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"La guerre aux enfants", par Peter Townsend. Laffont 1979.

Démarré par JacquesL, 01 Septembre 2008, 03:18:07 AM

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JacquesL

"...un écrivain de grand talent" écrit pieusement Gérard Ingold. Pas tout à fait. Ce "La guerre aux enfants" est mal rédigé par endroits, maladroit pour parler de l'hypocrisie de nos média et de nos gouvernements. Mais, de mémoire (car ce volume fait partie des larcins perpétrés par mon ex-épouse), sa documentation était inattaquable, et son sentiment était d'une grande âme. Robert Laffont, 1979.

Ce livre n'est mentionné ni par la Wikipedia, ni par les deux intervenant dans le bulletin municipal de Saint-Léger en Yvelines, où il s'est éteint en juin 1995.
http://www.saint-leger-en-yvelines.a3w.fr/Donnees/Structures/41830/Upload/102082.pdf

Voici l'extrait de Gérard Ingold :
Citation de: IngoldLe group captain Peter Townsend,
1914-1995


Peter Townsend, le héros légendaire de la bataille d'Angleterre, avait choisi un village de l'Ile de France, Saint
Léger en Yvelines, pour y vivre, entouré de ses chevaux, de ses chiens, de ses livres. Saint Léger l'avait aussitôt
adopté, comme l'un de ses enfants. Il y coulait une retraite paisible, entouré de son épouse, Marie-Luce, avec
laquelle il formait un couple délicieux. Peter se dévouait à des oeuvres caritatives, à l'enfance malheureuse, aux
problèmes du tiers-monde.
Il avait aussi beaucoup d'amis, tous les habitants du village admiraient et aimaient cet homme doux et charmant,
à l'exquise courtoisie, resté si simple après avoir connu la gloire et sur lequel l'âge semblait n'avoir pas de prise.
Il était en réalité le héros le plus populaire de ce qui avait été la bataille d'Angleterre.
Au début de la deuxième guerre mondiale, le 3 février 1940, il avait abattu le premier bombardier allemand qui
ait été frappé dans le ciel d'Angleterre, un Heinkel 111.
Puis, apprenant l'existence d'un survivant, le mitrailleur Karl Missy, il lui rendit visite, le lendemain, à l'hôpital de
Whitby, lui apportant une boite de 50 cigarettes Player's et un sac d'oranges. Le malheureux avait eu les jambes
fracassées par les balles du Hurricane. Vingt-huit ans après, Peter devait à nouveau lui rendre visite, en Allemagne,
cette fois. Dix neuf jours plus tard, le 22 février, Peter abattait son deuxième Heinkel 111 dans la mer du
Nord.
Des duels de naguère, Peter écrivait : "sans ces rencontres dans le ciel, nous ne nous serions pas connus. L'amitié
et l'estime mutuelles qui en sont nées sont tout de même un bénéfice pour l'humanité".
Comme de nombreux pilotes de chasse - et la tradition en remontait à la première guerre mondiale - Peter
Townsend considérait en effet le combat aérien comme une lutte chevaleresque. On pouvait à juste titre appeler
ces aviateurs les "chevaliers du ciel".
Le 11 juillet 1940, alors que commençait la bataille d'Angleterre, Peter Townsend, après un violent combat contre
un bombardier Dornier 17, se faisait descendre au dessus de la mer après avoir criblé de balles son adversaire. Il
était heureusement repéré et sauvé par un chalutier britannique.
Figure emblématique de la bataille d'Angleterre, au cours de laquelle il avait été crédité de douze victoires, à la
tête de son célèbre squadron 85, puis nommé Ecuyer du Roi George VI, Peter Townsend avait été choisi pour
conduire, dans le ciel de Londres, le défilé de la victoire en 1945. Peter faisait partie de "ceux, si peu nombreux,
comme l'écrivait Churchill, à qui tant d'hommes durent autant".
Par la suite, Peter avait choisi la France pour sa retraite, d'abord à Levis Saint Nom, puis à Saint Léger dans les
Yvelines. Il était alors devenu un écrivain de grand talent. J'avais fait sa connaissance peu avant la parution de
son maître-livre : "un duel d'aigle", qui fut traduit dans de nombreuses langues. Nous avions longuement correspondu
car, de mon côté, j'écrivais la biographie de mon frère, Charles Ingold, le pilote de chasse mort à vingt ans
(1941) dans les rangs de l'aviation française libre dans le ciel d'Angleterre.
Les carnets de mon frère avaient beaucoup intéressé Peter et il avait choisi Charles Ingold pour être l'un de ses
personnages dans "Duel d'aigles", en citant quelques extraits de ses carnets de pilote. Tout cela nous avait rapprochés,
nous étions ainsi entrés en amitié et ces liens devaient durer près de vingt cinq ans. Je retrouvais en
Peter la figure du frère disparu. N'étant pas moi-même pilote, j'avais eu recours à lui lorsque des détails techniques
relatifs aux combats aériens m'échappaient. J'avais questionné de même, lorsqu'il s'agissait des forces
aériennes françaises libres, une figure de légende de l'aviation, le colonel Duperier.
Quant à Peter, il me raconta plus d'une fois combien il avait été fier d'avoir sous ses ordres, dans son squadron,
deux pilotes français de grande classe, François de Labouchere et François-Emile Fayolle, le petit-fils
du maréchal. Tous deux devaient tomber au champ d'honneur, François de Labouchere à la tête de l'escadrille
Versailles, le 5 septembre 1942, quinze jours après son ami Fayolle, à la tête d'une escadrille de la
Royal Air Force, au dessus de Dieppe.
Peter se rappelait bien ces deux figures qui lui étaient chères et m'écrivait à leur sujet : "Ils étaient nos camarades, ils volaient aile à aile avec nous". François-Emile Fayolle avait écrit à Peter le 5 décembre 1940 : "Nous étions parmi vous absolument comme chez nous, l'escadrille était notre home, maintenant plus que jamais, nous sommes certains d'avoir la victoire". Peter ajoutait : "Il est mort pour sa patrie, pour la mienne aussi".

Dans sa propriété de Saint Léger, "La Mare aux oiseaux", Peter Townsend continuait son oeuvre d'écrivain. J'avais
moi-même pris ma retraite dans ce village, quelques années auparavant. En 1994, Marie-Luce et Peter nous prièrent
de venir dîner, Jacqueline et moi, à la Mare aux oiseaux, un soir de Noël. Ce fut un émerveillement : dans
l'ancienne ferme restaurée avec art, la table était dressée dans l'orangerie qui donnait sur l'étang. Des flocons
de neige tombaient doucement à la surface de l'eau. Des projecteurs installés dans les arbres des alentours
éclairaient de leur lumière les canards qui glissaient sur l'étang, animant de leur présence la féerie de la scène.
Lors de cette soirée à la Mare aux oiseaux, nous avions évoqué le dernier ouvrage de Peter : "Nostalgia britannica"
qui venait de paraître.
Peter y racontait l'histoire de l'Angleterre, bien souvent mêlée à celle de sa propre famille, donnant au royaume,
à travers les siècles, des soldats, des marins, comme le célèbre amiral Nelson, des hommes d'église ou de loi, des
explorateurs, des colons, et, nous venons de le voir, au 20ème siècle, un héros de légende, véritable chevalier des
temps modernes. Peter y peignait la tristesse que lui inspirait la fin d'un empire. Si Peter Townsend était,
comme l'écrivait Michel Mohrt, un "gentleman héroïque", il était aussi un homme d'une simplicité inimaginable.
Lors d'une cérémonie qui se tenait un onze novembre sur la place du village, pour le salut aux drapeaux et l'envoi
des couleurs sur les mâts dressés pour la circonstance, nous avions réuni des anciens combattants des
forces alliées, un Américain habitant Saint Léger, un Russe domicilié dans les environs, et, pour la Grande Bretagne,
bien sûr, Peter Townsend. Chacun était arrivé, décorations pendantes, comme c'était la règle.
Lorsque apparut Peter, nous nous étonnâmes de le voir sans aucune décoration. Peter nous répondit : "je n'ai
plus de décorations. Je les ai offertes, lors d'un gala de bienfaisance, au cours d'une vente aux enchères au profit
des orphelins du tiers-monde".
Après une grave maladie, Peter nous a quittés, voilà presque dix ans. Ceux qui l'ont connu ne peuvent pas l'oublier.
"Beau, courageux, romanesque", ainsi le définissait François Nourissier, au lendemain de sa mort.
Quelques jours avant son grand départ - je suis tenté d'écrire son "envol" - car Jean Guitton l'eut nommé "un
ange" - Peter nous avait appelés au téléphone, Jacqueline et moi ; il se savait sérieusement atteint et nous avait
alors annoncé:
"Je vais partir dans quelques jours. voudriez-vous nous faire l'amitié d'une ultime visite et venir à la Mare aux
oiseaux afin que je puisse vous dire un dernier adieu".
Aujourd'hui, Peter repose en paix dans ce village de l'Ile de France qui l'avait accueilli.
Sur sa tombe, une seule inscription :
Peter Wooldridge Townsend . 1914-1995
Royal Air Force - 85th Squadron
Gérard Ingold

Et le mot de sa veuve, Marie Luce :

Citation de: Marie-Luce JamagneLe 12 octobre 2005
La Mare aux Oiseaux
au lieu-dit "les grands coins"
ou l'histoire d'une passion

De sa vie de pilote de chasse, Peter avait gardé le goût de l'étude des cartes géographiques,
il pointa un village cerné de toute part par la forêt de Rambouillet et ce fut notre première
découverte de Saint Léger en Yvelines.
Avec nos trois petits, la forêt devint un but de balade, nous étions emballés par sa
beauté, Peter retrouva avec bonheur les bruyères et les fougères, réminiscence de son
Somerset natal.
Nos pas nous menaient invariablement chez la veuve Lecourt, personnage picaresque et
haut en couleur, qui vivait seule avec une vache, deux chèvres et six lapins dans une
ferme en ruine isolée sur le plateau des grands coins à St Léger.
Selon les circonstances nous l'aidions à rentrer à l'étable vache ou chèvres et les enfants
étaient subjugués par la baratte en action. Elle nous conviait dans son unique pièce cuisine,
d'un confort spartiate, à déguster beurre et rillettes de lapin qui réjouissaient la
gourmandise déclarée de Pierre notre fils.
Madame Lecourt vivait en recluse, depuis la mort de son mari dans les années 50, elle
était d'une chaleureuse rudesse et d'une séduisante authenticité, toute l'année durant
chaussée de bottes entre le cloaque de la cour à la mare et de l'étable au clapier, elle
parvenait à vivre en complète autarcie et en solitude durement consentie.
Au fil de nos visites, nous soupçonnions une blessure secrète.
Elle n'était plus descendue au village depuis 10 ans ni montée à Rambouillet depuis 20 ans. Nous étions fascinés par cette vie hors du temps. Un dimanche au crépuscule, elle se confia à nous tous réunis en rond autour d'elle, assis sur des cageots. C'était l'automne, la nuit nous recouvrait, grise et sombre, sa pièce l'était tout autant, faiblement éclairée par l'unique ampoule maculée de poussière, les enfants silencieux étaient bouche-bée, nous pressentions l'importance du moment.
Alors, elle nous révéla son histoire : le père Lecourt était un original pour les anciens du pays, une forte tête aimant le gros rouge, il faisait son beurre à deux heures du matin et rentrait ses bêtes à minuit, il avait ses idées bien à lui.
En 1943, il avait recueilli et caché trois pilotes anglais dans sa grange durant plusieurs jours, en vue de les diriger vers un réseau ami. Mais il avait été dénoncé par les gens du bourg (ce vieux qui ne faisait rien comme tout le monde risquait de les mettre tous en péril). Alertés et en catastrophe, les pilotes avaient gagné la forêt toute proche, jetant précipitamment dans la mare toutes traces de leur passage.
Les interrogatoires serrés et les perquisitions des gendarmes n'avaient pas épargné le couple meurtri.
Cette délation fut une trahison qui les ébranla profondément, ils se replièrent dans leur ferme et
progressivement en eux-mêmes. Au fil des jours et des années un mur de soupçon et de rancoeur
devenu infranchissable s'érigea entre le couple Lecourt et les gens d'en bas, de St Léger.
Quelques mois plus tard, lors d'une de nos visites dominicales, Mme Lecourt, regardant Peter, lui
déclara vouloir lui vendre un jour sa ferme, à lui le pilote anglais, car son mari l'aurait approuvé.
Nous restâmes un instant interloqués et sceptiques. Nous étions en 1969, nous rentrions respectivement
des Etats-Unis et de Londres et nous n'étions assurément pas acheteurs. Par ailleurs, l'état de
délabrement avancé des bâtiments, la mare croupissante et le terrain envahi de ronces, d'orties et
de chiendents, nous paralysaient, seuls six beaux poiriers centenaires investissaient souverainement
le terrain en friche.
L'ampleur de la tâche nous semblait insurmontable.
La veuve Lecourt attendait.
Un matin au réveil, nous nous sommes regardés, et nous pensions ensemble la même chose. Nous
nous sommes lancés dans cette folle aventure, grandement aidés par mon frère architecte qui produisit
tous les plans et par l'excellent Monsieur Bibaut, entrepreneur à Saint Léger ; nous entamions la restauration de cette ruine, avec ses surprises, ses joies, ses aléas, soutenus par une joyeuse exaltation téméraire.
Je me souviendrai toujours de l'expression ébahie de nos petites filles sur l'échelle de meunier,
lorsque nous tentions de leur expliquer que ce grand vide de grenier délabré, envahi par des toiles
d'araignées, serait leurs chambres.
Nous avons passé en famille des dimanches entiers à défricher à mains nues les bords de l'étang,
nous l'avons curé, grâce à Monsieur Bibaut, à qui nous étions reconnaissants de garder en toute
circonstance un calme olympien.
Pour soutenir l'équipe, je remontais de chez la truculente madame Galopin de délicieuses quiches
lorraines.
Nous avions les joues et les mains en feu, prêts assurément à déplacer des montagnes.
Il fallut une étonnante dose d'inconscience et de passion mêlées pour mener à bien une telle entreprise.
Ce fut la grande histoire de nos vies, qui dure toujours aujourd'hui et que nous n'avons
jamais regrettée.
Au moment de la signature, chez le notaire en présence de Madame Lecourt, nous apprenons fortuitement
ses refus répétés aux propositions avantageuses des agences immobilières voisines, obstinément
elle refusa, souhaitant réserver sa ferme et sa terre à Peter devenu son ami.
Trente-cinq ans plus tard, ce lieu est devenu à nos yeux poésie et charme par l'énergie et l'amour que nous y
avons mis, durant toutes ces années.
Nous y avons été très heureux et nous le sommes encore aujourd'hui, car la présence de Peter, décédé il y a eu dix ans en juin dernier, habite ce lieu qui le symbolise si fidèlement.



Citation de: Wikipedia.enPeter Townsend spent much of his later years writing non-fiction books. Books by Peter Townsend include "Earth My Friend" (about driving/boating around the world alone in the mid 1950s) "Duel of Eagles," (about the Battle of Britain), "The Odds Against Us (also known as "Duel in the Dark") (about fighting Luftwaffe night bombers in 1940-1941), "The Last Emperor" (A biography of King George VI), The Girl in the White Ship (about a young refugee from Vietnam in the late 1970s who was the sole survivor of her ship of refugees) and The Postman of Nagasaki (about the atomic bombing of Nagasaki), and Time and Chance, (an autobiography). He also wrote many small articles and contributed to other books.