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La Pravda Américaine : Qui a écrit les pièces de Shakespeare ?


Publié le avril 10, 2025 par jmarti

Par Ron Unz − Le 17 mars 2025 − Source Unz Review



Quand j'étais en classe de 3ème, le programme scolaire a fait que j'ai étudié les ouvrages de William Shakespeare pendant un semestre, ce qui semblait juste au vu de la place qu'occupe cet auteur dans la langue et la culture anglaises.



Durant cette période, j'avais lu une bonne dizaine de ses pièces, et on m'avait demandé d'apprendre par cœur l'une des plus célèbres tirades de Macbeth. Et il se trouve que jusqu'à ce jour, des décennies plus tard, je peux toujours la réciter de mémoire, chose qui m'a grandement surpris.



Selon le consensus général, Shakespeare est classé comme la personnalité centrale et même constituante de la langue anglaise, vouée à dominer le monde, et occupe une position assez comparable à celle de Cervantès pour l'espagnol ou à celles de Goethe ou Schiller pour l'allemand. De nombreuses phrases répandues dans l'anglais contemporain remontent à ses œuvres, et en jetant un coup d'œil à l'article Wikipédia de 12 000 mots consacré à Shakespeare, j'ai constaté que dès l'introduction, il est décrit comme l'auteur le plus éminent de toute l'histoire, une affirmation qui m'était toujours apparue comme des plus raisonnables.

Je n'ai jamais plus étudié ses œuvres après être sorti de l'enseignement secondaire, mais au fil des années, j'ai vu une quantité de films adaptant ses célèbres drames, ainsi que certaines adaptations produites par la Royal Shakespeare Company sur PBS, que j'ai le plus souvent trouvées excellentes. Mais bien que mes connaissances au sujet de Shakespeare soient peu étendues, je n'avais jamais remis en question sa grandeur littéraire.

Au cours de toutes ces années, je n'ai eu qu'une vague conscience des détails de la vie de Shakespeare, dont je ne savais vraiment que peu de choses. Je savais qu'il était né et mort dans la ville de Stratford-upon-Avon, en Angleterre, que j'avais visitée au cours de mon année d'études à l'Université de Cambridge.

Je savais également vaguement que Shakespeare avait écrit des sonnets en grand nombre, et un an ou deux après que j'ai visité son lieu de naissance, un long article avait paru dans le New York Times, relatant la découverte d'un nouveau sonnet. La stature de Shakespeare était d'une telle importance que la découverte d'un seul nouveau poème écrit par sa plume provoquait la parution d'un article de 5000 mots dans notre journal de référence national.

Je ne sais plus quand j'ai pour la première fois appris qu'il existait une sorte de différend au sujet de l'histoire personnelle de Shakespeare, et de paternité de la vaste gamme de ses œuvres, mais il me semble que cela a dû arriver des années plus tard, durant les années 1990. Un auteur de droite écrivant pour le National Review s'était embourbé en eaux troubles avec des remarques antisémites et racistes, et s'était fait licencier du magazine. Quelques années plus tard, mes journaux indiquaient que le même personnage venait de publier un livre affirmant que les pièces de Shakespeare avaient en réalité été écrites en secret par quelqu'un d'autre, un aristocrate britannique dont le nom ne m'évoquait absolument rien.

Cette parution ne m'avait guère surpris. De la part d'individus entretenant des positions politiques marginales et cultivant des idées bizarres et particulières sur un sujet, il fallait s'attendre à voir exprimer des excentricités sur d'autres sujets également. Peut-être que son licenciement de cette publication politique lui avait fait franchir une limite, l'amenant à promouvoir une théorie littéraire aussi bizarre et conspirationniste concernant une personnalité aussi éminente. La poignée de critiques dans les journaux que je lisais, ainsi que les magazines conservateurs, traitaient son ouvrage stupide avec le dédain absolu qu'il méritait de toute évidence.

Il me semble qu'une dizaine d'années plus tard, j'ai vu quelque chose dans mes journaux au sujet de la même controverse au sujet de Shakespeare, remonté au travers d'autres recherches, mais le Times n'avait pas semblé la prendre au sérieux, et j'en avais fait autant.

Quelques années plus tard, en 2011, Hollywood a produit un film, Anonymous, exposant la même thèse au sujet de la véritable identité de Shakespeare, mais je ne l'avais pas vu et je n'y avais guère porté attention. La notion voulant que la plus grande personnalité de la littérature anglaise ait secrètement pu être quelqu'un d'autre m'avait frappé comme un scénario typiquement hollywoodien, relativement improbable, mais pas tout à fait autant que le scénario des identités cachées que l'on trouve dans les films populaires comme Batman ou Spiderman.

À ce moment-là, j'étais devenu très soupçonneux au sujet de nombreux éléments de l'histoire politique étasunienne que l'on m'avait enseignés, et quelques années après la sortie de ce film, j'ai publié « Notre Pravda Américaine« , qui expose quelques-unes de mes désillusions considérables au sujet des informations produites dans les médias et les manuels scolaires. J'ai par la suite poursuivi une longue suite sous le même nom.

Mais à ce moment-là, et durant la dizaine d'années qui ont suivi, je n'ai pas du tout relié ma méfiance croissante vis-à-vis d'une grande partie de ce qu'on m'avait appris dans mes cours d'histoire avec mes cours d'anglais de la même époque. Aussi, l'idée que Shakespeare pût ne pas être l'auteur des pièces de Shakespeare me semblait totalement grotesque, au point que j'oubliai à moitié que quiconque ait jamais pu affirmer sérieusement une telle chose.

Mais l'an dernier, un jeune activiste et podcaster de droite m'a envoyé un mot sur divers sujets, et a également suggéré que je puisse étendre ma suite d'enquêtes « conspirationnistes » pour m'intéresser également aux pièces de Shakespeare. Il indiquait que feu Joseph Sobran, un ami de sa famille, lui avait expliqué comment ce journaliste conservateur jadis très influent avait été purgé hors du National Review au début des années 1990, et avait ensuite publié un livre affirmant que les célèbres pièces avaient en réalité été écrites par le Comte d'Oxford, et que divers autres universitaires avaient adopté des positions similaires. Il s'était agi d'une controverse des années 1990 que j'avais en grande partie oubliée.

Je lui ai répondu que j'avais vaguement entendu parler de cette théorie au fil des années, et que j'avais sans doute lu une ou deux critiques négatives de ce livre de Sobran au moment de sa parution, mais sans jamais prendre l'idée au sérieux. De fait, durant mes diverses enquêtes de la dernière décennie, j'ai conclu qu'environ 90 à 95% de toutes les « théories du complot » que j'avais examinées s'étaient avérées fausses ou à tout le moins dénuées de substance, et je m'attendais à ce que cette théorie au sujet de Shakespeare pût relever de la même catégorie. Mais presque tous mes travaux récents s'étaient centrés sur la politique et l'histoire, et je pensais qu'une petite digression dans le domaine littéraire pourrait constituer une pause bienvenue. J'ai donc réalisé quelques clics sur Amazon et j'ai commandé le livre de Sobran, ainsi qu'un autre ouvrage plus récent qu'il m'avait conseillé sur le même sujet, et j'étais passé à autre chose.

Comme je suis extérieur à la communauté littéraire, il m'apparaissait extrêmement peu plausible que durant des siècles, l'identité véritable de la plus grande personnalité de la langue anglaise ait pu rester dissimulée des centaines de millions de personnes parlant cette langue et des multitudes de personnes ayant regardé ses pièces de théâtre, ou ayant étudié ses œuvres à l'Université. Quelle était la probabilité pour que durant toute cette période, jusqu'il y a quelques dizaines d'années, aucun de nos plus grands auteurs, critiques et érudits, se dénombrant par dizaines, n'ait jamais soupçonné que les pièces de Shakespeare aient pu en réalité être écrites par quelqu'un d'autre ?

Mais l'une des raisons me poussant à envisager de mener cette enquête était que depuis les années 1990, mon opinion au sujet de Sobran s'était considérablement améliorée. Au moment où il avait publié son ouvrage, je ne le connaissais qu'à peine, mais après que ses âpres ennemis néo-conservateurs aient enfoncé les États-Unis dans la désastreuse guerre en Irak, à l'issue des attentats du 11 septembre 2001, sa personne, ainsi que tous ceux qui nous avaient averti de l'influence politique des néo-conservateurs, pour ensuite en subir les foudres, avaient fortement monté dans mon estime.

Qui plus est, mon projet d'archivage de contenus du début des années 2000 avait intégré toutes les parutions de National Review, et j'ai découvert le rôle considérable joué par Sobran au sein de cette publication amirale conservatrice, coupée net lorsque les néo-conservateurs avaient contraint William F. Buckley Jr., l'éditeur, à le mettre à la porte.

En fort contraste avec ma propre histoire, Sobran avait au départ démarré sa carrière dans le domaine de la littérature anglaise, avant de passer au journalisme conservateur dans les années 1970, et il y a un ou deux ans, j'avais brièvement décrit son destin funeste :

CiterLe nom de Joseph Sobran ne résonne sans doute guère aux oreilles des conservateurs les plus jeunes, mais durant les décennies 1970 et 1980, il n'était sans doute devancé que par le fondateur William F. Buckley Jr. en termes d'influence dans les cercles conservateurs dominants, comme le suggèrent les presque 400 articles qu'il a publiés pour NR durant cette période. À la fin des années 1980, il s'était préoccupé de plus en plus de ce que l'influence néo-conservatrice pût embringuer les États-Unis dans des guerres à l'étranger, et ses déclarations marquées à cet égard furent qualifiées d'« antisémites » par ses opposants néo-conservateurs, qui finirent par obtenir de Buckley qu'il le licenciât. Ce dernier a expliqué cette séquence dans une section importante de son essai de 1992 À la Recherche de l'Antisémitisme.

Chose vraiment étrange, Sobran ne semble avoir évoqué les Juifs que très rarement, que ce fût ou non de manière favorable, sur des décennies d'écriture, mais même ces rares mentions peu flatteuses suffirent apparemment à leur faire lancer leurs attaques destructrices contre sa carrière, et il a fini par mourir en 2010, à 64 ans, dans la pauvreté. Sobran avait toujours été connu pour sa verve littéraire et sa situation idéologique malheureuse a fini par faire de lui un emblème de l'aphorisme : « Par le passé, on qualifiait d'antisémite quiconque détestait les Juifs. Désormais, on qualifie d'antisémite quiconque est détesté par les Juifs. »

Sobran était éditorialiste dans des journaux nationaux, et invité régulièrement à commenter les événements sur le réseau radiophonique CBS, si bien que sa chute personnelle fut considérable. Comme il écrivit son livre sur Shakespeare quelques années à peine après son éjection du National Review, il avait conservé une certaine partie de son aura passée, ce qui contribue à expliquer pourquoi son ouvrage fit l'objet de critiques dans plusieurs publications, certes défavorables, mais ne fut pas purement et simplement ignoré.

Lorsque les livres sur Shakespeare que j'avais commandés ont fini par arriver, je les ai posés sur une étagère et ce n'est que bien plus tard que j'ai fini par les lire. En les lisant, j'ai été vraiment très surpris par ce que je découvrais.

 

Paru en 1997 sous la plume de Sobran, Alias Shakespeare est un ouvrage relativement court, dont le texte ne s'étale que sur un peu plus de 200 pages, et bien qu'un extrême scepticisme caractérisât mon approche initiale de ce livre, les quelque 15 pages de l'introduction en ont rapidement dissipé une grande partie.

L'auteur commence en soulignant que presque tous les universitaires dominants étudiant Shakespeare ont toujours rejeté les doutes concernant la paternité de ses œuvres, en les qualifiant de ridicules, et explique avoir lui-même au départ endossé la même position, y compris durant ses années d'études, lorsqu'il avait centré ses travaux sur cet auteur.

En outre, après avoir fini par cultiver des soupçons sur cette opinion conventionnelle, et commencé à enquêter sur le sujet, il « a pénétré un monde bizarre peuplé de personnes de toutes les couleurs, totalement différent du monde académique. » Leurs diverses théories sur la paternité de ces œuvres comprenaient Francis Bacon, une large gamme de divers Nobles britanniques, et même la reine Elizabeth 1, et ces nombreux activistes se disputaient souvent âprement les uns avec les autres. Mais Sobran affirme qu'il est important de garder à l'esprit que « de très nombreuses découvertes importantes ont été réalisées par des chercheurs douteux, des intellectuels asociaux, et de fieffés excentriques. » Dans le même temps, les chercheurs installés avaient presque totalement ignoré le sujet de la paternité des œuvres de Shakespeare, s'arrêtant à considérer que le sujet n'existait pas.

L'attitude de Sobran apparaît comme des plus raisonnables sur ce sujet littéraire controversé, et il maintient le même ton de neutralité et de hauteur dans l'ensemble de l'ouvrage, soulignant souvent son incertitude sur diverses questions qu'il expose.

Bien que je supposasse par le passé que seuls des excentriques pussent jamais remettre en cause la paternité de Shakespeare sur ses œuvres, j'ai eu l'immense surprise de découvrir qu'au cours des cent ou deux cents dernières années, la liste de ces « hérétiques » comprenant un grand nombre des personnalités et intellectuels parmi les plus illustres de la langue anglaise, comme Walt Whitman, Henry James, Mark Twain, John Galsworthy, Sigmund Freud, Vladimir Nabokov et David McCullough. Certains de nos acteurs et dramaturges les plus illustres, surtout ceux qui se sont illustrés par leurs rôles shakespeariens, figuraient également parmi les rangs des sceptiques : Orson Welles, Sir John Gielgud, Michael York, Kenneth Branagh et Charlie Chaplin. Quelques années après la parution du livre de Sobran, Sir Derek Jacobi, un acteur shakespearien renommé, a produit des Avant-Propos pour d'autres livres endossant la même position. Les juges de la Cour Suprême John Paul Stevens, Sandra Day O'Connor et Antonin Scalia figuraient également parmi les sceptiques au sujet de Shakespeare.

De toute évidence, l'ensemble de ces personnalités littéraires, dramatiques et intellectuelles pouvaient fort bien se tromper, mais en profane ignorant à peine au courant qu'un tel sujet ait jamais existé, j'ai lu le reste de l'ouvrage de Soban avec un esprit nettement plus ouvert qu'en l'ouvrant pour la première fois.

L'élément révélateur que soulève Sobran dans son premier chapitre est qu'en dehors du vaste corpus des travaux littéraires habituellement attribués à Shakespeare, les connaissances solides dont nous disposons au sujet de la vie et des activités de Shakespeare sont tellement maigres qu'on peut les considérer comme quasiment inexistantes, qui consistent principalement en une petite poignée de brefs registres de transactions commerciales et documents indiquant qu'il témoigna une fois devant un tribunal dans le cadre d'une affaire mineure. Ce n'est pas du tout ce que l'on pourrait attendre d'une personnalité littéraire aussi centrale.

Bien que ses déplacements et lieux de résidences soient restés en grande partie inconnus, nous savons qu'il a fini ses jours dans sa ville natale de Stratford, qu'il y est resté avant sa mort pendant une durée d'au moins cinq ans, et peut-être plus de dix. De cette période, on dispose de ses dernières volontés et de son testament, qui constituent le seul artefact écrit dont nous disposions pour l'ensemble de son existence, soit 1300 mots à peine. Ce document est très troublant : il n'apporte aucune indication du fait que l'homme possédât le moindre livre ou manuscrit littéraire. On ne trouve pas le moindre signe d'intérêt intellectuel ou de parrains littéraires, et le style en est tellement laborieux, voire semi-analphabète, en comparaison avec d'autres testaments de la même époque, qu'il semble difficile de penser qu'il ait pu être écrit ou dicté par l'un des plus grands stylistes de la langue anglaise.

Comme l'indique Sobran, ce testament comprend trois des six signatures qui nous sont restées de Shakespeare, et elles sont toutes irrégulières, pas du tout ce que l'on attendrait de la part d'une personne rompue à l'usage de la plume. De fait, un expert en documents cité par un éminent universitaire traitant du domaine de Shakespeare a affirmé que toutes les signatures de Shakespeare avaient probablement été apposées par des mains différentes les unes des autres. Comme nous ne disposons d'aucun élément solide affirmant que Shakespeare ait même suivi un enseignement secondaire, cela suggère la possibilité stupéfiante que Shakespeare pût être incapable d'écrire son propre nom. De fait, les deux parents de Shakespeare, son épouse Anne Athaway ainsi que sa fille Judith étaient apparemment illettrés, puisqu'ils signaient leur nom d'une croix.

Contrairement à nombre de ses contemporains, que l'on parle ici de personnalités littéraires ou d'autres personnes, pas une seule lettre écrite par Shakespeare n'a jamais été découverte, en dépit de recherches colossales, pas plus que le moindre livre dont il fût le propriétaire.

Bien que Shakespeare figurât certainement parmi les lumières littéraires les plus éclatantes du monde britannique, il n'a jamais produit la moindre déclaration ou oraison publique à la mort de la reine Elizabeth 1ère, en 1603, pas plus qu'à l'accession au trône de son successeur, James 1er, et lorsqu'il est lui-même mort en 1616, nul à Londres ne semble avoir même remarqué son passage de vie à trépas.

Comme le souligne Sobran, en dépit du fait que Shakespeare vécut et travailla durant 51 ans en Grande-Bretagne, dont une grande partie dans la métropole de Londres, il semble avoir quasiment vécu comme un fantôme, apparemment invisible pour presque tous ses contemporains. De nombreuses épaisses biographies de Shakespeare ont été publiées par divers chercheurs, mais hormis les déductions qu'ils tirent de l'énorme corpus littéraire qu'on lui attribue, leur contenu est presque entièrement fondé sur des hypothèses au vu de l'absence quasi totale du moindre fait avéré.

Un problème central soulevé par tous ceux qui ont douté que les pièces aient véritablement pu être écrites par l'acteur issu de Stratford réside en ce que les intrigues et descriptions s'appuyaient sur une connaissance profonde de l'histoire classique et des pays étrangers, en particulier de l'Italie, alors que leur auteur supposé ne disposait certainement d'aucune formation universitaire.

Un fait très surprenant, que je n'avais jamais connu jusqu'alors, réside en ce que toutes les pièces publiées, ainsi que tous les autres travaux littéraires, furent parfois publiés à titre anonyme, parfois sous le nom « Shake-Speare », avec le tiret, un pseudonyme souvent utilisé à l'époque, ou parfois sous le nom « Shakespeare ». Dans le même temps, l'homme de Stratford et l'ensemble de sa famille, y compris ses parents et ses enfants, épelait le plus souvent son nom de famille « Shakspere ».

À l'époque de la reine Elizabeth, l'orthographe était souvent fluctuante, mais il semble vraiment étrange que l'homme dont nous pensons aujourd'hui qu'il fut le célèbre auteur ne fît jamais usage du nom sous lequel ses pièces furent publiées, que nous utilisons de nos jours pour le désigner. Cette distinction marquée a permis facilement aux livres et articles écrits par ces dissidents de Shakespeare de faire facilement la différence dans le texte entre le « Shakespeare » auteur des œuvres et le « Shakspere » qui n'était qu'un obscur habitant de Stratford.

Permettons-nous une analogie grossière mais amusante. Samuel Clemens a figuré parmi les plus grands écrivains des États-Unis, cependant que tous ses travaux ont été publiés sous le nom de plume Mark Twain. Mais imaginons que ce fait soit resté peu connu à l'époque, et qu'une génération ou deux plus tard, après que toutes les personnes au courant de la véritable identité de Twain ont disparu, les experts littéraires aient déniché un obscur commerçant du Sud portant le nom de « Mark Tween », et se soient convaincus qu'il fut le véritable auteur de ces œuvres.

De fait, Sobran et ses alliés affirment qu'au cours des derniers siècles, l'establishment littéraire du monde anglophone s'est vautré dans l'un des cas les plus flagrants de fausse identité de toute l'histoire humaine, et que certains des membres titulaires de cette institution sont peut-être trop embarrassés pour accepter de même envisager cette possibilité.

La première moitié du livre de Sobran soulève tous ces doutes considérables face au narratif conventionnel selon lequel Shakespeare fut le véritable auteur des célèbres pièces, et la seconde moitié soutient la thèse alternative la plus largement soutenue, qui attribue la paternité de ces œuvres à Edouard de Vere, 17ème comte d'Oxford, et je pense que certains des arguments qu'il avance apparaissent comme tout à fait valables.

Contrairement à Shakespeare, le comte d'Oxford reçut une très bonne formation, et présentait des intérêts marqués pour la littérature et le spectacle : il était doté exactement du type de connaissance sur les sujets aristocratiques, les pays étrangers et l'histoire classique qui apparaissent comme nécessaires à produire ces ouvrages dramatiques. Une grande partie de ses correspondances personnelles et de ses premiers écrits ont survécu, en contraste marqué avec l'absence quasiment totale de tout élément produit par Shakespeare.

Un point central désigné par Sobran et d'autres est que durant cette période, la production de pièces de théâtre devait être considéré comme une poursuite dégradante et malséante pour un aristocrate important comme le comte d'Oxford, et il n'est guère surprenant que ces activités aient pu être dissimulées, que les pièces de théâtre aient été produites à titre anonyme ou sous un pseudonyme tel que « Shake-Speare » ou « Shakespeare. »

Bien que nous ne sachions quasiment rien de la vie et des activités de Shakespeare, la trame de vie du compte d'Oxford est copieusement documentée, et une grande partie semble correspondre étroitement avec le contenu des pièces de théâtre. L'exemple le plus évident est que le comte d'Oxford, dans sa jeunesse, passa des années à voyager en Italie, s'est fortement entiché de ce pays, et a dépensé une partie déraisonnable de son héritage pour acheter des trésors provenant de ce pays, et il se trouve que plus ou moins la moitié des pièces de théâtre de Shakespeare ont pour cadre ce pays. En contraste, le natif de Stratford ne semble avoir jamais mis un pied hors de l'Angleterre et ne présente aucun lien connu avec l'Italie.

Mais Sobran pense que l'indice le plus fort indiquant la véritable identité du dramaturge provient d'un examen minutieux de ses 154 sonnets, dont la célébrité n'égale pas celle de ses pièces de théâtre, mais qui n'en sont pas moins considérés comme d'importantes œuvres littéraires, qui ont été analysées sous tous les angles par des générations de chercheurs universitaires. Nombre de ces poèmes sont adressés à un jeune, un « garçon adorable », et la plupart des chercheurs qui le considèrent comme une personne réelle se sont accordés à penser qu'il s'agissait sans doute du jeune comte de Southampton, dont les traits personnels semblent correspondre étroitement au personnage. Mais si tel est le cas, Sobran indique qu'il aurait été extrêmement déplacé de la part d'un simple roturier de traiter un noble de manière aussi familière, alors que ce ton aurait été tout à fait justifié si les poèmes avaient été écrits par une personne de rang égal ou supérieur. Sobran et de nombreux autres ont également distingué des indications puissantes d'une relation homosexuelle entre les deux hommes, ce qui est tout à fait cohérent avec les éléments historiques dont nous disposons quant aux penchants du comte d'Oxford.

À mes yeux, la thèse selon laquelle le comte d'Oxford serait l'auteur de ces pièces est nettement moins étayée que la thèse s'opposant à la paternité de Shakespeare, mais elle n'en est pas moins raisonnable et plausible. Et si l'analyse produite par Sobran des Sonnets est exacte, l'auteur fut sans doute un aristocrate titré, dont Oxford constitue un spécimen évident.


Autre livre que j'ai lu, « Shakespeare » sous un autre nom, une nouvelle biographie majeure du comte d'Oxford publiée en 2005 par Mark Anderson, un chercheur indépendant, qui a centré ses recherches sur l'hypothèse voulant que son sujet fût l'auteur véritable de ces travaux littéraires. Anderson, qui a consacré plus d'une décennie à enquêter sur la vie du comte d'Oxford, a réussi isoler une très longue liste d'incidents qui semblent s'aligner avec les éléments des pièces de théâtre, et il les discute sur ses 600 pages, dont plus de 150 sont consacrées à ses notes de sources. Certains des exemples les plus évidents qu'il évoque avaient déjà été mentionnés par Sobran et par d'autres, mais Anderson en augmente considérablement le nombre.

Anderson reconnaît pleinement que la thèse du comte d'Oxford est absolument circonstancielle, mais il souligne particulièrement un nouvel élément qui était resté dissimulé, à savoir l'exemplaire de la Bible de Genève qui appartint au comte d'Oxford, qui fait l'objet de très importantes annotations. Une décennie de recherches promptement menées par un étudiant en doctorat a analysé les plus de 1000 passages faisant l'objet de notes, et découvert qu'environ un quart de ces passages apparaissent également dans les œuvres de Shakespeare, et ce recouvrement est très supérieur à un simple effet du hasard, ou bien de ce que l'on a trouvé dans les ouvrages d'autres personnalités littéraires de la même période. L'auteur consacre une annexe d'une bonne dizaine de page à ce sujet.

Les critiques du livre de Sobran, publiées huit années plus tôt, étaient restées confinées dans les médias conservateurs, et rejetaient de manière écrasante l'ouvrage. Mais le livre d'Anderson était nettement plus volumineux, et avait fait l'objet de recherches nettement plus poussées, et comprenait un Avant-Propos de soutien écrit par Sir Derek Jacobi, un acteur shakespearien de premier plan. C'est peut-être la combinaison de tous ces facteurs qui aura permis un traitement dans l'ensemble favorable de la part du New York Times. Avec ce baptême de respectabilité, l'hypothèse de la paternité du comte d'Oxford sur les pièces de Shakespeare ne pouvait plus guère être tournée au ridicule ou considérée comme une « folle théorie du complot ».

En procédant à mes vérifications, j'ai constaté que le principal article Wikipédia discutant de la véritable paternité des ouvrages de Shakespeare comportait presque 19 000 mots, soit une fois et demi la taille de l'article consacré à Shakespeare lui-même. Bien que cette source d'informations de l'establishment le plus extrême ait tendance à pencher du côté du narratif orthodoxe, elle est nettement plus respectueuse envers la possibilité alternative que je ne l'ai constaté sur d'autres sujets controversés ou dissidents. L'article Wikipédia séparé consacré à la théorie de la paternité du comte d'Oxford sur lesdites œuvres s'étale sur 15 000 mots et se montre relativement sceptique, mais reste tout à fait respectueuse.

À ce stade, les deux livres que j'ai lu, écrits respectivement par Sobran et Anderson, me semble tout à fait convaincants, surtout sur le sujet de l'identification erronée de la plus grande personnalité littéraire de toute l'histoire de la langue anglaise, et de son assimilation à M. Shakspere, de Stratford-upon-Avon. Mais je trouve qu'il est difficile d'établir un verdict définitif sans assister à un débat complet entre les camps rivaux, et je me suis posé la question : un tel échange avait-il jamais été organisé par les médias ? À ma grande humiliation, j'ai découvert que ce débat s'était déjà déroulé en deux occasions distinctes, durant les années 1990.


Dans son édition du mois d'octobre 1991, le prestigieux magazine Atlantic Monthly avait organisé un long débat entre deux personnalités puissantes en provenance des camps rivaux, le journaliste Tom Bethell et le professeur Irving Matus, et avait fait la promotion de ce débat jusqu'en première page. J'étais déjà abonné à ce magazine à l'époque, et j'ai donc du voir cette couverture. Mais il semble que j'étais préoccupé par d'autres sujets, et je m'étais contenté de repousser la question de l'identité de Shakespeare, la considérant comme une « théorie du complot » absurde. Je n'ai sans doute accordé aucune attention à ce sujet, et ai oublié jusqu'à son existence.

De même, en 1999, Harper's Magazine avait procédé de la même façon, et mobilisé dix experts différents divisés en nombres égaux des deux obédiences pour débattre de la paternité des ouvrages de Shakespeare, et en avait également fait sa couverture.

Ainsi, il y a une vingtaine d'années, deux de nos magazines nationaux parmi les plus prestigieux et les plus influents avaient conduit, chacun de leur côté, des débats sur le sujet, des échanges qui s'étaient étalé, mis bout à bout, sur des dizaines de milliers de mots. Mais j'étais resté totalement sans rien connaître de cette controverse, le cerveau tellement bien lavé sur le sujet que jusqu'il y a quelques mois, j'aurais considéré toute remise en question de l'identité de Shakespeare comme relevant quasiment de la même catégorie que l'existence du Bigfoot.


Mais mieux vaut tard que jamais, et après avoir lu posément les deux longs échanges, j'ai conclu que ceux qui remettent en question la paternité de Shakespeare sur ces œuvres l'avaient emporté haut la main, et avaient réussi à retourner le récit qu'on m'avait enseigné durant mes études en classe de 3ème puis à l'université.

Mais d'autres personnes en ont tiré des sentiments différents. Un sondage réalisé en 2007 par le Times sur des centaines de professeurs d'université traitant de Shakespeare a révélé que seuls 6 % d'entre eux estimaient qu'il existait de bonnes raisons de remettre en question l'idée selon laquelle les pièces et poèmes ont été écrits par le natif de Stratford, et 82 %, un nombre écrasant d'entre eux, restaient fermement convaincus que le narratif traditionnel était exact.

Des tentatives ont été menées de manière continue pour amener ces esprits académiques à changer d'avis.

 

Un livre nettement plus récent qui est parvenu à mon attention est une collection d'essais rigoureux écrits par une bonne dizaine d'experts, soutenu par une organisation appelée The Shakespeare Authorship Coalition. Publiée par John M. Shahan et par Alexander Waugh, Shakespeare sans le moindre doute ? a été publié en 2013, a fait l'objet d'une édition revue et corrigée en 2016, et fait l'objet de nombreux soutiens de la part de chercheurs universitaires de premier plan, dont certains déplorent la fermeture d'esprit manifestée par l'establishment littéraire anglophone à reconnaître avoir passé les quelques derniers siècles dans un état d'erreur avérée.

La charte de l'organisation soutenant cette initiative est très prudent, n'endosse aucune position quant à la véritable identité du dramaturge, et Shahan, son fondateur et président, déclare en première page :

CiterCet ouvrage produit des éléments et arguments qui contredisent les affirmations selon lesquelles il n'existe « aucun doute » que M. Shakspere, de Stratford, écrivit les ouvrages de William Shakespeare. Ce livre ne porte pas sur nos préférences au sujet de l'identité de l'auteur véritable, ou sur les motivations qui l'ont poussé à rester dissimulé... Le lecteur à la recherche de candidats alternatifs ou de scénarios sensationnels devrait se tourner vers d'autres ouvrages que celui-ci. Notre objectif est une présentation universitaire de la thèse du « doute raisonnable » au sujet de Shakspere, afin de la rendre compréhensible au public et aux étudiants à qui ce livre est dédié. La seule alternative que nous proposons est que le nom de « William Shakespeare » fut le nom de plume d'une autre personne, qui décida de dissimuler son identité.

Au vu de l'amalgame fréquent entre les deux arguments opposés à la paternité traditionnelle et ceux soutenant tel ou tel candidat de remplacement, cela constitue une approche admirable. J'ai trouvé de nombreux essais, organisés en chapitres, très utiles et convaincants, quoique parfois un peu secs et ennuyeux, et chacun d'entre eux se consacre étroitement à un aspect particulier de la thèse.

Par exemple, le chapitre 1 consacre plus d'une dizaine de pages à une critique très directe du nom véritable du natif de Stratford, et démontre que dans presque tous les cas, ce nom était écrit « Shakspere » par tous les membres de sa famille, et ce sur plusieurs générations, et les quelques exceptions peu nombreuses relevaient généralement de variantes produites par des clercs qui se trompaient en l'écrivant phonétiquement. Dans le même temps, ce nom n'avait jamais été associé avec la moindre pièce de théâtre ni le moindre poème produit par cette grande personnalité littéraire.

Mais apparemment, le défi croissant, posé au début du XXème siècle par Mark Twain et d'autres à l'orthodoxie shakespearienne a amené la communauté académique à « tuer » le vrai nom, Shakspere, à peu près au moment du trois centième anniversaire de sa mort. En conséquence, presque toutes les nombreuses apparitions de « Shakspere » dans les publications d'articles relatives au natif de Stratford furent dès lors remplacées par « Shakespeare », ce qui dissimula partiellement le problème d'identité aux générations à venir.

Le second chapitre se consacre sur les six signatures connues de M. Shakspere, et montre que celles-ci sont indéchiffrables et apparemment analphabètes en comparaison aux nombreuses signatures de nombreuses personnalités littéraires de premier plan de la même époque. Ce contraste était très apparent dans les nombreuses illustrations qui sont produites.

Le chapitre suivant compare les traces écrites laissées derrière lui par Shakespeare avec celles de plus de vingt personnalités littéraires de la même époque. Dix différentes catégories d'éléments sont examinées, comme la formation, la correspondance, les manuscrits, la propriété de livres, et les notices de décès. Pour chacun de ces éléments, de nombreux auteurs, voire la plupart, laissent apparaître des éléments, mais dans le cas de Shakespeare — le sujet des efforts de recherches les plus poussés — tous les registres restent absolument vides.

Un autre chapitre se consacre à des exemples de « chien qui n'a pas aboyé ». Avec la publication de ces pièces et de ses poèmes, Shakespeare était devenu une personnalité littéraire extrêmement éminente dans toute la Grande-Bretagne, mais étonnamment, personne ne semble jamais l'avoir relié à M. Shakspere, ou à un autre membre de la famille Shakspere vivant tranquillement à Stratford. L'essai se consacre à dix personnes considérées comme des « témoins oculaires » dont les écrits ont survécu, et qui auraient dû faire mention du grand dramaturge ayant vécu et étant mort à Stratford, mais qui n'en ont rien fait. Par exemple, la reine Henriette-Marie de France, épouse de Charles 1er, appréciait énormément les pièces de Shakespeare, et au cours d'une visite à Stratford, il semble qu'elle ait passé quelques nuits dans l'ancienne maison de Shakspere, devenue la propriété de sa fille et de la famille de celle-ci ; mais bien que des centaines de lettres de la reine aient été rassemblées et reproduites, elle ne fait nulle part mention de cette visite comme étant spéciale.

Le sens des affaires avisé de Shakspere fit de lui l'un des hommes les plus fortunés de Stratford au moment de sa mort, mais non seulement son long testament est-il totalement exempt de toute ornementation littéraire, il ne fait non plus aucune mention de livre, ni de projet de formation de ses enfants ou petits-enfants. Il ne semble avoir eu en sa possession aucun élément de mobilier permettant de conserver ou de contenir des livres, ni de cartes ou d'instruments de musique. Tout ceci entre en contraste flagrant avec les nombreux testaments qui nous sont parvenus d'autres auteurs ou dramaturges.

Un bref chapitre, occupant deux pages, indique qu'en dépit du fait que la mort de personnalités littéraires de moindre envergure fût marquée par un déferlement d'éloges et de d'hommages, certaines de ces personnalités ayant eu l'illustre honneur d'être enterrées à l'Abbaye de Westminster, personne ne semble avoir remarqué le passage de vie à trépas de Shakespeare en 1616. Par exemple, Ben Johnson était à l'époque considéré comme occupant une stature proche, et au moment de son décès, en 1637, au moins trente-trois éloges séparés furent publiés, alors qu'aucun ne parut pour Shakespeare.

Ainsi, l'équipe de chercheurs ayant contribué chacun son chapitre à ce volume important couvrait à peu près le même spectre que celui couvert par la première moitié de l'ouvrage de Sobran quelque vingt années auparavant, mais avec une rigueur et un sens du détail nettement approfondis, le tout pour en arriver exactement aux mêmes conclusions.

Après avoir soigneusement lu plusieurs livres et de nombreux articles produits par plus d'une vingtaine d'experts différents sur toutes les facettes de la controverse de la paternité des œuvres de Shakespeare, j'avais confiance dans le fait que j'étais parvenu à des conclusions solides.

Il m'apparaissait comme fort peu probable que la personnalité centrale de la littérature anglophone qu'était William Shakespeare fût véritablement le riche mais obscur M. Shakspere de Stratford-upon-Avon, comme je l'avais par le passé toujours pensé. Il semblait exister des éléments plutôt probants pour que le grand dramaturge fût en réalité Edouard de Vere, comte d'Oxford, écrivant sous un nom de plume, avec de solides indices dans ce sens trouvés dans les Sonnets shakespeariens.

Ces résultats m'apparaissaient évidemment comme choquants, mais tout aussi choquant m'apparaissait le fait que cette réalité écrasante était restée ignorée durant des générations par la quasi-totalité de notre establishment littéraire anglophone. Dans le même temps, j'étais moi-même resté inconscient de l'existence même de toute controverse sérieuse, alors que de longs débats avaient été publiés dès les années 1990 et fait l'objet de premières pages de magazines aussi influents que l'Atlantic Monthly ou Harpers.

Je croyais donc désormais être parvenu à des connaissances solides sur l'ensemble de ces sujets en lien avec la véritable identité de Shakespeare, un sujet disputé avec ferveur depuis presque 2 siècles. Mais début mars 2025, j'ai lu un autre livre, dont le contenu a une fois de plus totalement remis en cause l'ensemble de mes conclusions. Je ne peux pas dire quand ou si cette théorie finira par être adoptée par l'establishment universitaire, mais j'ai trouvé l'analyse de l'auteur extrêmement convaincante.

 

Dennis McCarthy, un chercheur indépendant, a publié Thomas North au mois d'octobre 2022, ce titre sans relief se voyant accompagné du sous-titre très provocateur « L'Auteur Original des Pièces de Shakespeare ». Livre auto-publié de 400 pages environ, il ne présente pas de page de copyright en début d'ouvrage, il manque un rappel du titre de chapitre en hauts des pages de texte, mais son contenu stupéfiant compense de très loin ces problèmes techniques. Il se classe au rang invisible de 1.9 millionième sur Amazon, mais cela pourrait changer à l'avenir.

Le sujet titre de l'ouvrage de McCarthy est Sir Thomas North, tout au plus un nom habituel. Mais en son temps, North fut un érudit diplomate, commandant militaire, auteur et traducteur avec des connaissances en droit, mieux connu pour ses traductions en langue anglaise des Vies Parallèles de Plutarque et de plusieurs autres livres.

Les origines de l'ouvrage écrit par McCarthy remontent à 2018, lorsque l'auteur ainsi qu'un collaborateur universitaire utilisèrent un logiciel de détection de plagiat sur les ouvrages de Shakespeare. Comme l'indique un article de première page du New York Times et de nombreuses autres publications dans des médias, ils avaient découvert une importante et nouvelle source comportant une dizaine de pièces de théâtre de Shakespeare, dont Macbeth et le roi Lear. Ces drames avaient apparemment puisé lourdement dans un manuscrit non publié écrit par George North, sans doute un cousin de Thomas, qui était une personnalité mineure de la Cour de la reine Elizabeth, et qui fut nommé par elle ambassadeur en Suède. Aucun plagiat ne fut détecté, mais de nombreux éléments semblaient indiquer que le dramaturge avait lu et s'était inspiré de cette discussion de rebelles et de rebellions, et sa pièce faisait usage des mêmes mots que ceux qui apparaissaient dans ce manuscrit de George North, dans des scènes présentant des thématiques semblables et mettant parfois en jeu les mêmes personnages historiques.

Le Times citait de nombreux chercheurs majeurs sur Shakespeare décrivant la grande importance de cette découverte, et le directeur de la Folger Shakespeare Library de Washington déclarait :

CiterS'il prouve ce qu'ils affirment, il s'agit d'une découverte telle qu'on n'en fait qu'une par génération — ou sur plusieurs générations.

Cette réussite a dès lors inspiré McCarthy et ses collaborateurs à entreprendre une analyse majeure des pièces de Shakespeare en utilisant une approche technologique semblable, et au fil des années qui ont suivi, ils ont fait des découvertes stupéfiantes.

On savait depuis longtemps que les Tragédies Romaines de Shakespeare s'appuyaient lourdement sur la traduction par Thomas North des Vies de Plutarque, et le bref article Wikipédia consacré à North souligne même ce fait. McCarthy cite également l'introduction de George Wyndham à cette édition standard de Plutarque :

CiterShakespeare, le premier poète de tous les temps, a emprunté trois pièces dans leur quasi-intégralité à North. L'obligation de Shakespeare apparaît dans presque l'intégralité de ce qu'il a écrit. Pour la mesurer, vous devez citer le plus gros des trois pièces.

Mais leur logiciel révèle que la dette est nettement plus importante que ce qu'on avait jamais compris jusqu'alors. En appliquant cette analyse à l'ensemble des traductions et écrits de North, on trouve la même correspondance remarquable dans un très grand nombre d'autres pièces de Shakespeare, pas uniquement dans les Tragédies Romaines. Comme l'explique McCarthy dans son second chapitre :

CiterCe qui est vraiment convainquant, ce sont les passages, discours et récits entiers tirés de North — et leur persistance dans les pièces... nul n'a davantage emprunté à un auteur passé que Shakespeare n'a emprunté à North... En termes de nombre de lignes et de passages réutilisés, aucun auteur publié de toute l'histoire de la langue anglaise n'a répliqué davantage d'éléments depuis un auteur passé que Shakespeare n'en a tiré de North. Cela vaut pour l'époque de Shakespeare et cela vaut jusqu'à aujourd'hui...
Le logiciel aide à identifier les lignes de correspondance entre divers ouvrages, et lorsqu'on l'utilise sur les écrits de North et les pièces de Shakespeare, les résultats sont stupéfiants. Des centaines de discours, d'échanges, d'intrigues et de descriptions dans les pièces de Shakespeare — y compris nombre des très célèbres soliloques — dérivent de passages parallèles dans les traductions de North.

McCarthy consacre une centaine de pages, dans la suite du livre, à démontrer ces affirmations énormes en documentant le nombre massif de correspondances entre les travaux de North et ceux de Shakespeare, des résultats qui semblent inouïs mais absolument indéniables. McCarthy maintient un Substack, et il a produit l'an dernier une brève vidéo qui résume ses découvertes choquantes :


Plus bas, dans le même chapitre de son livre, McCarthy décrit l'énorme étendue de ces correspondances :

CiterLe présent ouvrage examine plus de 200 passages et lignes, y compris des milliers de lignes unitaires qui montrent le recyclage pratiqué par Shakespeare d'éléments produits par North... Même lorsque nous fouillons les plus grandes actions de plagiat de l'histoire... nous trouvons que ceux-ci ne s'étalent pas sur le dixième de l'étendue du plagiat pratiqué par Shakespeare sur les travaux de North. Peut-être pas cent fois plus étendus. Car pour atteindre la portée des emprunts réalisés par Shakespeare, il faut qu'un plagiaire soit à la fois neurotiquement obsédé et prolifique, puisant dans les œuvres du même auteur durant toute une carrière étalée sur des dizaines d'années, de son premier à son dernier livre.

La notion selon laquelle la plus grande personnalité de la littérature anglophone fut également le pire plagiaire de l'histoire du monde apparaît comme absolument étrange.

Mais il existe une explication nettement plus simple et moins dérangeante. McCarthy l'explique dans un autre post sur Substack :

CiterComme tous les chercheurs s'accordent à le penser, Shakespeare a fréquemment adapté des pièces plus anciennes. Oui, Shakespeare fut un dramaturge lettré qui fit travailler sa plume dans toutes les pièces qu'on lui a attribués, mais nous savons également que Shakespeare a fréquemment adapté des pièces plus anciennes — un fait qu'aucun chercheur ne réfute. Les éditeurs et chercheurs renommés disposent de preuves ouvertes de l'utilisation par Shakespeare de pièces plus anciennes dans des dizaines d'instances. Certains de ces éléments comprennent des allusions impossiblement précoces à des pièces apparemment « shakespeariennes » des années 1560, 1570 et 1580 — parues trop tôt pour que Shakespeare, qui est né en 1564, ait pu les écrire. Par exemple, le poète Arthur Brooke fait référence à un Roméo et Juliette qu'il a vu joué sur scène en 1562, deux ans avant la naissance de Shakespeare. De même, des contemporains de Shakespeare — et des connaisseurs intimes de la littérature après sa mort — ont décrit de manière répétée Shakespeare comme un adaptateur d'anciennes pièces.

Comme le note McCarthy, les universitaires du mouvement dominant ont reconnu de longue date qu'il existait des versions plus anciennes de nombreuses pièces de Shakespeare, y compris de Roméo et Juliette, de Henri V, du Roi Lear, de Jules César, du Marchand de Venise, et d'autres. De fait, l'une de ces pièces antécédentes, le plus souvent désignée sous le nom Ur-Hamlet, est tellement bien attestée qu'elle dispose même de sa propre brève page Wikipédia, et ce fut Ur-Hamlet qui aida au départ McCarthy sur la piste de ses découvertes littéraires époustouflantes.

L'explication évidente était donc que toutes ces pièces plus anciennes avaient été écrites par North lui-même, qui s'était lourdement appuyé sur ses propres écrits passés pour ce faire, souvent de mémoire. Ce qui n'implique absolument aucun plagiat.

Shakespeare acheta ensuite les droits des pièces existantes de North et les adapta à la scène publique, et le degré d'adaptation qu'il appliqua reste incertain, mais sans doute que de très importants éléments survécurent sans être modifiés. Ainsi, toutes ces grandes pièces de Shakespeare pourraient être considérées comme un travail collaboratif entre Shakespeare et North, peut-être même une collaboration extrêmement unilatérale.

Au sein du même post Substack, McCarthy intègre une bande dessinée amusante suggérant la manière dont les faits longtemps acceptés et considérés comme bénins par les chercheurs sur Shakespeare peuvent soudainement se transformer en faits hautement controversés :




McCarthy s'étale sur une grande partie de la suite du même chapitre à répondre à certaines questions soulevées par cette hypothèse extraordinaire.

Par exemple, la raison pour laquelle North ne publia pas ses propres pièces fut que durant ses premières années d'écriture, presque personne ne publiait jamais de pièce, et seule une petite fraction des pièces produites durant cette période fut jamais imprimée. En outre, les pièces de North n'auraient sans doute pas pu être produites dans un théâtre public, car ces établissements ne commencèrent à exister que durant la fin de la carrière de North, si bien qu'il y aurait eu beaucoup moins d'intérêt populaire envers ces travaux. De fait, McCarthy indique qu'un grand nombre des pièces les plus importantes de Shakespeare ont bien failli se perdre pour des raisons similaires :

CiterChose importante, Shakespeare non plus ne publia pas la majorité de ses pièces. Et n'eût été la publication fortuite d'une collection de ses travaux sept ans après sa mort — le premier Folio — on aurait perdu Antoine et Cléopâtre, Macbeth, La Douzième Nuit, le conte d'hiver, Jules César, La Tempête, Comme vous préférez et de nombreuses autres pièces. De fait, nous n'aurions même jamais rien su de la simple existence de ces pièces.

Dans une annexe, McCarthy confirme que North était connu comme dramaturge, et il a même réussi à dénicher un reçu de paiement en date de 1580 pour l'une des pièces écrites par North, produite alors que Shakespeare n'était encore qu'adolescent. Ainsi, North reçoit argent et crédit pour ses pièces au moment où il les écrit, mais ces historiques ne survivent pas, et ni Shakespeare ni personne d'autre n'a noté les paiements versés pour les pièces utilisées comme source qu'il acheta bien plus tard pour les adapter.

Se pose également la question évidente de savoir pourquoi Shakespeare n'a pas adapté et gagné en renommé sur la base de pièces produites par d'autres auteurs. La réponse de McCarthy est qu'il l'a certainement fait :

CiterBien que ce fait reste peu connu, d'autres pièces comme Locrine, Une Tragédie du Yorkshire, Le Prodige Londonien ou Sir John Oldcastle furent toutes publiées sous le nom de Shakespeare ou avec ses initiales sur les pages de titre... On a continué d'attribuer ces pièces à Shakespeare durant plus d'un siècle, et elles ont mêmes fait l'objet d'une parution dans la collection la plus officielle des pièces de Shakespeare, publiée durant la seconde moitié du XVIIème siècle... Il n'existe aucune trace durant cette période de quiconque remettant en question leur paternité. Depuis lors, les universitaires et éditeurs ont déterminés que ces pièces étaient tellement inférieures, ou présentaient un style tellement différent qu'elles ont été retirées du canon de Shakespeare. Ils ont pour théorie que le nom de Shakespeare aurait été apposé sur les pages de titres par des éditeurs corrompus... En réalité, ces pièces sont elles aussi des adaptations réalisées par Shakespeare. Et la seule raison pour laquelle elles semblent aussi peu shakespeariennes est qu'elles ne furent pas au départ écrites par North.

McCarthy consacre une grande partie d'un autre chapitre à la pièce Arden de Faversham dont le récit est celui d'un meurtre qui s'est réellement produit en Angleterre à l'époque. Cette pièce n'est en général pas considérée comme appartenant au canon shakespearien, mais de nombreux universitaires pensent qu'elle devrait être créditée à Shakespeare pour de simples raisons de qualité et de style.

Pourtant, Alice Arden, l'infâme protagoniste qui partage de nombreux traits avec l'imaginaire Lady Macbeth, était en réalité la demi-sœur de North, et sa paternité probable renforce donc fortement la preuve de la nature très shakespearienne du drame qu'il a écrit. Ici encore, cette pièce partage plus de 100 lignes et passages avec certains autres travaux de North. McCarthy pense qu'il peut s'agir du tout premier drame écrit par North, écrit pour la première fois alors que l'auteur était encore âgé d'une vingtaine d'années, et dont il recyclera certains des phrasés dans Macbeth.

Une des sections du livre de McCarthy est consacrée à ce qu'il appelle les preuves « de flagrant délit » de son hypothèse, à savoir le fait que certaines des pièces de Shakespeare pratiques de lourds emprunts au Journal de Voyage jamais publié de North, ainsi que de l'une des traductions de North avant que celle-ci ait jamais été publiée. Il est très peu probable que Shakespeare lui-même ait eu accès à ces sources, si bien qu'il ne peut pas avoir été l'auteur originel de ces pièces. McCarthy consacre également une portion de son long post Substack à décrire ce même élément très probant, et y a même apposé un résumé en vidéo.

McCarthy n'évoque que brièvement le débat existant de longue date sur la paternité des œuvres de Shakespeare, et il affirme de manière raisonnable que sa propre hypothèse entre dans une catégorie totalement différente.

Il note que les partisans du comte d'Oxford ou de tout autre candidat proposé auront passé des dizaines d'années à rechercher en vain la moindre preuve textuelle soutenant leurs théories, des mots ou des phrases correspondant à ceux du corpus de Shakespeare. Mais sans même rechercher ce type d'élément, il a lui-même trouvé des milliers de correspondances étroites de ce type entre les pièces de Shakespeare et les travaux de North.

Qui plus est, North était un érudit parlant plusieurs langues, et qui avait beaucoup voyagé, qui présentait exactement le type de profil que l'on attendrait de la part de l'auteur des pièces de Shakespeare. McCarthy avance également des arguments plausibles, selon lesquels ces pièces furent probablement inspirées et écrites durant différentes phases de la vie de North, certains de leurs éléments les plus notables correspondant aux expériences personnelles vécues par ce dernier.

Que son approche fût ou non intentionnelle, il m'apparaît que McCarthy a cadré de manière très avisée son hypothèse révolutionnaire. Il était notoire que les universitaires dominants s'intéressant à Shakespeare répugnaient à accepter le moindre défi quant à l'identité de leur sujet. Mais en soulignant l'énorme part d'emprunts pratiqués par Shakespeare dans l'œuvre de North, McCarthy les contraint à soit reconnaître que leur grand dramaturge fut le pire plagiaire de l'histoire de l'humanité, soit que ses pièces furent en réalité écrites par North. Cela les a confrontés à un terrible dilemme, la deuxième possibilité constituant de fait le choix le moins terrible des deux.

McCarthy s'abstient également avec sagesse de même donner le moindre indice sur l'idée que Shakespeare pût être quelqu'un d'autre que M. Shakspere de Stratford. Le chercheur était déjà confronté à des difficultés énormes à faire accepter sa théorie remarquable par les universitaires dominants les études sur Shakespeare, et il avait besoin de tout sauf de déclencher leur antipathie de longue date envers cette question déjà existante de la paternité de ses œuvres. Il leur laisse même un ou deux os à ronger en suggérant que le rôle de North a éliminé l'argument existant selon lequel l'absence de formation formelle de Shakespeare ou le fait que celui-ci n'ait jamais voyagé à l'étranger désignerait le comte d'Oxford comme auteur probable.

Mais mon ressenti penche plutôt vers l'idée que l'hypothèse Thomas North de McCarthy coïncide très bien avec la théorie existante du comte d'Oxford. De fait, elle résout les problèmes que j'avais conservés à l'esprit en pensant à celle-ci.

Selon le cadre traditionnel de Shakespeare, l'auteur continua de travailler comme acteur alors même qu'il écrivait chaque année deux ou trois de ses excellentes pièces, et de nombreux observateurs sceptiques ont soulevé le fait que cela représentait un agenda de travail vraiment difficile.

Mais si Oxford fut bien le véritable auteur, le problème empirait encore davantage. En tant qu'aristocrate de premier plan de l'Angleterre élisabéthaine, Édouard de Vere était lourdement impliqué dans un grand nombre d'intrigues de cour de l'époque, parfois dangereuses, et je me demandais comment il aurait pu trouver le temps à la fois d'écrire un aussi grand nombre de longues pièces de théâtre. En tant qu'héritier — puis dilapideur — de l'une des plus grandes fortunes d'Angleterre, il était certainement confronté à de nombreuses autre distractions quotidiennes et son histoire personnelle ne suggère guère que sa personnalité fût propice à écrire d'arrache-pied, année après année. Mais s'il se contenta d'adapter légèrement des pièces déjà écrites des années plus tôt par North, en comprend beaucoup mieux la possibilité de sa remarquable productivité.

Il me semblait que les éléments les plus puissants identifiant Shakespeare avec le comte d'Oxford provenaient de ses sonnets, et il semblait plausible que le comte ait bien écrit tous ces poèmes, sans la moindre implication de North ou de quiconque. La plupart de ces poèmes ne comportent qu'une centaine de mots, si bien que le texte de l'ensemble des 154 sonnets est plus court que l'une ou l'autre des nombreuses pièces de Shakespeare prise individuellement, sans compter qu'écrire un sonnet ne demande pas de définir une intrigue complexe, de dépeindre les traits de personnages, ou de réfléchir à une mise en scène. Même un aristocrate bien occupé comme le comte d'Oxford aurait pu trouver le temps d'écrire ces sonnets, surtout au vu du fait qu'ils apparaissent comme intensément personnels.

Autre point que soulignent souvent ceux qui remettent en question le narratif orthodoxe sur Shakespeare est que les critiques contemporains laissaient entendre que le grand dramaturge s'était injustement attribué les mérites d'un travail qui n'était pas le sien. Mais si chacun savait que « Shakespeare » constituait un nom de plume utilisé par le comte d'Oxford ou par quelqu'un d'autre, cela semblait n'avoir aucun sens. Aurait-on accusé « Mark Twain » de s'attribuer à tort les mérites d'un ouvrage réellement écrit par Samuel Clemens ? Quoi qu'il en soit, si la plupart, ou presque tout le texte des pièces populaires fut produit de nombreuses années plus tôt par North, et qu'une personne opérant sous le nom de plume de « Shakespeare » s'était à sa place identifiée à ces œuvres en en revendiquant la paternité, ces critiques deviennent nettement plus compréhensibles.

Durant plus de deux siècles, toutes les discussions passées sur la question de la paternité des œuvres de Shakespeare impliquèrent au maximum deux personnages principaux. Mais je pense qu'en fait, il y en avait donc trois.

Il y eut Sir Thomas North, que l'histoire a largement oublié, mais qui est l'homme qui écrivit la plupart, ou presque tous les textes de ces excellentes pièces. Il y eut le personnage dissimulé derrière le nom de plume de « Shakespeare », sans doute Édouard de Vere, comte d'Oxford, qui acheta les droits d'utilisation publique des pièces, et qui les adapta ou les modifia peut-être pour ce faire.

Et il y eut le prospère homme d'affaires, M. Shakspere de Stratford-upon-Avon, dont le seul véritable rôle dans cette histoire est d'avoir été par erreur confondu durant plusieurs siècles avec le génie central de la littérature anglaise, et le plus grand dramaturge de l'histoire.

Ron Unz

Traduit par José Martí, relu par Hervé pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/la-pravda-americaine-qui-a-ecrit-les-pieces-de-shakespeare
#2
Technologie et travail / L’interdiction chinoise d’expo...
Last post by JacquesL - 13 Avril 2025, 07:27:30 PM
L'interdiction chinoise d'exporter des métaux rares pourrait paralyser le complexe militaro-industriel américain



par Dissident.one

Pékin contre-attaque face aux droits de douane de Trump en limitant l'exportation d'éléments cruciaux – avec des conséquences douloureuses pour les États-Unis.

En réponse directe aux nouvelles mesures tarifaires de Trump, la Chine a désormais réagi en imposant ses propres sanctions. Celles-ci pourraient s'avérer extrêmement douloureuses pour les États-Unis. La République populaire impose des restrictions à l'exportation de matières premières stratégiquement importantes, essentielles pour de nombreuses applications high-tech et de défense, rapporte Sputnik.
«Les sanctions de la Chine contre Lockheed Martin et Raytheon – et maintenant aussi les restrictions sur les terres rares et les technologies à double usage – perturbent les chaînes d'approvisionnement dont les États-Unis dépendent fortement», explique Angelo Giuliano, analyste financier à Hong Kong.

Ces mesures entraîneront probablement une hausse significative des coûts de production dans l'industrie de la défense américaine. Elles provoqueront également des retards dans la production d'équipements avancés, notamment des systèmes dépendant des terres rares, tels que les avions et les missiles. «Les États-Unis ne sont tout simplement pas préparés à perdre la Chine comme partenaire commercial dans ce secteur», avertit Giuliano.

Michael Maloof, un ancien analyste en matières de sécurité auprès du ministère de la Défense américain, s'attend également à des effets notables : bien que cette étape cause à court terme une «perturbation temporaire», les États-Unis essaieront à moyen terme de développer de nouvelles sources de terres rares – par exemple en Amérique latine, en Ukraine ou même en Russie. En même temps, le financement intérieur devra également être élargi. «Mais cela prendra du temps. Ce ne sera pas fait du jour au lendemain», souligne Maloof.

Quelles ressources sont en jeu ?

Les produits contenant certains minéraux stratégiques ne pourront désormais être exportés qu'avec une autorisation spéciale d'exportation du ministère chinois du Commerce. Pour cette autorisation, il est également nécessaire de fournir des informations sur l'utilisation finale des matières premières. Voici, en bref, les éléments concernés :

Scandium : un additif stratégique dans les alliages d'aluminium. «Les restrictions toucheront surtout l'aviation et la technologie des missiles», déclare Ruslan Dimukhamedov, expert en terres rares. Le scandium est indispensable «là où une extrême résistance et un faible poids sont requis – quel qu'en soit le coût».

Dysprosium : Indispensable pour les aimants en néodyme, qui grâce au dysprosium sont mieux résistants aux températures et ne se démagnétisent pas, même à forte chaleur. Selon Dimukhamedov, président de l'association russe des producteurs et consommateurs de métaux rares et de terres rares, le dysprosium est essentiel pour les applications hautes performances.

Samarium : Utilisé pour les aimants samarium-cobalt – encore plus résistants à la chaleur que les variantes néodyme. Ces aimants sont utilisés dans l'industrie pétrolière et pour des applications de défense, par exemple dans les missiles ou les moteurs électriques pour l'aéronautique et l'espace.

Gadolinium : Joue un rôle clé dans la technologie nucléaire civile. En tant qu'«additif combustible» dans le combustible des réacteurs, le gadolinium améliore à la fois la durée de vie de l'uranium et sa combustion complète dans le réacteur nucléaire.

Terbium : Un élément essentiel pour les phosphores, comme les phares, les matrices LED, les écrans, les moniteurs et les smartphones.

Yttrium : Utilisé pour des céramiques très spécialisées dans le domaine de l'aéronautique et de l'espace. Parmi les exemples, on trouve des céramiques à base de zirconium stabilisées par de l'yttrium ou des matériaux réfractaires pour les moteurs et les boucliers thermiques des vaisseaux spatiaux.

Lutécium : Un élément chimique hautement spécialisé utilisé dans des systèmes laser modernes.

Source : Dissident.one via Euro-Synergies

https://reseauinternational.net/linterdiction-chinoise-dexporter-des-metaux-rares-pourrait-paralyser-le-complexe-militaro-industriel-americain/
#3
Afrique / Le Soudan en flammes : deux an...
Last post by JacquesL - 13 Avril 2025, 06:53:18 PM
Le Soudan en flammes : deux ans de guerre qui ont détruit le pays



par Viktor Mikhin

Ce mois-ci marque le deuxième anniversaire du début de la guerre civile au Soudan.

Le conflit, qui a éclaté en avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR), s'est transformé en l'une des plus graves crises humanitaires contemporaines. La guerre n'a pas seulement fait des milliers de victimes, mais elle a aussi détruit l'économie, les infrastructures et le système de santé du pays. Des millions de personnes ont été déplacées, et la menace de la famine plane sur des régions entières. Malgré quelques tentatives de la communauté internationale pour mettre fin aux violences, un cessez-le-feu reste hors de portée. Pourquoi la guerre continue-t-elle ? Quelles en sont les conséquences ? Et y a-t-il un espoir de paix ?

Un pays dévasté : des infrastructures en ruines

Ce qui a commencé comme une lutte pour le pouvoir entre l'armée soudanaise (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR) est devenu l'une des pires crises humanitaires de l'histoire récente. La guerre a laissé le Soudan en ruines, détruisant ses infrastructures, son économie et son système de santé, tout en infligeant d'immenses souffrances à la population. Des millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers, la famine menace, et les pays voisins peinent à faire face à l'afflux de réfugiés.

La guerre a réduit les infrastructures soudanaises à l'état de ruines, laissant derrière elle un pays à peine fonctionnel. À Khartoum, Omdurman et d'autres grandes villes, les services essentiels comme l'eau, l'électricité et les télécommunications sont gravement perturbés. Les écoles et universités ont été détruites ou transformées en postes militaires improvisés, privant toute une génération d'enfants soudanais d'éducation. Les routes et les ponts ont été bombardés ou bloqués, isolant des communautés entières. Le système bancaire s'est effondré, et de nombreuses entreprises ont fermé ou délocalisé leurs activités à l'étranger.

Sur le plan économique, le Soudan est en chute libre. La destruction des secteurs clés, notamment l'agriculture et l'industrie, a laissé des millions de personnes sans moyens de subsistance. Les agriculteurs ont dû abandonner leurs terres à cause des violences, aggravant encore la pénurie alimentaire. L'inflation a grimpé en flèche, rendant même les produits de première nécessité inaccessibles.

Selon l'ONU, plus de 60% des Soudanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté, et aucun plan clair de relance économique n'existe tant que la guerre persiste. L'effondrement de l'économie soudanaise n'est pas seulement un problème national : il menace directement la stabilité régionale, car le désespoir économique engendre souvent violence, criminalité et instabilité.

Un système de santé à l'agonie

Le système de santé soudanais, déjà fragile avant la guerre, est aujourd'hui au bord de l'effondrement. Les hôpitaux et centres médicaux ont été bombardés, pillés ou transformés en bases militaires. Rien qu'à Khartoum, près de la moitié des hôpitaux ont été endommagés, privant des millions de personnes de soins urgents. Les réserves de médicaments s'épuisent, et les médecins doivent opérer sans anesthésie ni stérilisation adéquate. Le manque de traitements a entraîné une hausse des décès évitables, surtout chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées.

Des maladies comme le choléra, la malaria et la dengue se propagent rapidement en raison des mauvaises conditions sanitaires et de la destruction des réseaux d'eau potable. La malnutrition fait également des ravages : des millions d'enfants souffrent de la faim. Les organisations humanitaires ont maintes fois averti que, sans intervention immédiate, le Soudan pourrait connaître l'une des pires crises sanitaires du XXIe siècle. Pourtant, l'aide humanitaire peine à atteindre les populations en raison des violences persistantes et des restrictions bureaucratiques imposées par les belligérants.

Une crise humanitaire sans précédent

L'ampleur des souffrances au Soudan est stupéfiante. Plus de 26 millions de personnes ont un besoin urgent d'aide humanitaire, dont au moins 12 millions de déplacés internes. Des familles entières ont dû fuir leurs maisons, souvent avec pour seul bagage les vêtements qu'elles portaient. Beaucoup vivent dans des camps surpeuplés, sans accès à la nourriture, à l'eau potable ou aux soins médicaux. Le Programme alimentaire mondial a alerté : le Soudan est au bord de la famine, et des millions de personnes risquent de mourir de faim dans les mois à venir.

Les réfugiés et la menace régionale

La guerre au Soudan a également provoqué l'une des plus graves crises de réfugiés de ces dernières années. Près d'un million de Soudanais ont fui vers les pays voisins, dont le Tchad, le Soudan du Sud, l'Éthiopie, l'Égypte et la République centrafricaine. Ces États, déjà fragilisés par des difficultés économiques et des instabilités internes, peinent à gérer l'afflux de déplacés. Les camps de réfugiés sont surpeuplés, sous-financés et manquent de l'essentiel : nourriture, eau et soins médicaux.

Au Tchad, la crise des réfugiés exerce une pression énorme sur les ressources locales, créant des tensions. Sans un soutien international massif, cette situation pourrait déstabiliser toute la région, déclenchant de nouveaux conflits et déplacements.

Un conflit sans vainqueurs, seulement des perdants

La guerre au Soudan rappelle une fois de plus les conséquences dévastatrices des conflits civils. Il n'y a pas de vainqueurs – seulement des morts, des destructions et des souffrances. Les Soudanais, qui espéraient autrefois un avenir meilleur, sont désormais pris dans un cycle sans fin de violence et de désespoir. L'histoire montre que les guerres civiles débouchent rarement sur des solutions politiques durables. Elles laissent plutôt des blessures profondes, dont la guérison prendra des générations. Plus la guerre dure, plus il sera difficile de reconstruire le Soudan. La communauté internationale doit comprendre que la prolongation de ce conflit ne mènera qu'à davantage d'instabilité, de morts et de souffrances.

Que faire ? Les chemins vers la paix

La communauté mondiale ne peut rester passive. La première urgence est un cessez-le-feu pour stopper les violences et ouvrir des couloirs humanitaires. Il faut exercer une pression sur les deux parties pour qu'elles entament des négociations, avec un rôle clé joué par les puissances régionales et internationales.

Parallèlement, l'aide humanitaire doit être renforcée financièrement et logistiquement. L'ONU, l'Union africaine et les pays donateurs doivent veiller à ce que les promesses d'aide atteignent réellement les populations. Trop d'engagements n'ont pas été tenus, laissant des millions de personnes sans nourriture, eau ni soins. Plus l'aide tarde, plus les victimes seront nombreuses.
Pour une paix durable, la communauté internationale doit collaborer étroitement avec l'Union africaine et les voisins du Soudan. Avec un soutien adéquat, les initiatives de paix menées par des pays africains pourraient jeter les bases d'une stabilité à long terme. La Déclaration de Djeddah, qui servait auparavant de cadre aux négociations entre factions soudanaises, doit être relancée et élargie. La diplomatie doit primer sur les actions militaires.

L'urgence d'agir

Il est tragique de constater qu'au XXIe siècle, une guerre meurtrière ravage le Soudan, transformant en deux ans un pays autrefois prometteur en un champ de ruines. Des millions de personnes ont été déplacées, des milliers sont mortes, et une nation entière est au bord de l'effondrement. La souffrance du peuple soudanais ne peut plus être ignorée. La communauté internationale doit agir concrètement : obtenir un cessez-le-feu, garantir l'acheminement de l'aide et intensifier les efforts diplomatiques pour mettre fin à ce conflit brutal.

De nombreux experts s'accordent à dire que pour arrêter la guerre, il faut :

Un cessez-le-feu durable via une médiation internationale (ONU, Union africaine, Ligue arabe).
Un dialogue direct entre les autorités soudanaises et les FSR, éventuellement avec la société civile.
Une pression internationale forte, avec des sanctions contre les parties violant les trêves et un embargo sur les livraisons d'armes.
La lutte contre les ingérences étrangères, en limitant le rôle des mercenaires et en stoppant les soutiens extérieurs (armes, financements).
L'ouverture de couloirs humanitaires et l'acheminement de vivres et de médicaments, ainsi qu'un soutien accru aux réfugiés (plus de 8 millions de déplacés).
Un règlement politique inclusif, avec la restauration d'un gouvernement civil (avant la guerre, un conseil de transition était en place) et des négociations impliquant toutes les régions (Darfour, Kordofan du Sud, etc.).

La guerre ne pourra être stoppée que par une combinaison de pression internationale, de négociations et d'une réelle volonté de paix des belligérants. Pour l'instant, ni les FAS ni les FSR ne sont prêts à faire des compromis, mais la catastrophe humanitaire pourrait finir par les forcer à négocier.

source : New Eastern Outlook

https://reseauinternational.net/le-soudan-en-flammes-deux-ans-de-guerre-qui-ont-detruit-le-pays/
#4
Amérique / Quoi de neuf sur Kennedy ?
Last post by JacquesL - 13 Avril 2025, 06:17:28 PM
Quoi de neuf sur Kennedy ?



par Laurent Guyénot

Un point sur les déclassifications récentes.

À ce jour, et à ma connaissance, aucune révélation bouleversante, aucune preuve accablante, n'est sortie des 64 000 documents rendus publics depuis le 18 mars sur l'assassinat de John Kennedy. Néanmoins, la piste israélienne se trouve plutôt renforcée, notamment par une clarification de la proximité de James Jesus Angleton avec le Mossad. Le mot Israel qui était caviardé sur un document préalablement déclassifié, apparaît maintenant en clair sur la nouvelle version. Cela indique, d'une part, que, si la CIA estimait que les liens entre Angleton et Israël devaient être occultés il y a quelques années encore, ces liens sont si connus aujourd'hui que le caviardage du mot Israel était devenu ridiculement contreproductif.




Sur un autre document, mentionnant qu'Angleton gérait «plusieurs services de renseignement, beaucoup d'entre eux avec [le Service du Renseignement israélien]», les mots entre crochets ont également été décaviardés. Le compte X de Wikileaks, suivi par 5,8 millions d'abonnés, fait remarquer :

«La CIA a censuré les liens entre l'officier supérieur James Jesus Angleton et les services de renseignement israéliens, comme le montre ce nouveau dossier non expurgé sur l'assassinat de JFK. Angleton avait détourné la politique de JFK visant à empêcher Israël de se doter d'armes nucléaires et avait été salué par le chef du Mossad, Meir Amit, comme «le plus grand sioniste d'entre tous»».



Une page nouvellement déclassifiée rapporte les propos de John McCone, le directeur de la CIA nommé par Kennedy, au sujet de la crise diplomatique secrète entre la Maison-Blanche et l'État juif sur l'armement nucléaire. Notant que les Israéliens «refusent de se soumettre aux garanties internationales prescrites par l'Agence internationale de l'énergie atomique», McCone craint que le projet israélien ne «déclenche de graves troubles dans le Moyen-Orient», et recommande au président Kennedy, comme il l'avait fait à son prédécesseur Eisenhower, de prendre des sanctions économiques contre Israël. McCone, rappelons-le, avait été placé à la tête de la CIA par Kennedy précisément en raison de sa bonne connaissance et de son opposition au projet Dimona.



Cet aspect de l'histoire nous rappelle qu'incriminer «la CIA» dans l'assassinat de Kennedy n'a guère de sens, puisque le directeur de la CIA est totalement hors de cause. Ce qu'il faut faire, c'est identifier les agents de la CIA qui ont pu être impliqués, à l'insu de leur directeur. Le nom sur lequel se sont concentrés tous les soupçons, depuis les années 70, est celui de James Jesus Angleton, chef du Contre-espionnage. La piste de la CIA mène tout droit au seuil de son bureau. Or depuis la parution en 2017 de sa biographie par Jefferson Morley (The Ghost), on sait que son bureau menait au Mossad par une porte de service. Ainsi, à travers Angleton, la piste de la CIA mène tout droit au Mossad, de la même manière qu'à travers Jack Ruby, la piste de la mafia mène tout droit à l'Irgoun. Sam Parker, ancien candidat au Sénat, résume bien ici les principaux actes de trahison d'Angleton en faveur d'Israël.

Comme le précise un article du Washington Post sur les hommages reçus par Angleton en Israël à sa mort, «Angleton est réputé avoir aidé Israël à obtenir des données techniques nucléaires». C'est un euphémisme : Angleton a en fait couvert le vol et la contrebande de matériaux destinés au réacteur nucléaire Dimona. Angleton sabotait ainsi la politique de Kennedy, dans un dossier hyper-sensible de sécurité nationale et même mondiale.

Jefferson Morley, qui dans The Ghost a documenté la proximité d'Angleton avec le Mossad mais se gardait de faire le lien avec l'assassinat de Kennedy – et, dans les années 90, traitait Michael Piper de nazi – se risque maintenant à évoquer l'implication possible d'Israël dans l'assassinat, dans cette interview avec Tucker Carlson :

x Tucker Carlson & Jefferson Morley

Ailleurs, on l'entend expliquer qu'Angleton avait des relations proches avec le Mossad, et avait des choses à cacher sur la manière dont la CIA avait aidé Israël à voler des matériaux nucléaires. Il explique aussi qu'Angleton, selon son propre témoignage devant la Commission Church en 1975, avait recruté des Israéliens, dont le profil correspond à celui de Rubin Efron (Efron était un espion israélien, et un document déclassifié en 2023 a révélé qu'il avait charge d'espionner le courrier d'Oswald pour la CIA. Mais après avoir souligné ces points importants, Morley résume ce qu'il peut «affirmer avec assurance» («my bottom line») : «Le contre-espionnage de la CIA est responsable de l'assassinat de Kennedy».

X Jeff Morley

Étant donné que le chef du contre-espionnage était aussi la liaison exclusive avec le Mossad, et qu'il avait introduit dans la CIA des espions israéliens, y compris pour espionner Oswald, et étant donné que c'est Morley qui a documenté tout cela, sa conclusion sonne, soit comme de l'hypocrisie, soit comme une ruse, une façon implicite de dire qu'Israël est impliqué. Par générosité, je penche pour la seconde hypothèse. Morley se protège, et protège sa position, c'est-à-dire sa capacité à faire sortir l'information. Il a documenté en détail la façon dont Angleton a conspiré avec le Mossad dans le dos de son patron, mais lorsque Karl Golovin lui demande de se prononcer sur la question de l'implication d'Israël dans l'assassinat de Kennedy, il répond : «je n'en vois aucune preuve».

X Great questions by Karl Golovin

Cette petite séance de questions faisait suite à l'intervention d'Oliver Stone à l'invitation d'Anna Paulina Luna, nommée en février à la tête de la House Oversight and Government Reform Committee, en charge de la déclassification. Pour l'anecdote, Karl Golovin, assis deux rangées derrière Stone, a tenu mon livre bien en vue durant la conférence :

X Oliver Stone's conference

J'en profite pour signaler un détail évoqué par Morley dans son livre, dont l'importance m'avait échappé. Angleton a rendu visite à Ben Gourion, peu après sa résignation en juin 1963. The Ghost, p. 171 :

«Angleton n'a pas manqué ses voyages réguliers en Israël. «Il avait l'habitude de venir de temps en temps pour rencontrer le chef du Mossad et obtenir des informations», se souvient Efraim Halevy, qui était l'agent de liaison du Mossad auprès de la station de la CIA à Tel-Aviv au début des années 1960. Halevy escortait Angleton lors de ses tournées et enregistrait ses rencontres avec des responsables israéliens. «Il avait l'habitude de rencontrer David Ben-Gurion, qu'il connaissait depuis de nombreuses années», se souvient Halevy. «Ben-Gourion a fini par quitter le pouvoir [en 1963] et Angleton s'est rendu à Sde Boker [la maison de Ben-Gourion dans le Néguev] pour le rencontrer. Je n'ai pas assisté à ces réunions. Ils n'étaient que tous les deux. Il avait des affaires à régler»».

De quoi Angleton et Ben Gourion ont-ils bien pu discuter secrètement ce jour-là ? Je rappelle que Ben Gourion démissionna (officiellement «pour raisons personnelles») le jour où il devait recevoir l'ultime lettre de Kennedy menaçant Israël de sanctions en cas de refus d'une inspection de Dimona. L'hypothèse la plus raisonnable est que, ayant échoué à faire fléchir Kennedy, Ben Gourion a décidé de s'occuper de lui d'une autre manière. Il est probable qu'il fit appel aux anciens de l'Irgoun et du Lehi, spécialistes des assassinats politiques et opérations sous fausse bannière, en particulier Menahem Begin et Yitzhak Shamir, qui allaient par la suite devenir premiers ministres.

De grands progrès ont été faits depuis une dizaine d'années dans la recherche sur l'assassinat de JFK. La piste d'Israël, ouverte par Michael Collins Piper dans les années 1990, est aujourd'hui évoquée par des personnalités influentes comme l'historien Martin Sandler, éditeur en 2013 d'un recueil de lettres de Kennedy, incluant son échange avec Ben Gourion en juin 1963. Ici, toutefois, le début de sa phrase est coupé, de sorte qu'il semble affirmer une conviction, alors qu'il ne fait que résumer la théorie de Piper, sans la valider explicitement. Néanmoins, c'est bien joué.

X Martin W. Sander : Mossad killed Kennedy

Depuis que Johnson est ouvertement reconnu comme le président américain le plus pro-Israël depuis Truman, les investigateurs qui ciblaient Lyndon Johnson comme le cerveau de l'assassinat ne peuvent plus faire l'impasse sur l'implication d'Israël. Exemple avec Roger Stone, auteur de The Man Who Killed Kennedy : The Case Against LBJ :

X Roger Stone

Israël ayant montré son vrai visage avec le génocide de Gaza, les inhibitions cognitives qui empêchaient de concevoir sa culpabilité dans l'assassinat de Kennedy se brisent. Des journalistes très influents comme Candace Owens ou Tucker Carlson ont brisé le tabou. Jackson Hinkle, suivi par presque 3 millions d'abonnés sur X, relaie le discours de Mouammar Kadhafi à l'Assemblée générale de l'ONU, presqu'introuvable sur le net il y a encore un an.

Je suis fier d'avoir, avec le soutien d'E&R, contribué à cette évolution. Le film magnifiquement réalisé par ERTV sur la base de mon script, est souvent relayé, en entier ou par morceaux.

Dans son dernier article paru ce lundi, «How Israel killed the Kennedys» (cliquez dans la fenêtre Translate en haut à droite pour le lire en français), Ron Unz met notre travail à l'honneur :

«Laurent Guyénot, éminent conspirationniste français, fait partie de la petite poignée d'auteurs récents à avoir adopté et promu l'hypothèse Piper. Bien que je ne puisse pas nécessairement approuver chaque élément en particulier, je recommande vivement son livre de 2019, The Unspoken Kennedy Truth, qui constitue le meilleur exposé de l'accusation d'Israël et du Mossad concernant l'assassinat de JFK. Ce livre de poche résume toutes les informations importantes et est suffisamment court pour être lu en un ou deux jours seulement. Son article de 2018 sur le même sujet reprend les mêmes informations sous une forme beaucoup plus concise : «Did Israel Kill the Kennedys ?». Guyénot a également présenté ce même sujet controversé sous la forme d'un documentaire de 2022 disponible sur YouTube. Bien que peut-être trop hagiographique, «Israël et les assassinats des frères Kennedy», constitue également la meilleure introduction vidéo à ce sujet».

Pour approfondir, je vous conseille ma conférence à Marseille, magnifiquement filmée et illustrée par l'équipe régionale d'E&R :



Laurent Guyénot

source : Kosmotheos

https://reseauinternational.net/quoi-de-neuf-sur-kennedy/
#5
Suicide dirigé / Ursula von der Leyen efface le...
Last post by JacquesL - 12 Avril 2025, 06:52:40 PM
Ursula von der Leyen efface les racines chrétiennes : «L'Europe, ce sont les valeurs du Talmud. Am Israel Chai»
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par Le Média en 4-4-2

Ursula von der Leyen a déclaré en Israël que «l'Europe repose sur les valeurs du Talmud». Elle a encensé Ben Gourion, passé sous silence les crimes historiques du sionisme, et n'a jamais mentionné les droits du peuple palestinien. Cette réécriture historique, combinée à la gestion opaque de milliards d'euros pour des vaccins peu efficaces, signe une dérive grave de la Commission européenne.

Le 14 juin 2022, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne – qui a débloqué des dizaines de milliards d'euros pour acheter des vaccins anti-COVID -, tenait un discours à l'Université Ben Gourion du Néguev. Ce qui aurait pu être une intervention de courtoisie diplomatique s'est transformé en profession de foi idéologique, où l'Europe s'est retrouvée redéfinie à la lumière de valeurs... étrangères à ses fondements historiques. Et le tout sur fond de vaccination de masse opaque, de stratégie énergétique douteuse, et de révision historique soigneusement orientée.

Quand l'Europe devient talmudique ?

Mais ce qui a le plus frappé dans ce discours, c'est cette phrase :

«L'Europe, ce sont les valeurs du Talmud, le sens juif de la responsabilité personnelle, de la justice et de la solidarité. Au fil des siècles, le peuple juif a été «une lumière pour les nations». Et il sera une lumière pour l'Europe pendant de nombreux siècles à venir. L'héritage de Ben Gourion est durable. (...) Am Israel Chai [NDLR : Longue vie à Israël]».


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Non, Madame von der Leyen, l'Europe n'a pas été fondée sur le Talmud. L'Europe est le fruit de siècles de culture gréco-romaine et, surtout, de christianisme. Affirmer que nos racines culturelles sont talmudiques est historiquement faux, intellectuellement malhonnête et politiquement dangereux.

Surtout quand on sait ce que certains passages du Talmud disent de figures centrales du christianisme : Jésus y est qualifié de «sorcier» condamné à mort, Marie y est insultée. Ce n'est pas une question d'interprétation : ce sont des extraits documentés. Alors pourquoi réécrire l'histoire européenne à la lumière d'un texte religieux qui n'a jamais été le socle de notre civilisation ?

Israël, démocratie modèle ou impunité permanente ?

En louant sans nuance l'héritage de Ben Gourion – «père de la nation israélienne» – Ursula von der Leyen oublie de mentionner l'autre visage de ce fondateur : celui d'un homme qui a justifié l'épuration ethnique des Palestiniens, comme l'ont attesté de nombreux historiens israéliens eux-mêmes (Benny Morris, Ilan Pappé, etc.).

Et que dire du terroriste Jabotinsky, chantre du sionisme révisionniste, qui prônait une domination territoriale sans compromis, au mépris des populations arabes ? Glorifier ces figures sans même évoquer les conséquences humaines de leurs projets revient à légitimer une expansion coloniale en cours. Et à nier les droits des peuples qui en sont victimes.

Une Europe instrumentalisée ?

Ce discours d'Ursula von der Leyen en Israël n'est pas qu'une maladresse diplomatique. Il révèle une dérive grave : celle d'une Union européenne qui, au lieu de défendre ses peuples, ses cultures et ses intérêts, se met au service d'agendas étrangers – qu'ils soient sanitaires, énergétiques ou idéologiques.

Le respect de la mémoire, oui. L'alignement aveugle, non. La démocratie, oui. L'oubli volontaire de notre histoire, non.

L'Europe mérite mieux que des leçons de morale déguisées. Elle mérite une politique de vérité, de justice, et de souveraineté. Et surtout, elle mérite qu'on ne confonde jamais la défense d'une communauté religieuse avec la soumission à une vision politique d'un autre temps.

Rappel des valeurs talmudistes :


source : Le Média en 4-4-2


https://reseauinternational.net/ursula-von-der-leyen-efface-les-racines-chretiennes-leurope-ce-sont-les-valeurs-du-talmud-am-israel-chai/
#6
Questions mondiales. / Est-ce que le «piège de Thucyd...
Last post by JacquesL - 12 Avril 2025, 05:48:33 PM
Est-ce que le «piège de Thucydide» explique les tarifs douaniers sauvages à la Chine



par German Gorraiz Lopez

Derrière l'imposition par Trump de tarifs douaniers drastiques à la Chine, il y aurait une peur sous-jacente chez l'actuel hégémon économique d'être dépassé par le géant chinois au cours de la prochaine décennie, ce que l'on appelle le «piège de Thucydide».

La lutte entre l'hégémon et la puissance émergente

L'expression «piège de Thucydide» a été inventée par le politologue américain Graham T. Allison dans un article intitulé «Vers la guerre : l'Amérique et la Chine dans le piège de Thucydide ?», publié dans le magazine The Atlantic et inclus plus tard dans son livre «Destinées à la guerre : l'Amérique et la Chine peuvent-elles échapper au piège de Thucydide ?»

Avec ce terme, Allison tente d'expliquer «la tension générée par la montée d'une nouvelle puissance et la résistance de la puissance dominante ou hégémonique». Cette confrontation entre l'hégémon et la puissance montante pourrait éviter la guerre en mettant en œuvre d'énormes et douloureux ajustements dans les attitudes et les actions des deux parties ou dégénérer progressivement vers un conflit militaire ouvert, une hypothèse qui a été remplie dans 12 des 16 cas cités par Allison et qui ont été résolus «en renforçant la grande puissance ou en cédant à l'hégémonie de la puissance montante».

Ce terme pourrait être extrapolé aujourd'hui à la lutte économique et géopolitique entre les États-Unis et la Chine puisque selon les projections, entre 2030 et 2035 la Chine serait déjà l'hégémonie économique, c'est pourquoi, selon Allison, «la Chine et les États-Unis sont sur une trajectoire de collision pour entrer en guerre».

Le piège de Thucydide susmentionné génère ce qu'Allison appelle un «phénomène miroir», c'est-à-dire «un syndrome de la puissance dominante contre un syndrome de la puissance ascendante qui exacerbe les ambitions d'hégémonie de la puissance ascendante et l'insécurité et la vulnérabilité de la puissance dominante, et peut même conduire à des réactions irrationnelles, basées sur des événements apparemment sans conséquence pour une confrontation mondiale».

Guerre commerciale et technologique

Les États-Unis et la Chine estiment tous deux que la guerre s'est déplacée vers les sphères économique, financière et technologique.

Dans le secteur des télécommunications, avec le déploiement des réseaux 5G mené par des entreprises comme Huawei, la Chine a dépassé les États-Unis en termes d'infrastructures et d'adoption de masse. De même, dans le secteur des véhicules électriques, des entreprises comme BYD ont positionné la Chine comme leader de la production et des ventes soutenues par d'importants investissements publics et par l'accès à des minéraux essentiels comme le lithium.

En matière d'intelligence artificielle (IA), la Chine a également gagné du terrain, avec des modèles comme DeepSeek qui concurrencent les développements occidentaux comme ChatGPT, souvent à moindre coût et avec une plus grande efficacité sur des ressources limitées. Cela renforce son leadership en matière de publications scientifiques sur l'IA, surpassant les États-Unis en quantité.

D'autre part, les États-Unis conservent des avantages dans des domaines stratégiques tels que l'informatique quantique, où des entreprises comme IBM et Google mènent le développement, et dans les semi-conducteurs avancés, avec des entreprises comme Intel, AMD et NVIDIA dominant la conception des puces de nouvelle génération.

Bien que la Chine ait fait des progrès avec des entreprises comme SMIC (Société internationale de fabrication de semi-conducteurs), elle dépend toujours de la technologie étrangère pour fabriquer des puces de pointe en raison des restrictions à l'exportation imposées par les États-Unis et leurs alliés. En outre, les États-Unis excellent dans l'innovation à fort impact, avec les brevets les plus cités au monde et une forte présence dans la recherche spatiale, illustrée par les programmes SpaceX et de la NASA tels qu'Artemis.

Technologie et armes

Les États-Unis disposent du plus gros budget militaire au monde, estimé à environ 877 milliards de dollars en 2023, selon les données du ministère de la Défense. En comparaison, le budget officiel de la Chine est d'environ 230 milliards de dollars (selon l'Institut international d'études stratégiques (IISS), bien que certains analystes suggèrent que le chiffre réel pourrait être plus élevé).

Les États-Unis disposent également d'un arsenal nucléaire plus vaste et plus diversifié (environ 3700 ogives contre 600 pour la Chine, selon la Fédération des scientifiques américains), avec des systèmes de lancement plus avancés.

Cependant, la Chine comble rapidement son retard, notamment en matière de missiles hypersoniques (comme le DF-17) et de sa flotte navale, qui dépasse déjà celle des États-Unis en nombre de navires (mais pas en tonnage ou en capacité).

En conclusion, l'intensification possible des tensions irait au-delà des personnalités de Trump et de Xi Jinping, reproduisant la thèse d'Allison selon laquelle «elle obéit aux syndromes profonds de domination et d'ascendance décrits ci-dessus, qui ont émergé de leurs dirigeants mais se projettent progressivement dans des secteurs importants de leurs populations respectives».

source : Observateur Continental

https://reseauinternational.net/est-ce-que-le-piege-de-thucydide-explique-les-tarifs-douaniers-sauvages-a-la-chine/
#7
Asie, Pacifique / Israël menace d’expulser 970 p...
Last post by JacquesL - 10 Avril 2025, 10:16:30 AM
Israël menace d'expulser 970 pilotes pour avoir protesté contre la guerre à Gaza



par TRT Français

Les chefs militaires israéliens menacent de renvoyer le personnel aérien qui ne retire pas leur signature d'une lettre s'opposant à la guerre et affirmant que «les combats à Gaza servent des intérêts politiques et non des intérêts de sécurité».

Les commandants de l'armée de l'air israélienne ont menacé mercredi d'expulser environ 970 membres du personnel, dont des pilotes, des officiers et des soldats, s'ils ne retirent pas leurs signatures d'une lettre demandant la fin de la guerre à Gaza, ont rapporté les médias locaux.

Le quotidien israélien Haaretz a rapporté qu'«environ 970 membres du personnel aérien, dont certains sont en service de réserve actif, ont signé la lettre s'opposant à la guerre, mais n'appelant pas au refus de servir».

Ces derniers jours, de hauts responsables de l'armée de l'air ont téléphoné personnellement aux réservistes ayant signé la lettre, les exhortant à revenir sur leur décision. Les commandants ont informé les réservistes qu'ils risquaient d'être licenciés s'ils refusaient d'obtempérer, selon Haaretz.

À la suite de cette menace, seuls 25 signataires ont retiré leur nom, tandis que huit autres ont demandé à ajouter leur signature.

Les signataires de la lettre, dont des officiers supérieurs et des pilotes de l'armée de l'air, estiment que «les combats à Gaza servent des intérêts politiques et non des intérêts de sécurité».

Les membres de l'opposition israélienne affirment depuis longtemps que la guerre contre Gaza a pour but de permettre au Premier ministre Benjamin Netanyahou de rester au pouvoir et n'a rien à voir avec la sécurité d'Israël.

source : TRT Français

https://reseauinternational.net/israel-menace-dexpulser-970-pilotes-pour-avoir-proteste-contre-la-guerre-a-gaza/
#8
Politique française / Claude Janvier et Jean-Loup Iz...
Last post by JacquesL - 08 Avril 2025, 11:13:39 AM
Claude Janvier et Jean-Loup Izambert : «Une guerre civile n'est pas à souhaiter»



L'écrivain, essayiste, Claude Janvier, et le journaliste d'investigation Jean-Loup Izambert, réagissent à la situation géopolitique et sociale en France avec la sortie de leur nouveau livre «L'Abandon français sous-titré Quelque chose est pourri dans mon royaume de France» aux éditions Jean-Cyrille Godefroy.

Observateur Continental : Est-ce que la France existe encore selon votre dernier livre L'Abandon français ?

Claude Janvier : Au vu du constat que nous dressons dans notre livre, que ce soit au niveau industriel, culturel, économique et social, la France est en totale désintégration. Plus de 7000 milliards de dettes (toutes confondues) ; 17,5 millions de personnes pauvres ou en voie de précarisation sur 32 millions d'actifs ; 7 Français sur 10 qui renoncent à se soigner, 15 millions de Français touchés par la crise du logement, paupérisation galopante, tout comme l'inflation ; éclosion de nouveaux impôts, mais toujours le même président... Malheureusement.

Jean-Loup Izambert : La France survit encore même si elle n'en finit pas de crever des politiques gouvernementales qui se succèdent depuis le début des années 1970. France Stratégie, organisme autonome de statistiques et de prévisions auprès du Premier ministre, indiquait dans un rapport de 2020 que sur les quarante dernières années «le recul de l'emploi industriel est saisissant : entre 1974 et 2018, les branches industrielles ont perdu près de la moitié de leurs effectifs (2,5 millions d'emplois)» et que «la France est l'un des pays les plus désindustrialisés» du continent. Depuis la situation s'est encore aggravée. Un pays qui ne compte plus en somme.

Observateur Continental : Qui a planifié la destruction progressive de la France ?

Claude Janvier : La destruction de la France et des pays francophones est depuis longtemps planifié par les Anglo-saxons. Plus précisément par la haute finance internationale. Après le départ du général de Gaulle, tous les présidents de la Vème République ont été des atlantistes, à la solde des USA.

Jean-Loup Izambert : C'est le grand patronat des sociétés transnationales économiques et financières, européenne et anglo-saxonne, dont les politiciens domestiques facilitent par des lois et règlements leur accaparement des richesses des pays. Je montre comment, avec l'affaire Alstom et d'autres, dans Les destructeurs publié aux éditions Jean-Cyrille Godefroy. Mais cette politique ne peut perdurer que par le consentement d'une minorité-majorité électorale de Français qui votent pour des partis qui, du PCF au RN en passant par les partis bleu layette, rose bonbon et verts de gris, soutiennent la même politique : Union européenne, zone euro, OTAN et capitalisme.

Observateur Continental : Pourquoi vouloir détruire la France ?

Claude Janvier : Parce que la France, ainsi que les pays francophones ont toujours représenté une menace pour l'empire Anglo-Saxon. Selon l'idéologie mortifère et cupide de ces derniers, il n'y a pas de place pour deux dirigeants en Occident, au Proche-Orient et en Afrique. La France, en tant que pays riche, attire forcément la convoitise de pays étrangers et surtout des Anglo-Saxons. En pillant continuellement la France et l'Europe, les USA continue de maintenir l'hégémonie de leur dieu «dollar».

Jean-Loup Izambert : Pour les oligarques les pays n'existent pas. Ce sont juste des territoires réduits à la notion de marchés qu'elles exploitent au maximum pour leur enrichissement quelles que soient les conséquences sociales et environnementales. C'est la conception anglo-saxonne de l'entreprise, le «tout actionnaire», qui remet en cause l'emploi salarié sur lequel repose en France l'essentiel du financement des systèmes de solidarité. À ce stade ultime de développement le capitalisme est devenu exterministe, c'est-à-dire qu'il ne lui reste que la guerre sous toutes ses formes pour survivre.

Observateur Continental : Que pensez-vous de la position de la France dans la guerre en Ukraine ?

Claude Janvier : La position de la France, par la voix de son chef de guerre, Emmanuel Macron, est totalement irresponsable. La Fédération de Russie n'a aucune intention d'envahir l'Europe. Et d'ailleurs, pour en tirer quoi ? Nous assistons réellement à la mise en place d'une Europe Fédérale dictatoriale qui est en train de nous mener droit dans le mur.

Jean-Loup Izambert : Les présidents Hollande et Macron ont violé les accords de Minsk I et II qu'ils s'étaient engagés à faire respecter avec leurs homologues allemands. Alors qu'ils devaient protéger la paix, ils ont armé une dictature génocidaire dont l'armée et ses groupes néonazis ont tué près de 20 000 ukrainiens entre 2015 et février 2022. Dans ces conditions la France n'a plus qualité pour parler de paix. Les dirigeants français ont, pour le moment, la chance d'avoir affaire au président Poutine qui se montre très conciliant avec les fouteurs de guerre occidentaux.

Observateur Continental : Qu'est-ce qui manque dans le kit d'urgence ?

Claude Janvier : Du bon sens ! Rien pour les hôpitaux, rien pour les retraites, rien pour augmenter le Smic, mais quelques millions d'euros vont être dépensés afin d'élaborer un kit de survie totalement inutile.

Jean-Loup Izambert : C'est une opération de propagande destinée à apeurer les Français, semblable à celle du pouvoir lors de la crise Covid-19. Il manque une photo dédicacée d'Emmanuel Macron dans ce kit car le chef des armées qui persiste à continuer sa guerre perdue peut connaître la mort, tout comme le simple soldat, n'importe où, n'importe quand. Imaginez quelle perte cruelle ce serait pour ceux qui l'ont porté au pouvoir et l'y maintiennent comme «la bande des quatre», droite-socialos-écolos-Rassemblement national, tous partis qui applaudissent le dictateur de Kiev.

Observateur Continental : Comment traduisez-vous la condamnation à une peine d'inéligibilité de Marine Le Pen ?

Claude Janvier : Marine Le Pen devenait gênante pour les élections présidentielles de 2027. Il est à noter que la magistrate qui a condamné lourdement Marine Le Pen, avait relaxé l'ex-ministre du travail Olivier Dussopt, jugé pour soupçons de favoritisme lors de l'attribution du marché public de l'eau en 2009 lorsqu'il était maire d'Annonay (Ardèche). Deux poids, deux mesures ? Surtout qu'Olivier Dussopt est parti pantoufler dans le cabinet privé Euros/Agency.

Jean-Loup Izambert : Si cette dirigeante du RN a utilisé illégalement des fonds publics au profit de son parti il est normal qu'elle soit condamnée. Pour l'avoir été dans des délais normaux l'avocate Le Pen connaît visiblement moins bien l'appareil judiciaire que l'avocat Sarkozy qui a usé de tous les stratagèmes et réseaux pendant dix longues années de procédures pour tenter d'échapper à la justice. Les Français ont des préoccupations autrement plus urgentes que de savoir si ces deux bourgeois souteneurs de l'Union européenne et de l'OTAN joueront aux échecs dans la même cellule.

Observateur Continental : Quelle personnalité politique pourrait sauver la France ?

Claude Janvier : Grand point d'interrogation. Seule, une alliance de tous les partis souverainistes pourrait sauver ce pays.

Jean-Loup Izambert : Il n'y a pas de sauveur suprême. Plusieurs partis souverainistes comme les Patriotes, le Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), le Parti de la démondialisation (Pardem), Penser la France ont des propositions similaires, voire communes mais leurs dirigeants ont du mal à se parler. Seul un mouvement de masse conscient des objectifs politiques, et pas seulement revendicatifs, à atteindre peut sortir le pays du déclin dans lequel l'enfonce la grande bourgeoisie.

Observateur Continental : Êtes-vous d'avis comme 42% des sondés que la France va dans la guerre civile ?

Claude Janvier : Une guerre civile n'est pas à souhaiter. Un conflit armé n'amène que désolations, règlements de comptes, viols, pillage etc. En revanche, une désobéissance civile non-violente est urgente et demandée. Chaque citoyen a le devoir de contester un ordre ou une loi liberticide. Chaque citoyen a le devoir de dire non.

Jean-Loup Izambert : Les révolutions ne sont jamais programmées au calendrier électoral de la bourgeoisie. De quoi sera fait demain ? C'est au peuple mobilisé et uni pour sortir de l'Union européenne, de l'OTAN, de la zone euro et du capitalisme qu'il appartient d'y répondre en prenant en mains son avenir. Ou continuer de mourir jusqu'à disparaître dans les jeux politiciens d'opportunistes de salon.

Observateur Continental : Comment expliquer la non-action et le silence des Français ?

Claude Janvier : Je pense que, d'un point de vue général, peu de gens sont courageux. Ce n'est pas spécial à la France. Il est facile de râler en privé, moins facile de s'exposer pour le bien public. Et pourtant, c'est de cela que nous avons besoin.

Jean-Loup Izambert : La France n'a jamais été un pays de résistants. En 1940, plus ou moins 500 000 résistants sur une population de 40 millions d'habitants. En France, pas de défilé en l'honneur des «Immortels», ces jeunes soldats soviétiques partis se battre pour la liberté du continent entre 1941 et 1945 et auxquels la société russe rend hommage chaque 9 mai dans toutes les villes de Russie. C'est à eux, ces quelque 27 millions de morts au combat pour la défense de leur patrie et du continent européen, que la France doit en grande partie d'avoir retrouvé sa liberté. Les médias subventionnés par l'Élysée-Matignon à coup de millions d'euros bien qu'ils soient la propriété privée d'une dizaine de milliardaires portent une lourde responsabilité dans la désinformation qui stérilise la pensée sociale, tout comme la plupart des directions nationales des syndicats. Mais surtout, l'absence de parti révolutionnaire, exception faite du PRCF qui est en plein développement, nuit gravement à la prise de conscience et au nécessaire débat pour éclaircir l'horizon et changer les choses.

Lien pour se procurer le livre

Claude Janvier

source : Observateur Continental

https://reseauinternational.net/claude-janvier-et-jean-loup-izambert-une-guerre-civile-nest-pas-a-souhaiter/
#9
Asie, Pacifique / Trump ordonne à l’Iran de reno...
Last post by JacquesL - 07 Avril 2025, 11:22:01 PM
Trump ordonne à l'Iran de renoncer à ses armes défensives «parfaitement légales»



par Mike Whitney

L'administration Trump exige que l'Iran abandonne son programme de missiles stratégiques dans le cadre de tout accord nucléaire. Mais les missiles balistiques iraniens ne violent pas le droit international et aucun traité mondial ne les interdit. L'article 51 de la Charte des Nations Unies établit clairement que les pays ont le droit souverain de développer des armes conventionnelles pour leur légitime défense, ce qui signifie que le programme de missiles de l'Iran est parfaitement légal. L'Iran a parfaitement le droit de construire autant de missiles qu'il le souhaite, et il n'est pas tenu d'obtenir l'approbation de Washington pour le faire. Plus important encore, l'Iran a besoin de ces missiles pour se défendre contre toute attaque potentielle des États-Unis et d'Israël. Il ne s'agit pas simplement du droit souverain de l'Iran à l'autodéfense, mais d'une question de sécurité régionale qui a été fortement compromise par les hostilités persistantes des États-Unis-Israël au Moyen-Orient. Un Iran fort et bien armé sert de moyen de dissuasion à une intervention des États-Unis-Israël, ce qui augmente les perspectives de paix dans la région.

Trump a également ordonné à l'Iran de mettre fin à ses relations avec ses alliés régionaux, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis. Si l'on associe cette exigence à l'ordre donné par Trump à l'Iran d'abandonner son programme de missiles balistiques, on comprend mieux son objectif stratégique global, qui est d'affaiblir et d'isoler l'Iran au point qu'il soit incapable de se défendre contre l'agression américaine. Tel est l'objectif clair de ce dernier kabuki politique : inciter l'Iran à jeter les bases de sa propre destruction.

Lorsque nous réfléchissons à ces nouvelles exigences, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander si tout cela a un rapport avec le programme d'enrichissement nucléaire de l'Iran ou s'il s'agit simplement d'une ruse visant à dissimuler le véritable motif de Trump, à savoir le désarmement de l'Iran. En effet, si l'on considère les faits tels que je les ai présentés ici, il ne semble pas que Trump cherche à négocier, mais qu'il mette simplement un pistolet sur la tempe de l'Iran en disant : «Lâchez l'arme et personne ne sera blessé». N'est-ce pas une description plus précise de ce qui se passe ? Voici un extrait d'un article paru dans Iran International :

«Samedi, le guide suprême de l'Iran, Ali Khamenei, a exclu la possibilité de négociations avec les États-Unis, dans son premier discours public après que le président Donald Trump ait déclaré lui avoir envoyé une lettre.

«L'insistance de certains gouvernements intimidateurs à vouloir des négociations ne vise pas à résoudre les problèmes, mais plutôt à affirmer leur domination et à imposer leurs exigences», a déclaré Khamenei lors d'une réunion avec des responsables iraniens à Téhéran. «La République islamique d'Iran n'acceptera certainement pas leurs exigences», a-t-il ajouté...

En réponse au rejet par Khamenei de l'appel de Trump à négocier un accord sur le nucléaire, la Maison-Blanche a réitéré samedi l'affirmation du président américain selon laquelle Téhéran peut être traité soit militairement, soit par un accord.

«Nous espérons que le régime iranien fera passer son peuple et ses intérêts avant la terreur», a déclaré Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, dans un communiqué.

La chaîne de télévision libanaise pro-iranienne Al-Mayadeen a rapporté samedi que Téhéran avait refusé d'entamer des négociations nucléaires avec les États-Unis dans les conditions fixées par l'administration américaine actuelle.

Pas de discussions sur les capacités en matière de missiles, l'influence régionale

Khamenei a déclaré que le problème de l'Occident ne se limitait pas au programme nucléaire de Téhéran. «Pour eux, les négociations sont plutôt un moyen de formuler de nouvelles exigences, notamment des restrictions sur les capacités de défense et l'influence internationale».

Alors que Téhéran soutient que son programme de missiles balistiques est purement défensif, l'Occident le considère comme un facteur de déstabilisation dans un Moyen-Orient instable et en proie aux conflits».1

Comme vous pouvez le voir, les médias iraniens confirment ce que nous avons dit plus tôt, à savoir que les demandes de Trump ne visent pas la dénucléarisation, mais le désarmement et l'isolement. Nous fournirons plus de preuves à ce sujet ultérieurement.

Les médias occidentaux ont fait un excellent travail d'obscurcissement des faits sur cette question et ont bricolé un récit de fortune qui blâme l'Iran pour une crise qui est entièrement la faute de Trump. Heureusement, (comme l'article l'indique) l'Iran refuse de se laisser intimider par Trump, ce qui est non seulement admirable, mais aussi intelligent. Certains lecteurs se souviendront peut-être de ce qui est arrivé au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, renversé par les forces soutenues par les États-Unis il y a plus de dix ans. Kadhafi a été amené par la ruse à renoncer à ses programmes d'armes de destruction massive, notamment ses capacités nucléaires, chimiques et de missiles balistiques, après quoi il a été renversé et sauvagement tué par les forces dirigées par l'OTAN en 2011. Sa volonté de désarmer a conduit à sa mort prématurée et à l'anéantissement ultérieur de son pays. L'Iran ne doit pas suivre la même voie. Il doit élargir son arsenal et se préparer à la guerre.

Les lecteurs se souviendront peut-être également que Trump a mené une manœuvre similaire avec Kim Jong-un de la RPDC. En février 2019, l'équipe de négociation de Trump, dirigée par le conseiller à la Sécurité nationale John Bolton, s'est réunie à Hanoï pour mener des pourparlers de dénucléarisation. Au cours des négociations (au cours desquelles Kim a montré un réel intérêt à s'engager dans une «dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible»), Bolton a ajouté une clause létale à la dernière minute qui a rendu l'accord impossible. Il a exigé que Kim renonce non seulement à son programme d'armes nucléaires, mais aussi à ses capacités en matière de missiles balistiques. Cette exigence était un point de blocage essentiel qui reflétait l'objectif plus large de l'administration Trump de désarmement complet (et de destruction éventuelle) de la RPDC. En bref, Trump a changé les règles du jeu à la dernière minute et saboté l'accord, éliminant ainsi la possibilité d'une réconciliation entre le Nord et le Sud et d'une péninsule coréenne dénucléarisée. C'est l'histoire inédite des négociations Trump-Kim qui n'est jamais apparue dans les médias. Le «candidat de la paix» a délibérément saboté sa propre initiative.

Une histoire similaire se déroule en ce moment même, mais les enjeux sont bien plus importants. Nous sommes littéralement au bord d'une guerre qui pourrait tuer des millions de civils et plonger de grandes parties du monde dans le chaos.

Il convient de noter qu'il n'existe aucune base juridique pour les demandes de Trump. Aucun pays, aussi puissant soit-il, n'a le droit de dicter à un autre pays s'il peut ou non posséder des missiles balistiques, qui il peut avoir comme alliés, ou s'il peut ou non développer l'énergie nucléaire. En vertu de l'article IV du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) :

«Toutes les parties au traité ont le droit inaliénable de développer la recherche, la production et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination. Cela inclut le droit de participer à l'échange le plus complet possible d'équipements, de matières et d'informations scientifiques et technologiques à des fins pacifiques».

L'Iran a non seulement signé le TNP, mais il a également montré à plusieurs reprises sa volonté d'apaiser les soupçons de ses détracteurs en acceptant des protocoles additionnels et des mesures de «confiance» qu'aucun autre membre n'a jamais été tenu de prendre. En d'autres termes, ils se sont laissés traiter comme des citoyens de seconde zone qui doivent respecter des restrictions spécialement conçues pour apaiser leurs éternels antagonistes à Washington et Tel-Aviv. Est-ce juste ?

La communauté internationale, notamment l'ONU et l'AIEA, a toujours affirmé que l'Iran, comme tout signataire du TNP, avait un droit légitime à l'énergie nucléaire pacifique. C'était l'un des principes clés du JCPOA, qui permettait à l'Iran de maintenir un programme d'enrichissement limité (jusqu'à 3,67%) sous surveillance stricte en échange d'un allègement des sanctions.

En d'autres termes, l'Iran a accepté le régime d'inspection onéreux imposé par les États-Unis et a agi de bonne foi en espérant que Washington «tiendrait parole» et respecterait sa part du marché. Mais les États-Unis ont manqué à leur parole lorsque Trump a impulsivement ignoré ses obligations et s'est retiré.

Mais pourquoi ? Pourquoi Trump a-t-il abandonné le JCPOA alors que le traité prévoyait un régime d'inspections hypervigilantes garantissant que l'Iran ne détournait pas d'uranium enrichi vers un programme secret d'armes nucléaires ?

Pourquoi ?

À cause d'Israël, voilà pourquoi. Parce qu'il n'a jamais été question de «programmes secrets d'armes nucléaires». Cela a toujours été un faux prétexte pour intimider, harceler et diaboliser l'Iran. L'objectif réel est clairement affiché dans la liste des exigences de Trump. Ce qu'il veut, c'est le démantèlement complet des systèmes d'armes défensifs de l'Iran, accompagné de son isolement forcé et de son encerclement militaire. Les États-Unis et Israël veulent un Iran vulnérable qui s'effondrera dans l'anarchie à la suite des frappes aériennes (nucléaires) massives et des opérations de décapitation qui se profilent dans un avenir proche. L'objectif est de faire en sorte qu'Israël devienne la puissance dominante dans la région.

D'ailleurs, Grok, le robot à intelligence artificielle d'Elon Musk, partage notre analyse de base sur cette question. Jetez-y un œil :

«Depuis le 3 avril 2025, au cours de son second mandat de président des États-Unis, Donald Trump exige de l'Iran un ensemble complet de concessions pour parvenir à un nouvel accord sur le nucléaire ou à tout autre accord plus large. Son approche, baptisée «pression maximum 2.0», s'appuie sur les politiques de son premier mandat, mais est plus agressive, visant non seulement à freiner le programme nucléaire iranien, mais aussi à démanteler son influence régionale et ses capacités militaires...

Voici une analyse détaillée de ce que Trump exige, sur la base de déclarations publiques, de documents politiques et de rapports :

1. Arrêt complet et démantèlement du programme nucléaire Aucun enrichissement.... Démantèlement des infrastructures... la destruction ou le contrôle international des infrastructures nucléaires iraniennes, notamment les centrifugeuses et les réacteurs à eau lourde. ... «démantèlement vérifiable» de toutes les installations liées au nucléaire, selon une fiche d'information de la Maison-Blanche. (...) Inspections permanentes : «accès 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7» à tous les sites, y compris militaires». (Grok)

(Remarque : aucune des conditions ci-dessus n'est requise en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Trump invente simplement toutes les restrictions qui lui passent par la tête afin de pouvoir invoquer la «non-conformité» et lancer des frappes aériennes.) Voici d'autres informations de Grok :

«2. Abandon du programme de missiles balistiques – Démantèlement complet : Trump exige que l'Iran abandonne l'intégralité de son programme de missiles balistiques, notamment les missiles à courte, moyenne et longue portée tels que les séries Shahab, Emad et Khorramshahr...

3. (L'Iran doit) rompre ses liens avec ses alliés et ses intermédiaires régionaux... Hezbollah, Houthis, Hamas : Trump insiste pour que l'Iran cesse tout soutien financier, militaire et politique à des groupes tels que le Hezbollah (Liban), les Houthis (Yémen) et le Hamas (Gaza), qu'il qualifie d'«intermédiaires terroristes»». (Grok)

Comme vous pouvez le voir, rien de tout cela n'a de rapport avec l'enrichissement nucléaire, les programmes d'armement secrets ou la non-prolifération. Ce à quoi nous assistons est le comportement prévisible d'un politicien qui a été poussé dans le Bureau ovale grâce à plus de 100 millions de dollars de contributions électorales de riches donateurs sionistes. À mon humble avis, ces dons ont été faits en sachant pertinemment que Trump lancerait une guerre contre l'ennemi le plus redoutable d'Israël, l'Iran.

Les États-Unis sont entraînés dans un nouveau bain de sang au Moyen-Orient en guise de remerciement à la classe des donateurs israéliens.

source : The Unz Review



https://reseauinternational.net/trump-ordonne-a-liran-de-renoncer-a-ses-armes-defensives-parfaitement-legales/
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Asie, Pacifique / L’embuscade à Dara’a marque la...
Last post by JacquesL - 06 Avril 2025, 10:34:38 PM
L'embuscade à Dara'a marque la naissance de la résistance syrienne



par Robert Inlakesh

La mobilisation des forces armées locales autour de Dara'a a manifestement atteint un nouveau sommet, et si les choses continuent à se radicaliser, il y a maintenant des raisons de croire que cela pourrait se transformer en un formidable mouvement de résistance.

Mercredi soir [2 avril], les milices locales du sud de la Syrie se sont mobilisées pour faire face à une incursion militaire israélienne dans la campagne à l'ouest de la ville de Daraa. Un convoi militaire israélien a été pris en embuscade, des affrontements ont éclaté près de la ligne de démarcation entre les deux camps et un soulèvement populaire semble se préparer.

Cela pourrait être le début du front de résistance du sud de la Syrie.

Le même jour, une mobilisation soudaine s'est produite après des appels à la résistance lancés depuis les haut-parleurs des mosquées dans les régions de Nawa et de Tasil, dans la campagne de Dara'a, dans le sud de la Syrie.

Des centaines d'hommes ont pris les armes, se préparant à contrecarrer une nouvelle incursion illégale israélienne qui menaçait leurs moyens de subsistance.

Les choses se sont vraiment envenimées après que les pages Telegram, les médias et les sites Web israéliens ont commencé à faire état d'un «événement de sécurité» en Syrie, ce qui est une appelation convenue pour désigner une attaque qui a fait des victimes parmi les forces israéliennes d'occupation.

Les médias israéliens ont commencé à faire état de blessés et de morts possibles, tandis que les sites Web des colons et les pages Telegram ont publié des appels à «prier pour nos soldats», avant de divulguer des informations sur plusieurs morts et blessés.

Vidéo X : BREAKING: Unknown armed fighters have launched an ambush on an IDF patrol in Daraa, southern Syria

En croisant ces informations avec les comptes rendus des médias locaux syriens, il apparait qu'un convoi israélien ait été pris pour cible, faisant plusieurs victimes, ce qui a ensuite contraint l'armée israélienne à envoyer un convoi de secours accompagné d'hélicoptères d'attaque.

Deux drones de surveillance israéliens auraient également été abattus et une série d'affrontements ont éclaté entre les forces israéliennes et les milices locales syriennes.

Alors que les forces israéliennes se repliaient dans la région syrienne illégalement occupée du plateau du Golan, des frappes d'artillerie et d'hélicoptères ont pilonné les environs de plusieurs villages syriens, faisant 11 morts et au moins 20 blessés, dont 5 grièvement.

Une cérémonie funéraire commune a été organisée le lendemain matin pour les Syriens tués, à laquelle des milliers de personnes ont participé.

Bien que la presse israélienne ait déjà publié des informations sur les pertes de soldats, la censure militaire tristement célèbre restreint leur couverture de ces questions. Jeudi matin, l'armée a annoncé qu'il n'y avait pas eu de victimes et a évité toute mention des drones, affirmant que les forces avaient brièvement essuyé des tirs.

La réaction de l'armée israélienne à l'embuscade tendue à son convoi explique pourquoi ses affirmations n'ont guère de sens. Lors de deux incidents précédents, des convois israéliens avaient également été directement attaqués par des Syriens qui tentaient de repousser leurs avancées, mais ils n'avaient pas déployé une telle force ni envoyé de renforts pour secourir leurs soldats comme nous l'avons vu dans ce cas.

Israël a également l'habitude de manipuler constamment ses statistiques sur les pertes.

La mobilisation des forces armées locales autour de Dara'a a manifestement atteint un nouveau sommet, et si les choses continuent dans le même sens, il y a maintenant des raisons de croire que cela pourrait se transformer en un formidable mouvement de résistance.

Vidéo X : Syrian Resistance. Fighters of the Islamic Resistance Front in #Syria launch an ambush on an Israeli patrol in Daraa, southern Syria.

Les actions menées par ces groupes armés ont également les caractéristiques d'une force entièrement organique, puisqu'un incident a même été signalé, au cours duquel deux groupes syriens distincts se sont pris pour des soldats israéliens et se sont tirés dessus, ce qui démontre que chaque zone a mobilisé ses propres forces sans pour l'instant établir de lignes de contact avec les autres.

L'apparition de la résistance était largement prévisible

Après la chute de l'ancien président syrien Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, le pays a été immédiatement plongé dans une crise inévitable.

Alors que le nouveau gouvernement devait être pris en charge par Abou Mohammed al-Jolani – qui allait commencer à utiliser son vrai nom, Ahmed al-Sharaa – plaçant Hayat Tahrir al-Sham aux commandes de Damas, les puissances étrangères qui cherchaient depuis longtemps à changer le régime en Syrie ont immédiatement mis en œuvre leurs plans pour imposer un certain nombre de faits sur le terrain.

Le régime étranger le plus agressif était Israël, qui a immédiatement utilisé la chute des forces de défense syriennes comme excuse pour mener sa plus grande campagne aérienne jamais menée, éliminant une grande partie des moyens militaires du pays.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s'est également vanté de l'effondrement du gouvernement syrien, tentant d'en revendiquer le mérite, annonçant que son armée allait procéder à de nouveaux vols de territoire.

Israël a annoncé la fin de l'accord de désengagement de 1974 qui avait pris effet entre Tel-Aviv et Damas après la guerre de 1973, qui avait commencé lorsque l'ancien président syrien Hafez al-Assad avait lancé une offensive surprise, avec l'Égypte, pour récupérer leurs terres qui avaient été illégalement occupées lors de la guerre de juin 1967.

Pendant des décennies, les Israéliens ont cherché à étendre leur «zone tampon de sécurité» plus profondément en territoire syrien, en mettant en œuvre un certain nombre de mesures à cette fin depuis 2013.

En fait, un certain nombre de propositions ont été présentées et débattues entre les États-Unis, la Jordanie et Israël à partir de 2013, date à laquelle les Israéliens ont également commencé à soutenir au moins une douzaine de groupes armés syriens dans le sud du pays.

Bien sûr, le soutien d'Israël aux groupes d'opposition syriens, y compris al-Nosra [aujourd'hui Hayat Tahrir al-Cham], était conditionnel, et l'objectif était simplement de parvenir à une situation comme celle que nous connaissons aujourd'hui.

Au moment de la chute du régime d'Assad, les forces d'Ahmed al-Sharaa en Syrie étaient estimées à un total de 35 000 hommes au maximum, qui étaient mal équipés pour stabiliser la Syrie, et encore moins pour combattre Israël.

Le groupe le plus important était Hayat Tahrir al-Sham (HTS), mais les autres groupes ont également joué un rôle dans ce qui n'était censé être au départ qu'une offensive pour s'emparer d'Alep.
En fait, les hommes d'al-Sharaa ont même dû recevoir le soutien d'opérateurs de drones ukrainiens et des forces turques. Lorsqu'ils ont capturé leur premier aérodrome à Alep, des combattants de HTS ont été filmés en train de regarder des vidéos YouTube sur la façon de piloter des hélicoptères.

De plus, de nombreuses factions armées qui étaient officiellement basées dans la province d'Idlib, au nord de la Syrie, étaient divisées et se livraient régulièrement à des luttes intestines, l'un des principaux problèmes étant la diversité des groupes aux opinions politiques, ethniques et religieuses variées, en plus de la présence d'un grand nombre de combattants étrangers.
La prise de contrôle de l'ensemble du pays par ces groupes n'a fait qu'exacerber les combats fratricides.

Tout cela explique pourquoi les autorités de Damas n'ont pris aucune mesure pour lutter contre la campagne menée depuis des mois par Israël, qui se traduit par des frappes aériennes, des massacres de civils, le nettoyage ethnique des Syriens et des tentatives d'utilisation des milices, telles que les milices druzes situées autour de la ville méridionale de Soueïda, pour mettre en œuvre leur plan visant à s'emparer du sud du pays.

Avant le déclenchement des affrontements dans le sud de la Syrie ce mercredi, un autre événement majeur s'est produit. Israël a décidé de détruire complètement la base aérienne militaire T-4 à Homs, en plus de frapper des cibles dans cinq points à travers la Syrie, ce qui, selon l'armée israélienne, aurait tué environ 300 personnes.

Trois ingénieurs turcs ont également été tués lors de l'assaut israélien, qui a été considéré comme un message à Ankara indiquant que Tel-Aviv ne tolérera pas la présence militaire turque en territoire syrien.

Bien que la Turquie ne soit pas susceptible de s'engager militairement directement avec Israël, ce type d'attaques provocatrices pourrait peut-être contribuer à la croissance d'un front de résistance syrien dans le sud, ce qui serait en fait un atout pour les gouvernements de Damas et d'Ankara, tant que ce front ne devient pas trop puissant.

Même si le front sud venait à s'étendre, le fait que ni les dirigeants turcs ni les dirigeants syriens ne seront impliqués leur permettra de nier toute implication et il est possible qu'ils laissent le front s'étendre au lieu de le combattre, dans le but de remettre Israël à sa place.

L'esprit combatif du Sud

La situation difficile de la province de Dara'a, dans le sud de la Syrie, est d'une importance capitale pour le sort même de la République arabe syrienne dans son ensemble. Dara'a est la région où le premier mouvement de protestation antigouvernemental a vu le jour, avant de se transformer en une guerre civile dévastatrice.

Le sud de la Syrie a longtemps été le berceau de la résistance et des soulèvements populaires ; après tout, c'est de là qu'a éclaté la Grande Révolte syrienne contre la domination coloniale française en 1925, sous la direction du chef druze syrien Sultan al-Atrash.

À Dara'a en particulier, il existe un sentiment de fierté darawite qui contrarie les envahisseurs étrangers. Sous l'ancien gouvernement de Bachar al-Assad, de nombreuses négociations ont même été menées avec les groupes armés qui s'étaient opposés à l'armée, ce qui a permis aux anciens combattants de l'opposition de rester dans la région en vertu d'accords.

Puis, lorsque les forces d'Ahmed al-Sharaa ont tenté d'entrer à Dara'a, les forces locales les ont seulement autorisées à entrer dans la ville afin de s'aligner sur le gouvernement, mais ont empêché les combattants du HTS de se diriger vers les villages environnants.

Un autre point important à noter est qu'après l'effondrement de ce qui était autrefois l'armée arabe syrienne (SAA), de nombreux militaires et officiers expérimentés sont retournés dans leurs villages de la région de Dara'a.

Alors que presque toutes les factions de la résistance palestinienne, ainsi que le Hezbollah et le groupe yéménite Ansarullah, ont salué la position syrienne de protéger leurs villages contre Israël, en Syrie même, le seul véritable soutien dont disposent les combattants vient des acteurs locaux et d'un groupe qui a émergé et qui s'est appelé le Front de résistance islamique en Syrie (Jabhat al-Moqowameh al-Islamiyyah fi Souriya).

Ce groupe porte un logo similaire à celui du Hezbollah et des groupes armés alignés sur le CGRI iranien, mais il n'est pas certain qu'il s'agisse simplement d'un coup médiatique ou qu'un tel groupe existe réellement.

Le seul inconvénient potentiel de ce groupe serait qu'il soit interprété comme un projet iranien, ce qui pourrait alors justifier l'aide du gouvernement syrien aux Israéliens pour détruire la résistance dans le sud.

Malgré tout, ce qu'il faut retenir ici, c'est qu'après le refus de quiconque de les aider, les habitants de Dara'a commencent à prendre leurs affaires en main pour résister à Israël, en utilisant les armes limitées qu'ils possèdent.

En réponse, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a menacé de prendre des mesures directes pour démilitariser complètement le sud de la Syrie et le placer sous domination israélienne de facto, ce qui garantira une résistance accrue.

Plus Israël décide de massacrer des civils dans le sud de la Syrie, plus l'envie de résister grandira. C'est particulièrement le cas en ce moment, en raison de l'impact du génocide d'Israël contre le peuple de Gaza, sur la psyché collective du monde arabe.

Selon la façon dont les événements continueront à se dérouler, ce qui dépend en grande partie des actions israéliennes, il n'est pas impossible que le sud de la Syrie finisse par beaucoup ressembler au sud du Liban.

source : Chronique de Palestine

https://reseauinternational.net/lembuscade-a-daraa-marque-la-naissance-de-la-resistance-syrienne/