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Le flop de la diplomatie de Meloni au sujet des taxes douanières

Démarré par JacquesL, 26 Avril 2025, 04:10:10 PM

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JacquesL

Le flop de la diplomatie de Meloni au sujet des taxes douanières

Publié le avril 25, 2025 par Wayan

Par Thomas Fazi – Le 18 avril 2025



La rencontre d'hier [17 avril, NdT] entre Trump et la première ministre italienne, Giorgia Meloni, était très attendue. Il s'agissait de la première rencontre entre un dirigeant européen et le président américain depuis que ce dernier a annoncé la semaine dernière des droits de douane de 20 % sur tous les produits de l'UE, droits qui ont ensuite été suspendus et ramenés à 10 % pendant 90 jours. La visite de Meloni a été largement considérée comme une démarche stratégique visant à tirer parti de son alignement idéologique et de ses relations personnelles avec Trump, qu'elle avait déjà rencontré à Mar-a-Lago et à l'investiture duquel elle a assisté en tant que seule dirigeante de l'UE présente. Son objectif était clair : convaincre Trump de revoir sa position en matière de droits de douane à l'égard de l'UE, ou du moins de l'Italie.

Avec un excédent commercial de près de 40 milliards d'euros, l'Italie est le troisième exportateur de l'UE vers les États-Unis, derrière l'Allemagne et l'Irlande. À ce titre, elle risque d'être l'une des plus durement touchées par les droits de douane proposés par Trump. Au début du mois, Meloni a sévèrement critiqué la politique douanière de Trump, affirmant que sa décision d'imposer des droits de douane de 20 % à l'UE était « absolument erronée » et qu'elle finirait par nuire à l'UE « autant qu'aux États-Unis ».

Meloni espérait convaincre Trump des mérites d'un accord tarifaire « zéro/zéro » pour l'ensemble de l'UE, mais cela n'a pas abouti. Mis à part le fait que Trump a déclaré du bout des lèvres qu'il « s'attendait à ce qu'un accord commercial soit conclu avec l'UE », Meloni est rentré chez elle les mains vides. Et cela s'explique sans doute par le fait que, malgré toutes les lacunes économiques et géopolitiques de l'approche de la réindustrialisation de Trump fondée sur les droits de douane, s'il y a une région du monde qui mérite vraiment des droits de douane plus élevés, c'est bien l'UE – et Trump le sait.

Au cours des deux dernières décennies, et en particulier après la crise de la zone euro de 2010-2011, l'Union européenne, bien qu'elle soit l'un des blocs économiques les plus riches du monde, a systématiquement compressé la demande intérieure par le biais de politiques d'austérité, de restrictions budgétaires et de compression des salaires. Cette trajectoire déflationniste auto-imposée (qui a encore exacerbé le biais déflationniste inhérent à l'euro) n'était pas accidentelle, mais plutôt une stratégie délibérée visant à renforcer la compétitivité de ses prix sur la scène mondiale, tout en réduisant ses importations.

En effet, l'UE a adopté un modèle de croissance hyper-mercantiliste, axé sur les exportations, privilégiant les excédents commerciaux au détriment du développement économique interne. Cette approche s'est faite aux dépens de ses propres citoyens, confrontés à la stagnation de leurs salaires et à des services publics sous-financés, et de ses partenaires commerciaux, notamment les États-Unis, qui ont absorbé les excédents d'exportation de l'UE dans le cadre d'une relation économique mondiale de plus en plus déséquilibrée. En 2023, la part des exportations de l'Italie dans le PIB était de 33,7 %, celle de la France de 34,2 %, tandis que celle de l'Allemagne atteignait le chiffre stupéfiant de 43,4 %. Ces chiffres ne sont pas normaux. À titre de comparaison, la Chine, longtemps considérée comme une économie d'exportation par excellence, ne compte sur les exportations que pour 19 % de son PIB.

En réalité, des excédents commerciaux importants et durables ne sont pas le signe d'une économie performante, bien au contraire. L'UE a toujours été une puissance exportatrice, précisément en raison de l'essoufflement de son économie, dû à un manque de consommation intérieure et d'investissement.

Les États-Unis exprimaient leur inquiétude quant aux politiques mercantilistes de l'UE bien avant que Trump n'apparaisse sur la scène politique. Il y a plus de dix ans, le département du Trésor américain reprochait déjà aux autorités européennes de tirer l'économie mondiale vers le bas. « L'ajustement global de l'Europe repose essentiellement sur la demande émanant de l'extérieur de l'Europe plutôt que sur la prise en compte des déficits de demande qui existent en Europe », écrivaient-ils. Depuis lors, rien n'a changé. La guerre commerciale de Trump a donc été longue à venir.

En ce sens, ses droits de douane ne devraient pas être considérés comme une simple provocation, mais comme une occasion pour les Européens de se confronter enfin aux défauts profonds du modèle économique de l'UE, fondé sur les exportations ; une prise de conscience qui se fait attendre depuis longtemps. Pourtant, au lieu de susciter un débat sérieux, les seules réponses des dirigeants européens ont consisté à déplorer l'injustice des droits de douane ou, comme Giorgia Meloni, à implorer Trump de les exempter. L'ampleur de la réaction européenne en dit long sur le déclin politique du continent ; un spectacle d'impuissance qui se fait passer pour de la diplomatie.

Thomas Fazi

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/le-flop-de-la-diplomatie-de-meloni-au-sujet-des-taxes-douanieres