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Un journaliste britannique risque des années de prison pour refuser de communiqu

Démarré par JacquesL, 04 Janvier 2025, 02:46:13 PM

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JacquesL

Un journaliste britannique risque des années de prison pour refuser de communiquer ses mots de passe à la police



par Stefania Maurizi

Richard Medhurst est le premier journaliste arrêté et soumis à une enquête en vertu de l'article 12 de la loi sur le terrorisme de 2000. La police britannique a cherché à obtenir les mots de passe de ses téléphones, dont un téléphone hautement sécurisé doté d'un système d'exploitation Graphene. Si les autorités britanniques l'emportent, aucun journaliste se rendant à Londres ne sera plus en sécurité quant à la protection de ses sources.

Il s'agit d'un cas sans précédent. Et cela risque de déclencher un danger sans précédent pour le journalisme. La police britannique a tenté à plusieurs reprises d'obtenir les mots de passe des téléphones du journaliste indépendant britannique Richard Medhurst, premier reporter arrêté à Londres en vertu de l'article 12 : ses analyses et commentaires sur le bain de sang d'Israël à Gaza – qu'Amnesty International a qualifié de génocide – ont été interprétés par la police comme un soutien à des organisations interdites au Royaume-Uni, telles que le Hamas et le Hezbollah.

Fils de deux soldats de la paix de l'ONU, Medhurst a été arrêté en août dernier à l'aéroport londonien d'Heathrow : dès son atterrissage, il a été emmené par six policiers. Dans une interview accordée à Il Fatto Quotidiano, Medhurst a déclaré qu'il se rendait au festival Beautiful Days, où il devait s'entretenir avec l'ancien ambassadeur britannique Craig Murray et le rappeur britannique Lowkey. Il a été détenu pendant près d'une journée, interrogé pendant deux heures et s'est vu confisquer ses deux téléphones, ses écouteurs, ses câbles, ses microphones et ses cartes SIM. Depuis lors, Richard Medhurst fait l'objet d'une enquête pour terrorisme. S'il est inculpé et condamné en vertu de l'article 12, il risque quatorze ans de prison.

Le syndicat britannique des journalistes, la NUJ, et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont publiquement condamné son arrestation et le recours aux lois antiterroristes contre des journalistes «simplement pour avoir fait leur travail».

Richard Medhurst avait sur lui un iPhone et un Google Pixel équipés du système d'exploitation Graphene, axé sur la protection de la vie privée et considéré comme particulièrement sûr. Il refuse de communiquer ses mots de passe car, comme tous les téléphones de journalistes, ils contiennent des informations qui pourraient permettre d'identifier ses sources. Souvent, pour un journaliste, donner ses mots de passe à la police signifie donner les noms et les contacts de ses sources. Le droit de les protéger est reconnu à tous les journalistes du monde libre et confirmé par de nombreux arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme, car si nous, journalistes, ne protégeons pas ceux qui nous parlent de manière confidentielle, personne ne le fera plus.

Les experts consultés par Il Fatto Quotidiano, comme Steven Murdoch, professeur d'ingénierie de la sécurité à l'University College London, estiment que, sur la base des informations publiquement disponibles en juillet dernier, la police n'a aucune chance d'extraire les informations du téléphone à système d'exploitation Graphene, en utilisant la technologie bien connue de la société israélienne Cellebrite. Et avec d'autres ? Murdoch cite le logiciel XRY de MSAB : «Il est difficile de dire s'il aurait permis à la police d'extraire des données».

Les autorités britanniques pourraient également faire appel à la Cour et obtenir d'un juge qu'il ordonne au journaliste de leur remettre ses données. Si Richard Medhurst refuse, il risque entre deux et cinq ans de prison. Il Fatto Quotidiano a tenté de savoir s'il existe d'autres cas dans les démocraties occidentales où des journalistes risquent la prison s'ils ne remettent pas leurs mots de passe. Malheureusement, ni la Fédération internationale des Journalistes, ni Reporters Sans Frontières (RSF) ne disposent de statistiques à ce sujet. Mais Rebecca Vincent, qui dirige les campagnes de RSF, n'a aucun doute :

«Nous avons suivi des cas d'autorités obligeant des journalistes à divulguer leurs mots de passe ou interférant avec leurs appareils dans toutes les régions du monde, des démocraties occidentales aux régimes plus autoritaires», explique-t-elle à notre journal, «l'impact est le même : au mieux, il intimide les journalistes travaillant sur des sujets sensibles, et au pire, il compromet la protection des sources journalistiques».

La police britannique ne conteste pas que Medhurst soit journaliste et que les téléphones saisis soient des outils de travail utilisés dans le cadre de la profession journalistique. Le problème est qu'elle exige néanmoins l'accès aux données dans le cadre d'une procédure de ce type : le journaliste révèle les mots de passe, les informations contenues dans les téléphones sont remises entre les mains d'un policier ou d'un avocat «indépendant», chargé de les passer au crible et de décider lesquelles doivent être protégées par la confidentialité des sources journalistiques et lesquelles ne doivent pas l'être. Il s'agit en fait d'une façon de fournir des informations sensibles au gouvernement britannique sur un plateau. Si les autorités britanniques l'emportent, aucun journaliste se rendant à Londres ne sera plus en sécurité.

source : Il Fatto Quotidiano via Spirit of Free Speech

https://reseauinternational.net/un-journaliste-britannique-risque-des-annees-de-prison-pour-refuser-de-communiquer-ses-mots-de-passe-a-la-police/