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Des neurotoxiques définitifs ?

Démarré par JacquesL, 15 Novembre 2008, 12:39:28 AM

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JacquesL

Inoubliable est l'humour décapant et irrespectueux de Jay Haley. Dans son "Tacticiens du pouvoir, Jésus-Christ, le psychanalyste, le schizophrène et quelques autres", il détaille les tactiques du pouvoir de quelques personnages et groupes savoureux.
Citation de: Jay haleyPour être schizophrène, il est indispensable d'être issu d'une famille idoine. ... Tous ceux qui ont voulu être schizophrènes sans posséder la famille idoine ont échoué. Ils feront une psychose aiguë à la guerre, ou dans des situations aussi folles ou tragiques, mais ils ne réussiront certes pas à maintenir leurs troubles si l'environnement se normalise. Ceci vaut aussi pour ces multiples drogues hallucinantes dites à tort créatrices de psychose. Non seulement l'expérience toxique est spécifique, mais de plus, ses effets cèdent vite. ... Le vrai bélier qui reste schizophrène une fois que la drogue a été excrétée se distingue aisément du pâle mouton qui redevient alors lui-même. Il possédait la famille idoine et il aurait probablement acquis une schizophrénie, même sans les progrès de la pharmacologie.

Ça nous fait tellement rire, et ça s'inscrit tellement bien dans la critique antipsychiatrique de l'époque... La cause était donc entendue, la vraie schizophrénie est d'origine relationnelle. Point.

Mais je crains que nous n'ayons à réviser nos certitudes. La pharmacologie de l'ennemi semble réussir à faire de plus en plus toxique.

La suite est sous réserve que le journaliste ait correctement compris et retranscrit les débats à la cour d'assises de Draguignan.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/11/14/prostre-et-comateux-un-fou-devant-la-cour-d-assises_1118668_3224.html#xtor=EPR-32280154
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3224,50-1118668,0.html

Citation de: Alain SallesOn a jugé un fou. La présidente de la cour lui demande de raconter sa vie. Question : "Est-ce que vous savez ce que vous avez comme problème ?" Réponse : "Je sais pas." Il a des souvenirs plus précis de son enfance et de son arrivée en psychiatrie. Il vivait dans un foyer. Un des résidents lui a mis de l'ecstasy dans sa boisson. "Je suis resté dans mon lit. Le soleil tapait dans les yeux. Je parlais au soleil. La directrice a appelé la police. Ils m'ont amené à l'hôpital et m'ont fait dormir 48 heures. Je me suis réveillé en psychiatrie. C'est là que ça a commencé la psychiatrie."

Les médecins diagnostiquent une schizophrénie. L'homme alterne séjours en hôpitaux psychiatriques - vingt-trois en onze ans - et courts passages en prison. Onze condamnations figurent à son casier judiciaire, généralement pour des actes de menaces, ou des dégradations commises dans les hôpitaux psychiatriques, où il est de plus en plus indésirable. L'hôpital Chalucet de Toulon refuse de le recevoir en mai 2005, alors qu'il demande à être hospitalisé. Il s'énerve, casse une vitre. Il est condamné à huit mois de prison. En arrivant à la maison d'arrêt de La Farlède de Toulon, il met aussitôt le feu à sa cellule. ...

Que le milieu des trafiquants de drogue ait constamment recherché des drogues plus rapidement et plus définitivement addictives, n'est plus un scoop depuis longtemps. On se souvient des fauves rendus insensibles à toute souffrance physique par la phencyclidine, il fallait une demi-douzaine de policiers costauds et un filet d'acier pour les maîtriser et les arrêter. On sait aussi l'addiction éclair du crack.

Dans ma famille étendue, nous avons un ou deux jeunes gens en schizophrénie avec hallucinations, et crises d'agressions à l'arme blanche. Là aussi, l'entrée en schizophrénie est passée par l'exposition aux neurotoxiques : alcool plus cannabis plus quoi encore ?
Et je ne reconnais pas bien la famille schizophrénogène au dessus d'eux. Il manque beaucoup trop de ses caractéristiques schizophrénogènes.

La question reste posée, des dommages cérébraux irréversibles, obtenus en une seule prise de neurotoxiques ad hoc.

Il n'y a pas si longtemps, ma fille cadette se destinait à la carrière de magistrate, et trouvait que si elle pouvait se concentrer sur les gros bonnets et la grande délinquance financière, et laisser filer les petits dealers, elle ferait bonne justice. J'aimerais bien qu'elle intervienne sur ce point, qu'elle réfléchisse à haute voix.
A part cela, je suis soulagé de ne pas être juré à Draguignan ces jours-ci. Je serais très embarrassé avec ce problème impossible, faute de structures de soins carcéraux adéquats, et avec une loi largement inadaptée.