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L'assassinat de Benazir Bhutto confirme...

Démarré par JacquesL, 28 Décembre 2007, 11:43:55 PM

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JacquesL

Lors de l'instauration par Musharraf de l'état d'urgence, j'ai failli écrire ici à quel point le destin du Pakistan m'effrayait. Finalement, je suis resté silencieux. L'assassinat de Benazir Bhutto confirme que ce pays s'enfonce dans une logique de guerre civile, et de guerre totale avec au moins un de ses voisins. L'éditorialiste du Monde que je reproduirai plus loin, répète à nouveau que le Pakistan a le malheur d'être perpétuellement sur une ligne de front.

Il n'a pas osé rappeler que ce pays est depuis sa naissance par sécession dans la guerre et les massacres, incapable de donner de lui-même une définition autre que confessionnelle, incapable de renoncer au totalitarisme islamique et à la guerre de religion. Dès sa naissance, l'Islam a été inventé par Muhammad pour la guerre. Autour de nous, nous avons dans mon quartier des tas de musulmans fort pacifiques, bien intégré aux principes de la république laïque, mais leur islam pacifique et relativement humble est une construction locale, récente et menacée. Au Pakistan, presque rien de semblable n'existe, et tout au plus chez des élites intellectuelles, ayant fait des études supérieures à l'étranger.

A aucun moment de son histoire, le Pakistan n'a pu devenir une démocratie, et on ne voit pas quand cela pourra commencer un jour.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-994137@51-895309,0.html
CiterLe Pakistan en danger
LE MONDE | 28.12.07 | 10h38  •  Mis à jour le 28.12.07 | 10h38

Benazir Bhutto a été assassinée. Elle avait accepté son destin. Perçue comme une menace par le pouvoir, comme une ennemie par les islamistes pakistanais et Al-Qaida, comme une alliée de l'Amérique, "la Sultane" savait, en revenant le 18 octobre de huit ans d'exil, qu'elle risquait sa vie. "J'ai mis ma vie en danger et je suis rentrée parce que je sens que ce pays lui-même est en danger", a-t-elle dit à ses partisans, jeudi 27 décembre, lors d'un meeting électoral à Rawalpindi, juste avant de mourir.

Le soir de son retour au pays, déjà, un attentat avait failli lui coûter la vie, cette fois à Karachi. Benazir Bhutto pouvait paraître immortelle, mais elle était fataliste, et savait qu'elle était une cible pour les déstabilisateurs du Pakistan. Son assassinat a eu lieu à deux semaines d'élections législatives à l'issue incertaine, qui pouvaient autant faire basculer le pays dans la violence que sceller un nouveau pacte politique et faire d'elle un premier ministre pour la troisième fois de sa vie. Il illustre cette réalité : le Pakistan est une ligne de front.

Le "Pays des purs", détenteur de l'arme atomique et nid d'Al-Qaida, en conflit avec l'Inde au Cachemire et jouant un jeu trouble dans les guerres d'Afghanistan, est en première ligne. Le président Pervez Musharraf, fragilisé par la talibanisation du pays, discrédité au sein de la société pour son refus de rétablir la démocratie, est lui-même un homme en danger. Les démocrates souhaitent son départ et les djihadistes veulent sa mort. L'armée et les puissants services de renseignements, qui paient parfois un lourd tribut à la lutte contre l'islamisme armé, sont paradoxalement eux-mêmes minés par l'idéologie des talibans – mouvement qu'ils ont créé dans les années 1990 pour mener une guerre en Afghanistan – et par celle d'Al-Qaida.

"Ce pays lui-même est en danger", affirmait Benazir Bhutto juste avant d'être mortellement frappée. En état de guerre dans certaines provinces, instable, divisé, le Pakistan est aussi un danger pour la région, voire pour le monde. Sans pouvoir légitime, sans retour à la démocratie, sans une politique économique viable, sans une lutte politique et militaire efficace contre les djihadistes, sans une stratégie diplomatique claire en Afghanistan, le Pakistan est une menace qui va en s'accentuant au fil des ans.

La communauté internationale, notamment Washington, premier allié d'Islamabad, apparaît désarmée. Elle soutient Pervez Musharraf tout en s'en méfiant, elle craint la progression islamiste sans pouvoir l'arrêter, elle s'enlise dans la guerre afghane contre des talibans dont les sanctuaires sont au Pakistan. Aujourd'hui, il y a une urgence : définir une stratégie. L'assassinat de Benazir Bhutto doit servir de signal d'alarme.