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Bang ! Bang ! You’re Dead ? Partie 1 : Cowboys et Indiens : nous sommes en 1957

Démarré par JacquesL, 20 Janvier 2025, 03:03:52 PM

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JacquesL

Bang ! Bang ! You're Dead ? Partie 1 : Cowboys et Indiens : nous sommes en 1957 – le cas de l'Ukraine



par Mendelssohn Moses

Demain, une nouvelle administration US, et certains se plaisant déjà à penser que «l'OTAN» et ses horreurs en Ukraine va disparaître dans les valises de l'équipe sortante.

Gros hic : les opérations tant secrètes qu'ouvertement militaires en ex-Ukraine remontent à bien avant 2014 et même, à bien avant la notoire War Plan de Barry R. Posen1 dont nous avons eu l'occasion de parler ici.

Ainsi, et parmi les évènements singuliers d'une semaine qui en fourmille (le Groenland, Bon Sens ! Jonathan Greenblatt et les beepers2, le Traité de 100 (sic) ans entre l'Angleterre et l'ex-Ukraine.3

Ce Traité, dit Partenariat, stipule entre autres, un «Grain Verification Scheme» ; apparemment l'Angleterre aurait développé des moyens (lesquels ?) lui permettant pister les céréales cultivées puis vendues par les quatre nouveaux territoires russes que l'Angleterre décrit comme «occupés», en vue de les saisir. Surtout le Traité doit «renforcer la collaboration militaire sur la sécurité maritime ... en intensifiant la sécurité en mer Baltique, en mer Noire et dans la mer d'Azov».

(Mendelssohn ne commande pas les forces russes mais si ce n'était que pour moi, je m'emparerai illico d'Odessa et de Nikolayev ...).

Du jamais vu, un Traité de 100 ans entre un État anglais en pleine déliquescence sur tous les plans, et l'ex-Ukraine – ce No-Man's Land dont tout ce qui n'est point polonais ou hongrois est russe et ce depuis le Xe siècle au moins. Pour s'en convaincre, il suffit de lire l'exceptionnel ouvrage de Véra Traimond (2003)4, étude de la seule architecture religieuse, mais qui en 2025 ne trouverait aucun éditeur en France. Je me demande pourquoi.

Traité de 100 ans donc, entre deux ectoplasmes, et signé pratiquement le jour même du traité russo-iranien.

Puis des éructations de Mike Walz, conseiller d'Insécurité nationale de Trump et jouet des Suspects Habituels, qui considère que recruter les adolescents de 18 ans dans les forces de l'ex-Ukraine «pourrait générer de centaines de milliers de nouveaux soldats» (12 janvier, ABC This Week on Sunday) . Selon lui, cela permettrait de «stabiliser» la ligne de front.

Les enfants, arrêtons de rêver. Ça n'est pas prêt d'arrêter parce qu'une lame de fond, ça vient de loin. Plus loin encore que la Guerre de Crimée.

Cependant, l'époque crucial est les années '50. Les services occidentaux (Cowboys) affluent alors sur le territoire dit «Ukraine» pour flinguer de l'Indien – ou mieux dit du Slave sous prétexte de «Communisme».

«Resistance Factors and Special Forces Areas – UKRAINE»

Un document a spécialement attiré notre attention.

Il s'agit de «Resistance Factors and Special Forces Areas – UKRAINE»5 (dorénavant : RFSFAU) sur lequel Papa Mendelssohn, entravé par de multiples déboires, aurait dû écrire il y six mois déjà. Il date de 1957 et porte la signature du Georgetown University Research Project.

Commandé par le Technical Intelligence Field Agency, ACSI, curieux organisme théoriquement dissous en 1962 – on peut parier que la CIA souhaitait alors reprendre directement en main ses opérations – la tournure idéologique de sa rédaction indique des personnages originaires ou remarquablement familiers de «l'Ukraine» occidentale. Et pas des plus recommandables.

En effet, s'étendant sur près de 300 pages en police minuscule, RFSFAU n'est en rien académique. C'est à 100% une étude de cible – en l'occurrence des régions ukrainiennes de l'URSS – dont le détail laisse pantois. Il n'a pu être rédigé que par des anciens militaires ayant une accointance personnelle et absolument précise du terrain et maîtrisant les langues slaves.

Or, qui se serait mis au service du renseignement US au tout début des années '50 ?

Il ne peut être question que de deux catégories d'individus : soit des officiers allemands ayant participé aux plans pour Opération Barbarossa et recrutés au sein de la Rat Line6 par les services US et UK dès 1944, dotés nécessairement d'une parfaite connaissance du terrain, soit des Banderiki, des acolytes de Stepan Bandera exfiltrés eux aussi sur l'équivalent du Rat Line.7

Très étoffé, truffé de plans, de cartes et de tableaux d'une précision admirable, le document RFSFAU est également fort bien organisé.

Dans le présent volet, nous présenterons sa structure, et demain, nous commencerons à éplucher du moins en partie, le contenu. Dans l'intérim, nous espérons que Ceux qui en ont l'Utilité l'auront téléchargé et lu (et peut-être aussi8).

Structure du document RFSFAU

RFSFAU est organisé en six volets, plus une annexe. Le Volet I (Résistance and Population Factors) étudie l'histoire des relations des deux «peuples» qui, reconnaissent les auteurs, sont difficiles à distinguer l'un de l'autre, puis se penche sur les groupuscules historiquement hostiles à l'Empire russe depuis le XIXe siècle, puis sur ceux qui se sont opposés à l'URSS dès la Révolution bolchévique, particulièrement en Ukraine occidentale.

Le Volet II, «Geographic Factors affecting Resistance and Special Forces Operations», est une étude extraordinairement détaillée, cartes à l'appui, de toute la géographie «ukrainienne», centimètre par centimètre. Le Volet III («Population Factors affecting Special Forces Operations» passe au crible toutes les ethnies et dialectes de la région sur lesquels on pourra pianoter ; le Volet IV («Security Factors affecting Special Forces Operations») étudie millimètriquement toutes les frontières, ainsi que le stationnement des troupes de frontière, d'intérieur et soviétiques.

Le Volet V «Economic Vulnerability», indique chaque ligne de chemin de fer, chaque fleuve, chaque rivière, chaque barrage, toutes les mines de minéraux et de charbon, les dépôts de gaz et de pétrole, toutes les lignes de télécommunications, toutes les routes et autoroutes centimètre par centimètre. Le Volet VI «Special Forces Areas» est l'application de tout ce qui précède aux opérations en cours, tandis que l'Annexe intitulé «Resistance Activities» a étéarrachée des documents disponibles dans le domaine public (pages 269 à 274, Access Denied).

Quoiqu'il en soit les rédacteurs de RFSFAU ou bien leurs sources ont manifestement physiquement parcouru le terrain, et souvent à pied. D'où les cartes et tableaux au quadrillage époustouflant du terrain.

En somme, plus qu'un rapport ou une étude, nous sommes face à un Manuel à usage immédiat. S'il n'était pas toujours d'actualité en 2025, les seize pages non simplement caviardées mais arrachées, auraient été replacées sur le site de la CIA.

Mendelssohn Moses


JacquesL

Cowboys et Indiens : Bang ! Bang ! You're Dead ? Partie 2 : «Facteurs de résistance et zones de forces spéciales – Ukraine» 1957



par Mendelssohn Moses

https://www.cia.gov/readingroom/docs/CIA-RDP81-01043R002300220007-1.pdf – Georgetown University Research Project.

Par quelque retournement de l'alignement des astres, le 27 janvier 2025 le colonel Jacques Baud a été interviewé par le colonel Davis sur la nouvelle forme de résistance pro-Russe en ex-Ukraine y compris et surtout en ex-Ukraine occidentale (!), que nous décrirons prudemment comme prometteuse.1

La conclusion du colonel Baud : si la Russie elle-même, peu encline à prendre ses souhaits pour des réalités, n'y compte nullement dessus pour ce qui est de sa stratégie militaire, par ailleurs le danger que représente cette résistance pour l'appareil otanien au pouvoir à Kiev est imminent et réel. Car, souligne Baud, la majorité de ceux qui intègrent cette résistance ne sont pas issus des régions strictement russophones !

Mais revenons à l'année 1957, où plutôt au tout début des années '50, car rassembler un groupe aussi important de spécialistes militaires étrangers ainsi qu'une documentation aussi spécialisée sur un territoire dont les USA ignoraient tout, a vraisemblablement dû occuper entre trois et cinq ans.

Pour ce 2ème volet de notre rapport succinct sur le manuel d'action «Resistance Factors and Special Forces Areas – UKRAINE» (dorénavant : RFSFAU), rédigé sous contrat du Technical Intelligence Field Agency, ACSI de l'Armée US parcourons le prologue historique.

Soulignons-le de nouveau : les USA ayant une connaissance du terrain proche du nul, les sources anonymes de Georgetown University n'ont pu être autres que des officiers de la Wehrmacht, vétérans de l'Opération Barbarossa et recrutés/achetés par les USA après la reddition de l'Allemagne.

Secondairement seulement, trouverait-on alors des sources parmi les Banderiki et autres factions dites «nationalistes» ukrainiens, en réalité des fanatiques, idéologues et hommes de main dont les compétences devaient être fort inférieures à celles de la Wehrmacht.

En effet, l'Allemagne étant ce qu'elle est, «kleinkariert im grossen Stil», il est exclu qu'elle eût engagé une offensive aussi téméraire que Barbarossa sans avoir rassemblé une cartographie exceptionnelle et des précisions sur chaque élément connaissable de la cible, en l'occurrence l'URSS.

Notons en passant que Mendelssohn n'essaie nullement ici de «prouver» les liens entre l'Allemagne et les radicaux «ukrainiens», ces liens ayant déjà été largement décrits et démontrés dans d'innombrables documents d'autorité. Notre affaire ici, c'est la récupération et la refondation de ces réseaux par les services secrets extérieurs US, avec comme objectif Operation Barbarossa, Acte 2.

Dans leurs propres mots : «la possibilité d'une résistance nationale dans l'Ukraine a des implications bien plus graves pour l'URSS qu'en toute autre région de l'URSS ou de ses satellites».

En tout cas, si leurs sources des rédacteurs de RFSFAU à Georgetown U. sont occultées, ce n'est pas le cas de leurs sympathies, ouvertement du côté de «Barbarossa». Ainsi, le passage de la page 13 «Résistance pendant la 2ème Guerre mondiale» :

«Lorsqu'éclata la 2ème Guerre mondiale suivie de l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, les nationalistes ukrainiens y ont trouvé de nouvelles opportunités par lesquelles s'opposer à la domination de la Russie soviétique ... Dans le contexte de cette politique allemande, les Ukrainiens ont eu la possibilité d'exprimer leurs sentiments nationaux. En même temps l'occupation permettait aux observateurs allemands d'évaluer l'étendue et les forces du nationalisme ukrainien. En conséquence, la Guerre, avec les leçons apprises sur la résistance, a fourni de nombreuses et concrètes indications des possibilités qui s'ouvriraient aux opérations des Forces spéciales (US – ndlr) en Ukraine».

Nos «amis» américains s'embarrassant fort peu de contradictions, on notera que le prologue du document reconnaît sans ambage – sans toutefois parler de la Russie kiévienne comme origine même de la Russie actuelle – que depuis 16542 à un «degré tout à fait étonnant, les Ukrainiens (urbains – ndlr) ainsi que ceux qui quittaient leurs campagnes pour la ville, se sont identifiés aux Russes, et les villes de l'Ukraine sont devenues des centres russes plutôt qu'ukrainiens». Seuls les paysans avaient l'ukrainien en première et unique langue. Dans ce contexte, nos auteurs rappellent que la langue ukrainienne n'avait jamais eu de forme écrite avant le XIXe siècle et ce n'est que vers 1900 (!) qu'une grammaire et lexique ukrainienne furent formalisées – six ou sept cents ans environ après la langue espagnole, pour ne donner qu'un exemple.

Et le Prologue continue : «l'énorme influence russe en Ukraine depuis très longtemps, la ressemblance entre la langue, les coutumes, l'histoire (de ces peuples -ndlr) sont des éléments qui, pour ce qui est de la résistance (potentielle – ndlr) marque la différence entre l'Ukraine et les satellites (de l'URSS) en Europe orientale. En conséquence, il ne faut pas s'attendre à trouver une résistance à la domination soviétique telle que dans les satellites ... les points conflictuels entre les Ukrainiens et les Russes sont moindres que dans d'autres régions dominées par les Russes. Certains Ukrainiens ne sont que très faiblement conscients qu'il y aurait des différences entre eux et les Russes, et ne ressentent pratiquement aucun antagonisme de type national. Cependant, des griefs significatifs existent et sous descirconstances favorables, on peut espérer que ces gens (sic)aideront les Forces Spéciales US à combattre le régime».

Analyse faite des mouvements de résistance en ex-Ukraine pendant la Guerre, nos auteurs concluent que à l'est du fleuve Dnepr, tous étaient pro-russes, et donc sans intérêt d'avenir pour les opérations spéciales des USA. Par contre, en Volynie et Galicie (anciennement en Pologne), «une base solide d'opposition à l'URSS fut établie. Un mouvement actif de résistance est apparu (pendant la Guerre – ndlr) et qui est désormais responsable pour presque toute l'activité de résistance après 1945».

Trois organisations ont retenu l'attention de Georgetown U. : L'Organisation des Nationalistes Ukrainiens (OUN) fondée par Bander/Stetsko/Shukevich ; l'Armée des insurgés ukrainiens et le Conseil suprême de libération.

L'OUN retient toute l'attention des auteurs ; sa «position extrême, qui glorifie la nation en termes qui rappellent le National-Socialisme allemand» ; son refus de tout compromis avec l'URSS et son insistance sur l'action révolutionnaire illégale ; son exigence de l'indépendance inconditionnelle de l'Ukraine, «expliquent son importance en tant que groupe de résistance le plus actif».

Cependant, l'OUN présente le désavantage d'être désavoué par «la plupart des Ukrainiens qui ne partagent pas ses vues de nationalisme extrémistes» et de n'être véritablement à l'œuvre que dans les régions occidentales.

Et Georgetown de conclure qu'il faudra miser «sur des groupes plus modérés, «plus susceptibles de trouver un écho favorable parmi la population».

À suivre...

Mendelssohn Moses



https://reseauinternational.net/cowboys-et-indiens-bang-bang-youre-dead-partie-2-facteurs-de-resistance-et-zones-de-forces-speciales-ukraine-1957/