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La Russie est-elle vraiment la “principale menace” pour la France ?

Démarré par JacquesL, 17 Octobre 2024, 09:34:42 PM

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JacquesL

La Russie est-elle vraiment la "principale menace" pour la France ?

Publié le octobre 17, 2024 par jmarti
 


Par Andrew Korybko − Le 4 octobre 2024 − Source korybko.substack.com

andrew-korybko

Le soutien accordé par la Russie aux processus multipolaires en Afrique Occidentale a porté un coup très difficile à l'hégémonie française dans la région ; la France y a répondu en lançant une guerre par procuration au Mali, tout en poursuivant l'offensive stratégique dans le Sud-Caucase et en Europe de l'Est.
 



Sébastien Lecornu, ministre français de la défense, a affirmé au cours d'une interview que la Russie constitue la "principale menace" contre la France en dehors des groupes terroristes. Il a fait état de ses actions "agressives" au cours de l'année passée, "non seulement contre nos intérêts en Afrique, mais également contre nos forces armées." Lecornu accuse également la Russie de "mener une guerre de l'information" et de "militariser de nouveaux environnements, y compris les fonds marins et le cyberespace." La réalité est que la Russie pose bel et bien une menace contre la France, mais uniquement envers son hégémonie, pas à ses intérêts légitimes.

La politique suivie par la Russie en Afrique, au sujet de laquelle le lecteur peut s'informer ici, vise à accélérer sur ce continent les processus multipolaires. Cette action a pris la forme d'un soutien envers les anciennes colonies françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, non seulement bilatéralement, mais aussi multilatéralement, étant donné la nouvelle Confédération Alliance des États du Sahel. Les dirigeants militaires patriotes de ces pays envisagent de réduire leur dépendance démesurée envers la France en s'appuyant davantage sur la Russie, afin de récupérer le plus possible leur souveraineté perdue.

Sur le terrain, on les a donc vus remplacer la France par la Russie comme partenaire de choix contre le terrorisme, et certains observateurs émettent l'hypothèse que le bénéfice immédiat est un accès de la Russie à leurs ressources. L'objectif à court terme de rétablir la stabilité, et l'objectif à moyen terme de se désengager davantage de la "sphère d'influence" française peut ensuite être poursuivi avec davantage de confiance, idéalement en introduisant une nouvelle monnaie régionale pour remplacer le franc CFA que Paris continue d'utiliser pour s'enrichir à leurs dépens.

Ces deux développements menacent l'hégémonie française : le premier compromet les efforts français de pratiquer le diviser pour mieux régner dans ces pays, et le second a traditionnellement permis le maintien à flot de l'économie française. Pris comme un ensemble, le soutien russe à ces processus multipolaires porte certes un lourd coup aux intérêts français, mais une fois de plus, uniquement à ses intérêts hégémoniques, pas aux intérêts légitimes du pays. La France ne peut pas reconnaître publiquement la manière dont la Russie la menace en Afrique, car la sombre vérité la ferait apparaître comme hideuse.

La France ne pouvait manquer de résister à ce mouvement, et c'est pour cela qu'elle mène une guerre par procuration contre la Russie au Mali, ainsi qu'en Ukraine aux côtés des États-Unis, en passant par un soutien aux séparatistes touaregs et aux groupes islamistes. D'autres fronts pourraient être ouverts contre la l'Alliance des États du Sahel, comme par exemple une tentative de déstabilisation par les forces franco-étasuniennes en côte d'Ivoire contre le Sud du Mali ou le Burkina Faso. Dans ce dernier pays, la violence djihadiste, qui a déjà atteint des proportions critiques, pourrait empirer encore davantage avec ce soutien.

La France ne fait pas que se défendre, car elle est également à la manœuvre dans l'offensive stratégique contre la Russie dans le Sud-Caucase, avec ses efforts visant à accélérer le pivot pro-occidental de l'Arménie. La diaspora arménienne ultra-nationaliste hébergée en France a joué un rôle central dans ce processus. La France vend également des équipements militaires à l'Arménie, dans le but d'amplifier les soupçons entretenus par la Russie quant à ses intentions. Les liens étroits entre la Russie et l'Azerbaïdjan et les très pragmatiques liens entre la Russie et la Géorgie ont cependant bloqué les plans occidentaux.

Si ces plans devaient fonctionner, ils poseraient une menace directe aux intérêts légitimes de la Russie, en provoquant un conflit majeur sur sa périphérie Sud, ce qui rendrait objectivement l'ingérence française dans le Sud-Caucase bien plus menaçante que le soutien de la Russie aux processus multipolaires en cours en Afrique Occidentale. Il en va de même de l'autre offensive stratégique menée par la France contre la Russie en manifestant son intérêt pour une intervention conventionnelle en Ukraine depuis qu'elle a perdu sa "sphère d'influence" au Sahel.

Le président français Emmanuel Macron, dont on a analysé ici la frénésie d'erreurs en matière de politique étrangère, a depuis baissé d'un ton sa rhétorique, mais continue de refuser d'exclure un tel scénario. La raison pour laquelle il est dangereux de se frotter à ce scénario est que cela pourrait déclencher des hostilités conventionnelles entre l'OTAN et la Russie en Ukraine, propices à escalader en troisième guerre mondiale en cas d'erreur de calcul. La France connait l'énormité de ces enjeux, mais n'en continue pas moins d'envisager avec témérité ce moyen d'action comme revanche contre la Russie.

Le soutien prodigué par la Russie aux processus multipolaires à l'œuvre en Afrique Occidentale a porté un coup rude à l'hégémonie française dans la région, et la France y a répondu en lançant une guerre par procuration contre la Russie au Mali, tout en lançant une offensive stratégique dans le Sud Caucase et en Europe de l'Est. Il s'ensuit que ce n'est pas la Russie qui constitue la "plus importante menace" contre la France, mais la France qui constitue une "grave menace" contre la Russie et contre le monde dans son ensemble, au vu des ravages qu'elle provoque par simple dépit dans trois régions séparées.

Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.


Note du Saker Francophone

Ce type (sans doute le petit éborgneur à son Rothschild) est FOU ! Et c'est bien lui la principale menace envers son propre pays.

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/la-russie-est-elle-vraiment-la-principale-menace-pour-la-france