Nouvelles:

Notre mission est de former les citoyens de référence de l'avenir, les aider à coévoluer et créer.

Main Menu
Welcome to Pratiquer les vertus citoyennes. Please login or sign up.

22 Novembre 2024, 07:32:27 AM

Login with username, password and session length

Crier !

jacquesloyal

2007-11-12, 17:03:07
Etre loyal et ne pas mentir

Récents

Membres
Stats
  • Total des messages: 6,848
  • Total des sujets: 4,045
  • En ligne aujourd'hui: 41
  • Record de connexion total: 448
  • (18 Mai 2024, 04:24:13 AM)
Membres en ligne
Membres: 0
Invités: 13
Total: 13

Amérique latine : Mythes sur la conquête de l’Amérique pour démonter le 12 octob

Démarré par JacquesL, 13 Octobre 2024, 11:20:06 AM

« précédent - suivant »

JacquesL

Amérique latine : Mythes sur la conquête de l'Amérique pour démonter le 12 octobre



par Alfredo González-Ruibal

La fête nationale arrive et avec elle, l'allusion à des lieux communs sur la conquête de l'Amérique. À la suite, un manuel de base pour démonter la légende rose et, du coup, réenvisager ce que nous célébrons et pourquoi.

• On traitait très bien les indigènes comme s'ils étaient Espagnols

Pas exactement. Pour commencer, au XVIe siècle, les gens d'Avila ou d'Albacete ne se réinstallaient pas de force et n'étaient pas obligés d'effectuer des travaux forcés. Il est vrai qu'on a promulgué des lois pour protéger les Indiens, lois qui étaient en avance sur l'époque (en particulier les Nouvelles Lois de 1542). Mais si ces lois ont été promulguées, c'est précisément pour en finir avec un demi-siècle d'abus : entre 1493 et 1552, on estime qu'entre 250 000 et 500 000 natifs ont été transformés en esclaves dans la zone des Caraïbes, la plupart par les Espagnols. Des millions de plus ont subi l'exploitation dans le travail et de mauvais traitements.

D'autre part, souvent ces lois n'étaient pas respectées et comprenaient de multiples exceptions. Un exemple éloquent : l'esclavage natif. Le Conseil des Indes a ordonné la servitude d'au moins 15 groupes indigènes différents dans les 70 ans qui ont suivi la promulgation de ces lois. L'esclavage a continué à être permis pour les communautés décrites comme cannibales ou qui s'opposaient violemment à la colonisation (doctrine de guerre juste). Mieux encore, on a continué à la pratiquer jusqu'à la fin de la souveraineté espagnole : dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les Espagnols ont capturé des Comanches et d'autres Indiens rebelles et utilisé les hommes comme esclaves dans les mines et les plantations de sucre et les femmes et les filles comme domestiques.

• Les Espagnols civilisaient, les Anglais exterminaient

En plus d'être faux, ceci est raciste.

Premièrement, les indigènes avaient leur propre culture et n'avaient pas besoin que quelqu'un vienne les civiliser (et encore moins une bande d'aventuriers et de fanatiques religieux).

Deuxièmement, les natifs ont succombé en masse aussi bien dans les territoires, colonisé par les Anglais, que par les Espagnols. La légende rose ne mentionne que les nombreux indigènes qui existaient dans la région des Andes ou au Mexique face aux rares des États-Unis. Pour une raison quelconque, on oublie les indigènes des Caraïbes espagnoles, peut-être parce qu'il n'en reste pas un seul ainsi que les centaines de millions d'Indiens de l'Inde qui ont survécu à deux siècles de colonisation britannique. De plus, attribuer aux Anglais le génocide planifié des natifs est anachronique. Cela s'est produit essentiellement à l'époque post-coloniale, exactement comme dans les anciennes colonies espagnoles.

Troisièmement, les Anglais, comme les espagnols se sont efforcé de «civiliser» les natifs en créant des écoles et des missions. Les conditions de vie dans beaucoup d'entre elles, comme dans leurs homologues espagnoles, étaient terribles.

• Ce n'était pas un génocide

Au XVIe siècle, il n'y avait pas de plan systématique pour exterminer les populations indigènes. La plus grande partie des morts ont été provoquée par les maladies du vieux monde. Mais il y a deux choses dont il faut tenir compte : un : l'effondrement démographique fut très réel et peut-être 90% de la population native en Amérique a disparu. Ainsi, peut-être ne devrions-nous pas célébrer une rencontre qui a produit 130 000 000 de morts horribles de la même manière que nous ne célébrons pas la peste noire.

Deux : beaucoup de pratiques des colons ont exacerbé la maladie et la mortalité. Les Espagnols le savaient et ont fait bien peu pour l'éviter. Un exemple : les réserves. Les missionnaires rassemblaient la population indigène pour l'acculturer et la christianiser. Cela impliquait plus d'épidémies et des épidémies plus mortelles, une plus mauvaise alimentation et des travaux plus durs qui minaient la santé des natifs. Les missionnaires savaient que la population se noyait dans les réserves et ils ont laissé des témoignages de cela. Mais ils ont continué à créer des réserves jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

• Ce n'était pas des colonies

Selon le dictionnaire de la Royal Académie Espagnole, une colonie est «un territoire dominé et administré par une puissance étrangère». Que les Espagnols aient appelé ces territoires «vice-royautés» ou, au XXe siècle, «provinces», ne fait pas qu'ils ne soient pas des colonies. Même dans leur statut juridique. La réalité est que l'Amérique était un territoire conquis, administré et exploité par des étrangers. Tu peux appeler «chien» un «pin» mais le pin continuera à être un arbre. Mais, de plus, le terme «colonie» a été utilisé habituellement en Espagne entre le XVIIIe siècle et le XXe siècle pour évoquer les territoires d'outre-mer. Son rejet obéit à des raisons strictement nationalistes.

• Il n'y avait pas de racisme

Si par racisme, on entend le racisme biologique du XIXe siècle, non. Mais considérer que quelqu'un est susceptible d'être enlevé et forcé à travailler jusqu'à la mort uniquement parce qu'il est noir est un peu raciste, oui. Prendre la peine de créer une typologie concernant les races (zambo, lobo, tornatrás, chinois, zambaiga, etc...) aussi. Est également raciste le fait que les élites aient été systématiquement d'extraction européenne et que les couches les plus basses de la pyramide sociale aient été composées essentiellement par des indigènes et des noirs. Depuis 1645, «aucun noir, aucun mulâtre, ni aucun de ceux qu'on appelle communément les Chinois bruns, ni aucune sorte d'esclave ou qui l'ait été «ne pouvait accéder à l'éducation supérieure dans la nouvelle Espagne».

• On a construit des hôpitaux, des écoles et des universités

Oui, mais pas pour encourager l'État de bien-être ou l'égalité d'opportunité. Les écoles, les universités ont été conçues comme des outils de l'administration coloniale. De plus, bien que les indigènes aient pu faire des études supérieures, peu l'ont fait dans la pratique, ils étaient presque tous d'origine aristocratique. Ceux qui y sont arrivés ont dû lutter continuellement contre les préjugés des élites blanches. D'autres part, la création d'institutions éducatives et sanitaires n'est pas une exclusivité de la colonisation espagnole : ils ont tous des corrélations en Nouvelle-Angleterre, par exemple : les hôpitaux publics de New York ont été fondés en 1736 et ceux de Philadelphie en 1751. Et les grandes universités des États-Unis : Harvard, Yale, Princeton, Pennsylvanie etc., remontent à la période de domination anglaise.

• Critiquer la conquête est présentiste

Voyons. Un : si la critiquer est présentiste, en faire, l'éloge est également présentiste. En fait, ça l'est encore plus, parce que les critères de la louange sont complètement anachroniques. L'Espagne est allée exploiter les richesses des Indes et convertir sa population. Tout le reste n'est que projection à partir du présent qui peut avoir avec les intentions mentalité de l'époque. Deux : à l'époque, on critiquait déjà les excès de la conquête de frère Bartolomé de Las Casas à Michel de Montaigne. Trois : critiquer la conquête est licite car elle a des effets sur le présent. À l'opposé de la conquête romaine ou islamique qui n'ont provoqué la marginalisation d'aucune société actuelle en Espagne, l'expansion moderne européenne continue à avoir des conséquences sans fin sur des communautés indigènes et afro-descendantes. La marginalisation et la dépossession initiées par la conquête européenne a continué et s'est intensifiée avec les états post-coloniaux. Jusqu'à aujourd'hui.

Conclusion

À un moment, nous devrions ouvrir un débat serein sur le fait de savoir si nous identifier en tant que pays à une histoire de conquête coloniale qui, comme toute conquête coloniale, s'est caractérisée par l'exploitation, l'oppression et la violence, a un sens. Certainement, nous avons de meilleures dates à fêter.

source : Publico via Bolivar Infos

https://reseauinternational.net/amerique-latine-mythes-sur-la-conquete-de-lamerique-pour-demonter-le-12-octobre/

Cet article est d'origine espagnole, pas sud-américaine.