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L’antoedipisation de l’enfant, perversions narcissiques.

Démarré par JacquesL, 13 Octobre 2010, 01:42:44 AM

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JacquesL

Un peu étrange de trouver ce texte chez une motarde enragée. En fait il s'agit d'un rassemblement de copiés-collés pris chez Hurni et Stoll.

http://tatooa.canalblog.com/archives/2006/11/04/3078246.html#comments

CiterL'antoedipisation de l'enfant

Progressivement, la patiente se rendit mieux compte de la dynamique familiale dans laquelle elle était impliquée.  Elle en vint à nous livrer un récit qui démontre une première stratégie incestuelle. Nous l'avons appelée « l'antoedipisation de l'enfant » (Racamier 1989) : il s'agit de manipulation de l'histoire individuelle de l'enfant induisant l'inversion de la responsabilité des générations ; autrement dit, l'enfant se voit imposée une version falsifiée de ses origines, qu'il va reprendre à son actif. Pour la perpétuer, il n'aura d'autre choix que de contrecarrer en lui-même toute pensée autonome.

Voici, dans ce sens, le récit de la mère que la patiente rapporta « Déjà quelques mois après le mariage, j'étais déçue par ton père... ; comme ça n'allait pas bien entre nous, nous avons fait un enfant pour nous souder (il s'agit de la patiente). Mais tu es venue trop tôt, compliquant notre projet d'aller travailler dans un autre pays. Pendant la grossesse, j'ai beaucoup saigné et j'ai dû passer quatre mois couchée, pleine d'angoisse de te perdre, puis finalement tu es venue au monde 10 jours trop tard ! Nous avons du te laisser à l'étranger pendant un an et nous nous sommes énormément culpabilisés de t'abandonner, surtout car tu pleurais beaucoup. Plus tard encore, nous sommes partis à nouveau en voyage en te confiant, à ta grand-mère et nous étions de nouveau très culpabilisés parce que tu pleurais toujours et ne voulais pas dormir. »

En fait, dans le récit de la mère fait de l'enfance de sa fille, celle-ci n'a d'existence que par les répercussions fâcheuses que sa venue au monde a eues sur ses parents et dont elle est rendue responsable ; il ne contient que des faits, des attributions, des reproches et des attaques. On n'y décèle aucune tendresse, ni l'ombre d'un désir. L'attribution qui lui est faite de sa responsabilité d'être au monde et de ses conséquences pour les parents ne lui laisse aucun espace vital. Elle l'exclut de toute chronologie. Ses réactions émotionnelles sont simplement remarquées mais pas réellement prises en compte : seules existent celles de la mère.

Par cette mystification perverse, l'enfant n'a qu'un début, l'acte sexuel, mais pas d'origine psychique dans un désir partagé et assumé par les parents.

Cette thématique se retrouve dans d'autres stratégies, telles que les confidences sexuelles.

Les confidences sexuelles

Sa mère lui avait de tout temps beaucoup parlé des difficultés relationnelles et sexuelles de sa vie de couple. Elle lui avait confié, lorsqu'elle avait à peine 10 ans : « ton père a des problèmes pour jouir et autrefois il a dû consulter un sexologue. »

Cette confidence intempestive avait eu sur la patiente l'impact d'un véritable désaveu du père géniteur. Elle n'est de loin pas anodine et porte atteinte à l'un des fantasmes que Freud appelait originaires (la « scène primitive »), autrement dit à l'un des éléments essentiels du psychisme de l'enfant.

A la suite de l'intervention d'un médecin consulté à l'époque, la mère s'était excusée auprès de sa fille de ses confidences inopportunes, ce qui ne l'avait pas empêchée de persévérer, comme si de rien n'était, en lui racontant, dans les détails, pourquoi elle et son père n'avaient plus de relations sexuelles depuis un certain temps. Cette forme de persévération qui fait juste semblant de tenir compte des points de vue de l'interlocuteur mais qui surenchérit dès que l'autre a baissé sa garde, est une stratégie perverse narcissique très fréquente (peut-être aussi dans d'autres domaines, comme par exemple en politique)

Coalitions

D'autres stratégies utilisaient, pour détruire la sexualité de l'enfant, des mises en scènes de coalition avec lui contre l'autre parent. Ainsi une grave crise conjugale avait-elle secoué le couple parental lorsque la patiente était adolescente. A cette occasion sa mère lui avait appris que son père avait eu une liaison ; Qu'elle aussi d'ailleurs avait eu un amant d'un soir, et qu'enfin les amis de ses parents qu'elle connaissait bien se trompaient réciproquement. Cette forme d'implication de l'enfant dans la vie sexuelle adulte eut pour effet de saccager ses idéaux sur la vie de couple.

On voit que ces confidences correspondent à une stratégie incestuelle particulièrement retorse ; elles appartiennent au genre qu'on pourrait appeler le « cadeau empoisonné ». En effet, recevoir une confidence d'un adulte est apparemment flatteur ; en réalité, ce type d'épanchement détruit le développement sexuel de l'enfant.

D'autres mécanismes incestuels

Au fil de son traitement, la patiente évoqua des stratégies incestuelles de plus en plus directes visant la captation de la sexualité de l'enfant.

En effet, elle raconta que sa sexualité était l'objet constant de l'intérêt de ses parents. Ils ne lui en dépeignaient qu'une image terrifiante, en fonction des risques de grossesse et de SIDA. C'était eux qui se préoccupaient à outrance des précautions qu'elle aurait du ou devait prendre, qui l'interrogeaient sans relâche à ce sujet, lui téléphonant de l'étranger pour qu'elle n'oublie pas de se protéger ou de prendre sa pilule. Le préservatif était d'ailleurs devenu le centre de controverses « passionnées » entre elle et ses parents. Mais elle, de son côté, l'employait aussi comme moyen de les choquer, de les inquiéter et de leur faire opposition. En refusant son utilisation, elle poursuivait la mise en acte de la violence destructrice dirigée contre sa sexualité et contre elle-même par ses parents.

Au registre de ces attaques directes appartiennent aussi ce que nous pouvons appeler des identifications abusives. Ainsi, en cours de traitement, la patiente en vint à réaliser avec colère que c'était sa mère qui avait convaincu le médecin de lui donner des hormones pour provoquer la venue des règles : cette mère s'était, en quelque sorte, approprié sa sexualité biologique, sexualité qui, dès lors, n'appartenait plus vraiment à la patiente.

Ces sortes d'ingérence dans sa sexualité pouvaient encore prendre la forme d'inductions incestuelles : « ma mère dit que mon premier ami ressemblait à mon père ; elle prétend qu'on cherche toujours son père dans son amoureux. Elle affirmait aussi que mon père était très jaloux de mon copain. » Par ce biais, la mère tente de banaliser l'idée de l'inceste, tout en en attribuant le désir aux autres.

Progressivement, il apparut que la patiente se trouvait enserrée dans un réseau de relations incestuelles extrêmement concret, dont elle ne pouvait plus se dégager. Ainsi sa mère s'était arrangée pour faire engager l'ami de la patiente dans son entreprise ; il travaillait même dans le bureau de la mère. De plus, elle avait procuré à sa fille un poste à temps partiel en tant que collaboratrice personnelle. Enfin, pendant les vacances, le père l'avait aussi engagée soit-disant pour qu'elle fasse la connaissance de ses relations professionnelles, ce qu'elle pourrait mettre à profit plus tard.

Toutes ces stratégies, au-delà des attaques du narcissisme, convergent vers l'attaque de l'identité sexuelle. « Chez nous, il nous arrivait souvent de nous retrouver, tous, nus, à la salle de bain. Alors que je prenais ma douche, mon père se rasait. C'était normal ; ça ne serait venu à l'idée de personne de fermer la porte. Ça aurait même été comme enfreindre une loi. A moi, ça ne me plaisait pas, mais mes parents ne pouvaient pas le deviner. Ça aurait du être à moi de leur en parler. »

Nous voyons ici l'inversion de la culpabilité typique de ce genre de situation.

La patiente révèle ainsi une nouvelle stratégie incestuelle : le paradoxe de « l'érotisation de la sexualité désexualisée » ; il s'agit d'une mise en acte d'une situation de proximité sexuelle concomitante avec le déni de toute sexualité. « En fait, il fallait faire comme s'il n'y avait pas de sexualité ; ça ne devait pas exister, il ne fallait pas la montrer »

Nous voyons là une forme d'attaque à la fois contre la sexualité et contre la pensée.

Généralités sur les mécanismes.

Si nous considérons maintenant l'ensemble des stratégies que nous venons de décrire, on peut dire qu'elles ont en commun les caractéristiques suivantes :

Elles sont toutes entièrement paradoxales (caché mais évident, sexuel mais non sexuel)(ça me rappelle l'autre pervers qui voulait me tripoter les seins tout en disant « c'est pas sexuel », MDR !)

Elles se perpétuent constamment et sont continuellement entretenues.

Elles concernent tous les membres de la famille, même si ce n'est pas évident ; rendent frères et sœurs complices.

Elles perdurent, identiques à elles-mêmes, de l'enfance à l'âge adulte

Elles se perpétuent de génération en génération.

Quelles sont les finalités de ces stratégies incestuelles ?

En premier lieu, on peut dire que, bien qu'elles utilisent la voie de la sexualité, c'est bien l'individu tout entier, en l'occurrence l'enfant, qui est visé.

Cet enfant se voit ainsi

Annexé, éviscéré

Attaqué dans son désir, sa capacité de penser

Mis en situation d'être responsable des attaques subies, qu'il doit même s'employer à réparer sa vie durant.

Ces manœuvres ont pour but de détruire la sexualité de l'enfant et en cela elles sont l'équivalent d'une forme de meurtre psychique. Nous pouvons souligner l'aspect éthiquement révoltant de telles dynamiques.

La dynamique perverse du jeu de projection-expulsion de la sexualité chez l'autre puis sa destruction, son annihilation ou sa maîtrise (jeu pervers incestuel) est probablement une source de plaisir pour les parents pervers.

Il s'agit néanmoins selon nous d'une stratégie antisexuelle, mise en œuvre par des parents qui manifestent ce que nous avons appelé une « phobie froide » (autrement dit, une aversion horrifiante de la sexualité mais sans angoisse).

Sous un angle encore plus global, on peut dire que ces stratégies servent une forme d'idéologie où les parents s'extraient de toute responsabilité ; ils ne sont pas plus parents que l'enfant n'est enfant. Les générations sont soit mélangées, soi, de façon opportuniste, inversées, de même que la responsabilité fondamentale de la création d'un enfant. En cela, on peut dire que les stratégies incestuelles sont des stratégies d'anticréation.

Conclusion

La compréhension des mécanismes de l'incestualité jette un jour nouveau sur différents symptomes psychopathologiques et sexuels. Seules leur prise en compte et leur analyse permettront aux patients victimes de tels abus, de recouvrer non seulement leur sexualité dévastée, mais surtout leur dignité.

[...]

Meurtres psychiques (terme que j'employais lors de ma psychothérapie)

L'incestuel et l'inceste dans les familles d'origine

La grand-mère maternelle est décrite par la patiente comme une femme à poigne, mariée à un homme à ses yeux insignifiant et méprisable. Lorsque sa fille, la mère de la patiente, après quelques mois de fréquentation, avait décidé de rompre la relation avec son fiancé de 10 ans plus âgé qu'elle et déjà diplômé, la future belle-mère avait persévéré à l'inviter à la maison. La fille ne était tombée gravement malade, mais la mère s'était alliée au prétendant et les deux l'avaient finalement contrainte à se marier.

Cette coalition incestuelle avec le beau-fils se poursuit encore actuellement et s'est même intensifiée depuis qu'elle habite avec sa fille et son mari.

Du côté paternel, le couple des grands parents avait aussi été lié par une relation perverse. La grand-mère, une « battante », avait « sorti son journaliste raté de mari du pire alcoolisme ». Ils avaient vécu passionnément quelques années, avaient eu un enfant, mais le mari était mort brusquement. Elle s'était tout de suite remariée avec un « bon à rien ». Elle avait alors consacré toute sa vie à son fils qu'elle idolâtrait. Elle ne lui avait plus jamais parlé de son père, qu'elle avait gommé de leur existence, duquel il ne sait toujours rien et dont il n'a aucun souvenir.

Mère et fils ont encore actuellement une relation passionnée, et le père de la patiente lui a, à maintes reprises, affirmé qu'en se mariant, un homme « épouse toujours sa mère ». Elle avait compris qu'il lui confiait de la sorte, le secret d'une relation incestueuse et en était bouleversée, car elle l'avait ressenti comme une condamnation implicite du genre « toi non plus tu ne t'en sortiras pas ».

Le décervelage ou l'interdiction de penser

Lorsque la patiente, femme cultivée et intelligente, parle de ses parents et de la dynamique familiale, son discours habituellement très finement nuancé et clairvoyant subit un changement impressionnant : sa pensée ne peut plus se développer librement, tant son fonctionnement est entravé par l'interdit de penser (équivalent pervers de l'interdit de l'inceste). Il obéit subrepticement à une logique folle (« subrepticement folle ») mais propre à exprimer la paradoxalité de l'idéologie familiale incestuelle.

Nous avons déjà vu que, dès l'origine, le couple parental s'était inscrit dans une dynamique perverse. Dans ce sens, le projet d'avoir des enfants avait tout de suite été un enjeu de pouvoir entre les époux : la mère avait accepté le mariage à condition de ne pas avoir d'enfants, mais le père l'y avait bientôt contrainte. Ce constat établi par la patiente mais, selon une notion très féconde de Racamier, il demeure « non-opérant ». En effet, elle affirme encore maintenant : « Mes parents s'aiment beaucoup. » Ou encore, accumulant les absurdités logiques : « Mes parents sont une entité indissociable, ils sont liés dans une relation de confiance. Ils n'ont jamais rien à se dire, n'ont pas de complicité (...) Mes parents se sont toujours bien entendus, actuellement ils sont comme deux vieux complices. Ils ont l'image de marque du couple idéal. Lorsque j'avais 10 ans, ma mère a voulu divorcer pour insatisfaction sexuelle, mais autrement ils s'entendent très bien. »

Ou encore, sans que cette assertion dépourvue d'affect conduise à une perception plus critique : « ils ont reporté leurs problèmes sur leurs enfants. »

Dans la description dine qu'elle fait de la dynamique du couple, tout en laissant transparaître son implication et son identification, même ambiguë, à un père masochique qui se pose en victime, elle ne relève pas pour autant la dimension perverse ni la violence : « Mon père s'est petit à petit laissé déposséder de tout. Il n'a aucun espace de liberté, il doit toujours être aux côtés de ma mère, qui ne vit que pour lui et par lui. Ils se suivent d'une pièce à l'autre ; lui n'a pas d'argent personnel, ma mère lui donne son argent de poche, et il peut garder la monnaie s'il fait des commissions. Il aime les livres mais ma mère ne lui en laisse acheter que d'occasion ; il aime bricoler mais elle ne le laisse plus le faire ni dans l'appartement ni même au garage. Il ne peut plus s'éloigner de la maison car la santé de ma grand-mère, qui vit avec nous, décline de jour en jour et mes parents ne la quittent pas. Ils s'enferment et s'isolent toujours plus.

Dans la description de ses parents apparaissent d'autres paradoxes et incohérences : « Mon père est l'homme le plus délicieux qui soit, très doux, aimable, gentil, sociable, charmant ; il fait du chantage au suicide et exerce sur nous des pressions énormes, il a tendance à boire ; il a toujours eu le rôle du bon samaritain envers ma mère qui a toujours été de santé fragile et envers nous le rôle du bon pater familias. »

« Ma mère ressemble à ma grand-mère, que j'aime beaucoup, elle a un caractère très fort, autoritaire ; elle assume tout, elle a toujours ce mauvais rôle, peu gratifiant. Elle est d'une violence extrême, comme un animal acculé. »

Ces fragments d'idées juxtaposées, reflètent des clivages et délabrements d'une pensée soumise au feu d'un décervelage.

Extraits tirés de l'excellent : « saccages psychique au quotidient : perversion narcissique dans la famille » de Maurice Hurni et Giovanna Stoll.

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