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jacquesloyal

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Claude n'est plus. Eloge funèbre.

Démarré par JacquesL, 23 Décembre 2006, 11:18:22 AM

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JacquesL

Dans une génération qui pratiquait volontiers le mensonge et la dissimulation pour sa convenance personnelle, Claude était celle qui ne mentait pas, qui ne trichait pas. Claude ne cachait guère ni ses souffrances, ni ses plaisirs.
Elevée dans le catholicisme, Claude en ignorait le prosélytisme, n'en retenant qu'un sens général du devoir et des obligations, et l'esprit de faire du bien autour d'elle.
Armée d'humour, Claude avait plein accès à la résipiscence discrète. S'il lui arrivait de manifester du mépris pour quelqu'un, c'était justement sur un manquement aux devoirs élémentaires, sur une inéducation au sens des obligations.
Claude ne pratiquait pas le commérage, et n'éprouvait pas d'attirances pour ces jeux de pouvoir par les cercles de médisance et de calomnie qui font ce charme discret des bourgeoises entre elles. On ne pouvait pas faire entrer Claude dans un complot, et cela fait grand contraste... En échange, Claude ne mesurait pas l'usage de commérage que Madame Mère (ma mère) pouvait faire d'une appréciation sur tel ou tel enfant, peu éduqué à la propreté corporelle.

Attentive autour d'elle, Claude donnait nettement plus d'attentions qu'elle n'en recevait elle-même. A ma jeune épouse et à moi-même, Claude donnait l'exemple de la générosité et de l'accueil, exemple qui n'a pas été suivi.

Nous n'oublierons pas Claude confiant combien elle avait été malheureuse quand un de ses fils, Christophe, avait progressé dans son élocution de débutant, et n'avait plus prononcé "i" pour "oui". Nous n'avons pas oublié le même, qui en désaccord avec sa maman, a réinventé à sa façon le plus célèbre discours du 18 juin, celui prononcé par le général Cambronne à Waterloo, 18 juin 1815 : "Gros popo !".

La dernière fois que j'ai vu Claude, c'était vers février 1999 (ou 2000 ?) et j'ai tout ignoré du calvaire de ses dernières années, son supplice sous détresse respiratoire.
Nous n'oublierons pas non plus ce que nous avons appris tardivement : combien, de notoriété publique, Claude était bafouée dans sa vie conjugale.
Quoique la source soit non vérifiable et non fiable, nous n'oublions pas non plus que selon Madame Mère, une femme qui devrait être Claude au temps où elle habitait rue du Général Durand, était venue la voir en disant "Grâce au ciel je n'ai jamais su viser, je viens d'envoyer un fer à repasser à la tête de mon mari !". Claude a démenti que ce soit elle, mais le doute subsiste néanmoins, car il semble bien que François l'ait amplement mérité, ce fer à repasser, pour un certain égoïsme et une certaine désinvolture...

Des enseignements ?
Oui, bien sûr celui que Yul Brynner nous avait donné publiquement en fin de vie : Don't smoke !.
Aussi le dynamisme que cette vieille veuve avait continué de manifester, pour tirer le dernier carat de son troisième âge.
La gentillesse et l'humour, le devoir et l'organisation sans faille, du début à la fin.

Telle était Claude que nous n'oublierons pas.