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Le Québec devant une menace existentielle de Washington : Que faire ?

Démarré par JacquesL, 18 Janvier 2025, 06:07:01 PM

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JacquesL

Le Québec devant une menace existentielle de Washington : Que faire ?



par Robin Philpot

Interrogé à savoir s'il aurait recours à la force des armes pour faire du Canada le 51ème État, Donald Trump a répondu qu'il se servirait de la «force économique» pour y arriver.

En fait, à part la cible (le Canada et le Québec), il n'y a rien de nouveau sous le soleil de Washington. Le président désigné ne fait que reprendre à son compte une déclaration de John Foster Dulles, ancien secrétaire d'État américain sous Eisenhower, dogme essentiel auquel souscrit l'establishment militaire, politique et économique qui dirige les États-Unis :

«Il y a deux façons de conquérir une nation étrangère. L'une consiste à prendre le contrôle de son peuple par la force des armes. L'autre consiste à prendre le contrôle de son économie par des moyens financiers».

D'aucuns n'y voient que du bluff. Erreur ! Dans un même souffle, il a dit que les États-Unis allaient prendre le Canal de Panama et le Groenland. Est-ce un bluff ? Sûrement pas.

Jusqu'ici, la réponse canadienne relève de la cacophonie, reflétant ainsi les divers intérêts des provinces du Canada anglais. Mais aussi leur inféodation aux maîtres des États-Unis.

Dès les années 1960, l'écrivain canadien Farley Mowat a décrit la soumission des gouvernants du Canada pendant la guerre au Vietnam :

«Chaque province tente de vendre ses propres richesses, en concurrence directe avec le vendeur d'Ottawa. Ça ne me surprendrait pas de voir le jeu du «qui vendra le plus, le plus tôt» atteindre bientôt le niveau municipal. Bon sang, que dis-je là ? Nous avons déjà dépassé ce stade. Soyez témoin de la course presque frénétique des hommes d'affaires et des propriétaires de ressources canadiennes pour se vendre eux-mêmes mais aussi leurs avoirs («leurs avoirs» ? Je veux dire les nôtres, bien sûr) pour une poignée de dollars yankees».1

Mowat signale une exception, le Québec. «Ce n'est pas tous les Canadiens qui sont des vendus. Comme vous le savez, les Canadiens français du Québec ne partagent pas notre désir de s'immoler. Ils résistent...»

Résistons-nous ?

La question est posée. Quelle est la réponse du Québec ?

Le Premier ministre comptable du Québec ne sort de son silence que pour parler d'économie, que pour essayer de plaire ou de convaincre les États-Unis que nous sommes de bons partenaires. Côté politique, rien.

Pour sa part, Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois, propose Équipe Québec qui embrasserait entre autres des citoyens québécois issus de «la société civile». Mais il ne précise pas qui mériterait qui en ferait partie et ne s'aventure peu ou prou sur les questions politiques et les relations internationales.

Celui du Québec qui répond  sur le plan politique, c'est... Jean Chrétien, qui prend la menace d'annexion au sérieux. Mais comme d'habitude, il parle d'un Canada mythique inexistant – le mythe du Canada «plus meilleur pays du monde». Du même souffle, il fait disparaître la nation québécoise comme acteur en son nom propre.

À titre d'exemple, Chrétien se vante du refus du Canada d'aller en Irak. Or c'est le Québec qui l'a refusé, pas le reste du Canada, et Chrétien voulait évite un autre affrontement avec le Québec.

Ernie Eves, premier ministre de l'Ontario (à l'instar d'autres premiers ministres), se piaffaient en faveur de la participation du Canada à cette guerre. Alors qu'au Québec, en pleine élection générale en mars 2003, les trois chefs de parti, Bernard Landry (PQ), Jean Charest (PLQ) et Mario Dumont (ADQ) portaient le ruban blanc affichant leur opposition à cette guerre. Les trois avaient bien humé l'état d'esprit des Québécois qui, toute proportions gardées, étaient les plus nombreux au monde à manifester dans les rues contre cette guerre et ce, malgré un temps frigorifique. On se rappellera aussi que ce sont les syndicats qui étaient au front dans ces manifestations.

C'est cet esprit d'unité québécoise qui doit nous inspirer devant la menace venant des États-Unis.

Que l'on ne se trompe pas : cette menace est existentielle pour la nation québécoise. Jamais Washington ne permettrait d'exister au sein des États-Unis un État dont la langue officielle est autre que l'anglais. L'histoire des États américains du sud-ouest (Nouveau-Mexique, Arizona, Californie, Nevada et Utah) volés au Mexique et annexés par les États-Unis en 1848 en est une preuve, tout comme celle de la Louisiane comme et du Puerto Rico.

Revenir aux principes

Devant une telle menace, il faut revenir aux principes fondamentaux. Parmi ceux-ci figurent :

  • Le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes (extrait de l'Article 1.2 de la Charte de l'ONU);
  • Le principe de l'égalité souveraine de tous les membres de l'ONU (extrait de l'article 2.1 de l'ONU).

Le Québec n'est pas membre de l'ONU, mais ces principes s'appliquent tout de même, que ce soit de concert avec l'État canadien ou tout seul.

Pour faire respecter ces principes, il faut aussi revenir à des principes républicains.

  • «Un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple», pour reprendre les paroles d'Abraham Lincoln du Discours de Gettysburg, 19 novembre 1863).

Pour le Québec en 2025, qu'est-ce que cela veut dire ?

Le projet d'Équipe Québec proposée par Paul St-Pierre Plamondon est un pas dans la bonne direction. Mais elle doit ratisser large, sortir des sentiers battus des «experts» pour embrasser les mouvements syndicaux, populaires et culturels, comme pour la guerre contre l'Irak en 2003. Cette équipe doit œuvrer sur le plan politique et économique d'abord au Québec mais aussi sur la scène internationale en bâtissant des alliances avec d'autres pays qui subissent la domination des États-Unis, dont le Mexique, le Brésil et autres pays du BRICS, la Francophonie...

Jean Chrétien a parlé d'alliances, mais le Québec doit bâtir ses propres alliances. Comme il l'a fait sous la direction de Jacques Parizeau avant le référendum de 1995. Parizeau n'avait pas demandé la permission d'Ottawa pour le faire. Par ailleurs, en 2009, voyant la France rentrer dans le rang sous Sarkozy et le développement d'un monde multipolaire, Jacques Parizeau voyait déjà l'intérêt du Québec de cultiver ses liens avec le Brésil – «on s'entend très bien avec Lula et Dilma», disait-il avec un sourire. Rappelons qu'il avait assisté au Forum social mondial au Brésil en 2008.

«Un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple!»

Il est aussi primordial de compléter la rupture avec la monarchie britannique. Le premier geste de rupture, Paul St-Pierre Plamondon l'a accomplie avec brio en refusant de prêter serment au roi Charles. Or sans l'élimination de cette institution et l'établissement d'une république, le Québec vivra toujours sous une menace.

Les États-Unis en savent quelque chose. Il y a un peu plus de 40 ans, en 1983, sous le président Reagan, les États-Unis ont envahi la Grenade. Après l'indépendance de la Grenade en 1974 et la prise du pouvoir par le mouvement révolutionnaire New Jewel en 1979, ce petit pays des Caraïbes a fait l'erreur de garder comme chef d'État la Reine d'Angleterre représentée par le un gouverneur général. C'est ce gouverneur général, Paul Scoon, nommé par la Reine, qui a demandé à Washington d'envahir le pays en utilisant les pouvoirs de réserve qui lui conférait la Couronne britannique. 

Les États-Unis et leurs alliés l'ont vite reconnu comme seule autorité légitime et il a dirigé le pays avec un Comité de conseil jusqu'aux prochaines élections.

Un vaste programme me dira-t-on. Mais est-ce plus vaste que tout ce qui entraînerait une annexion sous quelque forme que ce soit aux États-Unis. À nous de jouer !

https://reseauinternational.net/le-quebec-devant-une-menace-existentielle-de-washington-que-faire/