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Amérique / La déconnexion de l’élite amér...
Last post by JacquesL - Aujourd'hui à 09:52:56 PM
La déconnexion de l'élite américaine

Publié le mai 10, 2024 par hervek



Par Simplicius Le Penseur – Le 3 Mars 2024 – Source Dark Futura



Le mois dernier est paru un nouveau rapport fascinant de l'institut de Scott Rasmussen, fondateur du célèbre centre de sondage Rasmussen Reports. Son objectif était de définir quantitativement, pour la première fois, la véritable "élite" de la société, qui contrôle la plupart de nos récits sociaux, de nos politiques et de notre "orthodoxie" générale.



https://www.rmgresearch.com/wp-content/uploads/2024/01/Elite-One-Percent.pdf

CiterIl s'agit de la toute première enquête définissant les caractéristiques et les convictions d'une élite de 1 %, qui est à l'origine des dysfonctionnements politiques de l'Amérique d'aujourd'hui.

Elle a été reprise par diverses publications, dont le NYPost :


Une enquête choquante révèle la raison pour laquelle les élites sont déconnectées – et ce n'est pas ce que vous pensez

https://nypost.com/2024/01/19/opinion/shocking-survey-reveals-the-reason-elites-are-out-of-touch-and-it-isnt-why-you-think

au Boston Globe et dans d'autres journaux :



Les élites américaines vivent dans un monde à part

Le véritable "1 %" n'est pas constitué par les super riches, mais par ceux qui ont de l'influence, des réseaux relationnels et un diplôme d'études supérieures.

https://www.bostonglobe.com/2024/01/24/opinion/real-one-percent-elites-rasmussen-poll

Le rapport complet a été présenté par Rasmussen lors d'un webinaire réservé aux membres, mais le fichier PDF fourni résume les graphiques les plus marquants de l'enquête et la répartition des points.

Pour les personnes intéressées, M. Rasmussen a participé au podcast de Newt Gingrich pour discuter des résultats, où il a résumé avec éloquence ses principales conclusions, ainsi que la manière dont il les a trouvées pour la première fois.

L'article du NYPost résume le mieux l'ensemble des données :

CiterLes États-Unis disposent d'une classe d'élite riche et partisane qui est non seulement immunisée et insensible aux problèmes de ses concitoyens, mais aussi extrêmement confiante en elle-même et désireuse de leur imposer des politiques impopulaires.


C'est la recette d'un désastre.

Cet article complémentaire sur Newt Gingrich décrit comment Rasmussen a eu vent de tout cela pour la première fois :

CiterLors de leurs deux enquêtes nationales hebdomadaires, Rasmussen et son équipe ont remarqué une anomalie. Sur environ 1 000 personnes interrogées, il y en avait toujours trois ou quatre qui étaient beaucoup plus radicales que les autres. Après plusieurs mois de recherche de ces réponses inhabituelles, M. Rasmussen s'est rendu compte qu'elles partageaient toutes trois caractéristiques.

Les réponses radicales émanaient de personnes titulaires d'un diplôme d'études supérieures (et pas seulement d'études supérieures), dont le revenu familial était supérieur à 150 000 dollars par an et qui vivaient dans de grandes villes (plus de 10 000 personnes par code postal).

Qui plus est, parmi cette "élite" de 1 %, il existe un sous-ensemble encore plus radicalisé que Rasmussen appelle la "super-élite", qui se caractérise par le fait qu'elle fréquente principalement l'une des douze écoles d'élite identifiées :



ajoute Gingrich :

CiterCharles Murray, dans son ouvrage classique "Coming Apart", a analysé les codes postaux et a prouvé que les diplômés de la "sale douzaine" d'universités décrites par Rasmussen vivent, travaillent et se divertissent dans les mêmes codes postaux. Ils forment un groupe isolé et créent une "aristocratie du pouvoir" qui ne connaît pas le reste de la population et méprise la plupart d'entre nous. Cela explique parfaitement la phrase d'Hillary Clinton sur la "bande de déplorables".

Mais nous y reviendrons plus tard.

Tout d'abord, qui sont ces 1% d'élites en question ? Rasmussen les répartit en trois catégories :

  • Diplôme de troisième cycle
  • Gagner plus de 150 000 dollars par an
  • Vivre dans une zone urbaine densément peuplée

Leurs autres caractéristiques de base sont les suivantes, qui révèlent qu'ils sont "étonnamment jeunes" :



Il est vrai que la plupart d'entre nous considèrent qu'il s'agit là d'une évidence. Mais les données ont rarement été rassemblées de manière aussi intuitive et présentable.

Examinons d'abord les disparités réelles entre la population normale et les élites au cœur de l'analyse, avant de les extrapoler.

La première concerne la perception des libertés individuelles :



Près de 60 % des électeurs ordinaires estiment qu'il n'y a pas assez de liberté, alors que seulement 21 % des élites sont de cet avis. Il est choquant de constater que près de 50 % des élites estiment qu'il y a trop de liberté, alors que seulement 16 % des électeurs sont de cet avis.

Dans l'interview de Gingrich, Rasmussen développe ce point de vue, expliquant qu'une grande partie de ce haut monde éprouve un profond ressentiment à l'égard de la manière dont le hoi polloi a agi pendant l'ère de la "pandémie" de Covid, en particulier – non seulement leur refus de se masquer, mais aussi la consolidation ultérieure de leur position anti-vax. Cela a creusé le fossé entre les deux camps, les "élites" reléguant encore davantage leur classe marginale au rang d'ayant-droit. Comme toujours, il n'y a rien de plus efficace que la peur d'un dommage corporel pour forger un ressentiment viscéral entre les gens.

Mais le mécanisme qui est le plus à l'origine de cette ligne de faille a la source suivante : 70 % des élites font confiance au gouvernement, alors que seulement un minuscule moins de 20 % du public le fait :



Le fossé qui sépare les deux camps en matière de confiance dans la "classe politique professionnelle" est encore plus stupéfiant :



Vérifiez les chiffres : Seuls 6 % des électeurs ont une opinion favorable du Congrès, 10 % pour les journalistes et 17 % pour les professeurs. Parmi les élites (1 %), ces chiffres sont en moyenne supérieurs à 70 %, ce qui, à lui seul, révèle pratiquement toute l'histoire.

Autre chose :

77 % de l'élite serait prête à imposer des restrictions sur l'essence, le rationnement de la nourriture, etc., en raison du "changement climatique", alors que 63 % des électeurs ordinaires s'opposent à de telles mesures. En fait, l'élite en général soutient largement l'interdiction des véhicules à gaz, des poêles à bois, des SUV, des voyages aériens non essentiels et même de l'air conditionné, alors que la grande majorité des électeurs y est totalement opposée.

Voici l'une des douze universités citées d'où sont issus la plupart des 1% :



En ce qui concerne les institutions, il n'est pas surprenant que les douze écoles clés, principalement de l'Ivy League, forment une sorte de conduit qui filtre l'élite vers les piédestaux du pouvoir dans la société. Il s'agit d'un pipeline bien établi qui alimente un segment étroit et présélectionné de la société, de plus en plus haut, à travers une passoire de purification idéologique destinée à éliminer tous les intrus non conformes.

Quiconque a étudié l'histoire de la montée en puissance des institutions transnationales au XXe siècle sait que, dès le début des années 1900, des cohortes comme celles de Milner et Rhodes ont mis en place divers programmes et bourses, comme la "bourse Rhodes", précisément dans ce but. De tels "pipelines" se sont développés dans tout le monde occidental et comprennent le laboratoire de formation moderne connu sous le nom de "Young Global Leaders", de l'extraction de Klaus Schwab.

Ces programmes institutionnels servent de mécanisme de triage à l'élite financière globaliste pour distinguer les candidats ayant les bons pedigrees, les penchants sociopathes, les compositions philistines et transnationales, afin de trouver des candidats aptes à être préparés pour de futures nominations à des postes de direction. Si l'on examine les antécédents de n'importe quel dirigeant ou décideur globaliste – qu'il s'agisse d'institutions financières comme la BCE, le FMI ou la Réserve fédérale, ou d'organisations de sécurité comme l'OTAN – on constate invariablement une appartenance de longue date à la poignée de programmes établis de l'"ancien ordre" ou des distinctions de leur part. Les copains non élus, qui sont en fait sélectionnés et nommés par la nomenklatura anonyme ci-dessus, sont presque toujours issus de la même petite clique.

Il est bien connu que les meilleurs économistes, directeurs de fonds spéculatifs – pour des firmes comme Goldman Sachs, par exemple – avocats constitutionnalistes, etc sont tous issus de ce collectif exigu d'écoles telle Harvard. Ce système est conçu pour permettre aux élites de contrôler avec précision le petit groupe de loyalistes sélectionnés avant de les intégrer dans leurs rangs raréfiés et étroitement surveillés. Il s'agit d'un système en boucle fermée, qui joue un rôle central dans la régulation des strates supérieures, lesquelles constituent la trame du mécanisme de contrôle de l'élite.

En ce qui concerne le rapport de Rasmussen, il est clair que la "super élite" sert de pilier d'influence dans la société, agissant comme garde-fou pour mieux gérer et réguler les intérêts de la classe managériale la plus exclusive, liée aux vieilles familles de banquiers. En bref, il s'agit d'un pipeline bien huilé et hautement sélectif qui achemine continuellement les "bonnes personnes" – ambitieuses, mais malléables et serviles aux intérêts globalistes – vers le sommet.

L'enquête de Rasmussen révèle à quel point ils sont déconnectés de la société. Étant donné que leur milieu reste leur propre cohorte fermée, ces personnes ne se mélangent jamais vraiment et ne connaissent jamais les soucis ou les frustrations du travailleur moyen dans la rue. Ils n'existent que dans une réalité parallèle simulée, qui est renforcée quotidiennement par les moteurs générateurs de biais de confirmation des médias sociaux gauchistes et des grandes entreprises technologiques contrôlées et dominées par les libéraux, qui filtrent la société pour eux comme une paire de lunettes de réalité augmentée.

Les cas extrêmes de leurs attitudes déconnectées sont observés tous les jours, par exemple :



Le Washington Post se moque des histoires de vol à l'étalage en les qualifiant de "panique" d'une "nation aux doigts collants construite sur des terres volées".

La seule contradiction apparente est que ces élites vivent principalement "dans des codes postaux dépassant une densité de population de 10 000 personnes par km/carré". Cette affirmation trompeuse implique qu'elles vivent dans de grandes villes comme New York, où elles seraient en fait obligées de se mêler quotidiennement à la paysannerie. En réalité, nous savons qu'ils sont retranchés dans des quartiers aristocratiques hautement séquestrés de ces villes, comme l'Upper East Side à Manhattan ou Kalorama à Washington. Transportés dans des voitures de luxe, ils daignent rarement croiser les roturiers, pour lesquels ils n'ont que mépris, à l'exception d'une petite poignée de main symbolique au café du coin pour se rassurer et se dire qu'ils sont "en contact" avec le peuple.

Le film Cosmopolis, adapté de DeLillo et réalisé par Cronenberg, est la meilleure représentation récente de cette classe.



Le film métaphorise parfaitement l'idée de la réalité cloisonnée des élites en situant toute l'intrigue dans la luxueuse limousine du PDG riche, bien évidemment ; son seul lien avec le monde réel, dont il a une faim névrotique, se fait à travers les vitres pare-balles qui l'entourent comme des écrans numériques. Bien entendu, le film traite également des nombreux problèmes liés à la déconnexion entre l'élite et la population, et se termine par une scène violente avec l'un des employés du PDG, pathologiquement mécontent et sous-apprécié.

À bien des égards, il s'agit d'un problème vieux comme le monde : les élites ont toujours existé dans des sociétés parallèles. Cependant, l'avènement des technologies numériques et des médias sociaux leur a permis de s'enfermer comme jamais auparavant dans une bulle de confirmation toujours imperméable. Écoutez les interviews de hauts responsables politiques de Washington, de grands patrons d'entreprises, etc., et notez comment ils s'inspirent exclusivement des publications d'entreprises les plus corporatistes comme le WaPo, le NYTimes, etc. Cela devient une boucle de rétroaction hermétique d'autoréférence, de plus en plus coupée du monde extérieur réel de l'expérience humaine.

Comme le décrivait l'article précédent du NYPost :

CiterSi l'Amérique veut éviter de basculer dans cette boucle de rétroaction toxique, ses élites devront sortir de leur bulle, cesser de se conformer pour se fondre dans la masse et commencer à répondre aux doléances légitimes de leurs concitoyens.

Cela explique l'obsession des élites pour le changement climatique, car il s'agit d'une question qui n'existe que "sur le papier" – en tant qu'abstraction – et qui n'est pas ressentie de manière réaliste dans les quartiers populaires. Les aristos qui reflètent de manière répétée leur propre alarmisme strident sur cette question se radicalisent de plus en plus, d'autant plus que, comme nous l'avons déjà dit, ils accordent beaucoup plus d'importance aux institutions d'autorité que le prolétaire moyen. Cela a pour effet de calcifier leur croyance aveugle en des spectres tels que le changement climatique, même s'ils n'y prêtent qu'un intérêt de pure forme et n'agissent pas en conséquence à la lumière d'une telle "menace" existentielle.

Le problème est exacerbé par les maux sociaux qui créent des divisions entre les sexes, donnant un poids disproportionné aux préoccupations centrées sur les femmes, selon la théorie Longhouse  :

CiterLa Longhouse fait référence à la remarquable sur-correction des deux dernières générations vers des normes sociales centrées sur les besoins féminins et les méthodes féminines de contrôle, de direction et de modélisation du comportement.

Les femmes sont naturellement plus sympathiques – et donc plus influençables – aux impératifs de l'ingénierie sociale qui cooptent le récit actuel. Les hommes sont de plus en plus écartés de l'enseignement supérieur, ce qui signifie que même parmi les élites qui ont été canalisées vers le haut, les positions penchent de plus en plus du côté de la "Longhouse" :





Cette féminisation de la classe dirigeante peut être observée de différents points de vue :




Comme tout le monde le sait maintenant, les femmes célibataires sont de loin celles qui font le saut le plus disproportionné dans les terres Démocrates, ainsi que dans les politiques hyperlibérales de plus en plus radicalisées – ce qui se reflète d'autres manières intéressantes :



Par ailleurs, un utilisateur de X a fait un commentaire pertinent sur la capture d'écran ci-dessous :



CiterLa plupart des analyses de l'effondrement des inscriptions des hommes à l'université se concentrent sur le fait qu'il est inquiétant que ces hommes n'épousent pas les opinions politiques de l'élite.

Mais l'une des disparités les plus révélatrices de l'enquête Rasmussen montre à quel point les élites sont déconnectées des questions économiques qui affectent le plus la plèbe – par opposition aux abstractions aériennes des questions de guerre culturelle des intellectuels marginaux :



Ici, vous pouvez voir qu'un énorme 82% des élites pensent que Biden réussit en matière d'emploi – ce qui signifie par extension qu'ils approuvent l'état de l'économie. Seuls 41 % des électeurs sont de cet avis.

Ce résultat est particulièrement révélateur, car l'emploi et l'économie sont des questions vitales que les électeurs ordinaires ressentent directement. Les élites n'y sont guère sensibles, car, quelle que soit l'ampleur des chiffres du chômage, elles restent bien ancrées dans leur vie de nantis de la haute société.

Le dernier point qui, selon Rasmussen, l'a choqué lui-même, est la question de l'amoralité des élites. Il a constaté que près de 70 % des super-élites accepteraient que leur candidat triche plutôt que de perdre une élection. Seuls 7 % des électeurs ordinaires ont des prédilections aussi amorales :



CiterRasmussen a déclaré que ce projet a révélé le chiffre le plus effrayant qu'il ait vu en près de 35 ans d'étude de l'opinion publique. Selon ses données, 35 % de l'élite de 1 % (et 69 % de l'élite de 1 % obsédée par la politique) ont déclaré qu'ils préféreraient tricher plutôt que de perdre une élection serrée. Parmi les Américains moyens, 93 % rejettent la tricherie et acceptent la défaite lors d'une élection honnête. Seuls 7 % d'entre eux ont déclaré qu'ils seraient prêts à tricher. –Source

Ce résultat est stupéfiant, ne serait-ce que parce qu'il présente de loin la plus grande marge de différence de toutes les autres questions. Il explique à lui seul de nombreux maux de la société, notamment la facilité avec laquelle l'élite influente s'est déjà montrée capable d'utiliser sa richesse et son influence considérables pour mettre le "pouce sur la balance" de l'élection de 2020.

Il n'est donc pas surprenant que cette culture omniprésente de l'amoralité se reflète dans tous les récits actuels menant à l'élection de 2024 :




https://www.foreignaffairs.com/united-states/age-amorality-liberal-brands

L'article ci-dessus, tiré de Foreign Affairs – le journal officiel du Council on Foreign Relations – est particulièrement emblématique à cet égard, notamment parce que le CFR représente à bien des égards le totem de la super-élite, le 1%  dont il est question. Le conclave ne regroupe pas seulement une classe particulière, comme les dirigeants mondiaux, mais cherche à mettre en réseau et à uniformiser l'ensemble du tissu de l'échelon supérieur, qu'il s'agisse de l'élite des affaires, de la royauté bureaucratique ou même de personnalités influentes de la culture pop comme Angelina Jolie, qui en est membre depuis de nombreuses années.

L'article témoigne précisément des types d'hypocrisie inhérents à une grande partie de la classe dirigeante. Ils parlent de "buts valables" poursuivis par des "moyens indignes" au nom d'objectifs "libéraux" et démocratiques, mais le problème est le suivant : qui décide de ces "buts valables" ? Selon leur estimation, renverser une variété de dirigeants peu recommandables, ou simplement "incompatibles", dans le monde entier était un "objectif louable". Mais l'approbation démocratique par les citoyens de ces orientations politiques est inhérente à la "démocratie" et aux idéaux libéraux qu'ils prétendent défendre.

Dans l'Occident "libéral", ce petit groupe d'élites fait passer ses propres objectifs égoïstes par des euphémismes bidons présentés comme des "idéaux démocratiques", alors qu'en réalité, le peuple n'a pas son mot à dire. C'est pourquoi cette version de la "démocratie libérale" n'est rien d'autre qu'une contrefaçon destinée à réaliser les objectifs géopolitiques nécessaires au maintien de la domination de l'élite bancaire et financière mondiale.



Asservir ses propres citoyens dans un réseau de mensonges n'est pas du tout un monde de "liberté" – c'est un asservissement intellectuel et moral, même si les citoyens jouissent involontairement du confort matériel d'un système construit sur une exploitation prédatrice hideusement déguisée. Le problème est que de telles circonstances ne sont jamais viables à long terme : bien sûr, elles peuvent créer des conditions semi-utopiques pour vos propres enfants, mais le reste du monde finit par s'apercevoir de l'escroquerie, exigeant sa part de chair en guise de compensation. Les élites feraient mieux de cesser cette mascarade et de dire simplement la vérité : cela n'a rien à voir avec des ersatz de grands idéaux  comme la "liberté" et le "libéralisme", mais plutôt avec la préservation de la primauté de l'Occident et d'un mode de vie privilégié ; c'est tout.

L'article est un burlesque simulacre d'hypocrisie : il insiste sur les prétendues "agressions" et politiques "illibérales" de la Russie et de la Chine – comme l'"invasion" de l'Ukraine – tout en ignorant de manière crétine les transgressions, invasions et occupations bien plus nombreuses des États-Unis dans divers États souverains, sans parler de la facilitation actuelle d'un génocide total à Gaza, pour lequel les États-Unis viennent de livrer un nouveau lot de bombes à Israël à l'heure où nous écrivons ces lignes. Les élections en Chine et en Russie se sont également révélées bien plus démocratiques et "libérales" que la "production" électorale bidon des États-Unis, qui a vu une "victoire" évidente volée pour un candidat honni en 2020, ou même que la mascarade actuelle de l'invasion coordonnée de millions de clandestins dans le but de bouleverser une autre élection "démocratique" en 2024. Les jérémiades haletantes des fantassins de l'establishment ne sont rien d'autre que des tentatives désespérées destinés à soutenir l'édifice en ruine de leur vieil ordre suranné.

Il suffit de voir les idéaux de la "démocratie libérale" dont les élites se gargarisent avec tant de constance :





Qui aurait cru que la démocratie était si compliquée ?

Et les idéaux "libéraux", qui étaient censés représenter la liberté individuelle, font fureur de nos jours :




En réalité, tous ces termes et concepts ne sont que des artefacts de la façade shibbolethique érigée pour servir le paradigme de contrôle des élites. Tout cela nous ramène au sujet qui nous occupe : la classe des 1%, selon le sondage de Rasmussen, a créé un niveau d'institutions suprapositionné qui sert d'engrenage à la préservation de la domination du système. La conception autoréférentielle est un mécanisme d'application idéologique délibéré destiné à conduire les "bonnes personnes" au sommet de la structure pyramidale, tout en mettant de côté les indésirables qui n'ont pas le sang assez bleu pour participer à la soirée exclusive.

En fin de compte, l'auteur de l'article de Foreign Affairs sur l'amoralité, Hal Brands, est un bon exemple de ce pipeline. Un coup d'œil sur son wiki montre qu'il porte non seulement la marque "distinctive" d'un certain honneur de Henry A. Kissinger – précisément le type de bourse Rhodes pour les élites dont j'ai parlé – mais qu'il a même fréquenté non pas une, mais deux des 12 institutions "choisies" par Rasmussen :



Cela fait de Brands l'enfant-vedette de cette classe d'élite isolée. Assis sur leurs interminables allocations et sinécures des ONG, des personnages comme Brands passent leur vie à écrire des articles malhonnêtes, les uns après les autres, pour promouvoir les agendas globalistes les plus radicaux pour leurs compagnons olympiens, tout en se détachant des basses préoccupations des gens du peuple.

Pour une autre démonstration exemplaire de cette déconnexion, ne cherchez pas plus loin que ce nouveau clip de MSNBC sur l'événement à venir intitulé "White Rural Rage" (la rage rurale blanche) :

Voir la vidéo sur le site

Naturellement, les auteurs sont représentatifs du beau monde intellectuel et aisé de Rasmussen – l'un d'entre eux est professeur de sciences politiques à l'université du Maryland, l'autre est rédacteur au WaPo et membre d'une "fondation" liée à une ONG de la Ceinture [la Rocade de Washington DC, NdT] qui incube précisément le type d'auxiliaires de l'establishment dont il est question.

Ces personnes finissent généralement par être couronnées "senior fellows" ou, plus risible encore, "scholars" dans ces fondations douteuses ; des noms ambigus et autoproclamés censés évoquer l'érudition et l'autorité, qui ne représentent en réalité rien d'autre qu'une onction vide de sens par des institutions corporatistes-globalistes qui les ont désignés comme des factotums fiables et des diffuseurs de l'ordre du jour de la Co-Glo [Compagnie du globalisme, NdSF].

Malheureusement, il n'y a pas de solution à la fracture sociétale. Les institutions qui reçoivent des fonds d'entreprise de quelque nature que ce soit peuvent être considérées comme captives, car il y a toujours des conditions à remplir. La seule façon d'avancer est donc d'éviter, de profaner et de vilipender toutes les institutions, de sorte que la rupture puisse finalement se traduire par un découplage total de la société originale et authentique. Une fois qu'un système parallèle est mis en place, les "institutions" vides de toute conséquences doivent se dessécher et se ratatiner en carapaces floconneuses, pour être piétinées comme des croûtes de sauterelles.

Simplicius Le Penseur

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/la-deconnexion-de-lelite-americaine

#2
Europe / L’OTAN s’apprête à rejeter off...
Last post by JacquesL - Aujourd'hui à 06:40:27 PM
L'OTAN s'apprête à rejeter officiellement toute intervention en Ukraine


Publié le mai 10, 2024 par Wayan




Par Moon of Alabama – Le 9 mai 2024

Après les récentes menaces des pays "occidentaux" d'intervenir avec leurs propres troupes dans la guerre en Ukraine, la Russie a réagi en révélant une menace mortelle :

CiterLa Russie a également annoncé un exercice spontané de déploiement d'armes nucléaires tactiques :

La Russie a menacé de frapper les installations militaires britanniques et a déclaré qu'elle organiserait des exercices simulant l'utilisation d'armes nucléaires sur le champ de bataille en réponse à l'utilisation d'armes britanniques par l'Ukraine pour frapper son territoire.
...
C'est la première fois que la Russie annonce publiquement des exercices impliquant des armes nucléaires tactiques, bien que ses forces nucléaires stratégiques organisent régulièrement des exercices.
Les exercices seront organisés par le groupe sud des forces russes, qui participe également à l'opération militaire spéciale en Ukraine.


Cela devrait pour l'instant faire taire les grandes voix qui rêvent de vaincre la Russie en Ukraine.

Il semble maintenant que le traitement ait atteint son objectif.

Le journal italien Corriere Della Serra rapporte (en italien, traduction automatique éditée) :

Citer"Pas de bottes sur le terrain". Selon le Corriere, il s'agit de l'une des phrases clés contenues dans le projet original du document et qui sera approuvée au sommet de l'OTAN qui se tiendra à Washington du 9 au 11 juillet. La référence est faite à l'Ukraine : l'Alliance de l'Atlantique Nord n'enverra pas de soldats au combat ("no boots on the ground"). La stratégie, dictée par les Etats-Unis, ne change pas. Mais dans le même temps, les dirigeants occidentaux se préparent à un changement de rythme.

La décision officielle de l'OTAN de ne pas envoyer de soldats en Ukraine est une garantie pour la Russie. C'est aussi une tentative de bloquer certains présidents, en l'occurrence le Français Emmanuel Macron, pour qu'ils ne contredisent pas cette stratégie. C'est du moins ainsi que l'interprètent le média ukrainien Strana et le correspondant en Russie Gilbert Doctorow. Strana (traduction automatique) :

CiterSelon le journal italien Corriere della Sera, l'OTAN prévoit d'adopter une déclaration lors du sommet de juillet, qui fixera le refus d'envoyer des forces en Ukraine. "Pas de bottes sur le terrain" – selon le journal, il faut lire ce point.


Il convient de noter que l'Alliance a déclaré à plusieurs reprises qu'elle ne combattrait pas en Ukraine. Si ce point est officiellement fixé, cette approche problématisera grandement les efforts de pays tels que la France, qui n'excluent pas l'introduction de troupes.



Il convient de noter que les informations relatives à la préparation d'une déclaration officielle de l'OTAN sur la non-participation de ses troupes à la guerre en Ukraine sont apparues littéralement immédiatement après l'ultimatum de la Fédération de Russie, qui faisait allusion à l'utilisation d'armes nucléaires en cas d'entrée des troupes de l'OTAN.



En théorie, une telle déclaration n'empêcherait pas les pays de l'OTAN de déployer des troupes de manière unilatérale. Toutefois, dans ce cas, la question se pose de savoir si l'ensemble de l'Alliance viendra en aide à ce pays si la Fédération de Russie commence à frapper son territoire.

Dans une interview accordée à Sputnik International, Gilbert Doctorow soutient cette interprétation :

CiterLa raison d'être de la nouvelle stratégie de l'OTAN "pas de bottes sur le terrain" en Ukraine est de faire taire les "grandes gueules" belliqueuses en Occident, a déclaré à Sputnik l'analyste des relations internationales Gilbert Doctorow.

La décision de l'alliance a été conçue pour "faire taire Monsieur Macron, faire taire le premier ministre lituanien et d'autres grandes gueules qui ont appelé à l'envoi de troupes de l'OTAN en Ukraine pour sauver le régime de Kiev d'une défaite militaire imminente", a déclaré Doctorow.


Selon le journal italien Corriere della Sera, l'expression "pas de bottes sur le terrain" en Ukraine est une phrase clé contenue dans un projet de document qui devrait être approuvé par le sommet de l'OTAN à Washington, en juillet.

Je suis prudemment d'accord avec cette interprétation. Mais je n'ai encore trouvé aucune mention de cette décision dans d'autres médias "occidentaux". Cette décision est donc encore trop officieuse pour être considérée comme un fait avéré.

En outre, selon le Corriere Della Serra, l'OTAN prendra en charge la collecte et la livraison d'armes pour l'Ukraine. Cette tâche incombait jusqu'à présent aux États-Unis, dans le cadre des réunions régulières d'un groupe de contact composé de mandataires et d'alliés américains à Ramstein.

L'administration Biden abandonne ainsi aux mains des Européens son projet raté sur l'Ukraine, qui était censé "affaiblir la Russie" mais qui a abouti à l'inverse. (C'est quelque chose que j'avais prédit au cours du premier mois de guerre).

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/lotan-sapprete-a-rejeter-officiellement-toute-intervention-en-ukraine
#3
Citoyenneté / Le pouvoir de la narrative
Last post by JacquesL - Aujourd'hui à 06:09:44 PM
Le pouvoir de la narrative

Par Caitlin Johnstone – Le 9 mai 2024



Le secrétaire d'État américain et un oligarque de la technologie de surveillance du Bilderberg ont fait des aveux très intéressants sur le mouvement de protestation contre le massacre de Gaza, soutenu par les États-Unis, et les problèmes qu'il pose à l'empire qu'ils aident à diriger.

Au cours d'un discours au vitriol sur les manifestants universitaires lors du Ash Carter Exchange on Innovation and National Security, le PDG de Palantir, Alex Karp, a déclaré sans ambages que si les partisans des manifestants remportaient le débat sur cette question, l'Occident perdrait la capacité de mener des guerres.

Pour ceux qui l'ignorent, Palantir est une entreprise technologique de surveillance et d'extraction de données soutenue par la CIA, qui entretient des liens étroits avec le cartel du renseignement américain et avec Israël, jouant un rôle crucial dans le réseau de surveillance tentaculaire de l'empire américain et dans les atrocités commises par Israël contre les Palestiniens. Karp est un milliardaire qui siège au comité directeur du groupe Bilderberg et participe régulièrement au Forum économique mondial et à d'autres plateformes de gestion de l'empire ploutocratique.

Tweet avec video : https://twitter.com/i/status/1788316740847276358
Citer"Nous pensons que ce qui se passe sur les campus universitaires est un spectacle secondaire. Non, c'est le spectacle principal".
"Si nous perdons le débat intellectuel, vous ne pourrez plus jamais déployer une armée. "#Palantir CEO Alex Karp at #SCSPAIExpo2024 pic.twitter.com/MwQoDlSMFw
– Palantir (@PalantirTech) 8 mai 2024
"Nous pensons en quelque sorte que ces choses qui se produisent, sur les campus universitaires en particulier, sont comme un spectacle secondaire – non, c'est le spectacle clé", a déclaré Karp au cours de son discours. « Parce que si nous perdons le débat intellectuel, vous ne pourrez plus jamais déployer une armée. »

Tout le monde devrait écouter très attentivement les paroles de Karp, car il est en train de dévoiler tout le jeu. Il explique clairement à quel point il est crucial pour l'empire d'écraser ce mouvement de protestation et le zeitgeist sur lequel il repose, parce que l'existence même de la machine de guerre impériale en dépend. À une époque où la plupart des doreurs d'image impériaux tentent de rejeter l'importance de ce mouvement et de ce que font les jeunes sur les campus universitaires du monde entier, il s'agit là d'un aveu vraiment extraordinaire de la part de quelqu'un qui vit au plus profond des entrailles de l'hydre impériale.

Ce genre de conférences sont idéales pour obtenir de ces monstres des informations utiles que vous n'entendez pas normalement, car lorsqu'ils sont entourés d'hommes de main de l'empire partageant les mêmes idées, ils ont tendance à parler beaucoup plus librement que lorsqu'ils sont face à un public de gens normaux.

Nous en avons eu une nouvelle illustration lors d'une conversation entre le sénateur Mitt Romney et le secrétaire d'État Antony Blinken à l'Institut McCain la semaine dernière, au cours de laquelle tous deux ont reconnu certains faits qui ne sont généralement pas mentionnés par ces gens.



Après avoir déploré le manque de succès d'Israël en matière de "relations publiques" dans le cadre de son assaut contre Gaza, Mitt Romney a carrément déclaré que c'était "la raison pour laquelle nous avons reçu un soutien massif pour fermer potentiellement TikTok ou d'autres entités de cette nature" – le "nous" signifiant lui-même et ses collègues législateurs au Capitole.

"Comment la narrative a évolué, oui, c'est une excellente question", a répondu Blinken. Au début de sa carrière à Washington, tout le monde obtenait ses informations à la télévision et dans des journaux comme le New York Times, le Wall Street Journal et le Washington Post.

"Aujourd'hui, bien sûr, nous recevons des informations par intraveineuse, avec de nouvelles impulsions, des apports chaque milliseconde", a poursuivi M. Blinken. "Et bien sûr, la façon dont cela s'est déroulé a dominé la narrative sur les médias sociaux. Dans l'écosystème des médias sociaux, le contexte, l'histoire, les faits se perdent et l'émotion, l'impact des images dominent. Et nous ne pouvons pas – nous ne pouvons pas ignorer cela, mais je pense que cela a aussi un effet très, très, très stimulant sur la narrative".

Vous avez remarqué qu'il a prononcé trois fois le mot "narrative" ? C'est ainsi que les gestionnaires d'empire se parlent entre eux, parce que c'est ainsi qu'ils pensent.

En effet, les gestionnaires d'empire sont toujours très conscients d'une chose que les êtres humains normaux ne connaissent pas : le véritable pouvoir vient de la manipulation des histoires – des narratives – que les gens se racontent à propos de leur réalité.

Ils comprennent que les êtres humains sont des animaux qui racontent des histoires et dont la vie intérieure est généralement dominée par des récits mentaux sur ce qui se passe, de sorte que si l'on peut contrôler ces récits, on peut contrôler les êtres humains.

Ils comprennent que le pouvoir consiste à contrôler ce qui se passe, mais que le véritable pouvoir consiste à contrôler ce que les gens pensent de ce qui se passe.
Ils comprennent que celui qui contrôle la narrative contrôle le monde.

C'est ce qui se passe avec toute la propagande des médias de masse, la manipulation des algorithmes de la Silicon Valley, les groupes de réflexion financés par les ploutocrates et la fabrication de la culture dominante à New York et à Hollywood. Quelques manipulateurs astucieux ont compris qu'il est possible de contrôler une société en contrôlant ses récits dominants.

Nos dirigeants ne pensent pas aux choses comme le font les gens normaux. Ils ne pensent pas à faire ce qu'il faut ou à agir d'une manière qui profite à tous. Ils ne pensent pas en termes de vérité et d'honnêteté ou d'absence de vérité et d'honnêteté. Ils ne pensent qu'aux histoires que les gens se racontent les uns aux autres et à la manière dont ces histoires peuvent être modifiées pour servir les intérêts de l'empire qu'ils gèrent.
Les gestionnaires d'empire – et les personnes hautement manipulatrices en général – n'utilisent pas le langage de la même manière que les gens normaux. Les êtres humains normaux utilisent le langage pour se connecter et communiquer, alors que les manipulateurs ne l'utilisent que pour obtenir ce qu'ils veulent des gens et exercer un contrôle sur eux. Pour ce faire, ils s'efforcent de contrôler les récits que les gens se font de leur réalité matérielle.

C'est pourquoi, lorsque Romney et Blinken se demandent pourquoi les gens sont si en colère contre Israël, il ne leur vient même pas à l'esprit de discuter de la manière dont l'image publique d'Israël est ternie par ses propres actions, ou de suggérer qu'il pourrait améliorer cette image en cessant simplement de se comporter de manière monstrueuse. Tout ce dont ils parlent, c'est de la "narrative" au sujet de ce que fait Israël et du fait que la capacité des gens à partager des idées et des informations en ligne rend cette narrative plus difficile à contrôler.

Ainsi, alors que les gens normaux regardent les effusions de sang et l'horreur à Gaza et crient à tue-tête que cela doit cesser, nos dirigeants nous entendent et pensent : "Oh non, nous devons trouver un moyen d'empêcher les gens de croire à ce récit et de les amener à en croire un autre".

C'est ce à quoi nous assistons avec toutes les tentatives d'étouffer la liberté d'expression dans les manifestations et en ligne. Ils comprennent que s'ils perdent le contrôle de la narration, ils ne pourront plus déployer leurs armées [sans provoquer un rejet par la population, NdT].

Ne commettez donc pas l'erreur de croire que vos tentatives pour perturber leur contrôle narratif ne fonctionnent pas. Ne laissez personne vous dire que vos manifestations ne font aucune différence ou que votre discours dissident ne représente aucune menace pour les puissants. Si ce que vous faites ne fonctionnait pas, les dirigeants de l'empire ne seraient pas en train de s'affoler.

Caitlin Johnstone

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/le-pouvoir-de-la-narrative
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Questions mondiales. / Quatre années et trente millio...
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Quatre années et trente millions de morts plus tard

Publié le mai 9, 2024 par jmarti


Par Ron Unz − Le 22 avril 2024 − Source Unz Review



L'épidémie mondiale de COVID a commencé il y a plus de quatre ans, et si l'on a quelque peu arrêté d'en parler au cours des deux dernières années au vu de l'attention désormais portée sur la guerre menée en Ukraine par la Russie et le conflit entre Israël et Gaza, elle a eu un impact colossal et persistant.




L'épidémie de COVID et les néo-conservateurs de Trump


The Economist tient à jour depuis 2020 le décompte le plus reconnu du nombre de décès humains et suivant ses calculs, le nombre total d'"excès de mortalité" à l'échelle mondiale a quasiment atteint les trente millions, cependant que des milliards de personnes ont vu leur vie fortement perturbée par les confinements et les dislocations économiques. Les États-Unis ont également subi ces mêmes facteurs, totalisant plus d'un million de décès d'Étasuniens, et les importantes dépenses du gouvernement en vu d'empêcher un effondrement économique ont fait augmenter notre dette de plus de 1000 milliards de dollars, soit une augmentation d'à peu près 50% au cours des toutes dernières années.

Durant cette même période, j'ai publié une longue suite d'articles sur le sujet des origines du Covid. La journée d'hier a marqué la date anniversaire de publication du premier de ces articles, et au cours des derniers jours, j'ai relu la plupart de mes écrits à ce sujet, dont le volume total dépasse largement les 100 000 mots.

Dans la plupart de ces articles, j'avais supposé que les impacts sociaux et économiques à long terme de l'épidémie et des confinements seraient bien plus importants que ce qui a été observé. La vie quotidienne aux États-Unis semble être revenue à la normale bien plus rapidement que je ne m'y attendais à l'époque. Hormis quelques changements permanents ci et là, les signes rappelant ces années très difficiles semblent pour la plupart avoir disparu de notre vie quotidienne, et je pense que l'on retrouve ce schéma dans la plupart des autres pays. Mais si l'on met de côté cette prédiction non avérée — que sans doute d'autres observateurs ont pu partager à l'époque — je pense pouvoir dire que je maintiens absolument les positions que j'ai prises dans cette grosse vingtaine d'articles, surtout pour ce qui concerne mon analyse très controversée des véritables causes de cette épidémie mondiale dévastatrice.

L'origine du COVID a constitué ma principale contribution au débat public, et maintenant que quatre années se sont écoulées, et que la poussière est partiellement retombée, je pense qu'il est utile de revenir sur cette question et de repasser en revue certains de mes arguments. Mais bien que mon premier article date du mois d'avril 2020, on comprend mieux l'analyse sous-jacente à celui-ci en prenant en compte des événements qui se sont produits antérieurement.

En 2016, une vague massive de rejet contre les establishments politiques, aussi bien Démocrate que Républicain, a porté Donald Trump jusqu'à la Maison-Blanche. Cependant, il s'est malheureusement révélé rapidement être un président déconnecté et plutôt erratique, et affublé des problèmes naturels qui caractérisent quiconque est entièrement nouveau dans l'exercice d'un mandat électif ; si bien qu'il a notoirement permis à ses principaux conseillers de tourner en rond autour de lui sur des sujets importants.

En outre, bien qu'il ait mené sa campagne de 2016 en se présentant comme candidat d'un changement idéologique drastique, la plupart des nominations qu'il a décidées ont promu des Républicains relativement conventionnels. Dans les quinze mois suivant son élection, il s'est persuadé de mettre sa politique de sécurité nationale entre les mains de néo-conservateurs durs, comme le Secrétaire d'État Mike Pompeo, ou le Conseiller à la Sécurité Nationale John Bolton, deux personnages intensément hostiles envers la Chine et l'Iran, qui ont parfois ignoré ou contourné leur ignorant supérieur. Des journalistes de premier plan ont par la suite rapporté que les principaux conseillers de Trump dissimulaient parfois ses ordres exécutifs, ce qui a empêché Trump de les ratifier au statut de loi, en espérant qu'il allait les oublier — et il les a effectivement oubliés.

Pour exemple particulièrement grave de l'incapacité de Trump à contrôler ses propres subordonnés, on peut citer une réunion au sommet des plus importantes, fin 2018, avec son homologue chinois Xi Jinping. Huawei était l'une des sociétés chinoises les plus importantes, championne technologique au niveau mondial, dont le directeur financier, Meng Wanzhou, était la fille du fondateur et président de la société, et anciennement figurant parmi les dirigeants de premier plan de son pays. Mais à peine huit mois après sa prise de fonctions, Bolton a ordonné son arrestation lors d'un transit au Canada, sur la base d'accusations de violations de sanctions étasuniennes en Iran, une action qui a gravement abîmé nos relations avec la Chine. Plusieurs années plus tard, un article de 10 000 mots paru dans le Wall Street Journal révélait certains détails fascinants derrière ce grave incident international.

CiterM. Bolton, alors conseiller à la sécurité nationale au sein de l'administration Trump, savait que l'arrestation de Mme Meng pouvait perturber le grand événement que constituait ce sommet, un dîner entre le président Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping. Pourtant, M. Bolton, faucon antichinois de la première heure, a estimé que le risque méritait d'être pris. Le président ne savait encore rien de ses projets. Les employés de la Maison-Blanche ont par la suite débattu du sujet de savoir si M. Bolton avait informé M. Trump, ou si le plan était resté inconnu de ce dernier...


Mme Meng a été conduite au poste de police, on a relevé ses empreintes et on lui a permis de passer un coup de téléphone au seul avocat parlant le chinois que Huawei parvint à trouver en un délai réduit, un avocat spécialisé en droit des brevets. Alors que l'avocat prenait la route pour venir au poste de police, Mme Meng s'est mise à manquer d'air, ce qui a inquiété les policiers qui l'ont envoyée à l'hôpital.



Messieurs Trump et Xi étaient au même moment attablés et dégustaient un steak argentin, accompagné d'un Malbec de 2014. L'objectif du dîner était de parvenir à une trêve dans la guerre commerciale étasuno-chinoise, de plus en plus marquée. Aucun des deux hommes ne semble avoir été mis au courant de l'arrestation de Mme Meng. M. Bolton, assis à côté de M. Trump, n'en a pas fait mention.



Selon les dirigeants chinois, M. Xi a été mis au courant de cette arrestation peu de temps après, et a considéré la séquence comme trompeuse et insultante. Il venait d'accepter d'acheter davantage de denrées alimentaires et de ressources énergétiques en provenance des États-Unis.


M. Trump a questionné M. Bolton plusieurs jours plus tard, lors d'un dîner de Noël tenu à la Maison-Blanche, selon des personnes ayant assisté à la conversation. "Pourquoi avez-vous fait arrêter Meng ?" a demandé le président. "Vous saviez pourtant qu'elle est l'Ivanka Trump chinoise ?"

Treize mois plus tard, un incident encore plus choquant s'est produit dans le Moyen-Orient. Durant de nombreuses années, le général Qasem Soleimani avait été considéré comme le dirigeant militaire le plus important d'Iran et, au vu de son excellente réputation auprès du peuple iranien, on le considérait comme un candidat probable pour les élections présidentielles de 2021. Mais début 2020, des dirigeants étasuniens l'ont attiré à Bagdad sous prétexte de négociations de paix pour le Moyen-Orient avec nos représentants, et ont ensuite persuadé Trump de le faire assassiner à son arrivée sur place, le 2 janvier. Ce meurtre odieux a amené nos deux nations sur le seuil de la guerre ouverte, les Iraniens se mettant à bombarder nos bases du Moyen-Orient au moyen d'une bonne dizaine de missiles balistiques, par représailles. Bien que l'Iran ait annoncé cette opération avec suffisamment d'avance pour éviter que des Étasuniens soient tués, plus d'une centaine de nos soldats ont été blessés.

Depuis longtemps l'Iran essayait de renouer des relations amiables avec les États-Unis, mais les Israéliens considéraient ce pays comme leur plus important rival de la région, et durant plus d'une décennie, ils avaient œuvré de concert avec leurs proches alliés néo-conservateurs pour provoquer une guerre entre l'Iran et les États-Unis, dans l'espoir d'amener notre puissante armée à détruire leur adversaire local, à l'instar de la manière dont nous avons attaqué et détruit l'Irak de Saddam Hussein au lendemain des attentats du 11 septembre. Aussi, cet assassinat s'inscrivit presque certainement dans ce projet israélien établi de longue date, et bien que les responsables exacts au sein du gouvernement étasunien n'aient jamais été identifiés, il apparaît comme hautement probable que Pompeo et Bolton aient été lourdement impliqués dans sa préparation.
L'assassinat public d'un dirigeant étranger aussi élevé, en temps de paix, constituait une action quasiment sans précédent au cours des trois derniers siècles d'histoire mondiale ; et nos médias dominants ont pris grand soin d'éluder totalement l'évidente dimension israélienne de ce crime. Il s'en est suivi que j'ai décidé d'explorer le vaste sujet des assassinats, en me concentrant sur le Mossad israélien et son probable rôle dissimulé derrière un grand nombre d'incidents de haut niveau déclenchés au cours des soixante-dix années passées. À la fin mars 2024, j'ai publié une longue et exhaustive analyse sur ce sujet historique important.


CiterAmerican Pravda : Assassinats du Mossad
Ron Unz — The Unz Review — 27 janvier 2020 — 27300 mots

L'épidémie de COVID — un épisode de guerre biologique ?

Bien que ce long article ait attiré un important lectorat et ait fait l'objet de plus de 1000 commentaires, l'épidémie de Covid apparue à cette époque recevait une attention de plus en plus importante, et balaya rapidement tous les autres sujets. Mais ces incidents remontant au début de l'administration Trump me sont restés à l'esprit alors que je commençai à examiner l'émergence subite de ce nouveau virus mystérieux à Wuhan, en Chine.

Mon premier article important sur le COVID est paru au mois d'avril 2020, et j'y ai décrit la séquence des événements :

CiterLorsque les journaux du matin ont commencé à faire mention de l'apparition d'une nouvelle maladie mystérieuse en Chine à la mi-janvier, je n'y ai guère prêté attention, absorbé que j'étais par les retombées de l'assassinat du haut dirigeant iranien et de la possibilité dangereuse d'une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Mais les rapports ont continué de s'accumuler, et le nombre de décès s'est accru, indiquant que la maladie virale pouvait se transmettre entre humains. Les premières tentatives conventionnelles menées par la Chine en vue de contenir la propagation de la maladie semblaient échouer.


Puis, le 23 janvier, après seulement 17 décès, le gouvernement chinois a pris la décision stupéfiante de confiner et de mettre en quarantaine les onze millions d'habitants de la ville de Wuhan, un événement qui a soulevé l'attention du monde entier. Ils ont rapidement étendu cette politique aux 60 millions de Chinois habitant la province de Hubei, et peu de temps après, ont bloqué l'ensemble de l'économie nationale et confiné 700 millions de Chinois à domicile, une mesure de santé publique sans doute mille fois plus importante que toute autre jamais décidée dans l'histoire humaine. Soit les dirigeants chinois étaient devenus subitement fous, soit ils considéraient ce nouveau virus comme une menace nationale absolument mortelle, de nature à justifier un contrôle à tout prix.

Les premiers récits du New York Times et d'autres organes de presse dominants ne faisaient aucune mention des origines du virus du COVID, ou bien le décrivaient comme naturel, mais dès le tout début, de nombreux autres récits apparurent sur Internet, présentant une perspective radicalement différente.

CiterEn janvier, peu d'Étasuniens prêtèrent attention aux premiers rapports faisant état d'une épidémie inhabituelle dans la ville chinoise de Wuhan, dont on ne connaissait qu'à peine le nom. Loin de cela, l'attention politique était centrée sur la lutte pour la destitution de Trump et sur les retombées de notre dangereuse confrontation militaire avec l'Iran. Mais vers la fin du mois, j'ai découvert que les franges de l'Internet débordaient d'affirmations selon lesquelles la maladie était provoquée par une arme biologique chinoise accidentellement libérée du laboratoire même de Wuhan, cette théorie étant promulguée activement par Steve Bannon, ancien conseiller de Trump, ainsi que ZeroHedge, un site internet conspirationniste de droite. De fait, ces récits se sont tellement propagés dans ces cercles idéologiques que le sénateur Tom Cotton, un néoconservateur républicain de premier plan, s'est mis à la promouvoir sur Twitter et sur Foxnews, provoquant la publication d'un article dans le New York Times sur ces "théories complotistes marginales."

Peu de temps après, j'ai découvert que de nombreuses théories sur le COVID promues par ces activistes de droite anti-chinois trouvaient apparemment leurs racines dans des tentatives de propagande du gouvernement étasunien. Dès le 9 janvier, avant même qu'un seul décès pour cause de COVID ait été officiellement rapporté, notre radio Free Asia, associée à la CIA, s'était mise à propager des récits selon lesquels le COVID pouvait être une arme biologique chinoise échappée du laboratoire de Wuhan, et deux semaines plus tard, le journal de droite Washington Post reprenait le même récit, citant des membres anonymes du gouvernement étasunien qui semblaient lui apporter du crédit.

Ces étranges développements ont commencé à soulever rapidement des doutes dans mon esprit. Qui plus est, que le virus fût naturel ou résultât d'une fuite hors d'un laboratoire, l'agenda de son apparition m'apparaissait comme très suspect, comme je l'ai expliqué dans mon article :

CiterQuelles que soient les origines de l'idée, apparaît-il plausible que l'épidémie de coronavirus ait pu découler d'une fuite accidentelle de ce laboratoire chinois ? ...


Durant le mois de janvier, les journalistes écrivant au sujet de la crise sanitaire en développement en Chine insistaient régulièrement sur le fait que la nouvelle épidémie virale s'était produite au pire moment et dans le pire lieu possibles, avec une apparition dans le nœud de transports de Wuhan juste avant les vacances du Nouvel An, alors mêmes que des centaines de millions de Chinois s'apprêtaient à rejoindre leurs lointaines familles pour les festivités, provoquant potentiellement une propagation de la maladie dans toutes les régions du pays et produisant une épidémie permanente et incontrôlable. Le gouvernement chinois a évité ce destin funeste en prenant la décision sans précédent de fermer toute l'économie chinoise et de confiner 700 millions de Chinois à domicile pendant de nombreuses semaines. Mais le résultat semble avoir été très juste, et si Wuhan était restée ouverte à peine quelques jours de plus, la Chine aurait pu avoir à subir une dévastation économique et sociale à long terme.


Une fuite accidentelle hors d'un laboratoire se serait évidemment produite de manière aléatoire dans l'agenda. Mais l'épidémie semble avoir commencé à la période de temps précisément la plus à même de provoquer des dégâts en Chine, la fenêtre de temps de dix jours, voire de trente jours, la pire possible. Comme je l'ai noté au mois de janvier, je n'ai vu aucune preuve solide du fait que le coronavirus soit une arme biologique, mais s'il l'était, l'agenda de son apparition rendrait un accident très peu probable.

Les États-Unis et la Chine avaient passé les années précédentes dans un état d'âpre confrontation internationale, et voici qu'un virus mystérieux était apparu dans le second pays, propre à dévaster sa société et son économie. Cela ne constituait pas le début d'une preuve, mais cela souleva en moi des soupçons raisonnables :

Citer
Si le virus avait été libéré de manière intentionnelle, le contexte et les motivations d'une telle attaque biologique contre la Chine ne pouvaient guère être plus évidents. Bien que nos médias peu éveillés continuent de prétendre le contraire, la taille de l'économie chinoise a dépassé la nôtre il y a plusieurs années déjà, et a continué de connaître une croissance toujours plus rapide. Les entreprises chinoises ont également pris la tête dans plusieurs technologies centrales, avec Huawei qui est devenu le principal fabricant d'équipements de télécommunications au monde, et qui domine l'important marché de la 5G. Le projet chinois des Nouvelles Routes de la Soie a menacé de réorienter le commerce mondial autour d'une masse terrestre eurasiatique interconnectée, de quoi diminuer fortement le contrôle des États-Unis par les mers. J'ai suivi de près la Chine depuis plus de quarante ans, et les tendances n'ont jamais été aussi marquées. En 2012 déjà, j'avais publié un article sous le titre provocateur : "Montée de la Chine, chute des États-Unis ?" et depuis lors je n'ai trouvé aucune raison de remettre en cause mon verdict.


Laquelle des superpuissances est-elle la plus menacée par ses "élites extractives" ?

Ron Unz — The American Conservative — 17 avril 2012 — 7000 mots

CiterDurant les trois générations qui ont succédé à la seconde guerre mondiale, les États-Unis se sont maintenus comme puissance mondiale suprême sur les plans économique et technologique, et l'effondrement de l'Union soviétique il y a trente ans nous a laissé comme seule superpuissance restante, n'ayant plus à faire face à une puissance rivale militaire crédible. Un sentiment croissant de perte de ce positionnement sans défi a sans doute inspiré la rhétorique anti-chinoise de nombreuses personnalités de premier plan de l'administration Trump, qui ont lancé une importante guerre commerciale peu après avoir pris leurs fonctions. La misère et l'appauvrissement croissants affligeant de vastes sections de la population étasunienne ont naturellement amené ces électeurs à chercher un bouc émissaire, et une Chine prospère et en plein essor a constitué la cible parfaite.

Malgré le conflit économique de plus en plus marqué contre la Chine au cours des deux dernières années, je n'avais jamais envisagé la possibilité que la situation pût prendre un tournant militaire. Les Chinois avaient depuis longtemps déployé des missiles de portée intermédiaire, que de nombreux observateurs considéraient comme propres à couler nos porte-avions dans la région, et ils avaient également amélioré leur dissuasion militaire conventionnelle. Qui plus est, la Chine entretient de bonnes relations avec la Russie, qui constitue la cible d'une intense hostilité étasunienne depuis plusieurs années ; et la nouvelle série de missiles hypersoniques russes révolutionnaires a fortement réduit tout avantage stratégique des États-Unis. Aussi, une guerre conventionnelle contre la Chine apparaissait comme une entreprise absolument désespérée, cependant que les hommes d'affaires et ingénieurs chinois gagnaient constamment du terrain face à un système économique étasunien en déclin et hautement financiarisé.

Au vu de ces circonstances difficiles, une attaque de guerre biologique par les États-Unis contre la Chine pouvait apparaître comme la seule carte restant à jouer dans l'espoir de maintenir la suprématie des États-Unis. Le déni plausible permettait de minimiser les risques de représailles de la part de la Chine, et si l'attaque réussissait, le terrible coup porté à l'économie chinoise allait lui infliger un retard de plusieurs années, allant peut-être même jusqu'à déstabiliser son système social et politique. L'utilisation des médias alternatifs pour promouvoir dès le départ des théories selon lesquelles l'épidémie de coronavirus découlait d'une fuite depuis un laboratoire d'armes biologiques chinoises constituait un moyen naturel de prendre l'ascendant sur toute accusation chinoise à venir suivant ces lignes, ce qui permettait aux États-Unis de remporter la guerre de propagande internationale avant même que la Chine ait commencé à se battre.
....
CiterTelles étaient les pensées que j'avais à l'esprit durant la dernière semaine de janvier, après que j'ai découvert les théories circulant largement et selon lesquelles l'épidémie massive chinoise constituait une conséquence auto-infligée de ses propres recherches en matière de guerre biologique. Je ne voyais aucune preuve solide du fait que le coronavirus fût une arme biologique, mais si cela en était une, la Chine constituait certainement la victime innocente de l'attaque, sans doute menée par des éléments de l'establishment de la sécurité nationale étasunienne.

Peu de temps après, on a porté à mon attention un très long article écrit par un expatrié étasunien installé en Chine, se faisant appeler "Metallicman", et tenant de toute une gamme de croyances excentriques et peu plausibles. J'ai compris depuis longtemps que des personnalités bancales peuvent souvent tenir lieu de vecteur pour des informations importantes indisponibles par ailleurs, et cette instance en a constitué un parfait exemple. Son article dénonçait l'épidémie comme une probable attaque menée par les États-Unis, et apportait de nombreux éléments factuels que je n'avais pas considérés jusqu'alors. Comme il a autorisé la republication de son article, je l'ai fait, et son analyse longue de 15000 mots, bien qu'assez brute de forme et peu policée, a commencé à attirer un nombre considérable de lecteurs sur notre site, sans doute parce qu'il s'agissait de l'un des premiers articles rédigés en langue anglaise à suggérer que la nouvelle maladie mystérieuse était une arme biologique étasunienne. Nombre de ses arguments me sont apparus comme douteux ou rendus inutiles par les développements ultérieurs, mais plusieurs autres me sont apparus comme plutôt convaincants.


Il indiquait qu'au cours des deux années précédentes, l'économie chinoise avait déjà subi des secousses importantes à cause d'autres nouvelles maladies mystérieuses, frappant à l'époque des animaux plutôt que les humains. Durant l'année 2018, un nouveau variant de la grippe aviaire avait balayé le pays, éliminant de vastes pans de l'industrie volaillère chinoise, puis en 2019 une épidémie virale de grippe porcine avait dévasté les fermes porcines chinoises, détruisant 40 % de la source de viande intérieure du pays, et il s'était dit à grande échelle que cette épidémie de grippe porcine avait été propagée par de mystérieux drones. Mes journaux du matin n'avaient pas ignoré ces récits importants, et avaient noté que l'effondrement subi d'une grande partie de la production de nourriture intérieure chinoise pouvait constituer une bénédiction pour les fermes étasuniennes orientées vers l'exportation au plus haut de notre conflit commercial, mais je n'avais jamais examiné les implications évidentes que cela pouvait induire. Ainsi, durant trois années de suite, la Chine avait été gravement impactée par d'étranges maladies virales, la dernière étant la seule à s'être montrée mortelle pour l'humain. Ces éléments restaient purement circonstanciels, mais le schéma semblait hautement suspect.


L'auteur notait également que peu avant l'épidémie de coronavirus à Wuhan, la ville avait hébergé 300 officiers de l'armée étasunienne, venus participer aux Jeux Mondiaux Militaires, une coïncidence d'agenda des plus remarquables. Comme je l'ai indiqué à l'époque, comment les Étasuniens réagiraient-ils si 300 officiers de l'armée chinoise étaient venus pendant une durée prolongée à Chicago, et que peu après une épidémie mystérieuse et mortelle avait subitement éclaté dans la même ville ? Ici encore, les éléments sont purement circonstanciels, mais sont de nature à soulever des soupçons des plus sombres.


Les recherches scientifiques sur le coronavirus avaient déjà indiqué ses origines chez la chauve-souris, ce qui avait amené les médias à supposer que des chauve-souris vendues sur les marchés ouverts de Wuhan avaient constitué le vecteur originel de la maladie. Dans le même temps, les vagues d'accusations anti-chinoises orchestrées avaient insisté sur les recherches menées dans le laboratoire chinois sur la même source virale. Mais nous avons rapidement publié un long article écrit par Whitney Webb, journaliste d'investigation, qui apportait des preuves à la pelle établissant l'importance colossale des efforts de recherche menés par les laboratoires étasuniens en matière de guerre biologique, qui s'étaient également centrés durant des années sur les virus de la chauve-souris. Webb était à l'époque associée avec MintPress News, mais cet organisme avait étrangement refusé de publier son article, peut-être frileux d'exposer les graves accusations que cela induisait à l'encontre du gouvernement étasunien sur ce sujet colossal. Si elle n'avait pas pu publier son article sur notre plateforme, sa contribution majeure au débat public aurait pu se trouver restreinte à un lectorat très réduit.
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CiterÀ peu près dans le même temps, j'ai noté une autre coïncidence des plus étranges qui n'avait soulevé aucune attention de la part de nos médias nationaux somnolents. Bien que son nom ne me dît rien, mes journaux du matin de cette fin janvier évoquaient des récits importants au sujet de l'arrestation surprise du professeur Charles Lieber, l'un des principaux scientifiques de l'Université de Harvard et président de son département de chimie, que l'on présentait parfois comme un potentiel futur Prix Nobel.

Les circonstances de cette affaire m'apparaissaient comme très bizarres. Comme de nombreux autres universitaires étasuniens de premier plan, Lieber avait noué durant des décennies des liens étroits avec la Chine en matière de recherches scientifiques, exerçant des nominations conjointes et recevant des fonds substantiels pour ses travaux. Mais voici qu'il était accusé de violations de suivi financier vis-à-vis de ses candidatures dans les dotations de fonds gouvernementaux — un délit des plus obscurs — et sur la base de ces accusations, il fut arrêté par le FBI au petit matin dans sa maison de banlieue de Lexington et emmené menottes aux poignets, encourant peut-être des années d'emprisonnements dans des prisons fédérales.


Une telle action gouvernementale à l'encontre d'un universitaire semblait presque sans précédent. Au plus haut de la Guerre Froide, de nombreux scientifiques et techniciens étasuniens furent accusés à raison d'avoir volé des secrets sur les armes nucléaires pour les livrer à Staline, mais je n'avais jamais entendu dire qu'on les avait traités de manière aussi rude, sans parler d'universitaires de la stature du professeur Lieber, qui n'était accusé que de violations techniques en matière de suivi financier. De fait, cet incident rappelait les récits de descentes pratiquées par le NKVD durant les purges soviétiques des années 1930.

Bien que Lieber fût décrit comme professeur de chimie, quelques secondes de recherches sur Google ont suffi à révéler que certains de ses travaux les plus importants avaient relevé de la virologie, dont certains portaient sur les technologies de détection de virus. Ainsi, une nouvelle épidémie virale, massive et mortelle, avait éclaté en Chine et presque simultanément, un haut universitaire étasunien présentant des liens étroits avec la Chine et une expertise en matière de virus avait subitement été arrêté par le gouvernement fédéral, et il ne se trouvait aucun média pour exprimer la moindre curiosité vis-à-vis d'un possible lien entre ces deux événements.

Je pense ne prendre que peu de risques en supposant que l'arrestation de Lieber par le FBI avait été provoquée par l'occurrence de l'épidémie de coronavirus, mais aller plus loin relève purement de la spéculation. Ceux qui accusent à présent la Chine d'avoir créé le coronavirus pourraient certainement suggérer que nos agences de renseignements ont découvert que le professeur de Harvard avait été personnellement impliqué dans cette recherche au caractère mortel. Mais je pense qu'il est bien plus probable que le professeur Lieber se soit mis à se demander si cette épidémie en Chine pouvait constituer le résultat d'une attaque biologique lancée par les États-Unis, et qu'il avait peut-être évoqué ses soupçons avec un peu trop de force, entrainant le courroux de notre establishment de sécurité nationale. L'application d'un traitement de cette rudesse à un haut scientifique de Harvard est de nature à fortement intimider tous ses collègues, qui pourraient désormais réfléchir à deux fois avant d'évoquer certaines théories controversées face à un journaliste.
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CiterÀ la fin du mois de janvier, notre magazine en ligne avait publié une bonne dizaine d'articles et de posts sur l'épidémie de coronavirus, et le mois de février en a vu paraître de nombreux autres. Ces articles totalisaient des dizaines de milliers de mots et ont attiré un demi-million de mots en commentaires, constituant peut-être bien la source principale en langue anglaise d'un point de vue particulier sur l'épidémie mortelle, et ces éléments ont fini par attirer des centaines de milliers de lecteurs. Quelques semaines plus tard, le gouvernement chinois s'est mis à évoquer prudemment la possibilité que le coronavirus ait pu être apporté à Wuhan par les 300 militaires étasuniens présents dans la ville, et s'est fait lourdement attaquer par l'administration Trump pour avoir répandu de la propagande anti-étasunienne. Mais je soupçonne fortement que les Chinois avaient trouvé cette idée dans nos propres publications.

Alors que le coronavirus commençait peu à peu à se répandre en dehors des frontières de la Chine, un autre développement s'est produit, propre à multiplier mes soupçons. La plupart des premiers cas s'étaient produits exactement comme l'on pouvait s'y attendre, au sein de pays d'Asie orientale jouxtant la Chine. Mais à la fin février, l'Iran était devenu le second épicentre de l'épidémie globale. Plus surprenant encore, ses élites politiques s'étaient trouvées particulièrement frappées, avec pas moins de 10 % des membres du parlement iranien infectés, et au moins une dizaine de dirigeants et hommes politiques morts de la maladie, dont certains étaient particulièrement âgés. De fait, les activistes néo-conservateurs sur Twitter se mirent à noter avec joie que leurs ennemis honnis d'Iran tombaient désormais comme des mouches.
Examinons les implications de ces faits. La seule élite politique au monde à avoir eu à subir des pertes aussi importantes est celle de l'Iran, et cela s'est produit à un stade très précoce, avant que des flambées épidémiques se soient produites où que ce soit dans le monde en dehors de Chine. Ainsi, on voit les États-Unis assassiner le 2 janvier un haut dirigeant militaire iranien, puis à peine quelques semaines plus tard, de vastes portions de l'élite dirigeante iranienne infectées par un nouveau virus mystérieux et mortel, en tuant un grand nombre. Y a-t-il une personne dotée d'un esprit rationnel qui puisse considérer cette séquence comme une pure coïncidence ?

La guerre biologique constitue un sujet très technique, et il est fort peu probable de voir ceux qui en détiennent l'expertise faire état naïvement de leurs activités de recherches classifiées dans les pages de nos grands journaux, et ce encore moins depuis que le professeur Lieber a été emmené en prison, fers aux poignets. Je n'y connais personnellement strictement rien. Mais à la mi-mars, je suis tombé sur des commentaires extrêmement longs et détaillés au sujet de l'épidémie de coronavirus, postés sur un petit site internet par un individu auto-désigné sous le pseudo "OldMicrobiologist", affirmant être un vétéran à la retraite de la bio-défense des États-Unis. Le style et les détails des éléments qu'il a postés m'ont frappé par leur crédibilité, et après quelques recherches, j'ai conclu qu'il était très probable que l'expérience qu'il revendiquait fût bien réelle. Je me suis arrangé pour republier ses commentaires sous la forme d'un article de 3400 mots, qui a bientôt attiré un lectorat important, et 80 000 mots de commentaires supplémentaires.


Bien que l'auteur soulignât l'absence de preuves formelles, il affirmait que son expérience l'amenait à fortement soupçonner que l'épidémie de coronavirus fût bien une attaque de guerre biologique lancée par les États-Unis contre la Chine, sans doute menée par des agents entrés dans le pays sous couverture des Jeux Militaires organisés à Wuhan à la fin octobre, suivant le type d'opération de sabotage que nos agences de renseignements avaient déjà mené en d'autres lieux. Un point important sur lequel il insistait était qu'un haut taux de mortalité était souvent contre-productif pour une arme biologique, car invalider ou hospitaliser de grands nombres de personnes peut imposer des coûts économiques nettement plus élevés à un pays qu'un agent provoquant le même nombre de décès. Selon ses dires, "une maladie fortement contagieuse et peu létale est parfaite pour provoquer la ruine d'une économie," ce qui suggère que les caractéristiques apparentes du coronavirus étaient proches d'être optimales à cet égard. Les lecteurs intéressés peuvent se pencher sur son analyse et évaluer par eux-mêmes sa crédibilité et ses capacités à persuader...



L'un des aspects intriguant de la situation est que presque dès le départ, des rapports de cette étrange nouvelle épidémie en Chine ont frayé leur chemin dans les médias internationaux, qu'une vaste campagne orchestrée avait été lancée sur de nombreux sites web et plateformes de médias sociaux pour identifier la cause comme arme biochimique chinoise, libérée imprudemment dans son propre pays. Dans le même temps, l'hypothèse nettement plus plausible selon laquelle la Chine était la victime, et non l'instigatrice, ne recevait quasiment aucun soutien où que ce soit, et ne se mit à prendre forme qu'après que j'ai peu à peu localisé et republié les éléments pertinents, souvent tirés d'obscurs coins de l'Internet, et souvent postés par des anonymes. Il semblait donc que la seule partie à mener une guerre de l'information active était hostile à la Chine. L'épidémie et le lancement quasiment simultané d'une campagne de propagande aussi massive ne prouve pas nécessairement l'occurrence d'une attaque biologique, mais je pense que la séquence tend à soutenir cette théorie.

Au début du mois de mars, j'étais de plus en plus convaincu d'avoir compris ce qui s'était produit. Après tout, la Chine et l'Iran étaient les deux pays au monde les plus ciblés par l'hostilité des États-Unis, et il s'agissait des deux pays frappés en premier par le mystérieux virus du COVID, une coïncidence extrêmement étrange, que l'on considère le scénario d'un virus naturel ou celui d'une fuite accidentelle hors d'un laboratoire.
Mais l'accusation que j'examinais était colossale, voulant qu'une attaque de guerre biologique funeste, lancée par des éléments de notre propre gouvernement, ait pu provoquer un désastreux retour de flamme, avec pour conséquence des centaines de milliers d'Étasuniens malades ou morts. Aussi, bien que tous ces éléments circonstanciels m'apparussent comme très convaincants, je n'estimai toujours pas disposer de preuves suffisantes pour produire une publication.

Mais la situation a changé début avril, lorsque l'échec désastreux de nos propres autorités de santé publique à contrôler l'épidémie en éclosion a débouché sur une suite de fuites furieuses de la part de nos services de renseignements. J'ai rapidement compris les implications explosives de ces révélations, qui semblent par ailleurs être restées sous le radar de l'attention de quiconque.

CiterMais au vu des conséquences terribles de l'évidente inaction de notre propre gouvernement, des éléments de nos agences de renseignements ont tâché de démontrer qu'ils n'étaient pas responsables de ce déclenchement. En début du mois, un récit produit par ABC News a cité quatre sources gouvernementales séparées révélant que dès la fin du mois de novembre, une unité de renseignement spécialement dédiée à la santé au sein de notre Defense Intelligence Agency avait produit un rapport prévenant qu'une épidémie incontrôlable se produisait dans la région chinoise de Wuhan, et avait largement distribué ce document au gratin de notre gouvernement, avertissant qu'il fallait mener des actions pour protéger les soldats étasuniens stationnés en Asie. Après que la nouvelle s'est éventée, un dirigeant du Pentagone a officiellement réfuté l'existence de ce rapport du mois de novembre, et divers autres dirigeants de haut niveau du gouvernement et des services de renseignement ont refusé de commenter le sujet. Mais quelques jours plus tard, la télévision israélienne a fait mention du fait que les services de renseignements étasuniens avaient au mois de novembre bel et bien partagé ce rapport au sujet de l'épidémie de Wuhan avec ses alliés de l'OTAN et avec Israël, ce qui semblait confirmer de manière indépendante la totale véracité du récit originellement produit par ABC News et ses plusieurs sources au sein du gouvernement.

 
Il apparaît donc que des éléments de la Defense Intelligence Agency étaient au courant de l'épidémie de virus mortel à Wuhan plus d'un mois avant que les dirigeants chinois s'en rendissent compte eux-mêmes. À moins que nos agences de renseignements aient réussi une percée en matière de technologies de précognition, je pense que cela n'a pu se produire que pour la même raison qui veut que les pyromanes soient les premiers informés des incendies à venir.

Disposant de cet élément final et décisif, j'ai alors publié un long article.


Accusations de guerre biologique lancées par l'Iran et la Russie

Mon analyse controversée a provoqué immédiatement un énorme intérêt, générant sans doute davantage de visites que tout autre article que j'ai pu écrire durant des années. Mais dans les journées qui ont suivi, notre site internet s'est fait bannir de Facebook et toutes nos pages ont été retirées de Google, et ces coups portés par les deux gardiens de l'Internet ont gravement gêné la distribution de nos informations. Durant presque six ans, nous avions publié des contenus ultra-controversés sur toute une gamme de sujets extrêmement sensibles, et jamais rencontré le moindre problème, mais ma discussion soigneusement étayée au sujet des origines du COVID a provoqué une réaction brutale. Limiter la distribution d'informations importantes peut gravement nuire à un débat public informé.

De nombreux observateurs sont tombés d'accord avec moi quant à la nature extrêmement suspecte de l'épidémie très précoce subie par l'Iran, et au sein d'un long article paru en 2021, j'ai discuté de ces éléments en faisant état de détails nettement plus importants, ainsi que de découvertes surprenantes que je venais de faire :

CiterL'épidémie initiale en Iran a étrangement été centrée sur la ville sainte de Qom, siège du pouvoir religieux et de l'élite politique du pays, plutôt que dans la ville de Téhéran, qui est nettement plus peuplée. Que le COVID apparût à Wuhan de manière naturelle, ou qu'il y fût libéré en raison d'un accident de laboratoire, la ville de Wuhan est distante de quelque 5500 kilomètres de Qom, si bien que cette dernière ne semble guère l'emplacement probable pour une éclosion majeure du virus juste après la première.

Au mois de mars, d'autres foyers épidémiques majeurs avaient été signalés en Italie du Nord, puis rapidement en Espagne, mais les circonstances étaient tout à fait différentes. Selon Wikipedia, quelque 300 000 Chinois vivent et travaillent dans cette région d'Italie, et quelque 150 000 Chinois résident en Espagne, et nombre de ces personnes étaient certainement revenues de leur voyage annuel pour le Nouvel An du calendrier lunaire de leur pays d'origine, apportant potentiellement le virus avec elles. En contraste, la population chinoise présente en Iran figure parmi les plus réduites au monde, dénombrée entre 5000 et 9000 personnes, et elle se trouve concentrée de manière écrasante à Téhéran plutôt qu'à Qom.


La Chine entretient des liens de commerce et d'affaires très étendus dans le monde entier, avec peut-être un million de Chinois qui résident en Afrique, et plusieurs millions d'immigrés chinois aux États-Unis et au Canada, dont nombre conservent des liens personnels étroits avec leur pays d'origine. Aussi, si un conseil d'experts internationaux en épidémiologie devaient examiner l'hypothèse d'une nouvelle épidémie à Wuhan, en Chine, et devaient prédire la ville suivante au sein de laquelle la maladie allait se propager, je soupçonne que la ville de Qom, en Iran, aurait été proche du bas de la liste. Mais après l'assassinat début janvier du général Qasem Soleimini et les frappes de représailles iraniennes contre nos bases situées dans le Moyen-Orient, un conseil de stratèges militaires aurait certainement classé les dirigeants iraniens en haut de liste des cibles des États-Unis.



Les États-Unis maintiennent depuis longtemps, en collaboration avec leur proche allié israélien, un réseau performant d'agents et d'opérateurs en Iran, qui ont réussi à mener plusieurs opérations de sabotages majeures et des assassinats de haut niveau. En comparaison avec des attaques aussi difficiles menées contre des cibles très surveillées, épandre sans se faire remarquer un virus invisible et intraçable, mais hautement contagieux dans quelque rassemblement des élites politiques du pays aurait constitué une opération très simple, surtout du fait que les résultats de l'opération ne seraient apparus que des semaines après, au fur et à mesure que les victimes tomberaient malades et que la maladie commencerait à se répandre.



Les éléments circonstanciels suggérant que les États-Unis (ou leur partenaire israélien) aient déployé le COVID contre la classe dirigeante iranienne à Qom apparaissaient tellement forts que j'ai trouvé troublant que les Iraniens eux-mêmes ne soient pas parvenus aux mêmes conclusions et n'aient pas dénoncé publiquement ce qui s'était produit. Ils pouvaient ne disposer d'aucune preuve formelle mais une telle attaque biologique aurait constitué une violation sans précédent des conventions internationales, et sans doute des allégations aussi plausibles auraient-elles été mentionnées dans les gros titres des journaux du monde entier, et soulevé une sympathie considérable de même échelle. Mais il y a quelques mois, j'ai eu la grande surprise de découvrir que les Iraniens avaient précisément dénoncé ces agissements.


Au mois de février 2021, un groupe de recherche sur les médias sociaux affilié à l'Atlantic Council, appartenant à l'establishment, a publié un gros rapport comptant 17000 mots et 54 pages, documentant et dénonçant la vaste gamme de "théories du complot" sans substance, ou supposément fausses, au sujet de l'épidémie de COVID, et consacré plusieurs pages à la présentation de ce qui était considéré comme des "mensonges" iraniens, mais que j'ai aperçues sous un jour entièrement différent. Début mars 2020, le général iranien en charge de la supervision de la défense biologique du pays avaient déjà commencé à suggérer que le COVID était une attaque biologique menée par l'Occident contre son pays et contre la Chine, et quelques jours plus tard, l'agence FARS, organe de presse iranien semi-officiel, avait cité le haut commandant du corps militaire des Gardiens de la Révolution qui avait déclaré :




CiterAujourd'hui, le pays est engagé dans une bataille biologique. Nous allons l'emporter dans la lutte contre ce virus, qui pourrait être le produit d'une [attaque] biologique lancée par les États-Unis, qui s'est d'abord répandue en Chine, puis dans le reste du monde... Les États-Unis devraient savoir que s'ils ont agi ainsi, le virus va leur revenir en pleine tête.
 

Peu de temps après, Ali Khamenei, dirigeant suprême iranien, a adopté la même posture publique, cependant que Mahmoud Ahmadinejad, l'ancien président populiste, se faisait beaucoup remarquer sur Twitter durant plusieurs mois, dirigeant même ses accusations formelles contre Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU. Un seul de ses nombreux Tweets a provoqué des milliers de Retweets et de pouces en l'air.




CiterIl apparaît clairement au monde que le coronavirus muté a été produit dans un laboratoire, fabriqué par l'entrepôt de guerre biologique appartenant aux puissances mondiales, et qu'il constitue une menace contre l'humanité plus destructrice que les autres armes qui ciblent l'humanité. @antonioguterres

La radio et la télévision iraniennes, ainsi que les services de presse internationaux du pays, ont répété ces récits, étayés politiquement par des interviews d'un ancien premier ministre malaisien. Mais la domination des États-Unis sur les médias mondiaux de langue anglaise a garanti que cette controverse internationale majeure ne soit jamais parvenue à mon attention à l'époque.

Le blocus médiatique empêchant les accusations iraniennes de parvenir au monde anglophone [et francophone, NdT...] a été d'autant plus facilité par le contrôle des États-Unis sur l'infrastructure de base de l'Internet. Un mois auparavant, la chaîne Youtube iranienne PressTV pour la Grande-Bretagne s'était fait bannir, faisant suite au bannissement de sa chaîne mondiale. Plus récemment, le gouvernement étasunien a décidé, action sans précédent, de saisir le nom de domaine Internet de PressTV, éliminant complètement tout accès à ce site Internet.

Wikipedia également est sous contrôle hostile, si bien qu'il ne faut guère se surprendre que cette source omniprésente d'informations mondiales suggère de manière très improbable que le retour au pays d'un seul homme d'affaires iranien depuis la Chine ait pu provoquer l'épidémie de Qom.

En 2022, le lieutenant général Igor Kirillov, dirigeant les forces russes de défense en matière de Radiations, de Chimie et de Biologie a tenu une réunion publique au cours de laquelle il a suggéré que le gouvernement étasunien s'était rendu responsable de l'épidémie mondiale de COVID. Quelques jours après, Twitter a suspendu le compte officiel du ministère russe, pour avoir distribué cette information.

Bien que j'estime que les éléments par moi apportés dans mon article originel du mois d'avril 2020 étaient très convaincants, au fur et à mesure, je voyais des faits additionnels renforcer mes conclusions.

Par exemple, j'avais noté dans ce même long article de 2021 qu'en 2017 Trump avait embarqué dans son équipe Robert Kadlec, qui depuis les années 1990 avait été l'un des principaux avocats de la guerre biologique aux États-Unis. L'année suivante, une mystérieuse épidémie virale frappait l'industrie volaillère chinoise, suivie l'année d'après encore par une autre épidémie virale mystérieuse frappant l'industrie porcine chinoise. Qui plus est :

CiterDès les premiers jours de l'entrée en exercice de l'administration, des hauts dirigeants nommés par Trump avaient considéré la Chine comme adversaire géopolitique le plus formidable des États-Unis, et orchestré une politique de confrontation. Puis, entre janvier et août 2019, le département de Kadlec avait déroulé l'exercice "Crimson Contagion", mettant en jeu une épidémie hypothétique provoquée par un maladie virale respiratoire dangereuse sur le sol chinois, qui finissait par se propager jusqu'aux États-Unis, et les participants devaient se concentrer sur les mesures nécessaires afin de la contrôler dans ce pays. En tant qu'expert figurant parmi les plus éminents des États-Unis en matière de guerre biologique, Kadlec avait souligné l'efficacité unique des armes biologiques aussi loin qu'à la fin des années 1990, et nous devons le féliciter pour la prescience incroyable dont il a fait preuve en organisant un exercice épidémique viral majeur en 2019, aussi semblable que cela qui s'est produit dans le monde réel à peine quelques mois plus tard.
Avec des dirigeants nommés par Trump aussi épris de la guerre biologique, fortement hostiles à la Chine, et menant en 2019 des simulations à grande échelle des conséquences d'une épidémie virale mystérieuse dans ce même pays, il semble absolument déraisonnable d'écarter totalement la possibilité que des projets aussi extrêmement téméraires ait pu être discutés en privé, et finalement mis en œuvre, sans doute sans autorisation préalable de la part du président.
 

L'histoire dissimulée de la guerre biologique étasunienne

Peu de temps après la publication de cet article de mise à jour de mon analyse du COVID de 2020, je me suis mis à explorer l'histoire plus large des capacités de guerre biologique des États-Unis, et j'ai découvert plusieurs faits surprenants que je ne connaissais pas jusqu'alors.

Notre infrastructure de guerre biologique avait au départ été établie durant la seconde guerre mondiale, puis avait intégré les systèmes avancés développés par nos adversaires japonais vaincus, et s'étaient vu accorder des ressources gouvernementales très comparables à celles allouées à notre programme d'armement nucléaire, nettement mieux connu. Presque quatre-vingts années plus tard, ce système massif de guerre biologique/de bio-défense a absorbé un financement total d'environ 100 milliards de dollars, et a sans aucun doute constitué le programme de ce type le plus vaste et le plus ancien au monde.

Qui plus est, contrairement à tout ce que j'ai toujours été porté à croire, des éléments écrasants apparaisaient, établissant que les États-Unis avaient illégalement déployé nos armes biologiques durant la guerre de Corée, aussi bien contre l'armée chinoise que nord-coréenne, conformément aux accusations émises par ces deux pays contre les États-Unis à l'époque. D'autres armes biologiques visant à gâter les ressources alimentaires avaient été utilisées contre l'Allemagne de l'Est, Cuba, et possiblement d'autres pays durant la longue ère de la Guerre Froide, au cours de laquelle nous avons également développé des armes similaires ciblant l'Union soviétique. Notre propre pays semble apparemment avoir subi des retours d'expérience dévastateurs à partir du moment où nous avons développé ces armes biologiques, et ces incidents ont été dissimulés par notre gouvernement et ses médias serviles. Au vu de ces révélations, le déploiement du virus du COVID contre la Chine et l'Iran aura constitué une action pas aussi nouvelle ou extraordinaire que ce que j'avais supposé au départ.


Bien que des experts réputés les aient solidement établis, ces faits importants concernant l'histoire des programmes de guerre biologique étasuniens n'étaient que peu connus en dehors de cercles restreints. J'ai bientôt découvert ces domaines relativement inexplorés en lisant et analysant divers livres qui avaient récemment été publiés au sujet des origines disputées du virus du COVID.

CiterBien qu'ils aient adopté une variété d'approches différentes, les trois ont soutenu ladite "hypothèse de la fuite de laboratoire", l'alternative perçue à la théorie du virus naturel. Selon cette reconstruction, on estime que le COVID aurait été accidentellement délivré par l'Institut de Virologie de Wuhan, en Chine...

L'un des livres discutés a été écrit par Jasper Becker, un journaliste britannique qui aura passé 18 ans comme correspondant à Pékin, et le paragraphe de fin de l'analyse le cite, suggérant qu'une reconnaissance par la Chine de sa responsabilité pourrait aller jusqu'à la chute du régime en place :


CiterLa honte nationale pourrait signifier la fin du pouvoir pour le parti communiste chinois après soixante-dix années. Elle lancerait un séisme politique qui pourrait commencer en Chine mais s'étendrait dans le monde entier.
 

Le relecteur indique que Becker puise dans l'histoire pour suggérer que les réfutations actuelles de la Chine ne sont pas dignes de confiance, soulignant que durant la guerre de Corée, les Communistes chinois avaient lancé une offensive de propagande majeure, affirmant de manière mensongère que l'armée étasunienne avait fait usage d'une "guerre des germes" interdite pour attaquer l'armée chinoise :



CiterC'est l'une des raisons pour lesquelles les agences de renseignements occidentales sont peu amènes à douter ou à remettre en cause les récits officiels au sujet des origines du virus et du rôle de l'institut de virologie de Wuhan... Les gouvernements chinois et soviétique, tout en poussant un récit totalement faux au sujet de leurs ennemis lançant une guerre biologique contre des civils, ont activement fait avancer leurs propres programmes de guerre des germes dans le plus grand secret.
 
Becker, ainsi que son relecteur, affirment tous deux à raison que si un gouvernement s'est fait prendre à mentir par le passé au sujet des armes biologiques, ce qu'il affirme par la suite au sujet de l'épidémie de COVID ne peut pas être pris au sérieux.


Je suis certain que l'écrasante majorité des lecteurs ont simplement hoché la tête à la lecture de ces affirmations, et j'en aurais moi-même fait autant il y a peu de temps. Mais j'ai découvert il y a quelques mois, en enquêtant sur l'histoire de la guerre biologique étasunienne, que le récit que j'avais tranquillement accepté de la part de nos médias était en fait totalement opposé à la vérité historique. Sur la base de documents gouvernementaux déclassifiés et d'autres sources médiatiques de premier ordre, on trouve en réalité des preuves écrasantes que les Chinois avaient dit la vérité durant la guerre de Corée, cependant que nos propres réfutations étaient des mensonges. Les États-Unis avaient bel et bien fait usage de guerre biologique durant ce conflit...



Je n'ai aucun doute sur le fait que Becker était totalement sincère, et sur l'idée que ses affirmations sur cette question historique spécialisée ne relevaient que de son acceptation du narratif conventionnel des médias, et non pas d'une volonté de tromperie délibérée. Mais supposons que nous souscrivions désormais au standard qu'il a lui-même énoncé. Une fois reconnu le fait que la Chine a dit la vérité par le passé, cependant que les États-Unis avaient aussi bien fait usage d'armes biologiques proscrites que menti au sujet de leur usage, ces faits dérangeants doivent pour le moins éclairer notre propre analyse sur l'épidémie de COVID.



Peut-être bien que le COVID a été un virus naturel, et peut-être bien qu'il est sorti par accident d'un laboratoire établi à Wuhan. Mais il existe également une troisième possibilité logique, à savoir qu'il a pu être délibérément libéré dans l'une des villes les plus peuplées de Chine dans le cadre d'une attaque biologique préparée. L'épidémie de COVID s'est produite au plus haut d'un conflit international entre la Chine et les États-Unis, si bien que des éléments de notre propre gouvernement hostile en constituent les suspects les plus évidents. Aucun des trois livres n'a semblé reconnaître l'existence de cette possibilité hypothétique, ne serait-ce que pour la réfuter, un point noir énorme qui résulte peut-être des contraintes qui s'appliquent à l'industrie de la publication étasunienne.

Aucun de ces auteurs ne semblait prêt à ne serait-ce qu'envisager la possibilité que le COVID puisse avoir été un virus étasunien, et ils sont loin d'être les seuls dans ce cas. Depuis le début de l'épidémie, j'ai été surpris par la réticence de presque tous les autres auteurs et de toutes les autres publications, qu'elles relevassent du courant dominant ou alternatif, à examiner ou discuter une telle possibilité, sans jamais mentionner les faits très évocateurs que j'ai accumulés en soutien de mon hypothèse controversée. Cela évoque ce que George Orwell appelait "Crime de pensée" dans son roman dystopique classique 1984, et j'ai fait usage de ce terme dans le titre de mon article.


Fuite de laboratoire ou attaque biologique, et un scénario possible

L'ouvrage écrit par Nicholson Baker, au sujet de ses tentatives partiellement fructueuses d'enquêter sur l'histoire des programmes étasuniens de guerre biologique, avait été l'un des principaux textes sur lesquels je m'étais appuyé dans mon article à ce sujet. Dans un article publié plus tôt la même année, j'avais noté que lui et d'autres auteurs débattant des origines possibles du COVID semblaient limiter leur examen à deux théories seulement, ignorant systématiquement ce que j'appelais "la troisième possibilité exclue" :

CiterCes auteurs semblent tous deux supposer qu'il n'existe que deux scénarios possibles : un virus naturel subitement apparu à Wuhan à la fin 2019, ou une fuite accidentelle d'un agent infectieux amélioré dans la même ville. Mais une troisième possibilité existe évidemment, clairement suggérée par le centrage de Baker sur le programme de guerre biologique très actif entretenu par les États-Unis, qu'il a discuté en détail aussi bien dans son long article que dans son livre très apprécié. Nous devons absolument considérer la possibilité que l'épidémie de COVID-19 n'a pas du tout été accidentelle, mais a plutôt constitué une attaque délibérée contre la Chine, menée au moment où les tensions internationales avec les États-Unis étaient au plus haut, et suggérant donc que des éléments de notre propre appareil de sécurité en fussent les principaux suspects. Au vu des réalités de l'industrie de la publication, toute exploration sérieuse d'un tel scénario aurait sans doute empêché l'apparition des articles importants de Baker ou de Lemoine dans toute publication respectable, ce qui contribue peut-être à expliquer ce silence. Mais comme je l'ai montré dans ma longue suite d'articles de la Pravda Américaine, de nombreux récits historiques bloqués pour des raisons de ce type se sont juste avérés justes.


On trouve exactement la même omission criante dans l'article de 11 000 mots produit par Wade. Pris ensemble, Lemoine, Baker et Wade ont produit une vaste collection d'articles de haute qualité sur les origines de l'épidémie mondiale de COVID-19, mais on ne trouve à aucun endroit dans les 54 000 mots qu'ils ont totalisé la moindre mention de l'idée que le virus aurait potentiellement pu trouver ses origines dans le programme étasunien de guerre biologique bien documenté et abondamment financé. Durant plusieurs années, nos journaux ont proclamé que nous sommes désormais pris dans une nouvelle Guerre Froide contre la Chine, avec des risques que celle-ci puisse se réchauffer. Mais les possibles implications évidentes de l'éclatement subi et potentiellement dévastateur d'une dangereuse épidémie virale chez notre principal adversaire international reste une chose que l'on ne peut pas mentionner, trop explosive pour être même réfutée ou tournée en ridicule, sans parler de l'examiner sérieusement.

J'ai terminé cet article en résumant les pièces clés établissant ma conviction en faveur de l'hypothèse de la guerre biologique plutôt que le scénario de la fuite accidentelle hors d'un laboratoire, en revenant sur la reconstruction que j'ai pu produire sur la séquence des événements :

Citer
  • Durant trois années, la Chine avait été prise dans un conflit de plus en plus marqué contre les États-Unis sur les sujets de commerce et de géopolitique, et durant trois années de suite, la Chine avait été frappée très durement par de mystérieux virus. En 2018, un virus de grippe aviaire avait abîmé son industrie volaillère, puis en 2019 un virus de grippe porcine avait détruit 40 % des cheptels de porcs, la première source de viande de la Chine. La troisième année, le COVID-19 apparut. Sans doute un schéma suspect si le dernier événement constituait un simple accident de laboratoire survenu par hasard.
  • L'épidémie de COVID-19 est apparue au moment le pire et à l'endroit le pire pour la Chine, sur le nœud de transports que constitue la ville de Wuhan, et l'agenda de l'apparition l'a fait apparaître au moment le plus propice à de hauts niveaux d'infection, des voyageurs transitant en masse à l'occasion des vacances du Nouvel An Lunaire vers toutes les régions du pays ; de quoi produire une épidémie impossible à enrayer. L'agenda d'une fuite accidentelle hors d'un laboratoire aurait évidemment produit une date aléatoire.
  • 300 soldats étasuniens venaient de séjourner à Wuhan dans le cadre des Jeux Militaires mondiaux, apportant une opportunité parfaite pour libérer une arme biologique virale. Imaginez ce que penseraient les Étasuniens si 300 soldats chinois venaient séjourner à Chicago, et qu'immédiatement après un virus mystérieux et mortel faisait subitement éclosion dans la même ville. Que la visite des militaires étasuniens et la fuite accidentelle hors d'un laboratoire se produisissent exactement en même temps aurait constitué une coïncidence étrange.
  • Les caractéristiques du COVID-19, parmi lesquelles sa haute contagiosité et la faible mortalité qu'il induit, sont absolument idéales pour une arme biologique s'en prenant à l'économie. Il semble étrange qu'une fuite accidentelle hors d'un laboratoire puisse libérer un virus aussi parfaitement conçu pour endommager gravement l'économie de la Chine.
  • À partir du moment même où l'épidémie s'est déclarée, des blogueurs anti-chinois aux États-Unis, ainsi que la radio Free Asia, financée par les États-Unis, ont lancé une puissante offensive de propagande internationale contre la Chine, affirmant que l'épidémie à Wuhan résultait de la fuite d'une arme biologique proscrite hors du laboratoire de Wuhan. Il se peut que cela n'ai constitué qu'une réaction exceptionnellement rapide et opportuniste de la part de nos organes de propagande, mais ceux-ci semblent s'être vraiment montré très réactifs pour tirer pleinement parti d'un développement totalement inattendu et mystérieux, immédiatement identifiés par eux comme une fuite hors d'un laboratoire.
  • Au moment de "la deuxième semaine du mois de novembre", la Defense Intelligence Agency étasunienne avait déjà commencé à préparer un rapport secret avertissant d'une épidémie de maladie "cataclysmique" à Wuhan, alors que selon les éléments temporels que l'on connaît, sans doute pas plus d'une vingtaine de personnes avaient commencé à présenter des symptômes d'une maladie au sein d'une ville de 11 millions d'habitants. Comment cette agence a-t-elle découvert ce qui se produisait à Wuhan aussi rapidement, plus vite que les autorités chinoises ou que quiconque ?
  • Presque aussitôt après, les élites politiques au pouvoir en Iran se sont fait fortement infecter, provoquant de nombreux décès. Pourquoi la fuite accidentelle hors du laboratoire de Wuhan a-t-elle fait un saut aussi rapide à destination des élites politiques iraniennes, avant d'avoir atteint tout autre point du globe ?
Au vu des conclusions suggérées ci-dessus, je pense également qu'il est pertinent que je produise le résumé que j'ai établi d'un scénario plausible pour l'éclatement de l'épidémie de COVID-19. J'avais déjà présenté ce schéma dans un article du mois de septembre 2020, et je ne vois pas de raison de le modifier. De toute évidence, cette reconstruction est purement hypothétique, mais je pense que c'est celle qui correspond le mieux aux éléments que l'on connaît ; au demeurant, tel ou tel élément pourrait être modifié, retiré, ou remplacé sans remettre forcément en question l'ensemble de l'hypothèse.

  • Des éléments incontrôlés de notre vaste appareil de sécurité nationale, sans doute affiliés aux néo-conservateurs de l'État profond, ont décidé d'infliger de graves dégâts à l'énorme économie chinoise en usant de moyens de guerre biologique. Le projet était d'infecter le nœud central de transports de la ville de Wuhan avec le COVID-19, afin que la maladie se propage de manière invisible dans tout le pays au travers des déplacements occasionnés par les vacances du Nouvel An Lunaire ; ils ont tiré parti des Jeux Militaires internationaux pour introduire quelques agents dans la ville et y libérer le virus. Il me semble probable que seuls quelques individus ont été impliqués dans ce complot.
  • L'agent biologique qu'ils ont libéré était principalement conçu comme arme contre l'économie, plutôt que comme arme anti-personnelle. Si le COVID-19 présente un taux de mortalité relativement faible, il dispose d'une contagiosité extrêmement forte, une longue période d'infection pré-symptomatique, et il peut même se propager au travers de porteurs asymptomatiques, ce qui le positionne comme candidat idéal pour servir ce dessein. Aussi, une fois répandu sur la quasi totalité du territoire chinois, il devait devenir extrêmement difficile de l'éradiquer, et les tentatives menées ensuite pour le contrôler allaient provoquer des dégâts colossaux sur l'économie et la société chinoises.
  • Ils ont décidé, comme opération secondaire, de cibler également les élites politiques iraniennes, en déployant peut-être un variant plus mortel du virus. Comme les élites politiques tendent en général à être âgées, elles étaient de toutes façons vouées à subir un taux de décès plus élevé.
  • Les épidémies mortelles de SARS et de MERS en Asie orientale et dans le Proche-Orient ne s'étaient jamais répandues jusqu'aux États-Unis (ni en Europe), si bien que les comploteurs ont supposé, à tort, qu'il en serait de même pour le COVID-19. De toutes façons, comme les organisations internationales classaient toujours les systèmes de santé étasunien et européen comme parmi les meilleurs en matière de lutte contre les épidémies, ils ont pensé qu'un éventuel retour de flamme ne présenterait que des conséquences minimes.
  • Seules quelques personnes ont été directement impliquées dans ce complot, et dès que la maladie fut libérée à Wuhan, ils ont décidé de protéger encore davantage les intérêts étasuniens en alertant les unités appropriées en passant par la Defense Intelligence Agency, sans doute en fabricant une sorte de "fuite de renseignement" supposée. Ils se sont simplement arrangés pour que la DIA entende dire que Wuhan subissait apparemment une épidémie "cataclysmique", ce qui a amené cette agence à préparer et à distribuer un rapport secret avertissant nos armées et nos alliés et les invitant à prendre les précautions appropriées.
  • Malheureusement pour ce plan, le gouvernement chinois a réagi avec une détermination et une efficacité surprenantes, et a rapidement jugulé la maladie. Dans le même temps, le gouvernement étasunien, apathique et incompétent, a largement ignoré le problème, et n'a réagi qu'après la flambée épidémique massive qui a frappé l'Italie du Nord et a retenu l'attention des médias. Comme le CDC avait bâclé la production d'un kit de test, nous ne disposions d'aucun moyen de mesurer le fait que la maladie était déjà en train de se propager aux États-Unis, et le résultat en a été des dégâts colossaux dans l'économie et la société étasuniennes. Au final, les États-Unis ont subi le sort exact qu'ils voulaient infliger à leur rival chinois.

Le rôle possible de l'"infiltration cognitive"

Selon mon scénario, le retour de flamme d'une attaque biologique bâclée contre la Chine (et l'Iran) a été responsable de l'épidémie mondiale de COVID, tuant plus d'un million d'Étasuniens et des dizaines de millions de personnes dans le monde entier, tout en perturbant gravement la vie de milliards de personnes. Si cela est avéré, il s'agit d'une histoire digne de figurer parmi les plus remarquables de l'histoire humaine, la seconde guerre mondiale étant sans doute seule en mesure de rivaliser par son ampleur.

Pourtant, hormis quelques exceptions notables, presque personne au monde n'aura au cours des quatre années passées discuté de cette possibilité ou de l'ensemble d'éléments factuels qui en soutiennent la plausibilité. Et, pour autant que je puisse en juger, ce silence s'est depuis lors étendu jusque sur l'ensemble de la frange conspirationniste de l'Internet, bien que ce secteur soit empli de personnalités normalement très enclines à sauter sur toute théorie controversée ou "exaltante" ne présentant même qu'un lambeau d'élément pour l'étayer.

L'étrangeté de cette situation me pose question, mais mon long article de 2021 suggérait que cela pourrait pour partie s'expliquer par une tentative réussie de la part d'agents du gouvernement de détourner des "théoriciens du complot" vers des impasses, exactement comme Cass Sunstein l'avait jadis suggéré :

CiterDe nombreuses personnes, constituant potentiellement une majorité, se montrent très réticentes à adhérer à une théorie qui ne soit pas reconnue par les figures d'autorité qu'elles connaissent, qu'il s'agisse des éditeurs du New York Times ou des experts de FoxNews. Seule une petite minorité de la population est prête à franchir ces limites idéologiques et à risque de se voir affublée de l'étiquette de "théoricien du complot".

Les personnes transgressives qui adhèrent à des croyances hétérodoxes sont en général prêtes à en accepter de nombreuses autres, et se montrent souvent heureuses de le faire, faisant parfois montre d'un manque de pensée logique et de jugement analytique, et cela peut porter ombrage à l'ensemble de la communauté. Ces tendances peuvent les amener à grignoter l'appât empoisonné de théories mensongères mais attirantes, que celles-ci soient promues par des promoteurs pensant bien agir, par des charlatans égoïstes, ou par des agents sous couverture engagés dans des opérations d'"infiltration cognitive". La vaste profusion de théories du COVID peu orthodoxes, lourdement promue par des vidéos, des Tweets et divers sites internet peut dériver de ces trois sources différentes.



On a trouvé des personnes pour affirmer que le COVID n'existait pas, ou qu'il était quasiment inoffensif, à peine plus dangereux que la grippe ordinaire, et selon qui le décompte des morts provoquées par l'épidémie ne serait qu'un produit d'une propagande médiatique mensongère. D'autres ont poussé cette notion encore plus loin, affirmant que les virus en général n'existent pas. Des sentiments de ce type ont malheureusement été fréquemment exprimés sur l'interface de commentaires très peu modérée de notre site internet...


Comme je n'ai guère consacré de temps à ces sujets, je me contenterai d'affirmer qu'une grande partie des commentaires agités à ce sujet apparaissent comme excentriques et peu plausibles. De nombreux activistes semblent adhérer à une conspiration mondiale unifiée impliquant la Chine, les États-Unis, la Russie, Israël, l'Iran, et pratiquement tous les autres pays, œuvrant tous de concert pour faire comme si le COVID était dangereux et que les vaccins contre le COVID ne l'étaient pas, alors que c'est l'exact opposé qui est vrai. Mais l'idée de voir tous ces pays mutuellement hostiles coopérer dans un dessein aussi étrange apparaît comme extrêmement peu probable, et le président russe Vladimir Poutine a récemment illustré ce point important lors de sa longue présentation annuelle face à ses citoyens préoccupés :


CiterJ'ai entendu : qu'il n'y a rien du tout, qu'en réalité il n'y a pas d'épidémie. Lorsque vous leur dites que cela est en train de se produire dans le monde entier, ils répondent : "OK, les dirigeants des pays sont entrés en collusion." Ont-ils la moindre idée de ce qui se produit dans le monde, et des contradictions qui affligent le monde contemporain, où tous les dirigeants seraient supposés se lever pour conspirer tous ensemble ? C'est totalement ridicule.
Ces activistes agités se montrent particulièrement absurdes en désignant une caste de grands méchants, souvent centrée sur Klaus Schwab du Forum Économique Mondial ou Bill Gates, le fondateur de Microsoft, présentés comme les organisateurs diaboliques de cette calamité mondiale, leur complot étant identifié sous le terme de "Grand Reset". Il y a quelques mois, j'ai répondu à certaines de ces affirmations dans l'un de mes commentaires :

CiterJe reconnais que tous les machins sur le Grand Reset/l'Agenda 2021/le Forum économique mondial me sont toujours apparus comme totalement débiles, tellement ridicules que je ne les ai jamais considéré outre mesure au-delà des articles ou discussions sur mon propre site internet. Je considère également tout ce qui relève du "complot diabolique de Bill Gates pour exterminer l'humanité" comme appartenant à la même catégorie.

Je soupçonne fortement que toute cette sorte de "théories du complot" (à mon avis) peu plausibles et ridicules sont sans doute promues pour détourner l'attention des éléments très concrets et très pesants établissant le fait que le COVID-19 a constitué une attaque biologique étasunienne. Après tout, la CIA ou qui vous voulez ne préférerait-elle pas que les activistes agités sur internet passent leur temps à fulminer sur un banquier international de 83 ans répondant au nom de Klaus Schwab, organisant une conférence publique annuelle à Davos, plutôt que centrer leur attention sur tous les éléments de preuve que j'ai accumulés, impliquant l'appareil de sécurité nationale dans l'énorme désastre mondial ?

De fait, est-ce que Cass Sunstein n'a pas affirmé il y a des années que faire usage d'"infiltration cognitive" pour promouvoir des futilités ridicules constituait le meilleur moyen de vaincre les "théoriciens du complot" sur internet ? Cela a remarquablement bien fonctionné pour le 11 septembre, alors pourquoi ne pas l'appliquer également pour le COVID-19 ?
Je serais le premier à reconnaître que divers groupes et personnages tirent tout à fait parti de l'épidémie virale, notablement en amenant la Réserve Fédérale à dépenser des milliers de milliards de dollars pour renflouer leurs affaires et leurs emprunts, et pour doper massivement les cours de leurs actions boursières. Mais après la chute financière de 2008, ils ont utilisé leur pouvoir politique pour piller le Trésor étasunien exactement de la même manière, et ils ont obtenu un colossal sauvetage financier de la part du gouvernement sans avoir eu besoin d'une épidémie pour cela. Je doute donc qu'ils aient créé le COVID-19 pour cela.
Plus récemment, le Dr. Anthony Fauci et notre NIH ont été diabolisés et pris pour cibles, en partie parce qu'il avait déjà été haï par de nombreux activistes pour ses associations avec nos confinements impopulaires et d'autres mesures visant à contrôler l'épidémie.

J'ai également discuté de ces sujets en détail dans un article de 2022 :


Les soupçons croissants de la communauté alternative du COVID

Outre l'anniversaire de mon article originel du mois d'avril 2020, j'ai été également amené à produire la présente revue lorsque j'ai pu voir le sénateur Rand Paul, interviewé la semaine dernière sur la célèbre chaîne Youtube d'Andrew Napolitano.


La première partie de la discussion du sénateur s'est intéressée aux origines du COVID, et exactement comme je l'avais anticipé, il est apparu totalement ignorant des faits centraux que j'ai présentés dans le présent article. Au lieu de cela, il s'est prononcé en faveur du scénario de la fuite accidentelle hors du laboratoire de Wuhan, considérée comme plus probable qu'un virus naturel, sans même considérer la troisième possibilité, nettement plus plausible — mais également nettement plus explosive. En outre, il est apparu comme relativement confus au sujet de certains éléments par lui cités, et n'a pas reconnu l'extrême plausibilité scientifique de certains aspects de sa reconstruction. Je pense donc que lui, ou ses aides, pourraient trouver très intéressants les éléments de ma propre analyse.

De fait, je pense que les éléments accumulés sont tellement écrasants que les personnes intelligentes qui en prennent connaissance en gardant l'esprit ouvert se laisseront probablement convaincre.

Par exemple, le Daily Sceptic est un magazine en ligne britannique orienté vers la science, jouissant d'une bonne réputation, fondé au départ par Toby Young et actuellement publié par le Dr. Will Jones.

Au mois de décembre 2022, Jones entretenait des soupçons sur la manière dont la DIA pouvait avoir été mise au courant de l'épidémie de COVID à Wuhan aussi précocement, et il a publié un article solidement étayé analysant cette étrangeté et suggérant prudemment certaines des mêmes conclusions auxquelles j'étais moi-même parvenu.

J'ai donné à lire cet article à quelques-uns de mes amis, et l'un d'entre eux m'a présenté Young, qui m'a à son tour mis en contact avec Jones. Cela a débouché sur une longue correspondance très fructueuse, durant laquelle je lui ai livré une grande partie des autres éléments et analyses que j'avais accumulés au cours des années ; cela a amené Jones à produire une suite d'excellents articles, dont plusieurs ont dépassé et développé certains des points que je n'avais fait qu'effleurer. Je recommande fortement au lecteur de prendre connaissance de ses travaux, que j'ai discutés en détail dans un article du mois de janvier 2023.


Le présent article est déjà assez long, mais il ne contient qu'une partie des éléments de ma longue suite, et il n'est absolument pas possible d'y faire figurer tous les éléments complexes. Par conséquent, ceux qui s'intéressent au sujet devraient envisager de lire certains de ces articles, qui sont également disponibles sous la forme d'un ebook librement téléchargeable.


Mais pour qui préfère recevoir les mêmes informations sous un format différent, il peut être intéressant de visionner les podcasts de mes interviews dès le début 2022 ; elles sont disponibles sur Youtube ainsi que sur Rumble.

Kevin Barrett, FFWN • February 16, 2022 • 15m • on Rumble


Geopolitics & Empire • February 1, 2022 • 75m • on Rumble


Red Ice TV • February 3, 2022 • 130m • on Rumble



Autres lectures sur le sujet :
American Pravda: Our Coronavirus Catastrophe as Biowarfare Blowback?
American Pravda: Covid Epidemic as Lab-Leak or Biowarfare?
American Pravda: "The Truth" and "The Whole Truth" About the Origins of Covid-19
American Pravda: Waging Biological Warfare
American Pravda: Confronting Covid Crimestop
The Alt-Covid Community Begins Unraveling the Origins of Covid


Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/quatre-annees-et-trente-millions-de-morts-plus-tard
#5
Les Français en petite santé : l'épidémie de coïncidences s'étend



par H16

Manifestement, on n'a pas encore fini de payer la période des confinements, loin s'en faut, et l'hystérie sanitaire qui a pris place en France et dans les pays occidentaux entre 2020 et 2022 continue de présenter sa facture aux populations.

Ici, il ne s'agit pas seulement d'économie : cette facture-là est déjà connue, se traduit en centaines de milliards d'euros et on se doute déjà qu'elle ne sera pas remboursée sans grande douleur via des symphonies de ponctions écrites par les Mozart de la finance.

Ici, on parlera aussi de la facture sanitaire, du bilan de santé des Français : il n'est pas bon du tout.

C'est ainsi qu'on observe, depuis la période des confinements, une hausse marquée des suicides chez les jeunes, ceux qui, normalement, ont la plus forte pulsion de vie, dont le futur, vierge, est encore à écrire et qui ont le plus d'opportunités dans un monde qui n'a jamais été aussi riche.

Il faut dire que la période passée n'a pas vraiment aidé les adolescents et les jeunes adultes d'avoir été enfermés, coupés de vie sociale, d'avoir subi les messages anxiogènes permanents de la part des politiciens, des médias qui les ont répétés servilement voire, pire encore, de leurs propres parents – pas fins à répéter les âneries entendues sur les médias de grand chemin. Et le fait que des messages anxiogènes continuent d'être distribués par les mêmes canaux n'arrange rien.



En fait, tout semble montrer que les mesures gouvernementales prises pour lutter contre la pandémie n'ont pas fonctionné, et que, pire encore, elles ont été largement contre-productives.

Sur le plan économique, l'état général des finances françaises montre que les mois de confinement ont ruiné l'économie française.

Les actuelles fanfaronneries grotesques du Bruneau de Bercy alors que la France peine franchement à décoller (0,2% quelle misère) ne masquent absolument pas le désastre qui se profile et les têtes allongées que font les financiers à Bercy lorsqu'il s'agit de rouler la dette actuelle, devenue colossale sous les bons soins de leur actuel patron et grâce à la direction suicidaire impulsée par Macron.

Sur le plan sanitaire, ces confinements furent un fiasco qui n'ont absolument rien empêché. C'est maintenant acquis et seuls quelques imbéciles ou corrompus peuvent (timidement) encore prétendre le contraire : le «zéro COVID» était une parfaite clownerie qui a été abandonnée même par les (quelques) régimes plus totalitaires que la France.

Sur le plan social, ces confinements se sont logiquement traduits par des cascades de problèmes : explosion des violences intrafamiliales de tous types, dépressions, pertes de repères, décrochage scolaire, ... C'est véritablement une catastrophe à bas bruit que les médias n'évoquent qu'assez peu de peur d'abimer le bilan du gouvernement (pourtant déjà désastreux) sur cette période.

Et tout ceci n'est absolument pas une impression d'échec ou un «sentiment de catastrophe» comme on dit de nos jours. En fait, une étude circonstanciée du CNRS évoque l'ampleur de cet échec et établit même de façon claire que d'autres pays comme le Japon, le Danemark ou Taïwan n'ont absolument pas suivi les choix drastiques du Président et de sa clique pour verrouiller le pays sans pour autant sombrer dans l'hécatombe, au contraire.



Mieux encore, cette étude démontre la véritable frénésie d'interdictions idiotes qui s'est emparée de la France bureaucratique à ce moment-là, montrant en filigrane l'état réel de la société française et la relation véritablement toxique qu'entretiennent les administrations et les institutions de pouvoir vis-à-vis des Français.

À ces constats d'une augmentation générale du mal-être chez les jeunes et dans une bonne partie de la société française – constats déjà amplement douloureux en eux-mêmes – s'ajoutent d'autres observations plus dramatiques, purement sanitaires celles-ci.

Il apparaît ainsi que les cancers pleuvent dru actuellement, même si c'est présenté comme un phénomène certes nouveau mais aussi progressif que prévisible, dans les tendances de la décennies, sans lien avec ce qui s'est passé les trois dernières années spécifiquement.

De la même façon, l'accroissement violent des problèmes cardiaques, et notamment chez les jeunes, ne peut être qu'un phénomène global lié au réchauffement climatique, au jardinage extrême, à une alimentation déséquilibrée, à la sédentarité, à Poutine, à l'extrême-droite ou à de furieuses coïncidences.



Du reste, si un lien semblait clairement établi, en 2021, entre vaccins expérimentaux et effets indésirables sévères, les observations sont depuis devenues si alarmantes qu'il a bientôt été absolument nécessaire ou bien de ne plus en parler autant que possible, ou, plus prosaïquement, de mettre les effets observés sur le compte d'absolument tout, y compris d'un virus qui a tant muté qu'il a pour ainsi dire disparu depuis plus de deux ans, mais surtout pas sur le compte des bricolages génético-chimiques de l'industrie pharmaceutique.

Pour encore beaucoup (surtout s'ils sont directement ou indirectement concernés), il ne peut y avoir aucun lien entre cette subite augmentation de la mortalité (que personne, du reste, ne conteste ni ne commente dans les journaux de grand chemin) et l'intéressante expérience médicale qu'ils ont subie (de gré ou de force) sur les trois dernières années.

Impossible : tout le monde sait que les industries pharmaceutiques sont au-dessus de tout soupçon, ne font jamais de bourdes et que jamais au grand jamais, le gouvernement ne prendrait de tels risques ou ne nous baratinerait ! Quant aux médias, tout le monde sait qu'ils ne mentent jamais et rapportent exclusivement des informations solides, vérifiées et pertinentes. Toujours.

Néanmoins, ceux qui continuent obstinément de compulser les données officielles et d'en tirer des statistiques solides, arrivent systématiquement aux mêmes conclusions : il y a bien eu une augmentation des arrêts cardiaques et des cancers chez les jeunes concomitante aux injections miracles.

Tweet : https://twitter.com/EthicalSkeptic/status/1784636138168201271

En outre, cette vidéo détaillée du Dr Campbell, qui revient sur une étude japonaise (revue par les pairs) précisément sur ce sujet, corrobore les éléments précédemment avancés.

On trouvera toujours un «debunker» ou autre «fact checker» pour hurler, le petit poing fermé, que tout ceci est un complot, une erreur d'interprétation, surtout en France où les chiffres officiels sont soigneusement inaccessibles, mais malheureusement, les statistiques des pays plus ouverts (Japon, Grande-Bretagne par exemple) montrent bien qu'il y a effectivement une augmentation inquiétante des cancers, et oui, le lien avec les vaccins est maintenant établi (et ceux qui couineront «corrélation n'est pas causalité» montreront juste qu'ils n'y comprennent rien).

Tout ça pour un vaccin médiocre, qui n'a jamais interrompu la transmission, et dont l'efficacité s'écroule si vite qu'elle devient négative en quelques mois, i.e. on augmente ses risques d'attraper la maladie qu'il est censé protéger (et c'est l'étude officielle de Pfizer qui parvient à ce résultat, au passage).

La conclusion est sans appel : les confinements n'ont servi à rien, les bricolages ARNm ont causé et continuent de causer plus de dégâts qu'ils n'ont protégé, et en France, les décisions qui ont toutes été de la responsabilité directe et indirecte de Macron et de ses gouvernements se sont toutes soldées par des catastrophes économiques, sociales et sanitaires.

source : Hashtable

Les Français en petite santé : l'épidémie de coïncidences s'étend (reseauinternational.net)
#6
Amérique / Bye bye Trudeau !
Last post by JacquesL - 09 Mai 2024, 10:56:17 PM
Bye bye Trudeau !



par John Mallette

Les mesures extrêmes et violentes imposées par Trudeau contre les camionneurs en 2022, sont déclarées illégales et déraisonnables par la cour fédérale ! Vous voulez une bonne nouvelle pour 2024 ? En voilà une !

Après avoir gobé tous ce FAKE NEWS de ces médias trompeurs et MAIN STREAM, pendant la campagne de salissage des anti-vax, les anti-masques, voilà que la cour fédérale se réveille et déclare Trudeau menteur et dictateur ! C'est quasiment incroyable ! Bien sûr, qu'il va aller en appel, mais ce n'est plus lui qui contrôle.

Malgré le blitz de la campagne de peur pendant deux ans de décrets illégaux, de restrictions et de harcèlements, il y a des gens, bien informés, légalement et médicalement, pour défendre NOTRE démocratie si malmenée pendant le règne de Trudeau et Legault.

Il y a eu beaucoup de morts inutiles et de vieillards abusés et séquestrés par la force. Les vieux mouraient seuls, la couche pleine ! Les proches étaient cruellement tenus à l'écart. Heureusement que ces braves camionneurs ont pris l'avant-scène et dénoncer tous ces décrets inutiles et cruels. Et ils ont payés le GROS prix pendant que Pfizer et d'autres gagnaient des milliards ?!?

Le gel des comptes bancaires et des cartes de crédits (avec la collaboration de NOS banques !) au Canada ! La précieuse Charte canadienne des droits et libertés, ignorée et bafouée par Trudeau.

Oui Justin, le Convoi de la liberté a tout changé en quelques semaines ! Plus de masques, plus de mandats de vaccins, ni des passeports obligatoires. Retour au choix individuel de... LIBERTÉ ! La désobéissance civile à la Canadienne et totalement non-violente.

Hey Trudeau, Legault, on n'en veut pas de mandats autoritaires ! Compris ? Ce que ce mouvement de contestation, le plus grand jamais vu au Canada, était incroyablement important ! Fallait crier «STOP LES MANDATS» !

À Ottawa en 2022, je n'ai jamais vu des policiers aussi armés et arrogants ! Et TOUT se passait en Anglais, «Speak white !» Et c'est là que j'ai commencé ma pétition pour déménager la capitale du Canada à Gatineau. Mais je l'ai perdu depuis. Je ne sais pas où ? Pourtant, ça allait bien, mon affaire...

Je peux marcher la tête haute, sans masque. Merci aux camionneurs et à nous tous qui avons bravé les -35 et le harcèlement de la police, des millions de gens nous ont appuyés. Merci !

source : Les 7 du Québec

Bye bye Trudeau ! (reseauinternational.net)

Info hélas non datée, en réalité en retard de l'automne 2023.
#7
Maghreb-Egypte / Il était une fois l’ethnocide ...
Last post by JacquesL - 09 Mai 2024, 10:38:29 PM
Il était une fois l'ethnocide de Setif (Algérie) le 8 mai 1945 et les jours suivants



par Ali Farid Belkadi


Le 8 mai 1945, l'Algérie alors française fêtait la victoire sur l'Allemagne nazie, à laquelle des milliers de soldats «indigènes» Algériens avaient participé. Ils étaient 150 000 au cours de la Deuxième Guerre mondiale 39-45. Parmi lesquels, 16 000 ont été tués ou portés disparus. Au cours au premier conflit mondial de 14-18 leur nombre s'élevait à 175 000 soldats, 26 000 avaient été tués ou portés disparus. 

Oradour-sur-Glane

Il y a soixante-dix-neuf ans eut lieu l'ethnocide du 8 mai 1945 à Sétif, de même qu'à Guelma et à Kherrata les jours suivants. Ce massacre de populations civiles algériennes innocentes, c'est un peu l'histoire, un an plus tôt, du village d'Oradour-sur-Glane dans le Limousin (France). Sauf qu'à Sétif, Guelma, Kherrata et leur région la sinistre besogne s'est répétée une bonne centaine de fois, avec en prime les bombardements de l'aviation et de la marine de guerre françaises, durant quinze jours, pratiquement sans interruption. Une extermination systématique à caractère ethnique de tout ce qui vivait dans l'arrière-pays de vastes régions de l'Est algérien s'ensuivit, à l'abri du regard des troupes alliées (anglaises, américaines, canadiennes) qui venaient de sauver la France et les Français de la barbarie nazie.

Le tort des Algériens : ils voulurent fêter la fin de la Seconde Guerre mondiale en insérant des slogans qui exigeaient l'indépendance de leur pays. Bilan : plusieurs milliers de morts. La France, qui venait d'être délivrée du joug nazi, au nom du slogan Liberté-Egalité-Fraternité, n'admettait pas le droit pour les Algériens de disposer d'eux-mêmes.

Parmi les soldats alliés figuraient des dizaines de milliers de combattants algériens qui participèrent de leur chair et de leur sang à la libération de la France. Jusqu'à nos jours, des tombes jonchent par centaines les carrés des cimetières militaires de France. Ce sont celles des soldats algériens morts au champ d'honneur français pour la défense des valeurs de ce pays. Le soldat inconnu, dont on ravive si souvent la flamme sous l'Arc de triomphe des Champs-Elysées, à Paris, est peut-être l'un d'entre eux. Rappelons qu'Oradour-sur-Glane est un village de la Haute-Vienne (France) dont la population fut massacrée par les soldats allemands le 10 juillet 1944. Il y eut 642 victimes, dont 443 femmes ainsi que des enfants qui furent brûlés vifs dans une église.

Jamais il n'y eut aucun procès pour punir les auteurs du génocide de Sétif. Par contre, 25 Allemands furent accusés, le 12 janvier 1953, pour leur participation à l'incendie d'Oradour-sur-Glane et au massacre des villageois français. Il y eut plusieurs condamnations à mort le 15 février 1953, des peines de travaux forcés furent prononcées pour «crimes contre l'humanité». L'intention valorisante contenue dans un entretien qu'il accorda en 1984 à l'auteur Boucif Mekhaled se souvient : «Très jeune, je sentais déjà, à partir de 1940, la montée du nationalisme et un changement dans nos rapports avec les Européens. Avant cette date, on craignait ces Européens qui nous paraissaient supérieurs mais la haine allait nous donner du courage et on arrivait même à les insulter. J'ai été frappé par cette attitude et ce changement dans notre état d'esprit».

Les soldats musulmans avaient appris à se battre dans un contexte international, avec des armes performantes et ils se rendaient enfin compte qu'ils avaient la même valeur et la même bravoure que les soldats canadiens ou américains. La guerre d'Indochine sera également une très bonne école de guerre pour les soldats algériens qui firent partie du corps expéditionnaire français en Asie. Au lieu de la reconnaissance de leurs droits, ils ne récoltèrent que le mépris ordinaire. La Charte de l'Atlantique, promulguée le 14 août 1941 par F. Roosevelt et W. Churchill, qui stipulait, entre autres, «le droit à l'autodétermination pour tous les peuples, ainsi que la libération de la peur et de la faim» fut ignorée par les Français. Le fruit était mûr, l'esprit du 1er novembre 1954 aussi.

L'exemple de l'ex-président Ahmed Ben Bella – qui est aussi celui d'autres soldats musulmans de l'armée française – est assez édifiant, qui met en lumière l'engagement des soldats algériens dans la guerre qui opposa les Européens entre eux, avant de déchanter et d'engager la lutte contre le colonialisme, avec armes et bagages pour la libération de l'Algérie. Ben Bella fut rappelé par l'armée française à Tlemcen. C'est au côté d'un groupe d'engagés marocains qu'il commandait que l'ancien président algérien mena plusieurs batailles contre les soldats allemands en Italie, à Montano, à la Silva ou à Santa Croce.

C'est Ahmed Ben Bella et son groupe qui attaquèrent la colline stratégique de Cassino, en Italie, à 11 h, un certain soir de l'hiver 1944, pour couper la retraite aux soldats allemands. L'ex-président algérien eut même le rare courage d'aller chercher à trois reprises consécutives plusieurs fusils-mitrailleurs abandonnés par des soldats français dans un no man's land infesté de soldats allemands. En rampant comme les héros des films d'Otto Preminger ou de R. Brooks. De Gaulle, dit-on, lui accrocha une médaille à la poitrine pour hauts faits de guerre.

620 866 millions de francs de frais d'occupation. La France affaiblie par une autre guerre, celle de 1914-18 voyait, impuissante, les Allemands envahir ses terres. L'idéologie conquérante allemande et la volonté de Hitler de prendre sa revanche sur le Traité de Versailles avaient, en très peu de temps, accaparé 45% du territoire français. Au nord et au nord-ouest de la France, les Allemands avaient expulsé quelque 2500 propriétaires terriens et 110 000 ha furent confisqués. 620 866 millions de francs de frais d'occupation furent exigés de la France par les Allemands. L'Allemagne accorda le droit à l'armée française, dite d'armistice, de fabriquer 600 avions, à la condition d'en faire 3000 pour les Allemands en zone nord. Outre Paris, un grand nombre de villes françaises étaient occupées par les forces allemandes, dont Lyon, Le Havre, Rennes, Metz, Strasbourg, Orléans, Cherbourg, Alençon, Bayeux. Les Algériens virent avec étonnement l'installation à Alger du Comité français de libération nationale dont la double présidence revint aux généraux de Gaulle et Giraud. Ce comité sera remplacé, le 3 juin 1944, par le gouvernement provisoire de la République française.

C'est ainsi qu'Alger devint, dès lors, la capitale de la France libre, dans un pays occupé par la France depuis plus d'un siècle. Ce paradoxe de nouveaux vaincus colonisant d'anciens vaincus n'échappera pas aux nationalistes algériens qui voulaient rétablir l'identité nationale.

D'abord, au travers de revendications élémentaires légitimes. Les alliés algériens venaient de participer à la libération de la France et ils s'attendaient à un changement de comportement à leur égard de la part des Français, ne serait-ce qu'en souvenir des bienfaits reçus, confortés en cela par la situation humiliante faite aux Français par les Allemands qui rejoignait la leur.

Maréchal, nous voilà !

Cependant que sur fond d'occupation étrangère retentissait en France l'hymne «Maréchal, nous voilà !» Jean Anouilh créait «Le rendez-vous de Senlis», Jean ; Cocteau «La Machine à écrire» ; Albert Camus «L'Étranger» ; Henry de Montherlant «La Reine morte» ; Sacha Guitry «N'écoutez pas mesdames» ; Saint Exupéry «Le Petit Prince» et Colette «Gigi». En 1944, Albert Camus récidivait avec «Le Malentendu» et Yves Montand donnait un récital à Paris pendant sept semaines. Les musulmans, eux, se battaient pour l'honneur et la liberté de la France et des Français.

Le maréchal Pétain écrivait : «Nous nous attacherons à détruire le funeste prestige d'une pseudo-culture purement livresque, conseillère de paresse et génératrice d'inutilités».

Le maréchal Herman Goering, successeur désigné de Hitler et qui se suicida après sa condamnation à mort au Procès de Nuremberg, disait : «Je considère comme territoire conquis toute la France que nous avons occupée. J'ai l'intention de piller et de piller largement (...) pour moi, la collaboration n'a qu'un seul sens : s'ils (les Français) fournissent tout et de bon gré, jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus, dans ce cas je collabore». Les journaux de l'époque, en Algérie, consacraient des colonnes entières au retour au pays des tirailleurs algériens qui allaient se battre en lieu et place des Français d'Algérie et de ceux de France. On pouvait lire dans les journaux de l'époque : «Les glorieux tirailleurs algériens qui, de l'Italie au Rhin, se sont illustrés dans cent combats, accumulant les faits d'armes et les citations, rentrent maintenant au pays dans l'euphorie de la victoire. Sous une pluie de fleurs, l'héroïque 7e RTÀ a fait ce matin à Alger une rentrée triomphale». Le mardi 1er mai 1945, déjà, des dirigeants du bureau clandestin du leader du PPÀ (Parti populaire algérien) de Messali Hadj – ce dernier, emprisonné, venait d'être transféré quelques jours plus tôt d'EI-Goléa, au cœur du Sahara, à Brazzaville au Congo (23 avril 1945) – décidèrent d'organiser des manifestations pacifiques, le 1er mai 1945, «afin de montrer aux autorités françaises et à l'opinion internationale la volonté des Algériens de vivre libres et indépendants».

Au niveau de la rue d'Isly – actuelle rue Larbi-Ben-M'hidi, au centre d'Alger –, les pieds-noirs se mirent à tirer sur les manifestants de leurs balcons, le plus naturellement du monde, sans être inquiétés par personne. Yacef Saâdi, qui deviendra le chef de la Zone autonome d'Alger durant la Guerre de libération nationale (1954-62), faisait partie de la manifestation. Il écrit dans ses Mémoires : «L'une des processions empruntant la rue d'lsly fut prise à partie par la police qui se mit à tirer sans sommations. Un porte-drapeau s'écroula à côté de moi, tué sur le coup. On dénombra plusieurs morts et blessés». Mohamed Belhefaf, le premier martyr de Mai 1945.

Un autre militant, Benali Boukort, parle de soldats français qui avaient mitraillé les manifestants : Mohamed Belhefaf qui fut le premier martyr de ces événements de Mai 1945 – ceux de Sétif allaient suivre quelques jours plus tard – dit à son voisin : «Je suis touché, frère, reprends l'étendard».

Il y eut plusieurs morts et sur les 9 blessés graves transportés à l'hôpital Mustapha, aucun ne survivra. Plusieurs dizaines d'arrestations furent opérées parmi les manifestants. À Oran, on releva un mort et plusieurs blessés parmi les Algériens ce même jour.

Le PCA est contre les manifestants

Le Parti communiste algérien (PCA), dans un tract daté du 3 mai 1945, et intitulé «À bas les provocateurs hitlériens», rejeta la responsabilité des incidents sur les dirigeants nationalistes algériens qui furent assimilés à des nazis : «La provocation vient du PPA qui prend ses mots d'ordre à Berlin, chez Hitler, celui qui massacre et torture sans distinction les vaillants soldats de l'armée française, européens et musulmans (...) le PPA développant en Algérie ses mots d'ordre d'indépendance, de création du maquis algérien et semant la haine entre Algériens, en organisant des troubles, est le parti qui applique en Algérie les mots d'ordre que donnent les hitlériens à la radio nazie».

La CGT, alliée au Parti communiste algérien, dénonça «cette attitude criminelle des musulmans algériens», en proclamant à nouveau «l'union contre le fascisme». De jeunes appelés algériens du service militaire organiseront le 2 mai 1945 une manifestation politique au cours de laquelle ils entonnèrent l'hymne algérien Min djibalina (De nos montagnes), créé en 1933 par le poète Moufdi Zakariya (1908-77). On doit à ce dernier la création de l'hymne national algérien, qui sera mis en musique par Mohamed Triki en 1956, avant d'être arrangé par le compositeur égyptien Mohamed Fawzi. «Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l'avons clos comme on ferme un livre», aucun dialogue tenté avec les Français n'ayant abouti. D'autres manifestations musulmanes algériennes en faveur de l'indépendance seront encore réprimées d'année en année dont celle qui eut lieu lors du défilé populaire du 14 juillet 1953 à Paris, au cours de laquelle on releva plusieurs morts. Le 17 octobre 1961, des manifestants algériens furent jetés à la Seine.

Un crime contre l'humanité

Yalla Abdelkader, le chef du groupe scout AI-Hayat, qui vécut les événements de Sétif, contacta les autorités locales pour obtenir la permission d'organiser une cérémonie de recueillement : «Nous voulons faire une prière à la mosquée pour remercier Dieu d'avoir mis fin à la guerre et de nous avoir donné la victoire. Ensuite, nous irons déposer une gerbe de fleurs au Monument aux morts». Tel fut, semble-t-il, le point de départ de la terrible répression de Sétif. Ce jour-là, qui était jour de marché, permettait aux paysans algériens de venir vendre leurs produits en ville. En outre, il correspondait à la fin du conflit mondial, à la grande joie de tous ceux qui avaient un membre de leur famille engagé dans la guerre. C'est donc par milliers que les Algériens s'étaient regroupés en ville. Ferhat Abbas s'associa également à la victoire remportée par les troupes alliées en faisant remettre au gouverneur général de l'Algérie, ce 8 mai 1945, une lettre qui disait, entre autres, «le rassemblement des Amis du manifeste et de la liberté qui groupe tous les musulmans, sans distinction d'opinion, fidèle interprète des masses musulmanes, s'associe, en ce jour solennel de la victoire et de la démocratie, à la joie et à la fierté des armées alliées et des peuples libres.

Conscient d'avoir contribué à cette victoire par l'effort et le sang de ses enfants, le peuple algérien assure le peuple français, le gouvernement de la République et les gouvernements des Nations unies de sa solidarité inébranlable dans la marche vers la conquête des libertés humaines». Les Amis du manifeste et de la liberté (AML) regroupaient des Algériens de tous bords, les oulémas, le PPA de Messali Hadj, les intellectuels, les marabouts, les socialistes, les communistes...

Le nombre des adhérents aux AML s'élevait à 500 000. Le 8 mai 1945, le cortège devait partir de la mosquée, vers 9 h 15, pour se rendre au Monument aux morts. L'autorisation avait été accordée par les autorités administratives françaises. Le service d'ordre des Algériens veillait au désarmement des manifestants. Le drapeau algérien figurait parmi ceux des pays alliés anglais, américain et russe. La manifestation devait être distincte de celle des Européens qui devait avoir lieu l'après-midi. 200 scouts en tenue ouvraient la marche en chantant des hymnes patriotiques. Les pancartes et les banderoles furent déployées qui disaient : «À bas le colonialisme ! Vive l'Algérie libre et indépendante !» «Libérez Messali !» La police française a tenté de s'emparer de l'étendard algérien, ainsi que des banderoles brandies par les manifestants. Une marée humaine les en empêcha.

Le porteur du drapeau Saal Bouzid fut abattu par un policier. Les noms des responsables du massacre des Algériens sont connus. Le commandant Rouire, chef d'état-major, assisté des commandants Biraben, Bobillon et Mazuca. Les Zerkowitch et Boissenot, Lestrade-Carbonnel, le préfet de Constantine et le sous-préfet Achiary. Les commissaires Tort, Valere, Chauveau et Oliveri.

Pour la milice, Champ, président des anciens combattants, Garivet, Cheylan Gabriel, Trazirini, Jean Alexandre, ainsi qu'un Algérien d'origine juive : Attali. Les juifs prirent une part active à la curée. Quelques années auparavant, le 7 octobre 1940, une ordonnance signée par le maréchal Petain, par son garde des Sceaux Raphaël Albert ainsi que par le ministre de l'Intérieur, Marcel Peyrouton, abrogea le décret Crémieux qui accordait depuis 1870 la nationalité française aux juifs d'Algérie. Considérés comme indigènes de second ordre, les juifs algériens perdaient ainsi tous les droits acquis depuis 1870. Autrement dit, l'Edit d'expulsion d'Espagne, revu et corrigé par le gouvernement de Vichy. Des fetwas émises par les religieux musulmans circulèrent parmi les populations, qui interdisaient aux Arabes et aux Kabyles d'acheter les biens confisqués des juifs par solidarité. Édit d'expulsion des juifs d'Espagne (1482) :

Citer«Au prince Don Juan, notre très cher et très aimé fils et aux infants, prélats, marquis, comtes, maîtres des Ordres, (...) salut et grâce !
Sachez que nous avons été informés qu'il existe et qu'il existait dans notre royaume de très mauvais chrétiens qui judaïsaient de notre sainte foi catholique et, certes, très préjudiciable pour les chrétiens que cette communication avec les juifs. Déjà, dans les Cortès que nous avons tenus l'année dernière à Tolède, nous avions ordonné d'accorder aux juifs des juiveries dans toutes les villes où ils pussent vivre dans leur péché. En outre, nous avions ordonné d'établir dans nos royaumes et seigneuries d'inquisition, laquelle existe comme vous le savez depuis douze ans, durant lesquels elle a trouvé beaucoup de coupables, ainsi que nous en avons été informés par les inquisiteurs et par d'autres personnes religieuses, qui, par leurs relations, leurs entretiens et leur communication avec les juifs, se sont laissé entraîner par ces derniers.


Ceux-ci usent de plusieurs moyens et manières pour soustraire les fidèles à notre sainte foi catholique et les instruire dans leur dangereuse croyance et les cérémonies de leur foi (loi juive), les invitant à des réunions où ils leur expliquent les fêtes juives qu'il est d'usage d'observer, essayant de les circoncire eux et leurs enfants, leur donnant des livres de prières, les avertissant des jeûnes importants, leur enseignant à transcrire des copies de la foi, leur annonçant les Pâques avant qu'elles arrivent, leur expliquant la façon de les célébrer et de les faire, leur donnant et leur portant de leurs pains azymes et de leurs viandes égorgées suivant leurs rites, les mettant en garde contre les choses prohibées par leur foi, les persuadant de la supériorité de la loi de Moïse, leur expliquant qu'il n'y a point d'autre loi, ni d'autre vérité que celle-là ; ce qui porte préjudice, détriment et opprobre à notre sainte foi catholique. Pour obvier et remédier à cet état de chose, pour faire cesser cet opprobre et cette offense à la religion catholique, nous avons convoqué en conseil les prélats, les grands et les chevaliers de nos royaumes et autres personnes de sciences et conscience. Après mûre délibération, nous ordonnons de renvoyer de nos royaumes tous les juifs, et que jamais ils n'y reviennent. C'est pourquoi, par les présents édits, nous ordonnons à tous les juifs et juives, quel que soit leur âge, qui vivent, demeurent et sont dans les royaumes et seigneuries susmentionnés d'en sortir au plus tard jusqu'à la fin de juillet prochain, année courante, eux, leurs fils et leurs filles, serviteurs, servantes et familiers juifs, petits et grands, quel soit leur âge.



Il ne leur sera pas permis de revenir dans nos États soit délibérément, soit de passage, soit de n'importe quelle manière. En cas de contravention au présent édit, si l'on trouve des juifs dans nos royaumes, au cas où ils y reviendraient d'une manière quelconque, ils encourent la peine de mort et la confiscation de tous leurs biens pour notre chambre de fisc. Nous mandons et ordonnons qu'aucun, ni personne dans nos royaumes susmentionnés, quelles que soient sa condition et sa dignité, n'ait l'audace de recevoir, ni accueille ni défende publiquement ni secrètement juif et juive, passé la date de fin de juillet et au-delà, à jamais, à perpétuité dans ses terres, ni dans ses maisons ni sur aucun de ses points des susdits royaumes et seigneuries. Toute contravention à cet ordre entraînera pour le coupable la perte de tous ses biens, vaisseaux, forteresses et autres héritages.



Et que pour que lesdits juifs puissent prendre leurs mesures durant ce délai qui leur est accordé jusqu'à la fin juillet, nous leur accordons dès à présent notre protection royale à eux et à leurs biens pour que, durant cet intervalle et jusqu'au jour fixé, ils puissent vaquer à leurs affaires en toute sécurité, vendre, échanger et se défaire de tous leurs biens, meubles et immeubles et en disposer à leur volonté.



Nous permettons donc et accordons pleine faculté auxdits juifs et juives pour qu'ils fassent sortir desdits royaumes et seigneuries leurs biens et trésors par la mer et par la terre, à l'exception de l'or, de l'argent et de toute espèce de monnaie monnayée et de toutes les choses défendues par les lois de nos royaumes, sauf aussi les denrées dont l'exportation est prohibée. Nous faisons savoir à tous les conseils, tribunaux, regidors et chevaliers ainsi qu'aux hommes bons de nos dits royaumes et seigneuries et à nos vassaux de mettre en exécution notre mandement et son contenu et d'y prêter aide et assistance en cas de besoin. Tout contrevenant encourra la peine de confiscation de ses biens par notre fisc.


Et pour que nos ordres parviennent à la connaissance de tout le monde et pour que personne ne prétende les ignorer, nous mandons que la présente lettre soit annoncée publiquement dans les places, marchés et autres endroits par le crieur public et par-devant l'écrivain public. Enfin, nous ordonnons à tous ceux dont on aura requis services de le faire, sous peine d'être traduits devant notre cour dans les quinze premiers jours et d'encourir la peine susmentionnée. Tout écrivain public invité à témoigner en cas de contravention à nos ordres le fera sous seing privé ; de la sorte, nous saurons comment nos ordres sont exécutés.


Fait dans la ville de Grenade, le trente et unième jour du mois de mars, l'an mille quatre cent quatre-vingt-douze de N.-S. Jésus-Christ».

Paupol, Paoulo et Loulou : des miliciens fascistes

Le journal communiste Liberté du jeudi 7 mars 1946, citant les propos du parlementaire Fernand Grenier écrit : «La plupart de ces miliciens sont français de fraîche date, ils s'appellent Gremona Paupol, Grémona Antoine, Grima Loulou, Paoulo di Malta, Alfred Luset père et fils, Emest Colin, tous volontaires, pour la fusillade et fascistes, bien entendu».

C'est à la suite de l'assassinat de sang-froid de Saal Bouzid que débuta l'émeute de Sétif. Les Algériens qui fuyaient sous les coups de feu des policiers agressaient à leur tour tous les Européens qu'ils rencontraient. Partout résonnait l'appel à la révolte et au djihad. À 13 h, le couvre-feu était instauré et l'état de siège décrété à 20 h. L'armée, la police et la gendarmerie sillonnaient les quartiers arabes de Sétif. La loi martiale fut proclamée et en même temps on distribuait des armes aux Européens.

L'écrivain Kateb Yacine, collégien à l'époque, qui fut le témoin oculaire des événements de Sétif, écrit : «Je témoigne que la manifestation du 8 mai était pacifique. En organisant une manifestation qui se voulait pacifique, on a été pris par surprise. Les dirigeants n'avaient pas prévu de réactions. Cela s'est terminé par des dizaines de milliers de victimes. À Guelma, ma mère a perdu la mémoire (...) On voyait des cadavres partout, dans toutes les rues. La répression était aveugle ; c'était un grand massacre. J'ai vu les Sénégalais qui tuaient, violaient, volaient».

À Guelma, où avait également eu lieu une manifestation pacifique, la milice européenne s'est livrée à un véritable pogrom contre la population musulmane. Tout Arabe rencontré en ville était tué ou arrêté. Ferhat Abbas évoque dans un discours prononcé le 26 mai 1946, à Tizi Ouzou, les 800 musulmans de Guelma qui furent fusillés sans jugement. Tous les hommes âgés entre 18 et 30 ans seront arrêtés à leur domicile puis fusillés. À EI-Eulma (Saint Arnaud) près de Sétif, à Ouled Zenati, à Constantine, à Annaba, à Jijel, à Skikda (Philippeville), la chasse à l'homme est également ouverte. La Marine s'y met aussi.

Près de 50 mechtas sont détruites. Le comble de l'horreur est atteint lorsque les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et qu'elles tirent à distance sur les populations qui fuient vers les montagnes. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux, cependant que les villages musulmans situés en bordure de la mer sont pris sous le feu des bâtiments de guerre français. Le soulèvement se généralisa à d'autres régions de l'Algérie. À Saïda, dans la région d'Oran, la mairie fut incendiée et tous les circuits téléphoniques coupés. L'état de siège fut décrété et la ville fut encerclée par l'armée et la police. 47 membres du PPA furent arrêtés et traduits devant les tribunaux. 6 d'entre eux furent condamnés à mort.

Les rapports des journalistes de l'époque sont accablants. Les légionnaires se saisissaient des nourrissons par les pieds avant de les fracasser contre les murs ou sur les rochers. Le lieutenant Bermont déclare : «Dans un douar de la région de Guelma, 17 musulmans nous ont été présentés par la sûreté afin que nous les exécutions et nous nous avons été déchargés de cette corvée». Un grand blessé de la Seconde Guerre mondiale, qui venait à peine d'être démobilisé et se trouvait sur la liste des personnes destinées à être fusillées, Aïssaoui Abdallah d'Héliopolis (région de Guelma), raconte : «J'ai vu des militaires et des miliciens parier sur des femmes enceintes pour savoir si elles portaient un mâle ou une femelle pour l'éventrer ensuite».

Des fours crématoires

Pour masquer leurs crimes, les miliciens, parmi eux des éléments juifs, oublieux de l'ignominie dans laquelle les plongèrent les nazis et le régime de Vichy, brûlaient les cadavres dans des fours à chaux. L'opération dura une semaine. Un témoignage est rapporté par Benhamla Saci, qui habitait à quelques centaines de mètres du four à chaux d'Héliopolis. Celui-ci décrit l'insupportable odeur de chair brûlée et l'incessant va-et-vient des camions qui venaient décharger les cadavres, qui brûlaient ensuite en dégageant une fumée bleuâtre.

L'hebdomadaire Liberté sous la plume de Louis Rives, écrivait : «200 victimes ? Nous sommes loin du compte ! Et la milice, M. Tixier ?»

Une note adressée au général Tubert au lendemain des massacres par Roger Esplaas dit : «(...) L'armée a complètement rasé un douar... À Sétif, on m'a confirmé le caractère impitoyable de la répression qui a été exercée sur la région. On m'a cité les chiffres : 20 000 musulmans auraient été massacrés. La région nord de Sétif n'est plus qu'un vaste cimetière». Selon le général Weiss, 20 actions répressives auraient été menées dans la seule région de Guelma par 28 avions durant 15 jours.

Les croiseurs Duguay Trouin et le Triomphant ne cessaient pas de bombarder la région de Bougie, de Kherrata et de Jijel. À la tribune de l'Assemblée consultative, le ministre de l'Intérieur, Tixier, déclarait le 18 juillet 1945 : «D'après des rumeurs persistantes, systématiquement propagées en Algérie, en France métropolitaine, à l'étranger et particulièrement aux États-Unis, la répression civile et la répression militaire auraient causé la mort de 5000, 10 000, 20 000 et même 30 000 victimes musulmanes. Fort heureusement, les victimes de la répression sont beaucoup moins nombreuses. Après des enquêtes sommaires dans les villes, les villages et les douars, les autorités civiles affirment que le total des victimes musulmanes ne doit pas dépasser 1200 à 1500».

Dans son rapport sur les massacres de Sétif, le général Tubert écrit : «La raison d'État, la commodité d'une répression aveugle et massive permettant de châtier quelques coupables parmi les milliers d'innocents massacrés, l'immunité administrative de fait couvrant, par exemple, le sous-préfet de Guelma, fit délibérément et sans excuse arrêter et fusiller, sans autre forme de procès, des musulmans de la ville dont les familles réclament encore, en vain, une enquête, un jugement ou même une simple explication».

45 000 morts au bas mot

Le chiffre de 45 000 morts semble avoir été adopté par le PPA à la suite du recensement minutieux établi par ses militants à l'époque.
Le consul général américain à Alger, selon ses propres investigations, citera le chiffre de 40 000 morts. Les oulémas, plus proches du terrain, avanceront le chiffre de 80 000 morts. C'est ce dernier chiffre que retiendra Rey-Goldzeiguer. Le fruit était mûr, l'esprit du 1er novembre 1954 aussi. Les Allemands ont reconnu leur culpabilité dans les crimes et les forfaits nazis, à l'inverse des Français.

Le 27 février 2005, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdiére, en visite à Sétif, rend hommage aux victimes des massacres du 8 mai 1945 perpétrés par l'armée française. Il emploie les termes de «tragédie inexcusable» pour qualifier ces crimes contre l'humanité. Sans regrets, ni contritions, la République de la France et ses ministres, toujours imbus de leur empire colonial défunt, récusent évasivement les atrocités commises en Algérie au nom des valeurs françaises de Liberté-Egalité-Fraternité. Liberté pour les uns, asservissement pour les autres ; Egalité : dissemblance et disparité ; Fraternité : haine et hostilité. Aujourd'hui, les Algériens parlent des sauvageries massives commises par la France et les Français dans son ex-colonie. Un ministre français en vogue, qui ne compte aucun aïeul mort pour la France, ni pour la délivrance des Français, leur répond en termes statistiques de bâtis, d'échafaudages et de béton, laissés sur place par les Français. Il y a soixante-dix-huit ans, eut lieu l'ethnocide du 8 mai 1945 à Sétif. De même qu'à Guelma et à Kherrata les jours suivants. Ce massacre de populations civiles algériennes innocentes, c'est un peu l'histoire, un an plus tôt, du village d'Oradour-sur-Glane dans le Limousin (France). Sauf qu'à Sétif, Guelma, Kherrata et leur région, la sinistre besogne s'est répétée une bonne centaine de fois. Avec en prime les bombardements de l'aviation et de la Marine de guerre françaises, durant quinze jours et pratiquement sans discontinuité.

Si cela n'est pas une extermination à caractère racial, un ethnocide, il s'agit de quoi ?

Il était une fois l'ethnocide de Setif (Algérie) le 8 mai 1945 et les jours suivants (reseauinternational.net)
#8
Europe / L’histoire de Deux Souverains,...
Last post by JacquesL - 09 Mai 2024, 10:02:10 PM
L'histoire de Deux Souverains, d'un Laquais et d'une Nounou



par Pepe Escobar


Les laquais de l'OTANistan resteront hébétés et confus. Et alors ? Les laquais manquent de profondeur stratégique, ils se contentent de se vautrer dans les eaux peu profondes de l'insignifiance.

Des images miroir étonnantes tourbillonnent autour de deux développements majeurs cette semaine, directement intégrés dans le Grand Récit qui façonne mon dernier livre, «Eurasia v. NATOstan», récemment publié aux États-Unis : La visite de Xi Jinping à Paris et l'inauguration du nouveau mandat de Vladimir Poutine à Moscou.

Inévitablement, il s'agit d'une histoire contrastée de Souverains – le partenariat stratégique global Russie-Chine – et de laquais : les vassaux de l'OTANistan/UE.

Xi, l'invité hermétique par excellence, sait très bien lire une table – et nous ne parlons pas de la finesse gastronomique gauloise. Dès qu'il s'est assis à la table de Paris, il a eu le Grand Tableau. Ce n'était pas un tête-à-tête avec Le Petit Roi, Emmanuel Macron. C'était un ménage à trois, car Toxic Medusa Ursula von der Leyen, mieux définie comme Pustula von der Lugen, s'était insérée dans l'intrigue.

Rien n'a été perdu dans la traduction pour Xi : c'était l'illustration graphique que le Petit Roi, le dirigeant d'une ancienne puissance coloniale occidentale de troisième ordre, ne jouit d'aucune «autonomie stratégique». Les décisions qui comptent proviennent de l'Eurocratie kafkaïenne de la Commission européenne (CE), dirigée par sa Nounou, Médusa, et directement relayée par l'Hégémon.

Le Petit Roi a passé tout le temps gaullien de Xi à bafouiller comme un nourrisson sur les «déstabilisations» de Poutine et à essayer d'«engager la Chine, qui jouit objectivement de leviers suffisants pour changer le calcul de Moscou dans sa guerre en Ukraine».

Manifestement, aucun conseiller pubère de l'Elysée – et ils sont nombreux – n'a osé annoncer au Petit Roi la force, la profondeur et la portée du partenariat stratégique Russie-Chine.

C'est donc à sa nounou qu'il est revenu d'expliquer à voix haute les petits caractères de l'aventure «Monsieur Xi vient en France».

Fidèle à la secrétaire au Trésor Janet Yellen lors de sa récente et désastreuse incursion à Pékin, la Nounou a directement menacé l'invité hermétique surpuissant : vous dépassez la «surcapacité», vous surproduisez ; et si vous n'y mettez pas un terme, nous vous sanctionnerons à mort.

Voilà pour l'«autonomie stratégique» européenne. Par ailleurs, il est inutile de s'attarder sur ce qu'il faut bien appeler une stupidité suicidaire.

Défendre fermement une débâcle

Passons maintenant à ce qui compte vraiment : l'enchaînement des événements qui ont conduit à la somptueuse cinquième investiture de Poutine au Kremlin.

Commençons par le chef du GRU (principal service de renseignement) de l'état-major général des forces armées russes, l'amiral Igor Kostyukov.

Kostyukov a réaffirmé que, à la veille de l'opération militaire spéciale, en février 2022, l'Occident était prêt à infliger une «défaite stratégique» à la Russie dans le Donbass, exactement comme avant la Grande Guerre patriotique (le Jour de la Victoire est d'ailleurs célébré ce jeudi non seulement en Russie, mais aussi dans tout l'espace post-soviétique).

Ensuite, les ambassadeurs de Grande-Bretagne et de France ont été convoqués au ministère des Affaires étrangères russe. Ils ont passé environ une demi-heure chacun, séparément, et sont repartis sans s'adresser aux médias. Il n'y a pas eu de fuites sur les raisons de ces deux visites.

Pourtant, c'était plus qu'évident. Le ministère des Affaires étrangères a remis aux Britanniques une note sérieuse en réponse aux balbutiements de David «d'Arabie» Cameron concernant l'utilisation de missiles britanniques à longue portée pour attaquer le territoire de la Fédération de Russie. Et aux Français, une autre note sérieuse en réponse au babillage du Petit Roi sur l'envoi de troupes françaises en Ukraine.

Immédiatement après cette escalade verbale de l'OTAN, la Fédération de Russie a entamé des exercices consacrés à l'utilisation d'armes nucléaires tactiques.

Ainsi, ce qui a commencé comme une escalade verbale de l'OTAN a été contrebalancé non seulement par des messages fermes, mais aussi par un avertissement supplémentaire, clair et ferme : Moscou considérera tout F-16 entrant en Ukraine comme un porteur potentiel d'armes nucléaires, quelle que soit sa conception. Les F-16 en Ukraine seront considérés comme un danger clair et présent.

Et ce n'est pas tout : Moscou répondra par des mesures symétriques si Washington déploie des missiles nucléaires à portée intermédiaire basés au sol (INF) en Ukraine – ou ailleurs. Il y aura une riposte.

Tout cela s'est produit dans le cadre des pertes ukrainiennes stupéfiantes sur le champ de bataille au cours des deux derniers mois environ. Les seuls parallèles sont la guerre Iran-Irak des années 1980 et la première guerre du Golfe. Entre les morts, les blessés et les disparus, Kiev pourrait perdre jusqu'à 10 000 soldats par semaine, soit l'équivalent de trois divisions, 9 brigades ou 30 bataillons.

Aucune mobilisation obligatoire, quelle que soit sa portée, ne peut contrer une telle débâcle. Et l'offensive russe tant annoncée n'a même pas encore commencé.

Il est hors de question que l'actuelle administration américaine, dirigée par un cadavre à la Maison-Blanche, dans une année électorale, envoie des troupes dans une guerre qui, dès le départ, a été programmée pour être menée jusqu'au dernier Ukrainien. Et il est hors de question que l'OTAN envoie officiellement des troupes dans cette guerre par procuration, car elles seront transformées en steak tartare en quelques heures.

Tout analyste militaire sérieux sait que l'OTAN n'a pas la capacité de transférer des forces et des ressources significatives en Ukraine, malgré les «exercices» actuels et grandiloquents du Steadfast Defender, associés à la rhétorique de mini Napoléon de Macron.

C'est donc à nouveau l'Ouroboros, le serpent qui se mord la queue : il n'y a jamais eu de plan B à la guerre par procuration. Et compte tenu de la configuration actuelle du champ de bataille et des résultats possibles, nous en revenons à ce que tout le monde, de Poutine à Nebenzia à l'ONU, a dit : ce ne sera fini que lorsque nous dirons que c'est fini. La seule chose à négocier est la modalité de la reddition.

Et bien sûr, il n'y aura pas de cabale du sweat-shirt en place à Kiev : Zelensky est déjà une entité «recherchée» en Russie et dans quelques jours, d'un point de vue juridique, son gouvernement sera totalement illégitime.

La Russie s'aligne sur la majorité mondiale

Moscou doit être pleinement conscient que de graves menaces subsistent : ce que veut l'OTANistan, c'est tester la capacité stratégique de frapper des installations militaires, manufacturières ou énergétiques russes au plus profond de la Fédération de Russie. Cela pourrait être facilement interprété comme un dernier verre de bourbon au comptoir avant que le saloon 404 ne s'embrase.

Après tout, la réponse de Moscou devra être dévastatrice, comme l'a déjà indiqué Medvedev Débranché : «Aucun d'entre eux ne pourra se cacher ni au Capitole, ni à l'Élysée, ni à Downing Street 10. Une catastrophe mondiale se produira».

Poutine, lors de son investiture, s'est montré froid, calme et posé, indifférent à toute l'incandescence hystérique à travers la sphère de l'OTANistan.

Voici les principaux éléments à retenir :

La Russie, et elle seule, déterminera son propre destin.

La Russie traversera dignement cette période difficile et marquante et sera encore plus forte, elle doit être autosuffisante et compétitive.

La principale priorité de la Russie est de protéger son peuple et de préserver ses valeurs et traditions ancestrales.

La Russie est prête à renforcer ses bonnes relations avec tous les pays et avec la majorité mondiale.

La Russie continuera à travailler avec ses partenaires à la formation d'un ordre mondial multipolaire.

La Russie ne rejette pas le dialogue avec l'Occident, elle est prête à dialoguer sur la sécurité et la stabilité stratégique, mais seulement sur un pied d'égalité.

Tout cela est extrêmement rationnel. Le problème, c'est que l'autre partie est extrêmement irrationnelle.

Quoi qu'il en soit, un nouveau gouvernement russe sera en place dans quelques jours. Le nouveau Premier ministre sera nommé par le président après que la Douma aura approuvé sa candidature.

Le nouveau chef de cabinet doit proposer au président et à la Douma des candidats aux postes de vice-Premier ministre et de ministres – à l'exception des chefs du bloc de sécurité et du ministère des Affaires étrangères.

Les chefs du ministère de la Défense, du FSB, du ministère de l'Intérieur, du ministère de la Justice, du ministère des Situations d'urgence et du ministère des Affaires étrangères seront nommés par le président après consultation du Conseil de la Fédération.

Toutes les candidatures ministérielles seront soumises et examinées avant le 15 mai.

Et tout cela se fera avant la réunion clé : Poutine et Xi face à face à Pékin le 17 mai. Tout sera en jeu et sur la table. Une nouvelle ère s'ouvrira alors, qui tracera la voie vers le sommet BRICS+ d'octobre prochain à Kazan, et les initiatives multipolaires qui en découleront.

Les laquais de l'OTANistan resteront hébétés, confus – et hystériques. Et alors ? Les laquais manquent de profondeur stratégique, ils se contentent de se vautrer dans les eaux peu profondes de l'insignifiance.

Pepe Escobar

source : Strategic Culture Foundation

L'histoire de Deux Souverains, d'un Laquais et d'une Nounou (reseauinternational.net)
#9
Histoire / La narration du 7 octobre cont...
Last post by JacquesL - 09 Mai 2024, 10:18:29 AM
La narration du 7 octobre contredite par l'Histoire



Nous reproduisons le texte d'une conférence donnée le 4 mai à Boulogne-sur-mer. Thierry Meyssan y explique que le conflit actuel en Palestine n'est pas imputable aux populations arabes et juives. Il a été organisé, dès 1915, par la puissance coloniale avec l'idée que jamais le ou les États à venir ne devaient parvenir à assurer leur sécurité. À leur insu et à leurs dépens, les Palestiniens et les Israéliens, en jouant l'opération du 7 octobre et sa réplique, ne font que mettre en œuvre cette politique. En ne parvenant pas à arrêter le nettoyage ethnique des Gazaouis, les Anglo-Saxons ne manifestent pas leur insensibilité, mais le fait qu'ils considèrent les massacres comme de simples variables d'ajustement.


*
par Thierry Meyssan

Bien que les massacres au Soudan et au Congo soient beaucoup plus meurtriers qu'en Palestine, c'est de ces derniers dont je vais vous parler aujourd'hui. En effet, c'est la première fois que l'on assiste, en direct sur nos téléphones portables, à un nettoyage ethnique. Je voudrais revenir sur diverses informations que j'ai déjà traitées dans divers articles, mais que, manifestement, certains médias ne veulent pas intégrer à leurs analyses. Je voudrais vous dire qu'il n'y a pas de fatalité communautaire : ce conflit n'a pas été provoqué par les populations de Palestine, qu'elles soient juives, chrétiennes ou musulmanes, mais par des puissances extérieures qui, depuis un siècle ont souhaité qu'elles ne connaissent jamais la paix.

La création d'Israël par les Britanniques

Pour me faire comprendre, je vais, avant toute chose, vous parler du Royaume-Uni. Vous avez assisté au couronnement du roi Charles III. Vous vous souvenez qu'au milieu de la cérémonie, il a ôté ses riches habits et s'est habillé d'une toile de lin. Ses pages ont dressé des paravents pour que l'assistance ne soit pas éblouie. Lorsque l'on a ôté les paravents, il était devenu roi. On lui a alors remis les symboles de son pouvoir, le sceptre et le globe. Que s'était-il passé durant ces quelques instants hors de la vue du public ? Le prince de Galles avait vu Dieu, comme Moïse devant le buisson ardent1. Cette explication vous paraît probablement saugrenue et vous vous demandez comme ses sujets peuvent croire un tel conte à dormir debout. En réalité, depuis Jacques VI, au XVIe siècle, les souverains britanniques se déclarent rois d'Israël2. C'est contre sa conception du droit divin, qu'Oliver Cromwell renversa son fils Charles et proclama le Commonwealth. Cependant le Lord Protecteur était tout aussi illuminé, il professait qu'il fallait regrouper tous les juifs en Palestine et y reconstruire le temple de Salomon3. En définitive, les dynasties se succédèrent en entretenant ce mythe. Elles ont adopté divers rites et en ont imposés d'autres à leurs sujets, comme la circoncision juive, pratiquée d'office dans les maternités au XXe siècle sur tous les nouveau-nés mâles du Royaume à leur naissance.

Deux ans avant la déclaration Balfour (1917) qui annonça la création d'un foyer national juif en Palestine, un diplomate juif et futur ministre des Affaires étrangères, Lord Herbert Samuel, rédigea un mémorandum sur le Futur de la Palestine (1915). Il y plaidait pour un État juif qui permettrait de placer toute la diaspora au service de l'Empire. Un peu plus tard, il précisa que ce nouvel État ne devrait jamais pouvoir seul assurer sa sécurité afin d'être éternellement dépendant de la Couronne d'Angleterre. C'est très exactement ce à quoi nous assistons aujourd'hui. C'est le sort qui a maudit la population de Palestine.

La déclaration de Lord Arthur Balfour a été suivie des 14 points du président états-unien Woodrow Wilson. Il y décrit les objectifs atteints par son pays durant la Première Guerre mondiale. Le point 12 est étrangement rédigé, mais lors de la Conférence de Paris qui rédigea le Traité de Versailles, il précisa par écrit ce qu'il fallait comprendre : la création de l'État d'Israël en Palestine (et du Kurdistan en Turquie). La Guerre mondiale avait provoqué un rééquilibrage des forces, de sorte que désormais, Washington travaillait aux côtés de Londres dans la défense d'intérêts communs.

Durant l'entre-deux-guerres, l'immigration juive dans la Palestine mandataire se passa bien. Les propriétaires terriens arabes vendirent sans problème une partie de leurs terres aux juifs. Cependant, dès 1920, des terroristes arabes assassinèrent des juifs. Parmi les assassins, Mohammed Amin al-Husseini fut condamné par les Britanniques à 10 ans de prison, mais ils ne les lui firent jamais exécuter. Bien au contraire, Lord Herbert Samuel (celui qui avait écrit qu'il ne devait jamais avoir de sécurité en Palestine), qui était devenu le haut-commissaire britannique en Palestine, le gracia et le nomma grand mufti de Jérusalem, prétendument pour maintenir un équilibre entre les deux grandes familles locales.

Survint un salafiste (c'est-à-dire un musulman souhaitant vivre comme les compagnons du Prophète au VIIe siècle), Izz al-Din al-Qassam, qui avait déjà organisé une révolte contre les Français en Syrie et qui devint imam à Haïfa. Il décida le djihad, non pas contre l'occupant britannique, mais contre les immigrés juifs. Il s'en suivit divers attentats et pogroms de juifs. Pour maintenir la paix civile, les Britanniques tuèrent al-Qassam, ce personnage a donné son nom aux actuelles Brigades al-Qassam du Hamas.

La mort d'al-Qassam n'avait rien résolu du tout. Les Britanniques, fidèles à leur technique coloniale du «Diviser pour régner», ont toujours développé d'une main ce qu'ils combattaient de l'autre. En 1936, Lord Willam Peel, à la tête d'une commission officielle assura que l'on ne pourrait rétablir la paix qu'en séparant les populations arabes et juives en deux États distincts. C'est ce que l'on appelle aujourd'hui la «solution à deux États».

Durant la Seconde Guerre mondiale le grand mufti de Jérusalem est devenu l'allié du chancelier Adolf Hitler. Il a notamment levé les musulmans des Balkans pour les engager dans la SS et a soutenu la «solution finale de la question juive». De leur côté, les fascistes juifs (les «sionistes révisionnistes») de l'Ukrainien Vladimir Jabotinsky, combattirent aux côtés de l'Axe contre les Britanniques. Les sionistes quant à eux, se battirent aux côtés des Alliés tout en contestant les limites que les Britanniques imposèrent en théorie à l'immigration juive ; en théorie seulement.


L'historien fasciste Benzion Netanyahou et son fils, Benjamin Netanyahou.
Source : Office du Premier ministre

Ils se réunirent en mai 1942 à l'hôtel Baltimore de New York, sous la présidence de David Ben Gourion. Ils fixèrent les principes du futur État d'Israël. Jusqu'à présent, on nous a assuré que Ben Gourion était un homme de bonne volonté. Or, il avait été le compagnon de Jabotinsky durant l'entre-deux-guerres et s'était prononcé pour le nettoyage ethnique de la Palestine. Un livre, paru hébreu en Israël il y a deux semaines et publié par une grande maison d'édition, assure qu'il était tenu au courant des négociations du Hongrois Rezső Kasztner avec Heinrich Himmler et Adolf Eichmann qui durèrent jusqu'à la chute du Reich. Kasztner prétendait acheter la fuite d'un million de juifs hongrois. En réalité, il n'a sauvé que sa famille et ses amis. Surtout, il a extorqué 8,5 millions de francs suisses en or (une somme colossale à l'époque) aux familles juives riches de Hongrie leur faisant accroire à une possible fuite4. Si les documents cités dans ce livre sont exacts, David Ben Gourion serait lui aussi un escroc, ayant trompé son propre peuple.

Les Nations unies proposèrent :
  • de ne pas diviser la Palestine (et non pas la «solution Peel à deux États») ;
  • d'instaurer un régime républicain, démocratique et représentatif ;
  • de garantir les cultures des différentes minorités ;
  • de garantir la liberté religieuse des juifs, des chrétiens et des musulmans.

Les conférences et négociations se succédèrent en vain. Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations unies (qui ne comprend alors que 56 États membres) approuve le plan de partage élaboré par une commission spéciale5. Il est immédiatement rejeté par tous les pays arabes.

Le 14 mai 1948 (c'est-à-dire deux mois et demi avant la fin du mandat britannique), David Ben Gourion coupa court aux discussions et proclama unilatéralement l'indépendance de l'État d'Israël. Le lendemain de ce coup de force, alors que les 100 000 soldats britanniques commençaient à se retirer, l'Égypte, la Jordanie, l'Irak, la Syrie, le Liban, l'Arabie saoudite et le Yémen du Nord envoyèrent leurs troupes pour défendre les arabes de Palestine. La confrérie égyptienne des Frères musulmans envoya également un groupe de combattants, sous le commandement de Saïd Ramadan (gendre du fondateur Hassan el-Banna et père de Tariq Ramadan), se joindre à eux. Cependant, à ce moment-là, aucun de ces pays ne disposait d'armée digne de ce nom. Elles sont rapidement défaites. Le mythe de l'invincibilité de Tsahal est né.

Or, ainsi que me l'a raconté mon ami libanais Hassan Hamade, cette narration est mensongère. En réalité, les chefs d'État arabes étaient déjà acquis à Israël et les juifs n'étaient pas plus vaillants que les arabes. Ainsi l'émir Majid Arslan, qui était le ministre de la Défense libanais, a conduit ses troupes sans rencontrer grande résistance jusqu'à Bethléem, qu'il a libéré. Le président libanais, Béchara el-Khoury, lui ordonna immédiatement d'abandonner le champ de bataille, ce qu'il refusa de faire. Il le destitua, mais celui-ci continua la guerre en tant que simple officier. En définitive, ses troupes ne furent pas vaincues par les juifs de Palestine, mais par l'armée «jordanienne» commandée par un général britannique, John Bagot Glubb (dit «Glubb Pacha») et une centaine d'officiers britanniques. En réalité, la Jordanie n'avait aucun soldat, mais la Légion arabe composée par les Britanniques durant la Seconde Guerre mondiale, avait le premier jour de la guerre changé de nom en «armée jordanienne», tout en conservant ses officiers britanniques. Ce sont les Anglais et les Jordaniens qui ont sauvé Israël dès sa création, comme ils viennent de le sauver à nouveau lorsque l'Iran l'a attaqué le mois dernier. Cette guerre n'était pas une tentative d'écraser Israël, mais la première manifestation du sionisme arabe.

Les Nations unies, inquiètes de ces développements dépêchèrent un envoyé spécial, le Suédois Folke Bernadotte, pour récupérer la situation après le coup de force israélien et la guerre israélo-arabe. Dès son arrivée, il comprend que la Commission spéciale qui a élaboré le plan de partage ignorait les réalités démographiques : les Israéliens revendiquent un territoire disproportionné à leur nombre et bénéficient du soutien de gouvernements arabes sionistes qui ont d'abord prétendu jouer les bons offices et ensuite mener une guerre.

Le 17 septembre 1948, les «sionnites révisionnistes» (c'est-à-dire les fascistes juifs) assassinent Folke Bernadotte et le chef des observateurs de l'ONU, le colonel français André Serot. Mon grand-père maternel, Pierre Gaïsset, se trouvait dans la voiture suivante. Il n'a pas été blessé et a remplacé le colonel Serot dans ses fonctions. L'assassin, Yehoshua Cohen, ne sera pas inquiété. Il deviendra deux ans plus tard, le garde du corps attitré du Premier ministre David Ben Gourion. Le chef des «sionnites révisionnistes», Yitzhak Shamir, est immédiatement nommé à la tête d'un département du Mossad. Il mènera des actions secrètes pour le compte du Royaume-Uni et des États-Unis durant toute la Guerre froide, du Guatemala au Congo, puis il deviendra Premier ministre (1983-84 et 1986-92).

Le 29 novembre 1948, le gouvernement Ben Gourion, qui prétend rechercher les assassins de Folke Bernadotte et d'André Serot, dépose une demande d'adhésion aux Nations unies assortie d'une lettre déclarant «que l'État d'Israël accepte par la présente, sans réserve aucune, les obligations découlant de la charte des Nations unies et qu'il s'engage à les observer du jour où il deviendra Membre des Nations unies». Convaincue, le 11 mai 1949, l'Assemblée générale des Nations unies accepte6. Plusieurs États demandent aujourd'hui, au vu du non respect systématique par Israël de son engagement, que son adhésion soit «suspendue».

L'opération «Déluge d'al-Aqsa»

Venons-en à la période actuelle. Le 7 octobre 2022, la Résistance palestinienne, à l'initiative du Hamas, a lancé une vaste opération contre une base militaire israélienne et également contre des civils. En droit international, les arabes de Palestine forment une «population occupée», au sens des Conventions de Genève Ils ont donc le droit d'attaquer Israël. Cependant, ils ne peuvent attaquer que des cibles militaires, pas des Kibboutz, ni des raves. Le but de l'opération était de faire des prisonniers militaires, et éventuellement aussi des otages civils, afin de négocier la libération des otages palestiniens en Israël, c'est-à-dire des prisonniers administratifs. On ignore le nombre de prisonniers et d'otages qu'ils ont pris, et encore plus la répartition des civils et des militaires. Selon le Hamas, plus de 30 officiers seraient retenus.

Cette opération, «Déluge d'al-Aqsa», a été préparée durant les trois dernières années au vu et au de tous7. Des centaines de kilomètres de tunnels ont été creusés au moyen de tunneliers qui n'ont pu entrer à Gaza qu'avec l'approbation des douanes israéliennes. Au moins 1 million de mètres cubes de terre et de gravois ont dû être évacués sous les yeux des services de sécurité israéliens. Plusieurs camps d'entraînement ont été construits et des entrainements de deltaplane ont été réalisés. Non seulement les services de Renseignement israéliens ont observé tout cela, mais d'autres puissances aussi, comme l'Égypte et les États-Unis. De très nombreux rapports ont été envoyés au Premier ministre, Benjamin Netanyahou. Pourtant, celui-ci n'a pas réagi. Pire, il a révoqué son ministre de la Défense, le général Yoav Galland, en août 2023, parce que celui-ci se plaignait de cette absence de réaction en conseil des ministres. Cependant, compte tenu des réactions du public à ce limogeage, il préféra le réintégrer plutôt que d'avoir à en expliquer le motif.


Israël a accusé le journaliste qui a publié des photographies du 7 ocotbre, bien avant
que les services de sécurité n'interviennent, d'être un membre du Hamas.

Les différentes factions palestiniennes (Jihad islamique, FPLP et Initiative nationale) ont été réveillées par le Hamas à 4h30 pour participer à une opération débutant à 6h30 (c'est-à-dire avant le lever du soleil). Elle a débuté par la destruction de tous les robots de surveillance du Mur de séparation. Donc, dès 6h30, l'alarme était donnée. À 8h00, les agences de presse du monde entier commençaient à diffuser des images de l'attaque8. Pourtant, les forces de sécurité israéliennes ne sont pas intervenues avant 9h45.

Dès le début de leur intervention, les Forces de Défense israéliennes (FDI) ont appliqué la «directive Hannibal» ; une instruction qui ordonne de tuer ses propres militaires plutôt que de les voir faits prisonniers par l'adversaire. Les chiffres des victimes israéliennes diffusées par le gouvernement israélien ne distinguent pas celles qui sont imputables aux attaquants de celles qui le sont aux défenseurs. Identiquement, le gouvernement israélien a fait état d'exactions que des combattants n'ont en principe pas le temps de perpétrer durant une attaque surprise. La Mauricienne Pramila Patten, rapporteuse spéciale des Nations unies sur les violences sexuelles, a auditionné les victimes et les témoins de l'opération Déluge d'al-Aqsa. Elle a conclu que quelques exactions sexuelles ont pu être commises, mais que les accusations les plus graves (notamment la castration de soldats) n'étaient pas crédibles9. Les rapports de décapitation de bébés ont été retirés après une enquête d'Al-Jazeera.

L'opposition israélienne se refuse pour le moment à aborder la question du rôle éventuel du Premier ministre dans l'organisation de cette opération. Elle doit pourtant être posée : Benjamin Netanyahou est le fils du fasciste Benzion Netanyahou, secrétaire particulier de Vladimir Jabotinsky (l'allié de Benito Mussolini, mort au début de la Seconde Guerre mondiale). Il a toujours exprimé son admiration pour ces deux hommes.

Benjamin Netanyahou a toujours soutenu le Hamas, comme un allié tactique permettant de combattre le Fateh de Yasser Arafat. Or, jusqu'en 2017, le Hamas s'affichait comme la «branche palestinienne de la Confrérie des Frères musulmans». Cette organisation a été restructurée en 1949 par les services secrets britanniques sur le modèle de la Grande Loge Unie d'Angleterre10. En 1950, elle a été intégrée au dispositif anglo-saxon de la Guerre froide. C'est à ce moment-là que Sayyed Qutob, le théoricien du jihad, en est devenu la vedette. Certes, en 2017, des gazaouis qui souhaitaient défendre leur pays y ont adhéré, mais ils ont réclamé que le Hamas rompe avec les Frères musulmans et les Britanniques. En définitive, les deux courants ont coexisté11. Le 19 octobre 2022, le président syrien, Bachar al-Assad a reçu Khalil Hayya, leader du courant révolutionnaire du Hamas. Mais il a refusé de recevoir Ismaël Haniyeh et Khaled Mechaal, leaders du courant frériste du Hamas12. D'un point de vue arabe, il n'y a donc pas un Hamas, mais deux. En effet, durant toute la guerre en Syrie, le Hamas s'est battu aux côtés d'Al-Nosra (la branche syrienne d'Al-Qaïda), des FDI et des forces spéciales de l'OTAN, contre la République arabe syrienne. Le 9 décembre 2012, des éléments du Hamas étaient notamment venus assassiner à Yarmouk (banlieue de Damas) des leaders du Front de libération de la Palestine (FPLP), dont un de mes amis.13



Non seulement il est faux d'attribuer l'attaque du 7 octobre au seul Hamas, mais il est également faux d'ignorer qu'il y a deux Hamas. Ces mensonges permettent de présenter l'opération «Déluge d'al-Aqsa» comme un vaste pogrom antisémite, selon les mots du président Emmanuel Macron, alors qu'il s'agit d'un acte de Résistance, ainsi que l'a souligné Francesca Albanese, rapporteuse de l'Onu sur les Droits de l'homme dans le territoire palestinien occupé.

Le massacre des Gazouis avec les Anglo-Saxons

Nous sommes témoins du massacre de 35 000 personnes, de la disparition sous les décombres de 13 000 autres, des graves blessures physiques de 120 000 encore. Toute personne ayant des sentiments humains ne peut qu'être horrifiée. Ceci n'a aucun rapport avec l'identité des victimes, c'est juste une question d'humanité.

Selon le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, il s'agit juste d'une opération de police visant à arrêter les assaillants du 7 octobre, mais tout le monde a compris qu'il n'y aucun rapport entre cette attaque et l'opération israélienne actuelle. Celle-ci vise juste à rendre la vie des gazaouis insupportable jusqu'à ce qu'ils partent d'eux-mêmes. Ce programme était celui de Vladimir Jabotinsky et de son secrétaire, Benzion Netanyahou. Il avait validé par, le négociateur avec les nazis et néanmoins fondateur d'Israël, David Ben Gourion.

Tout au long de ce massacre et aujourd'hui encore, les Anglo-Saxons fournissent des armes à Israël pour le perpétrer.

Cependant, alors que des manifestations ont commencé dans des universités états-uniennes contre le sang versé et qu'elles se généralisent dans le pays puis en France, l'Administration Biden a envisagé de démettre Benjamin Netanyahou au profit du général Benny Gantz. Certes, en droit cette décision ne lui appartient pas, mais Washington a un long passé de coups d'État et de révolutions colorées. Le secrétaire d'État, Antony Blinken, l'a donc invité pour «échanger sur la situation». Benny Gantz a accepté tout en organisant une entrevue avec l'Administration Sunak durant son voyage de retour. Mais les choses se sont mal passées14 : Benny Gantz a parfaitement compris que Washington lui demandait d'arrêter le massacre, ce qu'il approuvait, mais il a tenu à informer ses interlocuteurs de sa volonté de protéger son pays en détruisant le Hamas. Ses interlocuteurs interloqués comprirent que ce n'était pas «un fils de pute, mais notre fils de pute», selon l'expression du président Franklin D. Roosevelt. Ils prévinrent immédiatement le Premier ministre britannique, Rishi Sunak. Lorsque Benny Gantz arriva à Londres rencontrer le conseiller spécial de Sécurité, Sunak s'invita à leur réunion. Il tenta d'expliquer à Benny Gantz, à son tour interloqué, qu'on ne devait pas toucher aux «fils de pute» du Hamas, parce que certains d'entre eux sont «nos fils de pute». Les Anglo-Saxons n'ont donc pas renversé Benjamin Netanyahou.


Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, est venu dire à
Benny Gantz de ne pas toucher à notre Hamas.

Vu de Londres et de Washington, les massacres de civils sont déplorables, mais ne sont que des variables d'ajustement. Dans l'état actuel, Israël est un État indispensable. S'il était pacifié et devenait normal, il ne servirait plus à rien. Comme la République des Corsaires au XVIIIe siècle, Israël permet les plus vastes opérations de blanchiment d'argent et sert de refuge à certains des plus grands criminels de la planète.

Un responsable de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) m'a raconté avoir été serveur au bar de l'hôtel King David à Jérusalem. Un jour, il a été témoin de l'arrivée de quelques diamantaires, venus sans passer par les douanes et véhiculés sous escorte militaire. Ces hommes et quelques clients ont échangé des diamants et de l'argent liquide, puis sont repartis incognito. Ce genre de deal ne pourrait avoir lieu dans aucun autre État.


Thierry Meyssan

source : Réseau Voltaire
illustration : Derrière les paravents, le prince de Galles (protecteur des Frères musulmans), voit Dieu et devient le roi Charles III.



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Afrique / Les États-Unis et la Russie s’...
Last post by JacquesL - 08 Mai 2024, 11:24:27 PM
Les États-Unis et la Russie s'affrontent au Niger

Par M.K. Bhadrakumar – Le 7 mai 2024 – Source Indian Punchline



Une telle chose ne s'est jamais produite au cours des cent dernières années, depuis que les États-Unis ont quitté l'hémisphère occidental en tant que puissance impériale : l'irruption d'un adversaire dans l'une de leurs bases militaires à l'étranger.

Une base militaire est considérée comme un territoire souverain et une entrée non autorisée constitue un affront, en particulier de la part de la Russie, une superpuissance rivale. Pourtant, Washington et Moscou minimisent la cohabitation de leur personnel militaire dans la base aérienne américaine située près de Niamey, capitale du Niger, connue sous le nom de base aérienne 101.

Dans la cacophonie de la guerre par procuration en Ukraine, on a peut-être oublié que le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de "problème significatif" dans cette cohabitation au Niger. Austin a expliqué : « Les Russes se trouvent dans une enceinte séparée et n'ont pas accès aux forces américaines ni à notre équipement. Je me concentre toujours sur la sécurité et la protection de nos troupes. Mais pour l'instant, je ne vois pas de problème significatif en termes de protection de nos forces. »

Cette retenue inhabituelle du chef du Pentagone s'explique probablement par le fait que Washington n'est pas en mesure d'expulser les Russes maintenant que les autorités nigériennes ont annulé les accords sur le statut des forces conclus avec les États-Unis.

D'autre part, le personnel militaire russe – qui proviendrait du nouveau Corps africain comprenant l'ancien Groupe Wagner – est arrivé au Niger il y a environ trois semaines à l'invitation du gouvernement nigérien.

Washington a également dû tenir compte du fait que l'armée nigérienne, qui avait par le passé travaillé en étroite collaboration avec les États-Unis, tout en cherchant à coopérer avec la Russie, n'est pas allée aussi loin que les voisins militaires du Mali et du Burkina Faso, qui se sont tournés vers Moscou. On peut dire que c'est le signe du plan de "diversification des partenariats internationaux" du Niger qui maintient ouvertes les perspectives d'un retour des États-Unis.

Quoi qu'il en soit, Austin doit être conscient que l'impasse dans laquelle se trouvent les liens entre les États-Unis et le Niger est largement imputable à la mauvaise gestion du département d'État, qui a officiellement qualifié de "coup d'État" la prise de pouvoir par les militaires à Niamey en juillet dernier. Le Rubicon a été franchi en octobre lorsque Washington a déclenché des lois limitant le soutien et l'aide militaires qu'il peut fournir au Niger.

Cette mesure punitive ignorait que le Niger restait un partenaire et un allié clé dans une région balayée par des coups d'État ces dernières années, où les États-Unis avaient investi plus de 100 millions de dollars dans leur base d'Agadez, qui a joué un rôle essentiel dans les opérations de drones américains au Sahel, et versé des centaines de millions de dollars dans les programmes de formation de l'armée nigérienne depuis 2013.

Avec le recul, on constate que certains des putschistes ont été formés dans des académies militaires américaines. En bref, le département d'État a tout gâché. C'est après une réunion houleuse à Niamey à la mi-mars, lorsque de hauts fonctionnaires américains se sont opposés à l'arrivée attendue des forces russes, que les généraux nigériens ont décidé que c'en était assez et ont demandé le retrait des troupes américaines. Washington ne s'attendait pas à ce qu'une chose aussi extrême se produise.

Il ne fait aucun doute que les Russes (qui n'avaient même pas d'ambassade à Niamey) sont venus préparés pour le long terme. Les "formateurs" militaires russes ont même apporté avec eux un système de défense aérienne. Interrogé sur ce déploiement, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a toutefois répondu : "Nous développons des liens avec différents pays africains dans tous les domaines, y compris dans le domaine militaire. Ils s'y intéressent, nous nous y intéressons aussi. Et nous continuerons à développer nos relations avec les États africains".

La Russie profite de l'alignement des opportunités suite à une conversation téléphonique entre le chef du régime militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani, et le président Vladimir Poutine, le 26 mars, sur le "renforcement de la coopération en matière de sécurité". Moscou avait déjà encouragé la formation de l'Alliance des États du Sahel, un pacte de défense mutuelle créé entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso en septembre de l'année dernière, neutralisant ainsi la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui est dans l'orbite de l'Occident, et avait à un moment donné caressé l'idée d'une intervention militaire au Niger (avec le soutien de la France) pour restaurer l'ancien régime du président déchu, Mohamed Bazoum, qui est en détention.

Il est évident que le Corps d'armée russe pour l'Afrique a du pain sur la planche – un grand défi l'attend alors que Moscou assume le rôle de pourvoyeur de sécurité. Plus les États-Unis deviennent paranoïaques à l'égard du commerce extérieur de la Russie dans les conditions prévues par les sanctions, plus l'Afrique devient un partenaire important dans le plan de Moscou. Il semblerait que la Russie coordonne une stratégie de sécurité régionale en Afrique de l'Ouest.

En aval, Washington semble avoir entrepris une évaluation honnête de ce qui a mal tourné avec le Niger. La semaine dernière, la chaîne PBS a organisé une interview passionnante sur ce sujet brûlant avec Peter Pham, ancien ambassadeur américain et envoyé spécial pour la région du Sahel. L'ambassadeur Pham a fait remarquer que l'expulsion des deux bases du Niger "constituera une perte et un revers très importants".
Il a admis avec une extraordinaire candeur que "nous [les États-Unis] aurions pu être plus attentifs au fait que des vents de changement balayaient l'Afrique".

"Les élites politiques sont largement discréditées dans les pays du Sahel. Ce n'est pas parce qu'il y a un renversement de gouvernement supplémentaire que ce qui a précédé était nécessairement une démocratie à la Jefferson. Et puis, très franchement, nos amis et alliés français sont des partenaires, mais ils ont un lourd passif dans cette région. Ils font l'objet d'un malaise généralisé. L'association [avec la France] a été quelque peu entachée. Nous aurions probablement pu mieux gérer la situation en étant attentifs à ce qui se passait, à la dynamique, et en nous engageant auprès des régimes qui ont émergé... La région connaissait une crise de légitimité de l'État. Les gouvernements ne fournissaient pas les biens, les services et la protection de base à leur population. Les gens veulent de la protection, de la sécurité".

Pham a souligné : "La grande erreur que nous commettons est d'essayer de les forcer à nous choisir ou à choisir l'autre... Mais ils [la Chine et la Russie] proposent des solutions plus rapides. Nous leur disons [aux élites africaines] 'nous ou eux' très souvent. Parce qu'elles [la Russie et la Chine] peuvent fournir des solutions rapides et immédiates, la junte ou d'autres dirigeants optent facilement pour elles... À court terme, ce qu'elles fournissent à ces nouveaux régimes, aux régimes militaires, c'est une couverture de sécurité. Il s'agit de la survie du régime". (ici)

Les remarques de l'ambassadeur sont fondées. Par ailleurs, la China National Petroleum Corporation a investi près de 5 milliards de dollars dans l'industrie pétrolière du Niger et a construit un oléoduc de 2000 km de long entre le Niger, pays enclavé, et la côte atlantique du Bénin, tout en détenant deux tiers des parts dans les champs pétrolifères d'Agadem. Le mois dernier, la CNPC a signé un accord avec Niamey portant sur un prêt de 400 millions de dollars, considéré comme une "bouée de sauvetage" après que les généraux ont coupé les liens avec la France et les États-Unis. Ce prêt doit être remboursé par des livraisons de pétrole brut dans les douze mois, à un taux d'intérêt de 7 %.

Ce qui reste dans la zone grise, c'est la mesure dans laquelle la Russie et la Chine pourraient coordonner leurs actions. Mais cela relève du domaine de la géopolitique. Les intérêts de la Russie sur la côte ouest de l'Afrique semblent résider dans la conclusion de pactes militaires, diplomatiques et économiques avec les dirigeants de ces nations en échange d'un accès stratégique à l'océan Atlantique. Et, bien sûr, à l'est, le Niger et le Tchad bordent le Soudan, où la Russie cherche à établir une base sous-marine dans la mer Rouge. Cette situation a de profondes implications géopolitiques.

Il est significatif que, dans les meilleures traditions du grand jeu, l'ambassadeur Pham n'ait pas perdu son souffle pour vilipender la Russie. En revanche, le département d'État a fait savoir qu'il préparait déjà un réengagement avec le régime de Niamey. Le secrétaire d'État adjoint Kurt Campbell "se rendra à Niamey dans les prochains mois pour discuter de la collaboration en cours dans des domaines d'intérêt commun".

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-et-la-russie-saffrontent-au-niger