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Sartre et Beauvoir, les années de passion, sur France 2

Démarré par JacquesL, 12 Décembre 2006, 10:46:34 PM

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JacquesL

Hier et ce soir, France 2 a diffusé un téléfilm relatant Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir dans les années 1958 à 1963, en gros.

Première réflexion qui nous est commune, à M'Amie et à moi : la goujaterie de Sartre en amours, sa toute-puissance égocentrique d'enfant unique, enfant-roi. Tricheur avec la vie, tricheur avec les femmes, notamment envers Simone.

Sa méconnaissance du monde ouvrier, des petites gens, son enfermement dans le monde littéraire, et journalistique. Enfermement relatif, on a vu largement pire.

Et toute cette fumée ! Fumant, fumant, fumant, tous deux...

M'Amie a relevé tout le rôle d'ange-gardien assumé en toute abnégation par Simone, relevant quelle épave alcoolique il serait facilement devenu, sans elle pour veiller sur sa santé, pour le rediscipliner, pour critiquer ses livres et pièces, corriger et condenser ses articles dans l'Express.

M'Amie a relevé aussi l'hypocrisie sociale d'envoyer des jeunes gens au casse-pipe du réseau Jeanson, alors que lui-même n'a pratiquement jamais rien risqué.

Nous avons relevé la noblesse constante de Raymond Aron, tel qu'on nous l'a montré, sa calme lucidité.
Je n'ai pas identifié l'actrice au blond vénitien, qui attendait de nouveaux rôle, et qui restait l'amante de Sartre de nombreuses années. Je vois mal Simone Signoret qui avait une autre vie privée. Qui ? Je n'ai pas réussi à voir le générique.

Second épisode, ce soir : ce refus du prix Nobel de littérature est un geste infantile, un refus de grandir et d'évoluer, d'assumer de nouvelles responsabilités de son âge. Une trahison irresponsable envers l'écrivain Brodski, qui passe à l'as...

Et le sadisme élaboré de la dernière scène ! Frédéric reste seul à contempler les débris de sa vie pulvérisée. Il a été fasciné par les thèmes du grand écrivain, a été rossé pour son activisme dans le réseau Jeanson, a perdu Carla dans sa fascination pour le "pacte à la Beauvoir-Sartre". Pendant qu'il s'activait, se sacrifiait et sacrifiait ses études, la compétition sexuelle demeurait, avec sa férocité habituelle. Pour lui, il est trop tard, il a beaucoup perdu, et le cinéaste prend un plaisir sadique à le souligner, avec le triomphe de Carla.


Qui a reconnu à coup sûr la sonate ou le nocturne que Carla faisait semblant de jouer au piano, dans le premier épisode ? Chopin ou Schubert ? Je patauge. Du reste, c'est une des grosses invraisemblances du scénario : nul ne joue à ce niveau de professionalisme, sans s'entraîner une à deux heures par jour, au minimum, tous les jours. Or cela change tout l'emploi du temps d'une étudiante, cela. Et jamais ni avant ni après, cette obligation de jouer tous les jours n'est montrée, ni même évoquée. On nous a donc joué là de la magie, du temps-cinéma.