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La Banque mondiale se préoccupe enfin de l'agriculture !

Démarré par JacquesL, 20 Octobre 2007, 07:13:36 PM

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JacquesL

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3234,50-969238,0.html

Citer
DÉVELOPPEMENT UN PLAN D'ACTION POUR AMÉLIORER LES CULTURES VIVRIÈRES
La Banque mondiale se préoccupe enfin de l'agriculture


LE MONDE | 20.10.07 | 14h22  •  Mis à jour le 20.10.07 | 14h30
WASHINGTON ENVOYÉ SPÉCIAL

C'est un mea culpa que la Banque mondiale a pratiqué en consacrant à l'agriculture son Rapport sur le développement mondial, publié vendredi 19 octobre à Washington. "L'agriculture, y déclare Robert Zoellick, le nouveau président de la Banque, est un outil fondamental pour la réalisation de l'Objectif du millénaire qui consiste à réduire de moitié d'ici à 2015 la proportion de la population mondiale vivant dans l'extrême pauvreté et souffrant de la faim."

Voilà vingt-cinq ans que les experts de la Banque avaient oublié que la vie de 2,5 milliards de personnes dépend des activités agricoles. Cette "négligence" - selon les termes du rapport - et le "sous-investissement agricole" qui en a résulté a provoqué une chute spectaculaire de l'aide publique au développement consacrée à l'agriculture.

"Depuis quinze ans, elle a été divisée par deux !", s'indigne Jacques Diouf, le directeur général de la FAO, l'Agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, qui a longtemps prêché dans le désert. Environ 900 millions de personnes, soit 75 % des pauvres qui vivent avec moins d'un dollar par jour, habitent les zones rurales, mais celles-ci n'attirent que 4 % de l'aide publique totale.

ANTICIPER LE RÉCHAUFFEMENT

Même les pays en développement ont délaissé leurs ruraux. Par exemple, en Afrique subsaharienne, 4 % des dépenses publiques leur sont destinées, alors qu'ils contribuent à 30 % du produit intérieur brut et qu'ils représentent 75 % de la population.

A quoi est dû le réveil de la Banque mondiale ? D'abord au fait que le nombre des pauvres croît en Afrique subsaharienne (300 millions en plus en vingt ans), mais aussi en Asie du Sud-Est. Les experts ont également constaté que l'agriculture est quatre fois plus efficace pour faire reculer la pauvreté que les autres secteurs économiques. Enfin, la vogue des agrocarburants est en train de faire exploser les prix des denrées alimentaires.

"Nous ne disons pas que l'agriculture doit être le moteur principal du développement, a commenté François Bourguignon, responsable des études de la Banque, mais que, la pauvreté étant concentrée dans les zones rurales des pays en développement, il faut renforcer les petites exploitations agricoles pour la faire reculer."

Le plan d'action "dynamique" que proposent la Banque et son président devra consacrer infiniment plus d'argent qu'au cours des vingt dernières années à la productivité de l'agriculture vivrière (engrais, amélioration des variétés, techniques d'assolement), mais aussi à la diversification des productions (horticulture, aviculture, aquaculture, produits laitiers) et à l'organisation des marchés.

Le rapport rappelle que les efforts devront porter en priorité sur les trois secteurs qui conditionnent tout progrès : l'accès à la terre, l'accès à l'eau et l'éducation (en moyenne, les ruraux ne sont scolarisés que quatre ans).

C'est à une oeuvre de longue haleine que le rapport convie la communauté internationale, car l'agriculture de demain devra se faire "durable", ce qui voudra dire tenir compte des erreurs passées et se soucier notamment des dégâts des pesticides ou de la déforestation.

Il lui faudra anticiper les conséquences du réchauffement climatique qui pourrait coûter en Afrique jusqu'à 30 % de ses récoltes, faute de sélection de semences adaptées à la sécheresse et faute d'un meilleur usage de l'eau.

Al. Fs
Article paru dans l'édition du 21.10.07

Rappel, Robert McNamara, président de la Banque Mondiale de 1968 à 1981. :
CiterMais c'est surtout durant la guerre du Viêt Nam que son rôle fut particulièrement important. Celle-ci lui demande beaucoup de temps et d'énergie au département de la défense. Mais il finit par considérer la victoire comme impossible et souhaite désengager le pays. Cette position est contraire à celle du président Lyndon B. Johnson, qui souhaite prolonger une forte présence américaine au Viêt Nam. McNamara est finalement démis de ses fonctions de secrétaire à la Défense et nommé président de la Banque mondiale par le président Johnson.

Il arrive au siège de la Banque débordant d'énergie, puissant, actif, "poussant" pour obtenir des résultats. Il amène avec lui la croyance ferme que les problèmes des pays en voie de développement peuvent être réglés. Il affirme la nécessité d'analyser sérieusement les problèmes et de les déterminer pour mieux appliquer les remèdes appropriés.

Si McNamara s'est rendu compte que la banque ne pourrait résoudre par elle-même les problèmes du monde, il pense néanmoins qu'avec de la volonté, il est possible d'accroître les ressources planétaires et de généraliser le développement. Selon lui, un lien direct existe entre la sécurité militaire et le développement économique. La guerre est une conséquence de l'augmentation des écarts de revenu entre les pays industrialisés et ceux en voie de développement.

L'une de ses premières actions en tant que président est de demander une liste des directeurs de tous les projets qui doivent être entrepris, indépendamment des contraintes financières, politiques ou économiques. Cette liste est utilisée comme base de son premier plan de prêt sur cinq ans et, en septembre 1968, il propose aux gouverneurs (c'est-à-dire aux représentants de chaque pays membre), lors des réunions annuelles, de doubler le volume des prêts pendant les cinq années à venir. Le second plan quinquennal de McNamara, présenté en 1973, envisage une augmentation des prêts de 40% par rapport au premier. Les engagements de la banque sont passés d'environ 1 milliard d'USD en 1968 à plus de 13 milliards d'USD en 1981.

Il a été remarqué vers la fin de son mandat, pour un constat d'échec amer : selon lui, la BM avait failli à la plupart de ses missions pour le développement.

Vingt-cinq ans d'oubli des missions de développement agraire : 1982 -2007, le compte y est.