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Bactéries intestinales, alcool, cirrhose, aldéhyde...

Démarré par JacquesL, 08 Août 2007, 01:12:59 AM

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JacquesL

Il était considéré qu'une conséquence de la cirrhose du foie chez les alcooliques était la perméabilité de la barrière intestinale. C'est le contraire qui a été établi par une équipe de l'INRA : les bactéries intestinales métabolisent l'alcool en acétaldéhyde, qui attaque la paroi intestinale.

http://www.inra.fr/presse/toxicite_hepatique_de_l_alcool

CiterFiche de Presse Info. 11/01/2007
La flore intestinale impliquée dans la toxicité hépatique de l'alcool

L'altération de la barrière intestinale des patients atteints de cirrhose du foie est un fait clairement établi, et généralement considéré comme une conséquence de la maladie. Une nouvelle hypothèse est que ce problème de muqueuse intestinale serait le préalable du développement d'altérations hépatiques pouvant conduire à la cirrhose. Les chercheurs de l'INRA ont mis en évidence une nouvelle cascade d'évènements dans la toxicité hépatique de l'alcool, allant dans le sens de cette hypothèse. Ils ont en effet montré chez le rat que l'alcool sanguin diffuse dans la lumière du côlon où il est métabolisé en acétaldéhyde par les bactéries commensales. L'acétaldéhyde étant une substance particulièrement active pour altérer la barrière intestinale, cela conduit alors à un passage de toxines bactériennes ou de bactéries dans le sang (endotoxémie), responsable d'atteintes hépatiques.


Il est connu chez l'homme qu'une cirrhose du foie est associée à une augmentation de la perméabilité de la paroi intestinale et à un passage dans le sang de toxines bactériennes (endotoxémie). L'hypothèse la plus couramment avancée était jusqu'alors que l'hypertension portale, d'origine cirrhotique, est responsable de cette augmentation de la perméabilité provoquant l'endotoxémie.

Les bactéries du côlon métabolisent l'alcool


Les chercheurs de l'INRA ont montré chez le rat que l'absorption d'alcool augmente la concentration en acétaldéhyde dans la lumière du côlon, augmente la perméabilité de la paroi du côlon, et induit un passage d'endotoxines dans le sang. Ces effets sont très significativement diminués chez des animaux dont la flore colique a été réduite par un traitement antibiotique.
En revanche, pour la même dose d'alcool ingérée, l'alcoolémie est doublée après traitement antibiotique, montrant que dans des conditions physiologiques, une grande partie de l'alcool ingéré n'est pas métabolisée par le foie, mais par la flore colique. Un métabolisme de l'alcool par les bactéries du côlon a d'ailleurs déjà été décrit chez l'homme.

L'absorption d'alcool induit une fragilisation de la barrière intestinale
Cette action de la flore sur l'alcoolémie a été confirmée en comparant des souris axéniques (sans flore intestinale) et conventionnelles. In vitro, les concentrations d'acétaldéhyde trouvées dans la lumière colique après ingestion d'alcool augmentent la perméabilité de la paroi intestinale. Ces résultats montrent que l'acétaldéhyde est un puissant activateur des mastocytes, cellules libérant des médiateurs susceptibles d'augmenter la perméabilité intestinale. Ainsi, les effets de l'ingestion d'alcool sur la perméabilité ont été réduits par un stabilisateur de la membrane des mastocytes.
Ces résultats mettent en évidence une nouvelle cascade d'évènements dans la toxicité hépatique de l'alcool : absorption intestinale proximale, diffusion dans la lumière du côlon, métabolisme en acétaldéhyde par la flore, dégranulation des mastocytes, augmentation de la perméabilité paracellulaire, endotoxémie, atteinte hépatique.

Ils vont dans le sens d'une nouvelle hypothèse concernant la cirrhose du foie, dont un préalable au développement de la maladie pourrait être une fragilisation de la barrière intestinale.


Référence :
Impairment of the Intestinal Barrier by Ethanol Involves Enteric Microflora and Mast Cell Activation in Rodents
American Journal of Pathology 2006 168: 1148-1154
Laurent Ferrier1, Florian Bérard1, Laurent Debrauwer2, Chantal Chabo1, Philippe Langella3, Lionel Buéno1 and Jean Fioramonti1
UMR 1054 Neuro-Gastroentérologie et Nutrition1 et  UMR 1089 Xénobiotiques,2 Institut National de la Recherche Agronomique, Toulouse, France;et Unité d'Ecologie et Physiologie du Système Digestif,3 Institut National de la Recherche Agronomique, Jouy-en Josas, France