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Le cas Michel Dakar, une énorme erreur judiciaire ? «Ils ont décidé de casser la

Démarré par JacquesL, 21 Août 2024, 02:08:22 PM

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JacquesL

Le cas Michel Dakar, une énorme erreur judiciaire ? «Ils ont décidé de casser la pointe de la flèche»



par Maria Poumier

Son internement a été décidé par cinq médecins qui successivement ont recopié les termes choisis par le procureur : irresponsabilité pénale pour cause de perte de ses facultés de discernement, assorti de délire paranoïaque persécutif et imaginatif, hypertrophie du moi. Or aucun n'a encore demandé ni effectué d'expertise spécifique. Les témoins sont unanimes : policiers ayant procédé à l'interpellation, puis effectué les transferts, ensuite infirmiers, et ce 19 août, proches, amis et avocat venus assister à l'audience publique pendant laquelle Mme Goussard, juge des libertés, a entendu Michel Dakar, parfaitement calme et précis dans chacune de ses réponses aux questions posées. Ont été entendus aussi son épouse, et son avocat, M° Danglehant. Le Dr Marie Bur avait fait état d'un refus de soin, ce qui est faux : Michel Dakar prend les médicaments qu'on lui donne. Quand il est arrivé, à l'hôpital psychiatrique du Rouvray , à l'accueil, les infirmiers lui disaient : «ce n'est pas de notre faute, et vous n'y êtes pour rien». Le 8 octobre, Michel Dakar n'avait pas reçu de convocation, il a été attiré hors de chez lui à un moment où il était seul, par des agents d'EDF, plaqué au sol par 15 personnes, puis menotté ; au total 40 gendarmes et un détecteur de métaux ont été mis au travail pour opérer une perquisition, et emporter deux ordinateurs. Il a passé 12h avec les brigades de Caudebec-en-Caux et d'Yvetot en Seine Maritime, avant d'être transféré au Havre, puis à l'HP du Rouvray, au titre de l'internement sous contrainte sur injonction de l'État.

Quelques heures après l'audience, Mme Émilie Gossard a décidé qu'il fallait le garder enfermé à l'Hôpital psychiatrique du Rouvray. On est devant un internement arbitraire, sur des critères inexistants, ne s'appuyant sur aucune circonstance particulière. Le site alimenté par Michel Dakar, qui s'appelle The Key and the Bridge («La clé et le pont» un organe – en français – de rencontre entre esprits d'horizons divers), déplaît à certaines autorités, apparemment, et c'est tout. Aucun dessin publié par ce site n'est signalé au titre de l'accusation de pédo-criminalité, aucun texte publié n'est invoqué non plus, pour justifier du label incitation à la haine, à la violence, au terrorisme, à la haine raciale, à la discrimination, au crime, ni justifier de la variante «apologie» de ces mêmes infractions et/ou abominations : rien, nada de nada, nitchevo nie ponimaiou, comprenne qui pourra. Circulez, y a rien à voir ? Voire...

Maître Danglehant constate que le Préfet a pris sur ordre du ministre de l'Intérieur un arrêté non motivé en faits : c'est une irrégularité grave. Pas de faits qui compromettent la sûreté des personnes, ou portent atteinte, de façon grave, à l'ordre public.



Architecte de formation, Syrien né en Syrie d'un père syrien, en 1995 (sic), porteur de la nationalité française par sa mère, Michel Dakar serait-il victime d'une énorme erreur judiciaire, aurait-il été confondu avec un jeune homme écervelé, alors qu'il ne boit pas, ne fume pas, ne se drogue pas, ne prend aucun médicament, est chrétien et marié légalement depuis 2007 ? Il a un casier judiciaire vierge, n'a jamais eu de suivi psychiatrique , et vit à la campagne, étant de fait un rentier âgé à ce jour de 69 ans. C'est kafkaïen, comme on dit, ça fait penser aux heures les plus sombres de notre histoire, ou d'autres régions du monde ?

Mais cela fait longtemps qu'il se pose des questions de fond, et qu'il nous les pose. «J'ai toujours aimé soulever les pierres pour voir les insectes qui sont dessous», dit-il. Son mémoire, pour obtenir son diplôme d'architecture, s'intitulait Art et Pouvoir. Aucun doute qu'il exerce un certain art pour gratter et miner le pouvoir, et que celui-ci se venge, de la perspicacité et de la ténacité de Michel Dakar, chercheur en vérité en France depuis plus de trente ans.

C'est un sinistre démissionnaire qui a pris l'oukase, Gérard Darmanin. Un autre ministre, ou celui dit de la Justice, va-t-il se saisir du dossier vide et néanmoins brûlant ? Michel Dakar, ce n'est pas de la petite bière. Il se considère comme un artiste qui a sacrifié son talent et son inspiration pour la cause politique. Comme dit M° Danglehant, si ses dessins, généralement humoristiques (1000 dessins, à admirer sur son site, par exemple la série http://aredam.net/dessins-1994-1996-54.pdf) étaient signés Picasso ou Fernand Léger, ils vaudraient de l'or. Si ses pensées et recherches critiques étaient signées Soljenitsine, elles vaudraient les applaudissements des intellos germanopratins, et les cocktails chez les éditeurs. Si elles étaient signés Thomas Sankara, ou autre joyau de l'espèce humaine, il n'en aurait plus pour longtemps à vivre.

En tout cas, il laisse déjà des traces, des blessures mortelles pour certains, des signes d'espérance pour d'autres.

La juge des libertés et de la détention (JLD) a pu constater que l'enfermé ne présente aucun risque de violence sur ses proches ni sur lui-même ; son épouse, son comptable, son voisin, ses amis militants anti-impérialistes et antisionistes l'ont confirmé, et cela a été entendu aussi par les infirmiers venus assister, debout, par la porte ouverte, à la mémorable séance matinale du 19 août au Centre psychiatrique du Rouvray, en Seine maritime, qui n'a pas bonne réputation.

Nous pensons que la tentative d'internement abusif à laquelle nous assistons, si elle aboutit, est le prélude à un déferlement de sanctions psychiatriques sur les «encore-vivants», les résistants au régime macronien aux abois.

Il y avait déjà eu un cas, en 2016, de violation exorbitante des lois et de l'éthique médicale : celui de l'avocat Bernard Ripert, interné 48 heures en hôpital psychiatrique puis relâché après trois décisions sans renvoi, grâce à une forte mobilisation de ses collègues ; les juges ont reconnu un détournement et un abus de procédure psychiatrique.

«La cause pour laquelle je suis interné en psychiatrie m'a été révélée par le gendarme qui commandait mon interpellation : «ce que vous écrivez sur votre site internet déplaît». Tout est dit : je suis un interné politique. Si vous, juge du tribunal, reconduisez mon internement, vous participez à cette infamie. Mon cas est un test pour étendre ouvertement l'internement psychiatrique aux opposants politiques, afin d'interdire radicalement toute expression qui n'est pas la parole du régime. Je laisse la parole à mon avocat». Ce sont les derniers mots adressés à Mme Goussard par Michel Dakar.

Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage... à toutes les époques, sous tous les régimes, mais en particulier ici et maintenant.

Maria Poumier

source : La Voie de la Libye

https://reseauinternational.net/le-cas-michel-dakar-une-enorme-erreur-judiciaire-ils-ont-decide-de-casser-la-pointe-de-la-fleche/