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La guerre en Ukraine et au Liban nous révèle le complexe de supériorité occident

Démarré par JacquesL, 05 Octobre 2024, 04:44:49 PM

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JacquesL

La guerre en Ukraine et au Liban nous révèle parfaitement le complexe de supériorité occidental



Ci-après, la traduction du russe d'un article de l'éminent journaliste politique Vladimir Kornilov paru le 4 octobre sur rianovosti.ru. Il reprend lui-même et commente un texte italien du Professeur des universités en sociologie politique Alessandro Orsini paru le 1er octobre sur Il Fatto Quotidiano.

Nous pouvons être surpris de voir qu'enfin, en Occident, nous commençons à nous regarder dans la glace pour enfin commencer à comprendre les désordres et les tueries dans le monde dont nous sommes généralement les instigateurs, aussi merveilleux et bienveillants que nous puissions être.

Il va nous être possible de comprendre et suivre les changements de paradigme actuels si et seulement si nous constatons et comprenons enfin que la centralité universelle de la civilisation minoritaire euro-américaine prend fin devant nous. Ce n'est pas là «le malheur d'avoir trop d'esprit».1

Rien n'est grave là-dedans, il n'est pas mortel de ne plus imposer à l'Autre sa seule compréhension de l'univers. Nous allons même avoir la possibilité de nous enrichir intérieurement en élargissant notre espace de dialogue avec les Autres. Quoi de mal là-dedans ? Pourquoi avoir peur ?

Bertrand Hédouin

*

par Vladimir Kornilov

L'Occident est gravement malade. Les médias occidentaux nous l'ont montré depuis déjà longtemps. Plus la crise prend de l'ampleur, plus fort et en plus grand nombre ses voix paniquées se font entendre. Mais habituellement, ils se limitent à constater le problème et n'essayent pas de l'analyser en profondeur et de diagnostiquer la maladie.

Un exemple frappant est le récent rapport monumental de l'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et Premier ministre italien Mario Draghi sur la crise économique et sociale que connaît l'Europe qui a fait, depuis, beaucoup de bruit. Le document a, en effet, choqué la presse occidentale, car il a révélé la situation désespérée dans laquelle se trouvait actuellement l'Union européenne (UE).

Mais il s'est plutôt agi de l'anamnèse de la pathologie, d'une liste scrupuleuse des symptômes, des relevés de température et de pression. Le technocrate Draghi ne s'est pas risqué à approfondir les raisons internes de la crise. Il s'est limité à mentionner des circonstances extérieures ne dépendant pas de l'Europe comme, par exemple, la guerre en Ukraine et la croissance effrénée de la Chine. En fait, c'est ce qu'a imposé la Commission européenne aux auteurs du rapport afin d'éviter des conclusions inconfortables pour elle-même.

Mais un autre italien est allé plus loin. Dans le quotidien italien Il Fatto Quotidiano du 1er octobre, le professeur Alessandro Orsini a diagnostiqué relativement précisément la maladie de l'Europe et, plus généralement, de l'Occident.

En analysant les événements en Ukraine et au Liban, il a déterminé leur cause : le «complexe de supériorité occidental» ou le «suprémacisme anthropologique euro-américain».


«Croyez-moi, le monde entier m'appartient !»

Cette terminologie a été introduite il y a longtemps par le célèbre psychologue Alfred Adler. Tout d'abord, décrivant ce réflexe, il a clairement souligné le lien étroit qu'il y avait entre le complexe de supériorité et le complexe d'infériorité. «Prenons, par exemple, un enfant difficile ayant un complexe de supériorité : il est effronté, présomptueux et bagarreur», écrit Adler dans son ouvrage le plus connu Science de la vie. «On observera qu'il veut toujours paraître plus important qu'il ne l'est en réalité. Tout le monde sait comment ces enfants sujets à de brusques changements d'humeur veulent contrôler les autres et deviennent hystériques. Pourquoi manquent-ils tant de patience ? Parce qu'ils ne sont pas sûrs d'avoir assez de force pour atteindre leur objectif. Ils ont un sentiment d'infériorité».

Maintenant, nous allons appliquer ces propos au rapport détaillé de Draghi et à la réaction de panique qui s'en est suivie dans les médias occidentaux. Nous retrouvons les mêmes symptômes ! L'Europe a de plus en plus un sentiment d'infériorité, mais elle ne veut pas perdre au demeurant le contrôle dont elle bénéficiait jusque-là et devient hystérique.

C'est précisément là-dessus qu'écrit Orsini dans son article. Il établit que l'Occident et, en particulier, l'Europe, commet toutes ces erreurs avec l'Ukraine du fait de son complexe de supériorité à la fois économique et morale.

Le professeur rappelle comment les médias occidentaux assurent au public que la Russie va de toute évidence perdre la guerre du fait de l'envoi de nouvelles armes en Ukraine. Mais finalement, même le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, doit admettre que l'industrie militaire russe dépasse celle de l'OTAN.

«Il s'est également avéré que les armées des États européens sont ridicules en comparaison de l'armée russe et que l'économie de l'Union européenne est fragile car dépend d'un pays qu'ils considèrent plus faible, à savoir la Russie» (encore une fois, comment ne pas se rappeler le rapport Draghi qui reconnaît que les problèmes de l'économie européenne proviennent pour l'essentiel de la perte des hydrocarbures russes).



Les preuves de ces conclusions abondent. Comme meilleure preuve le comportement insensé de l'ancien Secrétaire britannique à la défense, Ben Wallace. Dans son article pour le journal The Daily Telegraph, il appelle à «frapper sans pitié l'ennemi», à savoir la Russie. Se référant à l'exemple d'Israël, le Britannique appelle non seulement à frapper à l'intérieur de notre pays, mais également à faire entrer des troupes britanniques en Ukraine. Il comprend parfaitement que cela va inévitablement conduire à un affrontement militaire direct entre la Grande-Bretagne et la Russie. Mais le complexe de supériorité impose ce genre de comportement irréfléchi. Rappelez-vous Adler : «effronté, présomptueux, bagarreur».

Tout juste le lendemain, dans le même journal, ce même Wallace se lamente ouvertement : l'armée britannique est dans un état si déplorable qu'elle ne peut même pas aider Israël à se défendre. Il se plaint du sous-financement des forces armées, de leur sous-effectif, de la pénurie de munitions et du matériel militaire !

Pour rappel : le premier article portant sur la nécessité d'impliquer directement l'armée britannique dans la guerre en Ukraine est publié le 2 octobre ; le deuxième article sur l'état déplorable de l'armée britannique paraît le 3 octobre. Une telle différence d'appréciation en l'espace d'une journée !

Et tout cela venant d'une même personne dans les pages du même journal. Nous voyons bien là le lien direct entre le complexe de supériorité et le complexe d'infériorité qui en découle, comme l'écrivait Adler !



Orsini souligne également le deuxième aspect du complexe de supériorité : l'aspect moral. On assure en permanence au public que «les démocraties occidentales sont moralement supérieures aux dictatures». Le professeur rappelle comment les médias traditionnels «pourrissent le cerveau des Italiens avec l'idée de la supériorité morale de l'Occident, qui, à la différence de la Russie, respecte le droit international».

Encore une fois, les Britanniques nous en donne un exemple clair. Rappelons les récentes déclarations du secrétaire d'État aux Affaires étrangères britannique David Lammy concernant la Russie. Il a d'abord déclaré que la Russie menait une politique «impérialiste fasciste». Puis, lors d'une réunion du Conseil de sécurité aux Nations unies, il en est tout simplement arrivé, on ne sait comment, à lier la Russie au passé colonial qu'auront connu ses ancêtres noirs. L'ambassade de Russie à Londres a même dû rappeler au Britannique le rôle de son pays dans la traite mondiale des esclaves.

Maintenant, des gens comme Lammy ne semblent pas voir de contradiction dans leurs déclarations. Ils ont appris par cœur un ensemble de «termes injurieux» et, sans même comprendre leur signification, les déversent sur leur adversaire. Pourquoi pas, après tout, ils sont guidés par leur complexe de supériorité morale !

Ainsi, le professeur italien Orsini a rendu un diagnostic relativement précis de la société occidentale malade. Par les exemples ci-dessus, nous nous rendons compte de l'avancement de la maladie. Ce sont ces troubles pathologiques qui déterminent en grande partie le comportement inadéquat de nombreux dirigeants occidentaux. Et c'est effectivement un danger ! D'autant plus lorsque l'Occident s'affaisse à tous points de vue par rapport au Sud global, ce qui, inévitablement, aggrave encore le complexe ci-dessus évoqué.

Maintenant que le diagnostic est établi, il faut passer au traitement. Il existe de nombreuses façons d'amoindrir le complexe de supériorité en restant raisonnable. Les psychothérapeutes conseillent d'abord aux patients l'autodiscipline. Il est donc temps pour l'Occident souffrant du complexe de s'y mettre, avant que la discipline ne vienne de l'extérieur.


https://reseauinternational.net/la-guerre-en-ukraine-et-au-liban-nous-revele-parfaitement-le-complexe-de-superiorite-occidental/