue d'obtenir un portefeuille politique colossal. Mais au lieu de cela, il fut immédiatement mis sur la touche et traité avec le mépris le plus complet, devenant bientôt une figure délaissée de Washington sans autorité ni influence. Après qu'il perdit sa base de pouvoir établie de longue date au Sénat, les Kennedy établirent des plans pour se débarrasser de sa personne, et quelques jours avant l'assassinat, ils discutaient déjà de la personne à désigner comme vice-président pour les nouvelles élections de 1964 à sa place. Ils savaient qu'une fois purgé, Johnson pouvait devenir un adversaire politique dangereux et vindicatif, si bien qu'ils décidèrent de l'en empêcher en utilisant son historique de corruption massive et ses nombreux crimes commis au Texas pour le détruire totalement.
La chute récente de Bobby Baker, le principal homme de main politique de Johnson au Sénat, constituait une excellente opportunité. Et les Kennedy se sont mis à orchestrer une campagne médiatique pour mettre Johnson en lumière, visant à détruire sa carrière politique et peut-être le mettre pour longtemps sous les verrous. James Wagenvoord, alors âgé de 27 ans, était l'assistant du rédacteur en chef du magazine Life, et début novembre 2009, il a rompu par courriel un silence long de plusieurs décennies relatant la mise en lumière de Johnson qui fut lancée au tout dernier moment. Nelson a relaté en détail cette révélation fulgurante par des citations, en ne corrigeant au passage que quelques erreurs et fautes de frappe mineures :CiterÀ partir de la fin de l'été 1963, le magazine [Life], sur la base d'informations fournies par Bobby Kennedy et par le Département de la Justice, avait développé un énorme scoop au sujet de Johnson et de Bobby Baker. Une fois cet article publié, Johnson serait fini et privé de la candidature pour 1964 ([la] raison pour laquelle ces éléments nous furent envoyés) et aurait sans doute du temps à passer en prison. À l'époque, le magazine Life était potentiellement la source d'informations générales la plus importante des États-Unis. La haute direction de Time Inc. était étroitement alliée avec les diverses agences de renseignements des États-Unis et nous étions utilisés... par le Département de la Justice de Kennedy comme un tuyau à destination du public... L'article sur LBJ/Baker était en phase d'édition finale et il était prévu qu'il parût dans l'édition du magazine qui devait sortir durant la semaine du 24 novembre (plus probablement l'une des éditions suivantes, le 29 novembre ou le 6 décembre, distribués quatre ou cinq jours plus tôt que ces dates). Il avait été préparé dans un relatif secret par une petite équipe éditoriale spéciale. Au moment du décès de Kennedy, les fichiers contenant les recherches et toutes les copies numérotées du brouillon quasiment finale furent assemblés par mon chef (qui avait été l'éditeur en chef de l'équipe) et détruits. L'édition du magazine qui devait mettre Johnson en lumière présenta à la place le film de Zapruder. Sur la base de notre réussite à mettre en valeur le film de Zapruder, je suis devenu chef des services éditoriaux de Time/Life et suis resté à ce poste jusqu'en 1968. (les parties en italique ont été ajoutées par l'auteur de l'article).
Aussi, à la mi-novembre 1963, Johnson apparaissait comme une personnalité politique désespérée, dont la carrière touchait absolument à sa fin. Mais une semaine plus tard, il devint président des États-Unis, et tout ce tourbillon de scandales qui fut subitement oublié ; l'important espace ouvert dans les magazines à destination de cette destruction politique fut semble-t-il remplie par la couverture de l'assassinat qui l'institua à la Maison-Blanche.
Ces faits centraux au sujet de la situation personnelle désespérée répondent à une critique souvent soulevée par ceux qui se montrent sceptiques vis-à-vis de la conspiration, comme Stephen Ambrose, l'historien de l'establishment. En 1992, le film très réussi d'Oliver Stone avait permis la publication d'un grand nombre d'ouvrages sur l'assassinat de JFK, et Ambrose publia une longue critique de 4100 mots les réfutant dans le New York Times Sunday Book Review, soulignant la très longue liste de conspirateurs supposément opposés à Kennedy dans tous ces divers ouvrages, y compris des éléments de la Mafia, de la CIA, du Pentagone, de J. Edgar Hoover, du vice-président Johnson, des millionnaires du pétrole texan, des racistes venant du Sud, des contractants de la défense, et des banquiers internationaux. Mais la victoire très étroite de Kennedy de 1960 avait fortement dépendu d'un Sud solidement Démocrate, et au vu de son basculement vers les Droits Civils des Noirs qui se produisit ensuite, il était peu probable que cela se produisît de nouveau, ce qui remettait sérieusement en cause ses perspectives de réélection. Les élections de 1964 devaient se produire moins d'un an plus tard, et Ambrose avançait que tous ces âpres ennemis des Kennedy allaient certainement centrer leurs efforts pour lui faire perdre les élections dans les urnes, peut-être en révélant ses nombreuses incartades sexuelles, au lieu de prendre le risque sans précédent d'organiser l'assassinat d'un président. Mais bien que cet argument s'appliquât à la liste des divers puissants ennemis de Kennedy, LBJ faisait d'évidence exception, car sa vie politique et sa liberté personnelle ne tenaient qu'à un fil. Aussi, sur cette longue liste, Johnson était le seul à disposer des motivations de frapper sans attendre.
Johnson et ses proches alliés contrôlaient totalement la ville de Dallas, et Nelson a expliqué comment le vice-président y a attiré Kennedy pour l'y déchoir. Durant ce cortège fatal, Johnson occupait un véhicule suivant celui de Kennedy, et Nelson a consacré plus d'une dizaine de pages à discuter les photographies et les témoignages démontrant que Johnson savait qu'un coup de feu allait être tiré, puisque ce vice-président très nerveux a trouvé des excuses multiples pour baisser la tête alors que son véhicule approchait de la zone ciblée, puis qu'il a réagi avant quiconque au sein du cortège, en se recroquevillant totalement dans sa voiture dès que le premier coup de feu fut tiré. Bien que cela ne prouve pas en soi que Johnson fût le cerveau central du complot, cela semble accréditer de manière extrêmement solide l'idée qu'il connaissait par avance les événements qui allaient se produire ce jour-là.
Nelson a également rapporté les détails frappants qui suivent : plus de trois décennies après l'assassinat, une empreinte digitale jusqu'alors non identifiée, prélevée sur une boîte qui se trouvait au cinquième étage où se trouvait supposément le poste de tir d'Oswald, dans le dépôt de livres de Dallas, a finalement été détectée comme appartenant à Mac Wallace, l'homme de main de Johnson depuis longtemps. Wallace ne fut pas forcément l'un des tireurs, et Nelson suggère plutôt que son rôle fut d'être sur place pour déposer les cartouches et nettoyer la scène, mais cette découverte renforce évidemment fortement la thèse de l'implication de Johnson dans l'assassinat.
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La réussite qu'a connu le long ouvrage fortement documenté par Nelson a incité d'autres auteurs à s'y mettre également. Roger Stone, un activiste politique républicain de longue date, avait commencé à y travailler sous Richard Nixon, et le jour du cinquantième anniversaire de l'assassinat de JFK, il a marché sur les traces des recherches édifiantes pratiquées par Nelson pour publier son propre ouvrage : The Man Who Killed Kennedy : The Case Against LBJ, avec pour co-auteur Mike Colapietro ; cet ouvrage implique Johnson de manière similaire. Le livre de Stone est devenu un best-seller national et en le lisant en 2016, je me suis confronté pour la première fois à l'analyse de Nelson, des années avant d'avoir lu l'ouvrage de celui-ci sur le sujet. Stone a réussi à apporter les éléments avancés par Nelson à l'attention d'un lectorat bien plus étendu, mais il a également ajouté plusieurs éléments importants qui lui sont propres, comme je l'ai expliqué en 2016 :CiterOutre documenter dans les faits l'histoire personnelle sordide de Johnson et la destruction terrible à laquelle il était voué du fait des Kennedy à la fin 1963, Stone ajoute des éléments fascinants provenant de témoignages personnels, qui pourrait s'avérer plus ou moins fiables. Selon lui, alors que son mentor Nixon regardait la scène au poste de police de Dallas au cours de laquelle Ruby tira sur Oswald, il devint livide comme un fantôme et expliqua avoir connu personnellement le tireur sous le nom de naissance de Rubenstein. Alors qu'il travaillait pour un comité de la Chambre en 1947, Nixon avait reçu pour conseil par un allié proche et éminent avocat d'engager Ruby comme enquêteur, se voyant affirmer qu'« il était l'un des gars de Lyndon Johnson. » Stone affirme également que Nixon souligna à une reprise qu'en dépit de sa volonté de longue date de briguer la présidence, contrairement à Johnson, « je n'étais pas prêt à tuer pour cela. » Il rapporte également que Henry Cabot Lodge, ambassadeur au Vietnam, et plusieurs autres figures politiques éminentes de Washington DC étaient absolument convaincus de l'implication directe de Johnson dans l'assassinat.
Stone a opéré impitoyablement durant un demi-siècle dans la vie politique, si bien qu'il dispose de liens personnels uniques avec les personnes qui ont pris part aux grands événements du passé, mais il porte avec lui la réputation peu gratifiante attachée au rôle qu'il a joué, et il appartient à chacun d'évaluer ces facteurs antagonistes et d'en faire le bilan. J'ai personnellement tendance à accorder du crédit aux témoignages qu'il apporte. Mais même le lecteur qui restera totalement sceptique devrait considérer le grand nombre de références et de sources que l'ouvrage apporte sur le sujet des détails sordides de l'histoire de LBJ.
Même si l'ouvrage de Stone m'avait déjà apporté un aperçu par rebond d'une grande partie des recherches extraordinaires menées par Nelson, j'ai fini fin 2021 par lire le livre de ce dernier, et je l'ai trouvé extrêmement détaillé et convainquant, car il produit de nombreux éléments d'importance que Stone n'a pas intégrés à son volume nettement plus court et plus personnel. Je pense que le livre de Nelson figure dans les dix ouvrages centraux que toute personne s'intéressant à l'assassinat de JFK devrait avoir lu.
CiterIl y a soixante ans, à la veille des élections de 1964, J. Evetts Haley, un Démocrate texan conservateur, et historien, qui s'était présenté sans succès aux élections pour devenir Gouverneur en 1956, a publié A Texan Looks at Lyndon, une attaque accablante contre l'occupant de la Maison-Blanche, entièrement centrée sur la face sombre d'une figure politique extrêmement obscure, et qui présente nombre des mêmes faits et soupçons raisonnables au sujet de la corruption massive et des multiples meurtres qui allaient être documentés en détail par Nelson presque un demi-siècle plus tard. Selon une rétrospective brève et hostile parue en 1987 dans le libéral Texas Monthly, aucun éditeur n'a accepté de prendre le livre de Haley, et avec les pressions exercées par les alliés de Johnson, il a fini par être banni des kiosques et des aéroports, mais il se vendait à un certain moment à 50 000 exemplaires par jour, ce qui en a fait le livre politique ayant connu la plus grande réussite de tous les temps.
Haley était membre de longue date de la John Birch Society, un cercle de droite, et certaines de ses accusations d'influence communiste apparaissent comme considérablement exagérées, mais selon le verdict méprisant de ce critique texan travaillant pour un média dominant à la fin des années 1980 :CiterHaley insinue de manière scandaleuse que Johnson aurait été impliqué dans l'assassinat de Kennedy. Le problème est que la polémique de Haley est sans lien avec la réalité.
Il est donc tout à fait étrange de découvrir que durant soixante années, un récit plutôt raisonnable des sinistres activités menées par LBJ a sans doute trôné dans des millions de bibliothèques privées à travers tous les États-Unis, tout en restant presque entièrement ignoré par l'ensemble de notre classe politique et médiatique. En 1966 et 1967, les activistes libéraux étaient devenus fortement hostiles envers Johnson, et émettaient parfois sans grand bruit l'hypothèse qu'il était parvenu à la Maison-Blanche en pratiquant le meurtre, pourtant seul un très petit nombre d'entre eux allaient ouvrir les pages d'un livre publié à peine quelques années plus tôt, et qui apportait à ce sujet nombre de détails centraux, préférant rejeter ce travail écrit par un soutien zélé de Birch et de Goldwater.
Je soupçonne également qu'à droite de l'échiquier politique, peu de gens ont porté attention aux hypothèses de Haley au sujet de l'assassinat de JFK. Au mois de mars 1964, le professeur Revilo Oliver, une figure très influente de l'extrême droite, qui avait contribué à fonder la John Birch Society et qui était l'éditeur de son magazine mensuel, avait publié « Marxmanship in Dallas, » qui accusait les Communistes de l'assassinat, et c'est cette thèse qui est devenue le récit le plus accepté dans ce cercle idéologique.
Chose ironique, Johnson lui-même a adopté la même position au cours de ses conversations privées avec des dirigeants politiques étasuniens de premier plan, en redirigeant régulièrement les soupçons vers les Communistes soviétiques, et l'on dispose d'éléments considérables indiquant que cette ruse intelligente aura constitué un élément planifié dans le cadre du complot, depuis le tout début.
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John Newman a passé vingt ans dans les Renseignements Militaires, et est après cela devenu professeur d'histoire à l'Université du Maryland. Au fil des décennies, il a appliqué ses compétences acquises au service du gouvernement à analyser les détails administratifs de documents déclassifiés par le gouvernement, et en 1993 il a publié Oswald and the CIA, un ouvrage important dont la nouvelle édition de 2008 contient un nouvel épilogue, qui résume certaines de ses conclusions importantes.
Le professeur Newman produit un dossier très solide établissant qu'au cours des mois ayant précédé l'assassinat, une fausse piste de renseignements a été délibérément créée pour suggérer qu'Oswald ait pu être un agent soviétique. Cela a permis à Johnson d'utiliser ces fausses informations pour amener les personnalités dirigeant la commission Warren à retirer toutes les preuves d'une conspiration à Dallas pour éviter « de nous pousser dans une guerre qui peut tuer quarante millions d'Américains en une heure. » Si les découvertes importantes menées par Newman ne prouvent pas que Johnson ait été membre du complot, elles sont d'évidence très cohérentes avec cette hypothèse.
CiterKadhafi affirma qu'ISRAËL avait tué JFK ! pic.twitter.com/Ffb1xQXhbS
— Jackson Hinkle (@jacksonhinklle) le 20 mars 2025
CiterPar un pur hasard, l'émission de Carlson avait été diffusée quelques jours à peine après que je terminai la lecture d'un livre important sur l'assassinat de JFK, sur lequel on avait attiré mon attention l'année précédente. Publié pour la première fois il y a presque 30 ans, cet ouvrage apporte des angles de vue très importants sur la manière dont la dissimulation politique de la conspiration avait été arrangée, une dissimulation qui a désormais duré pendant presque six décennies. L'homme le plus puissant du monde avait été tué au plus haut de la réussite d'après-guerre des États-Unis et au plus haut de leur prospérité, et pourtant, presque toutes les élites politiques étasuniennes adhérèrent au processus de suppression de la vérité concernant cet événement.
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John Newman avait passé vingt ans au sein des services de renseignements militaires, et était par la suite devenu professeur d'histoire à l'Université du Maryland. Depuis lors, il avait appliqué les compétences techniques par lui acquises au cours de ses nombreuses années de service au gouvernement pour analyser la minutie bureaucratique des fichiers déclassifiés par le gouvernement, et il avait utilisé ces éléments pour produire une suite de livres sur la face cachée des politiques du gouvernement étasunien durant les années 1960, y compris notre implication croissante au Vietnam et surtout les circonstances complexes de l'assassinat de JFK. Oswald et la CIA est paru pour la première fois en 1993, mais l'édition de 2008 comprend un nouvel épilogue, qui résume la plupart de ses découvertes les plus importantes.
Le livre est long, comprenant plus de 650 pages en comptant les notes et les annexes, et son analyse exhaustive et détaillée des documents de renseignements publiés et de leur interprétation peut parfois donner au lecteur l'impression d'avoir les yeux vitreux, mais ses conclusions ne sont pas difficiles à énoncer. La profusion de documents intérieurs à la CIA concernant Oswald et ses mouvements semble totalement incohérente avec le moindre complot institutionnel de l'Agence en vue de tuer Kennedy. En revanche, elle pourrait très bien correspondre avec l'hypothèse d'une « faction incontrôlable » de la CIA ayant joué un rôle central dans cette affaire.
Newman affirme qu'Oswald constituait exactement le « pigeon » qu'il a affirmé être, mais chose plus importante, il établit une distinction très nette entre le petit groupe de comploteurs qui ont de fait organisé l'assassinat de JFK en soi et le groupe bien plus important qui a mené à bien la dissimulation qui a suivi, les motivations des membres de ce second groupe étant totalement différentes. Comme il l'explique avec conviction dans son épilogue, les conspirateurs créèrent une fausse piste de renseignements suggérant qu'Oswald aurait pu être un agent soviétique, puis utilisèrent cette fausse information pour contraindre notre gouvernement craintif à se faire involontairement complice d'eux après les faits, en le forçant à effacer toutes les preuves d'une conspiration à Dallas.
CiterIl est désormais clair que la plupart des dirigeants étasuniens qui ont participé à la dissimulation de sécurité nationale n'eurent rien à voir avec le complot qui fut ourdi avant le meurtre du président. Nombre d'entre eux — y compris les enquêteurs clés et le Juge de la Cour Suprême Earl Warren — étaient motivés par la perception d'une menace d'échange nucléaire avec l'Union soviétique. Au sein de la branche exécutive du gouvernement, de nombreux autres acteurs furent motivés par le désir de protéger leur poste et leurs institutions. Mais en revanche, leurs actions collectives, ne constituèrent pas le résultat d'un accident ; elles constituèrent plutôt l'échec et mat forcé en fin de partie d'un plan ingénieux.
Le plan fut conçu pour contraindre l'appareil officiel de Washington à enterrer un récit radioactif dans les fichiers d'Oswald pour permettre la survie des États-Unis. Ce plan a fonctionné. Nonobstant l'amateurisme dont firent preuve les tireurs à Dallas, nonobstant le tripatouillage dont furent objets l'autopsie et la gestion des preuves, tout cela fut éclipsé par la menace de la troisième guerre mondiale et de 40 millions de morts étasuniens. Dès le départ, le complot fut fondé sur l'hypothèse selon laquelle, lorsqu'on présenterait à quiconque cette possibilité terrifiante, chacun s'alignerait. Cette hypothèse s'avéra correcte.
...Il y eut un dessein plus sombre derrière la visite d'Oswald à Mexico. Il y fut envoyé pour aller chercher des visas émis par le Consulat cubain et l'Ambassade soviétique... l'objectif était simplement un contact indirect entre Oswald et l'homme émettant les visas soviétiques à Mexico : Valery Kostikov. La valeur de ce contact dérivait de connaissances détenues par seulement une poignée d'agents du contre-espionnage : Kostikov était un agent important pour les assassinats par le KGB aux Amériques... L'objectif des comploteurs à faire mentionner ensemble les noms d'Oswald et de Kostikov était d'introduire dans les fichiers de la CIA des preuves qui allaient, le 22 novembre, relier les assassinats du KGB au meurtre du président Kennedy. Ce furent les activités de cet imposteur qui permirent au président Johnson d'affirmer au sénateur Russell, le 29 novembre, que ceux qui enquêtaient sur l'affaire « témoignaient que Khroutschev et Castro ont fait ça. » Johnson insista sur l'idée qu'il fallait empêcher que cela « nous projette dans une guerre qui peut tuer quarante millions d'Étasuniens en une heure. »
CiterAinsi, selon la reconstruction convaincante de Newman, la plupart des puissants dirigeants étasuniens qui jouèrent un rôle central dans la dissimulation de la conspiration ont pu agir avec les meilleures des intentions, dans l'objectif de protéger le pays du risque d'une guerre de représailles dévastatrice contre les Soviétiques. Et de toute évidence, ces préoccupations auraient été délibérément attisées par ceux qui, parmi eux, avaient été impliqués dans le complot et avaient créé une fausse piste d'éléments reliant Oswald avec les tentatives d'assassinat du KGB.
L'auteur affirme donc que créer cette fausse piste constitua un élément absolument central dans le complot de l'assassinat, et au travers d'un examen très soigneux des fichiers de renseignements, il conclut que James Angleton, dirigeant de longue date les services de contre-espionnage de la CIA, en fut le probable coupable, l'identifiant ainsi comme l'un des conspirateurs clés. Cette conclusion se conforme parfaitement avec les arguments totalement différents avancés par feu Michael Collins Piper dans Final Judgment, son ouvrage fondateur de 1994, qui affirme également qu'Angleton constitua une personnalité centrale de l'assassinat.
CiterKennedy était également en conflit avec l'État d'Israël.
Israël visait à développer des armes nucléaires, mais Kennedy s'opposait à cette idée.
Après l'assassinat de JFK, le président Lyndon Baines Johnson a approuvé la poursuite de la bombe nucléaire menée par Israël.
Un autre facteur dans tout ceci. pic.twitter.com/82ISNOqGuQ
— Roger Stone (@RogerJStoneJr) le 18 mars 2025
CiterPendant des décennies, notre pays a été pillé, ravagé et violé par des nations proches et lointaines, amies et ennemies. Des métallurgistes américains, des ouvriers de l'automobile, des agriculteurs et des artisans qualifiés, nous en avons beaucoup parmi nous aujourd'hui. Ils ont vraiment gravement souffert. Ils ont regardé avec angoisse les dirigeants étrangers voler nos emplois, les tricheurs étrangers saccager nos usines et les charognards étrangers déchirer notre rêve américain autrefois magnifique.
CiterL'histoire [de Trump], et peut-être même sa conviction, est que les tarifs à eux seuls peuvent relancer l'industrie américaine. Mais il n'a pas l'intention de s'attaquer aux problèmes qui ont causé la désindustrialisation de l'Amérique en premier lieu. Il n'y a aucune reconnaissance de ce qui a fait le succès du programme industriel américain original et de celui de la plupart des autres pays. Ce programme reposait sur des infrastructures publiques, une augmentation des investissements industriels privés et des salaires protégés par des droits de douane, ainsi qu'une réglementation gouvernementale stricte. La politique de Trump est totalement l'inverse : réduire la taille du gouvernement, affaiblir la réglementation publique et vendre les infrastructures publiques pour aider à payer les réductions d'impôt sur le revenu de ses donateurs.