Nouvelles:

Notre mission est de former les citoyens de référence de l'avenir, les aider à coévoluer et créer.

Main Menu
Welcome to Pratiquer les vertus citoyennes. Please login or sign up.

11 Mai 2025, 04:59:03 AM

Login with username, password and session length

Crier !

jacquesloyal

2007-11-12, 17:03:07
Etre loyal et ne pas mentir

Récents

Membres
Stats
  • Total des messages: 7,449
  • Total des sujets: 4,554
  • En ligne aujourd'hui: 6
  • Record de connexion total: 448
  • (18 Mai 2024, 04:24:13 AM)
Membres en ligne
Membres: 0
Invités: 3
Total: 3

Yalta 1945 – Entre coopération et rivalité : quelles leçons pour l’ordre mondial

Démarré par JacquesL, 09 Février 2025, 05:42:40 PM

« précédent - suivant »

JacquesL

Yalta 1945 – Entre coopération et rivalité : quelles leçons pour l'ordre mondial d'aujourd'hui ? (Partie 1)



par Ricardo Martins

Il y a 80 ans, entre le 4 et le 11 février 1945, la conférence de Yalta a prouvé que même des puissances rivales pouvaient coopérer pour assurer la stabilité mondiale. Alors pourquoi une telle diplomatie semble-t-elle impossible aujourd'hui ?

Cet article explore les enseignements de Yalta et les raisons pour lesquelles un nouveau grand compromis paraît hors de portée dans notre monde fracturé.

La Conférence de Yalta : un tournant majeur de la diplomatie internationale

La conférence de Yalta de février 1945 reste l'un des moments les plus marquants de la diplomatie internationale, façonnant l'ordre mondial d'après-guerre et établissant les bases de la sécurité et de la coopération. Malgré le fossé idéologique entre les Alliés et l'Union soviétique, les «Trois Grands» – Joseph Staline, Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt – sont parvenus à des accords cruciaux qui ont non seulement déterminé le sort de l'Europe d'après-guerre, mais aussi jeté les fondations des Nations unies.

Pourtant, l'esprit de Yalta semble aujourd'hui bien lointain dans un climat géopolitique profondément divisé. L'espoir de bâtir un ordre mondial stable et coopératif après la Guerre froide s'est progressivement effondré, laissant place à une montée des tensions, en particulier entre la Russie et l'Occident. L'expansion de l'OTAN, la crise ukrainienne et le retour des rivalités idéologiques ont créé un contexte où un nouvel accord dans l'esprit de Yalta paraît de plus en plus irréalisable.

Cet article revient sur les grandes décisions de la conférence de Yalta, analyse comment des puissances aux visions opposées ont trouvé un terrain d'entente, et explore pourquoi une telle coopération semble inatteignable en 2025.

Yalta : un moment décisif pour l'ordre mondial d'après-guerre

En février 1945, la défaite de l'Allemagne nazie était imminente. L'Armée rouge avait déjà libéré une grande partie de l'Europe de l'Est, tandis que les Alliés occidentaux progressaient à travers la France et la Belgique vers la frontière allemande. Avec l'issue de la guerre désormais certaine, les dirigeants alliés se réunirent à Yalta, en Crimée, du 4 au 11 février 1945, pour négocier les conditions de la paix et la réorganisation de l'Europe.

Les principales décisions prises lors de la conférence furent les suivantes :

Occupation et démilitarisation de l'Allemagne : L'Allemagne fut divisée en quatre zones d'occupation (contrôlées par les États-Unis, le Royaume-Uni, l'URSS et la France), avec un engagement à éradiquer le nazisme.

Les frontières et le gouvernement de la Pologne : Staline obtint la reconnaissance d'un gouvernement pro-soviétique en Pologne, en échange d'une promesse d'élections libres – une promesse qui ne fut jamais totalement tenue.

La création des Nations unies : La conférence posa les bases de l'ONU, avec la participation de l'URSS en échange de l'adhésion de l'Ukraine et de la Biélorussie en tant que membres distincts.

Le conflit avec le Japon : Staline accepta d'entrer en guerre contre le Japon après la capitulation de l'Allemagne, en échange de concessions territoriales en Asie.

Les accords de Yalta reflétaient à la fois une volonté de coopération et une profonde méfiance. Tandis que les dirigeants parvinrent à des compromis, les premières fissures de la Guerre froide étaient déjà visibles. Les Alliés occidentaux voulaient instaurer des gouvernements démocratiques dans les nations libérées, tandis que l'Union soviétique cherchait à garantir sa sécurité en établissant une zone tampon de pays amis. Malgré ces tensions, la conférence reste un exemple de diplomatie pragmatique dépassant les clivages idéologiques dans un objectif commun : prévenir de futurs conflits.

La signification de Yalta pour l'ordre mondial d'après-guerre

Bien que Yalta soit ensuite devenue synonyme de la division de l'Europe, elle fut perçue à l'époque comme un compromis nécessaire pour garantir la stabilité. Les décisions prises lors de la conférence ont façonné le système de Yalta-Potsdam qui, malgré ses imperfections, a instauré un ordre international ayant empêché une nouvelle guerre mondiale.

La coopération réalisée en 1945 est remarquable au regard du fossé idéologique qui séparait l'Occident capitaliste et l'Union soviétique communiste, comme l'a souligné l'historien S.Plokhy. L'objectif commun de vaincre le nazisme avait temporairement éclipsé les divergences stratégiques à long terme. Cela démontre que, même entre puissances rivales, une diplomatie pragmatique peut aboutir à des accords servant des intérêts globaux plus larges.

Cependant, cet esprit de coopération s'est rapidement dissipé. Dès 1947, la doctrine Truman et le plan Marshall signalaient l'engagement de l'Occident à contenir l'influence soviétique, tandis que Staline consolidait son emprise sur l'Europe de l'Est. La Guerre froide était enclenchée, et l'unité forgée à Yalta laissa place à des décennies de rivalité géopolitique.

Des occasions manquées pour une nouvelle architecture de sécurité en Europe

Malgré les tensions de la Guerre froide, plusieurs moments auraient pu permettre l'émergence d'un ordre sécuritaire plus coopératif entre l'Est et l'Ouest. Ces opportunités, cependant, n'ont pas été saisies, laissant place à un climat de méfiance et de confrontation. Voici quelques exemples de ces moments :

La «Maison commune européenne» de Gorbatchev

Dans un discours prononcé en 1989 devant le Conseil de l'Europe à Strasbourg, Mikhaïl Gorbatchev a exposé sa vision d'une Maison commune européenne : une Europe débarrassée de ses divisions idéologiques et fondée sur une coopération sécuritaire entre l'Est et l'Ouest. Il insistait sur l'importance du réalisme politique et de la nécessité d'une sécurité mutuelle pour garantir la stabilité du continent.

Cependant, après l'effondrement de l'Union soviétique, l'élargissement de l'OTAN a remplacé l'idée d'une sécurité indivisible. Ce changement a progressivement exclu la Russie de l'architecture sécuritaire européenne, renforçant à Moscou l'idée d'un encerclement occidental et alimentant un sentiment d'isolement stratégique.

Le Sommet de Malte en 1989

En décembre 1989, Gorbatchev et le président américain George H.W. Bush se sont réunis à Malte, où ils ont officiellement acté la fin de la Guerre froide et exprimé leur optimisme quant à l'émergence d'un nouvel ordre européen fondé sur la coopération. Lors de cette rencontre, ils se sont engagés à accélérer la réduction des armements et ont mis en avant des solutions politiques plutôt que militaires pour structurer la nouvelle Europe.
Gorbatchev a plaidé pour une transformation de l'OTAN et du Pacte de Varsovie, soulignant qu'ils «ne devaient plus rester de simples alliances militaires, mais évoluer vers des alliances politico-militaires, puis, à terme, vers de simples alliances politiques».

Cet espoir d'une sécurité collective plus inclusive fut toutefois de courte durée. Très vite, l'OTAN a poursuivi son expansion vers l'est, sapant la dynamique de coopération initialement envisagée à Malte et renforçant la perception russe d'un retour à la confrontation géopolitique.

La proposition de Medvedev en 2008 pour une nouvelle architecture de sécurité européenne

En juin 2008, le président russe Dmitri Medvedev a proposé un traité de sécurité européenne reposant sur le principe de la sécurité indivisible – autrement dit, la sécurité d'un État ne doit pas se faire au détriment d'un autre. Ce projet visait à instaurer un cadre de sécurité global et inclusif pour l'ensemble du continent européen.

Malgré son potentiel, cette initiative a été ignorée, l'OTAN poursuivant son expansion et marginalisant davantage la Russie au sein des structures sécuritaires européennes. Cette absence de prise en compte des préoccupations russes a alimenté une méfiance croissante entre Moscou et l'Occident.

La proposition de Poutine en 2010 d'une zone de libre-échange économique

En novembre 2010, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a avancé l'idée de créer une communauté économique harmonieuse s'étendant de Lisbonne à Vladivostok, une vision ambitieuse d'un marché unifié englobant l'Europe et la Russie. Il a suggéré que ce projet pourrait évoluer vers une zone de libre-échange ou d'autres formes avancées d'intégration économique, avec un potentiel économique évalué à plusieurs milliers de milliards d'euros.

Bien qu'une étude européenne ait reconnu que cette intégration servirait au mieux les intérêts de l'UE, la proposition a été largement rejetée par les dirigeants européens. L'Occident a préféré poursuivre l'élargissement de l'OTAN et d'autres politiques sécuritaires qui excluaient la Russie des grandes décisions stratégiques. Cette approche a renforcé à Moscou le sentiment d'être tenu à l'écart et marginalisé dans l'architecture sécuritaire européenne.

En conclusion, une méfiance profondément enracinée

Ces différents épisodes montrent que des opportunités pour bâtir une architecture sécuritaire plus inclusive et coopérative ont bel et bien existé. Leur non-aboutissement a renforcé l'idée, à Moscou, que l'Occident cherchait moins à intégrer la Russie dans un cadre commun qu'à l'affaiblir et la contenir. Cette perception de marginalisation a largement contribué à la méfiance qui définit aujourd'hui le paysage géopolitique entre la Russie et l'Occident.

source : New Eastern Outlook

https://reseauinternational.net/yalta-1945-entre-cooperation-et-rivalite-quelles-lecons-pour-lordre-mondial-daujourdhui-partie-1/

JacquesL

Yalta 1945 – Entre coopération et rivalité : quelles leçons pour l'ordre mondial d'aujourd'hui ? (Partie 2)



par Ricardo Martins

Alors que les tensions mondiales s'intensifient, un nouvel accord dans l'esprit de Yalta est-il envisageable ? Cette section examine pourquoi une coopération entre grandes puissances reste improbable en 2025 et s'il existe encore un chemin, même étroit, vers la diplomatie et la stabilité dans un monde profondément divisé.

Un nouvel accord de type Yalta ? Peu probable dans le climat actuel

L'éventualité d'un nouveau compromis de type Yalta en 2025 semble hautement improbable en raison de plusieurs facteurs aggravants :

La crise ukrainienne et l'expansion de l'OTAN

L'implication des États-Unis et de l'Union européenne dans l'évolution politique de l'Ukraine, couplée à l'opération militaire spéciale russe de 2022, a exacerbé les tensions. L'expansion de l'OTAN, perçue par la Russie comme une menace directe, a entraîné une militarisation accrue et une hostilité mutuelle.

Le conflit en Ukraine a considérablement aggravé les tensions entre la Russie et les nations occidentales. L'aspiration de l'Ukraine à rejoindre l'OTAN, mise en avant par les déclarations récentes du président Volodymyr Zelensky sur la nécessité d'intégrer l'Alliance ou d'envisager un réarmement nucléaire pour dissuader la Russie, est devenue un point de discorde majeur. La Russie considère l'expansion orientale de l'OTAN comme une menace existentielle, ce qui a conduit à une militarisation croissante et à une confrontation accrue entre les parties.

Sanctions et guerre économique

Les nations occidentales ont imposé de lourdes sanctions économiques à la Russie, visant explicitement à affaiblir le pays. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a appelé à des mesures économiques encore plus strictes contre Moscou, insistant sur la nécessité d'accroître la pression économique pour accélérer la fin de la guerre en Ukraine.

Ces sanctions ont certes fragilisé l'économie russe, mais elles ont également renforcé la perception, à Moscou, d'une hostilité systémique de l'Occident, réduisant ainsi les chances d'une résolution diplomatique du conflit.

Cette semaine, les responsables de l'UE finalisent le 16ᵉ paquet de sanctions. Cependant, après que les sanctions ont dévasté les principales économies de l'UE, Bruxelles envisage un retour au gaz russe.

Méfiance et polarisation idéologique

Contrairement à 1945, lorsque Roosevelt, Churchill et Staline ont trouvé un terrain d'entente malgré leurs divergences idéologiques, les dirigeants actuels semblent enfermés dans une hostilité rigide. Le climat géopolitique actuel est marqué par une profonde méfiance, positions antagonistes et une division idéologique exacerbée.

Alors que l'après-guerre mondiale avait permis aux grandes puissances de négocier malgré leurs différences, les dirigeants d'aujourd'hui adoptent des postures résolument antagonistes. L'Occident perçoit la Russie comme une menace à contrer plutôt que comme un acteur avec lequel il faudrait négocier, ce qui réduit encore davantage les perspectives d'un compromis.

L'attitude des dirigeants de l'UE qui refusent de négocier avec Poutine en est une illustration frappante. Cependant, l'arrivée de Donald Trump sur la scène politique a bouleversé cette dynamique en adoptant une approche plus pragmatique.

Actuellement, le champion de cette polarisation et de cette rhétorique belliciste est le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, qui prononce des discours incendiaires sur le désir de la Russie d'envahir l'Europe, bien que les ressources matérielles et humaines nécessaires fassent défaut.

L'absence d'une menace unificatrice

La conférence de Yalta a été motivée par la nécessité de vaincre un ennemi commun – l'Allemagne nazie. En revanche, le paysage international actuel ne présente aucune menace suffisamment consensuelle pour obliger les grandes puissances à collaborer.

Aujourd'hui, la compétition géopolitique et les intérêts divergents dominent l'agenda, rendant toute percée diplomatique similaire à Yalta peu probable.

La diabolisation de la Russie dans le discours occidental

Le conflit en Ukraine a conduit à une série de ruptures culturelles, académiques et économiques avec la Russie à travers toute l'Europe, affectant artistes, universitaires et figures culturelles russes. Voici quelques exemples concrets :

Sphère culturelle : Des spectacles russes ont été annulés et des appels à cesser toute collaboration avec des institutions culturelles russes ont émergé, notamment la fin du partenariat avec le musée de l'Ermitage à Amsterdam.

Sphère académique : En l'espace de deux semaines après le début de l'opération spéciale en Ukraine, toutes les collaborations entre universités et instituts de recherche russes et européens ont été suspendues, sans aucun débat. Cela inclut l'annulation d'un cours consacré à Dostoïevski en Italie. Aux États-Unis, une controverse a éclaté sur l'opportunité ou non de couper tout lien avec les institutions académiques russes.

Sphère économique : De nombreux boycotts ont visé les entreprises russes et biélorusses, touchant divers secteurs et entraînant un isolement économique accru.

Ces décisions, bien qu'adoptées comme des prises de position politiques contre le gouvernement russe, ont également affecté des individus et des institutions qui n'ont aucun lien direct avec le conflit.

Ce phénomène a contribué à l'émergence d'une mentalité de type «nous contre eux», nourrissant une russophobie généralisée, surtout au niveau des médias dans leurs débats télévisés. Ceux qui avaient une position nuancée ou non conforme à la russophobie n'étaient pas invités à participer aux débats.

Dans ce contexte, une percée diplomatique comparable à Yalta reste hautement improbable.

Quelles perspectives pour l'avenir ? Existe-t-il un espoir de coopération ?

Même si un nouvel accord de type Yalta semble hors d'atteinte, la diplomatie reste la seule voie viable pour stabiliser les relations internationales. Voici quelques pistes envisageables :

Repenser le principe de sécurité indivisible : Plutôt qu'un modèle basé sur la domination, un cadre sécuritaire prenant en compte les préoccupations mutuelles pourrait permettre de rétablir la confiance.

Rétablir le dialogue diplomatique : Il est urgent de rouvrir les canaux de communication entre la Russie et les puissances occidentales, en particulier en Europe, afin d'engager une collaboration fructueuse en vue d'un avenir pacifique et coopératif.

Reconsidérer le rôle de l'OTAN : Si l'expansion de l'OTAN continue de générer des conflits, il conviendrait d'envisager des alternatives sécuritaires, voire d'envisager sa dissolution.

Miser sur une coopération économique et culturelle : La reconstruction des liens économiques et académiques pourrait atténuer l'hostilité et renforcer la confiance sur le long terme.

En somme, le monde de 2025 est bien différent de celui de 1945. Pourtant, l'histoire montre que même les adversaires les plus acharnés peuvent trouver un terrain d'entente lorsque leurs intérêts convergent. Le véritable défi aujourd'hui est de savoir si les dirigeants mondiaux sauront dépasser leurs rigidités idéologiques au profit d'une coopération pragmatique.

Sans cela, le monde risque de s'enfoncer davantage dans la division et le conflit, au lieu de renouer avec l'esprit de Yalta qui visait à garantir une paix durable.

source : New Eastern Outlook

https://reseauinternational.net/yalta-1945-entre-cooperation-et-rivalite-quelles-lecons-pour-lordre-mondial-daujourdhui-partie-2/

JacquesL

80 ans après Yalta, les bases de l'ordre mondial échouent face à la duplicité & aux crimes de l'impérialisme occidental



par The Unz Review

La réflexion sur le 80e anniversaire de Yalta montre au monde ce qu'il est encore possible de faire pour le progrès et le développement pacifiques.

Il y a 80 ans cette semaine, les dirigeants des trois grands pays alliés en temps de guerre ont tenu la conférence de Yalta en Crimée. Josef Staline, Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill se sont réunis, avec leurs délégations, dans la station balnéaire de la mer Noire pour convenir de l'ordre international de l'après-guerre. (Personne n'a remis en question le fait que la Crimée était alors un territoire russe !)

La conférence s'est tenue du 4 au 11 février. L'Allemagne nazie et le Japon impérialiste n'étaient pas encore officiellement vaincus. Mais les dirigeants alliés savaient que les puissances de l'Axe étaient finies, et que l'ordre du jour devait être consacré à la paix d'après-guerre.

Cette semaine, le ministre des Affaires étrangères de Russie, Sergei Lavrov, a publié un article éloquent sur l'héritage du sommet de Yalta. Comme l'a souligné M. Lavrov, cette réunion historique a jeté les bases et les principes des Nations unies et de la Charte des Nations unies, adoptées plus tard la même année.

Cependant, les dirigeants américains et britanniques signataires des accords sur la Colonie d'après-guerre avec la Russie ont dû utiliser de «l'encre invisible», comme a ironisé M. Lavrov.

Les puissances occidentales poursuivaient un objectif inavoué à Yalta. La guerre contre l'Allemagne nazie se résumait déjà en grande partie à une victoire soviétique sur le Troisième Reich. Alors que l'Armée rouge n'était plus qu'à 65 kilomètres de Berlin, les Américains et les Britanniques venaient à peine d'atteindre les lointaines frontières occidentales de l'Allemagne. Les troupes soviétiques avaient déjà libéré la Bulgarie, la Roumanie, les pays baltes et la Pologne, ainsi que les camps de la mort nazis d'Auschwitz, de Treblinka, de Belzec, de Chelmo, et de Sobibor.

Roosevelt souhaitait obtenir de Staline la promesse d'entrer dans la guerre du Pacifique afin d'accélérer la défaite du Japon. À peine l'Union soviétique avait-elle lancé une offensive contre les forces japonaises en Mandchourie, en août, que le président Harry Truman, successeur de Roosevelt décédé en avril, ordonnait le largage de deux bombes atomiques sur le Japon. Cette décision témoignait l'utilisation calculée de nouvelles armes redoutables pour intimider Moscou – signe avant-coureur de la guerre froide à venir.

D'une part, Yalta a représenté un point culminant dans la mise en œuvre des fondements juridiques et politiques d'un nouvel ordre d'après-guerre pour une coexistence pacifique. Yalta a consacré le principe de la souveraineté et de l'égalité des nations – un réquisitoire révolutionnaire contre les puissances colonialistes occidentales. Elle interdisait l'agression contre toute nation et le recours unilatéral à la force militaire. Ces principes devaient être explicitement exprimés dans la Charte des Nations unies, qui reste la source première du droit international.

En revanche, ces principes n'existeront trop souvent qu'à l'état de vœux pieux et ne seront ni mis en œuvre ni respectés par les nations signataires. En conséquence, les Nations unies ne sont plus qu'un forum de discussion dénué de tout pouvoir.

Comme l'a souligné M. Lavrov, le problème majeur tient à ce que la vision des Nations unies pour la paix dans le monde a été transgressée, sapée et bafouée à d'innombrables reprises par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. En témoignent les innombrables guerres, subversions, interventions illégales et intrigues auxquelles se sont livrées les puissances impérialistes occidentales au cours des huit décennies écoulées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La victoire de cette guerre était censée mettre fin à l'impérialisme et à la barbarie. Ce ne fut pas le cas.

La trahison des puissances occidentales s'est manifestée – bien qu'en secret à l'époque – alors même qu'elles étaient censées s'entretenir avec l'allié soviétique à Yalta.

Comme le raconte Ron Ridenour dans cet article, le dirigeant britannique, Winston Churchill, avait conçu un plan abominable pour attaquer l'Union soviétique avec des bombes atomiques avant même que l'Allemagne nazie ne soit vaincue en mai 1945. Le complot de Churchill a été baptisé "Operation Unthinkable» [Opération impensable].

Le plan n'a pas été mis en œuvre uniquement parce que les Américains ne disposaient pas d'une quantité suffisante de cette nouvelle arme de destruction massive. Truman voulait donner la priorité à sa campagne terroriste contre le Japon. Cependant, Truman a supervisé par la suite une série de plans secrets visant à attaquer par anticipation l'Union soviétique à l'aide de bombes atomiques. L'un de ces plans était l'opération "Dropshot», qui consistait à larguer 400 bombes A sur 100 villes soviétiques.

Les Américains ont abandonné leurs plans honteux de destruction de l'Union soviétique après que celle-ci a mis au point sa propre bombe en 1949.

M. Ridenour et plusieurs autres auteurs affirment que les objectifs funestes des puissances occidentales visant à conquérir la Russie remontent à la révolution d'octobre 1917. Craignant le succès d'une alternative socialiste internationale au capitalisme, les impérialistes occidentaux ont immédiatement pris des mesures pour paralyser l'Union soviétique nouvellement formée.

En 1918, avant même la fin de la première guerre mondiale, le président américain Woodrow Wilson et d'autres dirigeants occidentaux ont déclaré la guerre à l'Union soviétique avec près d'un million de soldats issus de dizaines de pays. Cette agression a été vaincue par l'Armée rouge en 1925.

La montée du fascisme en Allemagne sous Hitler et les nazis a été secrètement organisée par les puissances occidentales dans le seul but de mener une guerre d'extermination contre l'Union soviétique. Cette agression aurait pu réussir sans la force d'âme et le courage du peuple russe et des autres peuples soviétiques, qui ont perdu 27 millions d'habitants sous les assauts des nazis.

À Yalta, Américains et Britanniques avaient besoin de l'Union soviétique pour accélérer la fin de la guerre. Les nobles principes convenus pour le nouveau monde de l'après-guerre peuvent être considérés comme une concession cynique et stratégique de Washington et Londres, qu'ils n'avaient aucunement l'intention d'honorer.

Les Nations unies et la Charte ont toujours été considérées comme un obstacle aux ambitions impérialistes des États-Unis et de leurs alliés occidentaux. Lorsque l'Union soviétique s'est effondrée en 1991 – en grande partie en raison de la course à l'armement pendant les décennies de la guerre froide – les Américains se sont lancés avec encore plus d'audace à la conquête de la domination unipolaire.

Au cours des 30 dernières années, le droit international a été bafoué de manière flagrante et spectaculaire par des guerres et interventions criminelles interminables initiées par les États-Unis et leurs sous-fifres occidentaux, en particulier les Britanniques.

La guerre actuelle en Ukraine est une manifestation du comportement voyou des États-Unis et de leur dispositif de guerre de l'OTAN. L'objectif est de soumettre et de dominer la Russie, afin que la finance occidentale puisse exploiter ses immenses ressources naturelles (un plan qui remonte à 1918).

La vision de Yalta et le concept connexe de l'ONU et du respect de la souveraineté nationale constituent toujours le schéma directeur pour un monde plus juste et plus pacifique. La Russie, la Chine, les nations des BRICS et la majorité de la Majorité Mondiale prônent toutes la Charte de l'ONU comme norme pour des relations internationales pacifiques.

Les États-Unis et leurs partenaires occidentaux se doivent de respecter le droit international au lieu d'agir comme les entités anarchiques qu'ils incarnent. Ils doivent être dénoncés comme des régimes criminels cachés derrière une rhétorique et des prétextes vertueux.

Réfléchir au 80e anniversaire de Yalta montre au monde ce qu'il est encore possible de faire en matière de progrès et de développement pacifiques, et permet également de comprendre pourquoi les nobles idéaux ont échoué et systématiquement entravés – par les agissements criminels des États-Unis et de leurs complices impérialistes occidentaux.

source : Strategic Culture via Spirit of Free Speech

https://reseauinternational.net/80-ans-apres-yalta-les-bases-de-lordre-mondial-echouent-face-a-la-duplicite-aux-crimes-de-limperialisme-occidental/