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Mort de Nasrallah, ce que la jubilation occidentale raconte

Démarré par JacquesL, 30 Septembre 2024, 05:37:53 PM

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JacquesL

Mort de Nasrallah, ce que la jubilation occidentale raconte



par Régis de Castelnau

Israël a donc tué le chef du Hezbollah. Provoquant un spasme d'exultation orgiaque en Occident en général, et chez nous en particulier. Pour ce faire, Israël a utilisé le terrorisme et les crimes de guerre, c'est-à-dire en détruisant des quartiers entiers et en massacrant des centaines de civils libanais innocents. Depuis toujours, c'est ce qu'Israël fait le mieux.

Mais ce qui est terrible pour un occidental, pour un Français, c'est ce que cette exultation raconte. Sur ce que nous sommes, sur notre racisme, notre sentiment de supériorité, notre absence de morale, notre goût du sang. Et nous continuons à pousser Israël dans l'impasse sanglante où il est en train de se perdre.

Parce qu'on va rappeler à ceux qui jubilent qu'en juillet 2006, l'armée de l'air israélienne, avait détruit 59 lance-roquettes fixes à moyenne portée positionnés dans tout le sud du Liban. Dan Halutz chef d'état-major de l'IDF annonça alors à son gouvernement : «Toutes les roquettes à longue portée ont été détruites. NOUS AVONS GAGNÉ LA GUERRE». C'était en 2006...

Et c'est le même Halutz qui dit craindre aujourd'hui une guerre civile dans un Israël dirigé par Netanyahou et sa bande.

Il s'agirait nous dise les extatiques d'une nouvelle démonstration, après l'opération terroriste des pagers, des formidables capacités d'Israël. Qui a fait savoir avec gourmandise que l'opération des téléavertisseurs avait pris 15 ans à préparer. Et tout cela pour quel résultat stratégique ? Remplir les hôpitaux du sang des victimes civiles non seulement n'apporte pas le moindre avantage stratégique mais au contraire contribue à enfoncer l'État d'Israël devenus paria dans le statut d'État voyou dirigé par des voyous. Le Hezbollah est évidemment affaibli, l'Iran peut être gêné, mais la retenue de ce dernier démontre que «l'axe de la résistance» achète du temps, ce dont désormais Israël ne dispose plus. Cela fait 80 ans que les Israéliens massacrent des civils, rasent des villages et tuent les dirigeants des mouvements qui s'opposent à eux.

Il y aura bientôt un an qu'ils affrontent le Hamas à Gaza, en vain. Cela fait plus de 20 ans qu'ils essaient de se débarrasser du Hezbollah, en vain. 80 ans qu'ils essaient de se débarrasser du peuple palestinien, en vain. Le prix payé par les Palestiniens, ceux qui les soutiennent et les civils arabes innocents est considérable. Mais Israël soutenu à bout de bras par un Occident en décomposition a-t-il encore le temps de démontrer qu'il peut être autre chose que ce qu'il montre aujourd'hui ? C'est peu probable. Ce terrible échec était-il inscrit dans le projet initial d'émancipation de Theodor Herzl ? La greffe de ce bout d'Occident impérialiste à cet endroit pouvait-elle prendre ? Nous n'en savons rien, mais la marche de l'Histoire nous a conduit à cet échec.

Les peuples de la région n'acceptent pas sa présence et comme l'avait dit Ben Gourion à Nahum Goldmann : «Pourquoi les Arabes feraient-ils la paix ? Si j'étais, moi, un leader arabe, jamais je ne signerais avec Israël. C'est normal : nous avons pris leur pays. (...) Certes, Dieu nous l'a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser ? Ils ne voient qu'une chose : nous sommes venus et nous avons volé leur pays. Pourquoi l'accepteraient-ils ? Ils oublieront peut-être dans une ou deux générations, mais, pour l'instant, il n'y a aucune chance. Alors, c'est simple : nous devons rester forts, avoir une armée puissante. Toute la politique est là. Autrement, les Arabes nous détruiront».

Est-ce cette logique de «l'armée puissante» qui a conduit au sionisme perverti des Netanyahou, Smotrich et autre Ben Gvir ? Les historiens en décideront, en tout cas aujourd'hui Israël n'est puissant que du soutien d'un Occident contesté et très affaibli. Le confrontant à une contradiction insoluble entre les «valeurs» qu'il prétend porter et le soutien sans faille à une violence génocidaire. Jusqu'à quand ?

Le sud global quant à lui se prépare méthodiquement et se dirige vers ce qui constitue son objectif principal, la réorganisation du monde sans l'Occident. Il est probable qu'il ne s'en détournera pas et ne cédera pas aux objurgations des excités qui souhaitent l'affrontement. Jusqu'à Alexandre Douguine perdant son sang-froid : «C'est désagréable à admettre, mais la détermination radicale d'Israël à détruire impitoyablement ses ennemis contraste clairement avec le comportement non seulement de ces ennemis, mais aussi de nous-mêmes dans nos relations avec le régime de Kiev. (...)Encore une fois, celui qui est le plus rapide a raison. Celui qui agit de manière plus décisive et téméraire gagne. Mais nous, nous sommes prudents et constamment hésitants».

Le problème c'est que les dirigeants de pays comme la Russie, l'Iran et la Chine sont les «adultes dans la pièce» : ils sont prudents et modérés, soucieux de la sécurité du processus de transformation du monde qu'ils ont initié, et qu'ils conduisent. Jusqu'à présent, ils évitent soigneusement de prendre des mesures qui constitueraient des réponses aux provocations occidentales. Comme l'a répété Poutine à plusieurs reprises, ils ne le feront que lorsqu'elles atteindront des niveaux «existentiels».

C'est un chemin délicat, mais qui pouvait penser que ça ne puisse pas être le cas ? Ils ont en face d'eux, des fanatiques, des idéologues obtus, des enragés, des cinglés, des meurtriers, voire des criminels infâmes. Et pour corser le tout il y a parmi eux et en grand nombre de parfaits imbéciles.

Dans ces conditions, garder son sang-froid n'est pas chose facile. Car ils ne jouent plus aux échecs et sont confrontés à un dilemme. Soit une réponse brutale aux provocations pourrait conduire à une escalade mortifère. Soit l'absence de réaction peut elle aussi conduire à une escalade. Parce que les tarés d'en face, comme Netanyahou et sa bande en font la démonstration tous les jours, en déduisent que tout leur est permis.

Parmi ceux qui se réjouissent parfois bruyamment des coups portés au Hezbollah certains ne sont pas des fanatiques ou des imbéciles amateurs de massacres, mais seulement viscéralement attachés à l'existence de l'État d'Israël. Essayant probablement d'apaiser l'angoisse qui se fait insistante et qui se rattache à ce qu'ajoutait David Ben Gourion à son interlocuteur : «Mais si tu me demandes si mon fils Amos, qui aura cinquante ans à la fin de l'année, a des chances de mourir et d'être enterré dans un État juif, je te répondrais : 50%».

On aura une pensée pour eux.

source : Vu du droit

https://reseauinternational.net/mort-de-nasrallah-ce-que-la-jubilation-occidentale-raconte/

JacquesL

Comment la sécurité de Nasrallah a-t-elle été déjouée le jour de son assassinat ?



par Elijah J. Magnier

Les frappes israéliennes, qu'elles soient sécuritaires ou militaires, doivent faire l'objet d'un examen critique, en particulier à la lumière de leur succès dans diverses régions et contre des cibles multiples. Ces frappes ont finalement conduit à l'assassinat du secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, malgré les mesures de sécurité rigoureuses mises en place pour le protéger.

Depuis qu'il est devenu une cible déclarée d'Israël, le service de sécurité de Nasrallah a pris des précautions extraordinaires. Il a été interdit aux personnes se trouvant dans son environnement immédiat d'utiliser des téléphones portables ou l'internet. En outre, Nasrallah a adopté un mode de vie très secret, déménageant fréquemment entre différents appartements et ne restant jamais au même endroit pendant une période prolongée. En outre, de minuscules passages ont été aménagés dans les bâtiments adjacents pour lui permettre de se déplacer d'un endroit à l'autre sans avoir besoin d'un véhicule. Ces mesures ont procuré un sentiment de sécurité à son unité de protection, notamment parce que ses déplacements étaient dissimulés à la surveillance aérienne, réduisant ainsi le risque de détection par des drones ou des satellites qui recueillent continuellement des renseignements.

L'endroit précis visé par l'attaque était connu sous le nom de «Khatam al-Anbiya Headquarters», un centre de commandement supervisé par le commandant Fouad Shukr, qui avait été chargé de gérer la bataille du «Déluge d'Al-Aqsa» depuis le 8 octobre 2023. Shukr était un visiteur régulier de ce site. Cependant, malgré l'assassinat de Fouad Shukr dans la banlieue le 30 juillet, le Hezbollah n'a pas considéré l'incident comme le signe d'une faille dans la sécurité interne, que ce soit par des moyens humains ou électroniques.

Fuad Shukr, également connu sous le nom de «mukhtar» (chef) d'Ouzai, se déplaçait ouvertement dans la zone sans crainte. Le jour de son assassinat, au lieu de se faire conduire par son chauffeur au garage du rez-de-chaussée, il est sorti de sa voiture directement devant le bâtiment, où de nombreuses personnes du quartier l'ont remarqué. Dans le cadre de son activité professionnelle, il a involontairement laissé des traces de ses déplacements, que les services de renseignement israéliens ont réussi à exploiter. Par ailleurs, le Hezbollah avait également réapprovisionné ses entrepôts après avoir déployé plus de 8000 missiles, roquettes et drones au cours des 11 derniers mois, le tout sous la surveillance vigilante des services de renseignement américains et israéliens, en particulier de leurs satellites. Ces indices ont fourni des informations vitales, notamment en ce qui concerne ses responsabilités en tant que commandant des unités de missiles du Hezbollah. En fin de compte, Israël a utilisé ces renseignements pour mener à bien son opération meurtrière contre les capacités de missiles du Hezbollah au sol.

Il n'est donc pas tout à fait surprenant qu'Israël ait eu connaissance de la présence de Nasrallah à l'endroit où il a finalement été assassiné. Cela s'est produit après plusieurs mois au cours desquels Israël s'est abstenu de cibler les dirigeants du Hezbollah, à l'exception de ceux directement impliqués dans le conflit et engagés dans un combat actif contre Israël – les deux parties adhérant largement à ces limites officieuses. En outre, l'assassinat faisait suite à un incident au cours duquel un missile avait atterri dans une zone résidentielle du plateau du Golan occupé (Majdal Shams), incident pour lequel Israël avait accusé le Hezbollah, justifiant ainsi le ciblage du commandant Fouad Shukr.

À la suite des représailles du Hezbollah, une série d'assassinats a commencé à être perpétrée, aggravant encore les tensions. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a exprimé sa volonté d'étendre le conflit à l'ensemble du territoire libanais, en frappant des milliers de cibles – dont beaucoup avec précision – et en tuant les principaux dirigeants du Hezbollah. Cette intensification de l'offensive a fait suite à une opération de sabotage qui a touché les bipers et, plus tard, les appareils ICOM les 17 et 18 septembre.

Après le sabotage du premier jour, le Hezbollah a soupçonné que les batteries ICOM, qui avaient été acquises dans le cadre de la même transaction que les bipers, avaient pu être compromises. Par conséquent, malgré la grande taille des explosifs intégrés dans les batteries de communication sans fil, les pertes humaines du 18 septembre ont été relativement minimes. Le Hezbollah a réussi à neutraliser un nombre important de ces dispositifs avant qu'ils n'explosent. Cependant, le Hezbollah n'a pas obtenu de consensus immédiat concernant une enquête approfondie sur l'éventualité d'une atteinte à la sécurité électronique ou humaine.

Israël a annoncé que ses renseignements pour l'opération étaient basés sur une combinaison de sources visuelles, humaines et électroniques, en particulier de ses Unités 9900, 8200 et 504. Ces unités ont fourni des informations cruciales indiquant que Sayyed Hassan Nasrallah était entré dans une salle de réunion où l'attendaient de hauts responsables, notamment le commandant adjoint des Gardiens de la révolution iranienne, le général de division Abbas Nilforoushan, commandant de la salle d'opérations des Gardiens de la révolution iranienne, tous deux présents pour soutenir la bataille du «Déluge d'Al-Aqsa».

L'Unité 9900 est spécialisée dans le renseignement visuel, se concentrant sur l'imagerie satellitaire et aérienne pour surveiller les mouvements de l'ennemi et localiser les cibles stratégiques. L'unité utilise des technologies géospatiales et électro-optiques avancées pour suivre des cibles de grande valeur telles que Nasrallah. Son expertise lui permet de recueillir des informations détaillées sur des lieux précis, jusqu'aux moindres détails du terrain. Dans le cas présent, la capacité de l'Unité 9900 à suivre les mouvements en temps réel aurait permis de confirmer la présence de Nasrallah dans la salle de réunion, aidant ainsi l'armée israélienne à planifier l'attaque avec précision.

L'Unité 8200 est la première unité israélienne de renseignement d'origine électromagnétique (SIGINT) et de cyberguerre. Elle est chargée d'intercepter et d'analyser les communications ennemies, de recueillir des renseignements à partir de sources électroniques et de mener des cyberopérations. Il est probable que l'Unité 8200 ait intercepté les communications cryptées du Hezbollah ou infiltré ses réseaux numériques, ce qui a permis à Israël de suivre les mouvements, d'identifier les réunions importantes et de recueillir des informations vitales sur les déplacements de Nasrallah. La capacité de l'Unité 8200 à décrypter les communications et à perturber les réseaux ennemis est considérée comme l'une des plus avancées au monde, et son rôle dans cette opération a notamment consisté à surveiller les communications au sein du cercle rapproché de Nasrallah et à fournir des renseignements précis sur ses déplacements.

L'Unité 504 est spécialisée dans le renseignement humain (HUMINT) et se concentre sur le recrutement et le traitement d'informateurs, en particulier dans des environnements hostiles ou difficiles d'accès. Cette unité est connue pour travailler en étroite collaboration avec des espions et des collaborateurs qui peuvent fournir des renseignements de terrain. Dans le cas de l'assassinat de Nasrallah, l'Unité 504 pourrait s'être appuyée sur des informateurs au sein du Hezbollah ou de la garde rapprochée de Nasrallah, fournissant des informations spécifiques et exploitables sur ses déplacements et la réunion au «quartier général de Khatam al-Anbiya». L'implication d'agents humains pourrait expliquer comment Israël a pu connaître non seulement la présence de Nasrallah, mais aussi celle d'autres hauts responsables dans la salle de réunion, ce qui a permis de mener l'opération au moment optimal pour un impact maximal.

Ces unités forment un réseau intégré combinant la surveillance visuelle, l'interception électronique et le renseignement humain afin de fournir une connaissance globale de la situation. La collaboration de ces moyens de renseignement a permis à Israël de percer le formidable dispositif de sécurité du Hezbollah et d'éliminer l'une de ses figures les plus surveillées. Cela souligne le rôle croissant des technologies avancées et du renseignement dans la guerre moderne, où les données électroniques et humaines convergent pour produire des résultats militaires très efficaces.

Ali Karaki (Abu al-Fadl), le commandant général des opérations du Hezbollah dans le sud, le responsable de la sécurité haj Nabil et le directeur du bureau de Nasrallah haj Jihad étaient également présents, ainsi que des planificateurs militaires clés chargés de suggérer des cibles et de discuter des capacités israéliennes. Ces dirigeants ont mis en évidence des lieux sensibles potentiels que le Hezbollah pourrait viser en représailles aux récentes opérations de sabotage et à l'assassinat de ses dirigeants.

Tragiquement, toutes les personnes présentes dans la salle de réunion ont été tuées lorsque la frappe israélienne a détruit le bâtiment. En empruntant de multiples couloirs camouflés, les secouristes ont réussi à localiser les corps, qui avaient été préservés grâce à la pression intense exercée par les 85 tonnes d'explosifs utilisés par Israël.

Cet incident a soulevé d'importantes questions. Une surveillance visuelle par satellite a-t-elle confirmé la présence de Nasrallah sur les lieux pendant plusieurs heures, donnant ainsi à Israël le temps de préparer et de lancer l'attaque ? Des dispositifs de repérage auraient-ils pu être dissimulés dans les bipers portés par de nombreux fonctionnaires plusieurs mois auparavant, ou peut-être dans les batteries chargées d'explosifs ? Des agents de l'appareil de sécurité chargés de protéger Nasrallah ont-ils divulgué des informations et identifié la «cible en or» sur les lieux de l'attentat ? Ou bien une combinaison de ces facteurs a-t-elle permis d'obtenir les renseignements précis nécessaires à l'assassinat ?

Le Hezbollah est maintenant confronté à la tâche urgente de répondre à ces questions cruciales. Il doit rapidement abandonner les lieux qu'il connaît et qu'il a déjà utilisés, éliminer les opérations en surface et entreprendre un examen complet des renseignements afin d'obtenir les réponses nécessaires et de prévenir de futures atteintes à la sécurité.

Rien n'empêche le Hezbollah de suivre cette ligne de conduite, même s'il est attaqué ou confronté à une éventuelle invasion terrestre. L'initiative lui est revenue, notamment après qu'Israël a annoncé qu'il avait épuisé sa liste de cibles et que la «banque de cibles» était épuisée, sans nécessairement exclure le fait que de nouvelles cibles puissent être ajoutées à l'avenir. Cette évolution donne au Hezbollah l'occasion de réagir de manière appropriée aux événements récents et de s'engager éventuellement dans le conflit plus large auquel Israël semble se préparer, tout en remédiant à ses vulnérabilités internes et en renforçant ses défenses. Toutefois, le Hezbollah n'a pas encore réagi et les jours à venir devraient révéler ce qu'il reste de ses capacités.

source : Elijah J. Magnier

https://reseauinternational.net/comment-la-securite-de-nasrallah-a-t-elle-ete-dejouee-le-jour-de-son-assassinat/

JacquesL

Nasrallah comme martyr/légende : Les terres d'Islam s'apprêtent à canaliser leur rage



par Pepe Escobar

Un symbole a été brisé. Une légende est née. La Résistance, plus que jamais, ne recule pas.

Ceci a été formulé non pas par un chiite, mais par un dirigeant chrétien libanais, illustrant comment une véritable icône de l'Islam politique est capable de transcender toutes les frontières – artificielles.

Cette décennie, que j'ai qualifiée d'«Années Folles», a commencé par un meurtre : l'assassinat ciblé – entièrement américain – du chef de la Force Qods, le général Soleimani, et du commandant des Hashd al-Shaabi, Abu Mohandes, juste à l'extérieur de l'aéroport de Bagdad.

Plus qu'un symbole, le général Soleimani était le concepteur de l'Axe de la Résistance. Malgré tous ses revers, en particulier au cours des dernières semaines, l'Axe de la Résistance est beaucoup plus fort aujourd'hui qu'en janvier 2000. Soleimani – le martyr, la légende – a laissé un héritage sans pareil qui ne cessera jamais d'inspirer tous les nœuds de la Résistance en Asie occidentale.

Il en sera de même pour Sayyed Hassan Nasrallah. Plus qu'un symbole, il a été le visage de l'Axe de la Résistance, extraordinairement populaire et respecté à travers la rue arabe et les terres d'Islam. Malgré tous ses revers, notamment ces dernières semaines, l'Axe de la Résistance sera beaucoup plus fort dans les prochaines années qu'en septembre 2024.

Nasrallah – le martyr, la légende – laisse un héritage comparable à celui de Soleimani, à qui, soit dit en passant, il vouait une admiration sans faille dans le domaine militaire et de qui il apprenait toujours. En tant qu'homme politique, mais aussi en tant que source de sagesse paternelle et spirituelle, Nasrallah était inégalable.

Passons maintenant des étoiles au caniveau.

Un criminel de guerre en série irrécupérable et un génocidaire psychopathe, violant des dizaines de résolutions des Nations unies, s'est présenté à l'Assemblée générale des Nations unies à New York et a ensuite ordonné, de l'intérieur du bâtiment, un autre crime de guerre : l'anéantissement d'un pâté de maisons entier dans le sud de Beyrouth avec des dizaines de bombes anti-bunker américaines, notamment la BLU-109 avec un système de guidage de précision JDAM – laissant d'innombrables civils toujours portés disparus sous les décombres, dont Sayyed Nasrallah.

Alors que le criminel de guerre s'adressait à l'Assemblée générale des Nations unies, plus de la moitié des délégués ont organisé un débrayage massif : la salle était de facto presque vide de vrais diplomates du Sud mondial. L'auditoire restant a eu droit à un nouvel étalage de «cartes» au QI altéré, représentant les «bénis» – Arabie saoudite, Soudan, Égypte, Jordanie, Émirats arabes unis – et les «maudits» – Irak, Iran, Syrie, Liban, Yémen.

Un interlope enragé et sans envergure d'origine polonaise – un parfait imposteur – qui porte un jugement sur des civilisations anciennes ne peut même pas être qualifié d'ordure de caniveau.

L'histoire regorge d'exemples d'entités qui ne peuvent pas vraiment être qualifiées d'États-nations à proprement parler. Ce sont plutôt des infections bactériologiques graves. Leur seule spécialité est de tuer, tuer, tuer. De préférence des civils non armés – en tant que tactique terroriste. Terriblement dangereux, bien sûr. L'histoire nous indique également la seule façon de les traiter.

Finis les gants de velours

Israël a tué Sayyed Nasrallah pour deux raisons principales. 1) Parce qu'il a explicitement réaffirmé que le Hezbollah n'abandonnerait jamais Gaza pour un quelconque «accord» permettant la poursuite du génocide et du nettoyage ethnique total. 2) Parce que les fanatiques psychopathologiques talmudiques veulent envahir et réoccuper le Liban.

Israël a réussi à trouver de sérieuses failles dans la sécurité du Liban et de l'Iran. Dans le cas de Beyrouth, la ville entière est infestée d'infiltrés. Des cinquièmes colonnes de toutes sortes vont et viennent et font ce qu'elles veulent. L'Iran est une proposition beaucoup plus sérieuse. Alors que le commandant du CGRI, le général de brigade Abbas Nilforoushan, a également été tué aux côtés de Nasrallah à Beyrouth, le CGRI lui-même, à Téhéran, pourrait avoir été compromis.

Alors qu'il devient impératif de repenser sérieusement la sécurité interne, de Téhéran à Beyrouth, la structure soigneusement construite du Hezbollah ne s'effondrera pas à cause de l'assassinat de Nasrallah, quel que soit le tsunami d'opérations psychologiques sordides menées par les suspects habituels.

Le Hezbollah est indépendant des personnalités. La structure est un labyrinthe, un rhizome – et d'autres nœuds, dûment formés, ainsi qu'une nouvelle direction, surgiront, comme avec les Vietcongs pendant la «guerre américaine».

Bien sûr, il s'agit toujours d'une guerre américaine, car le fondement de l'Empire du Chaos, ce sont les Guerres Éternelles.

En 1982, la guerre d'Israël contre le Liban a été si brutale que même Ronald Reagan – qui avait un jour menacé de paver le Vietnam et de le repeindre avec des bandes de stationnement – en a été stupéfait. Il a dit au Premier ministre Menachem Begin, qui s'était fait connaître comme terroriste de l'Irgoun : «Menachem, c'est un holocauste».

Et pourtant, un minable escroc du nom de Joe Biden, alors sénateur acheté et payé par le lobby sioniste, avait appelé Begin au téléphone pour le rassurer : «si tous les civils sont tués», ce n'est pas grave.

Comme on pouvait s'y attendre, le sénateur de l'époque, aujourd'hui zombie canard boiteux à la Maison-Blanche, a pleinement approuvé l'assassinat de Nasrallah.

La balle est maintenant dans le camp de l'opinion publique à travers les terres d'Islam. Près de deux milliards de musulmans conduiront également, dans une large mesure, la nouvelle phase de l'Axe de la Résistance. La machine à tuer, quant à elle, continuera à tuer, tuer, tuer – principalement des civils, des femmes et des enfants désarmés.

Rien n'empêche désormais l'Axe de la Résistance de passer à l'étape suivante. Il n'y a tout simplement pas de diplomatie, de compromis, de cessez-le-feu, de «solution à deux États» ou toute autre tactique de procrastination à l'horizon. Il s'agit simplement d'une lutte existentielle faire-ou-mourir contre une machine à tuer implacable qui affiche, pour paraphraser (et inverser) Yeats, «un regard vide et impitoyable comme le soleil».

À toutes fins utiles, les vraies (mes italiques) Années Folles commencent maintenant.

Et la rage des terres d'Islam se concentrera non seulement sur la machine à tuer, mais aussi sur la louve qui l'allaite : l'Empire des Guerres Éternelles.

L'Iran, l'Irak, la Syrie, le Yémen, la Turquie, le Pakistan et de nombreux acteurs de la Majorité mondiale devraient se préparer à une première historique : coordonner au maximum la diplomatie, la géoéconomie et le potentiel militaire pour enfin s'attaquer de front à l'infection bactériologique.

Un scénario de bon augure devient aujourd'hui tout à fait plausible : Les BRICS assument le rôle de principal canal diplomatique pour les terres d'Islam. La prochaine étape logique consisterait à sortir l'ONU du territoire israélo-américain et à établir un siège dans un pays qui respecte réellement le droit humanitaire international.

La Majorité mondiale, politiquement émergente, établira alors sa propre organisation mondiale, celle des pays réellement unis, laissant les racistes se morfondre et pourrir à l'intérieur de leurs propres murs. Pendant ce temps, sur le champ de bataille, les gants de velours devraient être retirés : l'heure est venue de la mort par mille coupures.

Pepe Escobar

source : Strategic Culture Foundation

https://reseauinternational.net/nasrallah-comme-martyr-legende-les-terres-dislam-sappretent-a-canaliser-leur-rage/