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Lieberman : plus Poutine que Raspoutine.

Démarré par JacquesL, 19 Février 2009, 10:18:55 AM

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JacquesL

http://www.lefigaro.fr/international/2009/02/14/01003-20090214ARTFIG00223-lieberman-le-raspoutine-israelien-.php

CiterAvigdor Lieberman,
le «Raspoutine» israélien
De notre envoyé spécial à Jérusalem, Pierre Prier
16/02/2009

Avigdor Lieberman, vu comme un «fasciste» par la gauche israélienne, a fait de son parti le troisième d'Israël. Adepte des déclarations à l'emporte-pièce, cet immigré de l'ex-URSS ne séduit pas seulement les Israéliens d'origine russe. Portrait d'un homme politique autoritaire, en position de dicter sa loi sur la scène israélienne.

Il est «le diable» pour le rédacteur en chef du quotidien Haaretz. Un «fasciste», l'homme qui va «repeindre Israël en brun» pour l'ancien ministre travailliste Yossi Sarid. Le succès d'Avigdor Lieberman fait peur à la gauche israélienne. Mais pas à une bonne partie de l'électorat. Avec 15 sièges sur 120, contre 11 dans la précédente Knesset, le leader d'Israël Beteinou («Israël notre maison») s'est imposé comme un «faiseur de roi». La prochaine coalition gouvernementale, quelle que soit sa forme, pourra difficilement se passer de lui. Impossible d'ignorer cet immigré de l'ex-URSS, souvent surnommé «Raspoutine», qui est passé devant le parti travailliste fondateur du pays, en récoltant 12 % des voix. Et même plus si l'on ne prend en compte que les électeurs juifs, les citoyens arabes d'Israël ayant cette fois voté pour leurs propres partis.

Ce succès bouleverse les habitudes israéliennes et annonce sans doute une nouvelle ère. Après les héros, les hommes ordinaires. Ariel Sharon, le dernier combattant de 1948 à avoir dirigé le pays, le général audacieux et médiatique, flotte entre la vie et la mort dans une chambre de l'hôpital Tel Hashomer, à Tel Aviv. Ses successeurs, hormis le grand vaincu travailliste Ehoud Barak, ont été des soldats sans éclat. Lieberman, venu à 20 ans de l'ex-Moldavie soviétique, où il aurait été videur de boîte de nuit, a accompli un service militaire obscur dans l'artillerie. Souvent qualifié de «tribun», il n'en a en réalité pas le charisme. Épais, affublé d'un collier de barbe de boutiquier, il s'exprime dans un hébreu souvent hésitant, mâtiné d'un fort accent russe. Son pouvoir d'attraction réside plutôt dans ses formules outrancières. Un catalogue de «y'a qu'à», avec une obsession particulière pour l'arme nucléaire. Il a jadis préconisé d'utiliser la bombe atomique contre Téhéran et contre le barrage d'Assouan en Égypte. Récemment encore, le 13 janvier à l'Université de Tel Aviv, il a conseillé de «combattre le Hamas comme les États-Unis ont combattu les Japonais. Les Américains ont vaincu le Japon sans invasion terrestre, rendant une occupation superflue». Ce qui n'empêche pas l'emploi de méthodes plus artisanales. En 2003, il avait suggéré que des prisonniers palestiniens remis en liberté soient «transportés en autocar vers la mer Morte, pour y être noyés». Les Arabes, à l'extérieur comme à l'intérieur, sont son fonds de commerce. Opposé au retrait de Gaza et à la paix avec l'Égypte et la Jordanie, il surnomme en Israël les députés arabes de la Knesset «le département de la terreur». Lieberman a apostrophé un jour le député arabe Mohammed Barakei de cette façon : «Dans un pays communiste, ils vous auraient envoyé au peloton d'exécution.» Sa campagne reposait principalement sur la suppression de la citoyenneté à tout Arabe israélien qui refuserait de reconnaître solennellement Israël comme «État juif». Sur ses affiches électorales, on lisait : «Lieberman, le seul qui sait parler l'arabe», autrement dit le seul qui sait ce qu'il faut faire avec «eux».

Mais l'homme est plus complexe que sa caricature. Un professionnel de la politique partisane, non-conventionnel et brutal. Il a émis une proposition inédite pour résoudre le «problème» des Arabes israéliens : échanger la partie d'Israël dans laquelle ils vivent, principalement au nord du pays, contre les colonies de Cisjordanie, dans les Territoires palestiniens. Il s'est même dit prêt à abandonner sa maison de Noqdim, dans une colonie au sud de Jérusalem. Ce qui fait de lui l'ennemi juré des colons militants, adeptes du «Grand Israël». Tout autant que son idéologie laïque, héritée de l'ex-URSS, qui lui a fait recommander le mariage civil, inconnu en Israël. Ou la suppression des allocations familiales aux ultraorthodoxes qui ne font pas l'armée. Lieberman se pose en provocateur : «J'ai toujours été dérangeant et controversé ; pour moi, ce qui est dérangeant est positif.» Après une jeunesse mouvementée - étudiant en relations internationales à l'Université de Jérusalem, il adhère au parti raciste Kach, aujourd'hui interdit, et fait le coup-de-poing contre la gauche -, Lieberman rejoint le Likoud, le grand parti de droite. Expert en organisation, il est l'un des artisans de la victoire de Nétanyahou en 1996. Il se voit récompensé par un poste de directeur de cabinet. Position qu'il utilisera pour réduire l'influence des députés et celle des rivaux de Nétanyahou, au nombre desquels Ariel Sharon. Nétanyahou sera finalement obligé de se séparer de cette âme damnée qui s'est fait trop d'ennemis. Et qui est abonnée aux enquêtes de police pour corruption. Cela ne réduira pas sa popularité ni ne l'empêchera de poursuivre une carrière de député, deux fois élu sous la bannière d'Israël Beteinou, fondé en 1999. Il est deux fois ministre, des Infrastructures puis des Transports, mais limogé par Sharon en mai 2004 à cause de son opposition à l'évacuation des colons de la bande de Gaza.

Sa pensée est structurée autour de grands axes : un «pouvoir fort» et laïque, destiné à mettre fin aux chaos de la politique israélienne. Un premier ministre élu, doté de pouvoirs étendus, au détriment de ceux de la Knesset. Un système en réalité plus autoritaire que fasciste, plus Poutine que Raspoutine. «Je suis en faveur de la démocratie, mais quand il y a une contradiction entre la démocratie et les valeurs juives, les valeurs juives et sionistes sont plus importantes.» Ses adversaires ne le sous-estiment pas. «Il est très sophistiqué, dit un conseiller travailliste, mais c'est un homme qui voit le monde en noir.» Adepte de la séparation des peuples, qui selon lui ne peuvent s'entendre, il cite souvent en exemple Chypre, l'Irlande et la Tchétchénie. Politicien astucieux, il a bien compris le parti qu'il pouvait tirer du désarroi des électeurs face aux impasses du processus de paix. Mais aussi du basculement de l'État socialiste vers un néolibéralisme avare en prestations sociales. Ses électeurs ne se recrutent pas seulement chez le million d'immigrés russes, mais aussi chez les laissés-pour-compte d'Israël, abandonnés par un parti travailliste qui n'est plus celui des kibboutz et du socialisme. «Son idée de refuser la citoyenneté aux Arabes israéliens sert en fait à promettre aux Israéliens juifs de leur réserver les prestations sociales, sans revenir sur la privatisation de l'économie», écrit dans Haaretz Daniel Gutwein, professeur d'histoire à l'Université de Haïfa. La politique israélienne doit tenir compte de ce redoutable manœuvrier. Même si une nouvelle enquête sur des malversations supposées devrait l'empêcher de devenir ministre de la Justice, de l'Intérieur ou des Finances.