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Syrie : Nouvelle victoire pour la stratégie du chaos

Démarré par JacquesL, 11 Décembre 2024, 03:20:54 PM

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JacquesL

Syrie : Nouvelle victoire pour la stratégie du chaos



par Bruno Guigue

Avec le soutien massif d'un pays-membre de l'OTAN, la Turquie de Erdogan, qui rêve depuis longtemps d'annexer le Nord de la Syrie, les mercenaires takfiristes ont pris le pouvoir à Damas, et l'État syrien s'est effondré comme un château de cartes. On s'étonne de cette soudaineté. Mais une économie en ruine, génératrice d'une corruption généralisée, une armée saignée à blanc par la guerre, une légitimité minée par l'impuissance du gouvernement face aux intrusions étrangères, sans parler de l'usure du pouvoir, tout a contribué à cet effondrement. Face à une armée turco-takfiriste lourdement équipée et composée de mercenaires arabes, ouzbeks et ouïghours mieux payés que les officiers de l'armée syrienne, les digues ont cédé, et Bachar Al-Assad a préféré éviter un bain de sang inutile en se retirant du jeu.

La conquête de Damas par le dernier avatar frelaté d'Al-Qaïda est le résultat d'un très long travail de sape : il aura fallu treize années de guerre ininterrompue et de sanctions mortifères infligées au peuple syrien par ses ennemis occidentaux pour liquider le régime fondé par Hafiz Al-Assad il y a plus de soixante ans. La victoire des takfiristes de HTS, ces proches parents des assassins du Bataclan, a été saluée par les applaudissements enthousiastes de Tel-Aviv et des capitales occidentales. Ces mêmes milices ont d'ailleurs chaleureusement remercié Israël pour son aide précieuse. Dans la foulée, l'armée sioniste vient de s'emparer de la totalité du Golan, et son aviation détruit systématiquement les infrastructures militaires syriennes.

Depuis des décennies, la Syrie était le pivot de l'axe de la résistance face à l'invasion sioniste et à la domination impérialiste. Son engagement en faveur de la nation arabe et de la cause palestinienne lui a surtout valu des ennuis. Elle était isolée dans la région, où seuls la résistance palestinienne, le Hezbollah, les Houthis, et bien sûr l'Iran n'ont pas plié le genou devant l'ennemi. Au sein de la Ligue arabe, rares sont les pays, comme l'Algérie, à avoir eu le courage d'affronter les vents dominants en provenance de Washington. Aujourd'hui, la Syrie souveraine, ce «cœur battant du nationalisme arabe» dont parlait Nasser, est vaincue, et nul ne sait ce qu'elle deviendra à l'issue de ces événements dramatiques. Un scénario à la libyenne est tout à fait plausible, puisque le pays est déjà morcelé et occupé par des puissances étrangères qui utilisent leurs «proxies» pour se tailler un fief territorial, faisant fi du droit international dont ils se réclament hypocritement en d'autres occasions.

Au total, cette victoire du mercenariat takfiriste piloté par Ankara avec la complicité de Washington et Tel-Aviv est une défaite cuisante non seulement pour l'axe de la résistance, mais pour le monde arabe dans son ensemble. Les Palestiniens seront les premiers à en faire les frais. Avec la coupure des voies d'approvisionnement du Hezbollah depuis l'Iran, cette nouvelle donne laisse l'organisation chiite dans l'incertitude. Tel-Aviv pourrait en profiter pour pousser son avantage au Sud-Liban et laver l'affront de son échec sur le terrain depuis deux mois. Si la résistance libanaise subissait le sort de la Syrie, le mouvement national palestinien serait privé de son dernier allié dans la proche région. En saluant la prise de Damas par les takfiristes, le Hamas s'est tiré une balle dans le pied.

Au-delà de l'enjeu palestinien, le plan américano-sioniste visant à la décomposition du Moyen-Orient par la stratégie du chaos, opportunément relancé par Ankara et ses ambitions néo-ottomanes, se déroule de manière implacable. Ni la Russie ni la Chine n'y pourront rien. Trop loin, trop occupées à assumer les conséquences de la menace impérialiste à leurs propres frontières terrestres ou maritimes. Si le monde arabe ne se ressaisit pas, il continuera de subir le joug. Aucun sauveur suprême ne volera à son secours. Ceux qui disent que la Russie a laissé tomber la Syrie n'ont qu'à aller se battre dans le Donbass. Ceux qui disent que la Chine n'a rien fait peuvent toujours aller défier la flotte américaine dans le détroit de Taïwan. Quant à ceux qui prétendent défendre la cause palestinienne tout en se réjouissant de la victoire takfiriste en Syrie, le moins qu'on puisse dire est qu'ils ont laissé leur cerveau au vestiaire.

source : Bruno Guigue

https://reseauinternational.net/syrie-nouvelle-victoire-pour-la-strategie-du-chaos/

JacquesL

La Syrie post-Assad va s'effondrer, à moins que ceci ne se produise

Publié le décembre 11, 2024 par jmarti

Par Andrew Korybko − Le 8 décembre 2024 − Source korybko.substack.com
andrew-korybko

La Syrie de l'après-Assad est au bord d'un effondrement total, qui pourrait transformer le pays en foyer mondial terroriste. Il ne reste que peu de temps pour enrayer ce processus.
 



L'effondrement éclair de l'Armée Arabe Syrienne (AAS) au cours des dix derniers jours, ainsi que la fuite fort peu glorieuse d'Assad hors de Damas dimanche matin, sont des événements qui annoncent l'avènement d'une nouvelle Syrie. Le risque le plus immédiat est que le pays tout entier s'effondre, comme cela s'est produit pour l'Afghanistan, l'Irak et la Libye. Un tel effondrement pourrait générer un trou noir d'instabilité, dont pourraient sortir d'innombrables menaces terroristes sur la scène mondiale. Voici ce qui doit désormais arriver si on ne veut pas que la Syrie post-Assad connaisse ce sombre avenir :

  • L'armée et les services de sécurité doivent rester intacts
Les trois dernières instances d'effondrement d'un État ont été caractérisées par une dissolution de l'armée et des services de sécurité peu après que les complots de changement de régime ourdis depuis l'étranger soient parvenus à leurs fins. Dans le cas syrien, l'institution qu'est AAS continue d'exister, même si elle est en retraite vers on ne sait où, peut-être vers le littoral peuplé d'une majorité alaouite. Il est donc impératif que l'AAS reste en un seul morceau, et coopère avec l'opposition anti-gouvernementale non-terroriste (OAGNT) pour assurer que les événements n'échapperont pas à tout contrôle.
  • Une réforme politique doit être entreprise sur-le-champ
Lavrov a souligné de manière répétée, au cours de l'interview qu'il a réalisée samedi pour le forum de Doha, que le gouvernement syrien ainsi que l'OAGNT doivent mettre en œuvre sans attendre la résolution 2254 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, votée à la fin 2015, appelant à une réforme politique considérable, impliquant une nouvelle constitution et des élections sous surveillance de l'ONU. C'est le refus d'Assad de tout compromis avec l'OAGNT qui a fini par déboucher sur le présent désastre. Le premier ministre Jalali va semble-t-il s'occuper des affaires courantes durant la transition politique, ce qui constitue un signe positif.
  • Le projet de Constitution produit par la Russie doit revenir à l'ordre du jour
J'avais affirmé à la fin novembre que l'une des « cinq raisons pour lesquelles la Syrie s'est laissée prendre par surprise«  était qu'Assad avait refusé le projet de constitution écrit par les Russes à partir du premier sommet d'Astana, en 2017, projet que j'avais ici critiqué de manière constructive à l'époque. À présent qu'Assad n'est plus un obstacle, les nombreuses concessions que ce document demandait de la part de Damas pourraient devenir une réalité, et au vu des nouveaux événements, ces concessions pourraient prendre une ampleur plus grande qu'envisagée au départ par les auteurs de ce projet.
  • Il faut protéger les minorités alaouite et kurde
Le littoral alaouite reste pour le moment hors de contrôle des terroristes Hayat Tahrir al-Sham soutenus par la Turquie, ainsi que la partie Nord-Est du pays, contrôlés par des Kurdes soutenus par les États-Unis ; ces deux minorités doivent rester protégées des djihadistes. Pour cela, le document sus-évoqué pourrait établir les bases d'une autonomie fédérale semblable à celle de la Bosnie, qui pourrait amener le littoral à rentrer dans la « sphère d'influence » russe, et peut-être également le Nord-Est du pays si Trump devait retirer les soldats étasuniens de la région, comme l'a évoqué RFK Jr.
  • Le gouvernement par intérim doit conserver les bases établies par la Russie

Dernier point, la Russie peut aider le gouvernement syrien par intérim à lutter contre les terroristes, comme elle avait aidé Assad à le faire à partir de 2015, et ce gouvernement doit donc lui permettre de conserver ses bases militaires à cette fin. Leur retrait laisserait l'État syrien et le littoral à majorité alaouite sans défense face à l'HTS. De fait, comme l'intervention russe en Syrie avait été menée pour des raisons anti-terroristes, les Russes pourraient refuser de partir en évoquant des prétextes de sécurité nationale, et faire naître un État littoral indépendant pour apporter une légitimité au maintien de leur présence.La Syrie de l'après Assad est au bord d'un effondrement total, qui pourrait en faire le principal foyer mondial de terrorisme si on n'enraye pas rapidement ce processus. La manière la plus efficace d'empêcher une telle catastrophe serait de suivre les cinq conseils évoqués dans la présente analyse. Appliquer des mesures moins étendues augmenterait fortement les chances de voir se produire le scénario du pire, mais même dans un tel cas, la Russie pourrait quand même limiter les dégâts en continuant de bombarder les terroristes en Syrie et en soutenant la création d'un État littoral indépendant.Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/la-syrie-post-assad-va-seffondrer-a-moins-que-ceci-ne-se-produise