Elie Arié : Le lobby médical a gagné.

[JacquesL]

Cet échange sur Usenet, fr.bio.medecine :

Je m'étais suffisamment fait traiter de divers noms d'oiseau pour avoir soutenu que la "loi Bachelot" comportait -à ma grande surprise- quelques courageuses avancées contre les acquis du corporatisme médical, auquel la gauche n'avait osé jamais s'attaquer.

Hélas, voilà que, progressivement, les choses "rentrent dans l'ordre", et que le gouvernement s'aligne sagement sur les souhaits des syndicats de médecins les plus réactionnaires, renonçant à se mettre à dos cette clientèle électorale traditionnelle de la droite- comme il l'avait fait pour les chauffeurs de taxi.

Déjà, au premier froncement de sourcil des syndicats de spécialistes, Mme Bachelot avait retiré la disposition imposant aux médecins exerçant dans des cliniques en situation de monopole dans certaines zones d'y pratiquer au moins un certain pourcentage d'actes au tarif conventionnel, sans dépassements d'honoraires: bataille perdue, donc, avant même d'avoir été livrée...

Et voilà que la Commission des affaires sociales du Sénat vient de mettre fin à un certain nombre d'autres dispositions, censées "garantir l'accès à tous à des soins de qualité".

La Commission a retoqué un certain nombre de dispositions qui avaient fâché les médecins libéraux. Elle est même parfois allé plus loin que les /désiderata/ des syndicats. Ainsi pour ne pas que le parcours de soins se transforme en filière de soins, la commission a inscrit dans le code de la santé publique la possibilité d'un accès direct aux gynécologues, ophtalmologues et psychiatres « /sans prescription du médecin traitant ou en l'absence du choix d'un médecin traitant/ ».

Autre très bonne nouvelle relativement inattendue : la commission a supprimé le caractère obligatoire du « contrat santé solidarité » destiné à faire participer les médecins des zones à très forte densité médicale à la satisfaction des besoins des zones déficitaires. la taxe Bachelot qui devait pénaliser ceux qui refuseraient de prêter main-forte à leurs confrères des zones déficitaires est supprimée, il n'est plus question de contraindre qui que ce soit.

Il en va de même pour la principale mesure incitative concoctée par les députés – la bourse d'étude d'un montant mensuel de 1200 euros- rendue à la fois encore plus attractive ...mais moins contraignante : elle limite désormais le « /montant de l'indemnité due en cas de non-respect de l'obligation d'exercice dans les zones déficitaires par les médecins ayant signé un contrat d'engagement de service public pendant la durée de leurs études au seul montant des sommes perçues et non au double de celles-ci/ ». Autrement dit, si finalement les internes qui ont perçu cette allocation pendant leurs études n'ont plus envie de s'installer dans une zone déficitaire, il leur suffit de rembourser.

Enfin, les sénateurs ont également supprimé le projet de testing de la loi, destiné à repérer les médecins qui refuseraient des soins pour des motifs discriminatoires, notamment aux bénéficiaires de la CMU.

Il est vrai que rien ne garantit que les sénateurs adoptent tous ces amendements en séance à partir de mardi prochain. Mais on doute que les sénateurs aient agi complètement en franc-tireur dans la mesure où la Ministre en personne, contrairement aux usages, a assisté à une partie des travaux de la commission...

Je m'étais beaucoup amusé lorsque Samuel Delerme avait raconté ici que, le 28 Avril, certains médecins dont il connaissait les opinions hyper-réactionnaires manifestaient entre les pancartes de la CGT et celles de SUD; j'avais tort de sourire: ils ont gagné sur toute la ligne...eux! Ils pourront remercier tous ceux qui ont si naïvement soutenu "leur juste combat contre la casse de la médecine publique"...et qui devront, maintenant, y être encore plus de leur poche lorsqu'ils devront avoir recours à leurs services. Mais peut-on faire le bonheur des gens malgré eux?

le 28 Avril, certains médecins dont il connaissait les opinions
hyper-réactionnaires manifestaient entre les pancartes de la CGT et
celles de SUD;<

Il a juste dit qu'ils étaient Sarkozystes.
On sent bien là votre sens de la mesure.

> le 28 Avril, certains médecins dont il connaissait les opinions
> >hyper-réactionnaires manifestaient entre les pancartes de la CGT et
> >celles de SUD;<
> >
> >Il a juste dit qu'ils étaient Sarkozystes.

Merci d'approter cette correction.
J'avais copié-collé l'article d'Elie pour l'envoyer à cet ami (qui,
pour être plus précis, avait toujours voté à gauche avant mais avait
voté Sarko dans l'espoir de réformes nécessaires...) et, pour le coup,
c'est moi qui me suis fait traiter de noms d'oiseaux.

"c'est moi, l'hyper-réac ? attends un peu d'avoir besoin d'une place
dans mon service et tu verras ce qu'il va te dire, l'hyper-réac"...