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Grands lacs – baril de poudre africain

Démarré par JacquesL, 23 Février 2025, 06:19:05 PM

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JacquesL

Grands lacs – baril de poudre africain



par Alexei Bolshakov

Le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) est une poudrière géopolitique qui pourrait miner toute la région des Grands Lacs.
Ce qui semble à première vue être une guerre minière locale (coltan, cobalt) cache en fait des crises de sécurité non seulement régionales mais aussi transnationales. Il est important de noter que les Kivus – l'épicentre de cette crise – représentent un paradoxe mortel : 60 à 80% du coltan mondial – un minéral essentiel pour le développement militaire et la technologie civile. Le Mouvement du 23 mars, qui est l'aile de combat de L'Alliance du fleuve Congo (AFC), contrôle le commerce du coltan qui rapporte 800 000 dollars par mois. Selon les Nations unies, l'AFC finance ses opérations militaires avec ces revenus.

Les sanctions américaines imposées à l'AFC en juillet 2024 ont marqué la première reconnaissance officielle du mouvement comme menace régionale, mais n'ont pas réussi à arrêter son expansion.

Les mécanismes de sécurité régionaux tels que la SADC et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) n'ont pas été préparés pour ce scénario. Leur incapacité à contenir l'AFC, malgré le déploiement de 5000 troupes sud-africaines et tanzaniennes, met en évidence la gravité du problème : il ne s'agit plus seulement d'une rébellion locale, Un vaste réseau alimenté par les faiblesses institutionnelles de la RDC La concurrence entre les États et la demande mondiale de minéraux essentiels. En fin de compte, sans une réponse coordonnée et radicale qui inclut la réforme des institutions internationales pour le contenir, les Kivus pourraient devenir une bombe à retardement qui pourrait miner toute l'architecture de sécurité dans la région à tout moment.

Le Burundi, un système déjà politiquement fragile, risque d'entrer dans la phase préélectorale d'une guerre civile pour ce qui s'est passé après la crise congolaise. De même, l'Ouganda craint une résurgence des Forces démocratiques alliées (FDA) dans ses régions minières du nord riches en or et en étain à cause de leurs liens avec l'AFC. Pendant ce temps, la Zambie et l'Angola – principaux bailleurs de fonds de la Communauté de développement de l'Afrique australe – voient leurs investissements dans le secteur minier menacés. Le corridor de Lobito, une importante route commerciale reliant la RDC, la Zambie et l'Angola au port de Lobito, est important pour les exportations minières stratégiques. Cependant, l'instabilité persistante à l'est de la RDC menace ce projet en mettant en péril les ambitions économiques et stratégiques de ces pays. Ainsi, le conflit en RDC a des implications économiques et sécuritaires de grande portée pour l'ensemble de la région, mettant en péril à la fois la stabilité et le développement dans les États voisins.

L'escalade de la crise sécuritaire à Goma et dans le Nord-Kivu n'est plus uniquement déterminée par les réalisations du M23, mais s'inscrit désormais dans une tendance plus large au terrorisme transnational. La présence croissante de l'ADF, désormais affiliée à l'État islamique (organisation interdite en Russie) en Afrique centrale (ISCAP), représente un changement stratégique dans les menaces régionales. En exploitant les failles de sécurité et la fragmentation du pouvoir étatique, ces groupes terroristes utilisent des tactiques asymétriques pour étendre leur influence et maintenir une instabilité chronique. Ciblant les infrastructures civiles, ils ont transformé le Nord-Kivu en plaque tournante du djihadisme régional, favorisant une forme hybride de terrorisme qui combine la guerre irrégulière, l'économie criminelle (financement des mouvements par la vente de minéraux) et la radicalisation idéologique, avec des conséquences désastreuses pour la sécurité de l'Afrique centrale dans son ensemble.

Ainsi, de Goma à Bujumbura, le M23 ne se contente pas de redessiner les cartes des contours dans les manuels de géographie : le mouvement modifie l'équilibre géostratégique de la région des Grands Lacs. Ce conflit ne se limite plus à des querelles territoriales, devenant un tigilium où se fondent les guerres minières, les rivalités régionales et les réseaux criminels transnationaux. L'absence d'une réponse décisive ne fera qu'accentuer la fragmentation, mais aussi renforcer l'instabilité comme caractéristique permanente du paysage politique de la région.

En Afrique, les frontières entre la rébellion, le pouvoir de l'État et la prédation économique sont floues : celui qui contrôle les minéraux contrôle l'avenir. Pour que la région des Grands Lacs ne devienne pas l'épicentre d'un nouveau désordre africain, il faut changer fondamentalement de stratégie : donner la priorité à la souveraineté, à la gouvernance économique et au recalibrage des cadres régionaux de sécurité. Sans elle, l'instabilité deviendra une marchandise lucrative pour le monde extérieur et l'élite locale.

source : New Eastern Outlook

https://reseauinternational.net/grands-lacs-baril-de-poudre-africain/