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Rencontre du président Poutine avec les représentants des médias des BRICS

Démarré par JacquesL, 20 Octobre 2024, 07:35:50 PM

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JacquesL

Rencontre du président Poutine avec les représentants des médias des BRICS



Vladimir Poutine a répondu aux questions des responsables des principaux médias des pays des BRICS. La rencontre précède le sommet des BRICS à Kazan.

18 octobre 2024, 17 :50. L'oblast Moscovien, Novo-Ogariovo. Durée de la rencontre : environ deux heures.

Des responsables de médias du Brésil, de Chine, d'Égypte, d'Inde, des Émirats arabes unis, d'Arabie saoudite, d'Éthiopie, d'Afrique du Sud et d'Égypte ont participé à la rencontre. Le modérateur était Dmitry Kisseliov, directeur du groupe de médias Rossiya Segodnya.

V. Poutine : Chers collègues, messieurs, amis ! Je suis très heureux de vous voir tous. Notre compagnie s'élargit, le nombre d'amis et d'associés au sein de l'association BRICS a augmenté, et les activités de l'association suscitent beaucoup d'intérêt. Mes collègues et moi-même en avons déjà parlé à plusieurs reprises. Et, bien sûr, cet intérêt grandit grâce à votre travail et à votre soutien, à la couverture informatique de notre travail avec mes collègues et amis, les dirigeants des États membres des BRICS.

Le sommet s'approche. À la veille du sommet, le président des Émirats arabes unis nous rendra visite, il arrivera après-demain. Le dîner informel avec lui est prévu pour dimanche, la visite aura lieu le lendemain, lundi. Dès mardi, on se mettra à travailler à Kazan.

Un très vaste programme est prévu. Beaucoup a été fait aussi au cours de l'année durant notre présidence des BRICS, ce qui suscitera probablement un certain intérêt. Je serai heureux de vous en parler dans grandes lignes. Je m'excuse, je ne vous en parlerai que dans les grandes lignes, parce qu'il est impossible d'emporter toutes ces informations avec soi, de les garder en tête, car la coopération est très diverse, multidimensionnelle, dans tous les domaines. Et bien sûr, je pense qu'il serait intéressant pour vous de parler aux spécialistes qui sont professionnellement engagés dans chacun de ces domaines.

J'espère vivement que vous aurez cette occasion, vous et vos collègues et subordonnés, y compris lors du sommet des BRICS à Kazan.

C'est probablement tout ce que j'avais à dire pour commencer. Pour ne pas perdre de temps, je vais vous laisser la parole. J'essaierai de répondre à vos questions dans la mesure où je connais l'un ou l'autre aspect de notre conversation à venir.

Je vous en prie.

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, nous vous remercions chaleureusement d'avoir trouvé le temps de nous rencontrer malgré votre emploi du temps inhumainement chargé.

Cette tension se manifeste au moins par le fait qu'en quatre jours, à Kazan, vous aurez non seulement un sommet, non seulement une conférence de presse de grande envergure, mais aussi plus de deux douzaines de rencontres bilatérales. Il est difficile – vous avez tout à fait raison – difficile de garder tout cela en tête.

V. Poutine : Dix-sept.

D. Kisseliov : Dix-sept – d'accord : environ une vingtaine de rencontres bilatérales.

La rencontre que nous tenons actuellement est extrêmement importante non seulement pour nous personnellement, mais aussi pour la planète entière, parce que les médias représentés ici ont l'audience totale littéralement de plusieurs milliards de personnes. Et nous avons des questions, dont nous apporterons les réponses à nos téléspectateurs, auditeurs et lecteurs.

Je voudrais poser la première question. Il s'agit peut-être d'une question globalisante. Le monde change à une telle vitesse que nous n'avons parfois même pas le temps de suivre à quel point il est devenu différent. Quels sont les signes de ces changements et quelles opportunités représentent-ils pour les BRICS ?

V. Poutine : Le signe le plus important est la formation de nouveaux centres de développement. C'est le signe le plus important. Et ce développement, selon les experts, en qui j'ai une grande confiance et dont j'écoute l'opinion, aura objectivement lieu principalement dans les pays membres des BRICS. Il s'agit de ce que l'on appelle le Sud global, principalement l'Asie du Sud-Est et l'Afrique.

La croissance, la croissance positive aura lieu dans des pays aussi puissants que la Chine et l'Inde. La Russie et l'Arabie saoudite connaîtront également une croissance positive. Mais c'est en Asie du Sud-Est et en Afrique que la croissance sera la plus avancée. Pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, le niveau de développement des pays dans lesquels on attend une dynamique positive, mais contenue, est attesté par le fait que ces pays ont déjà atteint un certain niveau de développement. Premièrement.

Deuxièmement. Dans les pays que j'ai mentionnés, où la croissance sera avancée, un niveau d'urbanisation insuffisant et un taux de croissance démographique élevé ont encore lieu. Et ces deux facteurs joueront sans aucun doute un rôle important dans la formation de nouveaux centres de croissance économique, suivis par le développement de l'influence politique.

Quant aux membres des BRICS comme la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud – la République Sud-Africaine -, il va de soi que la croissance de leur potentiel économique s'accompagnera de la croissance de leur influence dans le monde. C'est une évidence absolue. Cela va de soi.

Les BRICS – comme mes collègues, partenaires et amis l'ont déjà dit et l'ont répété à maintes reprises – représentent 45% de la population mondiale, 33% de la terre ferme, une croissance constante du chiffre d'affaires et du niveau du commerce mondial.

Je viens de m'adresser au Conseil d'affaires des BRICS, aux entrepreneurs de nos pays, et j'ai donné les chiffres que j'ai déjà mentionnés précédemment. Entre 1992 et 2023 la croissance combinée du PIB mondial des pays des BRICS a doublé, alors que celle des pays du G7 a diminué. Les pays des BRICS sont déjà en avance sur les pays G7 selon cet indicateur, et d'ici 2028, c'est très clairement un «fait médical», l'écart en faveur des pays des BRICS augmentera. C'est déjà une évidence.

Dans certains domaines, l'humanité ne peut exister sans les pays des BRICS. Je veux parler des marchés alimentaires, des marchés de l'énergie, etc. Mais aussi dans les domaines de la haute technologie, en particulier dans le développement de l'intelligence artificielle et de son utilisation, nous sommes de plus en plus nombreux non seulement à acquérir des compétences, mais aussi à devenir des leaders dans certains domaines. Il s'agit donc du changement le plus important, le plus évident, le plus visible qui se produit dans le monde.

C'est naturel, en fait, il n'y a rien de mal à cela. Le monde est en constante évolution et des leaders émergent toujours. Nous devrions donc traiter cela calmement, en tant qu'une évidence, et construire nos relations les uns avec les autres sur cette base.

Qu'est-ce qui distingue les BRICS de tant d'autres organisations internationales ? Les BRICS n'ont jamais été construits contre qui que ce soit. Le Premier ministre indien l'a très bien formulé ; je crois qu'il l'a dit récemment. Il a déclaré que les BRICS n'étaient pas une association anti-occidentale, mais tout simplement une association non-occidentale. C'est très important, cela a beaucoup de sens, c'est-à-dire que les BRICS ne s'opposent à personne. Il s'agit d'une association d'États qui travaillent ensemble sur la base de valeurs communes, d'une vision commune du développement et, surtout, du principe de la prise en compte des intérêts de chacun. C'est sur cette base que nous travaillerons à Kazan.

D. Kisseliov : Merci beaucoup, Vladimir Vladimirovitch.

En effet, les pays des BRICS représentent 45% de la population mondiale, mais si les BRICS ne constituent pas une majorité mondiale, ils en représentent certainement une, car de nombreux pays, même non-membre des BRICS, aspirent au succès de cette association et partagent ses valeurs.

J'ai le plaisir de vous présenter mon collègue chinois, Fang Yun. Fang Yun est rédacteur en chef de CGTN et directeur adjoint de Media Corporation de la Chine, Monsieur Shen. Nous lui donnons le droit de poser la première question parmi nos invités, compte tenu de vos relations personnelles avec le président Xi Jinping et de la relation hors rang entre la Russie et la Chine. Et après nous poursuivrons dans le sens des aiguilles d'une montre.

Monsieur Fan, s'il vous plaît.

Fan Yun (comme traduit) : Cher Monsieur le président !

Je suis très heureux de représenter les médias chinois à cette rencontre.

Le sommet des BRICS à Kazan est le premier sommet après l'élargissement de l'organisation, nous y accordons donc beaucoup d'attention. Le rôle croissant des pays des BRICS et l'expansion de l'organisation – comment, à votre avis, cela affectera l'influence de l'organisation ?

Vous avez déjà mentionné que le PIB des membres de l'organisation représente plus de 33%. Quelle contribution cela apportera-t-il au développement du monde entier ?

V. Poutine : Les BRICS se composent aujourd'hui de dix pays. Chacun de ces pays présente un intérêt et une valeur pour la communauté mondiale et, bien sûr, pour une association comme les BRICS. Chacun de ces pays a sa propre culture, sa propre histoire, ses propres avantages dans la division mondiale du travail, et l'interaction avec ces pays est intéressante pour tous les membres de l'association des BRICS.

Bien entendu, lorsque de nouveaux acteurs apparaissent, de nouveaux participants, des membres à part entière de toute organisation internationale, ils apportent quelque chose qui leur est propre. Ici, il est très important que, d'une part, ils prennent en compte les principes sur lesquels les BRICS ont été créés, et ils ont été créés par trois pays. Le premier pas a été fait par la Russie, l'Inde et la Chine, nous l'avons fait ensemble, nous avons créé le RIC à Saint-Pétersbourg. Ensuite cela a commencé à s'étendre. Mais, d'un autre côté, tous les membres de l'organisation doivent respecter les intérêts des nouveaux pays membres.

Au cours de cette année, nous avons fait tout ce qui dépend de la Russie afin d'intégrer progressivement et discrètement tous nos nouveaux membres dans le travail de l'organisation. Après tout, nous avons prévu 250 organisations et événements différents dans différentes régions, et 200 événements ont déjà eu lieu.

Ce n'est pas par hasard que nous avons accepté de nouveaux membres. Il s'agissait déjà de pays, de personnes que nous connaissions très bien et avec lesquelles nous travaillions depuis longtemps dans différents domaines. Mais maintenant que nous avons commencé à travailler ensemble dans le cadre d'une seule organisation, nous avons bien sûr mis en place des plates-formes d'échange d'opinions et de recherche d'éventuels projets communs dans différents domaines. Cela s'applique tout d'abord à la coopération économique, bien sûr, mais pas seulement. Nous accordons une grande attention au développement des liens interhumains et humanitaires dans le domaine de la culture, du cinéma, des échanges de jeunes, etc.

Nous avons travaillé d'arrache-pied sur toutes ces lignes presque tout au long de l'année. Et la pratique montre que nous sommes sur la bonne voie ; la pratique montre que nous avons fait un bon pas en avant en termes d'expansion. Et bien sûr, je suis absolument convaincu que cela augmentera sans aucun doute – et nous le voyons déjà – l'intérêt pour l'organisation, son influence dans le monde et son prestige.

Vous savez, derrière chacun de ces nouveaux pays membres se trouvent certains de leurs plus proches alliés, dans un sens ou dans l'autre. Et lorsque ce pays entre à l'association, tous les pays qui coopèrent étroitement avec les nouveaux pays membres regardent également de près ce qui s'y passe et manifestent leur intérêt pour une collaboration.

Je l'ai déjà dit à maintes reprises : 30 pays ont exprimé leur désir de coopérer avec les BRICS dans une mesure plus ou moins grande, de rejoindre l'organisation d'une manière ou d'une autre. C'est un effet visible de l'adhésion. Juste après cette vague, la suivante prend de l'ampleur. Mais nous devons examiner attentivement, avec tous les membres de l'organisation, la manière de traiter cette expansion.

Il est absolument certain que nous ne repousserons personne. C'est absolument certain : les portes sont ouvertes. Mes collègues, mes amis et moi-même, nous en parlerons lorsque nous nous rencontrerons à Kazan.

D. Kisseliov : Voilà, tenez la majorité mondiale.

J'ai le plaisir de donner la parole à mon collègue de Sky News Arabia. Nadim Koteich est l'un des journalistes les plus célèbres du monde arabe, auteur et présentateur de l'émission hebdomadaire «Soirée avec Nadim».

S'il vous plaît, Nadim, posez votre question.

N. Kotejic (comme traduit) : Monsieur le président, je vous remercie de me donner l'occasion de vous rencontrer. Nous sommes heureux de vous saluer.

Je représente Sky News Arabia. Avant de commencer, je voudrais dire que votre équipe a fait un excellent travail en organisant cette rencontre. Nous sommes heureux de pouvoir communiquer avec vous en toute franchise, même si nous ne parlons pas russe.

Je tiens à dire que nous n'avons pas formulé les questions exactes, je veux que tout le monde le comprenne et le sache. Nous apprécions cette sincérité.

Monsieur le président, vous avez déclaré à plusieurs reprises qu'il fallait remodeler l'ordre mondial. Ce n'est peut-être pas une chose facile à faire. Nous comprenons que la Chine et les États-Unis influencent ce processus. Comment la Russie voit-elle ce processus, ne se sent-elle pas, dans une certaine mesure, en tant qu'un partenaire junior au vu des différents développements qui ont lieu entre la Chine et les États-Unis ?

V. Poutine : Nous avons une relation unique avec la Chine, c'est vrai. C'est une relation de confiance. Et le volume des relations commerciales et économiques augmente rapidement. Selon nos statistiques, le chiffre d'affaires se situe entre 226 et 228 milliards de dollars ; selon les statistiques chinoises, le chiffre d'affaires entre nos deux pays atteint déjà environ 240 milliards de dollars. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes.

J'ai déjà dit à maintes reprises, et je voudrais le souligner à nouveau, que la coopération russieno-chinoise sur la scène internationale est sans aucun doute l'un des facteurs clés de la stabilité stratégique dans le monde. Il s'agit là, me semble-t-il, d'une évidence, et cette position est partagée par de nombreuses personnes.

Les relations avec la République populaire de Chine sont construites sur un pied d'égalité, en tenant compte des intérêts de chacun. Ce n'est pas un cliché vide de sens, c'est la vérité. Nous nous écoutons les uns les autres. Il y a cinq ou sept ans, mon ami le président Xi Jinping et moi-même, ainsi que les dirigeants chinois au niveau du gouvernement, au niveau des hauts responsables politiques, avons discuté à de nombreuses reprises de la nécessité d'améliorer la balance commerciale et de réfléchir à ce que nous pouvions faire pour que les produits industriels russiennes atteignent le marché et l'agriculture chinois en plus grand nombre. La partie chinoise avait également des questions pertinentes à nous poser sur l'énergie, sur d'autres domaines et sur la coopération dans l'espace.

Vous savez, nous sommes en train de tout régler, nous nous entendons. La structure de la balance commerciale répond immédiatement à toutes ces questions. Nous ne nous contentons pas de parler, nous agissons, et nous n'avons ni d'aînés ni de subordonnés. Nous travaillons simplement dans l'intérêt des uns et des autres, et cela fonctionne. C'est la première chose à dire.

Quant aux relations entre la Chine et les États-Unis, nous ne nous en mêlons pas. Nous ne nous mêlons pas de ces questions, tout comme nous ne nous mêlons pas des relations entre – les collègues présents ici comprendront immédiatement de quoi je parle – l'Éthiopie, disons, et l'Égypte. Comprenez-vous de quoi je parle ? Nous ne nous en mêlons pas. Si des difficultés surviennent et si quelque chose dépend de nous, nous sommes prêts à offrir nos services pour résoudre ces problèmes, s'ils surviennent et si les participants au processus concerné sont intéressés par notre participation quelconque.

La plus grande économie du monde aujourd'hui en termes de parité de pouvoir d'achat – pas par habitant, mais en termes de parité de pouvoir d'achat – est la Chine. Ce ne sont que des statistiques, vous savez ? Les États-Unis arrivent en deuxième position. Oui, par habitant, bien sûr, les États-Unis ont beaucoup plus. Regardez donc la population de la Chine – 1,5 milliard ou 1,3 milliard – et celle des États-Unis. La taille de l'économie est plus importante.

Les États-Unis sont en deuxième position, l'Inde est en troisième position, et d'ailleurs, la Fédération russienne est en quatrième position, nous avons légèrement dépassé le Japon. La Chine est notre premier partenaire commercial et économique. La part de la Russie s'accroît, et elle occupe désormais la quatrième place dans le chiffre d'affaires commercial de la Chine, ce qui est important pour tout le monde.

Nous mesurons chaque pas avec beaucoup de soin. Les partenaires chinois sont heureux d'acheter des ressources énergétiques russiennes. La source la plus fiable est la Russie. Nous avons une frontière commune qui n'est soumise à aucune fluctuation en termes de politique mondiale. D'ailleurs, il n'est pas nécessaire de déplacer quoi que ce soit de l'autre côté de la frontière, de l'autre côté de la mer, de l'autre côté de l'océan : toute la frontière est commune, c'est tout, et les ressources énergétiques de la Russie sont tout simplement illimitées.

Si vous regardez les relations entre la Chine et les États-Unis, vous savez, je pense que les États-Unis doivent réfléchir. Ils ont gâché leurs relations avec la Russie, ils imposent des sanctions constantes et cela a un impact négatif sur eux. En fin de compte, cela les affecte, y compris le dollar. Le monde entier se demande s'il vaut la peine d'utiliser le dollar, lorsque les États-Unis, pour des raisons politiques, limitent l'utilisation du dollar en tant qu'unité de compte internationale universelle. Tout le monde y réfléchit et l'utilisation du dollar diminue – lentement, légèrement, mais diminue – dans les règlements et les réserves. Même les alliés traditionnels des États-Unis réduisent leurs réserves en dollars.

Et que se passe-t-il pour la Chine ? Une sanction après l'autre. Et ce n'est pas dû à la politique, c'est dû à la croissance de l'économie chinoise et à la tentative de ralentir cette croissance à l'aide de diverses sanctions politiquement motivées.

Savez-vous ce que je veux vous dire ? Les États-Unis ont quinze ans de retard. Ils ne peuvent pas arrêter le développement de la Chine. Ils ne peuvent pas le faire de la même manière qu'on ne peut pas dire au soleil «ne te lève pas» : il se lèvera de toute façon. Il existe des processus objectifs de développement économique, liés à un million de facteurs. Et cette tentative de freiner le développement de la Chine a un impact négatif sur l'économie américaine elle-même. Ils rendent la production d'un certain nombre de leurs biens moins compétitive, et s'ils continuent dans cette voie, ils rendront certains secteurs de l'économie non compétitifs.

C'est ainsi que la coopération entre les économies chinoise et américaine s'est développée au cours des dernières décennies, et elle est interconnectée. Tout le monde le comprend. Mais les actions auxquelles nous assistons aujourd'hui de la part des États-Unis me semblent contre-productives.

Il s'agit également d'une question de politique de sécurité. Ces provocations constantes liées à Taïwan – à quoi bon ? Je me pose souvent une question lorsque je vois des actions provocatrices dans l'une ou l'autre région du monde : à quoi bon font-ils cela ? Je ne comprends pas. En fait, l'OTAN et les Européens sont entraînés en Asie, les Européens par le biais de l'OTAN. Et personne ne veut demander aux Européens s'ils veulent gâcher leurs relations avec la Chine, entrer en Asie par le biais de la structure de l'OTAN et y créer une situation qui inquiétera les pays de la région, y compris la Chine. Je vous assure que je sais que ce n'est pas le cas. Néanmoins, ils sont entraînés là comme des petits chiens par un grand pépère, et c'est tout. Ils activent leurs alliés – le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande – créant des points de tension supplémentaires, déplaçant des armes assez sérieuses qui menacent les pays de la région, y compris la Chine et la Russie.

Nous suivons cela de près. Bien entendu, nous n'interférons pas. Comme dans d'autres [affaires], je l'ai dit, entre l'Éthiopie et l'Égypte. Mais nous partons du principe que la Chine est notre partenaire stratégique et notre allié.

D. Kisseliov : Merci.

Mais la force des BRICS réside dans le fait qu'il n'y a pas d'aînés et de subordonnés et que personne n'interfère dans les relations des autres pays. Il s'agit là d'une qualité et d'un ton très importants au sein de cette association.

Vladimir Vladimirovitch, je voudrais vous présenter Faizal Abbas, un chroniqueur de renommée mondiale sur la politique internationale, la politique arabe internationale, qui représente le journal Arab News.

Je vous en prie, Faizal.

F. Abbas (comme traduit) : Votre Excellence Monsieur le président !

Permettez-moi de vous remercier de m'avoir donné l'occasion de m'entretenir avec vous sur de diverses questions très importantes sur la scène internationale.

Ma question est la suivante. Comme vous le savez, l'Arabie saoudite a été invitée aux BRICS et le ministre des Affaires étrangères participera au sommet de Kazan. Comme vous le savez, Monsieur le président, le prince héritier est occupé depuis octobre dernier à régler les questions au Moyen-Orient et à résoudre le problème des deux États en Palestine. Moscou a toujours soutenu cette solution, une solution à deux États.

Le secrétaire général des Nations unies participera-t-il au sommet des BRICS ? Que pouvons-nous attendre des résultats afin d'exercer une pression et de mettre un terme à l'effusion de sang qui a lieu aujourd'hui au Moyen-Orient, étant donné que tous les membres des BRICS sont d'accord sur la nécessité de mettre en œuvre une solution à deux États pour le problème palestinien ?

D. Kisseliov : C'est l'Arabie saoudite que Faizal Abbas représente.

V. Poutine : Je vois.

Lorsque vous avez parlé de cessez-le-feu, vous faisiez principalement référence à la bande de Gaza ? Est-ce bien ce que j'ai compris ?

F. Abbas : Oui.

V. Poutine : Notre position est bien connue. Je ne peux guère ajouter quoi que ce soit de nouveau. Nous sommes toujours partis du principe que la résolution du Conseil de sécurité, la décision du Conseil de sécurité sur la création de deux États – Israël et l'État palestinien – doit être mise en œuvre. C'est la racine de tous les problèmes, et je suis sûr que nous devrons en parler lors du sommet des BRICS. À propos, j'ai également invité le président de la Palestine à participer à nos événements, de sorte que nous aurons l'occasion d'écouter ses évaluations.

Vous savez, j'ai eu de nombreuses conversations à ce sujet avec les dirigeants israéliens, saoudiens et palestiniens. Il est impossible, à mon avis, je l'ai dit à nos partenaires en Israël, de résoudre le problème palestinien uniquement sur la base de questions économiques. Je sais que les dirigeants israéliens, actuels et anciens, pensent qu'il suffit de satisfaire certains intérêts fondamentaux des Palestiniens habitant ces territoires pour que la question soit réglée.

Il me semble qu'au-delà des questions purement matérielles, il y a aussi des questions liées à la sphère spirituelle, liées à l'histoire, liées aux aspirations de tel ou tel peuple vivant sur certains territoires. Il s'agit là d'une question beaucoup plus profonde et complexe, et nous devons travailler dans ce domaine.

Deuxièmement, bien sûr, nous devons travailler dans le cadre d'un large consensus. Je ne veux pas tout mettre sur le dos des États-Unis, mais ils ont eu tort d'avoir détruit le Quartet [pour le Moyen-Orient]. Vraiment, je ne veux pas les pointer sans cesse du doigt en disant qu'ils sont responsables de tous les problèmes. Ce n'est probablement pas vrai, bien sûr. Mais le Quartet a été détruit pour rien. Le Quartet fonctionnait, il était plus facile de coordonner toutes les positions. Mais ils ont monopolisé tout ce travail, ils ont pris toutes les responsabilités, et finalement ça n'a pas marché, ils ont échoué.

Je pense que nous devrions revenir en arrière. Peut-être élargir ce Quartet, parler de la façon de reconstruire ces territoires, de la façon de faire revenir les gens qui ont quitté ces territoires. Les Palestiniens n'en partiront pas, c'est leur terre, il faut le comprendre. C'est premièrement.

Deuxièmement, plus il y aura de problèmes humanitaires, plus les gens chercheront à défendre leurs intérêts. D'ailleurs, beaucoup de gens en Israël comprennent cela, et beaucoup de gens en Israël partagent aussi ce point de vue, que je suis en train de présenter.

J'ai eu et j'ai encore l'occasion de recevoir des informations de la part de personnes qui défendent ce point de vue en Israël. Nous sommes toujours en contact avec Israël et, bien sûr, avec la Palestine. Nous avons une position traditionnelle qui remonte à l'époque de l'Union soviétique, à savoir, je le répète une fois de plus, que le principal moyen de résoudre le problème palestinien est la création d'un État palestinien à part entière.

D. Kisseliov : Merci beaucoup.

Le président du groupe d'entreprises Sekunjalo, le docteur Iqbal Surve, qui est l'un des dirigeants les plus influents d'Afrique. Son groupe d'entreprises comprend l'Independent Media Group et l'African News Agency.

Le Dr Iqbal Surve a travaillé avec le président Mandela et est un fervent partisan des BRICS. S'il vous plaît, Iqbal, Afrique du Sud.

I. Surve (comme traduit) : Votre Excellence Monsieur le président ! Tout d'abord, je vous félicite d'avoir accueilli ce sommet. C'est l'honneur et la joie pour moi que nous soyons ici aujourd'hui.

Monsieur le président, vous êtes l'un des pionniers des BRICS, vous avez noté à juste titre que vous faites partie de cette association depuis le tout début. De plus, vous avez vu comment les BRICS ont évolué : de BRIC à BRICS – l'Afrique du Sud a été incluse, et maintenant de nouveaux pays ont rejoint l'association.

Monsieur le président, j'ai présidé le Conseil d'affaires des BRICS et j'ai eu l'occasion de vous rencontrer au cours de mon mandat. Je suis un fervent partisan des BRICS, mais j'ai le sentiment que nous avançons trop lentement. Et j'ai le sentiment que nous sommes peut-être en train de rater une occasion importante de faire en sorte que les BRICS deviennent le premier groupe mondial.

Les BRICS constituent un groupe très important à ce tournant de l'histoire mondiale. Il est très important que le Sud global et, comme l'a dit Monsieur Kisseliov, la majorité mondiale aient lieu, et que la Fédération russienne joue un rôle important à cet égard.

Ma question s'adresse directement à vous. Comment la Russie, en tant que présidente des BRICS, peut-elle accélérer les mécanismes permettant aux BRICS de jouer un rôle plus important sur le plan économique, dans les systèmes de règlement et, plus important encore, je pense, sur le plan politique ?

Je vous remercie, Monsieur le président.

V. Poutine : En ce qui concerne l'ordre politique, votre collègue égyptien, j'ai en quelque sorte laissé cette partie de côté, mais puisque vous y êtes revenu, je vais revenir à la partie initiale de sa question. Il a parlé du fait qu'ici nous prétendons et nous cherchons à réorganiser l'ordre mondial. Nous ne le cherchons pas vraiment. Cela se fait naturellement. Nous disons simplement qu'il s'agit d'un processus inévitable et que nous devons réagir en conséquence.

Après tout, ces nouveaux centres de pouvoir qui émergent ne sont pas dus au fait que les pays occidentaux ont porté la crise ukrainienne au point où tout a abouti à l'état actuel. Je vous le rappelle une fois de plus : en 2014, les pays occidentaux, sous la houlette des États-Unis, ont organisé ou, s'ils ne l'ont pas fait, soutenu le coup d'État. C'est là que toute la crise a commencé, et ensuite l'OTAN a été poussée là pendant des années. C'est là que toute la crise a commencé. Et la guerre a commencé en 2014, parce que contre les gens qui n'étaient pas d'accord avec le coup d'État, on a commencé à mener des actions armées, en utilisant des forces armées. La guerre a donc commencé en 2014.

Mais les changements dans le monde ont commencé à se produire plus tôt, et ils se produisait à grande, à énorme échelle. C'est ce que nous appelons la création d'un monde multipolaire. Nous prenons simplement comme point de départ que cela se produit, nous y contribuons et nous essayons d'y contribuer de manière à ce que cela ne mène pas à la destruction, mais, au contraire, à ce que tout se construise calmement dans un format nouveau et croissant.

Vous dites qu'il faudrait agir plus activement. Mais comment faire plus activement au juste ? À notre avis, une agitation n'est pas de mise ici. Nous agissons progressivement, pas à pas, étape par étape.

En ce qui concerne la finance : disons, nous n'avons pas cherché à abandonner le dollar en tant que monnaie universelle, on nous a été refusé de l'utiliser. Mais aujourd'hui 95% du commerce extérieur de la Russie avec nos partenaires se fait en monnaies nationales. Vous comprenez, ils l'ont fait de leurs propres mains. Eh bien, ils l'ont voulu. Ils pensaient que tout allait s'effondrer [en Russie]. Non, rien ne s'est effondré. Tout se développe sur le nouveau fondement.

Dans nos échanges avec la Chine, 95% sont constitués de roubles et de yuans. D'ailleurs, nous utilisons également le yuan dans les règlements avec les pays tiers, ce qui renforce le yuan en tant qu'unité monétaire internationale. Ce n'est pas parce que la Chine veut nuire à qui que ce soit, non, elle ne fait rien de mal à personne, c'est juste la façon dont les choses se déroulent.

Voici, c'est premièrement – les règlements en monnaies nationales.

Nous avons créé une banque, qui est dirigée par Madame Rousseff. Il y a encore beaucoup à faire : il faut travailler sur le capital, il faut augmenter le capital – je ne vais pas tout énumérer. Madame Rousseff et moi, nous nous sommes rencontrées plusieurs fois, c'est une bonne spécialiste, elle comprend tout. Il nous faut parler de la création d'une plateforme d'assurance appropriée, d'un pool de monnaies de réserve. Tout cela doit être renforcé progressivement pour que ce ne soient pas des déclarations, mais de véritables instruments de travail. C'est ce qui est en train de se passer.

Nous voulons maintenant proposer à nos collègues – je n'entrerai pas dans les détails pour le moment – des relations assez sérieuses. Une question sérieuse, c'est l'utilisation des monnaies numériques dans les processus d'investissement, non seulement dans les pays membres des BRICS, mais aussi par les pays membres des BRICS dans l'intérêt d'autres économies en développement qui ont de bonnes perspectives de développement, comme je l'ai déjà mentionné.

Et nous pouvons créer un tel instrument qui sera pratiquement non-inflationniste, il sera sous le contrôle des institutions pertinentes des BRICS. Il pourrait s'agir d'une autre étape très intéressante et positive dans le développement du Sud global, avec notre participation active directe. Nous en parlerons maintenant, pas maintenant, mais j'en parlerai à mes collègues.

Nous sommes déjà en consultation avec nos amis chinois, indiens, brésiliens, et nous allons certainement parler à l'Afrique du Sud. Nous le ferons avec tout le monde, c'est ce que nous faisons. Nous y allons, nous y allons progressivement.

Mais il me semble que cela ne suffit pas. Pour travailler efficacement dans la sphère économique, nous devons rapprocher les gens. Toutes nos valeurs appelées traditionnelles de la culture chinoise, de la culture chrétienne et de la culture islamique sont foncièrement les mêmes, si on les lit et on les traduit d'une langue à l'autre. Elles sont toutes très proches ou, comme le disent les diplomates, coïncident complètement.

Il faut que les gens s'en rendent compte, qu'ils le comprennent. Il n'y a pas d'ennemis, il n'y a que des amis et des gens qui partagent les mêmes idées. C'est pourquoi nous développons un programme approprié dans le domaine des musées et du théâtre. Cette année, à l'initiative de la Russie, nous avons créé une plateforme unifiée dans le domaine de l'art folklorique dansé, de la cinématographie, du théâtre et des activités d'exposition. Tout cela crée une base colossale, solide et – j'en suis sûr – bonne pour rassembler les gens.

Mes collègues et moi-même organisons constamment des années thématiques pertinentes : l'Année de la culture, l'Année des échanges de jeunes, l'Année du théâtre, etc. Cela permet également de rapprocher les gens, de créer de nombreux contacts et de multiplier les opportunités. Cela augmente la confiance en l'autre, ce qui est la chose la plus importante. La confiance augmente, et c'est une base nécessaire pour la coopération dans les domaines de l'économie et de la sécurité.

Par conséquent, nous ne ferons pas trop vite, mais nous avancerons, nous avancerons aussi vite que possible. Nous ne devons pas nous écarter de ce rythme ici non plus, je suis d'accord avec cela, vous avez raison.

D. Kisseliov : Merci.

Mais en fait, nous parlons de la création d'un marché culturel commun pour les pays du BRICS, qui facilitera également la coopération dans le domaine de la sécurité économique. Le prochain invité est l'Indien, Vladimir Vladimirovitch. Il s'agit de l'influente agence de presse PTI. Soudhakar Nair travaille pour PTI depuis 45 ans, de correspondant à rédacteur en chef, il a travaillé en Allemagne et dans le pool du Premier ministre.

S'il vous plaît, Soudhakar.

S. Nair (comme traduit) : Merci beaucoup.

Monsieur le président, c'est la sixième fois que je me rends à Moscou pour couvrir les discussions entre les dirigeants de la Russie et de l'Inde. Je voudrais poser une question d'actualité concernant les pays des BRICS, leur coopération et le cinéma.

L'Inde possède une industrie cinématographique très développée. Ceux qui ont 40, 50 ans et plus, se souviennent du cinéma indien. La Russie va-t-elle donner aux producteurs de films des pays des BRICS la possibilité de réaliser des films, d'ouvrir le marché et d'offrir des incitations ?

V. Poutine : Vous savez, si on considère les pays des BRICS dans leur ensemble, le cinéma indien cartonne probablement en Russie plus que n'importe où ailleurs, dans n'importe quel autre pays des BRICS. Nous avons même une chaîne, je crois, une chaîne distincte à la télévision qui diffuse du cinéma indien jour et nuit. La question de l'intérêt pour le cinéma indien est donc très importante dans notre pays – c'est premièrement.

Deuxièmement, aux festivals du film de Moscou... Oui, nous avons des festivals du film des BRICS. Et cette année, au festival du film de Moscou, des films de presque tous les pays des BRICS ont été présentés. Je pense que le gagnant a été le travail des réalisateurs d'Arabie saoudite et d'Égypte. Et il y avait un troisième pays, je ne me souviens plus, je pense que c'était la Jordanie, oui. Arabie saoudite, Égypte, Jordanie. Le film de trois réalisateurs de ces pays a gagné.

D'un point de vue économique, les produits cinématographiques font partie, comme tous les autres produits, d'un marché qui doit être réglementé en conséquence. L'Inde a pris de très nombreuses décisions pour protéger son propre marché, et cela ne s'applique pas seulement à l'industrie cinématographique, mais aussi au marché automobile et à d'autres domaines d'activité. Mais je suis sûr que si nos amis indiens sont intéressés, nous trouverons un langage commun pour promouvoir les produits des cinéastes indiens sur le marché russien.

Et je peux dire que ce produit est demandé sur le marché au sens large du terme, du moins en Russie. Avec les produits pharmaceutiques indiens, je pense que ce sera une bonne affaire. Je serai prêt à parler à notre ami, le Premier ministre indien, lorsqu'il viendra à Kazan, s'il soulève cette question. Nous sommes certains que nous parviendrons à un accord, à cent pour cent. Je n'y vois aucun inconvénient.

D. Kisseliov : Merci, Vladimir Vladimirovitch.

Bien sûr, nous aimerions voir non seulement du cinéma indien, mais aussi des films avec des acteurs des pays des BRICS, représentant leurs différentes cultures.

V. Poutine : Raj Kapoor. (Rires.)

D. Kisseliov : Oui, mais avec un Indien, un Chinois, un Éthiopien, etc.

V. Poutine : Vous savez, nous avons discuté avec nos collègues, avec les dirigeants des pays des BRICS, sur l'organisation de festivals d'art théâtral, et c'est en cours. Nous avons, je crois, créé une académie commune de cinématographie. Nous suivrons certainement cette voie.

Nous avons parlé de la nécessité de créer un festival de musique pop, etc. Il y a là beaucoup de travail, comme on dit, il y a beaucoup à faire. Ce travail est très intéressant. Et bien sûr, il sera intéressant pour la presse de le couvrir et de participer à ce travail commun.

D. Kisseliov : Oui. En Union soviétique, il y a eu une expérience comme «Mimino», par exemple. Des Caucasiens, des Russes ou des Ukrainiens ont participé à des films de guerre en tant qu'acteurs représentant des cultures différentes ou proches. Il s'agit également d'une orientation intéressante.

L'invité éthiopien est le directeur général de la société de médias FANA Broadcasting. Il s'agit de la plus grande société de médias d'Éthiopie, qui diffuse en neuf langues. Admasu Damtew Belete, s'il vous plaît.

A. Belete (comme traduit) : Votre Excellence Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de participer à cette rencontre.

Question : comment pouvons-nous nous assurer que nos projets d'infrastructure, de technologie et d'éducation apportent une réelle valeur ajoutée et soient commercialisés ?

V. Poutine : Excusez-moi, dans quel domaine ?

A. Belete : Comment pouvons-nous nous assurer que nos projets de coopération dans les domaines de la construction d'infrastructures, de la technologie et de l'éducation soient rentabilisés ?

V. Poutine : Dans le domaine de l'éducation, commençons par ceci : nous avons traditionnellement des liens très bons et positifs et une très bonne expérience dans la formation de personnel pour l'Afrique. Cela dure depuis des décennies, depuis l'époque de l'Union soviétique.

Des milliers de personnes originaires d'Afrique ont été éduquées ici, et nombre d'entre elles occupent encore aujourd'hui des postes très importants dans leur pays, après avoir été éduquées en Russie, ce qui nous rend très heureux. En effet, lors du dernier sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, nous avons vu des images qui ont réjoui, je pense, des millions de citoyens russiens, car nos médias, la télévision et l'Internet ont montré des fonctionnaires d'aujourd'hui de certains pays africains chantant des chansons russes, et ce dans une langue russe suffisamment bonne. Bien entendu, il s'agit là d'un potentiel très puissant d'interaction et de coopération – l'éducation reçue dans un pays ou un autre dans la langue, en particulier dans la langue du pays d'accueil. Nous poursuivons cette pratique, et je crains de me tromper sur les chiffres, mais dans la pratique, si ce n'est pas avec tous les pays africains, c'est certainement avec un grand nombre d'entre eux. L'Éthiopie en fait partie.

La deuxième question ou la deuxième partie de votre question – vous l'avez posée comme la première – n'est pas moins importante, il s'agit de l'infrastructure. Nous avons de nombreux projets dans ce domaine, dans le développement des infrastructures. Le plus célèbre, le plus important et le plus global est le projet Nord-Sud, déjà connu de nombreux collègues intéressés. Il s'agit d'un chemin de fer allant de la mer Baltique au golfe Persique. Nous le faisons avec plusieurs de nos partenaires, qui ont manifesté leur intérêt et sont prêts à participer au financement de ce projet, entre autres choses.

La deuxième route très importante est la Route maritime du Nord, le long de l'océan Arctique. Nous faisons beaucoup dans ce domaine. Il s'agit d'une route mondiale, et de nombreux pays membres des BRICS s'y intéressent de très près, car si elle est réalisée – et nous sommes en train de la réaliser – elle apportera de très grands avantages économiques.

Nous réalisons beaucoup de travaux pratiques. Nous construisons une flotte de brise-glaces qui n'existe nulle part dans le monde. Il n'existe pas de flotte de brise-glace à propulsion nucléaire dans le monde, à l'exception de la Russie. Nous avons, je crois, sept brise-glaces à propulsion nucléaire, 34 brise-glaces à propulsion diesel de très grande classe, puissants et modernes. Nous construisons également le brise-glace Leader, comme nous l'appelons, qui sera capable de couper de la glace de n'importe quelle épaisseur, de n'importe quelle glace, et qui fonctionnera toute l'année. En fait, la saison de navigation [arctique] s'élève déjà jusqu'à neuf mois, je pense, c'est donc un grand projet très intéressant.

En ce qui concerne l'Éthiopie, nous entretenons des relations traditionnelles profondes, et les liens spirituels et humanitaires sont très bons, nombre de nos entreprises souhaitent travailler sur le marché éthiopien. Il s'agit de sociétés d'énergie, de sociétés d'ingénierie. J'aimerais beaucoup que tous les projets dont le Premier ministre et moi-même avons parlé se réalisent. Pour notre part, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir.

D. Kisseliov : Nous briserons la glace quelle que soit son épaisseur.

V. Poutine : Vous voyez, pour l'Éthiopie, ce n'est peut-être pas très intéressant pour le moment. Mais pour des pays comme l'Inde, la Chine et de nombreux pays d'autres régions du monde, c'est d'un grand intérêt économique. C'est pourquoi nous en discutons à la fois dans le cadre des BRICS et sur une base bilatérale, et nous sommes prêts à travailler avec nos partenaires des BRICS dans ce sens.

D. Kisseliov : Salaheldin Magaouri, de la principale agence de presse égyptienne MENA. Je vous en prie.

S. Magaouri (comme traduit) : Monsieur le président, je m'appelle Salaheldin Magauri. Je représente l'agence de presse MENA d'Égypte. Je vous remercie de m'avoir invité à cette rencontre.

Bien entendu, nous savons que la position de la Fédération russienne sur les différentes questions à l'ordre du jour est équitable et prend en compte les intérêts de tous. La Russie cherche la coopération et non l'ingérence dans les affaires des autres. Dans le cadre des BRICS en particulier, nous constatons que la Russie soutient les aspirations des différents pays qui cherchent à les rejoindre.

Nous sommes conscients que le sommet a lieu à une époque turbulente – il y a de nombreux défis et menaces au niveau mondial aujourd'hui. J'aimerais connaître votre vision de la coopération future entre les membres du groupe BRICS et les modalités d'expansion de ce groupe, en particulier dans la dimension économique.

La monnaie unique commune des BRICS est particulièrement intéressante, car elle pourrait contribuer au développement de la coopération économique et renforcer les monnaies nationales. Quelles sont les étapes de la perspective à long terme à cet égard ?

V. Poutine : En ce qui concerne une monnaie commune des BRICS, nous n'envisageons pas cette question pour le moment. Elle n'est pas encore arrivée à maturité. Nous devons être très prudents. Nous devons agir progressivement, sans précipitation.

Actuellement, nous étudions les moyens d'étendre l'utilisation des monnaies nationales et de créer des instruments qui permettraient de sécuriser ce travail. Comme je l'ai mentionné et dit, nous envisageons l'utilisation d'instruments électroniques. Il est nécessaire – c'est un travail en cours – d'établir des relations entre les banques centrales et de garantir un échange fiable d'informations financières qui serait indépendant des instruments internationaux d'échange d'informations financières qui imposent certaines restrictions pour des raisons politiques et violent les principes de l'économie mondiale. Nous développerons le travail du pool de devises et renforcerons la Nouvelle banque des BRICS. Nous suivrons ces orientations.

Si on parle de la création d'une monnaie unique, nous devons avoir un degré élevé d'intégration des économies. Et ce n'est pas tout, il est nécessaire non seulement d'avoir un haut degré d'intégration des économies, mais aussi d'atteindre une qualité et un volume comparables. Bon, pour le volume c'est impossible, quand on considère la population et les économies elles-mêmes. Mais les économies devraient être à peu près équivalentes dans leur structure et leur efficacité. Sinon, nous serons confrontés à des problèmes encore plus graves que ceux qui se sont posés, par exemple, dans l'Union européenne, lorsqu'une monnaie unique a été introduite pour les pays dont les économies n'étaient pas comparables ou équivalentes. Il s'agit donc d'une perspective lointaine, mais théoriquement possible, nous pouvons en parler à l'avenir.

En ce qui concerne l'expansion. Une vague d'expansion est maintenant passée, celle des BRICS. Et bien sûr, ce n'est pas un hasard si les collègues ici présents ont posé des questions : que faisons-nous pour adapter les nouveaux membres de l'organisation à travailler ensemble ? Cela demande également un certain temps, bien que nous travaillions ensemble depuis longtemps, mais nous devons néanmoins travailler dans le cadre d'une organisation unie.

J'ai déjà dit que l'intérêt pour les travaux des BRICS et la participation à ces travaux augmentent : 30 pays ont exprimé leur désir de travailler avec les BRICS. C'est pourquoi nous travaillons actuellement avec nos collègues – et j'en parlerai avec nos amis à Kazan, avec les dirigeants des pays des BRICS – pour développer une catégorie de pays partenaires des BRICS, et la première étape consistera à construire ce travail. Pour nous, pour la Russie, il s'agit principalement des pays de la CEI et des pays de l'Union économique eurasienne, mais nous serons heureux d'inviter des pays d'autres régions et à travailler avec ces pays également. C'est premièrement.

Deuxièmement. Ici, bien sûr, nous avons besoin d'un consensus, et nous agirons avec prudence à cet égard, guidés par deux principes : le premier est le multilatéralisme, et le second est l'efficacité du travail de l'organisation. En d'autres termes, en augmentant le nombre de membres de l'organisation, nous ne devons pas minimiser l'efficacité de la structure elle-même. Nous agirons donc en fonction de ces considérations.

La première question, je suis désolé, c'était quoi ? Car c'était la deuxième. Est-ce tout ou vous avez demandé encore quelque chose ? L'expansion, la monnaie unique ?

D. Kisseliov : Oui, les perspectives. Mais une précision, Vladimir Vladimirovitch...

S. Magaouri : Quelles sont les perspectives et l'avenir du groupe BRICS, selon vous ?

V. Poutine : J'ai déjà dit que de nouveaux centres de développement, de nouveaux centres de pouvoir sont en train de se former, et tous sont pratiquement représentés au sein des BRICS. En ce sens, bien sûr, les BRICS ont un grand avenir, à mon avis. Nous avons un grand respect pour les autres associations régionales, nous faisons de notre mieux pour coopérer avec elles.

Et franchement, malgré tous les conflits dans le monde aujourd'hui, il me semble que le développement des BRICS – et s'il se développe sur les principes de base que j'ai mentionnés au début, à savoir le non-conflictualisme, le fait de ne travailler contre personne, mais uniquement dans l'intérêt des pays de cette organisation – ce travail aura un effet bénéfique sur la situation du monde dans son ensemble. Nous ne construisons pas un bloc, disons, dirigé contre les intérêts de quelqu'un. Il ne s'agit pas d'une organisation en bloc. En ce sens, elle a un caractère universel et, à mon avis, elle aura un effet favorable sur les affaires mondiales en général, y compris sur l'économie mondiale.

Si ce travail contribue au développement de l'économie mondiale, il sera en ce sens utile aux pays qui ne sont pas membres de l'organisation BRICS. Cela va de soi, je pense, bien sûr. Les leaders économiques mondiaux d'aujourd'hui en bénéficieront également, à mon avis, en fin de compte, même si nombre d'entre eux sont confrontés à certains problèmes aujourd'hui. Nous connaissons les problèmes de la zone euro. Elle est au bord de la récession dans son ensemble. Et si une bonne relation entre les économies de ces pays est solide, stable, mise en place avec les pays des BRICS, eh bien, cela ne pourra que leur profiter.

Aux États-Unis, oui, ils vont avoir, de l'avis général, une croissance décente de plus de trois pour cent cette année. Après la pandémie, ils ont fait un bond très décent – 5,7% de croissance économique aux États-Unis, puis ils sont descendus à 2,5%. Cette année, la croissance sera un peu plus forte – elle dépassera les trois pour cent. Mais les problèmes restent nombreux là-bas. Le déficit du commerce extérieur s'élève à plus de 700 ou 718 milliards de dollars. Le déficit budgétaire est de 1,8 trillion. Et la dette nationale s'élève à 34,8 billions de dollars. Il y a donc beaucoup de problèmes pour des économies aussi importantes et aussi dominantes. Des relations normales avec les pays du BRICS – et nous sommes ouverts à ces relations normales – auront, à mon avis, un effet favorable sur l'économie mondiale dans son ensemble.

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, une précision. Vous avez dit que les pays du BRICS travaillent à un échange fiable d'informations financières. S'agit-il d'une étape vers un système de paiement unique ?

V. Poutine : Non, il s'agit d'un échange d'informations financières entre banques centrales.

D. Kisseliov : Mais il s'agit de créer un analogue de SWIFT ?

V. Poutine : C'est un analogue de SWIFT, oui. C'est ce qui garantit les règlements internationaux, et donc le commerce.

D. Kisseliov : Merci. Le Brésil, CNN Brasil. Daniel Rittner, directeur de la rédaction, a été nommé parmi les journalistes les plus respectés du Brésil par le magazine brésilien Journalists and Company. Daniel, s'il vous plaît.

D. Rittner (comme traduit) : Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer. Tout d'abord, je tiens à dire que je me souviens de Kazan, j'y suis venu en 2018 pour les vacances, je l'ai très bien pris. Mais notre équipe internationale a été exclue et nous en avons pleuré toute la nuit.

Je parle de Kazan parce que vous vous préparez minutieusement pour le sommet. Au Brésil, nous nous préparons également à un autre sommet, à savoir le sommet du G20, qui se tiendra en novembre. Le gouvernement brésilien vous a invité à participer au sommet des dirigeants du G20. Mais le système judiciaire du pays est indépendant, et certains disent qu'il sera nécessaire de se conformer à l'ordre de la Cour pénale internationale concernant votre mandat d'arrêt.

À cet égard, j'ai trois questions distinctes à vous poser. Avez-vous l'intention de participer au sommet de Rio de Janeiro en novembre ? Compte tenu de ce qui précède, pensez-vous que la situation que j'ai mentionnée montre la faiblesse des BRICS face à des organisations anciennes telles que la CPI ? Et, avec tout le respect que je vous dois, craignez-vous une arrestation au Brésil ?

V. Poutine : La première chose que je voudrais dire, c'est que la Cour pénale internationale n'a pas une portée universelle. C'est l'une des organisations internationales dont la Russie ne reconnaît pas la juridiction, tout comme de nombreux autres pays dans le monde. Je pense que les États-Unis ne la reconnaissent pas non plus. La Chine ne la reconnaît pas, la Turquie non plus. Donc le fait qu'une telle organisation existe, en fait, si une telle organisation indépendante existe, ce n'est peut-être pas une mauvaise chose, mais il faut qu'elle prenne un caractère universel – c'est premièrement.

Deuxièmement, les décisions de ce type sont très faciles à contourner, tout simplement très faciles. Il suffit de signer un accord intergouvernemental, et le tour est joué. Et la compétence de la Cour pénale internationale sera limitée. Nous avons de très bonnes relations avec le Brésil, fiables et stables depuis de nombreuses années, voire des décennies, de sorte que vous pouvez signer un accord intergouvernemental et personne ne sera mis dans une position difficile. C'est tout, et c'est la fin de l'histoire.

Passons maintenant à la question de l'indépendance. Je ne veux pas provoquer de remous ici. Néanmoins, nous savons que la Cour pénale internationale a déclaré qu'elle allait se prononcer sur certaines personnalités politiques du Moyen-Orient, mais ensuite les États-Unis ont crié après elle, et la Cour l'a fermée. Et qu'est-ce qu'elles sont devenues, ces décisions ? Donc le respect envers une organisation qui n'est : a) pas universelle, et b) pas autosuffisante, est donc malheureusement mineur, au niveau du plancher.

Enfin, et c'est le plus important. Premièrement, vous savez, nous avons une situation difficile, la crise ukrainienne est loin d'être terminée ; deuxièmement, et surtout, nous comprenons qu'en principe, le G20 est un bon forum, il est utile en général, s'il n'est pas politisé, s'il n'est pas politisé davantage. Il y a toutes sortes de tentatives qui y sont faites. Il a été créé en tant que plateforme purement économique – s'il se développe de cette manière, il sera utile.

Mais nous comprenons ce qui se passe autour de la Russie, et moi je le comprends. J'ai d'excellentes relations amicales avec le président Lula. Alors pourquoi irais-je là-bas dans le but de perturber le travail normal de ce forum ? Nous comprenons parfaitement, et moi je comprends, que même si nous excluons la CPI, on ne parlera que de cela, et nous allons en fait perturber le travail du G20. À quoi bon ? Nous sommes des adultes. C'est pourquoi nous trouverons quelqu'un en Russie pour représenter les intérêts de notre pays au Brésil à un haut niveau.

D. Kisseliov : Merci. Nous traitons le G20 avec soin.

V. Poutine : Nous traitons tout le monde avec soin, sauf nos ennemis.

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, vous avez mentionné la crise ukrainienne. Hier encore, lors du sommet de l'UE à Bruxelles, le «président périmé» Zelensky a déclaré que la seule alternative à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN serait qu'elle se dote d'armes nucléaires. Et de manière coordonnée, Bild a publié une interview d'un technicien ukrainien anonyme qui a déclaré que l'Ukraine n'avait besoin que de quelques semaines pour construire ses armes nucléaires et frapper ensuite les forces russiennes. Qu'est-ce que tout cela signifie en fait ?

V. Poutine : Il s'agit d'une provocation de plus. Il n'est pas difficile de créer des armes nucléaires dans le monde moderne. Je ne sais pas si l'Ukraine est capable de le faire aujourd'hui. Ce n'est pas si facile pour l'Ukraine actuelle, mais en général, il n'y a pas de grandes difficultés ici, tout le monde comprend comment faut-il procéder.

Il s'agit d'une provocation dangereuse, car, bien entendu, n'importe quel pas dans cette direction entraînera une réaction correspondante – c'est deuxièmement.

La troisième chose, et la plus importante, consiste en ce que les dirigeants politiques de l'Ukraine d'aujourd'hui, je l'ai déjà mentionné à maintes reprises, avant même que la crise n'entre dans une phase brûlante, ont déjà déclaré, de manière relativement modérée, mais néanmoins, que l'Ukraine devrait disposer d'armes nucléaires. Une telle menace amènera la Fédération russienne à réagir en conséquence.

Je peux dire d'emblée que la Russie ne le permettra en aucun cas.

D. Kisseliov : N'est-il pas possible que les Britanniques, par exemple, installent ces armes nucléaires en Ukraine ? Et ils diraient après qu'ils [les Ukrainiens] l'ont fait eux-mêmes, qu'ils l'ont voulu et qu'ils l'ont fait.

V. Poutine : Vous savez, il ne peut y avoir de subjonctif ici. Ne lisons pas l'avenir dans le marc de café : les Britanniques ou qui que ce soit d'autre l'auraient voiturée. Il est difficile de le cacher. Pour cela un fonds approprié et des actions appropriées sont nécessaires. Il est impossible de le cacher, la gale ni l'amour ne se peuvent cacher. Et nous sommes en mesure de retracer tout mouvement dans cette direction.

D. Kisseliov : Oui, s'il vous plaît, l'Arabie saoudite.

F. Abbas (comme traduit) : J'aimerais poursuivre la discussion sur la crise en Ukraine, si vous le permettez. Vous avez remercié l'Arabie saoudite pour sa position et son aide dans l'échange de prisonniers avec l'Ukraine. Tout le monde connaît l'amitié étroite entre Riyad et Moscou, et il y a aussi une amitié entre Riyad et Kiev. Et le prince héritier a déclaré dans une interview à Fox News que l'Arabie saoudite fait tout ce qu'elle peut pour aider à résoudre la crise. Comment évaluez-vous les efforts de l'Arabie saoudite ? De nombreux membres des BRICS ont proposé une solution. Vous avez dit que Riyad était proche de l'Ukraine et de la Russie. La Russie pourrait-elle participer à la conférence de paix, si elle se tient dans un pays ami, par exemple en Arabie saoudite, dans un avenir proche, avant la fin de l'année ?

V. Poutine : Vous venez de dire que la Russie et l'Arabie saoudite entretenaient des relations amicales. C'est vrai, nous considérons l'Arabie saoudite comme un pays ami. J'ai de très bonnes relations avec le roi et, d'une manière générale, des relations amicales, personnelles et avec le prince héritier. Et je sais, je suis sûr que tout ce que l'Arabie saoudite fait dans ce sens, elle le fait sincèrement, je n'ai aucun doute à ce sujet. Par conséquent, si de tels événements sont organisés en Arabie saoudite, le lieu lui-même est bien sûr très confortable pour nous.

Mais là n'est pas la question, la question est de savoir de quoi discuter. Comme vous le savez, nous avons eu de longues négociations en Turquie, à Istanbul, et le résultat de ces négociations a été un document qui a été paraphé par le chef de la délégation ukrainienne, qui l'a signé. Il est disponible, ce document, c'est un projet de traité, et un condensé de ce document, je le répète encore une fois, a été paraphé par le chef de la délégation de négociation.

Mais si l'Ukraine y a apposé sa signature, c'est que tout était satisfaisant. En tout cas, des points principaux. Il était possible de parler de certains détails, de les affiner – oui, mais je pense qu'il était absolument incorrect de jeter ce document à la poubelle, à telle façon d'agir n'importe quel document peut être jeté à la poubelle.

C'est pourquoi nous sommes prêts à engager un dialogue sur une fin pacifique du conflit, mais uniquement sur la base du document qui a été préparé au cours de négociations approfondies pendant plusieurs mois et qui a été paraphé par la partie ukrainienne. Nous sommes prêts à continuer à travailler sur cette base.

Il existe une initiative de la Chine et du Brésil, qui adoptent une approche très équilibrée et objective des questions de règlement, et un groupe compétent a été mis en place à New York. Nous examinons la situation très attentivement, avec respect et en comprenant que tous nos amis, y compris les membres des BRICS, sont déterminés à mettre fin à ce conflit aussi rapidement et pacifiquement que possible. Car nous sommes conscients qu'il s'agit, bien sûr, d'un élément irritant dans les affaires internationales, dans les affaires européennes, dans l'économie, etc. Nous souhaitons, plus que quiconque, y mettre fin le plus rapidement possible et, bien entendu, par des moyens pacifiques.

Je le répète une fois de plus : nous sommes prêts à revenir. Ce n'est pas nous qui avons interrompu les négociations. Je voudrais vous rappeler que c'est la partie ukrainienne qui a déclaré qu'elle ne négocierait plus avec la Russie. Premièrement.

Deuxièmement. Le président ukrainien a publié un décret interdisant les négociations avec nous. Ce décret est en vigueur, alors laissez-les au moins commencer par l'annuler. Il est ridicule d'en parler. Tout le monde nous appelle à négocier, mais personne ne prête attention au fait que la partie ukrainienne s'est elle-même interdit de négocier ? C'est ridicule.

Mais le plus important, c'est la base. La base est le projet de document qui a été élaboré au cours du processus de négociation d'Istanbul.

D. Kisseliov : Oui. Merci. Une file d'attente se forme déjà. S'il vous plaît, les Émirats, puis l'Afrique du Sud, puis le Brésil. S'il vous plaît, les Émirats.

N. Koteich (comme traduit) : Monsieur le président ! Avec votre profonde compréhension des stratégies militaires, dans une guerre qui dure depuis très longtemps, plus longtemps que vous ne l'aviez prévu, ressentez-vous des surprises, de l'étonnement, peut-être de la déception dans l'accomplissement des tâches de l'armée russienne ? Deuxième question : comment pouvez-vous déterminer quand vous remporterez la victoire en Ukraine ?

V. Poutine : Vous savez, il est très difficile de fixer des délais, et c'est contre-productif en général. Nous venons de parler de la possibilité de pourparlers de paix. Nous y sommes favorables. J'ai dit comment cela pouvait être réalisé. S'il s'agit d'une position tout à fait sincère d'un côté, de l'autre – s'il vous plaît : le plus tôt sera le mieux.

Parlons maintenant de l'armée. Vous savez, la manière moderne de mener la lutte armée évolue très rapidement en raison des progrès technologiques. Il est d'ores et déjà difficile d'évaluer avec précision ce qui se passera aujourd'hui et ce qui se passera demain.

En outre, il n'y a pas si longtemps, on disait que la guerre armée moderne était une confrontation de technologies. Aujourd'hui, j'ai entendu nos combattants, vous savez, des combattants, dire que la guerre moderne est une guerre de mathématiciens.

Un exemple concret : disons que la guerre électronique consiste à travailler sur certains moyens de défaite et à les supprimer. L'autre camp a fait le calcul, se rend compte de ce qui l'attend et modifie le logiciel de ses armes de frappe. En l'espace d'une semaine, de dix jours ou de trois semaines, l'autre partie redouble d'efforts et modifie le logiciel de ses armes de suppression électronique. Et cela se poursuit indéfiniment. Il est évident que l'armée ukrainienne n'est pas en mesure de faire cela, ni d'utiliser des armes de frappe de précision et de longue portée, parce qu'elle n'en a tout simplement pas. Il est clair que l'OTAN, les pays de l'OTAN et les spécialistes militaires de l'OTAN le font.

Vous savez quelle est la différence ? L'OTAN est en guerre contre nous, mais par les mains des soldats ukrainiens. L'Ukraine n'épargne pas ses soldats dans l'intérêt de pays tiers. Mais l'Ukraine n'utilise pas elle-même d'armes de haute technologie, c'est l'OTAN qui le fait. L'armée russienne, quant à elle, se bat seule, crée ses propres produits militaires et ses propres logiciels, ce qui constitue une énorme différence. Ces derniers temps, je l'ai observé, l'armée russienne est en train de devenir non seulement l'une des armées les plus high-tech, mais aussi la plus prête au combat. Et quand les membres de l'OTAN se lasseront-ils de nous combattre ? Demandez-leur. Nous sommes prêts à poursuivre ce combat. Et la victoire sera à nous.

D. Kisseliov : La victoire sera à nous. S'il vous plaît, Afrique du Sud.

I. Surve (comme traduit) : Merci beaucoup, Monsieur le président. Lorsque j'écoute certaines des questions et des commentaires que vous faites – c'est très bien que je sois au Cap, dans le sud du continent africain, loin de tous ces processus – je me demande toujours si le monde moderne a besoin de l'effet Mandela.

Par exemple, les BRICS, sous votre direction, peuvent présenter un tel effet Mandela au monde, car toute guerre se termine par la paix. C'est une condition sine qua non tout au long de l'Histoire, et nous devons trouver un chemin vers cette paix. Très souvent, le chemin vers la paix n'est pas facile parce qu'il n'est pas toujours évident. Il est également compliqué par la technologie dans les conflits modernes, parce qu'il affecte ainsi tout le monde.

Mais j'ai une question contradictoire, Monsieur le président. D'une part, je pense que vous êtes un partisan de la paix et que vous voulez la paix, et le peuple russien veut la paix, et au Moyen-Orient tout le monde veut la paix, et dans d'autres parties du monde tout le monde veut la paix. Mais avant que nous n'entamions la rencontre d'aujourd'hui et que nous n'arrivions ici, le ministre turc des Affaires étrangères a rencontré ses homologues, principalement ceux du Moyen-Orient, et a fait plusieurs déclarations. Il a notamment déclaré qu'il existait une très forte probabilité de guerre entre Israël et l'Iran. Vous avez peut-être déjà pris connaissance de cette déclaration du ministre turc des Affaires étrangères. Bien sûr, cela aurait des conséquences dévastatrices pour la région et pour le monde.

La question que je souhaite vous poser est suivante : qu'en pensez-vous, Monsieur le président ? Pourriez-vous intervenir, que pourrait faire la Russie et que pourrait faire l'organisation des BRICS pour éviter cela ? Je vous remercie.

V. Poutine : Oui, la situation est difficile et dangereuse, bien sûr. Je viens de parler à votre collègue de ce qui se passe sur la piste ukrainienne, dans la direction ukrainienne, et j'ai dit que l'OTAN nous combattait par les mains des soldats ukrainiens, et que les soldats ukrainiens nous combattaient avec l'armement de l'OTAN. Mais nous, Nous faisons tout nous-mêmes. Nous combattons et fabriquons notre propre armement, vous comprenez ? La différence est colossale, vraiment. Les membres de l'OTAN n'ont pas de pitié pour les Ukrainiens : ce ne sont pas leurs soldats. Ils servent les intérêts des États-Unis, en ce sens, ils ne sont pas désolés non plus. Mais nous devons réfléchir, nous devons penser à nos soldats, nous devons penser à l'armement.

Et quand nous pensons à nos soldats, nous pensons à la manière d'assurer la paix, y compris par des moyens pacifiques. C'est là la différence, c'est la différence colossale. Nous n'émettons pas de décrets ni d'édits pour interdire les négociations, nous disons : nous sommes prêts.

La situation est également très grave en ce qui concerne la piste Iran-Israël. Si l'on en arrive là, Dieu nous en préserve, les soldats des deux pays se battront directement sur place. Nous sommes en contact avec Israël et l'Iran, nous avons des relations assez confiantes. Nous aimerions beaucoup que cet échange de coups sans fin, comme il peut s'avérer, s'arrête à un moment donné afin que l'on puisse trouver des moyens de résoudre la situation d'une manière qui satisfasse les deux parties.

La réponse à cette question passe toujours par la recherche de compromis. Sont-ils possibles dans cette situation ou non ? Je pense que oui. Aussi difficile que cela puisse être, je pense que c'est possible. Il s'agit simplement d'une sphère trop délicate pour anticiper et dire quelque chose publiquement maintenant. Je pense que c'est contre-productif, car cela ne peut que nuire.

Mais il est indispensable de trouver des solutions de ce type. Bien sûr, si les parties au conflit sont intéressées, nous sommes prêts à participer avec une sincérité absolue, en comprenant les intérêts des deux parties.

Quant à l'Iran, nous avons simplement des relations d'alliance avec ce pays, et nous avons un sens très aigu de ce qui se passe dans ce pays, un sens aigu de ce qui se passe dans différents domaines. Et puis écoutez, comment commenter ce qui s'est passé tout à l'heure, ces frappes-là d'Israël ? Comment le commenter ?

D'autre part, bien sûr, nous le disons toujours, et je tiens à le souligner : nous sommes contre toute manifestation terroriste, quoi que ce soit, y compris contre Israël, et contre les citoyens d'Israël – nous ne devons pas l'oublier non plus.

Mais néanmoins, à la question de savoir si des compromis sont possibles, il me semble qu'ils le sont. Et s'il y a une demande en ce sens, nous sommes en contact avec les uns et les autres, prêts à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider à trouver ces compromis.

D. Kisseliov : S'il vous plaît, le Brésil.

D. Rittner (comme traduit) : Permettez-moi de revenir sur le plan en six points proposé par la Chine et le Brésil. Envisagez-vous d'entamer des négociations sur la base des conditions proposées par la Chine et le Brésil ? En outre, Monsieur le président, le président ukrainien Zelensky a qualifié ce plan de destructeur et a déclaré que le président Lula était «trop pro-russien» – c'est une citation de Zelensky. Pensez-vous que M. Lula soit vraiment un allié et qu'il puisse jouer un rôle dans les négociations entre la Russie et l'Ukraine

V. Poutine : Vous savez, nous n'avons rien su de ce que la Chine et le Brésil ont proposé, à savoir la création d'un groupe compétent au sein de l'ONU, la proposition d'un plan pertinent. En d'autres termes, ni le Brésil ni la Chine, qui sont très proches de nous, ne nous ont consultés dans la recherche de solutions pour un règlement pacifique, ils ont agi comme ils l'entendaient.

Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? C'est une autre question. Mais cela montre simplement que le Brésil et la Chine agissent de manière indépendante, qu'ils ne jouent le jeu de personne, y compris de la Russie. Je vous le dis en toute responsabilité, publiquement. Ces informations peuvent être diffusées dans tous les médias. Notre ministre des Affaires étrangères m'a fait part de ce qui se passait directement depuis New York, sans aucune consultation préalable avec le Brésil et la Chine. Je pense que, dans l'ensemble, il s'agit de propositions équilibrées, équilibrées et visant à trouver une solution pacifique. Si cela ne plaît pas à quiconque, ce sont ses positions à eux.

Je l'ai déjà dit : la partie ukrainienne ne considère pas qu'il soit possible de mener la moindre négociation. Elle se contente de formuler ses exigences, et c'est tout. Il ne s'agit pas d'une négociation. Ils négociaient avec nous, mais ils ont arrêté après les accords conclus à Istanbul, c'est tout. Et maintenant, ils ne veulent plus le faire.

Tout récemment, lorsque le chef du régime de Kiev était à New York, il a de nouveau déclaré publiquement : nous ne négocierons pas. Que puis-je ajouter à cela ? Que quelqu'un à Kiev aime ou n'aime pas les propositions du Brésil et de la Chine, c'est son choix.

Nous n'avons pris connaissance des propositions chinoises et brésiliennes qu'après qu'elles aient été rendues publiques. Je peux vous dire, et je le répète, qu'il me semble qu'il s'agit d'une bonne base pour entreprendre des tentatives de recherche de la paix.

D. Kisseliov : Oui, s'il vous plaît. Nous avons l'Inde.

S. Nair : Monsieur le président ! Ma question résume plusieurs problèmes liés au conflit ukrainien. Il a été dit que l'Inde, la Chine et le Brésil pourraient être des médiateurs potentiels pour mettre fin au conflit. Notre Premier ministre Narendra Modi est en contact avec vous, le président américain et le président ukrainien. À votre avis, dans quelle mesure cette possibilité de médiation est-elle réaliste dans un avenir proche ?

V. Poutine : Vous savez, votre collègue vient de poser une question sur les événements et les tensions sur la piste Iran-Israël, et j'ai répondu que si quelque chose dépend de la Russie et si notre médiation est demandée, nous serons heureux de travailler avec nos collègues.

Il en va de même pour nos amis, en qui nous avons pleinement confiance. Je fais ici référence au Premier ministre Monsieur Modi. Oui, je sais, lors de chaque conversation téléphonique avec lui, il soulève la question et nous fait part de ses réflexions à ce sujet. Nous lui en sommes reconnaissants et nous le saluons. Merci.

D. Kisseliov : Nous commençons déjà, pour ainsi dire, à conclure. S'il vous plaît, Nadim.

N. Koteich (comme traduit) : Monsieur le président, j'aimerais poursuivre la question de mon collègue brésilien. Muhammad bin Zayed arrivera bientôt en Russie, vous le rencontrerez, comme vous l'avez déjà dit. Il s'agit d'une visite très importante. Vous avez déjà effectué une merveilleuse visite à Abu Dhabi. Nous avons également parlé de la CPI, de ses activités. Qu'est-ce qui est important ? Muhammad bin Zayed s'est rendu aux États-Unis pour discuter de la coopération technologique avec ce pays. Comment voyez-vous les Émirats arabes unis ? C'est l'occasion de renforcer les relations des EAU avec l'Iran, avec les États-Unis, avec vous, avec d'autres pays, de coopérer avec des organisations internationales telles que la CPI. Est-ce un exemple du type de politique que vous aimeriez mener ?

V. Poutine : Oui, c'est un bon exemple. Nous avons de très bonnes relations avec les Émirats arabes. J'ai des contacts très confiants et amicaux avec le président. Je suis sûr que sa visite sera très fructueuse.

Pour ce qui est de la partie non officielle de la visite, je souhaite l'inviter chez moi, ici même, juste à côté. Nous dînerons, nous nous assiérons, nous passerons la soirée ensemble, nous parlerons de tous les sujets d'actualité.

En effet, le président des Émirats arabes réussit à maintenir de bonnes, très bonnes relations d'affaires avec de très nombreux partenaires. C'est en soi une valeur considérable. Voyons donc ce qu'il en est.

En effet, l'Arabie saoudite a fait beaucoup pour nous aider, y compris l'échange de détenus. Nous avons les mêmes contacts avec les Émirats arabes unis. Nos liens économiques se développent, les échanges commerciaux augmentent. Bien sûr, ce n'est pas la même chose qu'avec la Chine, ce n'est pas 240 milliards, mais la tendance est positive. C'est premièrement. Deuxièmement, notre fonds d'investissement fonctionne très bien et avec succès. Il ne s'agit là que d'un aspect spécifique des relations bilatérales.

En ce qui concerne les questions relatives au Moyen-Orient, nous écoutons l'opinion formulée par les dirigeants des Émirats arabes unis et, bien entendu, nous en tenons compte dans notre politique pratique.

D. Kisseliov : S'il vous plaît, la Chine, Fang Yun.

F. Yun : Nous venons de discuter de très nombreuses questions de sécurité. Je suis très reconnaissant à Monsieur le président pour cette description si importante des relations sino-russes. Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que le président Xi Jinping assisterait au sommet de Kazan. Pensez-vous que sous votre direction stratégique et celle de Xi Jinping, les relations bilatérales sont à leur meilleur niveau ? Quels sont vos projets ou vos attentes pour le long terme ?

Les relations russo-chinoises sont actuellement très prometteuses, qu'il s'agisse des nouvelles forces manufacturières que la Chine et le gouvernement chinois promeuvent actuellement, de notre commerce électronique ou de nouveaux domaines. Selon vous, quels sont les domaines qui offrent les meilleures perspectives de développement des relations bilatérales ?

V. Poutine : Nous travaillons actuellement très activement dans le secteur de l'énergie, c'est bien connu, et nous allons certainement développer ce domaine. Nous travaillons à la création de deux unités dans des centrales nucléaires en Chine, nous fournissons une grande quantité de ressources énergétiques – à la fois du pétrole et du gaz – et nous allons développer cette coopération.

Je l'ai déjà dit, c'est utile pour nous, et pour nos amis chinois, c'est une source très fiable, parce qu'elle n'est soumise à aucune influence extérieure. Et il s'agit là d'une chose fondamentale. Nous développons la coopération dans le domaine de l'agriculture.

Nous sommes reconnaissants à nos amis chinois d'avoir ouvert leur marché, notamment pour la fourniture de produits agricoles, y compris, par exemple, la viande de porc et d'autres produits, lorsque c'est dans l'intérêt de la Chine. Mais il s'agit bien sûr de produits de nature traditionnelle.

Pourtant nous devons nous tourner vers l'avenir, et l'un des domaines les plus importants est, bien sûr, la coopération en matière de haute technologie : infrastructures, intelligence artificielle, biotechnologie, génétique et espace.

D. Kisseliov : Oui, s'il vous plaît, l'Arabie saoudite.

F. Abbas : Merci beaucoup, Monsieur le président. Je vous remercie de m'avoir accordé votre temps et j'ai deux questions rapides à vous poser. La première concerne Pavel Dourov, qui a les nationalités française, russienne et émiratie. Nous savons ce qui lui est arrivé récemment. Que peut faire la Russie pour l'aider ? La deuxième question concerne le chef du parlement iranien. Il a fait une déclaration étrange sur la mise en œuvre de la résolution 1701 [du Conseil de sécurité des Nations unies]. Il l'a commentée de manière plutôt négative lors de ses contacts avec les Français. Que peut faire la Russie dans le cadre des BRICS pour améliorer les relations entre, par exemple, Israël et l'Iran ? Et existe-t-il une menace de conflit grave entre ces pays ?

V. Poutine : Les relations entre Israël et l'Iran doivent être construites avant tout par deux pays – Israël et l'Iran. C'est leur tâche, nous ne pouvons pas interférer dans les relations bilatérales d'États très respectés au Moyen-Orient qui jouent chacun un rôle important.

En ce qui concerne les déclarations du chef du parlement iranien : je pense que je n'ai guère besoin de commenter les déclarations des chefs des organes représentatifs d'autres pays. Nous avons, je le répète, de très bonnes relations d'alliance et de confiance avec l'Iran. La situation est tendue, tout le monde est figé dans l'attente d'éventuelles frappes israéliennes. J'espère vivement qu'il sera possible d'éviter l'escalade de ce conflit.

Je le répète une fois de plus : nous sommes prêts à faire tout ce qui dépend de nous, dans la mesure du possible, si notre rôle ici est perçu positivement, pour que la situation dans la bande de Gaza finisse par s'apaiser et que les terribles attaques contre des cibles civiles cessent, et pour que la situation au Sud-Liban se normalise, pour que les attaques mutuelles d'un côté et de l'autre cessent, pour que la vie paisible revienne sur ce territoire également.

Il me semble que personne n'a intérêt à ce que ce conflit s'envenime, personne – ni pour des raisons de sécurité, ni pour des raisons économiques. Il me semble donc qu'il y a des chances de trouver une solution. Mais le succès ou l'échec de cette solution dépend bien sûr avant tout des pays impliqués dans cette confrontation.

D. Kisseliov : L'Égypte, puis la Russie, et nous nous arrêterons probablement là. S'il vous plaît, l'Égypte.

S. Magaouri (comme traduit) : Monsieur le président, merci beaucoup pour cette invitation. Je voudrais parler des relations russo-égyptiennes, qui se sont développées très activement et fortement ces derniers temps, et vos relations avec Monsieur Abdelfattah Sisi y contribuent. De très nombreux projets de développement ont été lancés récemment entre la Russie et l'Égypte. J'aimerais savoir ce que vous pensez du développement futur de ces projets et du développement futur des relations entre les deux pays. Je vous remercie.

V. Poutine : Nous entretenons traditionnellement des relations très chaleureuses et amicales avec l'Égypte depuis de très nombreuses décennies. Je suis très heureux de constater que ces dernières années, grâce au président Sissi, ces relations se sont renforcées dans une large mesure. Notre chiffre d'affaires commercial augmente, nous travaillons sur de grands projets : il suffit de dire que nous construisons une centrale nucléaire, ce qui est bien connu, que tout se déroule comme prévu et que je suis sûr que tous ces projets seront réalisés.

Nous devons être plus actifs en ce qui concerne la zone industrielle, dont nous parlons depuis longtemps et pour laquelle nous avons pris des mesures plutôt modestes jusqu'à présent. Aujourd'hui, dans ses vœux à la communauté des affaires des BRICS, le président égyptien a également parlé de zones industrielles dans la zone du canal de Suez. Nous avons également des projets spécifiques liés à l'ingénierie mécanique, tout d'abord. Il s'agit de projets à long terme très intéressants qui se caractériseront non seulement par des investissements solides, mais aussi par le développement de la coopération, de la coopération industrielle. À mon avis, c'est extrêmement important.

Nous poursuivrons notre travail commun dans le domaine humanitaire, y compris la formation du personnel. Enfin, nous poursuivrons notre coopération dans le domaine de la sécurité. J'espère que nous reprendrons le travail dans le domaine de la coopération militaro-technique.

À mon avis, il est très important que nous coopérions et que nous harmonisions nos positions sur la scène internationale, y compris sur les questions de sécurité dans la région.

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, le ton de l'Occident a changé en ce qui concerne l'Ukraine. Alors qu'ils parlaient auparavant de la victoire obligatoire de l'Ukraine et de la nécessité de tout résoudre sur le champ de bataille, ils discutent aujourd'hui activement de l'échange de territoires pour que les restes de l'Ukraine rejoignent l'OTAN. Que pensez-vous d'une telle idée ?

V. Poutine : Je ne comprends pas lorsque vous parlez d'un échange de territoires, car les territoires pour lesquels nos hommes se battent sur le champ de bataille sont les nôtres. Il s'agit de la République populaire Louganienne, de la République populaire Donetsienne, de l'oblast Zaporojien et de l'oblast Khersonien. C'est premièrement.

Deuxièmement. Nous devons, sans aucun doute, en plus de cela, résoudre la question de la garantie des intérêts de sécurité à long terme de la Russie. Si nous parlons de processus de paix, il ne doit pas s'agir de processus liés à un cessez-le-feu d'une semaine, de deux semaines ou d'un an permettant aux pays de l'OTAN de se réarmer et de s'approvisionner en nouvelles munitions. Nous avons besoin de conditions pour une paix à long terme, durable et viable, qui garantisse une sécurité égale à tous les participants à ce processus difficile. C'est ce à quoi nous devons aspirer.

Et le fait qu'il fut un temps où quelqu'un parlait de la nécessité d'infliger une défaite stratégique à la Russie, d'assurer la victoire sur la Russie sur le champ de bataille, ils ont eux-mêmes déjà acquis la conviction que c'était impossible, que c'était irréaliste, et ils ont changé de point de vue. Ils ont fait ce qu'il fallait et je les en félicite.

D. Kisseliov : Merci beaucoup. Nous avons encore beaucoup de questions à poser, mais nous nous rendons compte que nos deux heures sont écoulées. N'abusons pas de la courtoisie du président de la Russie. Nous vous remercions tous pour votre sincérité et votre patience. J'ai même noté certaines choses importantes pour moi, à savoir que les BRICS n'étaient pas une organisation anti-occidentale, mais tout simplement une organisation non-occidentale.

V. Poutine : Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est le Premier ministre Modi.

D. Kisseliov : Oui, le Premier ministre Modi, mais vous le citez. 30 pays sont intéressés par la coopération avec les BRICS, ce qui est très important. La question d'une monnaie unique n'est pas mûre, mais nous avons besoin d'un échange fiable d'informations financières, en fait un analogue.

V. Poutine : Aussi que l'utilisation plus large des monnaies nationales.

D. Kisseliov : Oui, et l'utilisation plus large des monnaies nationales. Les États-Unis sont en retard de quinze ans. Personne ne s'immisce dans les relations des autres pays au sein de l'organisation des BRICS, mais nous traitons tout le monde avec soin, et la victoire sera à nous. Merci beaucoup, Vladimir Vladimirovitch.

V. Poutine : Je tiens à vous remercier d'avoir organisé la rencontre d'aujourd'hui. Je voudrais remercier tous mes collègues d'avoir travaillé ensemble aujourd'hui et de l'intérêt qu'ils ont manifesté pour le travail des BRICS.

L'organisation a de bonnes perspectives, stables et fiables. Permettez-moi de le répéter une fois de plus : cette confiance repose sur le fait que nous avons réellement des valeurs communes et une compréhension commune de la manière de construire des relations les uns avec les autres. Et si des pays comme l'Inde, la Chine, la Russie, l'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et tous les autres membres des BRICS – et ils sont déjà dix, et avec eux ceux qui s'intéressent aux BRICS ils sont déjà 30 et il y en aura d'autres – tous seront guidés par ces principes communs, alors, bien sûr, l'organisation se développera sur cette base solide, sur cette base et sera un élément essentiel du nouvel ordre mondial, multipolaire, fiable en termes de sécurité et de développement pour tous les peuples inclus dans cette organisation.

Je tiens à vous remercier pour ce travail commun et j'espère que ce n'est pas la dernière fois que nous nous rencontrons. J'espère que vos représentants ou vous-même serez également à l'œuvre à Kazan. Et nous ferons tout pour que le travail soit effectué au plus haut niveau. Je vous remercie de votre attention.

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, nous sommes très reconnaissants à votre service de presse, qui nous a traités avec beaucoup d'attention et de sollicitude. Notre dernier souhait pour aujourd'hui est une photo commune.

V. Poutine : Je vous en prie.

D. Kisseliov : Merci.

source : Kremlin

traduction Valerik Orlov

https://reseauinternational.net/rencontre-du-president-poutine-avec-les-representants-des-medias-des-brics/