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Nous détruirons le monde de l’oppression

Démarré par JacquesL, 16 Mai 2025, 06:14:44 PM

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JacquesL

Nous détruirons le monde de l'oppression

Publié le mai 16, 2025 par hervek


Une chronique de la révolution (ACOR2)



Par Peter Turchin − Le 27 avril 2025 − Source Cliodynamica


Les bolcheviks, peinture de Boris Kustodiev

Les cent premiers jours du deuxième mandat de Donald Trump méritent largement d'être qualifiés de « cent jours qui ont secoué le monde ».1 Même les plus fervents détracteurs de Trump semblent déconcertés par l'intensité du chaos qui nous frappe depuis le 20 janvier. La plupart des tentatives pour comprendre ce phénomène oscillent entre deux extrêmes. L'une est que Trump joue une partie complexe d'échecs en cinq dimensions. L'autre est qu'il s'agit simplement d'un psychopathe malveillant.

Je laisse à d'autres le soin de débattre des motivations personnelles. Plongeons-nous plutôt sous la surface de tout ce « bruit et de cette fureur » et concentrons notre analyse sur le niveau structurel (comme je le fais généralement dans Cliodynamica).

Je propose le syllogisme suivant :

  • Nous sommes en révolution
  • Les révolutions détruisent

Examinons chacune de ces affirmations tour à tour. Tout d'abord, le fait que nous soyons en révolution est désormais généralement accepté, mais il convient de le replacer dans son contexte historique. La plupart des révolutions célèbres (telles que la Révolution française et la Révolution russe) présentaient deux caractéristiques. Il s'agissait de révolutions des élites, au cours desquelles la classe dirigeante précédente était renversée et remplacée par une coalition de contre-élites. Et ces révolutions étaient transformationnelles : elles visaient à changer radicalement la structure institutionnelle de la société. Je pense qu'il n'est pas controversé de dire que l'arrivée au pouvoir de la coalition de contre-élites dirigée par Trump satisfait à ces deux principes (je développe ce point dans un article du Guardian, Les forces historiques profondes qui expliquent la victoire de Trump). L'avenir nous dira si cette révolution sera couronnée de succès (qu'il s'agisse du remplacement de l'élite, de la transformation de la société, ou des deux).

Ensuite, pourquoi les révolutions sont-elles principalement destructrices ? C'est l'Internationale qui l'explique le plus clairement. Voici ma traduction du couplet clé de la version russe, qui a été la plus influente puisqu'elle était l'hymne de l'URSS avant la Seconde Guerre mondiale :

CiterNous démolirons ce monde d'oppression
 Jusqu'à ses fondations, puis
 Nous construirons notre propre monde nouveau.
 Ceux qui n'étaient rien deviendront tout !

En d'autres termes, avant de construire le nouveau monde, l'ancien doit être détruit jusqu'à ses fondations. Dans la réalité, les révolutions ont été bien plus efficaces pour détruire que pour créer. La lutte pour le pouvoir entre les contre-élites et les élites établies nécessite une attaque contre leurs organisations, contre les arrangements institutionnels qui les favorisent et contre leur idéologie.

Il existe également des raisons impérieuses de détruire l'ancien monde qui vont au-delà de la lutte pour le pouvoir. Les révolutions transformatrices ne réussissent généralement que lorsqu'elles mobilisent une large majorité en faveur du renversement de l'ancien régime. Cela est beaucoup plus facile à faire lorsque le monde créé par les élites au pouvoir est largement perçu comme injuste et inéquitable.

Après la chute de l'URSS, les États-Unis ont atteint un degré sans précédent de domination mondiale dans tous les domaines importants : géopolitique, géoéconomique et géoculturel. Les perceptions de la Pax Americana varient considérablement selon que l'on se trouve à Washington DC ou en Iran, au Venezuela ou même dans le Wyoming.2 D'un côté, on voit la diffusion de la démocratie, des droits de l'homme et de la prospérité apportés par le commerce international. De l'autre, on voit des attaques militaires non provoquées, des changements de régime violents, la désindustrialisation et la paupérisation, ainsi que l'imposition de normes culturelles étrangères.

Le monde construit par l'Amérique au cours des dernières décennies a profité à certains au détriment d'autres. Le problème est que les bénéficiaires n'étaient même pas le « milliard doré », mais seulement une petite partie de celui-ci, principalement 1 % et, dans une moindre mesure, 10 %.3 Vous ne le comprendriez pas si vous ne lisiez que les médias grand public, ou plus exactement les médias d'entreprise, car ils sont contrôlés par les dirigeants. Vous auriez une vision très différente sur RT (Russia Today, interdite en Europe) ou dans les médias alternatifs aux États-Unis (Tucker Carlson est un critique influent et de longue date de la classe dirigeante américaine et du monde qu'elle a construit).

Les médias corporatifs paniquent donc face au chaos provoqué par Trump. The Economist lui a consacré trois couvertures consécutives.4



Mais les partisans de Trump sont en liesse. Beaucoup d'entre eux se considèrent comme des révolutionnaires, à l'instar de Steve Bannon ou Jason Hinkle (un partisan de ce qu'il appelle le « communisme MAGA »). Robert Stark a récemment rassemblé un nombre impressionnant de citations de partisans de Trump (voir Comment le communisme MAGA rendra l'Amérique grande à nouveau en détruisant l'économie : les partisans de Trump se réjouissent de l'effondrement économique pour prendre le dessus sur les libéraux).

Natalie Winters, correspondante à la Maison Blanche et coanimatrice du podcast War Room avec Steve Bannon, a parfaitement exprimé cet enthousiasme révolutionnaire : c'est « un chaos bienvenu, un chaos joyeux » (Bannon's WarRoom, Show Clip Roundup 21 April 25 [PM], à partir de 12h00 environ).

Revenons au début de cet article. Pour comprendre ce qui se passe, nous n'avons pas besoin d'une psychanalyse, mais d'une analyse structurelle. Peu importe ce qui se passe dans l'esprit de Trump. Il fait ce que le mouvement MAGA veut qu'il fasse.

Le chaos n'est pas un bug, c'est une fonctionnalité.

Peter Turchin

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone


Notes

  • Avec toutes mes excuses à John Reed (voir Dix jours qui ont ébranlé le monde
  • Où 71,6 % ont voté pour le ticket Trump/Vance. 
  • Les détenteurs de richesses et les détenteurs de diplômes prestigieux ; plus d'informations à ce sujet dans End Times
  • Image sur le site de John Mauldin Thoughts from the Frontline