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La présidentielle en Croatie confirme le sens des votes en Europe

Démarré par JacquesL, 14 Janvier 2025, 11:24:48 AM

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JacquesL

La présidentielle en Croatie confirme le sens des votes en Europe



Cette fois c'est le président qui est réélu triomphalement avec 74% des voix et c'est un social-démocrate qui bat son challenger conservateur, donc un résultat aux antipodes de ceux qui assurent un triomphe au candidat conservateur représentant un renouvellement. Mais la différence n'est pas dans la motivation des électeurs puisque ce qui assure un tel triomphe au président sortant Zoran Milanovic, c'est son opposition à un gouvernement discrédité parce que proche des diktats de la Commission européenne et de madame von der Leyen. Le peuple croate n'est pas a priori anti-européen, il est contre la politique européenne et en particulier il refuse la guerre avec la Russie. Il ne s'agit pas de la Serbie, pays frère de la Russie, mais de la Croatie qui a joué le rôle le plus actif dans la fin de la Yougoslavie et dans le soutien de l'intervention de l'OTAN et c'est celui-là qui s'affirme «social-démocrate» comme le malheureux Milosevic... Nous vous présentons donc le résultat du scrutin à partir de ce qui se fait de moins pire dans la presse occidentale, assorti de nos commentaires sur les clés du scrutin à savoir qui est Zoran Milanovic, quel est son parti et surtout l'essentiel qui tient en deux lignes : la Croatie, 3,8 millions d'habitants et membre de l'UE, est aux prises avec le taux d'inflation le plus élevé de la zone euro, une corruption endémique et une pénurie de main d'œuvre.

*

Le président croate sortant Zoran Milanovic a obtenué dimanche 12 janvier une victoire écrasante au second tour de l'élection présidentielle avec près de 74% des voix, selon des résultats officiels portant sur la quasi-totalité des bulletins dépouillés. Après avoir failli l'emporter au premier tour, Zoran Milanovic arrive très loin devant Dragan Primorac, candidat du parti conservateur HDZ, à la tête du gouvernement, et qui a récolté un peu moins de 26% des voix.

Ce n'est pas une surprise puisqu'il était le grand favori à sa propre succession à la présidence de la Croatie. Et le scrutin du dimanche 12 janvier le confirme. Zoran Milanovic, en fonction depuis 2020, va rempiler pour un nouveau mandat. Le second tour de l'élection présidentielle a tourné au plébiscite pour lui. Le social-démocrate confirme son statut d'homme politique croate le plus populaire du pays.

Ayant frôlé la victoire dès le premier tour, avec 49% des voix, Zoran Milanovic se classe largement en tête du second, avec près de 74% des voix. Un camouflet pour le parti de droite conservatrice HDZ, à la tête du gouvernement, en proie à de nombreux scandales. Son candidat, Dragan Primorac, a connu une rare déroute avec seulement 26% des voix (44% de taux de participation). Les temps sont durs pour le HDZ et le Premier ministre Andrej Plenkovic, rival politique de toujours de Zoran Milanovic, déjà mis à mal par un scandale de corruption très médiatisé en novembre. La cohabitation va donc se poursuivre...

«Croatie, merci !», a lancé Zoran Milanovic à ses partisans rassemblés dans un centre d'art. «Je vois cette victoire comme une reconnaissance de mon travail durant ces cinq dernières années et un message de plébiscite du peuple croate adressé à ceux qui devraient l'entendre», a-t-il poursuivi, en référence au gouvernement.

Il s'agit du plus haut score à une présidentielle depuis l'indépendance en 1991 de la Croatie, où le chef de l'État dispose de peu de pouvoirs. Mais le poste est perçu comme un vecteur de stabilité et un rouage garantissant le bon fonctionnement des institutions.

Accents populistes et critiques vis-à-vis de Bruxelles

L'ancienne république yougoslave a été principalement gouvernée par le HDZ la droite conservatrice depuis la dissolution de la Yougoslavie suite à l'intervention de l'OTAN de 1991. Mais Zoran Milanovic, ancien Premier ministre de gauche, a pris la présidence en 2020 avec le soutien du principal parti d'opposition, les sociaux-démocrates (SDP).

Personnalité clé de la scène politique de la Croatie depuis près de deux décennies, Zoran Milanovic a fréquemment usé d'une rhétorique populiste, mettant en cause régulièrement les responsables européens ou locaux. Dimanche, après avoir voté à Zagreb et exprimé sa confiance dans la victoire, il a à nouveau critiqué Bruxelles, selon lui «à bien des égards autocratique et non représentatif».

Ses adversaires le dépeignent en anti-européen, ce qui avec l'accusation d'être pro-russe et vaguement l'héritier de la ligue des communistes lui attire la sympathie des Croates. Mais ce n'est probablement pas le cas, c'est probablement comme tous les autres un opportuniste vaguement traversé d'accès d'indignation face à ce que lui formé en Yougoslavie il a dû avaler et soutenir. Zoran Milanovic est, au contraire, un soutien de l'accession rapide à l'Union européenne des pays candidats des Balkans. Mais il n'hésite pas à s'opposer à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. «Milanovic est une sorte d'omnivore politique», explique à l'AFP l'analyste politique Zarko Puhovski, affirmant que le président est largement considéré comme le «seul contrepoids, au moins symbolique, au gouvernement et au pouvoir de Plenkovic». Le style de Milanovic a fait grimper sa popularité et a contribué à attirer le soutien d'électeurs de droite.

Accusé d'être une «marionnette prorusse»

Le style de Zoran Milanovic qui est celui qui ose dire le ras-le-bol du peuple croate mais sans pour autant changer réellement les choses, a fait grimper sa popularité et a contribué à attirer le soutien d'électeurs de droite. Son rival, Dragan Primorac, 59 ans, ancien ministre de l'Éducation et des sciences de retour en politique après 15 ans d'absence, a insisté sur le patriotisme et les valeurs familiales. Mais les critiques affirment que son manque de charisme lui a coûté le ralliement de la base du HDZ.

«Avec mon programme, je voulais envoyer un message clair que la Croatie peut et mérite mieux», a-t-il déclaré à ses partisans dimanche soir, alors que les résultats officiels confirmaient sa défaite. «La Croatie a été et restera toujours ma priorité numéro un».

Zoran Milanovic avait condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie mais également critiqué le soutien militaire de l'Occident à Kiev, et s'affiche comme opposant notoire à un programme qui aurait vu des soldats croates aider à former les troupes ukrainiennes en Allemagne. Cela lui a valu des accusations de «marionnette prorusse» par le HDZ. «La défense de la démocratie ne consiste pas à dire à tous ceux qui ne pensent pas comme vous qu'ils «jouent pour la Russie»», a répliqué Zoran Milanovic dimanche, devant des journalistes.

Il est donc fort probable que la situation politique du pays évolue peu après cette élection au résultat hors du commun. Zoran Milanovic et Dragan Primorac vont continuer à se détester publiquement, et la politique de Zagreb envers Bruxelles et Kiev va sans doute rester inchangée.

Les clés de ce résultat

La Croatie, 3,8 millions d'habitants et membre de l'UE, est aux prises avec le taux d'inflation le plus élevé de la zone euro, une corruption endémique et une pénurie de main d'œuvre

Qui est Zoran Milanovic ?

En 1986, il fait des études de droit à l'université de Zagreb et apprend l'anglais, le russe et le français. Après ses études il entre au ministère des affaires étrangères en 1993 et il est conseiller auprès de l'Union européenne et de l'OTAN. En 1999, il rejoint le SDP et après la victoire de ce parti il devient responsable des relations avec l'OTAN et, trois ans plus tard, il est nommé vice-ministre des Affaires étrangères auprès du ministre Tonino Picula. Il quitte son poste après les élections législatives de 2003. Le 2 juin il est nommé président de son parti qu'il entraine vers une victoire aux législatives avec une coalition avec le Parti populaire croate – Démocrates libéraux (HNS-LD), la Diète démocrate istrienne (IDS) et le Parti croate des retraités (HSU) afin de constituer une coalition politique, baptisée Alliance pour le changement (SZP) en vue des élections législatives de 2011. La coalition Cocorico. Lors du scrutin, organisé le 4 décembre 2011, l'alliance remporte 40% des voix et 80 députés sur 151, contre 47 à l'Union démocratique croate (HDZ) de Jadranka Kosor.

Il est alors chargé, par le président Ivo Josipović, de former le douzième gouvernement de Croatie. La séance d'investiture au Parlement est prévue dès la semaine suivante. Il annonce alors que son gouvernement s'attachera à relancer la croissance économique, d'à peine 0,5% du PIB en 2011, à faire voter un budget d'austérité, et à assurer le succès du référendum sur l'adhésion de la Croatie à l'Union européenne. Il est investi, avec son gouvernement, le 23 décembre, par le Parlement, avec 89 voix pour, 28 contre et 12 abstentions, 24 députés n'ayant pas pris part au vote.

Retour dans l'opposition

En janvier 2016, l'indépendant Tihomir Orešković lui succède à la tête du gouvernement. L'échec de la coalition au pouvoir mène à la convocation des élections législatives anticipées du 11 septembre 2016. À l'issue du scrutin, la Coalition populaire (NK) formée autour du SDP est de nouveau devancée par l'Union démocratique croate (HDZ). Il indique au lendemain des élections qu'il ne postulera pas à un nouveau mandat à la présidence du Parti social-démocrate au cours de l'élection qui doit être convoqué dans les cinq mois.

La gauche de Croatie que son parti représente et qui rassemble beaucoup de nostalgiques de l'ex Yougoslavie, lui reproche d'avoir fait de la social-démocratie un parti de centre gauche (à la Tony Blair) et quand il est candidat à la présidentielle en décembre 2019, il termine cependant en tête avec 29,55% des voix. Au second tour, le 5 janvier 2020, il reporte le scrutin avec 52,66% des voix, face à la présidente sortante Kolinda Grabar-Kitarović. Lors des élections législatives de 2024, il tente de prendre la tête d'une coalition (Rivière de justice) derrière son parti et convoque des élections anticipées qui sont déclarées comme sa candidature de premier ministre «inconstitutionnelle» par la Cour constitutionnelle ainsi que toute l'implication de sa part dans la campagne électorale en faveur du SDP, en raison du devoir de neutralité de sa fonction. La Cour juge ainsi que Milanović doit démissionner s'il veut poursuivre ses projets, une décision qualifiée par le concerné de «coup d'État constitutionnel». Milanović va ainsi jusqu'à traiter les juges de la Cour de «gangster illettrés» et de «paysans primitifs», et les accuser de «prendre en otage» les électeurs et alliés du SDP. C'est la guerre.

Il est vrai que cette décision est intervenue alors qu'il n'est plus le Tony Blair croate, mais qu'il est connu pour ses positions pro-russes, Milanović s'était notamment fait remarquer en s'opposant en 2022 à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Il avait qualifié ainsi les projets d'adhésion – qui aboutissent tous deux l'année suivante – de «charlatanisme dangereux» et les compare à l'action de «taquiner un ours enragé en enfonçant un stylo dans son œil». Au cours de la campagne, il accuse le gouvernement de corruption et de chercher à faire entrer en guerre la Croatie aux côtés de l'Ukraine, et appelle la population à «chasser les voleurs et les abuseurs du pouvoir».

Quel est son parti ?

Le parti est issu de la Ligue des communistes de Croatie (Savez Komunista Hrvatske, SKH). Celle-ci – dirigée par Ivica Račan – ainsi que la Ligue des communistes de Slovénie, avait quitté le 14ème congrès de la Ligue des communistes de Yougoslavie, qui s'était tenue en janvier 1990, en raison de leur affrontement avec la Ligue des communistes de Serbie mené par Slobodan Milošević. Il faut noter que quelle que soit la propagande qui se déchaîna contre Milosevic et ses homologues de Croatie et de Slovénie, ces dirigeants étaient tous des «gorbatchéviens» ayant déjà infléchi leur «socialisme» vers une politique de privatisation. Les conflits qui les opposaient tenaient moins à l'idéologie qu'aux conditions dans lesquelles pouvaient se constituer des fiefs politiques en capacité de distribuer les dividendes d'une telle politique. Dès son élection à la tête du parti, Račan annonça la tenue des premières élections parlementaires libres en Croatie dans un délai de quatre mois. En vue de celles-ci, le parti ajouta à la fin de son nom la mention Stranka demokratskih promjena. Le SKH-SDP perdit les élections mais il devint la première force politique d'opposition.

Transformé en Parti social-démocrate, parti du changement démocratique, le parti connut de nombreuses défections, y compris au plus haut niveau, avec le début de la Guerre de Croatie (1991-1995) qui en fait confrontait le peuple à la nature réelle des enjeux de prévarication derrière la guerre. Cette situation amena la direction du parti à se préoccuper plus de la survie de celui-ci que de son rôle de premier parti d'opposition au gouvernement nationaliste du HDZ. Ceci l'amena à tolérer certaines des décisions politiques les plus controversées telles les nombreuses infractions aux droits de l'homme ou les privatisations au profit de profiteurs de guerre. Le parti commença à être désigné avec ironie comme la «Petite sœur du HDZ» et son chef dut abandonner le leadership de l'opposition au président du Parti social-libéral croate (HSLS). Račan continua à réformer le Parti social-démocrate en le purgeant de l'idéologie communiste ainsi que de ses éléments les plus gauchistes.

Le 30 avril 1994, le parti fusionna avec les Sociaux-démocrates de Croatie (SDH) pour former le Parti social-démocrate de Croatie (SDP) qui prit de l'importance lorsque, après la fin de la guerre de Croatie, la population commença à s'intéresser aux questions sociales. Cela se manifesta, notamment, aux élections parlementaires de 1995 et à l'élection présidentielle de 1997.

source : Histoire et Société

https://reseauinternational.net/la-presidentielle-en-croatie-confirme-le-sens-des-votes-en-europe/