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Faire taire l'opposition en Russie...

Démarré par JacquesL, 08 Juillet 2007, 04:44:38 PM

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JacquesL

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3214,50-932806,0.html

L'opposition russe menacée par la loi sur l'"extrémisme" politique
LE MONDE | 07.07.07 | 13h53  •  Mis à jour le 07.07.07 | 13h53
MOSCOU CORRESPONDANCE

Les députés de la Douma (Chambre basse du Parlement russe) n'auront pas fait attendre le président Vladimir Poutine. Lors de son dernier discours à la nation, devant les deux chambres réunies, le 26 avril, il avait exhorté les parlementaires à se montrer inflexibles dans la lutte contre "l'extrémisme politique". C'est chose faite depuis l'adoption, vendredi 6 juillet, en troisième et dernière lecture, d'amendements destinés à durcir les poursuites pour crimes et délits commis pour "extrémisme".


Cette notion, floue, pourrait s'appliquer aux actions menées par des organisations politiques. Il est clair qu'elle vise celles de l'opposition au Kremlin menée par l'ancien premier ministre Mikhaïl Kassianov ou par l'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov, dont l'évocation est déjà interdite dans les médias officiels.

Selon les données du ministère de l'intérieur, la quantité annuelle de crimes pour des motifs "extrémistes" a presque doublé de 2004 à 2006, passant de 139 à 263. Et de fait, les organisations des droits de l'homme pourraient se réjouir si les crimes racistes - très rarement reconnus comme tels - étaient désormais durement sanctionnés.

Mais avec cette nouvelle loi, les députés ont élargi la notion d'"activité extrémiste" de telle sorte qu'à moins d'un an de l'élection présidentielle de mars 2008, ce sont davantage les initiatives menées par l'opposition qui en pâtiront. Ainsi la "diffamation envers un représentant de l'Etat" est désormais considérée comme "extrémiste", et les "appels à l'extrémisme" deviennent passibles de peines passant de cinq à à six ans de prison.

La notion de crimes et délits commis pour "motifs de haine politique et idéologique" a été ajoutée au code pénal. Les participants à des troubles massifs pourront être condamnés à douze ans de détention (contre dix ans aujourd'hui). Cette loi vise aussi le financement et l'organisation des actes "extrémistes", "y compris par le biais d'imprimés (...), de liaisons téléphoniques ou autres moyens d'information". Ces amendements autorisent les forces de sécurité à écouter les conversations téléphoniques des personnes soupçonnées d'infractions, quelle qu'en soit la gravité.

Par ailleurs, les médias n'auront plus le droit de diffuser d'informations sur les organisations reconnues comme "extrémistes" par le tribunal, pas même pour spécifier qu'elles ont été interdites ou dissoutes. Ce sera d'ores et déjà le cas pour le Parti national-bolchevique d'Edouard Limonov, interdit et poursuivi pour "extrémisme".

Le texte doit encore être entériné par le Conseil de la fédération et signé par le président russe mais, déjà, le député libéral Vladimir Ryjkov entend porter l'affaire devant la Cour constitutionnelle pour éviter que d'autres contestataires ne viennent s'ajouter aux "trente prisonniers politiques" déjà derrière les barreaux.

Selon la Constitution russe et la Déclaration universelle des droits de l'homme, tout citoyen peut critiquer le pouvoir.

Madeleine Vatel
Article paru dans l'édition du 08.07.07