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[Trinh Xuân Thuân] De la demande en charlatanisme pédant selon les branches.

Démarré par JacquesL, 16 Mars 2008, 12:54:23 PM

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JacquesL

[Trinh Xuân Thuân] De la demande en charlatanisme pédant selon les branches.

Citer
robby a écrit :

http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=39

> Jacques Lavau a écrit :
>> Version longue ou version courte, tu as fait là un joli article.
>
> merci !
>
>> J'admire la patience et la politesse que tu as déployé là. Je suis
>> moins patient...
>
> c'est indispensable si l'on veut convaincre les gens.
>
> D'une par la parole scientifique n'a plus aucun respect d'autorité particulier, d'autre part attaquer de front les croyances des gens pas loin de croire est la meilleure facon de les braquer et les y pousser d'avantage !

Pour qui a travaillé des deux côtés, voici les différences essentielles entre sciences dures et sciences humaines (dites aussi sciences molles) :

En sciences dures, on n'a pas a priori à réexaminer soupçonneusement chacun des concepts hérités de nos aînés et de l'air du temps. En ce sens qu'un bon nombre d'entre eux peuvent bien être défectueux, mal calibrés, incorrectement délimités, et à retravailler attentivement pour en faire quelque chose de correct et de fécond. Mais cela résulte le plus souvent de l'inexpérience de nos devanciers, et pas d'une conspiration perverse. Nos missions peuvent bien être biaisées. Par exemple, les physiciens sont tacitement chargés par les politiques, les militaires et le grand public, de réaliser bientôt un nouveau miracle comme la bombe atomique. A nouveau un truc qui change complètement la face militaire, industrielle et politique du monde...

En sciences molles, c'est beaucoup plus piégé, et le chercheur qui ne questionne pas l'héritage, et à quelles demandes sociales au juste répondait le corpus de doctrines dont il hérite, risque fort de ne faire qu'un boulot de singe.

Prenons des exemples en psychosociale, à l'interface entre sociologie et psychologie.
- Les enquêtes et expérimentations historiques de Allport et Postman, parues en 1945, sur les rumeurs : la demande politique était saine, les chercheurs n'étaient pas sollicités pour truquer leurs résultats, le travail a été bien fait. Le chercheur peut faire fond sur cet héritage là : il n'est pas miné.

- Suite de hasards heureux, l'ensemble des travaux disponibles sur la politique de la ville, est sain et fécond. A chaque nouvelle étude parue à la Documentation Française, le Landerneau du métier bruissait "Cette fois, ils sont vraiment allés trop loin ! Untel va sauter !". Le Untel en question, était un haut fonctionnaire, au ministère, sous un ministre de droite depuis 1958 jusqu'en 1981 (encore que Paul Delouvrier avait bien assez de carrure pour déborder les étiquettes partisanes qu'on peut poser sur son front), qui donnait des études à faire, avec les crédits nécessaires, à des chercheurs manifestement de gauche, contestataires. Simplement le Untel et quelques autres autour de lui, avaient assez de bon sens pour percevoir qu'on était tellement ignorants en psychosociologie du développement urbain, que la question était tellement neuve, qu'on avait un urgent besoin d'informations, et que les plus habiles à les dégager, c'étaient ces chercheurs là. Point.

- "Ah ! Si votre thème est d'étudier des dysfonctionnements judiciaires, je vous prie instamment de renoncer et de changer de module ! Car d'un point de vue déontologique, je ne peux pas laisser approcher du tribunal un contestataire qui s'intéresse aux dysfonctionnements !"
Il vaut mieux entendre cela que d'être sourd, cette acception-là de la "déontologie"...
Pour comprendre cette trame de complicités et de corruption, il faut savoir que durant 70 ans, l'Université française a délivré un diplôme de 3e cycle de phrénologie, hors-cursus normal, et payant. Son débouché : devenir expert judiciaire, confirmer au magistrat qui vous aime (et qui vous paie confortablement pour cette mission), que le prévenu qu'il n'aime pas, a bien les sourcils broussailleux et le front bas du criminel-né... C'était depuis la fin du 19e siècle, une branche "scientifique" autonome, que la phrénologie criminaliste.
Dès sa naissance, la psychiatrie débutante - on les appelait alors les aliénistes - s'est couchée dans le lit de la Justice, a répondu à la demande politique de discours racistes à habillage pédant, permettant de disqualifier les pauvres diables, comme "dégénérés". L'épisode caractéristique, étudié sous la direction de Michel Foucault et Annie Kriegel, est l'affaire Pierre Rivière, en 1835. J'ignore les détails historiques dans les autres pays.

On cite le cas d'un article fort pédant, vers 1873, étudiant l'étonnante pathologie des décollements des cartilages d'oreille chez les "dégénérés" incarcérés dans son asile.

On a de même appris récemment que la légende de la mort de Semmelweis mort de fièvre puerpérale après s'être entaillé avec le scalpel de dissection - un beau et romantique suicide à bout portant, n'est-ce pas ? - est un mensonge éhonté. En réalité Semmelweis est mort des coups reçus par les gardiens. Oui, c'était bien une septicémie, mais pas du tout obtenue de la même façon que ce que la légende complaisante a colporté...

Abrégeons. Travaux antérieurs : http://deonto-famille.info/index.php?topic=42.0

Ici Trinh Xuân Thuân utilise son pédantisme d'astrophysicien, et les mythes en usage en cosmologie, pour argument d'autorité pour prendre la direction des sciences humaines. Oh oui, bien sûr, pas lui-même directement. La division du travail entre complices ne lui en confie pas davantage, que de disqualifier la discipline scientifique, et d'aider à mettre un mystificateur professionnel au dessus des scientifiques.
Rappelons Staune, quand il criait bien fort ici même ses appuis politiques pour son charlatanisme :
http://deonto-ethics.org/impostures/index.php/topic,29.msg54.html#msg54

Rappelons aussi que la conseillère du même occupant de l'Elysée, portait main forte à la scientologie, avant de reculer prudemment :
http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=526.msg1056#msg1056
http://www.anti-scientologie.ch/vsd-fevrier-2008.htm#propos-pro-sectes
http://www.anti-scientologie.ch/emmanuelle-mignon.htm#H


JacquesL

Je n'ai pas demandé l'autorisation de la haute astrophysique, pour répondre à ma fille :
http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/mission_parricide/dereliction_annihilation.html#5.5.

CiterJe ne sais plus très bien à quel âge (six ou sept ans ?), Frédégonde fut prise d'inquiétudes métaphysiques, peut-être sous l'influence de copines affiliées à une croyance (catholicisme sans doute, sans doute Géraldine) :
« Pourquoi on est là, sur Terre ? Dans quel but ? », tout en dévorant de bon appétit le repas que je lui avais préparé.
- Et à quoi ça te sert, à toi, que je sois là ?
- (soulagée, et illuminée d'une grande joie) Ah bon ? On est là pour prendre soin des enfants, qui à leur tour prendront soin des leurs ! C'est tout !
- Eh oui ! Il n'y a pas d'autre secret.
»




La réplique suivante est célèbre : un chercheur (Branly ?) que l'on interrogeait agressivement sur l'utilité de ses travaux de recherche, dont on n'allait pas tarder à découvrir les riches applications, répondit : « A quoi sert un enfant ? ». Quand Audowere eut trois ans (ou quatre ?), je lui répercutai cette question (de Branly ?) « A quoi ça sert, les petits enfants ? ». Pas l'ombre d'une hésitation, Audowere répondit sur le ton de l'évidence : « A leur faire des bisous. »

Très insolent aussi envers les hautes instances religieuses de toutes sectes qui tiennent tant à nous diriger, cet autoursier, qui ose ne demander à personne sa définition du  bien et du mal dans son métier, l'autourserie :
Citer"Vous devrez apprendre auprès d'un maître en autourserie. Un maître, c'est quelqu'un qui pense ne savoir que peu de son art, mais dont les oiseaux vivent vieux, ont l'air en bonne santé, et rapportent des proies."
http://deonto-famille.info/index.php?topic=13.0

Ah ! Quelle abominable résistance populaire aux plus nobles despostes et charlatans ayant pignon sur rue et {église|mosquée|temple|synagogue} sur esplanade !

JacquesL

Les discours sans queue ni tête de Jean Staune et de sa clique, me rappelaient bien quelque chose, du côté de la littérature catho. J'avais déjà cité autrefois un de ces mastics sans queue ni tête, écrit par le jésuite Jean-Yves Calvez pour satisfaire sa hiérarchie, et dans le but rhétorique de convaincre le lecteur, que "Nous autres chrétiens, avons une pensée bien plus profonde que Marx et les marxistes", qui à l'époque étaient leur principal concurrent en théocratie. Les temps ont bien changé depuis, et l'allure de la concurrence en cynisme et en théocraties aussi.

Je n'avais plus accès à ce vieux livre de Calvez : brigandage conjugal et familial oblige...

Mais j'ai encore une copie d'un tapuscrit, datant des années 1978-1982, sans doute 1979, qui cite un mastic particulièrement obscur de Calvez.

"Bouffre ! Que c'est mauvais !", telle est ma réflexion en parcourant ce vieux tapuscrit, qui contient pourtant quelques pépites, mais fort mal agencées.
Voilà la citation recherchée :
CiterLes sigles ABNI et ABNECO dans ce tapuscrit datant probablement de l'année 1979 se déroulaient en "aberration névrotique individuelle", et "aberration névrotique collective".
L'ambition générale de ce tapuscrit inachevé, et abandonné à la critique rongeuse des poissons d'argent, était d'aider aux choix entre nocivité publique et utilité publique, et l'assistance au démêlage des contradictions recueillies.
S'il était réécrit de nos jours, ce livre ferait une distinction nette entre aberrations névrotiques collectives, et aberrations psychotiques collectives. D'une manière générale, l'organisation collective des aberrations psychotiques, est gravement sous-étudiée.


ABNECO 25
Logocratie: gouverner ses ouailles (c'est à dire des humains suffisamment abêtis, comme des ovins, ou moutons) par des abstractions qui ne touchent plus terre:
"Dieu, Démocratie, Honneur, Roi, Unité, Socialisme, Communisme, Bien, Mal, Espérance, Satan, Race Supérieure, etc..."
La logocratie ne dure pas longtemps sans un solide dispositif d'inquisition et de terrorisme institutionnel, pour le maintien de l'ordre dans l'imaginaire.
L'Inquisition : du 13e au 17e siècle, c'est la première gigantesque paranoia institutionnelle. En 1254, Innocent IV autorise la torture pour arracher les aveux d'hérésie. C'est la bulle pontificale "Ad extirpanda". (112) Au XXe siècle, ce sont jusqu'à présent les purges staliniennes qui sont les plus marquantes des actions terroristes pour le seul bénéfice du mythe.
En l'absence d'un tel dispositif d'inquisition et de terreur, le délire logocratique - et avec lui les confortables impôts que prélèvent ses prêtres - est à la merci du contre-pouvoir des libres-penseurs en bonne santé.

ABNI 25
Discours dans les nuages, qui ne touche plus terre.
Voici un exemple qui dure 635 pages: " Le monde de l'expérience "intermédiaire", caractérisé par la non–identité et par des rapports d'opposition dialectiques, ne s'explique pas par la pure identité, mais par un acte absolu de l'absolu. Seul cet acte fonde l'altérité et la non identité parce que seul l'Absolu est capable de la production de la différence inconditionnée. Nous atteignons ainsi à une véritable explication de l'homme. Si l'homme est un être naturel et objectif, un être qui "a objet", c'est qu'il est d'abord objet,-c'est qu'il est d' abord pris dans une relation à l'Autre Absolu, constitutive de son être aussi bien que de sa tâche. Etc..." (111)
Vous avez compris ? Moi non plus. Un déluge de mots, dont aucun n'a été défini ni expliqué au préalable, et qui ne renvoient à aucune expérience humaine réelle. En revanche, le rôle d'intimidation joué par les 659 pages de l'ouvrage, n'a rien de mystérieux. Il est également clair que ce jésuite n'avait aucun bébé qui lui grimpait sur les genoux pour le rappeler radicalement à la réalité, ni aucun flot menstruel pour le remettre à l'heure de sa propre physiologie. On notera les aberrations ABNI 6, 7, 9, 16, 19, 20, 21, 22, et ABNECO 7, 8, 16, 20, 21, 22, 23 et 25.

Et la référence 111 renvoie à Jean-Yves Calvez, aux Editions du Seuil :  "La pensée de Karl Marx", 1956.
Correction :
La pensée de Karl Marx.
Auteur : Jean-Yves Calvez.
Aux Editions du Seuil, collection "Esprit". Sub-collection "La cité prochaine"

La référence 112 à Aymerich-Pena, "Le manuel des inquisiteurs", éd. Mouton.
Cité par Thierry Gaudin, "L'écoute des silences ; les institutions contre l'innovation", U.G.E. 10/18, Paris, 1978.

JacquesL

Le livre est retrouvé. Le passage recopié et incriminé est à la page 631.
Titre exact :
La pensée de Karl Marx.
Auteur : Jean-Yves Calvez.
Aux Editions du Seuil, collection "Esprit". Sub-collection "La cité prochaine".