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Briser l’échine de l’Europe, telle devrait être la politique de la Russie envers

Démarré par JacquesL, 25 Janvier 2025, 01:53:09 PM

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JacquesL

Briser l'échine de l'Europe, telle devrait être la politique de la Russie envers l'Occident



par Sergueï Karaganov

L'élection de Trump a temporairement mis en pause le développement de notre politique envers l'Occident, y compris envers la guerre qu'il mène en Ukraine. Nous n'avons pas réagi trop vivement (à juste titre) aux provocations d'arrière-garde de la clique de Biden, mais nos guerriers ont poursuivi leurs opérations offensives et le broyage des forces mercenaires occidentales en Ukraine. Aujourd'hui, de tous côtés, on parle de la possibilité d'un compromis, de ses contours. Et même chez nous, au moins dans les médias, on s'est mis à commencer à discuter de ces options.

Avec mes collègues, nous préparons actuellement une étude à grande échelle et une analyse de la situation consacrées à l'élaboration de recommandations concernant la politique russienne en direction de l'Ouest. Sans anticiper les résultats de la discussion, je vais présenter ici quelques réflexions préliminaires. Elles peuvent être utiles pendant la préparation du rapport et visent à ouvrir la voie à une discussion plus large.

L'administration Trump n'a aucune raison sérieuse, à l'heure actuelle, de négocier avec nous dans les conditions que nous avons fixées. La guerre est économiquement bénéfique pour les États-Unis, car elle leur permet de piller leurs alliés avec une vigueur redoublée, de renouveler leur complexe militaro-industriel et d'imposer leurs intérêts économiques par le biais de sanctions systémiques à des dizaines de pays dans le monde. Et, bien entendu, de continuer à endommager la Russie dans l'espoir de l'épuiser et, dans la variante optimale pour les États-Unis, de l'effondrer ou de la mettre hors-jeu en tant que pivot militaro-stratégique de la majorité mondiale en train de monter et se libérer, puissant pilier stratégique de son principal concurrent, la Chine. Bien que cette guerre soit inutile et même un peu nuisible du point de vue de la politique intérieure de Trump notionnel, la balance des intérêts est plutôt en faveur de sa poursuite.

Permettez-moi de me mettre à la place de Trump – un nationaliste américain avec des éléments de messianisme traditionnel, mais sans la crasse globalo-libérale des trois ou quatre dernières décennies et sans l'implication à la Biden dans des schémas de corruption ukrainiens. Seules trois choses peuvent amener ce Trump notionnel à des accords qui nous conviennent. La première serait la menace de l'Afghanistan-2, la défaite totale et la fuite honteuse du régime kiévien, ainsi que le fiasco patent de l'Occident dirigé par l'Amérique. Le deuxième serait le repli de la Russie de son alliance de facto avec la Chine. Et la troisième serait la menace d'une prolifération des hostilités sur le territoire des États-Unis et de leurs possessions vitales, qui s'accompagnerait de morts américaines massives (y compris de la destruction des bases militaires).

Un anéantissement total est nécessaire, mais sans une utilisation beaucoup plus active du facteur de dissuasion nucléaire, elle serait extrêmement – voire prohibitivement – coûteuse et nécessitera la mort encore de milliers et de milliers des meilleurs fils de notre Patrie. La reddition de la Chine serait absurdement contre-productive pour nous. Si les trumpistes du premier mandat ont essayé de nous persuader de le faire, maintenant ils semblent se rendre compte que la Russie n'acceptera pas une telle chose. Quant au facteur nucléaire, nous y reviendrons plus tard.

Pour les euro-élites actuelles, les intégrateurs européens, la guerre est une nécessité aigüe. Non seulement dans l'espoir de saper le rival géopolitique traditionnel, de prendre une revanche sur les défaites des trois derniers siècles, mais aussi par russophobie. Ces élites et leur eurobureaucratie échouent dans presque toutes les directions. L'Europrojet est en train de se fissurer.

L'utilisation de la Russie comme croquemitaine et maintenant comme ennemi réel, qui dure depuis plus d'une décennie, est le principal instrument de légitimation de leur projet et de préservation du pouvoir par les élites européennes. En outre, le «parasitisme stratégique» – l'absence de peur de la guerre – s'est développé en Europe beaucoup plus fortement qu'aux États-Unis. Non seulement les Européens ne veulent pas penser à ce qu'elle pourrait signifier pour eux, mais ils ne savent plus penser. Chez nous, depuis l'époque soviétique et sur la base de notre expérience de coopérer avec de Gaulle, Mitterrand, Brandt, Schroeder et leurs semblables, on est habitué à penser que les Américains sont les principaux instigateurs de la confrontation et de la militarisation de la politique à l'Ouest. Ce n'est pas tout à fait vrai, et maintenant ce n'est plus vrai du tout. C'est Churchill qui a entraîné les États-Unis dans la guerre froide lorsque cela lui semblait favorable. Ce sont des stratèges européens (ils existaient encore à l'époque), et non des Américains, qui ont initié la crise des missiles des années 1970. La liste des exemples est longue.

Aujourd'hui, les euro-élites sont les principaux sponsors de la junte kiévienne. Ayant oublié que ce sont leurs prédécesseurs qui ont déclenché deux guerres mondiales, elles poussent l'Europe et le monde vers une troisième.

Tout en envoyant la chair à canon ukrainienne à l'abattoir, elles préparent la nouvelle, à savoir Européens de l'Est en provenance de certains États des Balkans, de Roumanie et de Pologne. Ils ont commencé à déployer des bases mobiles où ils forment des contingents de lansquenets potentiels. Ils essaieront de poursuivre la guerre non seulement jusqu'au «dernier Ukrainien», mais aussi bientôt jusqu'au «dernier Européen de l'Est».

La propagande anti-russienne de l'OTAN et de Bruxelles dépasse déjà celle d'Hitler. Même les liens humains personnels avec la Russie sont systémiquement rompus. Ceux qui sont favorables à des relations normales sont traqués, chassés de leur emploi. Une idéologie libérale totalitaire est en fait imposée. Même des simulacres de démocratie sont oubliés, bien qu'ils en piaillent encore. Le dernier exemple en date est l'annulation des résultats de l'élection présidentielle en Roumanie, remportée par un candidat non pro-bruxellois.

Les élites européennes ne se contentent pas de préparer clairement leurs populations et leurs pays à la guerre. Elles ont même fixé des dates approximatives auxquelles elles pourraient être prêtes à la déclencher. Comment arrêter les fous ? Comment arrêter le glissement vers la troisième guerre mondiale, au moins en Europe ? Comment mettre fin à la guerre ?

Les discussions sur les compromis et l'armistice tournent autour d'un gel sur la ligne de la confrontation actuelle. Cela permettrait de réarmer les restes des Ukrainiens et, en les complétant par des contingents d'autres pays, de lancer un nouveau cycle d'hostilités. Nous devrions nous battre à nouveau, et ceci à partir de positions politiques moins favorables. Il serait possible et nécessaire, étant le dos au mur, de présenter un tel compromis comme une victoire. Mais ce ne sera pas une victoire, mais son simulacre et, pour tout dire, une victoire de l'Occident. C'est ainsi qu'elle sera perçue dans le monde entier. Et à bien des égards, dans notre pays également.

Je ne vais pas énumérer tous les outils permettant d'éviter un tel scénario, n'en citant que les plus importants.

Premièrement, il nous faut enfin expliquer à nous-mêmes, au monde et à nos adversaires les faits tels qu'ils sont. C'est l'Europe qui est à l'origine de tous les grands malheurs de l'humanité, de deux guerres mondiales, des génocides, des idéologies anti-humaines, du colonialisme, du racisme, du nazisme, et j'en passe. La métaphore d'un fonctionnaire européen notoire sur l'Europe en tant que «jardin fleurissant» sonne beaucoup plus réaliste si nous l'appelons un champ envahi de mauvaises herbes grasses, prospérant grâce à l'humus de centaines de millions de gens assassinés, pillés, réduits en esclavage. Et autour de lui s'élève un jardin de ruines de civilisations et de peuples réprimés et spoliés. L'Europe doit être nommée comme elle le mérite afin de rendre plus convaincante et justifiée la menace d'utiliser des armes nucléaires contre elle.

Deuxièmement, il faut énoncer une autre vérité évidente : toute guerre entre la Russie et l'OTAN/UE deviendra inévitablement de nature nucléaire ou passera au niveau nucléaire si l'Occident continue à se battre contre nous en Ukraine. Cette énonciation est nécessaire, entre autres, pour limiter la course aux armements qui prend son élan. Il est inutile de constituer d'énormes arsenaux d'armes conventionnelles, étant donné que les armées qui en seront équipées et les pays qui auront envoyé ces armées seront inévitablement balayés par une tornade nucléaire.

Troisièmement, il est nécessaire d'avancer encore quelques mois en broyant l'ennemi. Mais il est nécessaire de déclarer le plus tôt que possible que notre patience, notre disposition à sacrifier au nom de la victoire sur cette vermine nos hommes, seront bientôt épuisés et nous en fixerons le prix : pour chaque soldat russe tué, mille Européens mourront, s'ils n'arrêtent pas de complaire à leurs dirigeants faisant la guerre à la Russie. Nous devons dire clairement aux Européens : vos élites feront de vous la prochaine portion de chair à canon, et nous ne serons pas en mesure de protéger la population civile de l'Europe si la guerre devient nucléaire, comme nous essayons de le faire en Ukraine. Nous préviendrons des frappes, comme Vladimir Poutine l'a promis, mais les armes nucléaires sont encore moins sélectives que les armes conventionnelles. Bien sûr, dans le même temps, les élites européennes doivent être confrontées au fait qu'elles et leurs lieux de résidence seront les premières cibles des représailles nucléaires. Il ne sera pas possible de rester les bras croisés.

Et quant aux Américains, il leur faut tout simplement dire que s'ils continuent à jeter du bois dans la fournaise du conflit ukrainien, nous franchirons le Rubicon nucléaire en quelques étapes, nous frapperons leurs alliés, et s'il y a une réponse non nucléaire, comme on a menacé, une frappe nucléaire sur leurs bases en Europe et dans le monde entier suivra. S'ils osent répondre avec des armes nucléaires, ils recevront une frappe nucléaire sur leur propre territoire.

Quatrièmement, il faut poursuivre notre renforcement militaire, qui est nécessaire dans un monde super turbulent et en crise. Mais en même temps, il faut non seulement changer la doctrine nucléaire, ce qui, Dieu merci, a déjà commencé, mais aussi reprendre, si les Américains et leurs sbires ne veulent pas négocier, un mouvement décisif vers le haut de l'échelle de l'escalade nucléaire, pour accroître l'efficacité de nos forces de dissuasion/vengeance nucléaires. L'Oreshnik est une arme magnifique, louanges à ses donneurs d'ordre et à ses créateurs, mais elle ne remplace pas le nucléaire, elle n'est qu'un gradin supplémentaire efficace sur l'escalier d'ascension aux extrêmes.

Cinquièmement, il faut faire savoir aux États-Unis, par différents canaux, que nous ne voulons pas les humilier et que nous sommes prêts à les aider à sortir dignement de la catastrophe ukrainienne, dans laquelle les Américains ont été entraînés par les libéro-globalistes et les Européens.

Mais surtout, il faut comprendre que nous ne pouvons pas et n'avons pas le droit de faire preuve d'indécision devant notre pays, notre peuple et l'humanité. Ce qui est en jeu, c'est non seulement le sort de la Russie, mais aussi celui de la civilisation humaine dans sa forme actuelle.

Si et quand les Américains se retireront, l'Ukraine sera vaincue assez rapidement. L'est et le sud de l'Ukraine tomberont aux mains de la Russie. Au centre et à l'ouest de l'Ukraine actuelle, un État neutre démilitarisé devrait être créé, avec une zone d'exclusion aérienne dessus, où tous ceux qui ne veulent pas vivre en Russie et obéir à nos lois pourront se rendre. Un armistice sera conclu.

Et après l'armistice il faudra travailler à une solution commune aux problèmes de l'humanité avec les amis de la majorité mondiale. Et même avec les Américains, s'ils reviennent à la raison. En même temps, il est extrêmement urgent d'éloigner pour un laps de temps l'Europe de la résolution des problèmes du monde. Elle redevient, une fois de plus, la principale menace pour elle-même comme pour le monde.

La paix sur le sous-continent ne pourra être établie que lorsque l'échine de l'Europe sera à nouveau brisée, comme cela se produisait à la suite de nos victoires sur Napoléon et Hitler, lorsqu'il y aura un changement de génération des élites actuelles. Et encore, pas dans un contexte européen trop étroit – il a passé au néant – mais dans un contexte euro-asiatique.

source : La Russie dans la politique mondiale

traduit par Valerik Orlov https://russophile.boris-vian.net

https://reseauinternational.net/briser-lechine-de-leurope-telle-devrait-etre-la-politique-de-la-russie-envers-loccident/