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Corée du Sud. Le président lance un putsch contre le Parlement

Démarré par JacquesL, Aujourd'hui à 09:19:14 AM

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JacquesL

Corée du Sud. Le président lance un putsch contre le Parlement

Publié le décembre 4, 2024 par Wayan



Par Moon of Alabama – Le 3 décembre 2024

Je n'ai pas encore compris le « coup d'État » d'aujourd'hui en Corée du Sud. Hier soir, le président élu a déclaré la loi martiale. Les législateurs sont actuellement interdits d'accès au Parlement. Quelqu'un qui connaît bien la Corée du Sud pourrait-il m'expliquer ce qu'il en est ?

Le président de la Corée du Sud est le chef de l'État et le chef du gouvernement. Il est élu directement pour un mandat de cinq ans :

CiterLe président actuel, Yoon Suk Yeol, ancien procureur général et membre du parti conservateur People Power, a pris ses fonctions le 10 mai 2022, après avoir battu le candidat du Parti démocrate Lee Jae-myung avec une faible majorité de 48,5 % lors de l'élection présidentielle sud-coréenne de 2022.

Le président choisit un premier ministre pour gérer les affaires courantes du gouvernement.

L'Assemblée nationale est le corps législatif monocaméral de la Corée du Sud. Depuis 2020, la majorité au parlement est détenue par le Parti démocrate. Lors des élections législatives de cette année, il a obtenu quelque 175 des 300 sièges, tandis que le Parti People Power du président n'en détient que 108.

Pendant la cohabitation, lorsqu'un gouvernement exécutif est dirigé par un parti différent de celui du corps législatif, il y a toujours des conflits sur les priorités. Ceux-ci se manifestent souvent au cours de la procédure budgétaire.

C'est exactement ce qui s'est passé en Corée du Sud :

CiterLe Parti People Power (PPP), au pouvoir, a insisté sur le maintien de la proposition du gouvernement, tandis que le principal parti d'opposition, le Parti démocrate (DP), a demandé une révision afin d'augmenter l'émission de bons en monnaie locale.

Les bons en monnaie locale semblent être une forme de crédit destinée à aider les petits commerçants et les travailleurs indépendants :

CiterLe projet de loi actuel proposé par le DP majoritaire établit le budget de l'année prochaine à 677 400 milliards de wons (485,3 milliards de dollars), soit une baisse de 4 100 milliards de wons par rapport à la proposition initiale du gouvernement, suite à des réductions du fonds de réserve du gouvernement et des dépenses d'activités spéciales du secrétariat du bureau présidentiel et du bureau de la sécurité nationale, ainsi que de celles du ministère public, de l'agence d'audit de l'État et de la police.
« Sans excuses de la part du Parti démocrate et sans le retrait du projet de loi budgétaire adopté unilatéralement, nous n'accepterons aucune forme de discussion », a déclaré à la presse le représentant Choo Kyung-ho, chef de file du PPP.

« Si le Parti démocrate veut parler de l'augmentation du budget (pour émettre plus de bons en monnaie locale), il aurait dû négocier avec nous avant de l'adopter unilatéralement », a-t-il déclaré.

Le Parti démocrate est majoritaire à l'Assemblée nationale. Il a réduit le budget proposé par le gouvernement de 0,6 % parce que le parti au pouvoir a rejeté une augmentation de 0,3 % qui aurait aidé les électeurs du parti majoritaire.

Pour moi, il s'agit là d'une querelle mineure.

Mais si tel est le problème, pourquoi le président, dont la cote de popularité est inférieure à 20 %, a-t-il recours à des pouvoirs extraordinaires pour la résoudre ?

CiterLe président sud-coréen déclare la loi martiale d'urgenceCNN, 3 Dec. 2024

Le président Yoon Suk Yeol a déclaré la loi martiale lors d'une allocution télévisée non annoncée mardi en fin de soirée, accusant le principal parti d'opposition du pays de sympathiser avec la Corée du Nord et de mener des activités anti-étatiques.

Yoon n'a pas précisé quelles mesures spécifiques seraient prises. Il a cité une motion du Parti Démocrate de l'opposition, qui dispose de la majorité au parlement, visant à mettre en accusation les principaux procureurs et à rejeter une proposition de budget du gouvernement.

Yoon a qualifié les actions de l'opposition de « comportement clairement anti-étatique visant à inciter à la rébellion ». Il a également affirmé que ces actes ont « paralysé les affaires de l'État et transformé l'Assemblée nationale en un repaire de criminels ».

Il a décrit la loi martiale comme une mesure nécessaire pour éradiquer ces « forces anti-étatiques pro-Nord éhontées ». Il a justifié cette décision comme étant essentielle pour protéger les libertés et la sécurité du peuple, assurer la durabilité du pays et transmettre une nation stable aux générations futures.

Le président du parlement s'est rendu au parlement et prévoit de convoquer une session, selon la chaîne de télévision locale YTN TV. L'agence de presse Yonhap a cependant rapporté que l'entrée du parlement était bloquée et que les législateurs ne pouvaient pas entrer.

La description du Parti démocrate par le président, qui le qualifie de « forces pro-Nord et anti-étatiques », est tout simplement insensée.

Une majorité à l'Assemblée nationale pourrait lever la loi martiale, mais elle n'est pas en mesure de se réunir actuellement.

L'assemblée peut également mettre le président en accusation, mais elle a besoin de deux tiers des voix pour le faire. Le PD pourrait probablement obtenir ces deux tiers, étant donné qu'au moins une partie du Parti People Power a rejeté la déclaration de loi martiale du président.

La situation actuelle est confuse. Quels sont les objectifs du président et comment pense-t-il pouvoir les atteindre ?

Les États-Unis sont très impliqués, voire contrôlent la politique intérieure sud-coréenne. Le président Yoon est leur homme. On peut se demander dans quelle mesure ils ont influencé, voire causé, le conflit actuel.

Quel est le rôle et la position de l'administration Biden à cet égard ?

Moon of Alabama

Note du Saker Francophone

Depuis il semble que les députés aient forcé le passage pour voter la fin de la loi martiale.

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/coree-du-sud-le-president-lance-un-putsch-contre-le-parlement

JacquesL

Tentative de coup d'Etat militaire en Corée du Sud


Le 3 décembre 2024, le président sud-coréen Yoon Seok-yeol (Pouvoir au peuple, conservateur) a décrété la loi martiale en accusant l'opposition (à majorité démocrate) de «tentative de renversement du régime». Alors que le président du Parti démocrate Lee Jae-myung a dénoncé la proclamation de la loi martiale comme «illégale et anticonstitutionnelle», l'Assemblée nationale a réagi en demandant la levée de la loi martiale par une majorité de 190 sièges (sur 300), l'opposition – qui détient une majorité de sièges au Gukhoe – étant rejointe par 18 députés (sur 108) du parti Pouvoir au peuple, tandis que les autres députés de la majorité présidentielle étaient absents de l'hémicycle au moment du vote. Si l'incertitude règne sur les suites de cette crise politique, il est patent que le Président Yoon Seok-yeol a cherché à surmonter un conflit politique avec la majorité du Parlement par le recours à des procédures d'exception de manière anticonstitutionnelle : une telle façon de faire s'apparente à une tentative de coup d'État militaire, car ayant utilisé l'armée qui avait été lancée à l'assaut du Parlement. Des appels à la destitution du chef de l'État ont été lancés.



Le Parlement sud-coréen issu des législatives du 10 avril 2024 : Parti progressiste: 3 sièges Reconstruire la Corée: 12 sièges Nouvelle alliance progressiste: 2 sièges Parti démocrate: 169 sièges Indépendants: 2 sièges Nouveau parti du futur: 1 siège Nouveau parti de la réforme: 3 sièges Pouvoir au peuple: 90 sièges Parti du futur du peuple: 18 sièges

Depuis son élection en 2022, le président Yoon Seok-yeol n'a jamais disposé d'une majorité au Parlement, étant à nouveau désavoué lors des élections législatives du 10 avril 2024. Dans ce contexte, les tensions avec les démocrates (opposition, centre à centre-gauche) sont allées croissantes : en particulier, un projet de budget réduit pour 2025 a été adopté par la commission du budget, tandis qu'ont été déposées des motions de destitution contre le chef de la Commission de contrôle et d'inspection, d'une part, le plus haut procureur du Parquet central du district de Séoul, d'autre part.

Durant une conférence de presse réunie d'urgence au bureau présidentiel, le président Yoon Seok-yeol, dont le taux de popularité est très faible, a justifié en ces termes la première proclamation de la loi martiale depuis le rétablissement de la démocratie en République de Corée (la précédente loi martiale, en 1981, avait justifié un bain de sang par la junte militaire alors au pouvoir à Séoul) :

Je protégerai et rétablirai une république de Corée libre qui est tombé dans un abîme à travers cette loi martiale et j'éradiquerai les forces anti-étatiques qui ruinent la nation et le noyau qui a fait le mal (...) C'est une mesure inévitable pour protéger la liberté, la sécurité et la durabilité de la nation contre les forces anti-étatiques qui visent le renversement du régime.

Les forces militaires de la loi d'urgence ont tenté d'investir le Parlement mais en ont été empêchées par la majorité démocrate, soutenue par des citoyens, qui s'est barricadée.

Une mesure aussi lourde de conséquences pour la démocratie que la proclamation de la loi martiale aurait évidemment nécessité un respect des procédures. Selon l'article 77 de la Constitution, le chef de l'État doit immédiatement informer l'Assemblée nationale de la déclaration de la loi martiale et celle-ci doit être levée si une majorité de députés s'y oppose. Le choix du président Yoon de s'adresser directement au peuple en court-circuitant le Parlement relève d'un détournement de pouvoir. Le vote de refus de la loi martiale par les parlementaires est intervenu avec un soutien transpartisan, incluant les quelques députés centristes et la faction du parti Pouvoir au peuple hostile au président de la République, animée par le chef du parti, Han Dong-hoon.

Cho Kuk, qui préside le Parti de la reconstruction de la Corée (opposition, démocrate), a appelé à la destitution du Président Yoon Seok-yeol, coupable selon lui de «rébellion militaire» :

Nous ne sommes pas en état d'alerte (à l'heure actuelle) et (la déclaration de la loi martiale) n'est pas passée par une réunion du cabinet (...) Le président ne fait pas l'objet d'enquêtes pour des crimes sauf la rébellion, mais la déclaration de la loi martiale de Yoon équivaut à une rébellion militaire et doit faire l'objet d'une enquête immédiate (...) La loi martiale a été levée, mais nous devrons procéder à la destitution (de Yoon) dès que la situation se sera stabilisée.

sources :
https://fr.yna.co.kr/view/AFR20241204000100884
https://fr.yna.co.kr/view/AFR20241204000500884
https://fr.yna.co.kr/view/AFR20241204001700884
via Amitié France Corée