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Corée du Sud. Le président lance un putsch contre le Parlement

Démarré par JacquesL, 04 Décembre 2024, 09:19:14 AM

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JacquesL

Corée du Sud. Le président lance un putsch contre le Parlement

Publié le décembre 4, 2024 par Wayan



Par Moon of Alabama – Le 3 décembre 2024

Je n'ai pas encore compris le « coup d'État » d'aujourd'hui en Corée du Sud. Hier soir, le président élu a déclaré la loi martiale. Les législateurs sont actuellement interdits d'accès au Parlement. Quelqu'un qui connaît bien la Corée du Sud pourrait-il m'expliquer ce qu'il en est ?

Le président de la Corée du Sud est le chef de l'État et le chef du gouvernement. Il est élu directement pour un mandat de cinq ans :

CiterLe président actuel, Yoon Suk Yeol, ancien procureur général et membre du parti conservateur People Power, a pris ses fonctions le 10 mai 2022, après avoir battu le candidat du Parti démocrate Lee Jae-myung avec une faible majorité de 48,5 % lors de l'élection présidentielle sud-coréenne de 2022.

Le président choisit un premier ministre pour gérer les affaires courantes du gouvernement.

L'Assemblée nationale est le corps législatif monocaméral de la Corée du Sud. Depuis 2020, la majorité au parlement est détenue par le Parti démocrate. Lors des élections législatives de cette année, il a obtenu quelque 175 des 300 sièges, tandis que le Parti People Power du président n'en détient que 108.

Pendant la cohabitation, lorsqu'un gouvernement exécutif est dirigé par un parti différent de celui du corps législatif, il y a toujours des conflits sur les priorités. Ceux-ci se manifestent souvent au cours de la procédure budgétaire.

C'est exactement ce qui s'est passé en Corée du Sud :

CiterLe Parti People Power (PPP), au pouvoir, a insisté sur le maintien de la proposition du gouvernement, tandis que le principal parti d'opposition, le Parti démocrate (DP), a demandé une révision afin d'augmenter l'émission de bons en monnaie locale.

Les bons en monnaie locale semblent être une forme de crédit destinée à aider les petits commerçants et les travailleurs indépendants :

CiterLe projet de loi actuel proposé par le DP majoritaire établit le budget de l'année prochaine à 677 400 milliards de wons (485,3 milliards de dollars), soit une baisse de 4 100 milliards de wons par rapport à la proposition initiale du gouvernement, suite à des réductions du fonds de réserve du gouvernement et des dépenses d'activités spéciales du secrétariat du bureau présidentiel et du bureau de la sécurité nationale, ainsi que de celles du ministère public, de l'agence d'audit de l'État et de la police.
« Sans excuses de la part du Parti démocrate et sans le retrait du projet de loi budgétaire adopté unilatéralement, nous n'accepterons aucune forme de discussion », a déclaré à la presse le représentant Choo Kyung-ho, chef de file du PPP.

« Si le Parti démocrate veut parler de l'augmentation du budget (pour émettre plus de bons en monnaie locale), il aurait dû négocier avec nous avant de l'adopter unilatéralement », a-t-il déclaré.

Le Parti démocrate est majoritaire à l'Assemblée nationale. Il a réduit le budget proposé par le gouvernement de 0,6 % parce que le parti au pouvoir a rejeté une augmentation de 0,3 % qui aurait aidé les électeurs du parti majoritaire.

Pour moi, il s'agit là d'une querelle mineure.

Mais si tel est le problème, pourquoi le président, dont la cote de popularité est inférieure à 20 %, a-t-il recours à des pouvoirs extraordinaires pour la résoudre ?

CiterLe président sud-coréen déclare la loi martiale d'urgenceCNN, 3 Dec. 2024

Le président Yoon Suk Yeol a déclaré la loi martiale lors d'une allocution télévisée non annoncée mardi en fin de soirée, accusant le principal parti d'opposition du pays de sympathiser avec la Corée du Nord et de mener des activités anti-étatiques.

Yoon n'a pas précisé quelles mesures spécifiques seraient prises. Il a cité une motion du Parti Démocrate de l'opposition, qui dispose de la majorité au parlement, visant à mettre en accusation les principaux procureurs et à rejeter une proposition de budget du gouvernement.

Yoon a qualifié les actions de l'opposition de « comportement clairement anti-étatique visant à inciter à la rébellion ». Il a également affirmé que ces actes ont « paralysé les affaires de l'État et transformé l'Assemblée nationale en un repaire de criminels ».

Il a décrit la loi martiale comme une mesure nécessaire pour éradiquer ces « forces anti-étatiques pro-Nord éhontées ». Il a justifié cette décision comme étant essentielle pour protéger les libertés et la sécurité du peuple, assurer la durabilité du pays et transmettre une nation stable aux générations futures.

Le président du parlement s'est rendu au parlement et prévoit de convoquer une session, selon la chaîne de télévision locale YTN TV. L'agence de presse Yonhap a cependant rapporté que l'entrée du parlement était bloquée et que les législateurs ne pouvaient pas entrer.

La description du Parti démocrate par le président, qui le qualifie de « forces pro-Nord et anti-étatiques », est tout simplement insensée.

Une majorité à l'Assemblée nationale pourrait lever la loi martiale, mais elle n'est pas en mesure de se réunir actuellement.

L'assemblée peut également mettre le président en accusation, mais elle a besoin de deux tiers des voix pour le faire. Le PD pourrait probablement obtenir ces deux tiers, étant donné qu'au moins une partie du Parti People Power a rejeté la déclaration de loi martiale du président.

La situation actuelle est confuse. Quels sont les objectifs du président et comment pense-t-il pouvoir les atteindre ?

Les États-Unis sont très impliqués, voire contrôlent la politique intérieure sud-coréenne. Le président Yoon est leur homme. On peut se demander dans quelle mesure ils ont influencé, voire causé, le conflit actuel.

Quel est le rôle et la position de l'administration Biden à cet égard ?

Moon of Alabama

Note du Saker Francophone

Depuis il semble que les députés aient forcé le passage pour voter la fin de la loi martiale.

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/coree-du-sud-le-president-lance-un-putsch-contre-le-parlement

JacquesL

Tentative de coup d'Etat militaire en Corée du Sud


Le 3 décembre 2024, le président sud-coréen Yoon Seok-yeol (Pouvoir au peuple, conservateur) a décrété la loi martiale en accusant l'opposition (à majorité démocrate) de «tentative de renversement du régime». Alors que le président du Parti démocrate Lee Jae-myung a dénoncé la proclamation de la loi martiale comme «illégale et anticonstitutionnelle», l'Assemblée nationale a réagi en demandant la levée de la loi martiale par une majorité de 190 sièges (sur 300), l'opposition – qui détient une majorité de sièges au Gukhoe – étant rejointe par 18 députés (sur 108) du parti Pouvoir au peuple, tandis que les autres députés de la majorité présidentielle étaient absents de l'hémicycle au moment du vote. Si l'incertitude règne sur les suites de cette crise politique, il est patent que le Président Yoon Seok-yeol a cherché à surmonter un conflit politique avec la majorité du Parlement par le recours à des procédures d'exception de manière anticonstitutionnelle : une telle façon de faire s'apparente à une tentative de coup d'État militaire, car ayant utilisé l'armée qui avait été lancée à l'assaut du Parlement. Des appels à la destitution du chef de l'État ont été lancés.



Le Parlement sud-coréen issu des législatives du 10 avril 2024 : Parti progressiste: 3 sièges Reconstruire la Corée: 12 sièges Nouvelle alliance progressiste: 2 sièges Parti démocrate: 169 sièges Indépendants: 2 sièges Nouveau parti du futur: 1 siège Nouveau parti de la réforme: 3 sièges Pouvoir au peuple: 90 sièges Parti du futur du peuple: 18 sièges

Depuis son élection en 2022, le président Yoon Seok-yeol n'a jamais disposé d'une majorité au Parlement, étant à nouveau désavoué lors des élections législatives du 10 avril 2024. Dans ce contexte, les tensions avec les démocrates (opposition, centre à centre-gauche) sont allées croissantes : en particulier, un projet de budget réduit pour 2025 a été adopté par la commission du budget, tandis qu'ont été déposées des motions de destitution contre le chef de la Commission de contrôle et d'inspection, d'une part, le plus haut procureur du Parquet central du district de Séoul, d'autre part.

Durant une conférence de presse réunie d'urgence au bureau présidentiel, le président Yoon Seok-yeol, dont le taux de popularité est très faible, a justifié en ces termes la première proclamation de la loi martiale depuis le rétablissement de la démocratie en République de Corée (la précédente loi martiale, en 1981, avait justifié un bain de sang par la junte militaire alors au pouvoir à Séoul) :

Je protégerai et rétablirai une république de Corée libre qui est tombé dans un abîme à travers cette loi martiale et j'éradiquerai les forces anti-étatiques qui ruinent la nation et le noyau qui a fait le mal (...) C'est une mesure inévitable pour protéger la liberté, la sécurité et la durabilité de la nation contre les forces anti-étatiques qui visent le renversement du régime.

Les forces militaires de la loi d'urgence ont tenté d'investir le Parlement mais en ont été empêchées par la majorité démocrate, soutenue par des citoyens, qui s'est barricadée.

Une mesure aussi lourde de conséquences pour la démocratie que la proclamation de la loi martiale aurait évidemment nécessité un respect des procédures. Selon l'article 77 de la Constitution, le chef de l'État doit immédiatement informer l'Assemblée nationale de la déclaration de la loi martiale et celle-ci doit être levée si une majorité de députés s'y oppose. Le choix du président Yoon de s'adresser directement au peuple en court-circuitant le Parlement relève d'un détournement de pouvoir. Le vote de refus de la loi martiale par les parlementaires est intervenu avec un soutien transpartisan, incluant les quelques députés centristes et la faction du parti Pouvoir au peuple hostile au président de la République, animée par le chef du parti, Han Dong-hoon.

Cho Kuk, qui préside le Parti de la reconstruction de la Corée (opposition, démocrate), a appelé à la destitution du Président Yoon Seok-yeol, coupable selon lui de «rébellion militaire» :

Nous ne sommes pas en état d'alerte (à l'heure actuelle) et (la déclaration de la loi martiale) n'est pas passée par une réunion du cabinet (...) Le président ne fait pas l'objet d'enquêtes pour des crimes sauf la rébellion, mais la déclaration de la loi martiale de Yoon équivaut à une rébellion militaire et doit faire l'objet d'une enquête immédiate (...) La loi martiale a été levée, mais nous devrons procéder à la destitution (de Yoon) dès que la situation se sera stabilisée.

sources :
https://fr.yna.co.kr/view/AFR20241204000100884
https://fr.yna.co.kr/view/AFR20241204000500884
https://fr.yna.co.kr/view/AFR20241204001700884
via Amitié France Corée

JacquesL

Corée du Sud. La majorité l'emporte, le putsch du président échoue

Publié le décembre 5, 2024 par Wayan



Par Moon of Alabama – Le 4 décembre 2024

La tentative de coup d'État du président de la Corée du Sud contre la majorité de l'Assemblée nationale a échoué.

La réaction rapide de la direction du Parti démocratique, qui détient la majorité, a sauvé la situation.

Le gouvernement minoritaire du président a perdu la bataille au sujet du budget.

Le président Yoon Suk Yeol et son ministre de la défense et camarade de classe Kim Yong-hyun ont réagi avec fureur en décidant de déclarer la loi martiale. Fait remarquable, le premier ministre du gouvernement présidentiel n'a pas été informé de cette mesure :

CiterLe premier ministre Han Duck-soo n'était absolument pas au courant de la déclaration de loi martiale du président Yoon Suk Yeol. En effet, le ministre de la défense Kim Yong-hyun, un ancien camarade du président Yoon au lycée, a contourné le premier ministre et communiqué directement avec le président.
En outre, des unités militaires d'élite, notamment la première brigade aéroportée des forces spéciales, ont été déployées à l'Assemblée nationale, ce qui témoigne d'une volonté agressive de réprimer l'opposition politique.

Une source a déclaré : « Cette mesure de loi martiale semble avoir été orchestrée par la "faction Chungam", le ministre (de la défense) Kim coordonnant directement avec le président Yoon ». La « faction Chungam » fait référence aux diplômés du lycée Chungam de Séoul.

Suite au briefing d'urgence du président et à la déclaration de loi martiale, l'armée a établi le commandement de la loi martiale dans l'enceinte du ministère de la défense nationale, nommant le chef d'état-major de l'armée, Park An-su, en tant que commandant.

Des sources diplomatiques ont noté qu'en dépit de la recommandation du ministre de la défense en faveur de la loi martiale, aucune réunion du cabinet n'a été convoquée, laissant le premier ministre et son équipe dans l'ignorance.

Les partis d'opposition soupçonnent que des canaux de communication directs entre l'armée et la police ont été activés au cours du processus de déclaration de la loi martiale.

Ils pensent que l'agence de la police métropolitaine de Séoul a été engagée directement, sans passer par l'agence de la police nationale, pour contrôler l'accès à l'assemblée nationale.

Sous la loi martiale, l'Assemblée nationale devait être suspendue. Les grèves ont été déclarées illégales et les médias ont été censurés.

Immédiatement après l'annonce de la loi martiale par le président, le chef du Parti démocratique à l'Assemblée nationale a convoqué une réunion au parlement.

Au même moment, l'armée et la police étaient envoyées pour empêcher tout membre de l'assemblée d'entrer dans l'Assemblée nationale.

Mais les parlementaires ont gagné la course.

150 minutes seulement après l'annonce présidentielle, 191 des 300 membres de l'Assemblée nationale votaient en faveur de la levée immédiate de la loi martiale. Les troupes et la police sont entrées dans le parlement, mais le vote abrogeant la loi martiale avait déjà eu lieu.

Les syndicats ont annoncé une grève et les gens sont descendus dans la rue pour protester contre la décision du président. Les principaux collaborateurs de Yoon ont proposé de démissionner en bloc. Il n'avait plus d'autre choix que de céder :

CiterLe président Yoon Suk Yeol a annoncé la levée de l'état d'urgence de la loi martiale tôt mercredi, alors que l'Assemblée nationale votait en faveur de sa levée et que les États-Unis exprimaient leur « grave préoccupation » au sujet de cette saga qui a duré quelques heures.

Son cabinet a approuvé une motion visant à mettre fin à l'application de la loi martiale à 4h30 du matin, environ six heures après sa déclaration d'urgence surprise, accusant l'opposition nationale de « paralyser » le gouvernement par des activités « antiétatiques » ; une décision qui a suscité des inquiétudes dans tout le pays et au-delà.

L'état-major interarmées a déclaré que les troupes, qui avaient été mobilisées pour appliquer la loi martiale, étaient rentrées à la base, ce qui a permis de rétablir un semblant de normalité.

L'opposition, qui détient la majorité à l'Assemblée nationale, a lancé une procédure de destitution contre le président. L'Assemblée nationale aura trois jours pour se prononcer. Le Parti démocrate aura besoin de neuf voix supplémentaires de la part du Parti People Power du président pour obtenir la majorité des deux tiers nécessaires à l'adoption de la procédure de destitution.

Plusieurs groupes au sein du Parti People Power se sont déjà positionnés contre le président. Il est donc probable que la destitution soit adoptée.

Les États-Unis ont été éclaboussés. Ils semblaient prêts à se ranger du côté du putsch et n'ont pas dit un mot contre lui.

CiterLaura Rozen @lrozen – 17:59 UTC – 3 Dec. 2024

Le secrétaire d'État adjoint, Kurt Campbell, a participé à un événement organisé par Biden en Asie :

« Nous observons donc les récents développements en République de Corée avec une grande inquiétude. Nous cherchons à impliquer nos homologues de la République de Corée à tous les niveaux, tant ici qu'à Séoul. Le président, le conseiller à la sécurité nationale et le secrétaire d'État ont tous été informés de l'évolution de la situation et sont tenus au courant de son évolution.

Je tiens à souligner que notre alliance avec la République de Corée est inébranlable et que nous sommes aux côtés de la Corée en cette période d'incertitude. Je tiens également à souligner que nous espérons et attendons que les différends politiques soient résolus pacifiquement et dans le respect de l'État de droit. Nous en dirons plus au fur et à mesure de l'évolution de la situation ».

Alors que le putsch était en cours, l'ambassade américaine en Corée du Sud n'a rien dit au sujet de l'État de droit ou de la démocratie.

Il est à noter que l'ambassadeur américain en Corée du Sud, Philip Goldberg, avait déjà été expulsé de Bolivie et des Philippines pour avoir tenté de renverser les gouvernements en place. Il est censé quitter la Corée du Sud en janvier.

Il est probable que Goldberg et Washington DC aient été informés des projets de loi martiale de Yoon, mais qu'ils n'aient rien fait pour l'en empêcher.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/coree-du-sud-la-majorite-lemporte-le-putsch-du-president-echoue

JacquesL

La Corée du Sud déclare et annule la loi martiale : quels impacts géopolitiques ?



par Ricardo Martins

Le président sud-coréen a surpris tout le monde en déclarant la loi martiale d'urgence. Ce qui rend cet événement encore plus marquant, c'est que Yoon est un favori à Washington et la Corée du Sud est considérée comme appartenant au groupe des démocraties dites «occidentales», caractérisées par un modèle libéral de gouvernance.

Que s'est-il passé en Corée du Sud ?

Le 3 décembre 2024, le président Yoon Suk-yeol, isolé sur la scène politique interne et marqué par son appartenance à l'ultradroite, a déclaré la loi martiale d'urgence dans une allocution nationale surprise. Il a invoqué la nécessité de protéger le pays des «forces communistes nord-coréennes» et des «forces antinationales», tout en présentant cette mesure comme indispensable pour «reconstruire et protéger» la Corée du Sud contre une «ruine imminente».

Il s'agit de la première déclaration de loi martiale en Corée du Sud depuis 1980, lorsqu'un coup d'État militaire, soutenu par le président américain Jimmy Carter, mené par Chun Doo-hwan avait suivi l'assassinat du président Park Chung-hee.

Peu après l'annonce, des véhicules de police ont barricadé l'Assemblée nationale, et des soldats armés ont pénétré de force dans le bâtiment, brisant une fenêtre pour y accéder. Le commandant de la loi martiale et chef d'état-major de l'armée, Park An-su, a publié la Proclamation n°1, interdisant toutes les activités politiques, y compris les opérations de l'Assemblée nationale, des assemblées locales et des partis politiques. Les manifestations, rassemblements et activités médiatiques ont également été restreints.

Malgré ces mesures, à 1 h du matin local, l'Assemblée nationale a adopté une résolution exigeant la levée de la loi martiale, avec 190 membres présents sur 300 votant unanimement en faveur. En vertu de l'article 77 de la Constitution sud-coréenne, cette résolution oblige le président à se conformer. À 1 h 12, les soldats se sont retirés de l'Assemblée nationale, tandis qu'environ 2000 citoyens se rassemblaient à l'extérieur en scandant «Vive la République de Corée !».

Comment cela se compare-t-il aux précédentes déclarations de loi martiale ?

Depuis sa fondation en 1948, la Corée du Sud a connu 16 déclarations de loi martiale, généralement en temps de guerre ou d'urgence nationale. L'article 77 de la Constitution autorise deux types de loi martiale : d'urgence et de sécurité. La loi martiale d'urgence, comme celle déclarée par Yoon, confère au président des pouvoirs étendus, tels que : Interdiction de toutes les activités politiques, y compris les manifestations et les opérations des partis ; Mise des médias et publications sous le contrôle du Commandement de la loi martiale ; Interdiction des perturbations sociales, telles que les grèves ; Obligation pour le personnel médical de reprendre ses fonctions dans un délai de 48 heures sous peine de sanctions ; Préservation, dans la mesure du possible, des activités quotidiennes des citoyens, sauf pour les «forces antinationales» ; Possibilité pour les autorités d'arrêter, de détenir et de punir les contrevenants sans mandat.

Les motivations de Yoon pour déclarer la loi martiale

Les tensions entre le gouvernement de Yoon et l'opposition, menée par le Parti démocratique, se sont intensifiées ces derniers mois. Détenant une majorité parlementaire, l'opposition a constamment défié l'administration Yoon, lançant notamment 22 tentatives de destitution depuis son entrée en fonction en mai 2022.

Le déclencheur immédiat semble être les récentes réductions budgétaires votées par l'opposition et les procédures de destitution visant des figures clés du gouvernement. Dans son discours, Yoon a accusé l'opposition de créer une «dictature législative» qui aurait paralysé sa capacité à gouverner, justifiant ainsi la loi martiale comme un moyen de rétablir la stabilité.

Réaction de l'opposition et du public

Le Parti démocratique, principal parti d'opposition, a rapidement mobilisé les parlementaires à l'Assemblée nationale. Son leader, Lee Jae-Myung, a fermement condamné les actions du président Yoon dans une intervention en direct sur YouTube, le qualifiant de traître à la démocratie et affirmant qu'il n'était plus le président légitime de la République de Corée.

Des critiques ont également émergé au sein même du Parti du Pouvoir du Peuple, dirigé par Yoon. Han Dong-hoon, chef du parti, a qualifié la déclaration de loi martiale d'«illégale et anticonstitutionnelle», tout en promettant de défendre la démocratie sud-coréenne aux côtés des citoyens. Suite à ces réactions et au vote de l'Assemblée nationale contre la loi martiale, le président Yoon a annulé sa déclaration.

Les réactions internationales sont restées limitées. L'administration Biden a appelé à une résolution pacifique tout en évitant une critique directe des actions de Yoon. Pyongyang n'a pas encore réagi, mais il est probable que la Corée du Nord exploite cette situation pour des objectifs de propagande contre le gouvernement sud-coréen.

Sur le plan intérieur, bien que Yoon ait probablement cherché à projeter une image de force, sa faible popularité – avec un taux d'approbation de seulement 10% – et le rejet rapide de la loi martiale par les législateurs et le public scellent son avenir politique. Une destitution semble imminente. Cette réaction rapide souligne la résilience des institutions démocratiques sud-coréennes et la volonté populaire de protéger les libertés fondamentales.

Impacts géopolitiques

La déclaration, puis l'annulation rapide de la loi martiale en Corée du Sud sous la présidence de Yoon Suk-yeol, a des implications géopolitiques significatives qui s'étendent bien au-delà des frontières du pays. Alors que la crise immédiate met en évidence la résilience des institutions démocratiques sud-coréennes, elle révèle également les vulnérabilités d'un pays confronté à un environnement international de plus en plus complexe, marqué par la montée économique et militaire de la Chine voisine et par le pacte de défense mutuelle entre la Corée du Nord et la Russie.

Grâce au rôle renforcé de la Corée du Sud dans la stratégie militaire américaine en Asie, le président Yoon, fragilisé sur le plan intérieur, est devenu un favori des think tanks et des soi-disant «experts» de la Corée à Washington. Le vice-secrétaire d'État Kurt Campbell est même allé jusqu'à suggérer que Yoon mérite le prix Nobel de la paix pour avoir surmonté les différends historiques entre la Corée et le Japon afin de renforcer l'alliance trilatérale.

Voici mon analyse des développements géopolitiques découlant de cet événement :

Érosion de la crédibilité démocratique face à des tendances autoritaires

La Corée du Sud, souvent citée comme modèle de démocratie libérale au sein du «monde occidental», voit son image ternie par cette brève incursion dans des mesures autoritaires. Cet épisode soulève des questions sur la stabilité des normes démocratiques, même dans des économies avancées. Il pourrait encourager des régimes autoritaires à remettre en question l'efficacité des systèmes démocratiques face aux crises internes, affaiblissant ainsi l'influence collective des démocraties libérales sur la scène internationale.

Dilemmes stratégiques accrus entre la Chine et les États-Unis

La position géopolitique de la Corée du Sud devient de plus en plus délicate. Alors que la Chine affirme sa puissance économique et militaire, Séoul doit équilibrer sa dépendance à l'égard des garanties de sécurité américaines avec ses liens économiques avec Pékin. Les actions de Yoon risquent d'exacerber les divisions internes entre ceux qui prônent un alignement plus étroit avec Washington et ceux qui plaident pour une position plus neutre afin d'éviter de froisser la Chine. Cette division complique la capacité de la Corée à présenter un front uni face à des défis régionaux tels que les tensions autour de Taïwan ou la coopération accrue entre la Corée du Nord, la Russie et la Chine.

Impact sur la stabilité régionale et les alliances

La réaction rapide contre la loi martiale met en évidence une fragilité interne qui pourrait affaiblir la position de la Corée du Sud dans des alliances clés, comme la stratégie Indo-Pacifique menée par les États-Unis. Une Corée du Sud déstabilisée risque de fragiliser l'alliance occidentale en Asie à un moment où l'unité est essentielle pour contrer l'influence grandissante de la Chine. De plus, cet épisode pourrait encourager la Corée du Nord et ses alliés, Moscou et Pékin, à exploiter la perception d'instabilité à Séoul pour en tirer des avantages stratégiques.

Conséquences économiques et géoéconomiques

L'ascension de la Chine en tant que concurrent dans les secteurs des semi-conducteurs, de l'électronique et de l'automobile menace directement les bases économiques de la Corée du Sud. L'échec de Yoon détourne l'attention des défis critiques auxquels le pays est confronté et renforce l'urgence de naviguer dans la transition d'un ordre commercial mondialisé vers un environnement économique plus polarisé. La Corée du Sud pourrait être contrainte de s'engager pleinement dans la stratégie américaine de découplage avec la Chine, risquant des représailles économiques de Pékin.

Incertitudes autour du soutien américain face à «America First»

La déclaration de loi martiale intervient dans un contexte d'inquiétude croissante concernant la fiabilité du soutien américain sous une éventuelle deuxième administration Trump. La rhétorique «America First» de Trump soulève des craintes que la Corée du Sud ne soit abandonnée en cas de conflit régional, compliquant davantage le calcul stratégique de Séoul. La perception d'un engagement américain fragile pourrait pousser la Corée du Sud à reconsidérer ses politiques de sécurité, envisageant peut-être une posture de défense plus indépendante ou diversifiée.

Enseignements pour l'ordre mondial

Les actions de Yoon reflètent les pressions auxquelles sont confrontées les économies développées dans une ère d'incertitude géopolitique croissante. La Corée du Sud, un succès de la mondialisation soutenu par les États-Unis, se heurte désormais à un «climat» en mutation rapide où les anciennes certitudes – qu'il s'agisse du soutien américain ou de la viabilité d'un réseau commercial mondial – deviennent de plus en plus fragiles.

Cet incident souligne que même les nations profondément enracinées dans l'ordre démocratique et économique occidental luttent contre des défis internes et externes sans précédent. Cela devrait servir d'avertissement pour d'autres démocraties sur l'importance de préserver l'intégrité institutionnelle et de s'adapter aux réalités transformantes d'un monde multipolaire.

source : New Eastern Outlook

https://reseauinternational.net/la-coree-du-sud-declare-et-annule-la-loi-martiale-quels-impacts-geopolitiques/