Espace Schengen : Bruxelles et Berlin font front contre Budapest
(https://i0.wp.com/reseauinternational.net/wp-content/uploads/2024/08/2-8.jpg?resize=740%2C431&ssl=1)
par Alexandre Lemoine
Les exigences d'expulsion de la Hongrie du «jardin européen» se font de plus en plus pressantes. En effet, l'Europe est un jardin, selon Josep Borrell.
L'Allemagne, autrefois leader, locomotive et principal sponsor de l'unification européenne, appelle à renforcer le contrôle aux frontières de l'UE avec la Hongrie. Ce qui revient de facto à dénoncer l'accord de Schengen, qui avait supprimé toutes les frontières nationales existantes dans le cadre de la «maison européenne commune».
Certes, formellement les frontières existent toujours, mais elles peuvent être franchies sans entrave par les personnes et les marchandises, littéralement sans se faire remarquer. Désormais, la Hongrie pourrait se retrouver en dehors de l'espace Schengen.
Ce qui est curieux, c'est que cette proposition a été formulée (https://aussiedlerbote.de/fr/weber-lassouplissement-de-lembargo-sur-les-armes-par-orban-est-une-menace-pour-la-securite-europeenne/) par Michael Stübgen, ministre de l'Intérieur du Land de Brandebourg, qui, comme d'ailleurs toute l'Allemagne, n'a pas de frontières communes avec la Hongrie. La raison de cette démarche est la décision de Budapest d'inclure les citoyens russes et biélorusses dans le programme de délivrance simplifiée de visas. Ils peuvent prétendre à une «carte nationale», un type de titre de séjour délivré sur la base d'un contrat de travail.
Après cette requête allemande, la commissaire européenne aux affaires intérieures, la Suédoise Ylva Johansson, a également exigé des explications de la part des Hongrois sur les assouplissements des visas pour les Russes et les Biélorusses, menaçant la Hongrie de conséquences désagréables.
«La Russie représente une menace pour la sécurité. Offrir un accès facile à d'éventuels espions et saboteurs russes en UE saperait la sécurité de nous tous», a déclaré (https://x.com/YlvaJohansson/status/1819088269277384712) la responsable bruxelloise, en exprimant en même temps sa conviction que les barrières à l'entrée des citoyens de pays «peu fiables» devraient être renforcées, et non réduites.
Selon Der Spiegel, Johansson a averti (https://www.spiegel.de/ausland/ungarn-lockere-visa-regeln-fuer-russen-alarmieren-die-eu-a-54012ccd-e235-46f7-9d5b-4b54024e3de4) les autorités hongroises que si elle percevait un danger dans les nouvelles règles, Bruxelles prendrait des «mesures de pression» contre la Hongrie.
Comme le rappelle le magazine, «les relations entre l'UE et la Hongrie étaient tendues depuis longtemps», et avec le début de la crise ukrainienne, elles se sont détériorées davantage en raison de la vision différente de Budapest et de Bruxelles quant à la nature et aux causes du conflit, ainsi qu'après la récente visite du Premier ministre Viktor Orban à Moscou, pour laquelle il n'avait pas reçu l'approbation des commissaires européens.
Ainsi, la question des visas avec l'extension de la délivrance de visas de travail simplifiés, ce qu'on appelle des «cartes nationales hongroises», à la Russie et à la Biélorussie, ce n'est en fait qu'un prétexte supplémentaire pour punir la Hongrie, une exigence qui a été exprimée dans le récent discours (https://www.bild.de/politik/ausland-und-internationales/wegen-putin-kumpel-viktor-orban-grenzkontrollen-zu-ungarn-gefordert-66ae5ab6acbba4372e82ad6a) au Parlement européen par le leader du Parti populaire européen conservateur (parti d'Ursula von der Leyen) Manfred Weber.
La requête des membres du Parlement européen adressée à la direction de l'Union européenne, appelant à priver la Hongrie de son droit de vote au Conseil de l'Europe, conformément à la procédure énoncée à l'article 7 du Traité sur l'UE, est une autre preuve qu'il s'agit d'une campagne anti-hongroise planifiée, devenant en fait une vengeance des bureaucrates européens vexés par l'indépendance d'Orban.
On ignore si les euro-mondialistes parviendront finalement à remettre à sa place le Premier ministre hongrois tombé en disgrâce. Mais on peut clairement parler d'un effet (manifestement indésirable) de leur lutte ardente.
Les contours de l'opposition interne des élites européennes deviennent clairs, avec d'un côté von der Leyen, toute la Commission européenne et la majorité des dirigeants actuels des États membres de l'UE, qui espèrent encore que les démocrates américains réussiront à «éliminer» Donald Trump et à continuer de renforcer la coopération transatlantique, c'est-à-dire, le conflit mondial avec le reste du monde.
Et de l'autre côté, Orban, Le Pen, Fico, Herbert Kickl (Parti de la liberté d'Autriche, prétendant à la victoire et à la formation du gouvernement après les prochaines élections de septembre), ainsi que les forces conservatrices en Allemagne, en Italie et dans d'autres pays de l'Union européenne, qui s'orientent davantage sur Trump en espérant qu'il les aidera à vaincre leurs concurrents en Europe.
Mais, outre les querelles politiques internes, la fracture européenne actuelle, qui pourrait se manifester par l'annulation, bien que partielle, des règles «transfrontalières» de l'Union européenne, menace également d'affecter la situation internationale.
Plus les mondialistes locaux critiquent Orban le «pacificateur», plus ils se fâchent et, dans cette colère, se dessinent l'image d'un ennemi, qui ressemble énormément à la Russie, plus la probabilité qu'ils provoqueront une grande guerre et mèneront l'Europe à sa perte augmente.
Ainsi, une question apparemment simple et même secondaire du contrôle des frontières internes de l'Union européenne s'est transformée en un thème de confrontation globale et de destin du monde entier.
source : Observateur Continental (https://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=6191)
https://reseauinternational.net/espace-schengen-bruxelles-et-berlin-font-front-contre-budapest/